Esquissant un sourire, je secouai la tête.

- Hyun-Su-ssi est un prince. Min-Ho-ssi est un prince. Moi… Je n’ai pas grand-chose à voir avec un prince.

J’étais le dernier héritier, bien plus valet que prince, soumis aux grands de ma famille, acceptant sa place sans l’admettre pour autant. Je n’étais que conscient de ce que j’étais. Quant à ce que je dégageais ? Il ne s’agissait ni plus ni rien de ce que l’on m’avait appris à dégager, à comment je devais me comporter, à une attitude apprise devenue naturelle par le temps.
Un naturel que je pouvais néanmoins peiner à retrouver ici alors que rien ne ressemblait vraiment à ce dont j’avais l’habitude. Ni dans les relations, ni dans l’environnement. Alors, d’ailleurs, sûrement allait-il me suffire de réfléchir à ce qu’il me manquait pour trouver ce qui conviendrait à la mère de Mika… mais que me manquait-il, finalement ?
Je n’avais pas tous mes repères, m’en créant de nouveau mais… N’étais-je pas mieux ici que je ne l’avais jamais été ? Si. Evidemment que si. Avec Mika. Alors… Que me manquait-il ?...

- Pas grand-chose. Admis-je en réfléchissant. Tu m’as même ramené des Sigeumchi Namul… Alors… Avec toi en plus… Je suppose que tu dois combler tout ce qui pourrait me manquer.

Un léger sourire et voilà que Mika s’était enfui pour mieux revenir, du caramel en main, pour moi. Lui expliquant le sens de ce qu’il avait fini par dire, je tentais de lui faire dire la seule déclaration que je pourrais lui dire dès qu’il était possible de le faire. Sans grand exploit.

- Sa-ran-ghae… Mmh… Répondant à son rire, j’attrapai ma baguette pour faire venir un calepin afin de lui écrire le mot en coréen et par la phonétique. 사랑해. Comme ça.

Au moins avait-il reconnu le mot australien. Cela faisait déjà un mot de moins à apprendre. Quand bien même il ne serait pas au bout de ses peines avec moi. J’avais, en effet, une tendance certaine à voir mon rythme de parole s’emballer dès lors que je parlais de choses que pouvaient me passionner.

Le laissant sortir du lit pour s’habiller un peu plus chaudement de mes vêtements, Mika vint alors à poser une question qui me fit réfléchir. Serais-je là, l’année prochaine ? Oui. Du moins je l’espérais. Je ferais, quoiqu’il en soit, tout pour. Mes parents n’ayant rien à redire sur mes résultats ni même sur mon désir d’orientation, mes cousins étant toujours présents… Tout semblait être de ce côté… Arquant un sourcil lorsque Mika se serra contre moi, j’esquissai un léger sourire lorsqu’il se rattrapa.

- Si je n’étais pas obligé ? Tu peux le dire. C’est la vérité. J’y suis obligé puisque c’est mon devoir et mon rôle.

Je n’étais pas naïf, pas même que je n’étais aveugle quant à ce que je faisais et pensais. Mais qu’aurais-je eu envie de faire… Baissant les yeux, je soupirai doucement, ma main glissant dans les cheveux de l’homme que j’aimais, laissant le silence s’installer alors qu’il s’était installé de manière à m’apaiser, comme toujours.

- Le dire et le savoir ne sont pas vraiment important. Soufflai-je à mi-voix. Vouloir des choses impossibles ne ferait que m’épuiser. Il est inutile de lutter, je préfère en général oublier.

Un triste aveu alors que j’embrassai son front, posant mes lèvres contre ce dernier avant de reprendre.

- De l’art. Finis-je par lâcher. J’aurais fait de l’art. De la musique surtout.

Mais à quoi bon tergiverser là-dessus ? Ca ne serait pas le cas et je ne touchais même plus à mes instruments. Alors… Autant ne pas trop y penser. Cela ne servirait à rien.

- Ma sœur ? Répétai-je, surpris de la question. Hm. Elle s’appelle Bo-Bae. Elle a deux ans de moins que moi. Je pense qu’elle t’apprécierait… C’est une jeune femme vivante et très douce. Elle a beaucoup de qualité. Obéissante aussi. Admis-je dans un léger rire nerveux. Je ne suis pas assez proche d’elle pour avoir le droit d’en tirer un autre portrait. Elle est bien plus proche de mes parents. Une vraie Jeon. Soufflai-je. Elle fera un beau mariage, j’en suis convaincu.

J’étais fier de ma sœur, cela pouvait se sentir, autant dans mon ton que dans mes mots. Je l’aimais. C’était une certitude. Mais je regrettais de ne jamais avoir su me rapprocher d’elle.
Serrant le sorcier dans mes bras, j’avais finalement enfoui ma tête dans son cou, comme dans une recherche de protection, de réconfort.

- Tu l’apprécierais toi aussi… Soufflai-je contre son vêtement, regrettant qu’elle ne pourrait jamais le rencontrer, jamais l’apprécier comme elle aurait dû. Secouant doucement la tête, je la redressai alors, souriant malgré tout, refusant d'accabler Mika de mes états d'âme. Et toi alors ? Tu as de la famille à part tes parents ?

Arquant un sourcil, j’avais fini par sourire, soupirant autant de dépit que d’amusement face à sa remarque. Soit. Il avait gagné cette fois… Je n’avais rien à redire à cela. Je ne trouvais pas vraiment comment rétorquer, comment marquer mon désaccord car après tout… Lui était bien plus prince que je ne pouvais l’être. A mon sens. L’idée, finalement, de l’offrir à sa mère pourrait être considérée puisqu’il avait été le plus beau cadeau que l’on m’ait fait. Quoiqu’il en dise. D’ailleurs fis-je mine de réfléchir.

- C’est pourtant la meilleure idée qu’il soit. M’amusai-je avant que nous ne passions à un rapide cours de coréen particulièrement ciblé.

Il fallut un certain temps et mon écriture phonétique pour qu’enfin Mika réussisse à prononcer ce mot si particulier. Et ce fut dans un sourire que j’hochai ainsi la tête. Le répétant en déposant un baiser sur ses lèvres.

- 사랑해 내 마음…

Je l’aimais. C’était un fait certain. Je l’aimais sincèrement et pour cela, j’arrivais, à lui parler, à dire les choses, même difficilement, même lorsqu’il s’agissait de choses impossibles. Qu’aurais-je voulu faire si je n’avais pas été obligé de suivre une voie presque tracée. Beaucoup de choses, sûrement, mais surtout de l’art. Cela avait toujours été ma passion, une passion que j’imaginais désormais éteinte. Ce n’était pas pour moi. Son innocence, néanmoins, me fit rire.

- Oui. Soufflai-je. Je sais jouer de quelques instruments, je chante… J’aimerais apprendre à danser mais je doute être assez doué là-dedans. Admis-je avant de soupirer.

Mmh. Oui. Il n’avait pas tort. Le vouloir avait été impossible, je l’avais, d’ailleurs, relégué au second plan pour ne pas y penser, pour ne pas me laisser tenter. Aujourd’hui… Aujourd’hui beaucoup de chose avait changé face à cette chose pourtant interdite. Mais ce n’était pas pareil. Baissant le regard alors qu’il continuait de parler, j’esquissai un léger sourire, attendri par son désir de m’aider, de me soutenir.

- Tu ne sais même pas si je joue vraiment bien ou pas. Soufflai-je. Et… Imaginons que ce soit possible dans le monde magique… Je n’aurais pas le temps. J’ai mes cours à apprendre, je dois être le meilleur, ne pas faire regretter à mes parents d’avoir accepté de m’envoyer ici, ne pas décevoir ma famille. Je n’aurais pas le temps de faire de la musique. Je n’ai plus le temps.

Ou plutôt, je ne le prenais plus, je me refusais à rêver à nouveau, à me perdre dans mes pensées, comme à chaque fois que je touchais l’un de mes instruments. Mes parents m’avaient bien assez répété que j’avais mieux à faire. J’avais fini par le croire, sûrement.
Pourtant, Mika semblait réellement désireux de… Que voulait-il exactement ? A quoi cela lui servirait-il ? Que je joue ou que je ne joue pas était-il réellement important ?

- Youtube… Répétai-je en tentant de comprendre ce que cela signifiait, en vain. Hae… Je ne pense pas que je serais assez doué. Et… Et cela me plairait. Chanter pour d’autres, jouer pour d’autres mais… Si mes parents venaient à l’apprendre, je doute qu’ils apprécieraient. Je dois avoir un métier honorable, respectable. Pas… Cela.

Cela, ma passion. Dommage. Il aurait été plus facile que j’aime la comptabilité et l’administration. Ce n’était pas le cas. Autant qu’il aurait été, cela dit, plus facile que j’aime les femmes… Effectivement.

