Ça ne fonctionnait pas de la sorte ? Vraiment ? Vraiment… J’avais rapidement fini allonger sur le sol, Mika assis sur mon bassin, roulant des hanches et… Et je n’arrivais plus à respirer, je n’arrivais plus à penser… De la triche. C’était de la triche… Et il usait de mes mots pour appuyer cela… Impossible de contrer, de me défendre. Je n’en avais même pas envie, profitant de cette sensation, de ses baisers sur mon corps qui ne faisait que réagir, bien trop, à ses gestes, à son attitude bien plus provocante que j’aurais pu l’imaginer chez lui.
Et puis… il se redressa. Sans plus. Sans… Sans rien de plus. Et… Frustré, oui. J’étais frustré. Il allait me le payer. Marmonnant cela en coréen après avoir repris quelque peu mes esprits, j’avais fini par me glisser derrière lui, l’attirer à moi, épousant son corps avec envie tandis que mes lèvres rencontraient son cou, profitaient de sa peau. Ses hauts retirés, j’avais alors pu caresser son corps, l’étreindre, mes gestes se précisant sous son souffle et ses gémissements. Je brûlais. Je m’embrasais à son contact sans réussir à maîtriser réellement ce que je faisais, ce que je désirais. Mais cela m’importait peu, à vrai dire. Guidé par un instinct naissant, je me laissai aller à mes envies, le repoussant sur le lit, me glissant entre ses cuisses, contre son corps pour l’aimer davantage encore.
Qui gagnait donc ? Pas moi. Pas encore. Mika se défendait, il était dans l’armoire. Il refusait donc de perdre ? Visiblement… Amusé, je mordis légèrement son flanc, cessant tout geste à sa demande. Me… Déshabiller ? Je finissais par avoir l’habitude de cette tenue face à lui mais son ton était pressant, envieux et… Le déshabiller lui ?

- 허? Hé ?

Déçu ? Il… Venait-il réellement de me demander si je n’étais pas déçu ? Clignant des yeux, je m’étais légèrement redressé pour l’observer, la surprise se lisant facilement sur mon visage. De quoi parlait-il ? Qu’est-ce qui pouvait lui faire croire que j’avais pu être déçu par quelque chose ? Lui faire imaginer que je puisse répondre à cette question par la positive. Et non. Je n’allais pas oublier cette question. Alors, soupirant doucement, un sourire attendri au visage, comprenant ce qu’il se passait, son malaise, ses doutes, alors que les miens me revenaient en tête, je me décalai légèrement pour pouvoir voir son regard, glissant ma main sur sa joue que je caressai avec tendresse.

- Je ne serais jamais déçu de toi. Murmurai-je. Quoiqu’il se passe. Et là… Riant légèrement, je secouai la tête. Hae… C’était… Je rêvais de te voir et… Et tu es plus que magnifique… Murmurai-je en l’embrassant doucement, ma main se posant sur sa hanche. Tu es beaucoup plus que cela… Je n’ai vraiment aucun mot pour te le faire comprendre mais… Je t’aime… Je t’aime chaque jour un peu plus, visiblement. Soufflai-je dans un nouveau rire. Alors… Non. Je ne suis pas déçu. Je suis… Tout le contraire. Et… Et tu es la plus belle chose que j’aie vu. Tentai-je de le rassurer. Le seul et l’unique que je désire au point de ne plus réussir à réfléchir.

Une vérité, simple, et pourtant si claire dans mon esprit. Je le désirais. Je ne cherchais plus ni à m’en cacher ni à l’éviter. Je le désirais et rien ne pourrait aller à l’encontre de ce fait tant cela était devenu réel.

- Et ce n’est pas stupide. Murmurai-je contre ses lèvres. Rien de ce que tu ne dis est stupide… Je te répèterais autant de fois qu’il le faut combien je t’aime… D’accord ?

Même si cela était plus de cent, plus de mille fois, je le ferais. Avec le même plaisir. Avec la même tendresse. Car il le méritait. Il méritait bien plus que cela…

Je voulais le rassurer, je voulais qu’il sache combien j’étais heureux, serein face à ce qu’il s’était passé, à ce que je voyais. Mais comment faire autrement que par ces mots qui me semblaient pourtant si faibles ? Si mes gestes appuyaient chacun de mes mots, si mon regard ne faisait que traduire tout ce que je pouvais penser de lui, cela ne serait jamais assez, pas pour moi tant il était devenu indispensable, tant son bonheur m’était essentiel.

Le laissant s’asseoir, je l’observai tirer sur mon t-shirt avant de me redresser à mon tour. Je n’étais pas en état de me lever, certainement pas. Les jambes encore tremblantes, fatigué, je me doutais de la finalité des choses si je venais à me lever alors, rapidement, j’attrapai ma baguette, me tendant pour l’atteindre avant de faire venir à chacun d’entre nous un boxer, lui tendant le sien dans un sourire entendu alors qu’il reprenait parole.

Il trouvait mon corps parfait ? Arquant un sourcil, le boxer enfilé, je l’observai alors. Avait-il réellement peur de ne pas me plaire ? Oui… Visiblement oui. C’était là ce qu’il craignait. Qu’il ne me suffise pas… Comment pouvait-il imaginer une telle chose lorsque je ne voyais que lui, que son corps ? C’était la première fois… Bien sûr… C’était évident… Le laissant parler, le laissant extérioriser, je ne le coupais pas, l’observant. Ma main avait glissé dans la sienne que je caressai alors doucement de mon pouce, tendrement. Je comprenais ses peurs, j’aurais d’ailleurs voulu les prendre, lui dire combien il n’avait rien à craindre car je ne risquais pas de me détourner de lui. Jamais.

- Hae… Finis-je par murmurer lorsqu’il eut terminé.

Je n’avais pas vraiment réfléchi à comment dire les choses, finalement. Alors… Me mettant à genou sur le lit, je l’attirais à moi, le serrant dans mes bras, mon nez dans ses cheveux. De longs instants, je restai ainsi, silencieux, caressant sa nuque, avant, qu’enfin, je ne reprenne parole.

- Tu es parfait pour moi. Soufflai-je en le relâchant doucement, pour glisser ma main sous son menton et faire en sorte qu’il me regarde. Ce n’est pas stupide. Répétai-je. Ce ne sera jamais stupide et… Mika, écoute-moi. Attentivement, s’il te plait… Dis-je plus sérieusement. Tu ne me perdras pas. Encore moins pour une telle raison. Tu peux t’angoisser pour ce que tu désires. Je ferais juste tout pour te rassurer… Je te donnerais toute ma confiance, qui pourtant n’était pas excessive je l’admettais, pour que tu aies confiance. Mais je t’aime. Et je ne te quitterais pas…

Ce n’était pas tout. Evidemment. Sa nudité… C’était le point visiblement principal, celui qui l’inquiétait, alors, caressant son bras, je repris.

