Glissant sa main jusqu'à ses cheveux, je l'écoutais alors me parler de ses parents. Si je ne souriais pas extérieurement, j'étais heureux de l'entendre, de pouvoir l'écouter de ceux qui lui étaient chers. Et plus... J'étais heureux de savoir qu'il resterait avec moi et ne rentrerait pas tant qu'il n'y aurait pas de soucis. Il fallait donc que je fasse d'autant plus attention, que je sois attentif, que je ne lui laisse aucune opportunité de se sentir mal, d'avoir envie de s'éloigner d'ici.

- C'est vrai... Ton père est un moldu, me rappelai-je à mi-voix malgré tout.

Un aspect supplémentaire au déshonneur, c'était certain, mais je m'en moquais. Pour l'heure, je ne voulais rien d'autre que profiter de sa présence, de retrouver ce qui faisait mon soleil après une journée de pluie et que je retrouvai enfin dans un baiser que je lui offris. Mais avant toute chose, il y avait malgré tout un fait certain... J'avais faim, j'avais faim à en avoir mal au ventre alors... Avait-il encore quelque chose ? Hésitant, j'avais fini par lui poser la question. Dans le cas contraire, je n'aurais qu'à prendre mon mal en patience. Mais ce ne serait pas le cas. Mika avait quelque chose.

- On ne sait jamais. Soufflai-je, toujours rationnel, toujours hésitant.

Répondant à son baiser tout aussi chastement, je le laissai alors reculer pour m'installer sur mon lit, assis en tailleur avant qu'il ne dépose bien trop de choses pour un seul repas. Le remerciant à mi-voix, j'attrapai rapidement un sandwich et une pomme, bien plus, donc, que ce que je n'avais pu lui prendre la première fois que je l'avais vu, avant de me figer. Que faisait-il ? Il... Se changeait ?

Je l'avais bien sûr déjà vu se changer. Je n'avais évidemment pas manqué de le voir mais... Cette fois, c'était une sensation bien différent qui me prenait alors que j'observais son dos avec une attention certaine... Une attention que je détournai sans aucune discrétion, faute à mon manque de rapidité, sur la nourriture. Mais il arriva rapidement, glissant sa main dans la mienne avant que je ne me décale un peu plus, lui laissant la place pour s'asseoir à côté de moi.

Le laissant s'installer, prendre place sur mon épaule, je restai là, immobile, me sustentant, jusqu'à terminer sandwich et pommes. Cela allait-il me suffire ? Ce simple contact pouvait-il me permettre d'effacer cette journée longue, solitaire ? Non. Evidemment que non. Alors, doucement, j'étendis mes jambes et je 'allongeais. Posant ma tête sur son torse, je l'entourai de mon bras, serrant son pull entre mes doigts. Là. C'était mieux.

- Hae... Soufflai-je quelques instants plus tard, la voix soucieuse. Je... Avant qu'il se passe quelque chose... Enfin...

Conscient que cette phrase était hors de propos face à ce que nous avions vécu la nuit dernière je secouai doucement la tête, refusant de bouger de cet endroit si apaisant, des battements de son coeur qui calmaient le mien.

- Je ne sais pas comment dire ça... Je...

Il fallait pourtant que je lui parle. De mes obligations, de ma famille, du mal que j'allais lui faire... Parce que je m'attachais. Parce qu'il s'attachait. Parce que je craignais de lui faire du mal. Toute la journée, j'avais pu réfléchir. Je n'avais pas le choix. Je ne voulais que son bonheur...

- J'ai... J'ai envie de rester là. Soufflai-je à mi-voix. Mais... Si... Si mes cousins l'apprennent... Je... Ils me renverront en Corée et...

Fronçant les sourcils, je peinais à trouver mes mots, à lui dire que si ici c'était une chose normale, une chose qui n'était pas mal, comme lui avait pu me le dire, ce n'était définitivement pas le cas chez moi. Bien au contraire.

- Je... Je dois me marier un jour et faire des enfants. C'est mon rôle... Je dois obéir à Hyun-Su avant tout et... Si ça s'apprend... Que... Que je ne suis pas comme tout le monde, que je tombe amoureux d'un homme, d'un sang-mêlé... Je... Ils...

Que risquai-je ? Concrètement, que pouvais-je risquer ? Mes pires peurs, à vrai dire. N'être plus rien, renié, seul... Serrant davantage son pull, mon corps se crispa à cette pensée. Je n'avais pas envie de le laisser, pas envie de le quitter mais j'avais peur. Une peur obsédante de me retrouver définitivement seul, alors même que je me sentais déjà de la sorte.

Je peinais à trouver mes mots, à pouvoir lui dire ce qui n’était qu’une vérité, ma vérité. Il fallait pourtant que je lui dise, que je le prévienne de ce que serait un futur potentiel avec lui, ensemble. Parce que c’était bien de cela dont il s’agissait. J’avais eu le temps de réfléchir, aujourd’hui. Peut être pas le temps de tout comprendre, de tout admettre et de tout rationnaliser. Peut être pas celui de me rassurer non plus, d’ailleurs, bien au contraire, mais c’était ce qu’il en était. Je tombais amoureux de Mika. Malgré moi. Malgré mon désir de ne plus être attiré par le moindre homme. Malgré les raisons de ma présence ici. Pourquoi étais-je tombé amoureux de lui et pas d’un autre ? Je m’en moquais. Je savais seulement que c’était lui. Et que je désirais son bonheur. J’avais été égoïste, la veille, en désirant être ce qu’il voulait pour seulement être avec lui. Je m’en rendais compte aujourd’hui. Je voulais qu’il soit heureux, qu’il garde ce sourire qui m’avait plu dès le premier jour. Et parce que je voulais son bonheur, parce que je voulais le voir rayonner, je me devais d’accepter la part de moi qui hurlait de le laisser tranquille. Je n’étais pas quelqu’un de bien. Pas quelqu’un avec qui il pourrait s’épanouir. Pas comme Mara et son petit ami. C’est pour cela… Que je devais lui dire.

J’avais pourtant eu envie de rester contre lui, j’en avais toujours envie. Il m’avait manqué toute cette journée. A peine avais-je goûté à ses bras, à ses lèvres la veille que j’avais dû le laisser partir… C’en avait été trop pour moi. Alors, je n’avais pas résisté. Mais je devais lui dire. Et c’est difficilement que j’arrivai, lentement, à avancer dans ma réflexion, dans ce qu’était ma réalité. Un jour, je me marierais. Un jour, je ferais des enfants à une femme. Quand bien même je n’en aurais pas envie, je le ferais. J’obéirais à mes parents, à mon cousin. J’avais été élevé pour cela. C’était mon rôle, mon unique rôle. Lui… Etait en dehors de tout rôle. Pire… Avec lui, je ne pourrais rien faire. Rien accomplir. Jamais mes parents. Jamais le moindre membre de ma famille ne pourrait accepter une telle ineptie. Quand bien même il me rendait heureux. Quand bien même il était l’un des rares à réussir à m’arracher des sourires, des soupirs, des sentiments tels que je les ressentais. Quand bien même, en si peu de temps, il avait su me donner une place, ma place. Personne ne l’accepterait. Je n’étais pas naïf.

Mais alors que j’imaginais déjà Mika refuser, réfuter mes propos, reculer… Il n’en fut rien. Allongé sur le lit, sa main sur ma joue que j’embrassai, par pur réflexe, je l’observai alors. Il savait. Il avait compris. Depuis le début, il savait ce qui régirait cette relation qui se mettait, petit à petit, en place. Figé dans son regard, sous ses caresses, je l’observai alors. Je ne pleurais pas. Je ne disais rien. Mais il suffisait d’observer mon regard pour comprendre toutes les émotions qui, alors, me traversaient.
Je m’en voulais, bien sûr, car s’il acceptait, s’il comprenait, j’étais en train de le condamner à une vie d’obscurité, alors même que je désirais plus que tout le faire briller, j’étais en train de l’enfermer. Mais malgré cela, malgré ce sentiment de honte et de colère envers moi-même, envers tout ce qui faisait qui j’étais… Sûrement, jamais, n’aurais-je pu connaître plus grand sentiment de soulagement, d’apaisement.

