Là. C’était une part de Mika que j’aimais. L’une des très nombreuses part. Quand il parlait de ses proches, des gens qu’il aimait, il était toujours sincère, bienveillant. Sans connaître ces personnes, il venait faire en sorte que je les apprécie, parce qu’il les appréciait et que dans sa bouche, elles paraissaient comme les plus belles personnes que cette terre pouvait porter. D’ailleurs, un instant, je me demandais comment Mika pourrait parler de moi aux autres si cela était possible ? Aurais-je le droit à autant de compliments ?

- Tu fais du surf ? Notai-je néanmoins en penchant doucement la tête sur le côté. Je n’ai jamais vu quelqu’un en faire.

Savoir que cela existait m’avait suffi mais s’il en faisait… J’admettais que cela changeait la donne. Un tant soit peu. A vrai dire, ce ne serait pas une bien grosse donne face à tout ce qu’il avait modifié en moi en un mois… Lui et sa bienveillance. Une bienveillance qui se portant rapidement sur Rainy alors que Mika m’indiquait vouloir demander à ses parents quelques objets pour mon lapin. Objets que je rembourserais, évidemment, du moins… Que je désirais rembourser car Mika, lui, ne semblait pas réellement en accord avec ce fait.

- C’est « à cause de toi » qu’il est encore plus heureux. Réfutai-je l’idée que Rainy puisse s’ennuyer par sa faute. Mais tu es certain que cela ne dérangera pas tes parents ? Que tu t’occupes d’un lapin inconnu ?

L’idée, la question pouvait paraître absurde. S’occuper d’un lapin inconnu était une idée bête comme tout, et j’étais pourtant très sérieux alors que derrière cette simple question, mes doutes pouvaient transparaître. Que penseraient ses parents ? Sans parler de Rainy, que penseraient-ils de lui, de nous ? L’observant alors un instant, soudain silencieux, je secouai doucement la tête. Autant ne pas se poser la question. Après tout, la question ne se poserait certainement jamais.

Le laissant alors s’occuper de Rainy, appréciant de voir mes deux meilleurs amis s’entendre, nous nous rendîmes finalement dans la salle de bain, non sans que je puisse avant tout répondre à son baiser, dans l’une dernière fois avant que nous ne puissions nous permettre ces contacts de la journée.

- Je t’aime… Lui avais-je murmuré avant d’attraper mes vêtements, direction la salle de bain des Poufsouffle.

Là-bas, c’est rapidement que je me lavai, que je me changeai, enfilant ma chemise blanche, mon jean et mes boots noirs avant de surmonter le tout d’un blouson tout aussi noir. Un coup dans mes cheveux afin de les discipliner, et j’hochai la tête. J’étais prêt. Remontant dans notre chambre pour y redéposer nos affaires, je le laissai m’embrasser pour prendre la direction de la porte de la pièce et l’arrêter en pleine course, l’attirant de nouveau à moi afin de profiter de ses lèvres qui allaient me manquer avant ce soir.
Un sourire, une étreinte, et nous pûmes quitter la pièce, non sans dire au revoir à Rainy. C’était étrange de marcher à ses côtés tout en sachant que je ne pouvais pas le toucher. Pourtant, nous l’avions déjà fait dans le château, lorsqu’il devait me montrer les lieux, les endroits où passer. Mais cette fois… C’était bien plus difficile.
Le visage fermé, presque concentré à vrai dire, j’avançai à distance respectable de lui jusqu’à ce qu’il ne s’arrête. Savais-je où était Pré-Au-Lard ? Non. Absolument pas. Je l’admettais en secouant la tête négativement, observant autour de nous.

- Là-bas. Fis-je remarquer d’un mouvement de tête. Le groupe d’élèves sur le chemin. Je suppose qu’ils doivent s’y rendre ?

Je n’en étais pas bien convaincu, certes, mais que pourrait bien faire un groupe d’élève à cette heure hors de Poudlard ? Sûrement avaient-ils eu la même idée que nous, celle d’aller déjeuner là-bas. Alors… Autant suivre leur pas, non ?

- Au fait… Tu as une idée de ce que tu veux déjeuner ? Soufflai-je alors, sans même l’observer, retrouvant le sérieux qui me caractérisait à l’extérieur.

Ainsi faisait-il du surf... Et il pourrait même en faire ici ? Esquissant un sourire à cette idée, imaginant, je l'admettais, bien plus l'Australie que l'Ecosse pour ce sport, je soufflai doucement.

- Peut être qu'un jour je pourrais te voir en faire... Ou que tu pourras me montrer.

Je n'y croyais pas vraiment, je l'admettais. Outre le fait qu'imaginer du surf ne correspondait pas réellement à l'idée que je me faisais de l'Ecosse, ne permettant ainsi pas réellement de se projeter ici, je n'imaginais pas non plus être capable d'apprendre ce sport. Malgré ma force et mon équilibre entraîné par de longues, très longues sessions de sport que je m'imposais chaque semaine au Japon pour mon propre équilibre personnel, je ne m'imaginais pas capable de telle prouesse car, à mon sens, tenir sur une planche et sur une vague relevait plus du miracle que du sport.
Mais avant cela, avant toute chose, nous allions d'abord aller à Pré-Au-Lard pour passer la journée ce qui lui fit penser à Rainy et ses occupations quotidiennes, entraînant une question... Je n'aurais certainement pas pu trouvé moins intelligents... Un lapin inconnu... Pourtant, Mika me répondit dans une logique implacable. Pire, c'était là une logique qui ne faisait qu'accentuer sa bienveillance face au monde qui l'accentuait. Alors...

- D'accord alors. Rendis-je les armes. S'ils en sont contents...

Ce serait déjà cela de pris. Si je ne pouvais rendre leur fils heureux en dehors et être là pour lui, alors soit. Cela me suffirait. Du moins je m'en contenterais.

Nous avions finalement fini par sortir, enfin, de Poudlard, non sans de dernières attentions, comme une bouffée d'air avant une journée en apnée, pour nous retrouver sur le chemin. Un chemin qui nous était inconnu mais auquel Mika trouva, évidemment, un point positif. Au pire, nous nous promènerions... Et le soleil me ferait du bien... Peut-être. J'admettais que le soleil m'avait un peu manqué ce mois durant, alors j'hochai la tête, simplement, préférant m'enquérir de ce qu'il désirait.

- Nous pouvons manger aussi un peu plus tard ce midi pour que tu profites. Répondis-je simplement en haussant les épaules, glissant mes mains dans les poches de mon manteau. Moi, je te suivr... M'arrêtant, je soufflai doucement. On pourrait peut être aller manger un cake à la citrouille... Osai-je quoique difficilement avant qu'il ne fasse remarquer que nous étions sur le bon chemin, avant qu'il...

Arquant un sourcil alors qu'il venait me toucher et me faire pivoter, j'observai le ciel avant d'esquisser un sourire amusé, autant à ce que je voyais qu'à sa réaction, à vrai dire. D'ailleurs, mon regard quitta bien rapidement le ciel pour observer ses gestes. Enthousiaste, très enthousiaste même, Mika avait l'air d'une puce à qui l'on aurait impulsé de l'électricité, contrastant drastiquement avec mon immobilisme alors que je n'avais pas fait un pas de plus, me contenant de l'observer, un sourire que je n'arrivais pas à effacer aux lèvres.

- Oui. J'ai vu. Répondis-je ainsi, les étoiles dans ses yeux agrandissant mon sourire. Tu t'y connais en hippogriffes ?

Cela ne m'étonnait pas vraiment. Il semblait s'y connaître dans tous les animaux de toutes les manières. D'ailleurs reprenait-il la parole, déballant tout ce qu'il pouvait me dire quant à ces oiseaux... S'ils pouvaient être classés comme tels.

- Est-ce que tu as déjà volé avec des hippogriffes ? M'enquis-je à mi-voix avant de tourner la tête vers lui. Ou avec des oiseaux ? Enfin... Soufflant face à mon manque de connaissance en termes de vol, je secouai doucement la tête. J'admet que je suis plus à l'aise sur la terre que dans le ciel alors désolé. Les questions sont peut être un peu naïves. Imaginer que l'on puisse voler à côté d'animaux ça semble...

Cela semblait idiot, presqu'inconcevable.

