face together

Nous venions de ramener les derniers à Pré-Au-Lard alors que le Ministère semblait s’activer. Regardant alors un instant derrière moi pour voir l’école, j’avais un instant hésité à y retourner, mais il était évident que ma magie me ferait défaut. À plus d’un titre. J’avais trop tiré sur la corde et mourir ne serait aider personne. Pour autant, est-ce que là situation générale me convenait ? Non. Trop de souvenir, trop d’enfants en sang et trop d’impression d’échec alors que certaines images se bousculaient dans ma tête.

Je ne me contrôlais plus, c’était bien la première fois que je devais reconnaitre ce fait. La première fois en des années qu’une chose réussissait à ébranler ma conscience. Les fortifications de mon esprit. Et avec ce sentiment fini par tomber mon occulmencie. Offrant l’entière vision de mes pensées à ceux en mesure de le faire. Je n’avais plus le contrôle. Plus la main et à mesure que je voyais des visages, que je reconnaissais des élèves, les images de cette nuit se superposèrent à aujourd’hui. Il n’y avait rien que je ne puisse faire. Pas médecin, pas même capable de lancer un sort des plus basique. Alors où trouver sa place ici ?

« Essayons de rassembler les élèves… » soufflais-je à la femme qui était à côté de moi, sachant parfaitement ce qu’elle devait voir, mais… Ayant moins peur d’elle que quiconque en cet instant. Je préférais qu’elle soit celle voyant tout ça, car elle savait. Elle me connaissait aussi bien que Samaël. Peut-être pas dans les moindres détailles, mais pas très loin.

« Ethan. Ici. » soufflais-je avec moins de dureté alors que je faisais venir à moi le petit première année Poufsouffle trempé jusqu’aux os. « Tes parents ont été prévenus ? », non. Je devrais donc tirer un peu plus. Le rassemblant avec d’autres, j’avais emprunté rapidement deux boutiques, plaçant ceux dont les parents étaient prévenus et arrivés dans une, et une autre pour les parents moldus qui ne pourraient pas venir. « On va tous vous ramener à vos parents d’accords ? », j’essayais d’être rassurant dans la voix. En réalité je l’étais même plus que jamais, essayant d’être doux, loin de l’enseignant intransigeant que je pouvais être. Je n’avais pas besoin de me faire respecter ici, mais bien de soulager leurs peurs. « Il faudrait du chocolat chaud et de quoi les occuper le temps qu’on puisse les prendre en charge. », effacer les images seraient impossible, mais si on pouvait ramener un peu d’enfance dans leurs consciences, peut-être que demain serait moins difficile.

« Il y a quelques chats dehors… Tu penses que tu peux ramener des chutes de plumes, ou des qui ne te serviront pas ? Histoire qu’ils jouent avec, les animaux sont toujours d’une grande aide… » demandais-je alors à Sienna, n’ayant aucune idée de comment faire autrement. Si nous étions avec les moldus, j’aurais volontiers proposé certaines de leurs activités, mais ici ? Je n’avais rien pour eux. Absolument rien pour les distraire. Que des mirages, qu’une illusion pour occuper l’esprit.

ft. Sienna

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Mon regard se porte sur ce champ de ruines et de désolation, le cœur lourd. J'essaie au maximum de fermer mon esprit à ces hurlements de détresse silencieux, à ces pleurs... Si certains essaient de garder une certaine contenance, leurs cris mentaux se fracassent contre la barrière fragile de mon esprit. Ce n'est pas le moment d'être une éponge à émotions. Si je n'ai pas le don d'empathie, difficile de ne rien ressentir face eux pleurs, aux angoisses, à l'affolement de ne pas retrouver un ami, un frère... je voudrais pouvoir tous les consoler, les apaiser, mais cela ne m'est pas possible. Alors je ne peux que repérer les plus atteints, leur apporter un peu de réconfort, de chaleur, un sort de revigor, quelques paroles apaisantes, promettre d'aller voir si un ami ou de la famille a survécu... Ou non. L'évacuation s'est terminée, mais il reste encore beaucoup à accomplir, alors que tout st chaos. Les médicomages, infirmiers, sont débordés.