- Ton corps… Ton corps est parfait à mes yeux. Quoique tu puisses penser. J’aime chaque parcelle de ton corps. Que tu sois musclé ou non, grand ou pas, cela m’est égal. Et cela me sera toujours égal. Je…  Tu me plais. Plus que n’importe qui. Et je te veux toujours. Je te veux… Je te veux encore plus. Soufflai-je à mi-voix, les joues un peu plus rouges de cette vérité. Alors… Alors si je comprends tes angoisses… Elles ne seront jamais réelles… Parce que…

Un instant je m’arrêtai avant de souffler, de rire légèrement, gêné de mes propres sentiments face à lui, face à ce qu’il était.

- Je ne comprends pas non plus. Admis-je en baissant les yeux. Mais je t’aime. Je t’aime plus que tout… Je ne comprends pas comment ça a pu arriver, comment… Comment tu as pu être indispensable aussi vite, comment tu as pu devenir le centre de ma vie, de mon bonheur, pourquoi mon corps réagit autant au tien ou comment le fait de te voir sourire m’est… Nécessaire mais… Mais c’est le cas… Et… Et je ne veux pas que ça change. Je veux… Je veux juste te rendre heureux… De toutes les manières possibles… Même… Même nu. Ou surtout, selon le moment. Tentai-je de plaisanter malgré mon léger malaise. Alors…

Me redressant, je le repoussai doucement sur le lit pour venir le surplomber dans un sourire que je voulais serein.

- Si je dois résumer… Je t’aime. Tu es magnifique. Tu es beaucoup plus que cela. Tu ne me plais pas seulement par amour mais parce que tu ES magnifique… Que tu es parfait. Vraiment. Parfait. Et… Et tu ne me perdras pas. Je te le promets… Que je comprenne ou que je ne comprenne pas… Je m’en moque. Et c’était pourtant bien difficile pour l’esprit rationnel qu’était le mien. Je te veux. Je te désire. Je t’aime.

Mika avait besoin de parler, de s'exprimer. Et je voulais l'écouter. Répondant malgré tout à ses baisers, incapable de résister à sa douceur, lui offrant la mienne plus que de raison, ma main fut glissée sur sa peau, jusqu'à ses hanches que je caressai, doucement, sans bouger. Je ne ferais rien de plus. Je ne le voulais pas. Je voulais qu'il me dise les choses, qu'il m'explique...

- Bien sûr que non... Murmurai-je lorsqu'il craignis que je puisse lui en vouloir. Je ne t'en voudrais jamais pour ça. Tu peux ne plus jamais te déshabiller si tu n'en as pas envie. Je... Mika, s'il te plait, n'imagine pas une seule seconde que je puisse te forcer, te pousser ou t'en vouloir pour ça.

C'était... C'était une base, l'une de mes plus grandes valeurs. Je voulais son bonheur, je voulais qu'il fasse ce qu'il désire et seulement ce qu'il désire, rien d'autre. Alors lui en vouloir ? Bien sûr que non. Jamais. Ce n'était pas possible. Pas dans le spectre de mon esprit. Il était maître de tout ce qu'il se passait. Il le serait toujours. Je n'étais pas beaucoup plus à l'aise, bien sûr, mais... S'il me guidait sur les aspects émotionnels, psychologiques que nous pouvions partager, sur ce chemin que je ne connaissais pas, je voulais le guider sur les aspects physiques, sans même les comprendre, les maîtriser, c'était à moi de l'aider, de le rassurer autant que je le pouvais.

On avait été bien plus loin qu'il ne le pensait... C'était, à vrai dire, réciproque. Je n'imaginais pas que cela soit possible. A vrai dire, je n'imaginais pas qu'un jour je puisse être nu face à un homme, face à lui. Alors... Plus rien ne m'étonnait vraiment, ou presque... J'admettais avoir été étonné de le voir aussi... Enfin de la sorte... Alors, regrettait-il ?... J'en avais peur, quand bien même il me disait le contraire, je le craignais.

Il désirait me faire promettre quelque chose... Hochant la tête, prêt à tout lui promettre, j'écoutai sa demande. Une demande... Logique. Logique et que je comprenais. J'avais envie de lui répondre mais... Non. Pas encore. Il avait besoin de parler, de s'exprimer. Encore. Et je lui laissai tout l'espace dont il avait besoin, rassis à son instar, ma main sur sa cuisse que je caressai avec tendresse, ne voulant pas rompre ce contact.
Il avait peur que nous allions trop loin, que nous ne puissions pas savoir où nous arrêter, qu'il le veuille sans être prêt. Je l'avais excité... Un instant, la culpabilité me tordit le coeur, légèrement. L'avais-je, finalement, poussé alors même que je ne le voulais pas ?...

- Hae... 나의 사랑... Ne t'excuse pas. Pas pour ça. Commençai-je finalement alors que son excuse m'heurtait. C'est moi qui suis désolé de t'avoir poussé. Ce n'est pas ce que je voulais et...

Soufflant, je repris le fil de mes idées. Être un roc pour lui, un phare. Je ne devais pas laisser mes peurs et ma culpabilité prendre le dessus. Alors, à genoux sur le lit, je m'approchai de lui pour me glisser dans son dos, l'attirant contre moi, nichant ma tête dans son cou.

- Je vais te promettre plusieurs choses... La première... Je ne ferais rien, je ne te ferais rien tant que tu ne seras pas prêt. Jamais.

C'était la première chose, la plus importante. Sans parler du fait que je n'étais pas encore prêt à sauter ce pas, pas encore assez à l'aise sur ce qu'il se passait pour me perdre en lui, je ne le ferais pas. Quoiqu'il puisse en être, sans compter mes peurs, jamais je ne l'entraînerais de la sorte. Le préserver était et resterait ma priorité.

- Ensuite... Je te promet que jamais je ne t'en voudrais pour ça, pour tout ce... Ce sujet. Si tu ne veux plus faire quoique ce soit. Si tu ne veux plus être nu. Même si tu voulais reprendre place dans l'autre lit (ce n'était toujours plus "son" lit), je ne t'en voudrais pas.