Au moins Mika finit-il par changer de sujet. Pour mieux ? Je n’en étais pas réellement sûr. Ma sœur. En quelques mots, j’avais pu faire le tour de ce que je pouvais dire sur elle, admettant que nous n’étions pas réellement proche.

- Pas vraiment. Nous avons des voies différentes. Des rôles différents. Il est difficile de tout concilier, en général. Quant à nous dire que nous nous aimions… Je fronçai les sourcils avant de sourire, presque tristement. Tu es le premier à qui je le dis.

Cela voulait tout dire. Je ne l’avais même jamais dit au moindre membre de ma famille. Et la seule personne en faisant partie qui aurait pu l’entendre de ma part était décédée. Ainsi… Mika sûrement serait le seul à l’entendre…
Mais plutôt que de me lamenter sur ce qu’était ma vie et ma famille, je préférai encore me concentrer sur lui, sur sa famille. Pas de contact avec les Kim… Cela m’arrangeait en un sens. Au moins ne risquai-je pas de provoquer l’ire de sa famille maternelle… Il n’avait d’ailleurs même pas à savoir cela. Alors, seulement, j’hochai la tête. Ils n’étaient que trois. Une famille qui me semblait au moins soudée, quand il m’en parlait. J’allais d’ailleurs le lui dire lorsqu’il reprit parole, me stoppant net, l’observant avec une légère surprise qui se fit bien rapidement remplacé par un sourire attendri.
Baissant les yeux pour échapper à son regard alors que je ne savais pas vraiment comment réagir, je ne les relevai que lorsqu’il usa de ces deux mots coréens, venant capturer ses lèvres le temps d’un instant, comme pour me donner un courage que ses mots m’avaient fait perdre le temps d’un instant.

- Je… Commençai-je, un peu plus hésitant. Je ne sais pas vraiment comment faire ce genre de chose. Me confier n’avait en effet jamais fait partie de mes compétences propres. Au contraire. Mais je sais que tu es là… Cela me suffit.

Je ne savais pas faire le reste, je n’étais même pas convaincu que je puisse y arriver réellement. J’entendais ses mots, je les comprenais, mais pouvais-je réellement faire cela, me confier, pleurer lorsque j’en avais besoin ? J’en doutais. Autant que je doutais de moi.

Baissant la tête, je ne pus empêcher un sourire large, heureux alors qu’il prononçait ses quelques mots dans ma langue natale en réponse aux miens. Riant doucement, joyeusement, j’avais fini par relever les yeux vers lui, posant ma main sur sa tête pour prendre possession de ses lèvres. Encore.
Un moment de joie avant que n’arrive un sujet un peu plus compliqué. Ma passion. La musique. Evidemment, Mika voulait entendre. Cela ne m’étonna pas, mais était-ce réellement utile ? A l’observer, j’en avais l’impression alors que ses yeux brillaient en m’observant.

- Je ne suis pas certain d’être assez bon pour mériter ta demande. Tentai-je, peu convaincu par mes propres mots alors qu’il s’agissait bien plus d’une crainte de rêver que de celle de chanter face à lui.

D’autant que Mika n’était pas sans ressources, bien au contraire. Il revint à la charge. Je serais plus libre lors de mes études supérieures. Certes. Et je ne trouvais rien à lui rétorquer. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer, de réfléchir. D’autant que son ton légèrement suppliant ne m’aidait pas à garder un cap net. Je n’arrivais pas à résister à ses demandes, à rester de marbre face à lui. Preuve de faiblesse ? Certainement. Mais je préférais, pour la première fois, voir cela comme une preuve d’amour. Et ce fut encore presque pire lorsqu’il me parla de m’améliorer, ce que je désirais, plus que tout… Comme dans tout ce que je faisais. Je voulais être le meilleur. Cela, ce devoir, avait fini par s’encrer dans mes veines. Et je n’étais jamais réellement satisfait de moi tant que je n’étais pas le meilleur alors… M’améliorer… Non. Non, je devais cesser immédiatement de penser à cela. Ne répondant pas à ses mots, je me contentai de sourire, légèrement.

- Ne t’en fais pas. Finis-je néanmoins par répondre. J’ai déjà un passe-temps, non ?

M’obligeant légèrement à rire, j’avais embrassé son cou avec un amusement légèrement feint, juste de quoi tenter de faire taire son inquiétude, ses doutes quant à ma vie. J’avais été habitué depuis bien trop longtemps à cela pour m’en faire. Le regretter ? Oui. Bien sûr. Mais être atteint ? Bien moins maintenant. Heureusement. Quand bien même cela pouvait me manquer. Beaucoup.

Et puis ma sœur arriva sur le tapis. Ma sœur de qui je n’étais pas proche, à regret, certainement. C’était une jeune femme des plus agréables. Mais c’était ainsi. Comme c’était ainsi que je n’avais jamais dit « je t’aime » à quelqu’un d’autre que lui. Répondant à son baiser, un sourire sincère quoique plus triste s’était inscrit sur mon visage au contact de son nez, un sourire qui se fana légèrement à ses mots. Je ne serais plus jamais seul…

- Je sais… Murmurai-je.

Il était là. Il serait là. Et cela me suffisait. Avais-je réellement besoin de m’épancher sur son épaule pour aller mieux ? Pour avancer ? Ne serais-je pas un poids ? Un faible ? C’était là mon impression à m’imaginer le faire. Quand bien même j’entendais ses mots, quand bien même je les comprenais, je peinais à imaginer pouvoir me laisser aller. Ce n’était pas ainsi que l’on m’avait élevé, que j’avais grandi. Mais Mika, lui, semblait certain de ses mots. J’apprendrais… Peut-être. Un jour…

Sans réponse de ma part, Mika décréta alors qu’il me fallait manger. Soit. J’accueillis cette décision dans un léger rire, répondant à ses derniers baisers avant de le laisser quitter mes jambes pour se coller de nouveau à moi, sous la couette. Attrapant un demi bout de brioche et la fin de mon café que je réchauffai d’un coup de baguette, je profitai de ce moment pour réfléchir à ses mots. Aurais-je réellement besoin de tout lui dire ? Enfin… Bien sûr que j’aurais aimé tout lui dire, je savais que cela m’avait déjà fait du bien de lui dire certaines choses mais… N’était-ce pas être un poids ? Je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi, qu’il se soucie de ma vie. Il avait déjà la sienne à vivre, c’était bien assez suffisant…

Tournant la tête lorsque sa voix retentit de nouveau, je l’observai alors. Il était mon ombre, ma seule ombre, la part la plus importante de ma vie… C’était un bon résumé. Alors… Pourquoi ne pas en faire une vraie vie ?... Baissant les yeux, attentif à ses mots, je ne faisais plus un geste, perdu dans ses mots autant que dans mes réflexions.

J’étais à l’abri dans cette chambre… Oui. C’était vrai alors… La musique ? Relevant la tête, je ne pus m’empêcher de sourire légèrement. Il n’abandonnait jamais… Soufflant très légèrement, je secouai la tête.

- Tu as beaucoup trop de suite dans les idées… Murmurai-je. Mais… Même si je ne peux pas le montrer, je t’aime aussi en dehors de cette chambre. Soufflai-je, sachant pertinemment, pourtant, où il voulait en venir.

Et parce que je le voyais… Je me décalai alors pour passer au-dessus de lui afin de m’asseoir au bord du lit, hésitant un instant. Il n’allait pas abandonner et… Et j’admettais en avoir envie mais… Fermant les yeux le temps de quelques secondes, je secouai la tête.

- Une fois… Murmurai-je plus à moi-même, comme pour m’en convaincre, qu’à Mika.

Quittant le lit, j’ouvris ma valise sans fond, rangée sous le lit, pour en sortir ma guitare, l’observant un instant, toujours hésitant. Une fois. Une seule fois.
Sans observer Mika, je me rassis au bord du lit, soucieux, quoiqu’un air peut être plus serein au visage dès lors que la guitare s’installa sur mon genou, que j’en observai les cordes avant que mes doigts ne s’activent, que ma voix ne vienne accompagner cette mélodie que j’avais choisie douce, calme. Une chanson que j’avais écrite. Il y a de cela… Plus d’un an. L’une de mes nombreuses créations. Ma passion…
Perdu dans cette musique que je lui offrais, passionné, doux, serein, la fin arriva. Et ce fut presque frustré que je reposai l’instrument, sans observer Mika, avant que je ne soupire.

- Une fois. Répétai-je finalement en tournant la tête vers lui. Tu sais que j’ai de quoi mettre un peu de musique ici. Lui rappelai-je en montrant mon appareil, posé près de la fenêtre.

Que… J’admettais ne pas m’être attendu à cela. Au contraire. Observant Mika, surpris, je me pinçai rapidement les lèvres pour ne pas rire face à tant d’affirmation. Il était déjà bien assez gêné, mieux valait ne pas en rajouter. A vrai dire, j’aurais voulu en rajouter, être assez à l’aise pour lui dire qu’il était pourtant bien la seule et unique personne à me faire du bien de la sorte mais… Malgré mon aise apparente, il n’en était rien. Et rien n’arriva réellement à sortir d’entre mes lèvres qu’un sourire amusé.