Mais par dessus tout, les pensées de Marcus m'atteignent. Ses barrières sont tombées et je capte son profond désarroi, son impuissance, face à cette catastrophe que personne n'aurait pu prévoir, et que le personnel a tenté de gérer comme il le pouvait... Ils ne s'en sont pas si mal tirés... Comment lutter face à la fureur des éléments ? Face aux murs qui se sont effondrés comme des châteaux de carte ? Son tourment me donne envie de l'isoler de tout cela, de créer une bulle protectrice autour de lui, de l'aider à reconstruire sa barrières, mais il ne s'agit pas de lui et moi pour le moment. Il s'agit de son devoir d'enseignant, de directeur de maison. Il ne peut pas abandonner ces gamins pour son propre bien et je le seconderais comme je le peux.

Cependant, je sens que quelque chose a changé cette nuit.

Après un an de relation, avec des hauts et des bas, pas tant dans la passion ou l'affection qui nous lie, mais davantage dans notre moral suite aux épreuves de la vie, je sens que cette nuit, je suis devenue importante dans sa vie. Pas simplement un plan cul ou une bonne amie... J'ai senti son soulagement quand il m'a vu, son baiser n'était pas celui du simple désir sexuel, mais la reconnaissance. Je hoche la tête quand il proposer de rassembler les élèves. Je m'y attelle avec douceur et bienveillance. Patience également, face à ces visages terrorisés, ces enfants qui pleurent, qui reculent quand on approche. Marcus les classe en deux groupes, avant de suggérer de quoi les réconforter. Je glisse quelques mots à d'autres commerçants dans ce sens, afin de ramener des boissons chaudes pour les petits, mais aussi des couvertures douces et réconfortantes.

Enfin, il me demande si je peux ramener des plumes endommagées pour distraire les chats et les enfants. « Bien sûr. » Il ne me faut guère de temps pour me rendre à ma boutique, ravagée, en désordre, faisant léviter les plus belles plumes... Que sont ces plumes face à quelques sourires ? Je ressors, le temps s'étant calmé, avec ma myriade de plumes autour de moi. Puis, je ferme les yeux et puise dans mes plus beaux souvenirs, avant que mon patronus, un chat, bondisse joyeusement de son extrémité, venant tourner autour des quelques chats présents, les entraînant au jeu, et à rejoindre les enfants. Doucement, je me rapproche de Marcus, glissant une main autour de sa taille. « Ils seront bientôt dans les bras de leurs proches. » Même si certains manqueront à l'appel et que le vide ne sera jamais comblé. Je pince les lèvres à cette pensée pessimiste, mon patronus vacillant et disparaissant, laissant la place aux vrais chats. « Tu as fait ce que tu pouvais, Marcus. Les chances n'étaient pas de votre côté. Mais ces gamins te doivent la vie. Ne te concentre pas sur les échecs, mais plutôt sur les réussites. » Oui, c'est facile à dire...

ft. Marcus

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On avait travaillé en équipe, ensemble pour le bien être des enfants et le fait de ne pas avoir à lutter m’avait fait du bien. Il m’avait soulagé. Oui, ne pas être seul dans une crise qui me dépassait me faisait du bien, me faisait relativiser. Laissant donc les enfants recevoir de quoi s’occuper et boire, j’avais pu m’appuyer sur un meuble alors qu’elle usait de son patronus pour les occuper jusqu’à son approche. Ils seraient bientôt dans les bras de leurs proches, « Pas tous… » murmurais-je en glissant ma main contre elle pour la garder malgré moi un peu plus prêt.

Et puis son patronus avait vacillé, disparaissant au point de me faire baisser les yeux vers elle. Magie ou idée noir ? Je n’en savais rien, j’étais trop épuisé pour faire réellement l’enquête de toute façon. Soufflant alors que j’avais fait ce que je pouvais, j’avais relevé les yeux sur eux, sur ces sourires timides, fragiles, épuisé ou marqués. Je n’étais pas du genre fataliste, mais davantage réaliste. Je savais que j’avais fait au mieux, je savais que j’en avais sauvé certains, mais il n’en restait que la mort d’enfant, même lorsqu’on avait fait son possible, n’était pas une donnée qui pouvait me satisfaire, qui ne devait pas me satisfaire. « Ce sont encore les premières années qui ont succombé le plus.» soulignais simplement. Comme moi à l’époque. Les mêmes enfants sans armes, mais cette fois ci à cause de la nature… Aucun criminel, personne à blâmer, juste…

« Combien de parents ne retrouverons pas leurs enfants ce soir ? Combien vont espérer qu’on les retrouve dans les décombres ? » et combien n’auront personne à blâmer, personne à accuser pour cette douleur inouïe traversant leurs coeur. « Nous ne sommes toujours pas préparés aux chaos. Malgré les cours, malgré les années, nous ne savons toujours pas faire face à la mort… » soufflais-je simplement, conscient que ça ne changerait pas non plus avec les années et que mes idées ne pourraient-être clair. Pas pour le moment, pas quand j’avais la douloureuse impression que mon esprit ne pouvait pas non plus porter mes réflexions.

