Vénus Carter &
Hailey Steward

Riddikulus

Bureau de Vénus, mi-Mai

Cela fait un peu de temps que l’effondrement de Poudlard c’est produit. Et pourtant, malgré les lettres de ma famille me demandant de revenir à la maison définitivement, je reste ici alors que ma plus grande peur s’est produite. J’ai été impuissante à pouvoir aider mes élèves. Oh, j’avais pourtant fait quelques actes héroïques et j’en avais été remercié, une plaque portant mon nom dans l’école comme tous les autres dont les actions avaient compté ce soir-là. Mais je ne voulais pas fuir Poudlard comme une lâche comme avait fait certains. Je restais donc à dépenser mon savoir et à continuer les cours comme si de rien n’était.

Certaines nuits étaient plus difficiles que d’autres alors que je me réveillais en proie à des rêves sombres où je me revoyais cette nuit orageuse et cataclysmique alors que tout s’effondre autour de nous et que l’eau commence à monter autour de nous. Nous avions eu de la chance qu’il n’y est plus de morts que cela. Même si cela était déjà bien trop conséquents. J’avais fait bonnes mesures, souriant et plaisantant encore avec les gens, rassurant les élèves alors que mon propre état de santé mentale se détériorait.

C’est ce qui me poussa à envoyer un hibou à Miss Carter, lui demandant si j pouvais prendre rendez-vous avec elle pour parler de mon état et pour l’améliorer. J’allais finir par craquer psychologiquement et ce n’était pas le moment, les examens s’approchant à grands pas. Le dernier clou dans le cercueil fut la pleine lune des loups avec la catastrophe au Ministère ensuite. J’avais beau tenté d’avoir pris la situation en plaisantant, mais cela ne présageait rien de bon pour le futur. Je me devais d’être au meilleur de moi-même pour pouvoir aider nos jeunes et mes collègues du mieux de mes capacités.

Le moment dit, j’irai à son bureau, portant un pantalon confortable noir ainsi qu’un chemisier bleu, mes cheveux relevés en une coiffure lâche, mes boucles non disciplinées retombant autour de mes épaules. J’avais pris la peine de demander du thé aux elfes de maison et de venir avec une boite de gâteaux. Certes, la discussion serait professionnelle, mais cela pourrait m’aider un peu. Je viens donc doucement toquer à sa porte avant de sourire quand elle ouvrira.

 -Bonjour Vénus, merci encore de prendre du temps pour moi.  


           

Vénus Carter &
Hailey Steward

Riddikulus

Bureau de Vénus, mi-Mai

Je fais un sourire doux même si je semble un peu tendue d’être ici. Mais il fallait que je combatte mes démons pour être une meilleure professeure et pouvoir les protéger à la prochaine catastrophe. Mais la jeune femme m’accueille avec bienveillance et je viens donc à rentrer dans son domaine quand elle m’y invite. Je regarde le tout avec curiosité, ne sachant pas trop à quoi m’attendre de premier abord.

 -Je suis désolée d’être curieuse mais c’est ma première fois dans un cabinet. Tu l’as décoré avec gout pour qu’on puisse s’y sentir bien.  

Je viens m’asseoir donc dans le fauteuil qu’elle me désigne en posant sur la table devant moi le thé, le café ainsi que les gâteaux que j’avais ramené. Je viens à nous servir deux tasses, demandant à la jeune femme ce qu’elle voulait avant de me servir mon éternelle café. Je devrais porter un tee-shirt disant à quel point je vous un culte à ce breuvage. Je m’installe confortablement dans le siège avec le breuvage entre les mains, tel un gollum avec son précieux. La question me fait doucement rire avant de souffler.

 -Vaste question. Aussi bien que toi je dirais ? Tu dois être pas mal submerger avec les demandes…  

Je viens boire une gorgée avant de laisser tomber l’humour pour répondre franchement.