Je n’étais que rarement sorti avec qui que ce soit. A vrai dire, je n’avais pas réellement le temps à Mahoutokoro, je ne le prenais pas vraiment. Concentré dans mes études, dans le sport, dans ma routine, je ne prenais que trop rarement le temps de faire autre chose, de peur de faire un faux pas, de peur de m’emmêler les balais et de rater une marche, simplement. Alors… Cela me faisait un peu étrange de me retrouver là, sur ce chemin, avec lui. Etrange, et pourtant loin d’être désagréable alors que je l’observai s’extasier devant le vol d’hippogriffes.

Son innocence était une chose qui m’avait toujours fait du bien. Sans parler de mes sentiments, de ce que je pouvais ressentir, Mika était une bouffée d’air frais et certainement pas seulement pour moi. Et c’était d’ailleurs pour cela que je ne l’avais jamais coupé lorsqu’il s’étendait en longueur. Outre le fait que je devais souvent me concentrer pour comprendre tout ce qui était dit, quoique le vocabulaire et son accent me vienne de plus en plus facilement à force de pratique et d’écoute, j’aimais le voir s’enthousiasmer sur ce qui l’entourait, sur ce qu’il me racontait, même s’il ne s’agissait « que » de ses journées ou d’une découverte… Alors, encore une fois, même s’il s’éloignait du sujet initial, je le laissai parler, l’observant avec une tendresse évidente que je peinais à cacher, même à l’extérieur. Une tendresse qui se mua l’espace d’un instant en une légère inquiétude…

Passer… Passer d’un balai à un cheval au galop… C’était… Enfin…

- Ce n’est pas dangereux ? Soufflai-je à mi-voix.

Mais cela s’expliquait effectivement. Pour attraper le vif d’or donc… Cela devait être… Impressionnant. Oui c’était le terme. Il devait être impressionnant sur un balai, comme ça.

- C’est donc définitif. Finis-je par dire en levant la tête vers le ciel, esquissant un léger sourire, notre marche reprenant. Je viendrai te voir jouer dès que je peux. Et je suppose que j’aurais peur tout le match… Enfin… Secouant la tête, mes yeux se posèrent de nouveau sur le sorcier. Non. En fait… Pendant tout le match j’aurais confiance en toi et en tes capacités. Soufflai-je finalement, sûr de moi, de lui. Et je serais le premier à te féliciter quand tu attraperas le vif d’or et que tu feras gagner ton équipe.

Mais nous arrivions déjà… Tournant mon visage devant nous, j’observai alors le chemin et Mika partant en avant, d’autant plus enthousiaste, m’arrachant un nouveau sourire, secouant la tête avec un tendre amusement.
Au moins avait-il fini par s’arrêter, me permettant de le rejoindre, glissant l’espace d’un instant la main dans son dos pour le remettre en marche à mes côtés avant que ma main ne reprenne place dans ma poche.

- On va chercher de quoi manger et on ne s’installe pas ? Proposai-je alors. Comme ça on pourra visiter en même temps.

Si j’étais bien moins expressif que ne l’était Mika, j’admettais que l’endroit semblait… Magique, à vrai dire. Un véritable village d’Angleterre comme j’avais pu en voir des photographies. Tout aussi bucolique que j’avais pu l’imaginer.

- Sauf si tu préfères visiter d’abord, soufflai-je, remarquant ses grands yeux admiratifs face au village, avant de me poster devant lui pour attirer son attention, conscient que je risquais de le perdre dans ses observations et son hyperactivité habituelle. De quoi tu as envie, là ?

Ainsi… En planifiant ses désirs, il n’aurait plus rien à penser. Je le laisserais faire ce qu’il voudrait, observer ce qu’il désirait, et je m’occuperais du reste. Si cela pouvait le rendre heureux pour la journée, je n’allais certainement pas me plaindre de le voir courir à droite à gauche. Bien au contraire.

Evidemment, son sourire ne m'avait pas échappé. Sans que je n'en comprenne la raison, il m'avait semblé bien plus rayonnant, plus chaleureux encore si cela pouvait être possible. Alors, à sa remarque, j'esquissai un sourire, en écho au sien.

- Presque ? M'étonnais-je faussement.

Je ne savais pas réellement ce que j'avais pu dire pour provoquer une telle réaction. Mais cela ne m'importait pas réellement. J'aimais seulement le voir sourire. Alors... Oui. Cela m'allait, même si bien rapidement, son attention vint être happée par toute autre chose. Le village semblait être devenir le centre de ses pensées. SI cela ne me dérangeait pas, je ne l'imaginais pas revenir facilement de ses étoiles alors, doucement, ma main se posa dans son dos, lui indiquant ma présence, avant que je ne m'avance devant lui.

- Évitons effectivement que tu ne meurs de faim. Soufflai-je avec un léger amusement.

D'autant que l'attention de Mika repartit aussi vite que j'avais pu la capter, et ce fut avec un sourire que je l'observai s'avancer dans le village, s'extasiant sur... Des chaussette  ? Oh. D'accord. Notant de les lui acheter à un moment donner, je n'eus pas réellement le temps de réagir. Il repartit sans attendre. Et je le rejoignis, mains dans les poches et le pas lent.
Esquissant un sourire, je réfléchis rapidement. Pouvaient-elles tenir sur une semaine ?... Peut-être. A vrai dire, je ne connaissais pas l'immense majorité de ce qui était présenté ici alors... Alors nous allions rentré, bien sûr. Et je comptais bien lui faire ranger ce porte-monnaie au plus vite. Ouvrant la porte de la boutique, je laissai Mika passer devant pour fermer derrière moi et observer chaque chose. Il était vrai que beaucoup donnaient envie et... Il y avait du cake à la citrouille. Parfait.

- Bonjour. Articulai-je auprès de la vendeuse. On prendra une chose de chaque s'il-vous-plait.

Là. Mika aurait ce qu'il voudrait. Et si la sorcière sembla surprise, elle ne posa pas de question et se mit à nous remplir un sac de tout ce qu'elle pouvait vendre. Du coin de l'oeil, j'observai ainsi Mika, un très léger sourire au coin des lèvres alors que je bougeai enfin réellement.

- Range ton argent, Hae. Soufflai-je. Mes parents me donnent bien assez.

Et, à vrai dire, je ne dépensais habituellement jamais rien alors... Puisque nous avions fait le change de monnaie, cela ne serait qu'une juste mesure.

- D'autant que c'est moi qui t'aie proposé.

Et... Que j'avais envie de lui faire plaisir. Bien sûr. Je ne pouvais pas faire grand chose à l'extérieur, mais cela... Je comptais bien le faire. Alors, notre sac en main, la sorcière remerciée, j'ouvris la porte de la boutique. J'admettais ne pas avoir imaginé avoir tant de choses à manger mais... Soit.
Doucement, je tendis le sac au jeune sorcier.

- Prend ce que tu veux. Et on peut aller chercher les chaussettes que tu as vu, si tu en as envie. Reprenant notre marche,  je soufflai alors doucement, les chaussettes m'ayant fait penser à toute autre chose, quoique les liens soient facilement fait. Tu n'as pas froid au moins ?

Faire attention à lui, à ce qu'il ressentait, à comment il se sentait était le plus important aujourd'hui, définitivement.

Evidemment, Mika ne fut pas en accord avec ma décision. Bien sûr. Cela ne m'étonnait pas. Mais allait-ce changer quelque chose ? Non. D'autant qu'il n'insista pas vraiment dans la boutique, me permettant de faire ce que je désirais, payant le tout simplement avant que nous ne sortions du lieu... Et qu'il ne revienne à la charge. Bien sûr. Il n'était pas censé exister... Non. Cela, je refusais. Formellement. Si je comprenais ce qu'il voulait dire par là, si j'entendais ce qu'il voulait dire, je refusais de le comprendre et de l'admettre, pas prononcé de la sorte. Alors, sourcils froncés, je m'arrêtai pour l'observer un instant.