J’étais un livre ouvert à cet instant et j’en étais conscient. Tout comme j’étais conscient que les rouages de mon esprit ne pouvaient que se gripper à mesure que la nuit avancerait. « J’espère seulement que le ministère saura reloger les enfants n’ayant pas de tuteurs… Ça reste Noël… Aucun ne devrait avoir à vivre ça. », surtout aujourd’hui, surtout quand à cet âge, il fallait encore nourrir l’innocence si on ne voulait pas créer un incendie. Mais cette pensée en entraina une autre, plus… Orientée vers elle, « La boutique a subit de gros dégâts ? », car au delà de tous, peut-être aurait-elle aussi besoin d’un endroit sécurisé, sans danger pour passer cette nuit. Pour la mettre à son tour derrière elle. De toute façon je mentirais si je disais que rentrer seul au manoir était une solution. Je mentirais en disant que je saurais trouver le sommeil dans une maison vide après ce chaos.

ft. Sienna

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Si je ne formule pas ma pensée, Marcus semble la deviner, disant à voix haute ce que je tais, alors que mon patronus se meurt soudainement, trahissant le cour bien plus sombre de mes pensées. J'aurais aimé que ce soit juste une défaillance de magie, mais ce n'est pas le cas. Aussi, la chaleur de Marcus près de moi est plus que largement bienvenue, alors que je résiste à la simple envie de me blottir contre lui. Pas encore. Pas devant ces élèves encore terrifiés qui ont besoin que les adultes offrent un visage rassurant, réconfortant, aussi fausses ces illusions soient-elles. J'essaie de le rassurer, d'être la voix rationnelle dan un océan de culpabilité mêlés de souvenirs d'une nuit tout aussi sinistre, que je n'ai personnellement, pas vécu, n'étant pas à Poudlard durant ma scolarité. « Ils sont plus vulnérables, moins préparés à affronter ce genre d’événements... Si cela a été difficile pour les adultes de ne pas pouvoir les secourir, je n'ose imaginer ce que ça été pour leurs camarades... Encore des enfants, mais qui ont du essayer d'user de leurs maigres connaissances en magie pour sauver leurs amis, leurs cadets... » Mon visage se trouble face à au tournant morbide de mes pensées... Pauvres gosses... Les psychomages vont avoir beaucoup de travail.

« Mais combien vont pouvoir étreindre la prunelle de leurs yeux parce que vous les avez sauvé ? » Je rétorque du tac au tac, soulignant les efforts pour les sauver, plutôt que le échecs. Même si rien n'effacera ce sentiment, je le sais. Je n'ai pas vécu l'horreur d'aussi près cette nuit. Je ne suis arrivée qu'à la fin, pour aider à sortir ceux qui avaient réussi à survivre jusque là. Même si j'ai tenté d'empêcher le château de tomber. Mais je n'ai pas su sauver Blake de la noyade, pas davantage que certains élèves au regard paniqué et à jamais figé par la mort, flottant entre les barques. « C'est ce qui nous rend humains... » Je souffle doucement face à son fatalisme, posant une main sur son épaule pour venir me glisser face à lui. Ses pensées m'assaillent de plus en plus, en un mélange d'images de cette nuit... Et d'une nuit, bien des années plus tôt. Une nuit traumatisante pour un jeune adolescent... « Accepter la mort sans que cela nous touche... Ce ne serait pas humain. » Je précise le fond de ma pensée.