C’était injuste disait-il. Peut-être. Sûrement, même. Mais je n’avais jamais appris à me battre, je n’en avais pas le courage, pas la volonté. C’était lâche, surtout vis-à-vis de tout ce qu’était Mika mais c’était ainsi et j’étais bien assez lucide sur qui j’étais, mes capacités, mes faiblesses autant que mes défauts, pour le savoir. Mais ma lucidité ne changeait rien. Les faits étaient là. Et je les lui imposais. La culpabilité revenait de plein fouet sans que je n’arrive à me laisser réellement submerger par ces émotions négatives car à cet instant, en mon cœur, se développait quelque chose de plus violent encore. Il faisait ce que personne n’avait jamais encore fait pour moi. Il disait les mots que je n’aurais jamais cru possible. Il me voyait. Il m’entendait et m’écoutait. Je découvrais un jeune homme sérieux, responsable, rassurant comme je ne l’avais jamais vu.

Ce n’était pas le choc qui m’avait empêché de répondre à son baiser, c’était ce trouble, cette émoi qu’il m’apportait dans toute sa tendresse, dans toute sa bienveillance.

Que pouvais-je répondre après tout cela ? J’avais cru, réellement, qu’il reculerait. J’avais imaginé, déjà, qu’à peine mon soleil trouvé, j’allais le perdre pour retrouver mes nuages. J’avais commencé, aujourd’hui, à m’y préparer. Mais cela… Non, cela je ne m’y étais pas préparé. Je n’avais pas prévu qu’il puisse me toucher au point que mon cœur, mon âme ne se brise pour mieux se reconstruire. Il ébranlait mes convictions, mes choix de vie jusque là pourtant clairs.

- Tu…

Il était une personne merveilleuse. Il était rayonnant. Il était la joie. Il était tout ce qu’il me fallait. J’aurais tant aimé lui dire ce que je pensais de lui. Mais rien ne sortait. J’étais comme subjugué, troublé, perdu dans ses yeux autant que par sa voix. Comment certains pouvaient-ils lui dire qu’il était stupide ? Comment ne pouvaient-ils pas voir à quel point Mika était splendide ? Etaient-ils si aveugles ? Qu’ils le restent, alors… Car, en fin de compte, je ne voulais le sorcier que pour moi. Egoïstement, peut-être. Certainement. Mais cela m’était égal.

Me redressant, soudainement, mes lèvres se joignirent aux siennes dans une passion qui venait outrepasser toute la tendresse que je ressentais. Je ne pouvais pas rester de marbre face à ses mots et si je ne pouvais pas parler, je pouvais alors lui montrer. Lui montrer combien je lui étais reconnaissant, lui montrer que jamais il n’aurait pu trouver meilleurs mots, qu’il était un tout, mon tout.
Le renversant sur le lit, le surplombant de mon corps, je ne me séparai pas de ses lèvres. Je n’avais envie de rien d’autre. Juste de le sentir à moi, pour moi, d’être encore égoïste, encore un peu. La culpabilité reviendrait, je le savais. Mais pas maintenant. Pas après ça.

- Je t’aime… Avais-je murmuré, comme lâché dans la nature, sans réfléchir, sans me rendre compte de l’impact que de tels mots pouvaient avoir.

Était-ce la vérité ? C’était, à vrai dire, trop tôt pour le savoir, même pour moi. Mais cela avait été un réflexe, les seuls mots que j’avais réussi à prononcer pour faire face à son discours. Tant pis pour leur rapidité, tant pis pour ce manque de réflexion qui n’était en rien représentatif de ce que j’avais toujours été. Je voulais l’aimer. J’en ressentais le besoin, pour ce qu’il m’apportait, pour ce que je ressentais.

- Tu n’imagines pas…

Ma langue déliée, mes mots murmurés contre ses lèvres, il était certain qu’il ne pouvait imaginer mes sentiments à cet instant. Mais c’en était trop des mots, des paroles. Retrouvant ses lèvres, réellement, passionnément, c’était là, la seule véritable réponse que je pouvais lui apporter.

M’étais-je attendu à une réponse ? Bien sûr que non. Tout était si rapide, si irrationnel que je n’imaginais pas qu’il puisse me rejoindre dans cette déraison qui m’éloignait de toute réalité. Et pourtant… Pourtant, ses mots sonnèrent en moi comme jamais aucun mot n’avait pu résonner. Et à défaut de me raisonner, ceux-ci m’enflammèrent. J’étais aimé. Qu’est-ce que cela signifiait exactement ? A quoi ces mots faisaient-ils référence sinon que ce sentiment de plénitude, d’absolue confiance et de sérénité à son contact… Je n’avais pas envie d’y réfléchir, pas envie de penser aux conséquences de ces quelques mots pourtant si simple.

Mon corps bouillait. Comme pris d’une fièvre inconsidérée, mon cœur avait accéléré sa cadence déjà rapide et mon ventre se tordait dans une valse bien trop agréable pour que je veuille l’arrêter. Une chaleur qu’il venait embraser de nouveau, se faisant plus fiévreux encore, m’entraînant dans ce volcan sans que ni l’un ni l’autre ne freine notre cadence.
Je ne savais pas réellement si ce qu’il se passait était normal. Bien ? Non. Je n’arrivais pas à m’en convaincre. Mais normal… Non. Ça ne l’était pas. Ma rationalité me le soufflait pourtant. Et sûrement aurais-je du l’écouter, ne pas me laisser emporter par cette passion, par ce qui se construisait brusquement entre nous. Mais c’était impossible. Son corps appelait le mien. Ses lèvres réclamaient les miennes. Je ne pouvais pas lutter. Quand bien même j’en aurais eu envie, je ne le pouvais pas. Je ne le voulais pas.

Me laissant capturer par ses jambes, collé bientôt à son corps heureusement protégé par ses vêtements, je soufflai de bienêtre à ces mots, clairs, certains, qu’il prononçait alors que mon surnom sonnait soudainement bien différemment dans sa bouche. Bien trop différemment pour que j’en sois insensible. Retrouvant ses lèvres, refusant de me décoller de lui ou seulement pour reprendre ce souffle qui nous était vital et que nous perdions ensemble, je sentais mon corps s’échauffer encore davantage, je me sentais à nouveau basculer dans cet état second qu’il était le seul à provoquer.

Et la suite n’arrangea rien. Me laissant doucement repoussé, le souffle court, les joues rougies par cette passion nouvelle, enflammée qui m’animait, je l’observai. Il avait trop chaud… Je comprenais. Mon corps semblait bouillir sans que je ne puisse l’apaiser. Sans que… Que faisait-il ? Mon regard se fixa sur son torse qu’il me dévoilait alors, sentant rapidement ses doigts se glisser à la base de mon propre haut qui suivit le même chemin, me faisant frissonner dès lors que ma peau put toucher la sienne.

Retrouvant ses lèvres, son essence, je me laissai aller. Je ne pouvais pas lutter. Tout en lui m’appelait. Je l’aimais. D’un amour irrationnel, immature et pourtant si rassurant… Je l’aimais au point d’avoir envie de sentir ses lèvres, son corps sous moi ; sous mes mains qui déjà se déplaçaient sur ses côtes, son dos, caressant sa peau nue ; sous mes lèvres qui déviaient leur course sur sa mâchoire, descendant dans son cou que je mordillai d’instinct un instant avant de se diriger vers son torse que j’embrassai, plus mutin que je ne l’avais été.