- Hae. Soufflai-je à mi-voix, observant autour de nous que personne ne puisse être assez proche de nous pour entendre. Tu existes. Même si je n'ai pas le droit de te montrer à quel point j'en suis heureux, tu existes. Alors ne dis pas que tu n'es "pas censé exister", parce que c'est le cas. Et je suis dans un pays nouveau, avec de nouvelles habitudes, une nouvelle façon de vivre. Je sais quoi leur dire. De toutes les manières je ne suis même pas certain qu'il regarde vraiment ce que je fais. Alors, que je t'oblige à nous cacher ne changera rien, Mika. Assurai-je de ma froideur et ma distance habituelle quoique mon regard, lorsqu'il le concernait, ne puisse être autrement que doux, attendri par sa seule présence. Je ferais ce qu'il faut pour te faire plaisir. Un maximum.

En un sens, c'était peut être, pour moi, un moyen de me "rattraper", d'exister pour lui, de lui montrer que malgré tout je ferais toujours attention à lui. Oui... Peut être était-ce cela. Mais avant tout, c'était pour lui, parce que je l'aimais et que par là même, j'aurais aimé lui offrir le meilleur, je voulais lui offrir le meilleur, le maximum.
Alors, prenant la moitié du gâteau dans un sourire, je le remerciai, certaine que cette fois, pour ce sujet, je ne céderais aucun terrain. Il en était hors de question. Grignotant mon morceau, je m'inquiétais bientôt d'un autre sujet, sa faim étant réglée. Avait-il froid ?
Non. Tant mieux. Répondant à son sourire, j'haussai, pour ma part, les épaules.

- J'ai connu pire. Répondis-je alors que je sentais malgré tout la fraîcheur du matin. Mais ne t'inquiète pas. En marchant, on ne sent pas le froid.

D'autant qu'il était bien hors de question de rentrer pour aller chercher une veste. Nous allions profiter de notre journée avec le soleil qui allait finir par se lever et nous réchauffer.
En attendant, nous avions un gâteau à manger. Gâteau qu'il commenta, me faisant arquer un sourcil. Épicé ?

- Tu trouves ça épicé ? Répétai-je quelque peu perplexe quant à ce fait. Je trouve justement que ça manque un peu d'épices. Ils auraient du ajouter plus de cannelle. Beaucoup plus.

Je n'étais pas grand spécialiste des goûts ou même de la cuisine, quoique je sois en capacité de faire le minimum sans brûler les chaudrons de préparation, mais là... Les anglais me prouvaient une fois de plus que leur cuisine était bien plus fade que ne l'était celle dont j'avais l'habitude. Oh. Ce n'était pas mauvais, certes, mais ce n'était certainement pas le meilleur gâteau que j'aie pu manger dans ma vie.

- Un... Match à mort ? J'admet que je t'imagine maintenant pendre de pauvres gâteaux innocents. Je suppose que ce n'est pas ce que tu voulais dire.

Car littéralement... Nous allions donc tuer des gâteaux pour les départager ? Mmh... Je n'étais pas convaincu que cela soit le véritable sens de sa phrase... Alors, je me permis une seconde de réflexion avant que la lumière se fasse, me faisant lever les yeux vers le ciel de ma bêtise.

- Les manger pour savoir lesquels sont meilleurs et en acheter de nouveau, c'est ça ? Demandai-je finalement en soupirant. Ca me va. Mais il va aussi falloir que je me trouve un dictionnaire des expressions.

Je prenais les choses bien trop littéralement pour comprendre le parler habituel des élèves m'entourant. Il allait falloir que je change cela...

- D'ailleurs... Soufflai-je en observant la rue. Quelle est ton expression préférée, toi ? Pour que je puisse l'apprendre et la comprendre immédiatement quand tu la prononceras. Et avec ton accent australien, si possible, cela m'évitera quelques minutes de réflexion. Plaisantai-je dans un léger sourire.

Apprendre à le connaître, tout apprendre de lui, de sa personnalité, de ce qu'il aimait, de ses expressions... Cela me semblait être la chose la plus à propos désormais.

Hamster ? Arquant un sourcil, je m’étais tourné vers Mika sans rien y comprendre alors que ses joues rosies m’indiquait que quelque chose n’allait pas. Il aimait les hamster ?... Qu’est-ce que ?... Bien, peut être était-ce un moyen de me demander de lui en offrir un ? Quoique cela ne lui ressemble pas réellement, d’autant qu’il ne voulais pas avoir un animal à ch… Ah. Je comprenais. Je comprenais et je baissai la tête, masquant mon sourire élargis en observant le sol, caché par le col remonté de mon blouson. Hamster alors…
J’avais envie de le prendre dans mes bras. J’avais envie de sentir ses lèvres contre les miennes. Mais je restais là, à maqué mon sourire alors que mon cœur s’éveillait sous ses hamsters. Et dès lors qu’il eut terminé, je relevai la tête vers lui. L’envie de caresser sa peau, de toucher sa joue était prégnante. Difficile, même, à retenir. Et c’est pourquoi je détournai le regard, me concentrant sur la réalité, celle qui l’obligeait à aimer les hamsters plutôt que m’aimer moi, en quelque sorte.

- J’admet que… Commençai-je en soufflant. J’admets que j’aime aussi les hamsters. Et que j’ai envie de… De les prendre dans mes bras. Maintenant. Que je les prendrais dans mes bras dès que je pourrais. Mais je voudrais leur dire que je les aime. Et qu’ils n’imaginent pas à quel point. Mais… je suppose que c’est normal puisque ce sont des hamsters. Alors... Hamster très fort aussi…

Cette conversation ne voulait rien dire. Et cela m’allait. Si seul Mika comprenait, si cela nous permettait de parler sans crainte, cela m’allait. Dans tous les cas, il disait ne pas avoir besoin qu’on lui achète des choses. Je le comprenais. Bien sûr mais… Les moments ne pourraient avoir lieu que la nuit alors… Alors il me fallait trouver quelque chose d’autre la journée. C’était tout. D’ailleurs, s’il avait besoin de chaussette pour avoir chaud, j’étais même prêt à lui acheter, chose qu’il refusa, préférant proposer de s’arrêter pour moi.

- Ne t’en fais pas pour moi. Soufflai-je pour toute réponse. D’autant que je me connais. Je te donnerais le pull pour que tu n’aies pas froid puisqu’à te regarder, on croirait que tu es au Pole Nord. Continuai-je pour toute plaisanterie avant que notre conversation ne se porte sur notre repas improvisé qui manquait d’épices.

Un manque qui vint désespérer Mika, me faisant arquer un sourcil. Sa mère aussi aurait pensé qu’il manquait de cannelle ?

- De subtilité ? M’enquis-je. Je préfère penser que ce sont les européens, et même visiblement les occidentaux qui ne connaissent que des goûts fades et sans magie. Répondis-je dans un léger sourire. D’ailleurs… tu aimes le piment ou je ne te ramènerais jamais de nourriture de chez moi ?

Mais avant de parler de ramener de la nourriture de Corée, il nous fallait visiblement classer celle que nous avions acheté. D’accord, dans ce cas. Un cinq pour ce gâteau, bien…

- Je te préviens, j’ai une tendance à être impartial. D’ailleurs, je lui mettrais même un 4… Il n'y a vraiment pas assez de cannelle.

Il voulait un classement honnête, un « match à mort », j’allais donc lui en donner un. Quoique match à mort m’ait semblé très étrange comme expression au point que je me questionne sur la nécessité d’acheter un dictionnaire d’expression… Un dictionnaire que Mika allait devenir suite à ma question visiblement, car si je m’intéressais à sa façon de parler, j’admettais que je ne m’attendais pas à tant d’information et… Non. Définitivement. Je ne pouvais pas tout retenir. J’avais une très bonne mémoire, certes, mais à ce point ? Il ne fallait pas exagérer.
Je pouvais néanmoins toujours essayer le maximum. Ainsi… Le pingouin. L’image était mignonne, c’était vrai, puis la balle perdue qui… Mmh… Non, elle, je ne l’avais pas compris. Enfin, pas le temps de lui poser la question, il reprenait sur une autre, me faisant presque regretter la non acquisition d’une plume à papotte. Donc… L’expression sur le chat était aussi mignonne quant au… Au quoi ? Cette fois, je fronçai les sourcils. Geek ? Respawn ? Jeux vidéo ? Qu’est-ce que… Il m’avait perdu…

- Les pingouins, les chats et les lapins… Répétai-je à mi-voix en tentant de comprendre les deux autres expressions en vain avant que mon regard ne se fige à l’idée émise par Mika.

