Née en Guadeloupe, de deux parents métis, elle grandira au sein d’une famille plongée dans le catholicisme. Moquée à cause de la couleur claire de sa peau, elle héritera plus tard du surnom affectueux de ‘’Chabine”, désignant une femme créole à la peau claire. Toutefois, étant née dans une famille très religieuse, son éducation fut sensiblement stricte, la poussant d’ailleurs à choisir paradoxalement une vie associée à la luxure une fois devenue indépendante et majeure. Comme cherchant rattraper le temps perdu et les plaisirs qu’on lui avait refusés dans sa jeunesse, enchaînant les rencontres, les boites de nuits, jusqu’à ce que l’une d’entre elle la rappelle à l’ordre avec une grossesse inopinée, celui de son premier enfant : Gladys Greaux.
            La naissance de Gladys changea énormément de chose dans la vie de Marie qui réalisait que certains des incidents magiques provoqués par son enfant étaient identiques à celle qu’elle avait pu être témoin dans sa jeunesse. Et pour cause, Marie était elle-même une sorcière, mais sa famille avait fait le nécessaire pour lui cacher cette vérité. En effet... Un sorcier était venu voir les parents de Marie pour lui annoncer la vérité sur ce qu’était leur fille. Mais la mentalité des Guadeloupéens dans les années 80, surtout celle des Greaux, était très différente, très fermée et puritaine. La magie pour un catholique était propre aux suppôts du diable et entendre cet envoyé du monde magique annoncé que Marie était une “sorcière”, ne provoqua aucune réaction sympathique de leur part. Notamment, parce que les sorciers pour les Guadeloupéens étaient des gens mauvais à cause de la réputation des marabouts de l'île et de leur vaudou.    

         Ils refusèrent que leur fille aille à Castelobruxo, qu’elle se détourne de Dieu pour apprendre là-bas des choses qui leur étaient complètement inconnues. Et à chaque fois que Marie manifestait sa magie accidentellement, il la forçait à prier le seigneur, lui faisant croire que c’était là les signes de sa miséricorde envers ses péchés. Et ainsi, tout faire pour la rapprocher de Dieu, tout en lui faisant comprendre que la magie et les sorciers étaient quelque chose de lié au diable et qu’il y avait une raison pour laquelle des femmes étaient brûlées quand elles étaient traitées de sorcière. Marie grandira alors très superstitieuse, jusqu’à ce qu’enfin, Gladys la force à voir le monde autrement. Elle ne pouvait voir son fils, devenue une fille plus tard, comme un monstre à brûler, ça lui était impossible. Elle refusait que les enseignements de ses parents impactent ses décisions concernant son bébé.  
         Aussi, elle toléra l’idée qu’il devait y avoir une explication quant à l’existence de la magie même au regard de sa religion. Elle pensa toutefois que sa fille tenait ses dons de son père, puisque ce dernier avait utilisé un terme connu que des sorciers : “moldu”... Cependant, quand elle eut ses trois autres filles de pères différents, toutes des sorcières, le doute commença à émerger tant dans le cœur de sa fille aînée Gladys, que dans le sien. Pour autant, elle refuse d’aborder le sujet la concernant, l’idée d’être une sorcière lui faisant considérablement peur, ayant été conditionnée à craindre cet aspect d'elle.