La famiglia prima di tutto

La sensation était terrible. C’était comme si son propre corps ne répondait plus. C’était comme si tout son corps ne pouvait plus répondre. Tout était… si lourd. Ses paupières, ses mains, ses jambes… tout semblait peser un poids démesuré. Peut-être parvint-elle à bouger quelques doigts. Difficile à dire. La seule chose qu’elle savait, c’était qu’elle avait mal, et qu’à la fois, tout son être semblait n’être fait que de coton. Cette sensation, c’était la sensation qu’Amara avait depuis ses premiers réveils. Ils avaient été difficiles. Atroces. Un mélange d’être là, sans être là. Elle s’était réveillée dans un lieu inconnu, dans un monde inconnu, entourée d’inconnus. Difficile d’avoir la moindre notion du temps. Et pourtant… pourtant le temps était passé.

Mi-septembre, un affreux événement était survenu sur les alentours de la propriété italienne Mancini-Nott. Il avait fallu être rapide et ce sont les secours moldus d’Ombrie qui avaient porté secours à la mère de famille en expliquant, plus tard, à son époux qu’un “accident” avait eu lieu. Elle avait été placée dans le coma pour préserver ses fonctions vitales et un réveil aurait “peut-être lieu un jour”. Pour Amara, ça avait été le noir profond. Elle n’avait eu aucune notion de rien. Du moins… jusqu’à mars, quand son activité cérébrale était enfin revenue à la normale. On l’avait décrite comme ce qui semblait être les signes d’un réveil et on avait demandé à la famille d’apporter de quoi booster certains de ses sens pour aider son réveil. Il avait fallu attendre la dernière semaine de mars pour que finalement elle ouvre les yeux. Elle n’en gardait aucun souvenir, comme si tout ça n’était qu’un vieux rêve. Puis quelques réveils furtifs s’étaient enchaînés, sans qu’Amara ne puisse vraiment communiquer. Du moins…. à l’exception de quelques sifflements de fourchelang. Difficile d’expliquer la chose au personnel médical moldu. Et puis, vint ce réveil d’avril où elle pu enfin répondre à une question simple, avec de vrais mots : “quel était son prénom ?”. “Amara Yaxley” avait-elle dit avant de retomber dans l’obscurité. Et puis, voilà ce jour d’avril qui changea tout. Un réveil plus long, juste assez pour qu’elle réalise où elle était. Des machines, des fils, une aiguille dans le bras ? Amara qui ne connaissait rien au monde moldu s’était trouvé dans un cauchemar terrible. Où était-elle ? Celui là, elle s’en souvenait bien. Elle se souvenait avoir tenté d’arracher ces fils étranges, elle se souvenait avoir hurlé le prénom de son mari au secours. Et puis, plus rien. Le trou noir. Le néant. Mais ce réveil, pourtant traumatisant, avait été une bouffée d’espoir immense. Amara était réveillée, alerte, et ses souvenirs étaient bien assez revenus. C’est après ce réveil qu’on informa la famille avec un peu plus de justesse : le réveil final serait pour bientôt.

À vrai dire, passé le lendemain, Amara ne fut plus aucun retour dans son état comateux. Elle restait alerte, éveillée. Pendant quelques jours, seule la famille proche fut autorisée à venir, pour ne pas brusquer Amara. C’était déjà compliqué de se réveiller, de comprendre avoir manqué six mois et demi de vie, de réaliser que son nouveau-né ne se souvient plus de vous. Il avait fallu y aller en douceur. Mais aujourd’hui, aujourd’hui était un nouveau jour. De la famille très proche, la liste des visiteurs s’agrandissait pour inclure le reste de la famille. Les parents d’Amara, ses frères pouvaient venir. Mais surtout… oh surtout, sa cousine. Connaissant le lien si fort entre les deux, le plus jeune frère d’Amara, Mario, avec qui elle avait commencé à nouer de vrais liens depuis tout juste un an, décida de laisser place à Sienna et tant pis si le patriarche Mancini s’en offusquait.

Cette après-midi là, Amara était seule. Elle émergeait tout juste d’une sieste lorsque de la porte de la chambre s’ouvrit sur une jeune femme, brune au teint hâlée, qui aurait totalement pu passer pour sa petite soeur. Amara cligna des yeux, essayant de se réhabituer à la lumière et de faire appel à ses muscles tout cotonneux pour parler.