Rentrer avec lui en Australie pour mieux comprendre ce qu’il disait, comment il vivait ?... Baissant la tête vers le sol, je devais admettre que cette simple pensée avait des aspects de rêve. Un endroit où nous n’aurions rien ni personne qui ne connaîtrait ma famille, où nous pourrions être tous les deux et être ensemble ? Où il m’apprendrait sa vie ?
Je n’avais rien contre les moldus, rien dans le sens où je n’avais jamais été en rejet de leur culture. Je ne m’y étais juste jamais intéressé. La magie me suffisait, comme elle avait toujours suffi à ma famille. Mais avec Mika… Il était de sang mêlé. Son père était un moldu et pour la première fois… Je ressentais l’envie d’en connaître plus des moldus. Et pas seulement par les cours d’Etude. Je désirais réellement en connaître plus… Le connaître lui.
Mais tous les rêves avaient des barrières. Evidemment…

- Je ne voudrais pas m’imposer chez tes parents. Avais-je ainsi soufflé. Qu’est-ce qu’ils penseraient ?...

Encore cette question qui revenait, cette fois prononcé distinctement, bien plus clairement que lorsqu’il avait s’agit de lapin en tout cas. Et le pire dans tout cela était certainement que je ne m’inquiétais pas pour mes propres parents qui, certainement, ne me laisserait pas aussi facilement partir à l’autre bout du monde. Non. Seule sa vie m’importait. La mienne… Serait gérée. Même difficilement, je la gèrerais.

Sa question, quant à elle, me fit arquer un sourcil, penchant doucement la tête.

- C’est peut-être parce que j’apprends encore l’anglais mais… J’ai l’impression que tu n’as pas le même accent que les autres ici. Je suppose qu’il est bien moins marqué que le mien mais… tes voyelles sont prononcées différemment des autres. Et ton intonation est différente aussi. Au début, cela m’obligeait à plus de concentration. Admis-je.

Aujourd’hui… Je tendais seulement l’oreille davantage pour entendre sa voix autant que cet accent anglais que j’avais appris à aimer plus que bien des choses.
Il me fut néanmoins inutile d’en dire plus, Mika bifurqua de nouveau pour une boutique d’animaux, me faisant arquer un sourcil à la vue des sachets de pomme séchée qu’il tenait dans ses mains.

- Le cache-cache et les pommes… Oui, je comprends mieux pourquoi il te voue un culte et commence à me parler d’adoption. Plaisantai-je en écho à ce dont nous avions parlé dernièrement. Merci, d’ailleurs, de t’occuper aussi bien de lui.

Car c’était là la moindre des choses, finalement…

- Je peux manger un pot de Gochujang, exagérai-je dans un léger sourire. Alors la cannelle n’est qu’une petite joueuse pour moi. Je note cela dit que je pourrais t’emmener manger dans quelques restaurant coréens un jour.

Un jour… Oui, un jour sûrement lointain. Le faire venir en Corée serait définitivement trop compliqué, trop dangereux pour le secret que nous gardions. Je ne me risquai, d’ailleurs, même pas à le lui proposer contrairement à ce qu’il fit avec l’Australie. Allez chez lui ?... Cela me fit rêver un instant avant que la réalité ne s’impose de nouveau à moi… Que penserait ses parents ? Etaient-ils comme les miens ? Si la question n’avait pas été posée directement, Mika la comprit. Bien trop facilement, y répondant alors par cette même énigme qui nous avait au moins permis de communiquer sur ce qui nous liait.
Des paroles que j’écoutais, buvais même. M’étaient-elles suffisantes pour être rassuré ? Non. Evidemment que non. Seul le temps permettrait de voir mes inquiétudes réduites. J’avais si peur pour lui, si peur d’être un poids qui le détruirait, de voir ma propre vie déteindre sur lui que je peinais à accepter ses mots dans leur entièreté. Je lui faisais pourtant confiance. Il connaissait ses parents, jamais il ne me mettrait dans une position inconfortable, il faisait tellement depuis le premier jour pour que je me sente bien que… Je ne pouvais que lui faire confiance. Alors…

- Cet été. Soufflai-je finalement sans même lui jeter un coup d’œil. Je… J’aimerais voir où tu… où vit le hamster. Je trouverais un moyen pour venir. Si cela ne dérange personne. Et… Enfin… Oui. Cet été.

J’avais déjà quelques idées pour me libérer du jouc de mes parents qui prévoiraient certainement un nombre de rendez-vous dont je ne voulais même pas voir la couleur… Peut être des rattrapages à Poudlard ou un stage d’entraînement au Bachelor seraient suffisant ?... Enfin. Déjà, mieux valait attendre la réponse de Mika. Je ne ferais qu’agir en fonction car… Je ne pouvais qu’admettre avoir envie de passer du temps avec lui. Deux mois sans le voir me semblaient… Inconcevable à cet instant. Alors… J’espérais, en un sens, que cela soit possible.

- Tu pourras en profiter pour me montrer ce que tu veux.

Même si cela allait sûrement me demander des efforts supplémentaires en langue. Leur accent était en effet particulier, chose qu’il me confirma, m’arrachant une grimace. J’avais en effet du souvent réfléchir pour ne pas confondre certains mots lorsqu’il parlait. Une chance, d’ailleurs, qu’il ait fait l’effort de ralentir sa cadence et d’articuler depuis le début. Et si aujourd’hui, je me surprenais à aimer cet accent, je ne pouvais qu’approuver son étrangeté pour un étranger.

- Je ne te mangerais pas, rétorquai-je néanmoins. Je ne ferais que me venger quand le temps sera venu.

Enfin, je tournai mon regard vers lui, le gratifiant d’un air amusé avant que mon sérieux ne reprenne le contrôle de mon visage tandis que Mika s’enfuyait vers une nouvelle boutique.
Il était difficile, bien plus que je ne l’aurais imaginé, de rester de marbre avec lui. Je tentai, pourtant, de garder mon air impassible, de rester aussi effacé que je le pouvais mais lorsqu’il était là, lorsqu’il gravitait autour de moi… J’avais envie de sourire, j’avais envie de l’observer briller, de l’aimer. Cela en était presque… Frustrant.

Au moins arrivait-il à happer ma propre attention en papillonnant à droite et à gauche, m’obligeant à le suivre. Et cette fois, ce fut dans une animalerie qu’il pénétra pour y acheter de quoi gâter Rainy. Evidemment. Plaisantant d’ailleurs sur ce fait – preuve que je ne pouvais décemment pas rester impassible – je soufflai doucement, secouant la tête dans un léger sourire à son renchérissement.

- Je penserais à signer les papiers te donnant tous les droits, alors. Lui indiquai-je avant de, malgré tout, le remercier.

Il était certain qu’il prenait plus que soin de celui qui avait été, jusqu’il y a encore peu de temps, mon seul meilleur ami. Et pour cela, je ne pouvais que le remercier. Chose qu’il expliqua. Bien sûr. M’ararchant un nouveau sourire.

- J’admet que tu prends aussi bien trop soin du Hamster. Il doit être l’animal le plus heureux de notre colocation. Lui répondis-je dans un regard tendre et ô combien expressif avant que je ne l’observe sauter sur la caisse pour payer… Hae… Soupirai-je, un air bien plus dépité au visage, usant au moins de son surnom, conscient que très rares seraient ceux qui le comprendraient. Je n’avais pas dit quelque chose au sujet de l’argent ?

Mais il était visiblement particulièrement têtu sur certain sujet… Têtu, oui, mais peut être pouvais-je l’être aussi en un sens. Alors, quand il se retourna, me demandant si je désirais voir un chose… J’hochai la tête, simplement, quittant ma poche pour attraper sa manche et le tirer vers l’entrée du village, me battant avec moi-même pour ne pas glisser ma main dans la sienne au lieu de tenir cette satané manche.
Sans un mot, je le fis entrer dans la boutique dans laquelle il avait pu voir les chaussettes chaudes en vitrine avant de, finalement, le lâcher.

- Choisis ce qu’il faudra pour te tenir chaud. Lui indiquai-je. Et je n’entendrais aucune remarque. C’est… C’est pour te remercier de t’occuper si bien de Rainy et du hamster. Et… parce que Hamster.

C'était aussi simple que ça.

Sa réaction m’avait amusée. Même s’il s’agissait d’une exagération certaine, je n’allais pas la rectifier. Pas maintenant en tout cas. Je préférais encore m’amuser du « choc » que cela avait pu lui provoquer. Pour autant, je secouai la tête.