Il était hors de question que je lui en veuille pour ce genre de choses. Je n'étais même pas convaincu que je puisse un jour lui en vouloir pour quoique ce soit. Pas lui. Pas mon soleil.

- Enfin, repris-je, je te promet de te dire combien j'aime tout ce que tu me fais. Si tu veux me le faire, seulement si tu veux que l'on recommence à... Enfin... à faire tout cela.

Les mots n'étaient pas encore mon fort, je l'admettais, peu à l'aise pour m'exprimer, je tentai malgré tout de le faire, pour lui. Il en avait besoin. Je devais le faire. Alors, relevant la tête, embrassant sa joue, je le serrai contre moi, son dos contre mon torse.

- Je me contiendrais. Murmurai-je dans l'espoir de l'apaiser. Je ne pousserais pas, Hae. Je suis désolé de t'avoir fait peur. Que tu aies peur... J'aurais dû freiner avant, savoir qu'il fallait que tu t'habitues... Mais je n'avais pas réussi à me freiner moi-même. J'en avais trop envie. J'en aurais encore sûrement bien trop envie mais... Il le fallait. Pour lui. Mais rappelle toi que tu es en sécurité... Je ne ferais jamais rien qui puisse te nuire, qui puisse te faire du mal. Je t'aime... Je t'aime tellement. Murmurai-je. Il y a trois jours... Je me disais que... Que je ne pourrais jamais avoir ce bonheur, être aimé comme ça et... Et même si ce serait mentir que de dire que je ne te voulais pas, que je ne t'observais pas... Je n'imaginais pas que quelqu'un puisse me prouver que la vie pouvait être belle, plus que cela même. Alors... Alors je veux te montrer, à mon tour, que ta vie sera la plus parfaite possible, la plus douce aussi. Je veux te montrer que tout sera fait selon toi, parce que c'est ce que je désire. Que tu sois à l'aise, heureux avec moi... Dans mes bras.

Je l'aimais. C'était là le seul résumé, finalement, que je pouvais lui donner. Il n'avait rien à craindre. Il n'aurait jamais rien à craindre.

Je lui aurais tout promis. Tout ce qui aurait pu l'aider, le rassurer, je le lui aurais promis. Tout, sans exception. Même si cela pouvait paraître trop intense, naïf voire même absolument hors de propos, à cet instant, je l'aurais fait. Et dans une moindre mesure, ne me concentrant que sur les points qui me semblaient importants, je le fis jusqu'à ce qu'il m'arrête, soudain avant une sorte d'autorité qui me surprit, me fit me taire alors qu'il se dégageait de mes bras. L'observant avec cette même surprise, je tentai de comprendre ce que j'avais pu faire, pu dire qui aurait pu l'agacer. Mais rien ne me venait. Absolument rien. Ses mains se portant à mon visage, je plongeai mon regard dans le sien.

Ah.
Si.
J'avais fait quelque chose. Du moins... J'avais présumé d'une chose visiblement fausse.

Je ne l'avais pas forcé. Il n'avait pas dit cela... Baissant légèrement les yeux, je me fustigeai. Je voulais le rassurer, pas l'agacer... Me forçant à reprendre contact avec ses yeux, levant les miens jusqu'à ses derniers, ma main s'activa, se posant sur sa cuisse, caressant cette dernière comme pour tenter de l'apaiser, de me faire pardonner de ce que j'avais pu dire.

- Désolé... Murmurai-je avant de reprendre plus fort. Mais on ne se précipitera pas... Plus. Du moins. Corrigeai-je. On ira à ton rythme...

Cela... C'était une chose admise, acquise. Il était, de toutes les manières, hors de questions que je puisse faire autrement qu'en suivant ses désirs et ses peurs. Je n'y arriverais même pas. Je l'aimais bien trop pour cela. Il était plus que mon essentiel, il était mon bonheur.

- Ne t'en fais pas. Répétai-je malgré tout. Je ne me poserais pas de question... Tu feras comme tu en as envie... Je te promet que... Soupirant un instant, ma main se posa doucement sur sa joue alors que mon regard devenait bien plus tendre, plus clair quant à mes sentiments. Je te répéterais chaque jour combien je te trouve beau. Et combien je te soutiendrais dans tout ce que tu feras, dans tout ce dont tu auras envie. On prendra notre temps et...

Il voulait que je lui dise quand je me sentirais prêt, que je lui fasse connaître, que je lui fasses comprendre les choses, ce que j'aimais autant que ce que je voulais... En un sens... Il était vrai que je n'avais pas vraiment parlé. Je ne savais pas communiquer, pas de la sorte. Je ne l'avais jamais sur. Je l'apprenais à peine dans cette relation que nous construisions alors sur le plan... Plus... Physique... C'était bien plus difficile, moins instinctif.

- Je... Baissant la tête, bien plus malaise face à mes paroles qu'à celles de Mika, qu'à mes tentative pour le rassurer, je déglutis doucement. Je te dirais petit à petit ce que j'aime... Mais... Je n'en sais encore pas vraiment grand chose. Admis-je, les joues plus rouges. Et... Je suis pas prêt à... Enfin à faire l'amour... Pas encore... Quand on le fera ça... Je... Soupirant, je me sentais idiot de voir ainsi les choses et je peinais à savoir comment l'expliquer mais... Mais au moins ça le rassurerait. Peut-être. Quand on fera... Le... L'amour... On... Ca voudra dire que définitivement... Je ne voudrais que toi et... Et c'est déjà le cas ! Mais... Ca voudra dire que je saurais... Je saurais que faire ce qu'on attend de moi avec une femme... Ca sera impossible ou... Ou au moins difficile... Et... Je sais déjà que tu es le seul que je veux mais... Ca sera... Juste plus réel encore...

C'était idiot. Si Mika trouvait ses doutes stupides, qu'allait-il donc pensé de mes propres pensées ? Elles étaient ridicules car... Car il était déjà celui dont j'avais besoin. Le seul que je désirais et... C'était idiot. Mais il savait. Il savait que je n'étais pas prêt non plus, que j'avais besoin de temps, d'apprendre mes sentiments, de l'apprendre, de ne plus avoir peur de l'avenir et de ma vie pour le faire.

- Quand on le fera... Je veux être capable de tout te donner... Je ne veux plus avoir peur de... De tout ça. Alors... Je comprends... Vraiment.

Il avait raison. Pour des raisons différentes, nous nous rejoignions ainsi sur nos doutes, sur nos peurs, sur ce que nous n'imaginions pas. Pour autant, une chose nous rassemblait. Nous nous aimions et aucun de nous ne doutait de l'autre.