- Sienna ?...

La famiglia prima di tutto

Mais loin était la femme qui passait ses journée cloitrée dans un lit d’hopital à peiner bouger le moindre muscle. Loin était la femme pour qui tout devenait rapidement trop. Tôt, Amara avait retrouvé Sienna et même si la visite avait été des plus douce et agréable, elle n’avait peut-être pas été aussi longue que les deux femmes l’auraient espéré. Les séquelles que portaient la désormais-Nott compliquaient tant sa remise sur pied. Des séquelles étranges qui, au fil du temps, avaient commencé à prendre un tout nouveau sens dans l’esprit embrumé d’Amara : ça n’était pas un accident.

Mais cette femme était loin. Elle était très loin. Amara avait décidé de ne pas se laisser abattre. Elle n’avait que trop lu la peine et la fatigue sur le visage de ses proches. Elle avait voulu retrouver sa vie, sa famille, sa place, son rôle. Dire qu’elle avait mené la vie dure au personnel de l’hôpital avait été peu dire. Elle ne tenait pas, poussait bien trop loin pour sortir de là. A vrai dire, à force de supplications d’Amara à son époux de la faire sortir, le Nott avait cédé. Et franchement ? Le personnel de l’hôpital avait été soulagé. L’étrange femme semi paranoïaque et “amnésique au point d’oublier le fonctionnement simple des outils du quotidien” s’en allait.

La suite de la convalescence s’était déroulée au domaine viticole d’Ombrie, que Theodore avait offert à Amara le jour de leur fiançailles.  Toute la petite famille avait suivi, quittant la pluvieuse Écosse pour être aux cotés de la matriarche. De là à dire qu’elle était remise ? Non, une longue convalescence avait commencé. Rééducation, traitement et réhabilitation avaient fait partie de son quotidien. Tout avait été pensé pour que les soins d’Amara continuent à domicile avec un médicomage SORCIER. Oui parce que, Amara au milieu des moldus avait été sacrément compliqué. Mais là encore, elle avait battu le fer. Elle avait poussé les choses bien trop loin, s’était poussé plus loin que ses limites. Sa famille avait découvert Amara sous son tempérament inflexible, et personne n’avait réussi à la raisonner. Elle poussait ses limites pour retrouver sa place, sa vie. Quasiment tous avaient fini par abandonner l’idée de la raisonner. A quoi bon ?

Juillet était arrivé avec rapidité et l’état d’Amara était excellent. Son entêtement avait porté ses fruits et en dépit de quelques séquelles toujours présentes, elle avait retrouvé sa vie. L’été promettait d’être beau et chaleureux. Ottavia était redevenue l’adorable petite princesse pleine d’amour et de curiosité, Matteo qui ne se souvenait plus de sa mère en avril ne voulait aujourd’hui plus quitter les bras de celle qui lui avait donné la vie. Amara avait retrouvé sa place d’épouse, s’occupant de son mariage pour faire de nouveau renaître l’apaisement de Theodore. Bella avait retrouvé le cours de sa vie, retrouvant la complicité de sa mère. Diana… bon, Diana était compliquée, mais Amara avait un plan. Un plan bien ficelé qui allait faire grimacer quelques personnes, mais qu’elle voyait comme unique solution. Tout était de nouveau en place. Tout ? Peut-être pas. Tant de choses s’étaient passé durant son coma. Elle n’avait pas été absente que de la vie de sa famille, mais aussi de celle de sa cousine. Cette cousine qu’elle avait prit sous son aile après les crimes et la mort d’Amos. Cette cousine à qui elle avait fait défaut. Cette cousine qu’elle avait le sentiment d’avoir abandonnée et ça… ça c’était inacceptable.

Alors, Amara l’avait fait venir en cette belle journée de juillet, prétextant avoir besoin de son aide pour Ottavia. Elle avait commencé l’apprentissage de l’écriture à la petite et avait désormais besoin d’une plume adaptée. Qui de mieux placé pour cela que Sienna ? Si le prétexte était réel, Amara voulait surtout retrouver sa complicité avec elle. Maintenant qu’elle était quasiment remise, elle voulait s’occuper de celle qui était devenue une petite soeur. Elle le lui devait bien.