- Je n’ai pas non plus dit que je n’aimais ce qui n’étais pas épicé. De toutes les manières, je doute qu’il y ait des restaurants australien ici, en Ecosse.

Sauf que non. Ce n’était visiblement pas en Ecosse où pourrait avoir lieu cette sortie. Mais bien en Australie, chez lui. Chez ses parents qui… Qui accepteraient donc. Et j’admettais avoir envie de voir où il avait grandi, où il vivait. Alors… Oui. Je trouverais le moyen, mais s’il l’acceptait, je viendrais cet été. Et il accepta. Un sourire au visage, je grimaçai néanmoins à l’idée des moyenne à 40 degrés. Mmh. Oui. Mieux valait certainement, dans ce cas, que cela soit l’hiver…

- Alors je compte sur toi pour me montrer le surf et… Les autres choses moldues.

Au moins, cela le rendait heureux, difficile de ne pas le voir. Et si cela le rendait heureux… Je l’étais aussi. Quand bien même je savais que bien des maux de tête m’attendraient là-bas. J’avais, après tout, déjà eu un exemple de leur accent en la personne de Mika, quand bien même il faisait attention, quand bien même il ralentissait sa diction pour m’aider. D’ailleurs n’avait-il pas intérêt à faire plus. Il faisait déjà bien assez d’efforts pour moi et ma vengeance risquait, dans le cas contraire, d’être terrible, bien sûr.
La plaisanterie accueillie par un mouvement d’yeux de sa part, il était reparti dans une nouvelle boutique, cette fois pour Rainy, m’obligeant à lui rappeler ce que je lui avais dit à notre arrivée : je ne voulais pas qu’il paie. Pas aujourd’hui. Je l’avais invité. Arquant un sourcil, je plissai doucement les yeux à sa réponse.

- Je ne boude jamais. Rétorquai-je en retenant une grimace amusée, surement un trop gros signe de détente en public.

Mais puisque cela lui faisait plaisir… Je n’allais rien dire. Alors, je me contentai d’hocher la tête en quittant la boutique, remerciant le commerçant poliment avant qu’il ne s’enquière de ce que je désirais faire ou voir. Moi.

Il ne me fallut pas longtemps pour décider, à vrai dire et, sa manche bientôt dans ma main, je le dirigeai vers la première boutique devant laquelle nous étions passé. Il allait choisir quelque chose pour lui. Et sans rétorquer puisque je désirais le remercier et parce que je l’aimais… Enfin… Je l’hamster. Evidemment, il trouva à redire, m’arrachant un rire plus serein alors que les murs de la boutique nous protégeaient légèrement de l’extérieur.

- C’est mal, mais c’est la meilleure idée que tu aies pu avoir pour me donner des armes. Soufflai-je.

Cela, néanmoins, n’allait pas nous faire avancer : que voulait-il ? Il semblait gêné. Et j’admettais que le rouge de ces joues ne m’aidait pas à rester insensible. Sans pour autant m’approcher, je le laissai prendre cette simple paire de chaussette pour me la tendre. C’était tout ?... Visiblement, car il ne voulait pas me donner plus.

- Mauvaise réponse. Répondis-je en prenant néanmoins la paire en main – puisqu’elle ferait bien évidemment partie des achats. Je te préviens. Je ne suis pas grand spécialiste des vêtements.

Je savais m’habiller, je savais aussi bien me faire voir que me faire oublier, quoique ce deuxième point soit bien plus utilisé que le premier, mais la mode n’était certainement pas ma plus grande passion alors… Ce serait à ses gestes et périls. Un sourire amusé aux lèvres, j’observai rapidement qu’aucun autre élève ne se trouve dans la boutique avant d’attraper ma baguette discrètement, verrouillant la porte d’entrée. La commerçante serait remerciée pour ce qu’elle ne savait pas, évidemment, mais je préférais prendre toutes les précautions du monde.

Alors, observant autour de moi, je passai à travers les quelques portants pour attraper pull et veste qui me semblaient adaptés au Quidditch avant de revenir vers Mika lui tendant les deux vêtements dans un sourire.

- Comme ça, tu penseras à moi en les mettant quand tu seras à tes entraînements ou le week-end. Quand…

Je soupirai doucement, observant, instinctivement de nouveau, la boutique pour m’approcher de lui et le prendre dans mes bras, le poussant doucement dans la seule cabine d’essayage présente pour nous assurer le plus de discrétion possible.

- Quand je ne pourrais pas faire ça. Murmurai-je doucement avant d’enfouir ma tête dans son cou. Désolé… Je ne pensais pas que ce serait si difficile de… De faire semblant. De m’empêcher de te dire que je t’aime. Pardon… Soufflai-je dans un rire malgré tout amusé. Que Hamster.

J’avais fini par retrouver le contact de son corps, m’apaisant presqu’immédiatement. Devoir se contenir était difficile, ne pas pouvoir le toucher, lui prendre simplement la main ou lui dire que je l’aimais était bien plus difficile que je ne l’aurais pensé. Mais là, à l’abri des regards, cela n’avait pas d’importance. Répondant à ses lèvres de toute la tendresse que je maintenais jusque là dans mes regards, je soupirai de soulagement, un soupir interrompu par le mouvement de Mika.

Surpris, j’avais glissé une main sous ses fesses, gardant l’autre dans son dos pour lui assurer la meilleure stabilité alors que ses lèvres reprenaient possession des miennes, me poussant dans de nouveaux retranchements auxquels je n’avais pas pensé jusque-là. Des retranchements qui ne firent que me faire profiter d’autant de ses lèvres, me perdant dans son souffle avant que sa voix ne m’attire dans la réalité. Ses lèvres sur mon front, les joues rouges de ce à quoi j’avais pu penser, je le laissai retrouver le sol en me reculant d’un pas pour me coller au mur opposé pour l’observer, refusant de le quitter des yeux.

- Tu trembles ? M’inquiétai-je malgré tout à mi-voix. Tu n’as pas froid ?

Car c’était là l’explication la plus plausible que je pouvais trouver à cet instant. Cela dit, si c’était cela, au moins mon pull servirait… Ou pas.
Le vêtement enfilé, j’avais cligné des yeux avant de me mettre à rire à sa suite. Bon… Je n’étais définitivement pas spécialiste.

- Quand je cherche pour moi, je prends au hasard et j’ajuste ensuite. Admis-je en attrapant sa manche pour vérifier à quel point je m’étais trompé. Il me semblait quand même plus petit que ça…

Je n’avais pas le compas dans l’œil. C’était certain.

- Ou alors… Je pourrais te dire que c’était pour que tu puisses accumuler les couches pour être certain de ne pas avoir froid.

Mais ce serait un mensonge. Je m’étais seulement lamentablement trompé de taille, et de loin puisqu’il aurait même été trop grand pour moi visiblement…

- Mais ce n’est pas faute de t’avoir regardé. Avais-je avoué en me mordant instinctivement la lèvre inférieure. Enfin… Ce n’est pas… Je n’ai pas… Enfin je ne t’ai pas regardé trop… Enfin…

M’emmêlant les pinceaux dans mes explications, je fronçai les sourcils. Dans quels beaux draps m’étais-je mis…
Fort heureusement, Mika revint à la charge, refusant l’achat dans un espoir d’attendrissement suprême. Baissant le regard sur son visage, sur ce sourire dont je ne me laisserais jamais, sur ses manières mignonnes je… Je soupirai profondément, levant les yeux au ciel avant de me permettre une grimace. Une seule, pour preuve de mon agacement amusé.
Doucement, ma main glissa sur sa joue, malgré tout réellement attendri. Il avait gagné. Caressant le grain de sa peau, je me penchai vers lui pour l’embrasser, tendrement, amoureusement.

- Tu as gagné la bataille. Pas la guerre. Murmurai-je contre ses lèvres avant d’en reprendre possession dans cette même douceur. Et Hamster plus que tout aussi. Lui soufflai-je dans un léger sourire. Je t’aime Hae. Même si j’admet que je ne suis pas convaincu de bien savoir ce que représente « l’infini et plus loin encore », plaisantai-je en me redressant. On devrait y aller. J’ai verrouillé la boutique, admis-je un peu honteux. Cette pauvre dame va perdre des clients et…

Mmh. Au bruit de la porte, elle avait dû se rendre compte de la supercherie. Mince. Esquissant un sourire désolé, je volai un nouveau et dernier baiser à Mika, caressant lentement sa joue, avant de m’éclipser de la cabine, l’air de rien, pour aller payer la paire de chaussettes que je n’avais pas quitté.