- Ne t'excuse pas non plus alors... Soufflai-je alors qu'il s'avançait enfin pour rompre la distance qu'il avait instauré entre nous, me permettant de le toucher réellement de nouveau. Tu me rends parfait...

Je ne l'étais pas. Pas à mon sens mais... Dans ses bras, contre ses lèvres, j'en avais presque l'impression, d'avoir une vie parfaite, à ses côtés. D'être puissant. De pouvoir tout faire. Et j'aimais cela. Plus que tout.

- Je te promets Hae... Murmurai-je. Je te promets que le jour où cela arrivera... Et même avant, tout le temps, en fait... Je te promets que je te montrerais chaque jour combien je t'aime, combien tu es devenu important pour moi et combien j'ai besoin de toi... Alors... N'aies jamais peur de te couvrir, ou... Ou de me dire stop même si ! Rattrapai-je immédiatement dans un léger rire pour le nombre de fois où il me l'avait dit, même si je sais que tu sais dire non. Mais ne t'excuse pas et fait ce qui est le mieux pour toi... S'il te plait... Parce que si tu es heureux, si tu es... à l'aise... Moi je serais heureux. S'il te plait...

Entre réassurance et doutes, je tentais de m'exprimer, de dire ce qu'il en était de manière claire, de manière précise, sans douter de mes mots quoiqu'hachurant certain tant par recherche du vocabulaire anglais précis que par doutes sur mes propres paroles. Mais je le faisais. Je voulais qu'il comprenne. Je voulais... Je voulais faire tous les efforts possibles pour lui. Pour son bonheur.

- Bien sûr que non. Soufflai-je avec tendresse, caressant doucement sa joue. Ce ne sont aps des préoccupations d'adolescent stupide... J'ai les mêmes peurs, enfin... Baissant les yeux, je me mis à réfléchir. Si je pouvais, je ferais tout avec toi. Enfin... C'est... C'est trop rapide mais... Mais ma vie pouvait se passer rapidement, de liberté à la prison d'un mariage. J'ai envie que tu l'oublies... J'ai envie que tu oublies que je dois me marier mais... Je veux juste que tu te souviennes que je serais malgré tout toujours pour toi... A toi...

Des déclarations d'adolescents, c'était un fait. Une adolescence que MIka me créait, m'offrait sans commune mesure, entraînant une envie de lui donner tout ce que je pouvais, tout ce que j'avais. Je voulais le rendre heureux. Je voulais savoir le rendre heureux.
Esquissant un sourire à son souhait, j'hochai doucement la tête. Il était parfait... Et il me rendait parfait, à ses yeux. Quand bien même il me trouvait déjà ainsi, il me rendait bien plus parfait que je ne pouvais l'être initialement, j'en étais convaincu. Alors, à nouveau, je lui promis. Je lui aurais promis le ciel et l'enfer si cela avait été en mon pouvoir mais il m'arrêta bien avant, dépliant ses jambes, se nichant contre moi alors que je l'entourais de mes bras, le serrant contre moi.

- Tu sais... Soufflai-je doucement en respirant son odeur, m'apaisant. Je n'en ai peut être pas l'air mais... Mais je vis déjà pour moi. Seulement... C'est grâce à toi... C'est la différence. J'ai toujours vécu pour ma famille, en essayant de suivre tous leurs préceptes, leurs envies et... Et c'est grâce à toi que... Que j'ai osé, que j'ose tout ça, toute notre vie... Alors... Cela va prendre du temps. J'ai besoin de temps pour apprendre à vivre pour moi et pas à travers quelqu'un mais... Mais je le fais déjà un peu.

Et c'était, pour moi, quelque chose de grand, de bien plus grand que ce qu'il pouvait imaginer, que ce que beaucoup pouvaient imaginer. J'apprenais. Doucement, peut être trop doucement, mais j'apprenais. De lui, de moi, autant que de nous. Alors... Pourrions-nous faire ce qui était le mieux pour nous deux ?

- Bien sû...

Me stoppant, je plissai les yeux en l'observant écarter son visage, me permettant de voir son sourire. Il ne me laisserait pas gagner ? Lui pinçant gentiment la hanche, je me mis à rire.

- Dans ma grande bonté d'âme, j'accepte que tu gagnes ce point, mais certainement pas la guerre. Soufflai-je. Mais tu vas devoir t'habituer au fait que même dans les jeux, je suis le meilleur. Jamais nul.

C'était faux, je voulais l'être, je me donnais les moyens de l'être, mais je ne l'étais pas forcément. Malheureusement.

Esquissant un nouveau sourire à son baiser, à ses mots, je fermai les yeux en sentant sa main caresser mes flancs.

- Je comprends... Murmurai-je. Alors... D'accord. Nous ferons ce qui est le mieux à deux. Toujours à deux et... Et j'essaierais d'être plus... Communicatif ? Communiquant ? Comunica... teur ? Mince. Quel était le mot ?... Enfin je ferais des efforts pour te parler. Traduisis-je, étouffant un rire face à son air et ses mots. Tu m'as dis de ne plus promettre mais... Plissant les yeux, je pris un air tout aussi faussement mignon et bien moins bien fait, Promis Mika que j'aime encore plus fort que toutes les étoiles de le ciel. Fronçant les sourcils, je secouai la tête de droite à gauche. DU ciel. Corrigeai-je rapidement avant de me mettre à rire. Cela fait encore moins son effet quand je dois me corriger... Me plaignis-je avant de chercher ses lèvres. Et si je peux commencer maintenant... Tu n'étais pas censé m'apprendre le violon ou à dessiner ? Car j'en avais toujours envie.

Cela prendrait du temps, bien sûr. Mais j'apprendrais, petit à petit, à vivre pour moi, seulement pour moi. Avec lui. Grâce à lui. Il était celui qui m'apprenait, me guidait et me rassurait sur une voie que je ne connaissais pas mais qui me semblait pourtant bien plus lumineuse que celle que j'avais emprunté jusque-là. Et cela lui allait. Tant mieux. Je n'imaginais pas pouvoir comprendre, assimiler les choses plus rapidement. J'avais bien trop était enclavé toutes ces années pour m'en défaire aussi vite qu'il aurait pu le vouloir. J'étais réaliste.

Chahutant légèrement avec lui, je venais de lui pincer la hanche lorsqu'il frappa dans mon épaule, me laissant devenir douloureux le temps d'une minute alors que je tombai à la renverse sur le lit, me tenant l'épaule comme si ma vie en dépendait avant que je ne me stoppe et plisse les yeux.