- Je vois. Arrivai-je néanmoins à articuler. Mais je ne pensais pas seulement à cela. Précisai-je avant que le sujet ne devienne plus sérieux.

Il serait toujours là pour moi. Je n’en doutais pas. Je ne doutais pas de lui. Mais m’épancher sur lui… C’était encore une autre histoire. J’apprendrais peut-être un jour, comme il pouvait le penser. Mais pour le moment… Il était inutile de nier que j’allais avoir du mal à cela.
Recommençant à manger, laissant Mika se réinstaller près de moi, profitant seulement de notre proximité, il avait fini par reprendre parole, revenant sur le sujet de la musique. Encore. N’abandonnant pas ses idées. C’était une chose que j’aimais chez lui, que j’avais appris à découvrir. Sa constance. Il avait beau bougé et parler beaucoup, se noyer dans des flots de paroles, passant du coq à l’âne… Il restait constant dans ce qu’il était, dans les idées qui lui tenaient à cœur… Il se battait pour ce qu’il désirait… Et il avait bien trop de logique et d’évidence pour ne pas les dire. Malheureusement pour mes doutes et mes craintes.

Arquant un sourcil, je l’écoutai alors. Il avait l’impression d’être un instrument sous moi… Cela pouvait s’expliquer, en un sens. Alors l’avait-il vraiment deviné ou s’agissait-il d’une coïncidence ? C’était une bonne question. Une question à laquelle je n’avais pas de réponse. Néanmoins… Mika insistait et il ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire. Alors… Alors pour lui, j’acceptai. Enfin. Presque. Je le ferais. Une fois. Ce fut le deal lorsque je m’installai au bord du lit.
Sortant ma guitare, seul instrument que j’avais pu emmener ici, j’avais fini par lui faire écouter, par chanter cette mélodie que j’avais composé. Sans m’arrêter, sans faute tant je la connaissais, jusqu’à reposer l’instrument. Répétant notre deal, je fus arrêté par sa négation, arquant un sourcil. Il refusait ?
Sans bouger, je l’observai sortir de la couette avant que mon regard ne se baisse sous ses compliments. J’étais doué ? Vraiment ? Il le pensait ? Enfin… Ne disait-il pas ça du fait de ce qu’il ressentait pour moi ?

Et il refusa de nouveau à ce que je ne le fasse plus. A vrai dire… J’eus du mal à ne pas sourire. Légèrement seulement. Cela me touchait. Evidemment. Et j’étouffai même d’un rire lorsque son second argument vint à arriver sur le tapis. J’étais « grave sexy ». C’était certainement l’argument le plus convaincant.

- Ce n’est pas nul. Soufflai-je dans un léger rire, entre amusement et gêne.

Un rire qui se mua alors en un sourire attendri alors que je relevai les yeux vers lui. J’aimais son naturel. Son entrain. Sa combativité autant que son honnêteté. Quand bien même cela venait s’heurter à ma famille, à mon éducation… Mika était ma bouffée d’air, mon oxygène et…

- Ne t’inquiète pas. Répondis-je en venant passer ma main derrière sa nuque pour l’attirer à moi. Tu pourras toujours dire ce dont tu as envie avec moi. Ce fait n’était pas à sens unique, après tout. Et… Merci, Hae… Murmurai-je, mon front contre le sien.

Que répondre de plus alors que ses mots m’avaient profondément touché… Lui promettre que je jouerais encore ? Je n’imaginais toujours pas cela réaliste. Doutant toujours de ce talent qu’il me prêtait, je soufflai doucement.

- Quand bien même je serais un tant soit peu doué, repris-je alors. Je… ça ne servira à rien. C’est un talent inutile. Mieux vaut mettre mon énergie dans ce qui pourra me rapporter, tu ne penses pas ? Les études, l’apprentissage de l’anglais, d’autres langues ou que savais-je. Mais la musique ? A quoi cela me servirait-il ?

Allais-je pour autant tout refuser en bloc ?... J’en avais envie. Reprendre cette guitare, chanter pour quelqu’un à nouveau, comme j’avais pu le montrer à l’un de mes cousins… Cela me redonnait envie, m’avait fait de nouveau rêver. Ce n’était pas bon. Pas pour moi. Mais… Mais je ne voulais pas non plus le décevoir. Le dilemme était entier.

- Si… Si j’accepte de jouer de temps en temps…  Est-ce que cela te ferait réellement plaisir ? Soufflai-je à mi-voix. Je veux dire… Je ne veux pas que tu me fasses des éloges parce que tu m’aimes. Je ne veux pas que tu te sentes obligé d’écouter, de supporter ça juste pour me faire plaisir… Parce que ça ne me fera pas plaisir.

Fronçant les sourcils, je fermai les yeux. Peut-être allait-il falloir que j’explique mes pensées, pourquoi je ne voulais plus jouer, réellement… Peut-être comprendrait-il…

- Tu sais… J’aime ça. Vraiment. Soufflai-je. Et je pourrais ne faire que ça de mes journées que… Que ça m’irait mais… Quand je joue, je… C’est difficile à expliquer, soupirai-je en me reculant pour reprendre la guitare entre mes mains. Quand je joue, j’ai envie de faire plus. J’ai envie de continuer à jouer et… Et je ne peux pas rêver de ça. Parce que quand je sors de cette chambre, je dois retourner dans mon moule. Esquissant un léger sourire du coin des lèvres, je secouai doucement la tête. Toi, c’est différent. Anticipai-je sa réaction. Parce que je sais que si j’ai besoin, je saurais te retrouver quelque part. Tu seras là pour m’aider ou pour me rassurer comme tu le fais déjà bien trop. Un léger rire et je baissai doucement la tête, reposant ma guitare délicatement. La musique… Je ne pourrais la retrouver qu’ici et… Et c’est frustrant. Autant que de ne pas pouvoir te toucher en dehors de cette pièce, admis-je malgré tout. Mais ça, nous finirons par le régler lorsque je serais « intégré ». Chanter… c’est différent. Même si… Il fallait que je sois honnête. Tout lui dire. C'était ce qu’il désirait, non ? Même si j’aimerais pouvoir le faire. M’améliorer, le faire pour d’autres, pour toi… Mais… Je n’ai pas envie de me rendre compte encore que je ne pourrais jamais faire ça de ma vie. Et que je serais obligé d’être derrière un bureau à observer des dossiers de personnel en Corée, ou… Ou à faire de la comptabilité.

Et je n’avais pas envie de ça. Je le ferais. Mais je n’en avais aucune envie. Ce n’était pas moi.

- A respirer ? Tentai-je de plaisanter malgré tout.

Lui qui arrivait à faire de plus longs monologues sur trois sujets différents et sans une virgule ? Il savait respirer ? Bon. J’exagérais peut-être un peu. Mais je comprenais ce qu’il voulait dire par là.

- C’est toi qui devrais jouer pour moi. Soufflai-je alors avant d’accepter de jouer.

De temps en temps seulement. Pas plus. Et certainement pas si ce n’était que pour me faire plaisir qu’il me disait cela. Je voulais qu’il aime ce qu’il entendait… Mais lui désirait que je joue pour moi. Il voulait que je rejoue… mais que cela soit pour moi… Bien plus difficile à faire que jouer pour lui. Pourquoi ?... J’avais fini par le lui dire, par avouer la raison de l’arrêt de toute musique dans ma vie. Je n’avais pas envie de vivre désillusions sur désillusions. Je n’avais pas envie de souffrir d’une chose que je ne pourrais jamais avoir. C’était, finalement, une façon lâche de me protéger…

Observant le sorcier, je ne sus pas réellement quoi répondre en entendant qu’il haïssait ma famille… Ce n’était pas vraiment étonnant. Au contraire… Je ne pouvais que l’admettre. Quand bien même j’aurais préféré que cela ne soit pas le cas. Mais pouvais-je réellement lui en vouloir ? Il m’arrivait, moi-même, des fois de détester ma famille. Quelques instants seulement avant de me rappeler que je leur devais la vie, mon éducation et tout ce que j’avais aujourd’hui. Avant de me rappeler pourquoi j’étais né. Pour eux.

Mais ce n’était pas la seule chose qu’il désirait me dire. Sans un mot, je l’observai, je l’écoutai. J’entendais ses mots, sa passion, sa carrière. Une carrière qui pouvait s’arrêter du jour au lendemain pour des raisons qui me firent serrer les dents. Je refusais d’y pensais, d’admettre que cela était une possibilité. Cela ne pouvait pas en être une. Encore moins la mort. Jamais. Quand bien même ceci était irréaliste. Jamais…
Il n’aurait pourtant jamais de regret. Pas sur ce point. Il vivait sa passion… Un instant, je baissai le regard, commençait à comprendre ce qu’il voulait dire. Nous devions tous refréner quelque chose ou arrêter un jour… Relevant les yeux, mes sourcils se froncèrent presqu’instantanément. Il pleurait ?

