Mika refusait évidemment mon idée de serment inviolable. Cela ne m'étonnait pas alors que je serrai les dents. C'était pourtant, à mon sens, l'idée la plus simple, la plus logique pour le protéger, lui. Mais je ne répondis pas, concentré sur mon sort, concentré sur ce qui devait être fait alors que je craignais le pire. J'avais essayé de réfléchir à ce qu'il pouvait se passer, aux différentes possibilités mais l'avais-je réellement bien fait ?
Nous mettant en route, nous allions rapidement le savoir alors que déjà un autre nous arrêtait, me faisant me crisper d'autant et... Non...
Mon regard se durcit alors que je croisai le regard de ce connard de thaïlandais. Je n'avais pas pensé à tout et je le compris immédiatement. Avant, même, que la douleur ne me fige sur place. Je la connaissais. Je l'avais déjà vécu mais... Mais impossible de s'y attendre alors que j'en lâchai ma baguette, tombant au sol dans un hurlement de douleur qui s'arrêta heureusement rapidement, me laissant tremblant, hagard.

Mon sort... Ce fut ma première pensée. Une pensée rapidement remplacée par l'image de mon mari vers qui je levai la tête, soudain terrifié tant de le voir agir et trahir malgré lui que de le voir victime d'un sort qui m'enserra de nouveau bientôt le corps et le coeur. Me tordant au sol, incapable de trouver la moindre accroche, j'en vins même à supplier, un instant, croyant devenir fou.

- Pi... tié... articulai-je dans un nouveau cri de souffrance.

Impossible de ne pas le faire, impossible de réfléchir à autre chose que l'envie que cela cesse alors que... Le sort cessait et... Il ricanait... Qu'est-ce qu'il se passait ? Je n'en savais rien. Les yeux fermés, tremblant douloureusement comme si l'électricité passait encore dans mes veines, je restai là, immobile, à moitié conscient de la réalité. Et maintenant ?

La douleur avait été infinie. Tremblant de toute part, je n'avais pas réellement compris ce que me demandais Mika, sachant juste qu'il ne devait pas ouvrir ce pont, pas comme ça, pas quand mon corps n'était plus qu'une boule douloureuse que je n'arrivais pas à contrôler. Alors j'avais accepté. Sans réfléchir.

Et j'aurais dû.
J'aurais dû réfléchir. Mais c'était trop tard. Et... Et où était-il ? Mes pensées se mirent à tambouriner dans ma tête alors que mon corps tremblait encore. De douleur mais aussi d'une panique montant doucement mais trop sûrement pour qu'elle puisse être ignorer.

Mika...
Où l'avait-il emmené ?
Qu'allait-il lui arriver ?
Pourquoi s'était-il éloigné de moi ? De ma vue ?

Mais j'avais fermé le pont. J'avais refusé qu'il ressente ma douleur, au moins conscient de cela et... Je me fis relever. Peu conscient de ce qui m'entourait, je me laissai faire. Me calmer. Je devais... Il fallait... Mais... Je... Mon regard croisa celui de la jeune femme face à moi. Elle me parlait. Me ressaisir... Transplaner et en âge et...

- OU ?! Tu CROIS que je devine où il est ?! hurlai-je hors de moi.

Je savais. Je pouvais savoir mais... Elle parlait. Proche. Trop proche. Elle me touchait les épaules. Elle...
Elle réussit sûrement ce qu'elle voulait. Mais pas de la façon dont elle devait l'avoir entendu. Mon corps se révulsa à son contact auquel je n'avais pas pu me préparer. Aidé par la panique qui peinait à redescendre, mon estomac se retourna et se fut sur ses chaussures qu'il se vida, bien malgré moi.
Désormais à genoux, il me fallut quelques secondes pour réagir, pour sortir de ma torpeur et me figer un instant avant de relever les yeux vers Sarah. J'avais forcé le lien, à nouveau. Je voulais savoir. Elle m'avait au moins permis de reprendre contact avec la réalité et... Là. Ils étaient au-dessus de nous. Trop au dessus pour les entendre mais...

Jizo. Ne le tue pas. Apprends lui seulement qui tu es et ce que ton maître peut t'ordonner.

J'étais un maître. J'étais son maître. Je devais agir comme tel là où j'avais sentis la panique de mon mari. Une panique qui me faisait davantage revenir encore, une panique que je voulais apaiser sans le pouvoir... Hormis par Jizo. La seule solution qui m'était venue en tête. La seule chose qu'il fallait faire.

Le regard froid, j'observai Sarah un instant en me redressant, grimaçant tant la nausée venait de me reprendre, tremblant encore, les muscles endoloris.

- On va chercher des professeurs, articulai-je difficilement. Ils... Ils pourront le localiser.

Non. Mais je ne pouvais pas me permettre de dire la vérité. Et nous avions de toutes façons besoin d'aide... Ou d'autres allaient en avoir besoin.