 -Je vais aussi bien qu’une personne qui a été confronté à ce qu’elle redoutait le plus, ce qu’un épouvantard me montre facilement quand j’en croise un… Je me suis sentie impuissante face à une situation, à aider mes élèves et j’en ai vu mourir… J’ai beau tenter de me dire que j’ai fait de mon mieux…. Je me dis que j’aurai du faire… Plus… Savoir plus de choses… Réagir mieux…. Peut-être que cela aurait pu faire une différence dans ce qu’il s’est passé…  

Je la regarde avant de soupirer.

 -Je sais que beaucoup doivent avoir ce ressenti mais… C’était vraiment une peur ancrée en moi qui vient de se réaliser… Et je n’arrive pas à reprendre pieds malgré que je fasse front… J’en fais parfois des cauchemars… Je tente d’être un pilier pour nos élèves et le reste d’entre nous mais cela reste… Enfin, je suis remplie d’incertitudes que je n’arrive pas à calmer. C’est pour cela que je viens me ranger à tes conseils… 

J'avoue cela avant de reprendre une gorgée de son café, venant ouvrir d'un mouvement de main la boite de gâteaux pour qu'elles puissent se servir. Et il y avait de tout, sûrement aussi les préférés de Vénus.

           

Vénus Carter &
Hailey Steward

Riddikulus

Bureau de Vénus, mi-Mai

C’était une question presque rhétorique. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle m’y réponde sincèrement. Je suis donc surprise quand elle le fait mais cela me touche néanmoins et mon sourire s’adoucit alors que je comprends que Vénus est aussi lasse que moi. Combien de patients doit-elle voir et qui lui hurlent leurs détresses constamment depuis la chute ? Presque toute l’école certainement.

Je lui explique alors pourquoi je suis venue la voir et ce que je ressens. Je me doute que je ne dois être la seule. Mais cela reste particulièrement frustrant pour moi qui a dû faire face à ma pire peur. Je me remets encore et toujours en cause. Mon sommeil en a même pâti et je compte donc sur mon ami le café pour me garder éveillée en grande partie de mes journées. Je veux passer outre mon cerveau, mes cauchemars et me préparer au pire si jamais ce genre de choses devait se reproduire. Et oui, je n’avais pas prévu que cette faiblesse en moi. Je n’avais pas prévu que des évènements ainsi se déroulent et me fassent vivre maintenant un enfer.

J’écoute donc la réponse de Vénus et le début me fait grimacer et met un coup dans ma fierté. Je pensais effectivement être prête à tout mais ce n’est que dans ce genre d’évènements qu’on voit ce qu’on peut faire. Mon cerveau m’a rattrapé quelques jours après la catastrophe. Heureusement, j’étais entourée de mes proches à ce moment-là qui m’ont aidés et soutenus pendant que j’étais sur ma terre natale. J’hoche doucement la tête avant de venir lui répondre.

 -Il est vrai que je me suis concentrée sur le fait de pouvoir sauver les élèves et les protéger. Je ne faisais même pas attention à mes propres blessures ni à ce que l’eau dans laquelle nous nous enfoncions était froide comme la mort… Quand j’ai vu certains élèves en hypothermie, je me suis assurée de transplanner avec eux aux secours les plus proches. Et je suis retournée pour guider le reste sur la terre ferme une fois que cela fut fait. C’était la seule logique, la seule chose sur lequel mon cerveau se fixait.  

Je la laisse continuer et cela me fait grimacer avant que je ne boive un peu de mon café. Je n’aime pas le fait que je doive prendre soin de moi mais il le fallait. Je viens donc regarder Vénus avant de lui demander.

 -Je sais mais moi je m’en voudrais… J’aurais l’impression de les abandonner au moment où ils ont besoin de moi… Mais tu as raison… Je ne peux pas repousser ma guérison… Mais je ne sais même pas par quoi commencer… Comment fait-on quand on s’est senti impuissante alors qu’on me congratule en me disant que j’ai fait la bonne chose pour protéger les élèves ? Je ne comprends pas encore comment faire cela Vénus… Comment est-ce que je peux travailler sur ce sentiment d’impuissance ?  