- Hae… Murmurai-je en l’observant alors qu’il reprenait.

Voulais-je vivre avec des regrets… Ne réussissant pas à le quitter des yeux, je tendis la main doucement alors qu’il se reculait sur le lit. La laissant retombée, je ne savais plus réellement quoi faire, comment agir. Il… Il pleurait et… Non. Je n’arrivais pas à l’accepter. Pas à cause de moi, à cause de ce que j’avais dit… Je… Etais-je si égoïste ? Me confier signifierait-il le faire pleurer ? Le rendre malheureux ? Je me le refusais. Je voulais le voir heureux, le voir rire… Pas le voir souffrir de la sorte. Il insistait, pourtant. Il reprenait, encore. Mourir de l’intérieur… Déglutissant difficilement, mon regard témoignait de la douleur que je ressentais de le voir dans cet état, autant que de ma compréhension de ses mots alors que j’avais l’impression de ne voir aucune réelle solution. Mourir de l’intérieur… Il venait de… De traduire cette impression que j’avais depuis des années et… Et c’était… Douloureux. Plus que cela, à vrai dire.

- 미안해요… Soufflai-je dans un murmure.

J’étais désolé et… Et ce fut bien en coréen que je pus le dire. Comme sorti de mon cœur souffrant à cet instant, je ne l’avais même pas traduit. Je m’en voulais. Plus que tout. Pour lui faire subir cela. Mais, pire que tout, je m’en voulais de ne pas être à la hauteur. A sa hauteur, celle de son soleil. Baissant finalement la tête, je laissai échapper une larme. Sans un bruit. Être le meilleur à l’extérieur pour vivre réellement le soir venu… Une double vie. C’était… C’était la seule chose qui me permettrait de vivre et… Et en étais-je réellement capable ? Il n’était pourtant pas le premier à me dire cela, à me dire que je devrais vivre ma vie dans l’ombre pour mieux répondre à leurs désirs, aux souhaits de ma famille mais… L’honneur. C’était toujours ce qui m’avait fait tenir. L’honneur, l’obéissance. Cela avait été mes maîtres mots durant tant d’années… Pourrais-je réellement aller à leur encontre ? Mika était ma porte ouverte, mon échappatoire mais… Je n’avais pas pu lutter contre. Je n’avais pas voulu, pas réussi à lutter contre lui, contre moi. La musique, ma passion c’était… Différent.
Relevant la tête lorsqu’il passa à côté de moi pour rejoindre son sac, je l’observai de nouveau. Il acceptait déjà beaucoup. Trop, certainement… Beaucoup trop. Un instant, j’eus l’impression d’être comme un monstre. Pourquoi avait-il besoin de subir ça ? Pourquoi s’obligeait-il à subir ce qui était à ses oreilles horribles, alors que ce n’était qu’une vérité pour moi ? Pourquoi souffrait-il de n’être qu’une ombre alors que c’était à lui de briller ? Il était le soleil. Mon soleil et… Il m’aimait… Serrant les dents, mon regard se baissa. Encore. Il m’aimait et parce qu’il m’aimait, je l’obligeais à en souffrir. Sûrement la logique aurait-elle voulu que je stoppe les choses, que j’arrête ce que nous créions. Pour lui, pour son bonheur mais… J’étais lâche. Egoïste sûrement. Et je ne le pouvais pas. J’avais besoin de lui. J’avais besoin de son soleil. Je voulais qu’il soit heureux… J’aurais tout fait pour voir un sourire, pour l’entendre rire à cet instant. Mais au lieu de cela, il me suppliait. Il voulait que je brille que… Que je ne meurs pas plus.

Mort… Un court instant, je me dis qu’il aurait été préférable, pour lui, que ce soit le cas. Un instant, un seul, avant que je ne redresse la tête, que je voie son visage. Non… J’avais tort et…
Me levant, enfin, sans un mot, j’avançai vers lui pour le prendre dans mes bras, le serrant contre moi, contre mon cœur alors que ma main s’était glissée dans ses cheveux, l’appuyant contre moi.

- Je suis désolé… Murmurai-je de nouveau, la voix tremblante. Je suis tellement désolé… De lui faire subir cela, de ne pas être ce dont il avait besoin, de ne pas réussir à briller, à être comme il le voudrait.

Pourtant… Si j’étais incapable de le lâcher, si j’étais incapable de le laisser s’en aller… Je ne pouvais faire autrement que d’avancer. Que… Que d’essayer de le rendre heureux. A ce moment, j’aurais pu être tout ce qu’il désirait. J’aurais fait tout mon possible pour être celui dont il avait besoin, pour être celui qu’il désirait. Je n’arrivais pas à imaginer que je puisse l’être sans rien changer. Pas quand il pleurait…

- Je te promets… Soufflai-je, mon nez dans ses cheveux. Je te jure que je ferais tout ce qu’il faut… Tout ce que je peux pour être le meilleur. Finis-je par articuler, difficilement, mais plus sincèrement que jamais. Je te promets que je ferais tout pour que tu ne pleures plus… Je te promets que je ferais tout pour ne pas te faire de mal… Plus comme ça… Je suis désolé Hae… Je ne voulais pas… Je ne veux pas que tu aies mal… Je t’aime. Je… Je t’aime, Hae. S’il te plait… Ne pleure plus… Pas toi…

Fermant les yeux, je le serrais d’autant contre moi, de toute la passion, de tout l’amour, de toute la tendresse que je pouvais avoir pour lui. Il ne méritait pas ça. Je ne le méritais pas. Il… Non. Il devait être heureux. Je donnerais tout pour qu’il soit heureux. Tout. Sans exception.

- 내 심장… 나는 당신에게 무엇보다 사랑...

Qu’il ne me comprenne pas totalement ne m’importait pas. Pas à cet instant. Je ne faisais que le dire, que prononcer ces mots dans une douceur qui ne laisserait que peu de doute à leur signification exacte. Je l’aimais. Je l’aimais plus que tout. Innocemment, naïvement, sûrement. Comme un adolescent qui découvrait son premier amour, comme un homme qui apprenait à aimer, à faire confiance et… Et à vivre. Un homme mort qui reprenait goût à une vie dont il n’avait même pas connaissance quelques semaines auparavant. Il était ma vie, à cet instant, mon cœur autant que mon bonheur.

- Je… Je te promets s’il faut que je jouerais tous les jours pour toi. Que… Que tu en auras marre de m’entendre chanter. Soufflai-je dans un très léger rire, douloureux mais que je désirais présent pour lui, pour mon soleil. Je t’en supplie… Ne pleure plus… Tu mérites plus… Tellement plus… Murmurai-je alors qu’une larme roulait de nouveau sur ma joue.

Je détestais cela. Le voir souffrir, pleurer. C'était plus fort que moi. Et c'était ma faute. Ma sinple faute pour avoir parler, pour lui faire subir cela. J'étais tellement désolé...

- Parce que sans moi, tu sourirais...

Je ne pouvais m'enlever cela de la tête. Si je m'étais tenu. Si je n'étais pas venu ici... comment serait il ? Comment vivrait il ? Serait il plus heureux ? Oui. Sûrement. Cela ne pouvait pas être pire. Vraiment pas. Mais je ne pouvais pas faire marche arrière. Je ne pouvais pas revenir sur ce qui avait été fait. Alors... J'allais devoir avancer. Pour lui. Je le lui devais. Il le méritait. Il méritait tellement plus que ce que je lui offrais aujourd'hui. J'étais désolé. A nouveau. D'exister, presque.

- Arrête... Suppliai-je douloureusement sous ses mots. Tu fais déjà beaucoup trop... Tu... Tu n'imagines pas ce que tu représentes... Ce que... Ce que tu apportes autour de toi.

Comment pourrait il se douter de son importance, de sa lumière ? Si intense, si... lui. Comment pouvais-je lui montrer qu'il ne faisait pas rien. Au contraire. Bien sûr... souvent, je me heurtais à lui, à ses pensées. Bien sûr, nos vies étaient elles presque diamétralement opposées mais... J'avais aujourd'hui besoin de cela, de cet air qu'il m'apportait dès lors qu'il se trouvait entre mes bras. J'avais besoin de lui. Et je voulais lui prouver, je lui prouverais que je ferais tout pour le rendre heureux. Je deviendrais meilleur. Meilleur que je ne pouvais l'être aujourd'hui. Ainsi pourrais-je jouer. Pour lui. Non... Pour moi.

- Je le ferais pour moi... Murmurai-je. Je le ferais pour moi pour que tu sois heureux. Car c'était là mon seul but. Ma seule raison de faire.