Je ne réfléchissais plus, je ne voulais que lui, que ses soupirs, son bonheur… Mon bonheur. Tout me semblait relier sans que je n’en comprenne réellement le sens. Et je m’en moquais. Je le voulais. C’était tout ce qui comptait. Mes baisers, ainsi, parcoururent son corps, lentement, tendrement, passionnément, jusqu’au bas de son ventre alors que je remontai presqu’immédiatement jusqu’à son cou, ses épaules que je couvrais alors d’attention.

Je peinais à m’arrêter, je peinais à faire preuve de la moindre réflexion autre que le fait précis que je désirais cet homme plus que je n’avais jamais désiré personne…

Il était difficile de garder la tête froide, de réussir à garder une part de conscience alors que mes lèvres découvraient et redécouvraient chaque partie de son corps encore, et encore. Grisé par la sensation de sa peau nue, animé par un désir que je reconnaissais sans pour autant pouvoir le comprendre entièrement. Et cela m'importait toujours aussi peu. Je n'arrivais plus à réfléchir ou seulement aux limites de la décence, refusant de céder à ce qui ne devait pas être, à ce qu'il ne pouvait pas accepter. J'en avais, de toutes les manières, encore trop peur pour cela, comme si céder entraînerait un non retour, comme si, encore maintenant, j'avais le choix de reculer si je le désirais. Mais était-ce vrai ? Non... C'était déjà trop tard.

Ses soupirs, ses mouvements, son corps entier m'appelait à continuer de le maltraiter de cette douceur passionnée. Mais il ne l'entendit pas de la même oreille, m'arrachant un grondement de frustration, plus fort que moi, incontrôlé. Mon dos désormais au contact du lit, je l'observai, les lèvres entrouvertes, avec cette intensité que lui seul pouvait connaître, que je ne me connaissais pas encore réellement moi même, d'ailleurs. Il me gardait à l'écart. Comme tentant de reprendre contenance. Cela réussit-il sur moi ? Non. Pas quand mon esprit s'était déjà égaré, pas quand sa lumière m'éblouissait. C'était déjà bien trop tard pour moi. La preuve put en être donné dès lors que ses lèvres retrouvèrent les miennes, la chaleur m'envahissant de nouveau plus fort encore alors que je ne pouvais ignorer où il était assis, où il faisait pression... Une pression qui s'accentua rapidement car pour la première fois, réellement, entièrement, ses lèvres découvrirent mon corps.
Mon souffle se coupa avant de s'accélérer alors que mon corps se cambrait, ma tête basculant en arrière. Était-ce au moins possible ? Mon désir continuait à s'accentuer à mesure que ses lèvres descendaient sur mon torse. Ma respiration était rapidement, trop rapidement, devenue haletante, presque douloureuse. Mon coeur semblait vouloir traverser ma poitrine. Mes mains, elles, s'étaient insinuées dans ses cheveux, caressant ces derniers maladroitement alors que mes gestes se faisaient légèrement plus erratiques. Bien trop vite, mon corps s'était entièrement éveillé sans que je ne puisse plus rien contrôler. Je me sentais à l'étroit sans pouvoir y faire quelque chose... Et ce fut pire lorsqu'il se réinstalla sur moi. Il ne pouvait que le sentir. C'était impossible qu'il l'ignore...

Et sa voix brisa soaudain chacune de mes pensées, de mes craintes quant à ce fait. Incapable du moindre geste, je le laissai m'entraîner, m'asseyant, passant mes bras autour de son corps pour le coller davantage à moi pour qu'il... Un soupir, un gémissement plus puissant que je n'avais pu avoir se fit entendre, rapidement étouffé dans son cou alors qu'instinctivement mon visage s'était enfoui contre lui. Que faisait-il ? Avait-il vraiment envie de... de faire quelque chose ? De...
Ma respiration s'était accélérée. Resté muet, incapable du moindre geste, je tentai désespérément de reprendre le cours de ma pensée, de n'importe quelle pensée qui m'empêcherait de le brusquer, d'aller trop loin. J'en avais envie... C'était indéniable. Mon corps le démontrait, le réclamait même. Mon esprit, lui, s'était embrouillé face à ses gestes et à sa voix. Y avait-il quelque chose que je voulais qu'il fasse ? Oui. Oui il y avait des choses mais... Soudain, l'envie se voyait mêlée à quelque chose de plus sombre, comme un nuage dans le ciel clair qu'il me faisait connaître.

- Je...

J'hésitai, très clairement. Sans le relâcher, j'avais reculé mon visage pour l'observer. J'avais envie. J'en avais plus envie que n'importe quoi d'autre dans ce monde. Mon regard le trahissait, mes lèvres restées entrouvertes le trahissait. Mais tout allait vite, très vite et j'avais, soudain, peur.

J'avais peur que les choses n'aillent trop vite. J'avais peur de ce non-retour pourtant déjà atteint. J'avais peur de le brusquer malgré la confiance que j'avais en ses choix. J'avais peur de ce qu'il pourrait se passer. Je savais, pourtant, ce qu'il était possible de faire. Du moins... Une partie. Mais cela était suffisant. Pourtant, cela n'empêchait rien. J'avais peur. Une peur qui s'installait alors que j'observais Mika, une peur qui me faisait douter de ce que je voulais réellement... Alors, comme si cela pouvait m'aider, mes lèvres reprirent contact avec celles du sorcier, plus tendrement, bien plus amoureusement. Mon désir ne descendait pas, évidemment, mais au moins arrivais-je à penser, un tant soit peu.

- J'en ai envie... Finis-je par murmurer contre ses lèvres, tentant d'être honnête, autant qu'il méritait que je le sois. Plus qu'envie... Mais... Je ne veux pas que... Que ça aille trop vite... Je veux que ... Tu en aies vraiment envie.

Car c'était là le plus important, en fin de compte. Moi... J'en avais envie. Evidemment. Il le sentait, le ressentait, dans mon corps, mon regard autant que dans ma voix, fébrile. Mais lui ne ressentait pas les choses comme moi. Il était plus innocent encore que je ne l'étais. Et si je l'entraînais sur un chemin que je jugeais toujours mauvais... Je ne pouvais, je n'avais pas le droit de l'y enfermer. Pas s'il n'en avait pas réellement envie. Pas s'il n'était pas capable de le dire... Quand bien même il me l'avait proposé... J'avais besoin d'être rassuré sur cela, sur ce qu'il ressentait, car sans ça... Je ne pourrais jamais l'accepter, quand bien même j'en mourrais d'envie.

J'avais peur. C'était certain, une peur qui avait pris le pas sur le désir. Je ne voulais pas aller trop vite, je ne voulais pas paraître pressant, quand bien même mon corps le réclamait, je ne voulais pas tout brusquer. Je ne voulais pas être avec lui pour ce qu'il pouvait m'apporter. Quand bien même je l'aimais pour son soleil, entre autre, je voulais être avec lui pour le voir sourire, pour le sentir heureux, en confiance. Alors que voulait-il lui était la question la plus à propos. J'en avais envie. Bien sûr. Il ne pouvait certainement pas imaginer à quel point j'en avais envie... Je n'avais jamais connu ce désir, jamais connu cette passion envers quelqu'un... Et celle-ci m'embrasait, malgré mon retour à la conscience récente, je sentais que tout, que le moindre geste pouvait encore me faire rebasculer. Alors j'essayai, je tentai de le lui expliquer, de freiner ce qui était en train d'être fait. Difficilement.

Une difficulté qui s'accentua à la couleur que prirent ses joues qui me touchait et surtout à ses mots... Me reculant doucement, aussi touché que troublé par sa voix, je secouai doucement la tête, posant ma main sur sa joue.