- Ca te dit… Est-ce que cela te dit qu’on cherche de quoi manger ce midi et qu’on s’installe au soleil ? Il doit peut-être y avoir un parc pour cela ? Et il paraît que le soleil ferait du bien à ma peau. Soufflai-je lorsqu’il réapparut devant moi.

Si un instant j’avais eu peur qu’il puisse avoir froid… Il n’en était rien et je ne mis pas longtemps à comprendre ce qu’il s’était passé en lui. Une chose que je connaissais et que… Les joues légèrement plus rouges, je secouai la tête pour chasser mes pensées. Cela venait seul… Cela pulsait… Et… Un instant j’eus l’incommensurable envie de l’embrasser, de lui faire ressentir ce que je pensais savoir être. Un instant, mes désirs prirent le dessus. Un instant fugace alors que je chassais bien plus loin mon avidité afin de me concentrer sur le reste, sur l’endroit où nous nous trouvions.
Par chance, son essayage me permit de chasser mes pensées tendancieuses, me faisant même rire alors que j’admettais m’être bien trompé sur ce coup avant qu’il ne me fasse hausser un sourcil.

- Je vais prendre ça pour un compliment. Je t’appellerais quand j’aurais besoin de vêtements, alors. Soufflai-je dans un léger sourire.

Des compliments que j’aurais pu lui faire, alors qu’il me faisait part de sa taille… Une taille que je connaissais pour l’avoir observé sans que je n’arrive à l’admettre ou à le prononcer, m’enfonçant dans des méandres de mots hésitants malgré moi, le faisant rougir ce qui lui donnait un air bien trop… Détournant à mon tour le regard, j’eus de nouveau du mal à chasser mes pensées alors que je me surprenais toujours à aimer voir les joues de Mika se teinter de rouge.
Mais il m’obligea à me sortir de mes pensées, gagnant une bataille alors que je lui précisai qu’il ne gagnerait certainement pas la guerre, quand bien même était-il « amour et paix ». Alors, lui soufflant à nouveau que je l’aimais, à sa suite, j’esquissai un sourire, bien plus tendre. L’infini ne serait pas suffisant… Il avait raison. Rien ne serait suffisant pour qu’à son instar je puisse définir ce que je ressentais pour lui.

Mais le temps nous était compté et il n’eut même pas le temps de s’insurger pour mon geste que je regrettais de toutes les manières déjà et qui avait été visiblement bien rapidement découvert. Ainsi, quittant la cabine aussi rapidement que nous étions entrés, les chaussettes payées, j’attendis le sorcier afin d’émettre une nouvelle proposition. Proposition qui fut acceptée avec un enthousiasme qui m’arracha, encore, un rire. J’allais devoir cesser de me dire impassible en public s’il était près de moi… Cela ne me dérangeait pas mais… Sûrement allait il falloir que je me force avec d’autres pour que cela ne soit pas trop étrange. Enfin… Ce serait un débat que je tiendrais avec moi-même plus tard. Préférant me concentrer sur l’instant présent, je soufflai doucement à son remerciement, secouant doucement la tête.

- Tu le remercies déjà. Répondis-je simplement avant de réfléchir rapidement à la manière de dire les choses ici, en public. Un hamster n’a pas besoin de remerciement ou de grand-chose. Soufflai-je. Il suffit que son propriétaire soit heureux et qu’il continue à lui sourire. Et le hamster se sentira toujours bien comme cela. Avec son soleil. D’accord, Hae ?

Mon regard se posa sur lui, ce même regard qu’il était le seul et serait toujours le seul à connaître, celui qui ne faisait que lui montrer à quel point je pouvais l’aimer.
Il voulait néanmoins, « pour la peine » trouver l’endroit le mieux exposé. Soit. Cela ne me dérangeait pas vraiment, le soleil ne me dérangeait pas, au contraire. Quoiqu’il veuille me donner…

- Un truc ? Répétai-je alors qu’il relâchait ma main qui ne pu s’empêcher de frôler la sienne au passage. D’accord.

Je lui faisais confiance de toutes les manières. Quand bien même je ne comprenais pas réellement ce qu’il voulait mettre… Que je mette sur mon visage. Mais soit.
Avançant ainsi dans le village, je finis par m’arrêter devant une boutique qui ne payait pas de mine mais semblait vendre de quoi manger et de la bieraubeurre à emporter alors… Pourquoi pas ? Ouvrant la porte pour laisser passer Mika, je le laissai commander ce qu’il désirait en premier, précisant que tout serait payer ensemble pour ne pas réellement lui laisser le choix, cette fois. Comme une nouvelle bataille ouverte que j’allais gagner. Evidemment.

Lorsque ce fut chose faite, une pork pie et des Sausage Rolls commandés sans oublier deux bieraubeurres, je payai le tout, ne laissant certainement pas Mika faire le moindre geste alors que je lui offrais un sourire amusé voire même… de défi, je l’admettais.

- Un endroit exposé au soleil et à l’abri des regards, tu penses que ce serait possible ? Soufflai-je. Enfin… Les hamsters resteront exposés mais…

Mais si je pouvais ne serait-ce que lui tenir la main l’espace de notre repas, je ne dirais pas non. Dans tous les cas, il était le plus papillon de nous deux, il remarquerait certainement bien plus facilement l’endroit idéal pour que nous puissions nous y installer.

- Je te laisserais mettre ce que tu veux sur mon visage. Repris-je alors à mi-voix. Mieux vaut qu’aucune zone ne soit oubliée, non ?

De fausses excuses, bien sûr, mais je n’avais de toutes les manières plus que cela pour me rattraper.

J’étais beau… C’était la première fois qu’il me le disait, qu’il définissait ce que j’étais physiquement et… Et cela fit du bien. Plus que je ne l’aurais imaginé. Mais je ne pus le lui dire ou le lui montrer qu’il nous fallut, déjà, quitter les lieux.
Dehors, Mika en vint à me remercier pour le cadeau que j’avais tenu à lui faire. Inutile, à mon sens. Ce n’était presque qu’un juste retour des choses puisqu’il me rendait heureux. Enfin… Que le propriétaire du hamster que j’étais me rendait heureux. Propriétaire… C’était un mot étrange et pourtant parlant. Sans pouvoir lui dire, sans que je n’arrive à l’exprimer, je voulais qu’il le comprenne. Quoiqu’il puisse se passer, quoique je doive faire pour ma famille, je ne serais qu’à lui. C’était là tout ce que je désirais. Quand bien même il voulait me mettre une crème avec un « spf » sur le visage.
Enfin. Au moins m’expliqua-t-il de quoi cela relevait, chose que j’acceptai donc. Sans vraiment me poser de question. Je lui faisais, de toutes les manières, confiance et au vu du nombre de produit qu’il utilisait… Certainement était-il plus à même de savoir ce qui était bon que moi.

Ce fut rapidement que l’on trouva un endroit pour commander à manger. Bien sûr, Mika ne paya rien. Comme je le lui avais dit. Et c’est avec un sourire amusé que j’observai sa moue boudeuse, soufflant alors à mi-voix.

- Qu’est-ce que tu as dit tout à l’heure ? Ça va, ce n’est rien. Ne boude pas.

Un écho presque parfait à ses propres mots alors que nous quittions la boutique pour rechercher un lieu où nous installer. Un lieu que je désirais au soleil, pour lui, mais aussi à l’abri des regards. Juste pour que… Pour que les hamsters puissent se gratter derrière l’oreille ? Arquant un sourcil à cela, je ne pus m’empêcher de rire, secouant la tête de gauche à droite.

- En quelque sorte. Admis-je avant de lui indiquer que je le laisserais mettre ce qu’il désirait sur mon visage de toutes les manières.

L’excuse de l’absence de miroir me permettant de faire les choses était toute trouvée, et il la comprit bien rapidement. Tant mieux.