Je ne voulais plus voir sa tristesse, de larmes sur son visage. Jamais. C'était trop... trop douloureux. Trop difficile à supporter. Il était un soleil. Aucun nuage de devait l'atteindre. Et cette douleur, cette culpabilité me brisait, brisait mes barrières une à une jusqu'à ce que je ne puisse retenir une nouvelle larme, remarquée par Mika qui avait levé la tête et qui s'excusa. Non... Non il ne devait pas. Pas lui.

- Hae...

Était-ce réellement ainsi qu'il me voyait ?... Je ne savais même pas quoi répondre, quoi lui dire... Je... Je n'arrivais pas à me voir de la sorte, à m'estimer digne. Je n'étais qu'un gamin d'une famille riche et puissante qui faisait ce qu'on lui disait. J'étais...

- Tu ne vois pas le reste si c'est cela que tu vois... Finis je par murmurer. Tu ne vois pas combien je suis lâche de ne jamais me rebeller, même pour toi. Alors que... alors que je suis tellement fier de toi... Mais je ne fais rien et... et Tu ne vois pas combien je leur suis soumis... C'est... Je ne saurais même pas dire non à mes cousins...

Presque. Il y avait une chose que je leur refuserais... Je ne laisserais pas Mika. Pour tout l'or du monde. Je... non. Je ne le pourrais pas. Quand bien même je ne le méritais pas... Quand bien même il méritait bien plus...

Mais Mika refusait cela. Il ne méritait pas plus..  Comment pouvait il dire ça ?... Repondant a son baiser, apaisé à ce contact, je soupirai. Non... Définitivement... Je ne pourrais pas le laisser. Jamais. Pas quand mon cœur battait pour lui...

- Je... Je ne sais pas si j'en suis capable... Admis-je. Mais... Mais je te promets que... Que je ferais tout... Tout ce que je peux pour... Pour vivre, avec toi... Pour... Être heureux mais... Soupirant, je repris possession de ses lèvres. Je suis heureux avec toi... Plus que je ne l'ai jamais été... Je t'aime...

Et je ne pus m'empêcher de rire doucement à sa remarque, me laissant pousser sur lit pour l'attirer contre moi, frissonnant à son contact. Ma main glissant son ses vêtements, je caressai lentement sa peau, enfouissant mon nez contre lui

- Hae... Finis je par reprendre. Est ce que... Je... Est ce que tu connais quelqu'un qui pourrait m'aider avec ma musique ? Murmurai-je.

J'allais lui prouver... lui prouver que je pourrais arriver à sa hauteur, que je pourrais un jour le mériter. Je ferais tout pour lui offrir la plus belle vie qu'il m'était possible de lui offrir.

Sans moi, il serait moins heureux… Il semblait en être persuadé là où je ne voyais que ses larmes, où je n’entendais que sa voix triste. Si seulement j’avais été moins lâche. Moins… Egoïste, quand bien même il pensait que je ne l’étais pas assez. Si seulement… J’aurais peut-être pu le libérer, me reculer mais… Non. L’idée me venait à peine. Je n’arrivais plus à imaginer ma vie sans lui, sans le voir, sans le sentir. Cela aurait été pourtant une solution pour ne plus voir ces larmes… Sauf que je ne le ferais pas. Je me le refusais. Je le refusais. J’avais besoin de lui. Il ne se rendait pas compte combien. Combien il apportait, combien il était important pour tous ceux qui l’entouraient.

- Je fais partie des gens autour de toi. Soufflai-je. Tu ne te rends pas compte combien tu m’apportes…

Quand bien même je ne le méritais pas, quand bien même je n’étais qu’un lâche, un égoïste… Il m’apportait plus que quiconque. Et il ne semblait pas en accord avec ce que je disais, encore une fois. A croire que j’avais rarement bon. C’en était presque risible. Il était néanmoins logique je l’admettais mais…

- C’était de l’instinct de survie, murmurai-je.

Il n’était pas lâche. Bien au contraire. Il était courageux. Il était décidé. Il était en quelque sorte comme un modèle face à qui je voyais en moi. Il n’avait néanmoins… Pas vraiment tort. On ne m’avait rien appris d’autre. Je n’avais pas appris par moi-même non plus mais… Je ne faisais que ce que l’on m’avait appris. Et je le faisais bien, visiblement. Du moins… Jusqu’à ce que Mika ne devienne essentiel.

- Ca n’effacerait rien. Soufflai-je doucement. Quand bien même tu me listerais tes défauts, cela n’effacerait rien. Pas chez toi.

Pas chez celui dont j’avais besoin. Pas celui pour qui j’avais… J’avais envie de me battre. Peut être pas contre ce qui me semblait impossible, contre ma famille, mais au moins pour lui offrir ce qu’il méritait, pour être heureux, pour lui. Quand bien même je devais vivre pour moi.

- Et si tu étais devenu le centre de ma vie ? Murmurai-je avant qu’il ne se plaigne de ma taille, nous arrachant, au moins, un rire.

Bientôt allongés sur le lit, je l’avais attiré contre moi, profitant de sa peau sous mes doigts, de son contact qui m’apaisait, qui semblait, lui aussi, l’apaiser. Puis, une question. Je voulais lui prouver que je pouvais el faire, que je pouvais être à la hauteur de ce qu’il méritait, même s’il ne s’en rendait pas compte. Une question sans réelle réponse… Mara allait devenir définitivement mon guide dans cette école… Si tant était que cela ne soit pas déjà le cas. Du moins… Une fois qu’il reviendrait. Car je n’en doutais pas. Il reviendrait. Lui comme les autres. Quant à la chorale…

- Je… Je préfèrerais que mes cousins ne puissent pas être au courant. Admis-je à mi-voix.

Je n’arrivais pas à imaginer quelle serait leur réaction ou plutôt… S’ils étaient capables de prévenir mes parents du moindre de mes faits et gestes. Je ne voulais pas le tester. J’avais bien trop à perdre pour le moindre faux pas. La musique en serait un. Quoique je puisse désirer ou faire.

Et Mika s’excusa. Arquant un sourcil, je me redressai légèrement pour l’observer. Pourquoi ? Il ne voulait pas me faire mal ?... Plutôt, il ne voulait pas m’obliger à quelque chose… Esquissant un léger sourire, bien plus doux, je soupirai. Je ne devais pas oublier… Le protéger… C’était pourtant ce que je désirais. Le protéger de tout…
Le basculant sur le dos, je me glissai au-dessus de lui, l’observant alors, calmement. Bien plus que je ne l’avais été. Je devais être calme. Je devais être rassurant. Il en avait besoin… Je l’oubliais… Je ne devais pas l’oublier.

- Ce n’était pas un caprice. Lui répondis-je sans le quitter des yeux. Tu ne m’obliges à rien… Je… Tu n’as pas choisi la personne la plus facile, il faut dire. Soufflai-je dans un très léger rire sombre. Mais tu as choisi une personne qui t’aime plus que tout. Qui ferait n’importe quoi pour te voir sourire… Si tu veux craquer comme tu l’as fait. Si tu veux pleurer, fais-le. Même si cela me faisait mal, même si le simple fait de le savoir triste m’était plus douloureux que cent poignards. Mais ne t’excuse pas de vouloir mon bonheur quand tu en es la source principale depuis un mois. Je ne vais pas dire que je suis d’accord avec tout ce que tu dis, ou même ce que tu penses de moi. Mais… Mais je sais que je ne mér… M’arrêtant, je soufflai. Inutile de continuer sur ce plan, je connaissais déjà sa réponse. Hae. Repris-je ainsi. J’admet que je n’ai jamais réfléchis par moi-même. Enfin… Si. Bien sûr. Je ne me serais pas enfui sinon mais… Je ne sais pas comment te dire combien toi, tu me fais exister. Je… J’ai l’impression d’être libre. Là… Là, maintenant. Je vais te faire une promesse… M’approchant de son visage, j’embrassai ses lèvres, tendrement, les sourcils froncés, reprenant dans un murmure contre ces dernières. Je te fais la promesse que je veux apprendre à… A vivre. Mais… J’ai peur de… J’ai peur de tout perdre et… Et si je te perdais toi, en plus de ce que j’aime faire, de la musique je… Je ne sais pas comment je gèrerais. Je… J’ai peur de revivre ce qui m’animait avant… Quand je voulais… M’arrêtant, je fermai les yeux, mon front contre le sien, refusant de le voir à cet instant, incapable de me séparer de lui. Quand je voulais partir. Murmurai-je. Mais… Je te promets que… Que je ferais tout ce que je peux.

Que pouvais-je exactement ? Je n’en savais rien. Je ne pouvais pas me battre contre ma famille. Je ne pouvais pas me battre contre ma vie alors… Que pouvais-je faire ? A part vivre avec lui. Pour lui. Pour moi… Pour nous.