Il pense alors aux enfants esseulés qui auraient besoin d'être relogés pour Noël. « Peut-être que leurs amis pourraient les inviter chez eux pour les fêtes ? C'est encore mieux de les passer avec des personnes qu'on connaît. » Et si je proposais à Marcus de passer les fêtes ensemble ? Je n'ai plus de famille ici et je ne veux surtout pas voir celle laissée derrière moi en Italie. Et lui... Il me semble que sa famille est restreinte désormais alors... Est-ce que ce serait déconnant de proposer de partir durant les vacances, ensemble, loin de ces horreurs ? Il me demande alors si ma boutique a subi de gros dégâts. Je soupire. « Le toit a fini par céder... La pluie s'est abattue sur mon atelier, s'est infiltrée dans la boutique... Il y a... du travail. » J'essaie de minimiser, mais cela me peine alors que des heures, des jours, de travail, ont ainsi été détruits. « Marcus... Personne ne mérite de passer Noël seul, tu l'as dit... Tu as prévu quelques chose pour les fêtes ? »

ft. Marcus

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J’aurais aimé que la logique ne soit pas si… Évidente, j’aurais aimé pouvoir pallier aux choses différemment, mais non. Comme à cette époque, pour les mêmes raisons, ils étaient tombés. Ce qui remettait en perspective les raisons à tout ça, la colère que j’avais pu avoir face à cette nuit là. Quant à positiver ? À penser au nombre d’enfant qui pourrait rejoindre leurs familles ? Là aussi c’était difficile à faire. « Je suis professeur… Je ne peux pas penser en réussite sinon j’oublie ceux ayant besoin d’aide… Je dois penser au globale et le globale ne me permet pas d’être rassuré. », bien au contraire même.

Nous n’étions toujours pas préparés et j’étais bien trop épuisé par les évènements pour penser à ce qu’on pourrait faire, à ce qu’on pourrait mettre en place. Nous n’avions rien pu faire d’autre que limiter les dégâts et c’était sans doute ce qui nous rendait humain. Faible aurait été davantage une réponse à mon sens. « Malheureusement. », glissant une main sur elle alors qu’elle s’approchait, je reconnaissais avoir de grandes difficultés à raisonner au delà de mes pensées primaires. Oui, accepter la mort sans qu’elle nous touche serait une preuve d’inhumanité, mais pour autant, cela ne nous aurait pas permit de raisonner ? D’avoir les idées claires ? Combien d’erreurs avaient pu être faites ? Combien de drame aurait pu être évité ?

J’espère au moins qu’aucun ne serait vraiment seul et l’idée que des amis puissent les inviter était une solution, mais à mettre en place alors qu’ils étaient en plein état de choc ? « Il faudra prendre les parents à part pour souligner cette possibilité. » et je les connaissais assez pour connaitre leurs affinités. Et en parlant d’affinité, elle allait aussi se retrouver celle cette année, alors j’avais fini par la questionner. La boutique avait perdu son toit, il y avait des dégâts, du travail. Et avant que je ne puisse aboutir mes pensées, elle souligna que personne ne méritait de passer Noël seul, alors qu’avais-je prévu ? « Tu voles mes pensées ? » demandais-je dans un sourire fin.

« Je pensais davantage au fait de ne pas te laisser seule toi pendant les fêtes… », trop sociable pour la solitude et ayant perdu trop récemment pour réellement continuer. « Tu veux venir au manoir ? Ma mère n’y sera pas. », elle était internée depuis le fameux accident, pour le bien de tous. J’avais prétendu à la folie d’avoir perdu sa fille et elle ne pouvait rien y opposer. Elle avait tué son enfant avec un impardonnable, si la vérité venait à éclater elle perdrait le peu de liberté qu’on lui avait laissé.

ft. Sienna

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Je me mords la lèvre alors qu'il répond de façon terriblement pragmatique. Pourtant, pour ne pas sombrer dans la plus grande déprime, il faut parfois se raccrocher aux quelques rayons de lumières qui percent les ténèbres... Et Morgane sait que cette nuit, les ténèbres se sont abattues sur nous. « Non, c'est bien, même si c'est douloureux... » De rester humain. Et je ferais en sorte de toujours le rester. Et de préserver mes proches également, si cela est en moins pouvoir. Je n'en ai pas été capable pour Amos malheureusement, ne le voyant même pas glisser. Bien la peine d'être legilimens pour louper de telles trahisons... Je soupire, avant de me nicher contre Marcus simplement. Marcus qui s'ouvre à moi davantage qu'il ne l'a jamais fait, ses murailles étant totalement effondrées. C'est perturbant. Il en a conscience, mais ne semble pas vouloir ou pouvoir les masquer. Dois-je voir cela comme un signe de... confiance ? Ou simplement, une façon de baisser simplement les bras, tellement la lassitude s'est emparée de lui ?