- Que tu m'apprennes à perdre ? Arquant un sourcil, je me redressai pour venir capturer ses lèvres un instant. Tu ne veux pas plutôt que moi je te l'apprenne ? Soufflai-je.

Dans tous les cas, nous apprendrions ensemble, peut-être pas à perdre, certes, mais le reste. Nous avancerions tous les deux et nous réussirions tout ce que nous voudrions. Presque. Du moins... Je l'espérais. Et pour cela, il faudrait que je communique, que je lui dise les choses, quoique cela puisse être car il voulais savoir ce qu'il se tramait dans ma tête ? Il était vrai qu'au moins, lui, avait l'avantage d'être lisible, contrairement à moi, à ce dont j'avais l'habitude.

- Vois le bon côté des choses. Lui fis-je néanmoins remarquer, conscient de ce que je pouvais démontrer, Tu sais quand je suis vraiment heureux, puisque tu me vois sourire et rire.

Et il était inutile d'expliquer qu'il était presque le seul à avoir réussi à obtenir cela de moi. Il devait le savoir. Et cela était pourtant naturel... Si naturel que j'en vins à répondre à son jeu, lui rendant son amour dans une faute d'anglais que je corrigeais, rendant la chose bien moins mignonne, si tant était qu'elle le soit au début, finalement.

- Tu risques, dans ce cas, de beaucoup douter de moi. Plaisantai-je.

J'essayais d'être à l'aise en anglais, je m'améliorais, d'ailleurs, encore. Mon accent était toujours bien présent mais commençait tout juste à s'atténuer, mon vocabulaire, lui, s'étoffait et je recherchais de moins en moins les mots les plus basiques tandis que ma compréhension s'améliorait, que mes maux de têtes s'apaisaient à force de ne faire qu'entendre cette langue. Pour autant, il était évident que je continuais de faire des fautes. De grammaire autant que de vocabulaire. Au moins cela ne semblait pas réellement le déranger. Tant mieux... Car il n'allait pas me voir partir de si tôt, pas lorsqu'il m'avait promis de m'apprendre le dessin ou le violon.

Lui rappelant ce fait, je l'observai alors quitter le lit avant de... Avant de se cacher, me faisant étouffer un rire sans même que je le veuille réellement tandis qu'il renfilait sont boxer pour aller sortir son violon de son sac. Il apprenait toujours, ne connaissait pas beaucoup de chanson et... Très bien. A vrai dire, je désirais bien plus passer du temps avec lui que je ne désirais apprendre quoique ce soit - quoique j'admettais aisément que le violon m'intéressait. Alors, hochant la tête, je le laissai jouer et...
Et il jouait bien. Très bien. Bien sûr, il y avait eut quelques désaccords. Trois. Seulement trois désaccords. Alors... Non. C'était parfait. Il était parfait. D'autant plus lorsqu'il jouait. Était-ce parce qu'il alliait ma passion et sa personne ? Peut-être. Sûrement. Mais je l'aurais écouté jouer encore longtemps.

- C'était magnifique, Hae... Soufflai-je en posant mes mains sur sa taille, l'attirant à moi. Tu es magnifique... Lui rappelai-je dans un léger sourire alors qu'il repartait vers son sac pour vérifier ses partitions et reprendre les accords.

M'installant au bord du lit, j'attrapai alors à mon tour l'instrument. J'avais observé comment Mika l'avait pris alors je tentai, à mon tour, à positionner le violon autant que mes doigts sur son manche. Cela ressemblait légèrement à la guitare et pourtant... Il me semblait que c'était vingt fois plus compliqué...

- Comme ça ? Soufflai-je, concentré comme je pouvais toujours l'être lorsque j'apprenais quelque chose. Ce n'est pas très confortable... Sûrement parce que je n'arrivais pas à positionner ma tête, que je ne comprenais pas vraiment comment l'on pouvait jouer plusieurs morceaux d'affilés avec la tête penchée. C'est plus compliqué que la guitare... Murmurai-je à moi-même, me fustigeant intérieurement de ne pas y arriver dès la première fois.

Me voir sourire et rire étaient ses victoires personnelles. Cela m’allait. En un sens, elles en étaient pour moi. J’étais capable de vivre et cela me faisait du bien. Certainement plus qu’il ne l’imaginait. Une bouffée d’air lorsque j’imaginais me noyer toute ma vie. Mais trêves de plaisanterie, nous avions un apprentissage à débuter, et pas des moindres. Le violon.

L’écoutant avec attention, j’admettais être d’autant plus attiré en le voyant jouer de la sorte. Sûrement par le biais de ma passion, je n’en doutais pas. La musique m’apaisait. Autant, d’ailleurs, qu’elle me motivait et m’encourageait. Alors voir l’homme que j’aimais en jouer… C’était bien plus plaisant que je n’aurais pu l’imaginer. Quand bien même il y avait quelques erreurs, cela ne changeait rien. Au contraire. Cela le rendait plus… Vrai. L’attirant à moi, je lui avais ainsi donné mes impressions : c’était magnifique. Tout comme lui. Esquissant un sourire à sa remarque, j’admettais ne pas être surpris. Il n’était pas la personne la plus patiente qui existe, c’était un fait.

- Trois fautes ce n’est pas plein de fautes. Soufflai-je pour tout encouragement quand bien même j’aurais réagi de la même façon à sa place. C’était magnifique. Vraiment.

Mais il désirait avant tout corriger ses fautes et… A vrai dire c’était tout à son honneur. J’étais même fier de voir qu’il désirait réellement se corriger, qu’il faisait encore et toujours des efforts même lorsqu’il n’en était pas obligé.
Lorsqu’il revint vers moi, ce fut à mon tour. A mon tour de tenter de tenir cet instrument que je n’avais jamais touché de ma vie. Soit. Donc… Non. Non je n’y arrivais pas. Et moins j’y arrivais, plus je me tendais, c’était automatique et cela m’agaçait. Je n’aimais pas l’échec. Je détestais cela. Heureusement, Mika vint à ma rescousse quelques secondes après mes premiers essais. Me laissant faire, malléable, mon bras fut repositionné, l’instrument aussi et mon menton fut posé sur la mentonnière. Ok. Donc… D’accord… Comme cela…
Esquissant, presque malgré moi, un sourire à son contact, je soupirai d’aise. J’aimais le sentir, quelle que soit la raison, quel que soit le moment, j’aimais sentir son corps et son souffle près de moi. Et, en élève parfait, attentif et sérieux, je l’écoutai, je suivis ses gestes et ses remarques jusqu’à réussir quelques accords, puis un peu plus, jusqu’à tous les réussir. C’était laborieux. Je n’étais certainement pas un prodige du violon, c’était certain. Mais… J’essayais. Et j’y arrivais. Et… J’admettais que cela avait un quelque chose de satisfaisant. Souriant d’autant à son baiser, je l’observai retrouver le sol en arquant un sourcil. Si je savais lire une partition ?