Est-ce que je le comprenais vraiment ? Oui… Et non. Je comprenais ses mots, la logique derrière ces derniers mais la réalité… Était bien différente. Pour autant, j’hochai doucement la tête. Parce qu’il ne servirait à rien de se battre, d’appuyer mes pensées. Je les savais bien faibles face à sa logique, face à sa réalité. Pour autant…

- Alors disons que tu complètes ma vie. Murmurai-je.

Cela revenait, en un sens au même. Il me complétait, m’aidait, me faisait vivre. Mais je ne pus rien dire de plus qu’il vint se plaindre de ma taille avant de me pousser sur le lit, de se serrer contre moi pour s’excuser. Non. Non. Je le refusais. Je refusais qu’il puisse imaginer avoir fait une faute, m’avoir fait mal. Ce… C’était le cas. Oui. Mais seulement, surtout, parce qu’il était malheureux, parce que je ne supportais vori son soleil masqué par des nuages que je créais moi-même.
Et ainsi voulus-je remettre les choses à leur place, expliquer ce qu’il en était de mon point de vue. Non. Il n’avait pas à s’excuser. Il n’avait pas à s’en vouloir. Il n’avait rien fait d’autre que me dire des choses que je n’arrivais pas à accepter mais… Mais qui était vrai. Sous un certain angle. Et ainsi lui fis-je cette promesse. J’apprendrais à vivre. Aussi difficile incompréhensible cela puisse être pour moi. Je le ferais. Pour lui. Pour moi. Je ferais ce qu’il était possible de faire. Même si… Même si je craignais que vivre ne me fasse un jour mourir. Que ferais-je si je perdais ce en quoi je commençais à croire ? Ce que j’acceptais de toucher contre toutes mes règles ? Comment pourrais-je le supporter ?
Il était difficile de me confier, difficile de lui dire les choses alors que j’avais vu sa réaction quant à ce sujet. Mais… Mais je le fis. Je le fis et comme à son habitude, alors même que je désirais le protéger, Mika me rassura. Encore. Toujours.

Il ne partirait pas. Fermant les yeux lorsque sa main glissa sur mon visage, je soufflai doucement d’aise. Il ne partirait pas…

- Me sauver ? Répétai-je à mi-voix.

Est-ce que c’était au moins possible ? Non pas que je veuille mourir, non plus que je veuille en finir mais… Mais était-ce possible que de me sauver d’une vie dont je ne voulais pas et contre laquelle je ne me battais pas ? Était-ce possible que je puisse être libre un jour ? Oui… Me rappelai-je de ses mots. Dans cette chambre. Avec lui…

Rouvrant les yeux, je plongeai mon regard dans le sien alors qu’un léger sourire naissait sur mes lèvres. Le premier amour… C’était ce qu’il désirait, il m’avait attendu. Autant que je l’avais espéré tout en refusant de l’accepter.

- 사랑해 내 사랑… Murmurai-je alors qu’il reprenait possession de mes lèvres, que je répondais aux siennes dans la moindre hésitation, me laissant glisser sur lui, tentant de ne pas l’étouffer de mon poids, enfouissant mon visage contre son torse. Mais ne t’excuse pas de vouloir me rendre heureux… Répétai-je à mi-voix. Cela… Je te l’interdis. J’ai… J’ai besoin de toi Hae… Soufflai-je en fermant de nouveau les yeux, me laissant bercer par les battements de son cœur. Mais… Promet moi aussi de ne pas oublier que… Que même si je n’en ai pas l’air, je ferais tout pour te rendre heureux aussi… Pour te protéger… Pour tout.

C’était mon but, mon seul but. Je voulais le rendre heureux…
Rouvrant les yeux, je soufflai alors dans un léger rire.

- Et moi qui voulais te faire passer un bon dimanche… Me plaignis-je. Je vais arrêter de parler de moi si cela finit toujours de la sorte.

Riant doucement, j’enroulai mes bras autour de Mika, me serrant contre lui, contre son torse, profitant de ce contact alors que l’une de mes mains passaient sous ses vêtements.

- Tu devrais aller t’habiller… Tu vas avoir froid… Soufflai-je tentant de changer de sujet, de lui faire oublier les minutes douloureuses qui nous avaient entourées à cause de ma vie, de ma vision. Et… Et si tu es sage, je te ferais écouter une autre musique ce soir. Mais... Il faudra être sage toute la journée… Me redressant, je levai son haut jusqu’en haut de son torse pour embrasser ce dernier avant de me relever. Tu peux garder mon pull si tu veux. C’est le plus chaud que j’ai.

Esquissant un léger sourire, je me laissai bientôt glisser par terre, le dos contre notre lit, non sans avoir posé le plateau déjeuner face à moi pour terminer de manger. Apprendre à vivre… Je m’étais lancé dans une chose… Difficile. Je ne savais, à vrai dire, pas quoi faire ou comment agir. Devais-je être différent ? Devais-je… Faire les choses différemment ?

- Hae ? Finis-je par murmurer en tournant mon regard vers lui. Merci. D’être mon premier amour. Un léger sourire éclaira mon visage. Et d’être toi. Encore.

Esquissant un léger sourire à ses mots, ce dernier s’agrandit à ses mots. Il essayait. Il pouvait buter autant qu’il désirait sur les mots… Il essayait et arrivait à parler coréen et cela me plaisait. Autant que ce qu’il me disait. Glissant contre lui, je profitai de son corps, de son torse sur lequel je me reposais bientôt, autant que ses mains dans mes cheveux. Apaisé, j’avais fini par lui demander de promettre de ne pas oublier que malgré tout, malgré mes peurs et mes doutes, je serais là. Toujours là. Je le protègerais, quoiqu’il arrive. Mais il n’avait jamais douté de moi. Il savait… Soufflant un rire, je secouai doucement la tête.

- Je n’en sais rien mais ça me va… Ça me va beaucoup trop pour que ce soit normal.

Dommage, en tout cas… Moi qui voulais lui faire passer un bon dimanche… Je n’avais pas bien commencé. C’était certain. A croire que je ne devrais plus lui parler de moi, de ma vie. Non. Il n’était pas d’accord. Alors que je l’entourai de mes bras, je l’écoutai alors. Je devais continuer. Tout lui dire, même s’il risquait de pleurer. Fronçant les sourcils, j’étouffai un nouveau rire.

- Donc… Je suis un chien qui meurt dans un « film » ? M’enquis-je en relevant la tête.

Je ne savais même pas ce qu’était un film… Et ce n’était pas le plus important à cet instant. Je préférai ainsi hocher la tête, doucement. Soit… Si c’était ce qu’il désirait… J’essaierais. J’essaierais de me confier, de lui dire les choses, de ne pas avoir peur…

- D’accord. Acquiesçai-je ainsi. Mais tu as intérêt à me laisser te consoler pour chacune de tes larmes.

Mieux valait ne pas prévaloir du fait que je ne le ferais plus pleurer. Cette idée me serrait le cœur mais… Je la savais aussi inévitable. Malheureusement…
Embrassant alors son torse, j’avais finalement réussi à m’extirper de ses bras, de ce lit, pour m’étirer avant de m’asseoir et surtout de le remercier. De lui faire comprendre combien il pouvait être important à mes yeux. Il était l’un de mes premiers amis, mon premier meilleur ami, mon premier amour. Il était devenu le centre de ma vie, qu’il puisse le désirer ou non… C’était ainsi, et je ne battrais pas contre. Jamais.

- Tu sais que je continuerais de te remercier du simple fait d’être là… Murmurai-je dans un léger sourire, attendri malgré moi par ses joues rougissantes.

L’observant s’activer pour se changer, mes yeux ne se séparèrent pas de lui, mangeant sans réelle attention alors que je l’observai ôter mon t-shirt et mon pull dans un léger sourire, arquant un sourcil à son geste. Mon t-shirt dans mon oreiller ? Pour quelle raison ? Une raison qu’il me donna de lui-même, me faisant soupirer, de nouveau attendri.
Puis Rainy eut son attention… L’observant toujours, je ne pus m’empêcher d’observer mon animal, de me rendre compte combien lui aussi avait changé, combien il était plus vivant depuis qu’il connaissait Mika. Je ne m’étais pas rendu compte de cela avant. Pas vraiment mais… Rainy n’avait jamais été un lapin extrêmement actif avec moi. Préférant se cacher plutôt que de jouer. Ne sautillant que rarement, il n’avait pas manqué d’amour, pas avec moi, certes mais… Mika lui avait apporté bien plus. Et un nouveau sourire étendit mes lèvres en l’observant sautiller autour de l’Australien… A croire que ce dernier nous était désormais indispensable à tous les deux…

- 허 ? Hé

Que m’avait-il demandé ? Perdu dans mes pensées, je n’y avais pas vraiment fait attention et il me fallut ainsi quelques minutes de réflexions pour comprendre. Jouer à cache-cache ? Rainy devait se cacher et nous devions compter jusqu’à vingt ? Clignant des yeux, je réfléchissais. Etais-je ne serait-ce capable de jouer à ce simple jeu ? Je n’avais jamais joué de la sorte. D’ailleurs, j’avais appris ce qu’était ce jeu au contact de Mika. Alors y participer ?...