Il pense encore et avant tout aux élèves, à ceux qui sont en état de choc, qui on possiblement perdu des frères et sœurs... Des parents qui ne serreront pas leur fils ou fille dans les bras en arrivant ici, avec l'espoir fou que leur précieux trésor ai réussi à survivre à la catastrophe. J'avoue... Ne pas vouloir être là pour assister à la détresse des parents éplorés. Mais si il faut... Je ne me défilerais pas. Noël approche. Et il risque d'avoir un goût de cendres cette année pour certains. Je me rends compte que cela va faire un an que nous nous sommes rencontrés. Un an... C'est une relation assez longue finalement. Pas sérieuse, mais longue. Je lui propose alors de passer Noël ensemble. Moi, je n'ai plus personne... Et lui... Il a perdu sa sœur cette année et sa famille est trop... lugubre. « Peut-être... Elle mitraillent mon esprit en vagues plus ou moins puissantes... Parfois, je ne sais plus ce qui m'est propre et ce qui ne l'est pas. Mais je sais que ce désir en tous les cas, est partagé. C'est ce qui compte, non ? »

Il avoue qu'il pense surtout à ma propre solitude plutôt qu'à la sienne. Il la supporte très bien, bien mieux que moi, mais si ma compagnie ne l’incommode pas alors... je ne vais pas refuser une telle offre. Même si le manoir Avery est un peu trop grand et froid à mon goût. Mais décoré aux couleurs de noël, il sera peut-être plus chaleureux ? Sans l'influence de sa mère... Finalement, il ne reste que Marcus pour l'entretenir. Lui a-t-il donné davantage de chaleur et d'humanité ? Je ne vais pas dépasser les bornes de la bienséance au point de demander ou proposer mon aide. « Si tu veux. Je suis curieuse de voir le manoir décoré pour l'occasion. » Façon subtile de prendre quelques renseignements à ce sujet. Il peut paraître terriblement trivial après ce que nous venons de vivre, mais c'est aussi ce qui permet de dépasser les épreuves et ne pas sombrer : se projeter vers l'avenir.  

ft. Marcus

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Je peinais à garder la tête hors de l’eau, je peinais à nous garder ainsi. Trop épuisé par un nombre incertain de décision à prendre, de chose à penser, mais au moins pouvais-je lui offrir une fête loin de la solitude. Une demande qu’elle fit d’elle-même et qui me poussa à essayer l’humour, en vain. Mes pensées mitraillaient son esprit, une réalité qui ne fit que souligner combien j’étais hors de contrôle, incapable de réellement me gérer, me contrôler. Alors oui le fait que ce soit partagé comptait, mais à quel point ? « Désolé. » soufflais-je alors, l’apaisement ne pouvant être possible dans cette cohue. « C’est pas toujours si intéressant de lire les pensées des autres… » ou de voir les remparts d’un esprit céder.

Mais je voulais lui éviter une fête seule, alors je lui proposais de venir au manoir. Ce qu’elle accepta, non sans montrer une certaine curiosité à le voir décoré pour l’occasion. Une réalité qui là aussi ne collait pas à ma réalité. « Le manoir n’a jamais porté la moindre couleur pour la moindre occasion. » soulignais-je en imaginant bien que cela devait être à mille lieues de ce qu’elle avait coutume de vivre et qui par conséquent n’était pas nécessairement la meilleure façon de lui faire oublier les récents évènements. « Mais je suppose qu’avec la magie rien n’est impossible… Enfin concernant les décorations. », car la liste de l’impossible n’était bien. « Je demanderais aux Elfes de s’en charger à notre arrivée. », eux qui n’avaient de toute façon pas grand-chose à faire depuis l’internement de ma mère. Ils pouvaient bien mettre un peu la main à la pâte pour rendre les choses plus vivable et supportable.