- Oui. Hochai-je la tête. Mais je n’ai pas vraiment pris l’habitude de les utiliser. Les tablatures de guitare sont différentes. Expliquai-je simplement. Alors… Je peux les comprendre mais il me faut un peu plus de temps pour les lire. J’ai fait de la musique à Mahoutokoro. Cela aide quand même un peu.

L’école du Japon était bien connue pour son sérieux et ses exigences dans toutes ses matières. Musique comprise. Le solfège avait donc été l’un de mes sujets, et un sujet de prédilection.
Penchant doucement la tête sur le côté, il sembla faire marche arrière. Il voulait aller trop vite ? Peut-être enfin… J’admettais ne vraiment pas savoir où je pouvais mettre les pieds… Alors… D’accord…

- Alors… Des accords ? M’enquis-je avant d’hocher la tête.

Soufflant un coup pour me concentrer, je commençai alors à faire plusieurs accords dont je me souvenais… Un accord, puis deux, puis le deuxième que je venais de rater, puis le deuxième puis. Le. Deuxième. Que je réussis. Enfin. Un troisième. Un quatrième… Un quatrième… UN QUATRIEME ! Cela paraissait simple et pourtant cela ne sonnait pas bien. Pourquoi ? Que faisais-je de mal ? Retentant, même résultat. Je ne comprenais pas. C’était…

- Allez… Gondai-je contre moi-même bien plus que contre l’instrument.

Le quatrième… Rata encore. Et encore. Et encore. Non. Celui-ci, je n’y arrivais pas. Mais je n’allais certainement pas arrêter. Concentré, désireux de faire de mon mieux, d’être le meilleur, je tentai encore. Et encore. Sans arrêt. Mika allait en avoir marre mais je ne m’en rendais plus compte. Je voulais y arriver.

Je détestais ne pas réussir ce que j’entreprenais. Comme une évidence pour moi, lorsqu’une tâche m’était confiée, il fallait que je la réalise avec perfection. Or… A cet instant, je n’arrivais à rien d’autre que tirer le pire des sons à ce pauvre instrument victime de mes mains. Et plus je continuais, plus je m’énervais contre moi, moins j’y arrivais. Evidemment.
Ce fut la main de Mika, posée sur la mienne, qui stoppa ce cercle vicieux, m’obligeant à lever les yeux vers lui avant qu’il ne reprenne le violon de mes mains. Il ne m’avait pas montré les choses avant que je les commence. Montré quoi ?

Une courbe ? Fronçant les sourcils, dans une attention extrême fixée sur le moindre de ces mouvements. Une courbe. Des mouvements plus amples… D’accord. Hochant doucement la tête, me répétant ses gestes, la position de ses mains jusqu’à sa respiration, je repris l’instrument, le calant de nouveau dans mon cou, imitant parfaitement la position qu’il m’avait fait prendre quelques minutes avant, quoique la réajustant par deux fois, avant de souffler.

Bien. Cette fois. J’y arriverais.

Le premier accord passa. Je l’avais compris.
Le deuxième ne fut pas différent.
Le troisième non plus.
Et le quatrième… Coinça de nouveau.

Moins raide souffla Mika dans mon dos, guidant mes gestes alors que je suivais les mouvements qu’il m’intimait sans résister pour…

- J’ai réussi… Soufflai-je à mi-voix, soulagé.

J’avais réussi, certes, mais parce qu’il avait été là. Alors, comme je l’avais toujours fait, dès lors que je faisais une faute, je repris tout depuis le début. Premier accord. Deuxième accord. Troisième et quatrième. J’avais réussi. Esquissant un sourire léger mais satisfait, je pris ainsi le parti de refaire une série, encore une fois, avant de passer à la suite, au cinquième qui…

- 정말? Me fustigeai-je dans un murmure figeant l’espace d’un instant en sentant les mains de Mika sur moi.

L’écoutant, sans bouger, je pris une nouvelle inspiration, lui obéissant alors. Respirant lentement, je fermai les yeux avant d’en rouvrir un à sa remarque autant qu’à son rire.

- C’est différent. Répondis-je. Tu n’as pas de corde et tu réagis toujours à mes gestes…

Le violon, lui, ne réagissais pas aussi instinctivement. Bien au contraire. Mais… Soit. Très bien. Fermant de nouveau les deux yeux, je respirai quelques secondes sans bouger, sentant mon corps, ses mains posées sur moi, tentant de me calmer, de me concentrer… Non. De me laisser aller. C’était peut-être la chose la plus difficile. Vivre la musique n’était pas compliqué, pas à mon sens mais seulement parce que je jouais des instruments que je connaissais presque par cœur, que je ne réfléchissais presque plus à ma position, à ma façon de faire, peut-être à tort, certes, mais tout de même. Là, le violon entre mes mains, je devais réfléchir à tout et il me semblait ainsi que tout était bien plus difficile que prévu…

- Tu es un bon professeur… Murmurai-je pour toute réponse.

Une réponse certainement induite par le fait que je le sentais derrière moi, que sa présence m’aidait à me concentrer autant qu’elle me déconcentrait, d’ailleurs. Mais j’avais « retenu » des accords. N’était-ce pas preuve qu’il était capable d’apprendre à d’autres ?
Esquissant un sourire à ses lèvres dans mon cou, j’inspirai et expirai deux fois avant de reprendre.
Un accord en inspirant… Un autre en expirant… Le troisième en inspirant… Le suivant en expirant. Les quatre s’enchainèrent suffisamment bien pour me satisfaire. Quant au cinquième… Ce ne fut pas le plus glorieux, mais… Il passa alors que je me retenais de faire une réflexion, me tendant presque immédiatement au son, malgré moi. Je ne devais pas chercher la perfection, avait-il dit. Difficile, pour moi, habitué à n’être rien d’autre que le meilleur… Ou tout du moins dans les meilleurs si je n’arrivais pas au bout de mes idées.

- Je préfère entendre tes réactions lorsque je te touche que celles du violon. Fis-je remarquer dans un sourire, malgré tout.