Et Mika commença à compter sans que je n’aie bougé. Allais-je vraiment le faire ? Oui. Bien sûr. Reposant le plateau sur mon bureau, je me relevai alors pour m’asseoir en tailleur sur le lit que nous n’occupions plus et fermer les yeux, à l’instar du sorcier.

- 15… 16… 17… 18… 19… 20… Comptai-je en même temps que lui avant d’ouvrir les yeux, d’observer autour de moi.

Chercher Rainy donc… Où pouvait-il s’être caché ?... Plissant les yeux, je me mis à réfléchir de manière logique et réaliste. Où un lapin pouvait-il se cacher… Mmh… Certainement pas sous notre lit. C’était là sa cachette habituelle. Il n’allait pas y aller. Sous le bureau ? Non. Il n’aurait pas l’idée, ce n’était pas assez découvert… Un lapin ne réfléchissait pas jusque-là… Si ? Non. Evidemment que non. Alors… Ne restait à vrai dire qu’un endroit…
Me mettant à genoux, j’étais soudainement décidé à surprendre mon familier. J’étais sûr de moi, sûr de mon calcul. Il ne pouvait être que sous le lit sur lequel je me tenais. C’était couvert, grand… Il n’aurait pas l’idée d’aller quelque part d’autre. J’en étais sûr. Ainsi, soudain, dans un geste brusque, me penchai-je en avant, retenu par la force de mes bras au sommier.

- 당신은 여기 있습니다! M’exclamai-je avant de cligner des yeux.

Hé ? Il n’était pas là ? Mais… C’était un endroit logique et sûr, pourquoi n’était-il pas l… Resté dans cette position, ma main commençant à me faire mal, j’avais voulu bouger. Mauvaise idée. Dans un équilibre précaire, je m’écrasai au sol, resté surpris une seconde avant de me mettre à rire, sereinement, innocemment comme je l’avais rarement fait.

- Je te promet que je pensais qu’il était là… Soufflai-je à Mika entre deux rires alors que je me redressai, massant ma nuque légèrement endolorie.

Des images animées avec du son qui racontent des histoires ?... Mmh… Difficile pour moi de me faire une représentation exacte de ce que cela pouvait être… Mais… Bien. On en regarderait cet été… Si nous avions le temps car au vu de tout ce qu’il avait à me montrer, je doutais même du temps qui nous serait alloué. Dans tous les cas, je n’étais pas un chien qui meure mais le « beau gosse du lycée ». Une précision qui m’arracha un rire amusé. Soit. Bien. Je serais donc le beau gosse du lycée s’il voulait. Dans tous les cas, il désirait que je continue à lui parler. De tout. Ce que j’acceptais. A l’unique condition de me laisser le consoler autant de fois que cela serait nécessaire. Pour chacune de ses larmes. Même si cela serait sans fin, comme il semblait l’indiquer.

- Tant mieux. Je ne compte pas te quitter de sitôt, plaisantai-je avant d’embrasser son torse pour me redresser, le laissant se changer le temps de terminer le repas, non sans le remercier, comme je ne cesserais jamais le faire, provoquant une remarque de sa part qui m’arracha un sourire. Tu as toujours le dernier mot ? Soufflai-je.

Visiblement. Car je n’avais rien à redire, rien à rétorquer. Il put ainsi concentrer son attention sur Rainy avant de me proposer de jouer avec eux… Mmh. Il m’avait fallut quelques instants de réflexion avant de les rejoindre, de compter avec lui, prenant en cours de route le décompte avant de… ne pas bouger. Non. D’esprit logique et rationnel, je préférais calculer les probabilités de cachette de mon lapin… Et le lit fut, finalement, le choix le plus plausible. Mais pas le nôtre. L’autre. Celui sur lequel je m’étais assis. Ainsi voulus-je surprendre Rainy, me pendant, tête en bas, sur le bord du lit.

Raté.

Il n’y avait pas de lapin. Par contre, il y eut une belle chute de ma part qui n’avait pas calculé mon équilibre, la surprise de ne rien voir ayant certainement aidé à cela. Tombant à terre dans un bruit sourd, j’avais mis quelques secondes avant de réagir, avant de me mettre à rire, indiquant ma certitude alors que je me redressai, le rassurant quant à mon état.

- Noooon… Me plaignis-je pour la première fois dans un ton aussi plaintif qu’amusé. Je ne suis pas nul. Je suis trop réfléchi pour Rainy. Ce n’est pas logique !

Je me prenais au jeu. Peut être un peu trop. Mais… Mais c’était agréable. De ne penser à rien d’autre que de trouver mon lapin qui… Hé ? Dans le sac ? Il avait eu la présence d’esprit de se cacher dans le sac ? Clignant des yeux, j’observai Mika déposer le lapin sur le lit, m’arrachant une légère grimace. Ah. Ma nuque avait un peu plus pris que je ne l’imaginais. Tant pis. Cela avait valut le coup au vu de Rainy et de ses sautillements de joie.

Laissant Mika se glisser dans mon dos, me décalant légèrement pour lui laisser la place, mon haut fut rapidement retiré avant que je ne soupire d’aise à son massage, écoutant ses remarques. Le lit était trop évident… Bon. Soit.

- Je l’ai un peu sous-estimé. Admis-je avant que…아야! AïeM’exclamai-je dans un léger soubresaut de douleur alors qu’il semblait avoir appuyé sur la zone précise de rencontre entre ma nuque et le sol.

Une douleur vive qui disparut tout aussi vite, me permettant de me détendre à nouveau, fermant même les yeux un instant avant qu’il ne bande la zone, me faisant grimacer d’inconfort, préférant de loin ma liberté de mouvement à toute bande. J’esquissai malgré tout un sourire à son baiser, je tournai la tête un instant avant qu’il ne se relève, oubliant ma nuque qui me fit grimacer, pour l’embrasser dans un sourire.

- Merci. Lui soufflai-je avant que ma nuque ne retrouve une position antalgique.

Deuxième round donc. Hochant la tête, j’étais prêt. Et Rainy aussi alors… Soit. Fermant les yeux, je commençai à compter. A partir d’un, cette fois. Jusqu’à vingt. C’est ce qu’il avait dit alors…

- Vingt ! M’exclamai-je en plissant les yeux, ne bougeant pas, comme la première fois.

Donc. Le lit était trop évident. Il fallait un endroit petit, avec notre odeur… Cela réduisant les lieux. Il fallait aussi quelque chose d’intelligent… Rainy était intelligent. Je n’en avais jamais douté, bien sûr mais… Mais je n’imaginais pas qu’il puisse avoir de la réflexion dans des cachettes…

- 작은… Petit… Dis-je dans les deux langues comme pour me le rappeler. Avec notre odeur… 우리 냄새로... Au fait Hae… Soufflai-je alors que je ne bougeai toujours pas, réfléchissant encore et toujours. Il y a autre chose pour laquelle je dois te remercier. Esquissant un sourire, je remontai mon regard vers le sorcier. Merci pour Rainy… Je ne l’avais jamais vu aussi… Heureux de vivre. Du moins pas avant que l’on soit ici… J’ai… J’ai l’impression que c’est un autre lapin. Enfin… Non. C’est toujours mon meilleur ami mais… Ici, il est différent. Il est… Il est mieux. Avec toi. Alors… Merci de le rendre heureux. De nous rendre heureux.

Cela ne me disait pas où était Rainy mais… Mais Mika devait le savoir, savoir qu’il n’apportait pas qu’à moi. Bien loin de là…
Enfin… Il me fallait encore trouver mon familier… Alors… Petit et avec notre odeur… Oh ! Bien sûr ! L’autre sac ! Evidemment ! Plissant les yeux, j’esquissai un sourire fier pour m’approcher de mon propre sac, puisqu’il avait été dans celui de Mika avant et…

- 당신은 여기 있습니다!

Resté fixé sur le sac vide, je soufflai dans une moue dépitée. Raté. Encore… Non mais…

- Avoue, tu le caches toi-même et je vais me faire avoir à chaque fois ? Plaisantai-je légèrement.

J’admettais être peut-être légèrement mauvais perdant. Très légèrement… Juste assez pour en plaisanter et avoir d’autant plus envie de gagner… Et peut-être un peu m’agacer de ne pas réussir à trouver mon lapin. Il y avait cependant une autre solution… Me mordant la lèvre, amusé, je me redressai alors pour prendre quelques pommes séchées et m’asseoir au milieu de la chambre.

- Rainy ! Rainy ! Appelai-je en me mettant à rire. 말린 사과가 있어요! Levant les yeux vers Mika, l’air tout à fait innocent, je soufflai alors. On a dit le trouver… Cela veut aussi dire pouvoir l’appâter non ?