Avançant à travers les rues, je suivis Mika jusqu’à ce qu’il ne se décide à s’arrêter dans un lieu qui semblait, à première vue, désert. Parfait… M’installant ainsi au sol, je le laissai en faire de même et, comme convenu, s’occuper de cette crème à spf ou… Ou quelque chose de la sorte. Fermant les yeux, je le sentis faire, me rendant seulement compte que son contact, quoiqu’il puisse être, m’apaisait bien plus que toute autre chose.

- Dommage. Répondis-je dans un murmure lorsqu’il m’indiqua avoir terminé et surtout n’avoir rien oublié.

Rouvrant enfin les yeux, je l’observai alors s’installer, faire face au soleil, à ce qu’il égalait dans sa lumière. Il était parfait. A la lumière des rayons de l’astre nous réchauffant, Mika était parfait. Magnifique. Je n’avais pas besoin de parler, pas besoin de l’exprimer car seule l’image qu’il me laissait parlait pour elle-même. A cet instant, même le toucher devenait importun. Et mon sourire autant que mon regard fixés sur lui ne pouvaient laisser qu’entrapercevoir un centième de ce que je pouvais ressentir pour lui. De l’apaisement, de la joie, une sérénité qu’il était le seul m’apporter. J’avais, à vrai dire, l’impression d’être à ma place, la seule qui avait été faite pour moi dans ce monde. A ses côtés. Juste… Près de lui. Profitant de son propre soleil, le soutenant, l’encourageant autant qu’il en aurait besoin, s’il en avait besoin. Je voulais seulement être là. Prendre sa main et ne plus la lâcher. Quelle que soit les événements qui nous attendraient. Je ne voulais pas le laisser partir. Et si je me rendais compte de l’égoïsme dans lequel je m’enfermais, je ne pouvais pas penser autrement. Je l’aimais. Comme je n’avais jamais aimé personne. Il était le premier. Le premier qui m’avait appris à ne pas avoir peur, qui me l’apprenait encore. Celui qui essayait de me donner confiance, de me donner une vie que je n’avais jamais eu par ma faute plus que par celle de mes parents. Je n’avais jamais été confiant, jamais été en accord avec moi, refusant ce que j’étais par peur de tout perdre. Et si cette peur ne me quitterait certainement jamais… Mika l’apaisait, malgré tout. Quand j’étais avec lui, quand je l’observais de la sorte, mon cœur s’allégeait…

Revenant à lui, s’excusant, je soufflai doucement, un léger rire s’échappant alors que je secouai la tête de gauche à droite.

- Tu aurais pu continuer. Lui indiquai-je sans que mon sourire ne se fane, trop absorbé par sa lumière pour cela.

C’était la faute de la météo pourrie. Je pouvais le comprendre. Il était vrai que le soleil n’avait pas réellement était tous les jours au rendez-vous depuis que j’étais arrivé. Aujourd’hui faisait peut-être parti des premiers jours où nous pouvions le voir briller aussi fort.

- Puisque les beaux jours reviennent, il va donc nous falloir changer nos habitudes s’il te manque autant. Soufflai-je en attrapant de quoi manger. Des repas et des révisions près du lac noir ? Proposai-je. Tu aurais le soleil et si tu as tant besoin de musique pour garder ton esprit, je chanterais même pour toi. Plaisantai-je en lui tendant une partie de ce que j’avais moi-même commandé afin qu’il y goute, dans un naturel qui n’était plus à prouver. Comme ça, tu profiteras encore plus de ton bronzage, même si avec ou sans, ça ne changerait pas grand-chose à ce que je vois en te regardant. Murmurai-je plus doucement, détournant les yeux pour me concentrer sur ce que je tenais entre les mains.

Rapidement, mon regard se porta autour de nous. Toujours personne. Soit. Me décalant légèrement sans que je ne relève les yeux vers lui, je pris parti de m'approcher, de pouvoir sentir son bras contre le mien alors que ma main, discrètement, prenait la sienne, glissant sur cette dernière pour entremêler mes doigts aux siens.

- Avec ou sans, tu seras toujours la personne la plus belle que je connaisse. Murmurai-je.

Et cela concernait tout ce qui faisait de lui ce qu'il était. Ses qualités, ses défauts, son physique comme son esprit. Tout. Sans exception.

Secouant la tête à sa question, je soufflai doucement. Non. Rien ne pouvait aller mal. Hormis la distance qui nous était imposée, bien sûr. Mais j’étais bien. Seulement peut être toujours un peu soucieux. Je l’étais, de toutes les manières toujours un peu.

- Ne t’en fais pas. Lui soufflai-je ainsi pour toute réponse avant que je ne lui propose un changement dans nos habitudes.

Après tout, cela ne me dérangerait pas non plus de travailler dehors. J’avais toujours aimé la nature, cela ne ferait que me rappeler à quel point je me trouvais bien lorsque j’étais loin de tout mur. Et lui qui aimait la musique, j’en vins même à plaisanter sur une possibilité de chanter pour qu’il ne soit pas dénaturer de notre chambre. Proposition qui ne le convainquit visiblement pas.

- Tout le monde sait chanter. Répondis-je dans un haussement d’épaules. A voir si je chante faux ou pas. Peut-être que tu me supplierais même d’arrêter pour le bien de tes oreilles.

Alors savais-je chanter ou non ? Je n’allais certainement pas lui dire. Non pas qu’il s’agisse d’un secret sur ce que j’aimais faire, non pas que je ne lui fasse pas confiance, bien sûr, mais… Mais je n’avais à vrai dire pas vraiment de mais sur le fait de ne rien dire à ce sujet. Il ne s’agissait que d’une habitude que de ne pas parler de ce que j’aimais faire plus qu’autre chose. De toutes les manières, je n’avais sorti ni guitare ni aucun instrument depuis mon arrivée à Poudlard et cela n’arriverait certainement pas alors… Inutile de tergiverser. A la place, nous avions encore à manger pour profiter du reste de la journée – et du soleil par la même occasion.

J’en profitai alors pour lui faire des compliments, de simples pensées, des certitudes, même, que je pouvais avoir. Il était beau. Quel que soit son bronzage. Et cela même en vampire, j’en étais persuadé. Alors, mêlant mes doigts aux siens, profitant de la discrétion de notre position, j’avais continué… Je voulais qu’il le sache, qu’il se rende compte de ce qu’il était à mes yeux : magnifique. Et… Sûrement fut-ce bien plus le cas que je ne l’avais prévu.
Surpris de son geste, je clignai des yeux, les ouvrant un peu plus grand pour l’observer, sans réellement comprendre sur le coup. Une incompréhension qui ne dura pas. Il… Ce n’était pourtant pas ce que je voulais, ce que je cherchais. Sans le vouloir, par ce qui m’avait semblé être de simples mots, quoiqu’étant une vérité pure, je l’avais déstabilisé, je… Je l’éveillais. Sans même le vouloir, à nouveau, comme dans la boutique, il semblait… Je ne savais pas comment décrire cela. Je le comprenais, mais je ne pouvais décemment pas trouver de quoi le décrire. Son corps était en roue libre… Il ne fallait pas être devin pour le comprendre, de toutes les manières. Fronçant les sourcils, l’air désolé, je fermai les yeux un instant pour reprendre le fil de mes pensées brouillées par un trop plein d’informations.

Le fait de savoir, de l’entendre le dire, de… L’idée qu’il puisse commencer à ressentir quelque chose, du moins autre chose que ce qu’il y avait déjà, alors même que je n’avais rien cherché et que je ne chercherais jamais à le pousser de la sorte… Cette idée me grisait. Plus que je ne l’aurais pensé. A cette simple pensée, une chaleur diffuse s’installait en moi, chaleur que je repoussai, de tout mon esprit, au profit d’une culpabilité, celle de le mettre mal à l’aise.

- Désolé… Soufflai-je en rouvrant les yeux pour les poser sur lui. Je… Je ne voulais pas t’incommoder ou… Enfin…

Fermant de nouveau les yeux pour me concentrer, je ne pouvais que me souvenir de ses craintes dont il m’avait fait part, de ce qu’il venait de me dire. Alors, tentant de prendre sur moi, je rouvris les yeux, à nouveau, portant quelques courtes secondes ma main à son visage, y caressant sa joue avec tendresse avant que je ne recule légèrement pour lui laisser l’espace de respirer, de se calmer, en quelque sorte.