Je la regarde avant de venir prendre la boite de biscuits et de lui tendre pour qu’elle en prenne un, me servant à mon tour ensuite pour le grignoter avec mon café.




           

Vénus Carter &
Hailey Steward

Riddikulus

Bureau de Vénus, mi-Mai

Je lui expose alors tout. Mes peurs, mes faiblesses et la réalité qui est la mienne. Mon cerveau refuse de me donner ce repos tant mérité. Après tout, je restais marquée par mon impuissance dans cette situation délicate et difficile. Il y a eu tellement de chose. La pluie, le château s’effondrant, les élèves se retrouvant parfois piéger ou blesser à aider. Cela avait un chaos sans nom. Et encore, je peux m’estimer chanceuse ! Je voyais des élèves ainsi que certains confrères gérer beaucoup moins bien la chose que moi. Ce n’était pas une compétition, je sais mais je me disais qu’il y avait des gens qui avait bien plus besoin d’aide que ma propre personne.

Je l’écoute me répondre et elle me dit ce que je pense avant même que cela ne se formule dans mon cerveau. Je grignote mon gâteau en buvant mon café. Elle n’a pas tort. Il y aurait eu bien plus de morts si je n’avais pas fait un escalier pour sortir les plus jeunes puis m’assurer du bien être des uns et des autres. Je me souvenais des visages reconnaissants de certains élèves.

Elle continue donc à m’exposer son point de vue. Il est logique et vrai. Nous nous sommes trop reposés sur nos aptitudes de sorciers et cela a failli nous coûter à tous la vie. Nous n’avons pas l’habitude que quelque chose nous fasse barrage. Mais, comme nous le montre les contes de Berty Crochu, nous nous faisons rattraper par la réalité.

  -Tu as raison… Avec la magie, nous pensons pouvoir tout repousser au lieu de voir que nous pourrions trouver des solutions ailleurs. J’aime voir les inventions des moldus car, sans magie, ils peuvent faire des choses remarquables. La plupart des sorciers ne peuvent pas comprendre cela. Et je dirais que ta seconde hypothèse est la bonne. La puissante magie noire nous a botté les fesses… Je ne pense pas que les défenses ont craquées en même temps car trop faible. Mais oui, nous sommes de simples humains avec nos limites, même si nous tentons de les repousser.

Je continue de l’écouter avant de venir poser ma tasse et de la regarder. Elle est toujours dans la logique et cela me parle et me fait réaliser que j’ai fait ce que j’ai pu. Cela amène un rire amer avant de souffler.

  -Ce n’était clairement pas les conditions les plus idéales… Et c’était sûrement ce que cherchait la personne responsable de cette tragédie…

Quand elle vient à chercher mon regard et à me dire qu’il est temps de me pardonner, je prends un moment puis je regarde mes mains qui tremblent. Cela si simple dans un sens. Mais cela est si dur aussi. Mais je comprends que je dois le faire. Je ferais mieux, je serai mieux préparée la prochaine fois. Les larmes commencent à couler sur mes joues, une première puis une seconde avant que je n’éclate en sanglots. Je serre mes mains à les faire blanchir alors que je me libère enfin de cette pression, de cette douleur et de cette peine en déversant toutes les larmes de mon corps. Ce que je m’étais refusée jusqu’à présent, même quand j’étais de retour dans le cocon familial.

Je faisais donc le premier pas vers ma guérison ainsi. Mes pleurs finiront par cesser et je récupère un mouchoir pour me rendre un peu plus présentable avant de soupirer. Cela faisait du bien, comme si j’étais enlevée d’un poids. Mais cela faisait aussi remonter tellement de blessures. Je viens à regarder ma consoeur.

  -Je suis désolée du spectacle…  Mais tu dois avoir l’habitude… Je… Cela fait mal… mais en même temps… C’est libérateur…. Je ne m’en rendais pas compte avant cela…

Je vais me reprendre une tasse de café, ayant besoin de me ré ancrer dans ma réalité.