- Bien sûr que je continue à penser comme ça... Soufflai-je à mi-voix. Je veux juste... Je ne veux pas être égoïste. Je ne suis pas égoïste...

C'était lui, avant tout... Tout du moins à cet instant. Notre réalité nous rattraperait bien suffisamment pour que l'égoïsme nous soit imposé. Mais pas maintenant. Maintenant, je voulais l'écouter, me perdre dans sa voix qui tentait de me faire comprendre ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait... Le comprenais-je ?... Je n'en étais pas sûr. Je ne comprenais pas tout. Pas tant parce que le vocabulaire me manquait, quoique cela puisse être une réalité mais surtout parce que je peinais à admettre qu'il puisse en avoir envie. Pas quand il ne connaissait rien, qu'il ne s'était, lui, jamais... Touché... A ces mots, je détournai le regard, étrangement, paradoxalement à ce que nous faisions, gêné de cette discussion malgré moi, peu habitué à ce genre de mots. Mais il voulait apprendre... Je pouvais lui apprendre, pour le peu que je connaissais, je pouvais... Au moins... Lui dire que c'était normal. Que ce n'était pas mal. Notre relation l'était. Que je le désire me semblait pourtant normal... Un paradoxe que je ne m'expliquait pas, pas vraiment tout du moins. Les sentiments faisaient-ils réellement changer nos perceptions personnelles ? Sûrement.

J'avais finalement relevé mon regard lorsque ses mains se posèrent sur mon torse. Il semblait... déterminé. Il semblait savoir ce qu'il désirait, mais... N'était-il pas seulement aveuglé par mes propres envies ? Cela ne pouvait-il pas être inconscient ? Mes pensées s'effondrèrent pourtant. Il en avait envie. Tout du moins, il avait envie de me faire plaisir et il avait envie que j'en aie envie... Et... J'admis que sa réflexion, ses explications qui tournaient sans plus vouloir rien dire m'arrachèrent un rire. Un rire rare, très rare, et pourtant bien présent, étouffé par son baiser, remplacé, bien trop rapidement par ses hanches qui me poussèrent dans ce gouffre qu'il avait maintenu ouvert.

Etouffant mon soupir de plaisir contre ses lèvres, mes bras s'enroulèrent autour de lui, maintenant son corps contre le mien. Ma température était repartie à la hausse, bien trop pour mon propre bien alors qu'il me semblait que mon coeur allait exploser. Allait-il vraiment ?... Il avait besoin de moi pour cela. Je devais... Lui montrer. Et cela m'effrayait. Même s'il en avait envie, même s'il me l'avait dit, comment allait-il réagir face à une chose qu'il ne connaissait pas, qu'il ne s'était jamais fait lui-même ? Je n'en savais rien mais... Il voulait apprendre, il était, il semblait décidé et moi... Moi je m'étais perdu. Définitivement.

Quittant ses lèvres, mon front contre le sien, je l'obligeai à ce stopper, ancrant mes mains sur ses reins.

- A... Attend. Murmurai-je.

Le stress était certain, palpable alors que j'avalai ma salive difficilement. J'en avais envie. Je voulais plus. Et je devais... Le guider. Mais je n'avais jamais été un guide, un appui, pour quoique ce soit. Je ne savais ni comment faire, ni comment aborder, ni comment le rassurer. D'ailleurs... N'étais-je pas presque plus craintif que lui à cet instant ? Possiblement.

C'était bon. Définitivement trop bon. Je n'arrivais plus à penser, à réfléchir, à respirer même tant tout était bon. Me tendant, soupirant, me cambrant sous ses doigts, je me laissais aller, sans commune mesure. Je n'arrivais pas à prendre conscience réellement de ce qu'il se passait tant tout alla vite. Combien de temps cela dura ? Pas plus de trois minutes. C'était certain. Normal ? Je n'en savais rien, je ne me posais pas la question, trop innocent pour me poser ce genre de question. Tout ce que je savais était que le plaisir avait trop rapidement à mon goût atteint son paroxysme, que mon corps n'avait pas su tenir la cadence et explosa dans son plaisir, mon plaisir le plus complet. Le souffle court, coupé, je n'avais pourtant pas mis longtemps pour retrouver les lèvres de Mika, de l'homme qui venait de m'apprendre ce qu'était le véritable plaisir, je soufflai de nouveau ces mots particuliers qui me semblaient à cet instant, sûrement grisé par le moment, les plus vrais.

Le laissant s’asseoir sur mes cuisses, épuisé par ce qu’il venait de se passer, sans même plus faire attention à ma nudité, je le laissai revenir à mes lèvres, caressant ses côtes de mes mains, distraitement avant que sa voix ne rompe le silence.

- C’était… Parfait… Soufflai-je dans un murmure avant que ne reprennent nos baisers. Vraiment parfait…

Pour la première fois, je ressentais la quiétude, l’apaisement le plus total. Comme si tous mes doutes, mes peurs, mes colères et mes dégoûts s’étaient effacés, je me sentais bien, heureux. D’ailleurs, un sourire s’était dessiné sur mes lèvres, un sourire qui lui était destiné, à lui seul. Un sourire tendre, sincère et amoureux. J’étais bien. Et doucement, à sa question, j’hochai la tête. Le laisserais-je recommencer ? Bien sûr, évidemment. Comment pouvais-je refuser, à cet instant ? Mais apprendre qu’il avait aimé… Qu’il aimait m’entendre, me sentir et me voir… L’observant alors, mes joues prenant une teinte plus rouges encore que celle du plaisir, je me mordis la lèvre inférieur alors que mon sourire ne faiblissait pas.
Mika était innocent. Plus que je ne l’étais. Et si, d’ordinaire, j’aurais craint, je me serais fustigeai de lui voler cette innocence de la pire des façons, je n’arrivais, à cet instant, pas à penser de la sorte. J’étais trop heureux, trop apaisé pour cela. Alors… Ce fut attendri que je l’observai, venant, lentement, caresser sa joue. J’étais maladroit, encore tremblant et je voulais le… Rassurer ? Que voulais-je faire exactement ? Je n’en savais rien. Je voulais simplement ne plus le sentir gêné. Alors, tandis même que cette discussion n’était toujours certainement pas la conversation la plus facile pour moi. Tandis même que je me sentais aussi gêné… Je me redressai, doucement, faisant glisser le sorcier à côté de moi afin d’attraper la couette pour me couvrir, tentant de penser à tout ce qui pourrait le gêner.

- Hae… Repris-je alors que ma main trouvait le chemin de sa joue, la caressant tendrement, l’obligeant à lever les yeux vers moi. Regarde-moi s’il te plait.

Mon sourire toujours aux lèvres, encore, je vins lui voler un baiser, chaste, posant mon front contre le sien tandis que ma main se reposait sur sa cuisse.

- Tu recommenceras quand tu le voudras. Lui soufflai-je. Quand on le voudra… Tous les deux… Et… Recommençant à buter sur les mots, je fronçai les sourcils avant de prendre une légère inspiration, me donnant du courage, essayant, tout du moins, afin d’être celui dont il avait besoin à cet instant, rassurant, sûr de lui. Même si ça n’est pas pareil… ça me plait, de savoir que tu as quand même aimé ça… Ca me rassure. Et si tu veux recommencer un jour… C’était… Vraiment bon. Soufflai-je finalement, à mi-voix.

J'étais heureux. Pour la première fois depuis mon arrivée à Poudlard, pour une rare fois lors de ma vie entière, j'étais pleinement heureux et je souriais, profitant de ce contact, de ce moment que je désirais interminable. Je l'avais glissé à mes côtés, me recouvrant de la couette bien plus pour lui que pour moi avant de l'embrasser, encore. Bien sûr que je désirais recommencer, je n'aurais jamais pu le nier. J'en avais envie, une réelle envie. Et mon sourire semblait appeler son sourire, m'apaisant encore d'autant... Tout était parfait. Comme cela devait être.

