La famiglia stringe legami più stretti

Le réveil d’un coma n’avait rien à voir avec ce qu’on pouvait lire dans les romans. Ça n'avait rien de soudain. Rien de vif. Et aux yeux d’Amara, c’était d’aventage un cauchemar qu’autre chose. Autour d’elle, tout avait changé. Matteo avait grandi, si grandi qu’il ne l’avait plus même reconnue, elle, sa mère. Ottavia avait grandi aussi, et quelque chose avait changé. Bella était devenue une mère absolument formidable. Diana souffrait, s’était égarée. Quant à Theodore… il semblait porter le poids du monde sur ses épaules. Elle le voyait à chaque regard, à chaque geste, à chaque nouvelle ride apparues sur son visage. Il avait porté leur famille. Bien-sûr, elle l’avait compris, il avait eu de l’aide. Chris, Blake, Bella, Heather, Engel, Mario… il avait eu un réel soutien. Tous avaient été là pour elle, pour ses enfants. C’était une dette qu’Amara ne pourrait jamais rembourser.

Mais au fond d’elle, ça n’était pas si simple. Elle se sentait émotionnellement perdue, devait retrouver sa place et… vivait avec la culpabilité. La culpabilité de les avoir abandonnés. L’avait-elle choisi ? Non, mais tout de même. La culpabilité se battait parfois de front avec une jalousie de ne pas avoir pu élever ses enfants. C’était son rôle. La mission de sa vie. Elle avait été née pour enfanter, et elle n’avait pas été apte à s’occuper de sa famille. Un précept selon lequel Theodore avait passé son temps à tenter de débarrasser Amara, mais tout de même, il était là, quelque peu ancré en elle. Alors, aujourd’hui, elle faisait tout pour remonter la pente. Tout pour reprendre la main. Tout pour regagner sa place de mère, d’épouse, d’amie, de marraine, de tante. Elle faisait tout, et peut-être trop. Oui, c’était une certitude, elle poussait bien trop loin. Elle avait quitté l’hôpital bien trop tôt, elle enchaînait les rééducations avec bien trop de force mais elle refusait. Elle refusait de rester une minute de plus dans cet état. Elle refusait d’écouter ses muscles crier de douleur à chaque mouvement, elle refusait d’écouter sa fatigue, elle refusait d’écouter son estomac se plaindre à chaque aliment solide. Elle refusait son état. Pire encore, elle refusait qu’on la voit peiner. Un médicomage à domicile avait été embauché pour l’aider à se remettre sur pied et, avec ses visites quotidiennes, il avait bien compris qu’il avait à faire à une sacrée têtue. Oh, il avait bien tenté, au début, de la faire se ménager. Mais il avait abandonné. “Vous préférez quoi ? Que je le fasse sous votre surveillance médicale, où toute seule après votre départ et être retrouvée inconsciente par quelqu’un ?”. Et puis, parce que c’était peut-être le karma, on lui avait imposé une visite de psychomagie par mois. Ça, Amara s’en serait bien passée. Le pire dans tout ça, c’était qu’il lui fallait un psychomage… de confiance pour permettre à Amara un réel traitement. La seule, qui avait pu rentrer dans cette description n’était autre que Venus Carter. Venus Carter. Ironique, non ? Probablement. Même elle, elle avait changé. Acceptée par Blake au sein de la famille ? Amara avait d’abord cru à une plaisanterie avant de comprendre que les Nott étaient bien sérieux. Même ça, ça avait changé. Elle ne reconnaissait plus rien. Mais entre savoir que Venus était acceptée et accepter de lui dévoiler ses secrets, il y avait un monde. La première visite de la psychomage, Amara s’en souvenait à peine. Il fallait dire que, c’était juste après son retour à la maison et que la fatigue avait pris le pas sur toute conversation élaborée possible. La deuxième… la deuxième, survenue la semaine passée, Amara avait prétendu être plus épuisée qu’elle ne l’était vraiment. Mais elle le savait, elle ne pourrait absolument pas jouer cette carte-là la prochaine fois.