Soupirant. Je repris. Encore. Depuis le début, écoutant chacun de ses conseils. Il fallait que cela soit instinctif, quand bien même je ne connaissais pas l’instrument. Je devais me laisser me guider seul. Gardant les yeux fermés, je me reposai légèrement plus sur Mika, profitant de son contact d’autant plus, pour recommencer. Pour réussir jusqu’au huitième, aidé de ma mémoire bien assez entraînée pour me permettre d’imiter la position des doigts du sorcier lorsqu’il m’avait montré. Le reste… Refaisant les séries par sept fois, concentré, lentement, sans vraiment de précision mais sans son assez affreux pour me faire grogner, je finis par quitter l’instrument, soufflant profondément comme sortant d’un entraînement intensif.

- Désolé. Repris-je. J’ai tendance à… Comment dire… A… 나는 나 자신을 채널링하는 경향이 있다… Murmurai-je pour tenter de chercher le mot en anglais, répétant la phrase en coréen, la concentration due au violon ayant visiblement perdu mon esprit. A me concentrer… A répéter encore et encore les mêmes gestes pour être satisfait… Tu ne t’es pas ennuyé ?

Car je ne lui avais pas demandé d’apprendre le violon pour cela. Je voulais seulement passer du temps avec lui, profiter de ce qu’il savait, certes, mais aussi partager. Ce qui n’avait pas exactement été le cas, quand bien même il était resté près de moi, contre moi. Basculant, d’ailleurs, la tête en arrière pour la poser sur son épaule, j’esquissai un sourire.

- J’aime bien te sentir derrière moi, comme cela… Soufflai-je. C’est agréable…

- Parce que d’autres se sont essayés ? M’enquis-je dans une curiosité certaine en plissant les yeux alors qu’il se détachait légèrement de moi pour me laisser essayer seul.

Et c’était plus compliqué, bien sûr, au point que je ratai de nouveau, me laissant presque blasé de ce manque de doigté. C’était pourtant un instrument à corde mais cet archet… Ce furent les mains de Mika, la sensation de sa peau contre la mienne dans mon cou, sur mon cœur qui me sortirent de mes pensées, de mon semblant de colère contre moi, contre mon incapacité à y arriver. Une preuve, sans doute, qu’il était bon professeur puisqu’il m’expliquait de nouveau comment m’y prendre. Quoiqu’il puisse penser. Et quand bien même je n’avais pas de comparatif, ce à quoi je répondis d’un sourire avant de réussir. Enfin. Sous ses conseils.
Des conseils payants car si ce n’était pas parfait, loin, très loin de là, je réussis, au moins, à tirer les accords dont je me souvenais dans son qui n’était pas forcément particulièrement agréable me laissant souffler que je préférais de loin les réactions de Mika à celles que je sortais de l’instrument.

- Je ne trouve pas. Répondis-je à sa remarque dans un léger sourire malgré tout.

J’aimais ses réactions, j’aimais l’entendre, plus que bien des sons. Si je jouais avec lui comme un instrument, il était celui qui m’allait le mieux. Définitivement. Enfin… Pour le moment, c’était au violon que j’arrachais des cris, et pas réellement des cris de plaisir. Concentré, focalisé sur l’instrument, je continuai, je jouai, autant que je le pouvais, avant que je ne revienne à la réalité, me rendant compte que Mika devait supporter ce son et mon absence. M’excusant de cela, je soufflai un léger rire en secouant la tête.

- Etrangement, je n’ai pas de mal à l’imaginer. Notai-je.

Mais au moins je ne l’avais pas ennuyé. C’était le plus important. Me reposant davantage sur lui, profitant d’être contre lui pour me reposer, mon sourire ne me quittait pas. C’était agréable. Bien plus que tout endroit que je connaissais.

- Tu as l’art et la manière de m’apaiser. Admis-je avant de grimacer.

Les faux accords n’étaient pas graves, bien sûr, mais lorsque les autres le faisaient. Pas moi. C’était indigne de toute de musique, quand bien même son baiser sur ma joue me fit souffler, m’apaisa encore davantage.

- Tu n’es pas obligé. Murmurai-je malgré tout. Du moins pas si tu n’as pas toi-même envie de le faire. Pour toi.

Car si je devais vivre pour lui, l’inverse était vrai. Il devait faire les choses pour lui, quoique je ne doute à vrai dire pas de ce fait… Mika était libre, libéré. Bien plus que moi dans tous les cas. Tournant légèrement la tête, je soufflai à sa question.

- Tu ne m’as pas encore vu composer. Murmurai-je. Je m’énerve facilement contre moi lorsque je n’arrive pas à faire ce que je veux. Donc ce n’est pas une mesure. Alors… Oui. Cela me plait. Vraiment. Mais je ne dirais jamais non à toute autre activité s’il y en a que tu préfères.

Le dessin… C’était aussi ce qu’il maîtrisait. Et là… J’admettais ne pas être doué. Nul était d’ailleurs peut-être même le mot adéquat à cet art me concernant. J’étais nul. Définitivement nul. Bien sûr, sûrement de l’entraînement permettrait à ma plume de s’affiner mais… Je n’avais ni le temps ni l’envie de le faire. Quoique… Cela pouvait toujours changer au contact de Mika. Beaucoup de choses changeaient à son contact…

Me décalant finalement, déposant le violon à mes côtés, je me relevai alors, soudain, une idée en tête. Attrapant un parchemin et une plume, je m’installai en tailleur sur notre lit pour écrire, raturer, râler aussi. Combien de temps cela dura-t-il ? Cinq minutes ? Dix minutes ? Quinze ? Je n’en sus trop rien. Mais je finis, enfin, par lever la tête, observant Mika pour m’approcher de lui, lui tendant le parchemin. Ce n’était pas grand-chose, seulement un couplet et une idée de refrain écrits en coréen, le tout traduit entièrement en anglais pour qu’il le comprenne.



- Qu’est-ce que tu en penses ? Soufflai-je toujours aussi peu convaincu de ce que je pouvais écrire. Cela m’est… Venu en tête. C’est peut-être… C’est un premier jet, ne sois pas trop dur. Plaisantai-je dans un léger sourire, peu à l’aise de montrer un premier essai sorti de mon esprit sans y passer assez de temps.

Me mettant à rire, je secouai la tête à sa réflexion, admettant que je n’avais pas vraiment l’habitude de tout romantisme, quel qu’il soit.

- Cela te donnera l’occasion de m’apprendre autre chose. Soulignai-je alors. Le romantisme. Je n’y connais absolument rien.