Quoique je n’étais pas certain que l’usage des elfes soient quelque chose lui plaisant. Il faudrait peut-être que je… Fasse un effort sur ça. « Sauf si tu préfères qu’on le fasse nous-même. », ce qui serait sans doute une meilleure façon de se changer les esprits que le plan reposant sur le fait de boire et dormir pour faire passer la nuit. Un plan moins déprimant.

ft. Sienna

face together

« C'est toujours intéressant... Mais parfois déprimant. » Parce que connaître les pensées profondes des gens, c'est apprendre à les connaître, c'est découvrir leurs plus profonds secrets. Et je me sens souvent voyeuse d'ainsi plonger dans leur psyché à leur insu, même si je prends garde à détourner mon attention quand cela devient trop personnel ou dérangeant. Mais je connais trop bien  Marcus, pour pouvoir fermer mon esprit au sien. Cela me décontenance de devoir faire attention avec lui, alors que d'habitude, je peux me détendre totalement, ses penses ne passant jamais ses barrières. Il est vulnérable en cet instant, nous le savons tous les deux. Mais il sait aussi que ses pensées sont bien gardés. Ses secrets également. Peut-être me parlera-t-il un jour réellement des horreurs qui a pu vivre dans son enfance et son adolescence, venant mettre des mots sur les images captées en flashs erratiques.

Et devant ce tableau de chaos, devant cette tristesse, cette détresse, ils nous paraît important de ne pas passer les fêtes seuls. Ma famille est loin et je ne suis même pas aussi proche d'eux que je ne le suis de lui. Et Amara... La seule à laquelle j'aurais pu me raccrocher ici, n'est malheureusement pas en état de fêter noël. Il m'invite à le célébrer dans le manoir Avery... Naturellement, je m'interroge de voir l'austère demeure sous des couleurs plus chaleureuses... Et c'est sans réelle surprise qu'il me répond que le manoir n'a jamais été décoré, pour aucune occasion. Sinistre. « Cela ne sera pas très difficile non... Je le fais chaque année pour chez moi. » Mais mon intérieur est plus petit, plus chaleureux. Le manoir Mancini a des dimensions très honorables, mais c'est bien plus lumineux que les manoirs anglais. Même si à l'intérieur, la famille est froide et sans âme... Mais c'est une autre histoire.

« J'aime mettre la main à la pâte... Je pense que je pourrais demander un coup de main aux elfes... » Comme on pourrait inclure des enfants lors de la décoration du sapin. Je ne peux balayer les elfes de maison de la demeure Avery, mais je peux leur demander de m'aider à amener un peu de gaieté dans le manoir, sans que cela ne soit de l'exploitation. « J'aime l'idée de construire quelque chose avec toi, même si ce n'est que pour quelque chose de futile... »  

ft. Marcus

face together

Il n’y avait pas vraiment d’habitude festive chez moi, chez les Avery en général. Mais pour elle sans doute était-il possible de mettre un peu de vie. Proposant alors les Elfes, elle assurait pouvoir aider, le faisant chez elle chaque année. Les elfes ne devenant au final plus que des guides, ou des aides, que des véritables ouvriers de tout ça. « Je te fais confiance. », où simplement étais-je trop détaché de ce genre de chose pour vraiment m’y arrêter. Ce n’était pas comme si, au-delà de tout, ça avait déjà pu m’intéresser. J’avais l’esprit bien trop… Éloigner de toute considération. Ici, je suppose que le plus important était de pouvoir lui apporter une aide, un soutien dans une période difficile, passé comme futur.

Elle devait sortir de ce qu’elle avait fait toute sa vie. Quant à la suite, au fait de construire quelque chose avec moi… Même futile. Des choses qui continuaient à alimenter mes réflexions, le fait que je tolérais bien plus de chose avec elle, le fait que je lui laissais une place bien différente des précédentes. Tout comme elle semblait le faire. Un chemin de solitude qui commençait lentement à amorcer un changement que je ne pouvais même pas trouver effrayant. Elle avait été un soutien, elle avait été présente. Une touche d’humanité dans ma rationalité parfois trop poussée. Même quand cette dernière me permettait de la rassurer.

« Ce n’est pas nécessairement futile pour toi. », surtout en cette période. « Et puis je suppose que la métamorphose peut être intéressante pour ce genre de situation. », une façon de peut-être lui rendre les choses moins futiles… « Ça permettra peut-être à mon programme de changer un peu. » une façon de rationaliser de plus. « On attend que les derniers soient prit en charge et on rentre. », car j’avais envie de me poser, au calme, d’être tranquille, de m’asseoir avec un verre pour souffler, pour effacer mes échecs de cette nuit de mon esprit.