Mais à demain ces inquiétudes. Aujourd’hui, Amara accusait réellement le coup de ses efforts trop prononcés. Il fallait l’avouer, entre les douleurs musculaires, les anciennes plaies de l’accident et les cauchemars intenses qui l'empêchaient de dormir, ces derniers jours avaient été plus complexes. De là à le montrer à sa famille ? Elle tentait de le faire le moins possible. Pour autant, cette volonté serait mise à rude épreuve en ce jour. Profitant qu’Ottavia et Matteo fassent une sieste bien méritée, Amara avait tenté de se remettre à sa rééducation. Les escaliers demeuraient quelque chose de délicat. Il fallait l’avouer, Theodore ne s’était pas moqué d’elle quand il avait acheté cette superbe demeure. Mais voilà… elle était REMPLIE d’escaliers et plus vite Amara parviendrait à dompter son souci, plus vite elle reprendrait sa vie en main, du moins au sein de sa demeure. Alors… son médicomage tout juste parti, elle continua l’exercice seule, persuadée qu’elle pouvait aller plus loin qu’il ne l’avait poussée aujourd’hui.

Et pourtant… pourtant non. À être têtue, voilà ce qu’elle gagnait. Peu habitué aux efforts physique, sa jambe droite lâcha sous la tension du poids de son corps et de l’effort. Amara tenta de se rattrapper à la rambarde, mais en vain, ses bras, eux aussi, ayant perdu de leur force. Elle dérapa donc, dévalant le reste de l’escalier quasiment sur les fesses, elle poussa un gémissement de douleur et un juron de frustration. Le cœur battant, le souffle haletant, elle écrasa son poing contre la marche de marbre, frustrée de ne pas pouvoir faire quelque chose de si simple.

- Atlas si tu racontes ça je t’enferme, grogna-t-elle avec fureur en sentant une présence en bas des marches.

Elle releva les yeux, s’attendant à croiser le regard du golem, mais se trouva bien vite détrompée. Chris. Chris venait d’assister à sa chute. Elle le regarda, mâchoire crispée sentant bien qu’il serait peut-être moins conciliant que le golem. Probablement plus moqueur, c’était certain. A vrai dire, à passer à l’improviste et s’incruster, Chris avait probablement assisté à quelques scènes depuis son retour. Mais une chute dans les escaliers… c’était une première. Elle laissa échapper un long soupir, ayant bien du mal à masquer sa frustration et son énervement envers elle-même. Se doutant que Chris n'allait à la laisser comme ça en plan, elle lui tendit sa main pour qu'il l'aide à se relever. Les politesses arriveront probablement plus tard, quand elle ne serait pas éclatée au sol et que sa fierté en aurait fini d'être bafouée. Déjà au moins, elle était maquillée, relativement coiffée et parée d'une robe. C'était déjà ça.

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Amara arqua un sourcil face à Chris. Évidemment qu’il n’allait pas laisser passer ça. Ça aurait été bien trop beau. Atlas aurait pu être forcé au silence, mais Chris serait plus complexe à faire taire. Lui, ne vivait pas pour la servir. Dommage.

- Tu sais que tu n’as aucun intérêt à révéler ça, fit-elle remarquer en le foudroyant du regard, main toujours tendue pour qu’il l’aide à se relever. Si tu le fais, tu finirais de corvée de baby-sitting.

Et puis, il l’observa fixement avant de parler de ses culottes et du fait qu’il avait presque envie de la laisser se débrouiller pour lui enseigner la vie. Il était vrai qu’ils avaient toujours eu une relation… particulière. Une relation que, au fond, ils étaient peut-être les seuls à comprendre. Elle n’avait dépassé l’amitié, par contre. Même en dépit des nombreuses étreintes torrides, il n’y avait jamais eu plus qu’une amitié fraternelle. Ou peut-être pas fraternelle. Mais d’un coté… maintenant qu’elle était devenue une Nott… si, un peu. Erh, ça devenait vraiment bizarre.

- Ça non plus, ça n’aurait aucun intérêt.