- Je ne pensais pas que... Que je pouvais ressentir ça. Soufflai-je à sa suite, sentant son ton réaccélérer.

Que serait, après tout, Mika sans ses monologues prononcés trop rapidement ? Et j'en ris, sûrement la plus grande preuve de ma sérénité. Sans le couper pour autant, j'avais fini par émettre ce rire sincèrement amusé alors que certains mots m'échappaient encore pas une simple manque de vocabulaire.

- Erotique ? M'enquis-je alors sans comprendre le sens de ce mot.

J'étais érotique ? Peut-être. Si cela lui allait, alors je le serais, c'était aussi simple que cela. Pour le reste... J'avais doucement secoué la tête, mon sourire se fanant, certes, mais ma sérénité fixée au visage.

- J'aurais pu attendre. Repris-je. Et tu n'aurais pas pu être décevant. C'était impossible.

Le laissant reprendre son souffle et se glisser sous la couette, je passai mon bras autour de lui pour le serrer contre moi. C'était étrange. Très étrange. Jamais je n'aurais un jour pensé ce genre de chose possible, jamais je n'aurais pu imaginé que cette même chose impensable puisse faire naître en moi un tel sentiment de quiétude. C'était pourtant le cas... Et je ne voulais plus jamais que ce sentiment ne me quitte. Loin des idées d'obligation, de mariage, d'obéissance, j'étais bien.

- J'étais ? Lui demandai-je alors que sa phrase ne s'était pas terminée avant de sourire à nouveau, soufflant dans un léger rire tout en secouant la tête. Il y a d'autres manières de me faire sourire, tins-je malgré tout à lui faire remarquer même si j'admettais que cela restait la première fois qu'il me voyait aussi détendu. Tu sais... Finis-je par reprendre en fixant le plafond. Si je suis venu ici c'était pour éviter tout ça. Enfin... Pas ce que nous venons de faire, ça, je ne pensais même pas qu'un jour je pourrais vivre ça mais... J'ai fui pour que personne ne sache que j'étais comme ça... Soupirant, je tournai doucement la tête vers lui. Il y avait un garçon au Japon, un ami pour lequel j'avais... Des pensées. Pas des sentiments, j'avais reculé avant mais cela ne changeait pas grand chose. J'ai essayé de le dire à mes parents, de leur expliquer mais... Doucement, alors que mon sourire s'était éteint, je secouai la tête. Enfin cela a été compliqué... Plus que cela même. Sans qu'ils le sachent, sans qu'ils comprennent, ils m'avaient insulté, traîné plus bas que terre... Et je n'ai plus réussi à faire semblant, à les regarder dans les yeux et à regarder les femmes qu'ils me présentaient dans les yeux... Alors je suis venu ici, j'ai menti - et j'en avais honte, vraiment honte - pour ne plus être entouré par ma famille, par le risque d'être découvert parce que je n'y arrivais plus... En arrivant ici, je voulais seulement avoir un comportement exemplaire pour mon cousin que j'aurais croisé le moins possible. Je voulais me faire oublier et ne plus rien ressentir pour personne... Je... Je voulais juste éviter d'avoir encore envie de sauter d'une tour. Admis-je alors même qu'il s'agissait d'une honte pire encore. Mais j'avais envie, besoin d'être honnête, de me confier à Mika, qu'il sache et qu'il comprenne qui j'étais. Et puis... Tu es arrivé et... Je n'ai pas réussi à résister... Je pensais que mon ami au Japon était le seul qui pouvait me faire sourire, mais... Depuis que je vis avec toi, enfin... Que nous sommes colocataires, je ne me suis jamais senti aussi bien. Mais sans... Tout ça... J'étais content de te retrouver tous les soirs parce que je savais que... Que j'allais passer une bonne soirée, avec quelqu'un de gentil, d'amusant, de sincère et qui malgré son manque de concentration que je n'avais jamais vu chez personne est intelligent et réfléchi. Et même si j'ai peur... Même si j'ai peur qu'ils le découvrent, qu'ils me disent ce qu'ils pensent... Que je suis impur, irrespectueux, déshonorable, que je suis la honte de la famille et qu'il aurait mieux valut que je naisse pas si c'était pour la déshonorer - leurs mots adressés à mon "ami" inventé me revenaient difficilement. Même si j'ai peur de te faire du mal... Je n'ai pas réussi à ne rien ressentir. Et... Pas physiquement. Enfin... Si mais... Je soupirai avant qu'un sourire, finalement, ne revienne éclairer mon visage. J'ai envie de croire que cet ami au Japon, que mes parents, ma famille en général et tout le reste étaient juste là pour que je trouve mon soleil... C'est naïf, et je sais que ce n'est pas le cas mais... C'est la seule explication que j'ai trouvé.

J'avais parlé, beaucoup, beaucoup trop même quoique je l'avais fait bien plus doucement que lorsque Mika monologuait. J'avais besoin de réfléchir à mes mots, au vocabulaire que j'utilisais, à ce que je lui racontais. Honnête, j'avais ainsi ressenti ce besoin qu'il me connaisse, qu'il comprenne. Et même si je ne savais pas ce qu'il pourrait faire de ces informations bien trop personnelles... Je voulais seulement qu'il fasse parti de ma vie. De toute ma vie.

Oh... Erotique donc... J'étais donc... Oh... Clignant les yeux, comprenant de quoi il s'agissait, j'hochai doucement la tête. Ce n'était pas que j'étais d'accord, non, enfin... si peut être, je n'en savais surtout rien mais je ne savais pas réellement comment réagir à cette information. Devais-je le remercier ? Mieux valait que je ne dise rien, oui. Voilà... Cela éviterait toute incompréhension car si cela paraissait être un compliment... Cela restait un compliment qui m'était inconnu.

Et ce n'était pas la seule chose qui m'était inconnue dans cette discussion. Si j'avais voulu le rassurer sur le fait que j'aurais pu attendre et que jamais je n'aurais douté de lui sur ce point malgré sa méconnaissance plus importante encore que la mienne, Mika avait bientôt buté sur un mot, ne finissant pas sa phrase, m'obligeant à l'interroger. J'étais à lui... Oui, en quelques sortes, il avait raison. Je comprenais ce qu'il voulait dire, réfléchissant à sa traduction, autant coréenne qu'anglaise.

- C'était le cas. Finis-je ainsi par répondre, caressant lentement ses cheveux, songeur. Mais ça sera le cas à partir de maintenant de toutes façons... Il n'y aura toujours que toi. Je n'ai pas envie d'autre chose.

Non. Ce serait Mika et seulement Mika. Il avait été le seul à me rendre une vie que je fuyais pourtant, le seul à m'apaiser, le seul à me donner envie de vivre au lieu de survivre. Et pour cela... Je lui devais sûrement une véritable honnêteté quant à ma présence ici. Et ainsi, pour la première fois, je parlai. J'expliquai chaque chose qui m'avait mené dans ce dortoir, contre lui. De cet ami pour qui j'avais eu des pensées impures à mes parents qui refusaient la moindre idée se rapprochant de ce fait en passant par les envies que j'avais pu avoir de mourir, jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à sa présence près de moi, avec moi.

Je compris rapidement ce qui le choqua dans mon discours. Son geste était plus qu'équivoque et ainsi ne l'avais-je pas retenu, continuant, seulement, mon histoire, refusant qu'il me coupe. Je n'avais pas l'habitude de parler, encore moins celle de me confier, mais j'en avais envie, j'en avais besoin, à vrai dire. Pour qu'il comprenne, pour que j'accepte où je me trouvais aujourd'hui. Il était en colère. Je le sentais. Mais je voulais terminer. Et je terminai. Je terminai à lui, à sa présence, à sa personnalité rayonnante. J'avais peur, toujours. Je craignais que l'on me découvre, que l'on nous découvre et que tout se finisse car alors, que ferais-je réellement ? Aurais-je réellement le courage de retourner en Corée ? Sans lui ? Pour devoir répondre de mes actes, des mon déshonneur ? Je n'en étais pas certain. Sans lui dire, sans lui faire part des conséquences réelles que pourraient avoir ce que nous faisions, je ne me faisais que peu d'histoire...