ft. Sienna

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Je sais que la proposition de Marcus n'est qu'une réaction à ce cauchemar qu'il a vécu. Plus atteint qu'il ne veut le montrer, même si il ne peut pas vraiment me dissimuler son désarroi, et ne cherche même plus à le faire, passer les fêtes ensemble est une façon de rompre nos solitudes respectives. Je n'ai plus personne dans ma famille de quoi je sois assez proche pour vouloir passer cette fête avec... Et si Marcus ne doit pas être très attaché à la signification de Noël, il semble tenir suffisamment à moi pour faire cet effort et nous offrir ce moment de répit... Ai-je commis une erreur en lui avouant aimer cette idée de construire quelque chose ensemble ? Ce n'est qu'une décoration pour Noël, c'est éphémère et une fois la fête passée, tout disparaîtra... Je ne veux pas qu'il se méprenne et pense que je m'accroche à lui, au point de vouloir quelque chose de sérieux...

Mais ses pensées ne trahissent pas vraiment de la panique ou même un quelconque émoi face à ces paroles qui pourraient être lourdes de sens. Non, il prenait conscience que nous étions liés bien davantage que nous ne l'aurions pensé en démarrant cette relation, l'an dernier. Une relation libre, non exclusive, sans attaches, sans chaînes. Juste le plaisir de nous retrouver et passer du temps ensemble quand nous en avions besoin. Des semaines pouvaient s'écouler sans que nous nous voyons... Mais nous nous recontactions toujours à un moment. Quand je n'allais pas bien, il était venu me réconforter et m'aider à relever la tête... Maintenant, c'était lui qui n'allait plus bien... Et loin de moi l'idée de le laisser ainsi.

« La métamorphose ? » L'incompréhension doit se lire dans mon regard à cette remarque. Qu'est-ce qu'il a en tête ? Sans doute sa façon d'allier l'utile à l'agréable. Si cela lui permet de se projeter vers le futur et de rendre tout cela plus supportable, je n'y vois aucun inconvénient. Je me contente de hocher la tête quand il parle de partir une fois tous les élèves en sécurité. Je me contente de poser ma tête sur son épaule, avant de souffler : « Dans quelques jours, cela fera un an que tu nous as fait enfermer dans ma propre boutique... J'ai l'impression que c'était à la fois hier et une éternité. » Cette rencontre est encore vivace dans mon esprit. Un an seulement, mais il est une relation plus longue que 90% de celles que j'ai pu avoir dans le passé. Et paradoxalement, je suis si à l'aise avec lui et tout semble si naturel, que nous pourrions aussi bien nous connaître depuis 10 ans. 

ft. Marcus

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On pourrait peut-être métamorphoser des objets, ou les faire venir, qu’importe au final, si ça pouvait lui permettre d’avoir ce qu’elle voulait et alléger les fêtes. « Pour les décorations… Je n’ai rien ici, si ce n’est la magie et quelques connaissances en métamorphose. » souriais-je pour appuyer mes mots, essayer de rendre ça plus agréable, même si au final, ça n’effacerait pas la nuit. Mais au-delà de tout… Cela ferait en effet bientôt un an qu’on s’est rencontré, d’une façon peut-être particulière, mais qui nous avait conduit à se fréquenter, encore et encore, s’appréciant, s’attachant malgré nous pour nous conduire à cette situation. Celle dans laquelle j’étais prêt à décorer ma maison.

« L’accueil avait été bon il faut dire… », du genre à ne se poser aucune question, qui continuerait ainsi, même si c’était davantage sur la façon qu’on avait d’être ensemble que je m’interrogeais. Sur ce que j’aurais envie qu’on soit. J’avais à la fois envie de conserver cela que d’accepter plus, une réalité un peu effrayante. « Difficile de se dire que ça ne fait qu’un an… », une année durant laquelle il s’était passé bien des choses. Des morts, des trahisons, une année dans laquelle on avait été confronté au manque de soutien, d’un autre qu’on avait trouvé ensemble. Oui, un an faisait à la fois cours et long en même temps. D’autant plus encore lorsqu’il était question d’évènement aussi important. Ce n’était pas juste des petits instants, ce n’était pas juste des petits problèmes. C’était des choses qu’on ne pouvait pas dépasser avec n’importe qui. Elle avait été là et elle l’était encore ici, alors qu’elle était venu me chercher, alors qu’elle avait répondu à mon appel, sans se poser de question. Alors oui, ça avait été une année importante.

ft. Sienna