Ce qui s’expliquait en grande partie par mon refus absolu de ce genre de choses jusqu’à aujourd’hui. Un manque qui ne me déplaisait pas, à vrai dire, quand bien même je devais avoir des trous d’éducation dans le domaine mais j’admettais aimer une chose bien particulière dans tout cela : il était et serait toujours le premier. Dans tous les domaines. Et cela… Sans que je n’aie à le dire, me plaisait.
Alors, me reposant contre lui une fois que j’arrêtai, j’esquissai un sourire. Il était le premier, oui, en amour, certes, mais aussi dans cette façon de m’apaiser que je semblais lui rendre.

- C’est vrai. Admis-je dans un sourire amusé. J’aurais presque l’impression que tu échanges un peu de ta joie de vivre contre mon calme.

Là où je me sentais bien, heureux et en sécurité, Mika se retrouvait plus calme, plus tranquille contre moi. Un changement certain face au wallaby que j’avais rencontré le premier jour. Un wallaby dont le comportement m’irait, de toutes les manières, quoi qu’il puisse être. Du moins, sauf s’il en venait à se forcer à faire quelque chose pour moi, évidemment. Chose qu’il réfuta. Me rappelant sa capacité à refuser.

- Vaguement. Soufflai-je dans un léger rire, à son instar. Il faudra que tu me le rappelles encore vingt ou trente fois.

Parce que je m’inquièterais toujours, c’était certain. Autant qu’il pouvait s’inquiéter de mes propres ressentis alors que je lui indiquais que tout allait bien. J’aimais l’instrument. J’aimais apprendre. Et m’énerver ne signifiait pas que je n’appréciais pas. J’étais juste… Difficile avec moi-même. Et j’en avais conscience. Sans que cela ne m’empêche de l’être.

- Ou ton pire ennemi. Soufflai-je en réponse à mi-voix. Ne t’en fais pas. Vouloir être le meilleur fait partie de ce que je suis, j’ai l’habitude d’être exigeant.

Allait-ce lui suffire ? Je n’imaginais pas. L’exigence poussée à l’extrême était bien peu face à sa lumière, je l’entendais mais… C’était une chose qui risquait de ne pas pouvoir changer de sitôt. Cela faisait partie de moi, de mon éducation, de ma culture. Nous devions être les meilleurs pour rendre fier nos parents, notre famille, pour espérer avoir la moindre considération dans une société dont la compétition dépassait bien souvent l’entendement commun. C’était une habitude. Cela m’allait. Cela me permettait de faire des choses dont je pouvais douter avant de commencer, comme écrire. Chose que je fis, me détachant de lui, une idée en tête, pour me réinstaller en tailleur.

Concentré, je n’avais pas vu le temps passé. Plus rien n’existait autour de moi que l’écriture, que ma plume sur ce parchemin que je raturais avant de jeter, que je complétais pour recommencer jusqu’à ce qu’enfin, je relève la tête.
Tendant le parchemin final à Mika, je tins à la précision du premier jet, peu convaincu de cela, peu convaincu de tout ce que je pouvais faire en musique de moi-même, à vrai dire. Un paradoxe complet face à ma concentration, à l’âme que je donnais dans chacune de mes notes mais une réalité qui m’étreignait toujours : celle de ne pas faire assez.

- Me féliciter même dans mes échecs ? Répétai-je en fronçant les sourcils d’incompréhension. Je ne comprends pas…

Comment pouvait-on féliciter quelqu’un dans ses échecs ? C’était… Enfin… Ce n’était pas logique. Un échec n’appelait pas à félicitations. Un échec appelait à une réflexion et un nouvel essai, à de nouveaux essais, même, jusqu’à réussir. Féliciter ne serait-il pas convaincre la personne qu’elle ne peut pas faire mieux ?
Répondant à son baiser, attendant malgré tout sa conclusion, son avis, je soupirai de soulagement, malgré tout, lorsqu’il indiqua que ce n’était pas un échec. Ce n’était pas une réussite, certes, seulement un début, mais ce n’était pas un début en échec. Tant mieux.

- Te le donner sans traduction aurait été un non-sens. Indiquai-je. L’important est que tu comprennes les paroles. La sonorité viendra après. Quoique normalement… Cela doit déjà sonner de manière harmonieuse.

Normalement car il allait encore falloir composer la musique. J’hochai d’ailleurs la tête à sa question.

- C’est étrange dit comme ça, peut-être, mais j’estime que toutes les paroles devraient avoir une musique pour les accompagner alors… Oui. Mais cela risque de prendre plus de temps que quelques lignes d’écriture. J’ai juste… Une idée. Peut-être. Cela demandera encore des arrangements et des modifications de texte peut-être un peu… Je ne sais pas.

Beaucoup d’inconnu face à la composition, c’était certain. Il allait falloir que je m’y mette. Que je m’y mette alors que je n’avais plus voulu jouer de musique depuis… Depuis longtemps. Alors composer… Sûrement allait-il falloir me laisser le temps de le faire, de me remettre dans cette boucle musicale que j’avais voulu clôturer il y avait déjà quelques temps.
Arquant un sourcil à sa demande, j’hochai la tête. Je pouvais lui lire. Je pouvais même faire plus que cela. Enfin. Plus… Tout était relatif.

- La mélodie de départ. Si tu veux aussi… Au moins une idée…

Alors, après une réflexion de quelques instants, je soufflai pour commencer. Pour chanter, pour rapper, dans un mélange équilibré de chaque. Je le fis trois fois, m’arrêtant plusieurs fois jusqu’à ce que je sois satisfait. Plus ou moins. Il manquait des choses mais sans m’y poser réellement, je ne pourrais pas faire mieux. Alors, une dernière fois, je le fis. Entièrement. Pour qu’il puisse enfin se faire une idée.

- Voilà. Conclus-je en levant les yeux vers le sorcier. Pour ce qui est du reste… J’aurais besoin de temps.

Sans dire combien de temps il me faudrait, le fait était là. J’aurais besoin de me concentrer, de m’installer face à ma guitare pour en jouer, pour continuer d’écrire. Mais… Peut-être était-ce un bon moyen de recommencer, après tout. Peut-être était-ce comme le « signe » que j’attendais ou plutôt que j’espérais.

- Crois-moi, soufflai-je dans un léger rire, si je recommence à faire de la musique ou à essayer de composer – car je ne serais certainement jamais réellement convaincu de ce que je faisais, le terme essayer était tout trouvé – tu finiras par vouloir me jeter dehors. Je recommence cent fois les mêmes choses et je râle beaucoup.