Mais malgré cette fin plus douce, Mika, lui, restait en colère. Levant les yeux sur lui, enfin, je m'étais tu. Et sa voix remplaça la mienne. Je n'étais pas impur, irrespectueux ou déshonorable disait-il. Peut être pour lui, bien sûr. Mais pour les autres... Pour mes proches, ceux que je respectais, à qui j'obéissais ?

- Je te crois. Soufflai-je alors.

Bien sûr que je le croyais. L'être humain avec quelque chose, quel qu'il soit, de violent, jugeant son prochain sans le connaître. Il n'y avait qu'à écouter ceux qui l'avaient qualifié de "stupide" pour le savoir.
Et il continua.
Il tendait de défendre ce que j'étais ce que... nous étions, en fin de compte, quoiqu'étrangement, ce qu'il était me semblait normal, bien plus normal que ce que j'étais, moi. Mais je n'étais pas impur, ni même déshonorable. Il me trouvait même... Noble ? Un léger rire se laissa entendre, très léger, amusé malgré tout de cette idée alors que je me refusais à le couper. Je n'étais pas d'accord, ce n'était pas de la sorte que je me sentais, bien loin de là. J'étais effacé, obéissant, respectueux aussi mais noble ? Non. Je ne le pensais pas. Vraiment pas. Je n'avais rien de noble. Je n'avais pas la stature de Hyun-Su, le charisme de Min-Ho. Je n'avais rien de tout ça.

- J'espère... Avais-je néanmoins murmuré lorsqu'il m'affirmait que je ne le ferais pas de mal.

Oui, je l'espérais car comment pouvait-il en être sûr ? Je le lui avais dit... Un jour venu, je devrais me marier, faire des enfants à une femme. Et même si je ne ressentirais jamais ni amour ni même le moindre désir pour elle, je n'aurais pas le choix. Je le trahirais. Lui, sa confiance, ses sentiments, son corps même. Pourtant... Il voulait être invisible. Il voulait que personne ne puisse douter de moi... Et... Baissant les yeux, je me sentais coupable. J'allais l'obliger à vivre dans l'ombre, dans mon ombre. Était-ce réellement un vie ? Alors qu'il aurait pu briller au grand jour, je l'obligeais à se cacher... Pourtant, rapidement, je relevai la tête. Une menace ? Non. Un fait qui serait. Ou plutôt un fait que je refusais. Pas seulement parce que la simple idée qu'ils puissent savoir me tordait l'estomac, entraînant une nausée conséquente, une angoisse qui enserrait mon coeur, mais aussi parce que je ne connaissais pas les conséquences. Seraient-ils capables de se venger sur lui ? Je ne le pensais pas ou plutôt je ne l'espérais pas... Mais le risque, l'idée, restait là, malgré tout. Le mettre devant moi, qu'il veuille devenir ma lumière face à tous était risquée, trop pour que je ne l'accepte.

Le fait qu'il me dise qu'il m'aime à nouveau m'heurta. Autant que ses mots... Il avait... Peur ? Peur que je ne décide d'un jour passer à l'acte ? Pourrais-je, finalement, réellement le faire ? Quitter mes parents, mourir pour eux ne m'avait pas inquiété. Si je les déshonorais, mieux valait que je les quitte. Ils se remettraient plus facilement d'une mort que d'un fils impur. Mais lui... Lui qui me voyait, faisait attention à moi et ne me jugeais pas ? Aurais-je un jour le courage, ou plutôt la lâcheté de faire cela ? Je ne le pensais pas. Mais... Nous n'étions certainement pas face aux plus grandes difficultés qui traverserait nos vies. Je n'étais pas fiancé. Pas marié. Je n'avais pas de devoir conjugal. Rien qui ne puisse ternir ce que nous étions ensemble... Plus tard... Les choses allaient changer... Et aurais-je réellement la force de le supporter ? Si je pouvais me poser la question, je préférais me rassurer malgré tout. Oui. Je pourrais. Parce qu'il était là... Je ferais tout ce que je pourrais tant que lui serait heureux.

Alors, me redressant doucement, je l'attirai à moi, l'étreignant avec force, glissant mon visage dans son cou. Je l'aimais. J'avais besoin de lui. Mais je voulais son bonheur avant tout, et qu'il s'inquiète...

- Mika... Soufflai-je dans son cou, refusant de me redresser. Je n'ai eu aucune idée depuis que je t'ai rencontré ou pas loin. Lui soufflai-je, honnête. Je n'en aie pas eu envie, je n'y avais plus pensé... Je voulais juste... Être honnête avec toi. Parce que je t'avais dit, enfin... Je n'ai pas caché ce que désirait ma famille, ce que je devais faire. Mais... Je ne voulais plus rien te cacher sur pourquoi j'étais ici, sur pourquoi... Tu dois tout le temps me rassurer.

Bien sûr, je m'en rendais compte. Je n'étais pas idiot, je savais qu'il me rassurait, qu'il était certainement obligé d'être bien trop mature lorsque mes craintes prenaient le pas sur ce que j'étais. Et si je n'arrivais, pour le moment, pas à m'en empêcher, je lui devais au moins des explications.

- Que tu aies raison et que le destin existe ou pas... Que tu sois le seul à me voir ou pas... Ce n'est pas ce qui m'importe, maintenant. Je me sens déjà coupable de t'obliger à tout ça... Mais... Je refuse que mon meilleur ami - puisqu'il était presque le seul ami que j'avais. Que mon... Hésitant, je soufflai doucement. Que mon petit ami ? Enfin, je refuse que tu aies peur. Parce que... Ca n'arrivera pas comme ça... Je suis bien. Là... Je n'ai pas envie que ça s'arrête... Alors... Soufflant, je redressai le visage pour lui voler un baiser. Ne t'en fais, d'accord ?

Un instant, j'eus envie de lui faire remarquer que certaines planètes, certains soleils pouvaient avoir plusieurs lunes... Si peu confiant, je n'admettais pas que l'on puisse avoir peur pour moi. Mais... Mieux valait ne pas insister. Pas comme ça... Ma voix était déjà bien assez peu assurée pour insister.

Je devais le rassurer ? Oui mais… ce n’était pas la même chose, pas vraiment, pas à mon sens. Il était innocent, il ne savait pas réellement où aller, comment faire, je ne faisais donc que le guider. Je n’avais rien d’un protecteur, pas dans mon esprit, quand bien même j’aurais voulu l’être pour lui. Mais quel protecteur l’obligerait à vivre une telle vie ?

Esquissant un léger sourire plus amusé à sa remarque j’haussai rapidement les épaules. Je n’étais même pas certain qu’il soit possible que j’apprenne la leçon un jour, que je ne me sente pas de trop, à forcer mon entourage à s’adapter à moi.
Ce fut alors à Mika de vouloir m’expliquer ce qu’il était de sa vie, tentant de me faire comprendre que cette chose dont je me sentais coupable n’était en rien une vérité. Alors… Je l’écoutai, prenant conscience de ce qu’était sa vie réellement. Pas que je ne m’en sois jamais intéressé, bien évidemment et bien au contraire. Chaque dimanche, lorsqu’il revenait, j’aimais écouter ce qu’il me disait. J’avais même, il y a peu, été me renseigner sur le Quidditch, apprenant les règles et le noms de toutes les figures anglais qu’il était possible de connaître. Mais je comprenais peut-être cette fois mieux ce qu’il en retournait réellement. Aucun de nous deux ne connaissions une adolescence normale, celle que la plupart des sorciers de notre âge avaient. Pour des raisons différentes, nos obligations nous obligeaient à peut être plus de sérieux, moins de divertissement… Pourtant, malgré cela, malgré ses absences, malgré ce futur qui m’effrayait, une seule chose était certaine à cet instant. Je voulais être là pour lui. Je ne savais pas comment offrir une adolescence à qui que ce soit. Je ne savais même pas vraiment comment se comportaient les adolescents, mais je voulais essayer. Je voulais être un adolescent.