Il l’aida néanmoins à se relever et Amara prit appui sur ce dernier. Elle en avait besoin. Ses muscles n’étaient pas ce qu’ils avaient été et cela se voyait, jusque dans ses formes un peu moins prononcées de part là perte de poids. Il fallait l’avouer, la manière avec laquelle les médecins moldus l’avaient nourrie n’avait pas été la chose la plus gastronomique.

- Un assen-quoi ? Mais de quoi tu parles ?! lança-t-elle avec un certain dramatisme bien à elle (qu’elle ne trouvait absolument pas dramatique pour sa part). Quelle ignominie. Tu sais combien de temps ça nous à pris de retirer toutes les monstruosités moldues de cette maison ? Hors de question d’en remettre.

HEUREUSEMENT, quand Theo lui avait offert cette demeure, il avait laissé carte blanche à Amara. Et HEUREUSEMENT, ils avaient eu la jugeote de tout mettre aux normes sorcières. Non mais vraiment. Vi-fi, élé-ktricité… que des choses purement inutiles. Et dangereuses. Et franchement basses. Les inventions moldues n’avaient strictement rien à faire dans une demeure familiale de leur pédigrée.

Et puis il s’enquit de savoir ce qu’elle fichait en bas de toute façon et où étaient les enfants. Un léger sourire se dessina sur le visage d’Amara à la dernière question. Que Venus se soit occupé des enfants l’irritait. Que Chris ait été là, bien moins. Même s’il avait refusé la paternité, il était un membre de la famille.

- Ils font la sieste, mais tu as de la chance, Ottavia ne va pas tarder à se réveiller, répondit-elle avec un sourire semi taquin. Tu peux dire ce que tu veux, mais elle m’a demandé plusieurs fois quand “oncle Chris” viendrait-il.

Sans trop indiquer le pourquoi du comment à Chris, elle usa du bras de ce dernier pour faire quelques pas de plus et passer dans ce majestueux salon. Abusant totalement du bras de son ami, ou du moins ex-amant devenu cousin, elle les dirigea jusqu’à la terrasse extérieure où il faisait déjà bon pour cette fin de printemps. Même si chaque pas était une torture, elle tenait, ne laissant que deviner de sa peine la pression qu’elle opérait sur le bras de Chris. Et hors de question qu’il lui dise qu’elle ne ferait mieux pas. Elle s’installa alors sur l’un des sofas extérieurs, non sans lâcher un soupir de soulagement.

- Voudrais-tu un verre de vin ? Tu n’es pas venu jusqu’ici pour admirer mes dessous, j’imagine. Même si tu as tort, celui-là, tu ne le connaissais pas. Je tairais la raison de leur achat néanmoins, répondit-elle avec un air narquois volontairement destiné à le taquiner.

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- C’est ce qu’il se passe quand on vient sans invitation, répondit-elle avec un air moqueur. J’aurais pu être occupée à bien d’autres choses !

Cela dit, la remarque sur Venus la fit voir immédiatement rouge. Venus s’était approchée de ses enfants et même si Amara désapprouvait le patrimoine génétique de la petite amie de Chris, ce qui “l’emmerdait” vraiment, au fond, c’était que d’autres femmes aient dû endosser son rôle. Blake, Engel, Sienna, Venus, sa propre mère. Elle avait failli à son rôle de mère. La différence, c’était simplement qu’elle pouvait coller tout ça sur l'ascendance de Venus et laisser éclater sans réprimande. Enfin… cela commençait à changer aussi. Blake semblait avoir accepté la chose. Seul Theodore restait fidèle aux abonnés dans ce qu’on pourrait totalement décrire comme du racisme.

- Elle n’a aucune raison de s’en approcher. Les consultation de psychomagie sont déjà bien assez une plaie.

Imposer Venus à Amara était déjà culotté, même si la seule option viable puisque c'était la seule psychomage de leur entourage ayant connaissance des secrets familiaux. Cela dit, Amara n’avait jamais cru en la psychomagie. Elle avait toujours vu ça comme une science inutile. Elle s’était même écriée quand elle avait entendu parler de cette histoire qu’Engel avait cherché à convaincre les Yaxley d’envoyer Diana en thérapie. Chris connaissant tant l’opinion d’Amara sur la psychomagie que sur Venus, il était bien placé pour connaître l'ampleur de la mission qu’on avait confiée à sa petite amie.