Je n’avais pas trouvé Rainy la première fois. Soit… Mais ce n’était pas parce que j’étais nul, juste… Trop réfléchi. Pas assez instinctif, oui, voilà ! Mais ce n’était pas être nul ! Juste… Je ne réfléchissais pas comme un lapin réfléchissais. Me laissant soigner, je prenais donc en note ses conseils. Un prisme de proie donc… Comment réfléchissait une proie ?... Penché sur la question, je n’avais évidemment pas oublié remercier Mika pour ses soins avant que nous ne repartions dans une nouvelle manche.

Bien. Je n’attendis rien avant de me mettre à compter. Evidemment, comme la première fois, je pris le temps de réflexion, de penser aux conseils de Mika… Une proie, un endroit petit et avec notre odeur… Mmh… Notre odeur, où y avait-il notre odeur ? Le remerciant de nouveau pour le bonheur qu’il apportait à celui qui avait composé la plus grande partie de ma vie affective jusque-là, je soufflai doucement, esquissant un sourire.

- Je n’allais pas te refuser cela quand tu avais l’air gentil, doux et attentionné sans me connaître. Admis-je.

Et puis j’avais fait attention les premiers jours, surveillant toujours d’un œil attentif ce qu’il se passait, jusqu’à ce que je commence à voir les premiers effets du sorcier sur Rainy… Il était plus actif, plus joyeux aussi… Une preuve suffisante que je n’avais plus à surveiller, finalement. Était-ce alors que lui vouloir du bien de l’avoir laissé entre les mains de Mika ? Peut-être… C’était seulement de la logique… Dans tous les cas, il allait falloir que je le trouve. Que je prouve que je n’étais pas nul en cache-cache. Le sac. Le mien, cette fois. C’était là. J’en étais sûr ! Sûr et… Raté. Encore. Mika le faisait exprès, c’était ça ? Bon… Cette question était effectivement peut être preuve de mon côté mauvais perdant. Alors… Il fallait que je trouve une solution. Je n’observais pas assez la pièce… Mmh… Mais je l’avais déjà observé ! Et j’avais même réfléchi alors… Alors il y avait une autre solution.

Prenant une bonne poignée de pomme, je venais m’asseoir au milieu de la chambre, l’air fier de moi. J’avais trouvé.
En effet, rapidement, je vins appeler le lapin, en coréen, pour tromper faussement Mika qui s’insurgeait. Mais… ce n’était pas dans les règles ! Rétorquai-je avant de rire à sa remarque.

- Peut-être un tout petit peu… Admis-je alors qu’il tentait bientôt de me faire taire et de me prendre mes précieux appâts.

Riant aux éclats à son geste alors que j’avais placé instinctivement ma main libre dans son dos pour l’empêcher de tomber tant je gesticulais pour me libérer, ma voix étouffée par sa main autant que par mon rire.

- Non ! Me plaignis-je de nouveau, étouffé, entre deux rires. Il va bientôt être au milieu de la pièce, tu vas voir !

Ou il ne verrait rien. Surpris de le voir relâcher ma bouche, je n’eus le temps de rappeler Rainy que ses lèvres se posèrent sur les miennes, coupant mon souffle un instant. J’aurais pu reprendre notre jeu, le repousser doucement pour continuer à nous chamailler mais… Mais je n’en fis rien. A la place, je relâchai les friandises au sol, non sans avoir aperçu le museau de Rainy émerger de mon armoire. Tant pis. Je me vengerais autrement de cet échec. Glissant mes mains dans son dos, sous ses vêtements, j’en profitai seulement pour répondre à son baiser, profitant de ce contact avant de me séparer de lui de quelques centimètres, étouffant d’un rire.

- C’est de la triche aussi de me faire taire comme ça. Soufflai-je contre ses lèvres alors que mon regard dévié vers le lapin sortit de sa cachette qui nous observait sans nous approcher, sans comprendre ce qu’il se passait. Plissant les yeux, je ris de nouveau. Ton deuxième maître utilise des armes illégales, Rainy. Soufflai-je. Il empêche ton premier maître de réfléchir et lui donne juste envie de continuer à l’embrasser. Retournant mon regard vers Mika, j’esquissai un sourire amusé. Je l’ai trouvé, regarde. Rainy est juste là. Fis-je remarquer. Il n’est pas dans l’armoire, tu vois !

Il en était sorti, mais il n’y était plus. J’avais gagné. Point. Enfin. Presque.

J’aimais son rire, le voir ainsi, me sentir aussi léger alors que je venais d’indiquer que je n’étais qu’un peu, juste un peu, mauvais joueur.

- Bien sûr qu’un petit peu ! Me défendis-je, rejoignant son rire.

Mais il était bien hors de question que je me laisse faire, que je le laisse gagner. Rainy allait bientôt arriver et j’allais gagner puisque je l’aurais trouvé en premier… Ou pas. Lâchant les pommes, j’avais cédé à son contact, répondant à ses lèvres, touchant sa peau, avant que je ne râle doucement. C’était de la triche que de faire cela… Il me savait faible face à lui…

- Je n’ai fait qu’arranger des règles. Soufflai-je avec amusement avant que Rainy ne pointe le bout de son museau et que je ne me déclare vainqueur.

Chose qu’évidemment, Mika n’accepta pas. L’air innocent, j’avais même expliqué à Rainy le pourquoi nous l’avions fait venir au lieu de le chercher. Tout était de la faute du sorcier, bien évidemment. Retenant un rire à son air outré, j’arquai un sourcil lorsqu’il m’indiqua avoir gagné, bien décidé à lui prouver le contraire lorsque je fus repoussé brusquement en arrière. Surpris, je n’avais pas pu résister, pas même que je n’avais pu me redresser, sa main appuyant sur mon torse.
Sourcil arqué, je l’observai alors, entre amusement et curiosité face à un comportement qu’il n’avait jamais eue. Pas me donner assez envie ? Parce que j’avais le temps de dire des bêtises ? Il aurait dû… Mes pensées se figèrent dès lors que ses hanches roulèrent contre mon bassin, m’arrachant un soupir de surprise et de désir soudainement, fermant mes yeux qui ne se rouvrirent que lorsqu’il glissa sa main dans la mienne.

- C’est de la triche… Soufflai-je à mi-voix alors que mes mains venaient se faufiler de nouveau son ses hauts, caressant sa peau du bout de mes doigts, délimitant le moindre de ses muscles avec un plaisir que je ne dissimulai pas.

Et si cela aurait pu s’arrêter là, me faire reprendre le cours de mes pensées, l’Australien semblait avoir une envie de vengeance plus précise que la mienne alors que ses lèvres vinrent à se poser sur ma mâchoire avant de descendre le long de mon corps, accélérant ma respiration, me faisant frissonner de toute part. Un gémissement au contact de ses dents m’échappa même, remplacé par un soupir lorsqu’il continua sa course. Essayer de penser ?... Comment ?...

- C’est… Petit… Murmurai-je alors qu’il faisait le chemin inverse pour retrouver finalement mes lèvres.

Lentement. Trop lentement. Et… Pourquoi est-ce qu’il se redressait ? Se relevait ? Je… Qu’est-ce que j’avais fait ce matin ? Son geste m’arracha un grondement de frustration alors que je l’observai, sonné. Il m’avait puni ? Il me fallut quelques secondes pour réagir alors qu’un sourire venait s’installer au coin de mes lèvres, amusé, troublé par ce qu’il venait de se passer. Je n’avais pas imaginé Mika pouvoir me provoquer de la sorte… Je n’avais pas imaginé pouvoir être provoquer de la sorte, à vrai dire…

- 당신은 그 대가를 치르게 될 것입니다... Murmurai-je en me redressant pour m’approcher de lui, dans son dos.

Sans prévenir, mes mains se posèrent sur ses hanches, l’attirant à moi, contre moi, mon bassin contre lui, mon désir bien trop visible pour le lui cacher, collé de la sorte. Sans un mot, mes lèvres se posèrent dans son cou alors que je me décalai une seconde pour lui retirer pull et t-shirt, couvrant ses épaules de baisers, mordant son cou avec envie tandis que mes mains le couvraient d’attention, profitant de sa peau, des ses hanches, de son torse.

- Essaie de penser maintenant… L’imitai-je dans un murmure, contre sa peau que je continuai d’embrasser avec envie.

Sans lui laisser un réel temps de réponse, je le fis bientôt pivoter de sorte à me faire face, l’observant avec un air de défi, provocateur, un air qu’il avait entraîné, qu’il avait lui-même créé tandis que je le repoussai sur le lit. Me faufilant entre ses cuisses, glissant contre lui, je parcouru le haut de son corps de mes lèvres, soufflant contre sa peau, l’aimant, la gratifiant autant de baisers que de caresses.

- Qui gagne, alors ?... Soufflai-je dans un léger sourire.

J’allais gagner. D’une manière ou d’une autre, visiblement.