Le laissant se reculer, je l’observai alors. L’on m’avait assez détruit disait-il… Ne m’étais-je pas plutôt détruit seul en n’étant pas ce que l’on attendait de moi ? Sûrement cela, oui. Mais… Je préférai taire cette vérité, me concentrant plutôt sur sa bienveillance qui, encore une fois, rayonne dans notre chambre.

- Je ne peux pas te promettre que je serais toujours là… Soufflai-je en écho à ses propres paroles. Mais… Je peux au moins te promettre que tu auras toujours une place dans ma vie.

Il était le premier, mon premier… Ce n’était pas rien. Ce ne serais jamais rien.

- Mon cousin m’a dit une chose quand je suis arrivé… Il m’a dit que tant que je faisais ce qu’on attendait de moi, tant que j’obéissais… Je ferais ce que je veux de mes nuits. Alors… Je ne sais pas comment, je ne sais même pas quand et j’espère le plus loin possible mais… Mais je ferais au moins tout pour passer mes nuits avec la seule personne que je veux. Maintenant. Murmurai-je, le gratifiant d’un baiser.

Je me rendais bien sûr compte de la difficulté que cela pourrait être. Je savais que, sûrement, mon épouse en souffrirait, à moins qu’elle ne soit en accord… Il faudrait qu’elle le soit. Je n’aurais pas le choix. Je ne voulais pas avoir ce choix… Il était déjà pris. C’était Mika.

Et Mika, d’ailleurs, redevint rapidement Mika. M’arrachant un sourire, preuve, certainement, qu’il était ce qu’il me fallait, j’observais ses yeux pétiller. Est-ce que l’on sortait ensemble ? Hé bien… Difficile de dire oui puisque l’on ne sortirait pas de cette chambre mais…

- Je suppose. Répondis-je. Si tu en as vraiment envie. Mais… Plissant les yeux légèrement, je soupirai. Est-ce que tu crois… Enfin… J’ai vu certains étudiants le faire ici mais je ne sais pas si c’est habituel… Vous prenez vous souvent dans les bras ? M’enquis-je aussi innocemment que je le pouvais.

- Ca, ça sera toujours le cas. Répondis-je à mi-voix, profitant des caresses qu'il prodiguait à mon visage.

Il m'apaisait. Le moindre de ses gestes, la moindre de ses caresse m'apaisait, me faisait oublier ce qui avait fait ma vie jusque là. Et c'est à son contact, près de lui, que j'avais finalement pu comprendre les paroles de Min-Ho. Je pourrais faire ce que je désirais de mes nuits si je restais là où il fallait que je sois. A cet instant, j'étais prêt à me plier à leur moindre désir, à toutes leur volonté, à la seule condition que mes nuits soient libres, soient avec lui.

- Je préfèrerais te voir n'importe quand. Admis-je doucement.

Mais ce n'était pas possible. Ce ne serait jamais possible. Alors la nuit, à défaut de suffire à mon coeur, suffirait à mon équilibre. Esquissant un sourire à sa remarque, je secouai doucement la tête. Il acceptait. Il acceptait bien trop pour moi. Pourquoi ? Pourquoi tout cela était-il si intense ? Pourquoi n'arrivais-je réellement pas à me contenir, à nous contenir. Là où j'avais toujours été effacé, soumis, équilibré dans un extrême certain, je me retrouvais à rêver de liberté, à aimer, passionnément. Comment ?... Comment était-il devenu mon... Petit ami ? Car c'était là ce dont il s'agissait... Et si sa réaction m'avait arraché un sourire, c'était effectivement le cas. Nous... Sortions ensemble, maintenant. Je sortais... Avec un homme.
C'était étrange. Très étrange. Mais c'était bon. Alors... Comment allais-je pouvoir attendre les nuits sans le toucher ? L'idée me traversa l'esprit. Comment le toucher, comment faire que personne ne se doute de rien sans être séparés pour autant ? Pourrais-je... Pouvais-je imaginer devenir un tant soit peu anglais pour prendre leur "habitude" de s'étreindre entre amis ?

- Toi, en particulier. Répondis-je. Même si j'imagine qu'il faudra le faire avec d'autres.

Je n'en avais pas envie. Je n'aimais pas le contact. Sauf avec lui. Mais s'il fallait me forcer pour que je puisse, ne serait-ce que poser ma main sur lui, je le ferais. Il fallait que je commence doucement. Le contraire serait étonnant. Alors... Soit.

- Je suppose que commencer par mon colocataire et ami ne sera pas... Suspect.

Ma rationalité me le disait. Ma peur, elle, semblait m'hurlait que tous sauraient au moment même où je poserais mes yeux sur Mika... C'était pourtant le plus logique... Une logique que j'allais devoir admettre, quand bien même j'en mourrais sûrement d'envie lorsque nous nous croiserions dans les couloirs.

Arquant un sourcil, le laissant me grimper dessus alors que sa sensation sur mon bassin me faisait souffler doucement, encore, me rappelant que j'étais encore nu sous cette couette... Pour autant, son rire chassa mes pensées et ma honte. Arquant un sourcil, je ne pus m'empêcher de rire à ce formalisme, autant qu'au nombre de nom qu'il me donna.

- Alors si tu en as "vraiment, vraiment très envie", je ne sais pas comment je peux reculer. Soufflai-je dans un amusement que je ne feignais pas.

Venant le serrer contre moi, son visage dans mon cou alors que ma main glissait de son dos à ses cheveux, je fermai les yeux. Il était heureux. Combien de temps cela durerait ? Je ne le savais pas et je ne voulais pas le savoir. A cet instant, je n'avais qu'une impression... Celle que rien ni personne ne pourrait m'arrêter. Dans ses bras, là, de la sorte, j'étais invincible. Invincible et heureux. Il m'aimait... C'était tout ce qui me convenait.

- Moi aussi... Murmurai-je, frissonnant au contact de ses lèvres.

Moi aussi je l'aimais. Moi aussi,  j'étais heureux. Loin de mes doutes, de mes peurs. Loin de la réalité bien trop rapide, trop intense pour ce que nous étions, je me concentrai, pour une fois, sur ce positif, sur lui, sur son soleil.

- Mais... Ca veut dire que tu es là ce week-end. Repris-je finalement au bout de quelques instants. Est-ce que... Est-ce que ça te dirait qu'on aille faire quelque chose ? Comme... Comme à Pré-Au-Lard ?

Il avait dit que nous sortions ensemble alors... Même si je ne pouvais pas le toucher, même si rien ne devait transparaître... Nous pouvions, malgré tout, sortir, non ? Nous ne serions pas ensemble. Juste... Amis... J'aurais peur, je le savais, mais... Si je pouvais lui offrir une vie presque normale avec moi de temps en temps, peut être fallait-il que je le fasse, qu'on profite un peu du temps qui nous était offert.