Il était 18 heures et le soleil se faisait un peu moins brutal mais Amara avait tout préparé de son traquenard. Une terrasse idyllique, quelques mets italiens pour un apéritif délicieux et une bouteille de vin blanc de son propre vignoble. C’est donc ainsi que la mère de famille attendait Sienna, patientant son arrivée et que leur golem la mène jusqu’à la terrasse. Amara avait revêtu une longue robe rouge et légère, toujours aussi…. Amaraïenne. Elle avait bonne mine, reprit un peu de poids et retrouvait peu à peu ses formes qui faisait tourner bien des têtes.

Quand Sienna arriva enfin sur la terrasse, Amara se leva en laissant échapper une petite exclamation de joie.

- Ciao bellissima ! salua-t-elle en s’approchant de sa cousine pour venir l’étreindre avec amour.

Même sa démarche était bien mieux, plus naturelle et gracieuse. Cette fichue plaie à la cuisse voyait probablement ses dernières semaines.

La famiglia prima di tutto

Sienna ne manqua pas d’immédiatement qualifier les lieux de charmants. A vrai dire, ça l’était. Ça n’était pas pour rien que la Sicilienne affectionnait bien plus la vie ici, en cette villa, plutôt qu’au manoir Écossais de son époux. Elle laissa échapper un doux rire, ne pouvant qu’être d’accord avec cette dernière. Amara serra tendrement Sienna dans ses bras, cette cousine qui avait si longtemps été presque une inconnue mais qui était devenue une sœur. Une cousine qu’elle s’était juré de protéger, de prendre sous son aile. Une cousine abandonnée d’Amos, tout comme elle, qui avait dû retrouver ses repères loin de ce dernier.

La plus jeune ne tarda pas non plus à la complimenter elle, la qualifiant de rayonnante et se demandant quel était son secret. La Nott laissa de nouveau échapper un léger rire, même si le secret en lui même n’avait rien de bien reluisant. Un dédain pour les règles, un refus complet de se ménager, et un entêtement bien plus fort qu’elle ne l’aurait cru.

- Je n’allais pas rester d’aventage dans cet état, c’est hors de question, répondit-elle avec un sourire avant d’embrasser la joue de celle qui lui ressemblait bien assez pour aisément passer pour une sœur.

Sienna lui avait manqué. Elle et sa gaieté, sa joie de vivre et sa gentillesse. Sienna était… elle était probablement ce qu’Amara serait devenue si elle avait fui avant d’épouser Corban, si Amos l’avait aidé. Sienna avait toujours eu une vie rêvé aux yeux de la Sicilienne. Elle était devenue une femme intelligente, forte, accomplie, qui n’avait besoin de personne pour accomplir ce qu’elle désirait. Elle avait probablement bien plus réussi sa vie que… que toute la gente féminine Mancini au complet.

- Tu m’as manqué, ma douce cousine, dit-elle avec sincérité. Assieds toi, je t’en prie. Tu es ici chez toi.

Ce n'était pas que mesure de politesse. Sienna pouvait sincèrement se sentir chez elle. Le petit côté italien, extrêmement hospitalier, peut-être. Mais elle était la famille. Elle était son sang.

- Tu es arriv

Mais impossible de terminer sa phrase. Un petit cri aigu se fit entendre. Un petit cri de joie, laissé échapper par une Ottavia beaucoup trop heureuse de revoir Sienna. Tout juste âgée de ses six ans, la petite fille se rua tel un boulet de canon de bonheur vers la Mancini, de toute évidence absolument ravie. Amara en laissa échapper un rire d’amusement sincère et plein.

- Ottavia, doucement ! Laisse la respirer ! lança la matriarche en riant. Je suis navrée, Sienna, ta présence n’aura pas été cachée bien longtemps.

Mais s’en plaindrait-elle vraiment ? Amara en doutait. Durant son absence, Sienna avait été présente, là pour les enfants, là pour elle. Et ça, Ottavia le savait. Elle avait accepté Sienna comme un membre entier de son cercle. Probablement comme une tante, qui veillerait toujours sur elle avec tendresse.