Mais Chris s’était rattrapé, l’avait aidée à se relever. Son comportement de gentleman n’avait néanmoins pas duré parce qu’il s’était empressé de parler de l'ingénieux moldus, ce qui ne manqua pas de faire lever les yeux au ciel notre dramatique Amara pour toute réponse. Néanmoins… il marquait un bon point sur les elfes de maison. C’était une option viable.

Cela dit, Amara savait bien comment mettre Chris mal à l’aise et le taquiner sur l’amour que lui portrait Ottavia était fichtrement amusant. Le “oncle Chris” n’avait pas manqué de l’achever, parfait.

- Tu n’es plus si loin de la cinquantaine, tu sais.

Elle le conduisit alors dehors, sur la petite terrasse gorgée de douce lumière. Chris la retenait, mais nul ne le mentionna. Amara en était reconnaissante, puisqu’elle risquait bien moins une chute et qu’elle avait à fournir moins d’énergie, mais sa fierté l’empêchait de verbaliser sa reconnaissance. Elle devait prouver qu’elle était sur pied. Littéralement. Alors qu’il accepta, elle fit intervenir le golem, demandant deux verres de vin. Le golem tiqua, non pas sur le verre de Chris, mais celui d’Amara, prétextant que ça n’était pas si conforme aux consignes du médicomage et qu’il devrait peut-être demander l’avis dudit médicomage ou de Theodore. Fichu golem. Pourquoi Theo avait-il ajouté à la chose les connaissance en matière de soins à un patient ?! Mais Amara répéta son ordre, et le golem abdiqua, ayant aussi pour consigne d’écouter sa maîtresse.

Chris affirmait être venu prendre de ses nouvelles, préférant son était de conscience à son état de coma.

- Je vais très bien, dit-elle avec un sourire, bien que son interlocuteur la connaissait bien assez pour savoir qu’elle enjolivait terriblement les choses. La colavelence se passe très bien. Les choses ont reprit leurs cours.

Elle lui sourit de nouveau, de ce sourire qui fonctionnait sur bien des gens, mais probablement sur aucun des trois Nott adultes. Chose dont elle se souvint et qui lui fit baisser les yeux dans un reflex de soumission, dernières petites traces de ses longues années de mariage avec Corban. La liberté était encore parfois difficile à maîtriser. Elle releva les yeux lorsqu’il sorti un… objet étrange. Un mini piano, moldu, contenant des “piles”. Apparemment, Ottavia aimait ça. Amara fronça les sourcils avec incohérence. Néanmoins… elle voyait bien qu’il essayait. Qu’il essayait vraiment. Même avec Matteo, qui eu son propre petit cadeau. Amara observa les deux objets et les posa sur la table basse. La meilleure manière de désarmer la sorcière était toujours ses enfants. Elle hocha doucement la tête et prit la main de Chris avec tendresse.

- Je te remercie.

C’était un terrain un peu inconnu. Chris était leur père biologique, et il se voyait au rang d’oncle. De base peu à l’aise avec les enfants… la situation devait être complexe pour lui, Amara n’était pas assez sotte pour ne pas le comprendre.

- Pas que pour ça, mais… aussi d’avoir été là pour eux.

Ca faisait mal à dire. Amara se détestait toujours autant d’avoir été absente. Mais les faits étaient là, les gens avaient été présents et ses enfants correctement bichonnés.

- Je sais que ça a été difficile. Matteo… est trop jeune pour s’en rappeler mais… séparer un nouveau né de sa mère est complexe. Et… Ottavia… elle soupira. Theodore m’a dit qu’elle avait été difficile.

Difficile, c’était un euphémisme. De ce qu’elle avait entendu… Ottavia avait été parfois plus proche du cauchemar, mais… pouvait-on vraiment le lui reprocher ? Du haut de ses cinq ans, elle avait été confrontée à des choses bien trop difficiles à comprendre et les accidents enflammés (littéralement) avait heureusement été géré avec brio par les Nott.