Faire en sorte que ce que j’ai soit suffisant… Je comprenais ses mots, évidemment. Nous n’aurions jamais plus. C’était une chose que je ne pouvais espérer, quoiqu’il puisse en être alors… A novueau surpris par sa maturité qui dépassait la mienne sur bien des sujets, j’hochai la tête. Il avait raison. Je n’avais rien d’autre à dire, à espérer. Nous avions déjà nos nuits et cela… Ce serait bien suffisant. D’autant que je passerais mon permis de transplanage alors… Alors je pourrais le rejoindre. Où qu’il soit je pourrais le rejoindre. Et cette simple pensée m’apaisait. Je n’étais plus seul.
Peut-être, d’ailleurs, était-ce cette pensée, ce fait présent, qui me donnait malgré tout ce besoin de le savoir près de moi. Alors… Pourquoi ne pas profiter, après tout, de l’habitude qu’avaient certains de se « toucher », ici ? Il acceptait… Tant mieux, mais…

- Tu es sûr que ça ne te dérangera pas ? Préférai-je demander.

Bien sûr, je ne doutais pas réellement du fait qu’il était dérangé par être touché mais… Par moi et en public ? Mieux valait, pour moi, en avoir le cœur net. Enfin. Dans tous les cas, ce fut officiellement qu’il me nomma alors son petit ami, m’arrachant un sourire, heureux.

- Parce que tu me séquestrerais ? Plaisantai-je en venant chercher ses lèvres.

Il n’y avait aucune chance qu’il le doive sans que je sois consentant. Plus maintenant. C’était certain. Ses bras, mon refuge, n’appelait à aucun forcing, aucun doute quant au fait que j’aimais y être et surtout que je voulais y être. Était-ce normal ? Bien ? Je ne désirais plus me poser la question, il réfuterait le moindre de mes doutes, les envoyant valser d’un seul souffle.

Mais puisque nous étions désormais ensemble, puisque nous « sortions » ensemble et qu’il serait là ce week-end… Alors pourquoi ne pas faire quelque chose. Entre amis. Bien sûr. Juste. Amis. Une proposition à laquelle je n’aurais pas imaginé avoir un tel enthousiasme. Me mettant à rire, sereinement, je l’observai alors s’enflammer pour ce que je pensais être une simple sortie. La boutique de balai, le magasin de bonbon et aussi une boutique qu’il faudrait trouver pour acheter des friandises à Rainy… Mika avait de la suite dans les idées et j’admettais que cela me plaisait. Secouant, d’ailleurs la tête, je répondis finalement.

- Non. Je ne quitte pas Poudlard le week-end. Admis-je. Ça sera la première fois. Alors… On fera ce que tu veux.

Je le suivrais, de toutes les manières. L’important n’était pas réellement l’endroit où nous allions aller pour moi. Pas directement. Je désirais seulement… Que l’on soit normal. Et cela, nous pouvions l’avoir, ne serait-ce qu’à moitié, ne serait-ce qu’un week-end. Alors nous allions le faire. Il n’y avait qu’une chose…

- J’aimerais juste… Osai-je en fronçant les sourcils. Goûter de la bièraubeurre. Je n’en ai jamais pris et puisque je suis majeur ici, c’est peut-être le moment… Si ça ne te dérange pas.

Baissant la tête, j’observai bientôt Rainy qui, ayant entendu son nom, venait montrer le bout de son museau, debout sur ses pattes arrière, observant Mika avec attention. Au moins avait-il compris qui pouvait lui donner des friandises…

- Je crois qu’il va finir par te préférer à moi. Quoiqu’il aurait raison. Soufflai-je avec un léger amusement, observant le lapin se tendant pour voir Mika.

Cela prouvait seulement qu’il avait du goût autant que du flair… Et j’admettais aimer voir Hae s’occuper de Rainy… Il était le premier à pouvoir réellement l’approcher, le premier à gagner sa confiance. Le premier a gagner ma confiance, à vrai dire.

Je n’avais pas la réponse à cette question. C’était évident. Je n’étais pas lui et surtout… Peut être commençai-je à le connaître au fond. Il ne serait pas dérangé. J’avais peur. Moi. Seul. Et c’était bien cette peur que je projetais sur lui sans qu’il n’en soit l’auteur. Quant au fait de me séquestrer… Il n’avait pas tort. Non. Il avait entièrement raison et d’ailleurs esquissai-je un léger sourire pour toute réponse avant que je ne lui propose une sortie, une toute première sortie ensemble, à Pré-Au-Lard. Une sortie qui l’enthousiasma presqu’automatiquement pour mon plus grand plaisir, je devais l’admettre.

Je n’étais, pour le moment, pas sortit de Poudlard. Seul et sans réelle relation jusque-là, j’admettais aisément ne pas avoir de raison de quitter le château. Un fait que semblait désoler Mika qui vint à me conseiller de sortir. Haussant doucement les épaules, je le laissai caresser mon visage, écoutant son conseil avant que je ne souffle, le contact de sa main ayant crée un frisson certain sur ma peau.

- Je viendrais te voir jouer au Quidditch des fois, si cela te convient. Je sortirais, comme ça. Soufflai-je pour toute réponse.

Il était vrai que l’extérieur me manquait. Je ne pouvais décemment pas le nier. Mais qu’avais-je à faire ici ? Je n’avais pas réellement voulu croiser d’autres personnes, m’isolant de manière consciente dans cette chambre, sans chercher à plus jusque-là.

- Tu préfèrerais que je sois plus bronzé ? Finis-je par demander, arquant un sourcil en me demandant si travailler dehors pourrait, aussi, être une idée à prendre en compte.

Embrassant la paume de sa main alors qu’il m’avait finalement énoncé les boutiques où il souhaitait aller, je proposai – ou plutôt demandait la permission – à mon tour un endroit. Tout du moins, je désirais essayer la bièraubeurre. Où… Je n’en savais rien, mais s’il était possible d’en avoir une… J’irais donc. S’il le désirait. Bien sûr.

- Parce que tu pourrais ne pas en avoir envie ? Répondis-je presqu’immédiatement avant qu’il ne réfute ce propos, me rappelant mon existence autant que la sienne.

Baissant les yeux, me rendant compte sans que je ne puisse lutter que je peinais à prendre ce simple fait en considération, je soufflai doucement. Oui… J’avais le droit de proposer, de demander. Avec lui, je le pouvais. Mais sûrement allait-il me falloir bien plus de quarante-huit heure pour cela. Dans tous les cas, cette idée de passer le week end avec lui, de sortir me plaisait. Presque plus que je ne l’aurais cru d’ailleurs.

Mais rapidement, notre attention fut détournée par une boule de poils, ma boule de poils, venue réclamer l’attention qui lui était due, ou tout du moins celle de Mika. M’amusant du lien qui se créait entre les deux, j’haussai rapidement les épaules.

- C’est que tu le fais mieux que moi. Admis-je, effectivement peu habitué à jouer avec qui que ce soit, animal compris.

Animal qui vint obéir à Mika, retournant plus loin de nous sans se faire prier. Hé bien… Rainy aimait définitivement Mika… tant mieux.

- Tu ne ferais pas de mal à qui que ce soit. Soufflai- à mi-voix à sa suite avant qu’il ne me propose, à raison, une activité qui ne me déplairait pas.

Hochant la tête, j’esquissai un sourire à son baiser sur ma joue avant de le laisser me quitter, le froid me frappant bien plus que je n’aurais pu le penser. Récupérant mes vêtements, je me rhabillai rapidement pour quitter, à mon tour, le lit dans une tenue bien plus correcte – quoique cela ne soit pas difficile.

- De toutes les manières… Il y a plusieurs cabine alors…

J’admettais que l’idée de la douche me… Non. Hyun-Ki. Non. Me fustigeai-je avant de me pencher sur ma commode pour en sortir de nouveaux vêtements et les produits dont je pourrais avoir besoin.

- Je… Je vais y aller. Soufflai-je alors. Enfin, tu peux me suivre pour… Toussant, je secouai la tête avant de quitter la pièce, l’idée de ladite douche ayant un peu trop entamer mon esprit… L’eau froide serait alors le meilleur remède, pour sûr.