- C’est normal. Avais-je soufflé alors à mi-voix, le ton calme, du moins autant que je le pouvais malgré l’émoi que cette idée provoquait en moi. Ça va passer. Je vais rester là, ça ira ? Murmurai-je alors que j’avais pris le parti de reprendre ma position initiale, plus loin de lui.

Attendre le soir semblait une bonne idée, quoiqu’il puisse être difficile d’attendre dans ces conditions… L’envie de l’étreindre, de lui souffler que je l’aimais, de lui répéter combien il était beau à mes yeux m’était difficile à restreindre. Quoique… L’aurais-je réellement fait face à son malaise ? Aurait-il, d’ailleurs, été mal à l’aise dans notre chambre, à l’abri de tout ? Et moi, aurais-je su réagir à l’abri ? J’en perdais presque mes moyens, mes pensées à ses mots, alors… Etais-je réellement capable de le rassurer ? Je n’en savais vraiment trop rien. Dans tous les cas, il ne fallait pas en parler si cela était une mauvaise idée alors… Le sujet allait être abandonné au moins jusqu’à ce soir, si lui le désirait.

Au moins la conversation put elle facilement reprendre son cours, utilisant ma proposition pour rebondir, Mika accepta ce changement.

- J’accepte même de monter sur ton balai pour que l’on s’y rende. Repris-je à sa suite dans un léger sourire. Tu as tellement bien volé avant-hier que je te fais entièrement confiance pour ne pas me tuer.

Je n’avais pas le vertige, ce n’était donc pas réellement un exploit mais je n’étais pas non plus la personne la plus à l’aise sur un balai. Ainsi, en un sens, j’admettais que laisser Mika diriger ne me dérangeait pas. Bien au contraire.
Attrapant ce qu’il me tendait, j’ne pris une bouchée avant de froncer les sourcils, penchant légèrement la tête, agréablement surpris.

- C’est bon… Soufflai-je. Qu’est-ce que c’est ? C’est vraiment anglais ?

J’admettais ne pas avoir eu de bons échos de la cuisine ici et si pour le moment j’avais pu me nourrir convenablement, je n’étais toujours pas convaincu de l’art culinaire anglais alors oui. J’étais surpris. Vraiment.

- Nous verrons. Soufflai-je cette fois-ci bien peu convaincu par ce qu’il pourrait juger.

Mais sil a conversation s’annonçait légère, si je n’avais fait qu’énoncer des faits que je jugeais innocent, tout s’accéléra soudain. Devenu mal à l’aise, j’avais fini par m’éloigner dans l’espoir de le laisser respirer. Un espoir que Mika vint refuser me demandant de ne pas m’éloigner, pas dans ces moments-là, usant même de mon nom. Figé sur place, je ne savais plus réellement quoi faire. Avancer vers lui à nouveau, reprendre la place qui me semblait être la mienne ou rester éloigné de peur de l’étouffer, de le pousser là où il ne voulait pas aller ? Il refusait pourtant mes excuses. Pourquoi ? Alors que j’avais provoqué quelque chose qu’il ne désirait pas ou au moins pas maintenant ?

- Ton corps ne devient pas fou… Murmurai-je.

Mais il n’avait pas tort, pas vraiment. Nous étions en public, même dans un endroit où nous n’étions, pour le moment, pas entourés, nous restions en public et le moindre geste pouvait être vu et répété. A cet instant, je haïs ma position, j’haïs ce que je lui faisais subir et même ce que j’étais. Tout aurait été tellement plus simple sans cela. Mais je ne pouvais changer ce qui était. Alors… Alors je me contentai d’écouter.
Il avait eu envie. Cela ne m’aidait pas. Ni à calmer mes pensées, ni à calmer ma propre haine. J’aurais tellement voulu être là, faire tout ce qui était possible de faire pour l’aider, le soulager, pour l’aimer n’importe où, n’importe quand. Mais pire que tout cela, à vrai dire… Il s’inquiétait pour moi. Il s’inquiétait pour nous, pour les conséquences qu’un geste vu et répété pourrait avoir… C’était ma faute… Baissant les yeux un instant, je serrai les dents, la colère montante. Ce malaise n’était pas seulement dû à mes mots. Il était dû à ce que j’étais, à ce que je faisais subir. Une colère qui s’arrêta net à ses remerciements. Levant la tête, interdit, je l’observai un instant sans comprendre. Pourquoi me remerciait-il ? Pour des choses si logiques ? Si normales à mon sens ?

- Arrête. Soufflai-je bien plus sèchement que je ne l’avais fait jusque-là.

Observant instinctivement autour de moi, vérifiant l’absence d’âme qui vive dans notre champs de vision, je fronçai de nouveau les sourcils avant que je ne me rapproche soudainement de lui, de son corps, de son visage sur lequel je posai ma main avec une tendresse drastiquement opposée au ton de la voix que j’avais eu quelques secondes avant. Au diable l’endroit où nous étions et le risque que j’avais, je l’espérais, limité par ma vérification. Mes lèvres se posèrent sur celles de l’homme que j’aimais, l’embrassant de toute la force, de toute la passion que mes sentiments avaient pour lui. Le libérant de ma pression, mon front contre le sien, sourcils froncés, je soufflai doucement.

- Ne me remercie pas pour quelque chose de normale. Et je m’excuserais toujours pour ce que je t’oblige à vivre. Si mon ton était plus sec, plus direct qu’il ne l’avait été jusque-là, ma main, elle gardait cette tendresse, glissant jusqu’à sa nuque que je caressai instinctivement. Alors je suis désolé. Et… Soupirant à nouveau, mon ton se radoucit. Je te promets… Je te jure que je ferais tout ce que je peux pour que tu sois heureux, pour que tu n’aies pas à souffrir de cette situation. Je t’aime Mika. Alors… Je te promets que dès que nous serons seuls, dès que nous rentrerons, je te dirais… Je te montrerais à quel point c’est le cas.

Mais je ne pouvais pas rester ainsi, même si je le désirais, même si je voulais encore sentir ses lèvres contre les miennes et sa peau sous mes doigts, il me fallut reprendre ma place. Ma vraie place. Celle à ses côtés, qui me permettait de le toucher, de le sentir sans que cela ne soit trop visible de l’extérieur.

Les choses mises au clair, du moins autant qu’il était possible de le faire ici, nous avions repris sur un tout autre sujet, sur ce que nous ferions de nos soirées maintenant que le soleil revenait. Un sujet plus léger, me permettant de le faire rire, de le revoir sourire avant que je n’hausse un sourcil.

- La différence est que je ne serais pas derrière toi. Je ne ferais que te maudire pour me faire peur. Soufflai-je avec un léger sourire avant que je ne goute ce qu’il me tendait.

Et c’était bon. Bien plus que je ne l’espérais pour quelque chose d’anglais. Et il voulait aussi me faire gouter autre chose ? Attrapant ce qu’il me montrait, j’observai ce qui était censé être un œuf avec, je l’admettais, un peu de méfiance.

- Cette chose a un air assez étrange. Commentai-je à mi-voix.

Enfin… cela ne devait pas non plus être infecte, sinon, personne ne le prendrait. Alors… Je croquai dedans. Tout simplement. Peut être un peu trop. N’ayant pas prévu que l’œuf soit effectivement asusi coulant, je dus rattraper de ma main libre le jaune qui s’échappai dans une grimace amusée. Mais le pire de tout cela ? C’était bon ! Vraiment. Avalant, je me mis à rire secouant ma main pour venir chercher une serviette en papier de celle libérée de l’œuf.

- Je ne pensais pas que coulant voulait dire aussi… Coulant. Riant de nouveau je secouai la tête. Et je suppose que je passe pour un idiot, là. M’amusai-je, me tournant en dérision sans trop de problème. Mais c’est bon. Des scotch egg, c’est ça ?... Donc j’ai les mêmes goûts culinaires que ta mère ? Des goûts de coréens tu penses ?

Je n’étais pas vraiment convaincu qu’il existe des goûts par pays, mais, en y pensant bien, si elle avait grandi en Corée, surement avait-elle néanmoins le même palais que le mien.

- Et toi d’ailleurs… Quel est ton plat préféré ? M’enquis-je dans un sourire. Parce que grâce à toi, je peux avoir ce que je préfère aux repas, mais… Toi, qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que tu aimes ?