Il fallait que je corrige ces satanées copies… Plus mal écrite les unes que les autres, d’ailleurs. Non, les camions n’étaient pas des objets pour faire griller les oignons… Par Merlin, où mes étudiants allaient-ils chercher ces réponses ? A vrai dire, je préférais ne pas le savoir. Dans tous les cas, il fallait que je rature, raye et note ces devoirs bâclés.
Du moins était-ce ce que j’aurais dû faire si un message ne m’était pas parvenu. Amara demandait ma présence chez ma sœur. Pourquoi ? Voilà une autre question à laquelle je n’avais pas de réponse pour le moment. Je n’hésitai pour autant pas. Quittant mon bureau en attrapant ma cape, je me dépêchai en dehors de Poudlard et jusqu’à Pré-Au-Lard. Merlin. Pourquoi avait-il fallu qu’ils bloquent le transplanage à Poudlard ? Pour de la sécurité ? Au diable la sécurité !

Il était ainsi 17h00 lorsqu’enfin j’atterris devant la porte de ma sœur. Ouvrant cette dernière sans m’annoncer, je jetai ma cape au nez de l’elfe de maison pour m’aventurer au travers de la demeure jusqu’à, enfin, les trouver au salon. M’arrêtant net, j’haussai un sourcil en observant l’italienne. Sa nervosité était palpable. Qu’avait-elle à nous annoncer ? Répondant à l’étreinte de ma sœur, je la suivis jusqu’au canapé où je m’installai face à Amara.

- D’autant que tu n’as pas à nous remercier. Je doute que quiconque te refuse un entretien. Trouvai-je bon de plaisanter pour tenter de la détendre en m’installant au fond du canapé.

Il y avait donc un problème. Oui, sûrement puisqu’elle m’avait fait venir de Poudlard jusqu’ici. Mais quel problème ? Amara semblait réellement affecté. Et c’était peut-être cela le plus inquiétant, à vrai dire, car des problèmes, il y en aurait toujours quoiqu’il en soit.

Et ce fut le vide. Un vide absolu alors qu’Amara révéla l’ampleur du problème. Figé sur place, je ne la regardais plus, quand bien même mes yeux étaient dirigés vers elle. Rien… Mon cerveau, soudain, c’était vidé.

Comment ? Non. La question n’était pas comment, j’avais déjà la réponse. Mais… Enfin… Pourquoi ? Un seul ne suffisait pas ? J’avais une fille que je n’avais jamais voulu et maintenant on m’apportait un fils ? Par la seule faute de ce chien, de cette sale race de Corban Yaxley ? Laissant Blake faire ce que toute femme était certainement plus à l’aise de faire que moi, je ne bougeai toujours pas. Qu’avais-je fait pour mériter telle punition ? Je ne voulais pas être père. Du moins… Pas de la sorte. Pas comme ça. Et un garçon…

Soudain, il me semblait qu’une chappe de plomb venait se poser sur mes épaules. Ottavia avait été une chose. J’avais été surpris, certes, mais… A vrai dire je l’avais bien intégré. Parce qu’elle était jeune, que je n’avais aucune chance d’être assimilé à son père puisqu’elle en avait déjà un et qu’elle était, à vrai dire, une fille. Cette fois… C’était… Différent. J’avais l’impression que toutes mes responsabilités en tant qu’héritier de cette famille me revenait au visage, que tout ce que j’avais fui s’imposait à moi en hurlant que j’avais fait l’ultime erreur : donner un héritier de mon sang à un autre. Et par la faute même de cet autre…

Alors, lentement, je me levai. Je n’avais pas ouvert la bouche tandis que Blake tentait de rassurer Amara. Incapable de parole, j’avais vu son signe, certes, mais… Il fallait que je marche, que je réfléchisse, que je pèse mes mots et que je…

- PUTAIN D’ENFOIRE DE MERDE ! Explosai-je soudain en passant près d’un buffet, balançant à terre chaque objet de décoration que ma sœur avait pris soin d’y placer. CE SALE FILS DE PUTE ! A nouveau des objets volèrent alors que chaque flamme présente dans la pièce prenait une ampleur bien trop importante pour ne pas risquer l’incendie. Cette fois ça suffit Amara. Dis-je brusquement en me tournant vers la sorcière. Que tu le veuilles ou non, il va mourir. De ma main s’il le faut.

Outre ma colère, certainement légitime, due à son geste et ayant provoqué la grossesse d’Amara. Je savais aussi une chose. Si corban apprenait ce qu’Amara venait de nous dire. Ce serait la fin. Pour elle. Et pour cet héritier que mes parents espéraient tant. Et si je ne voulais pas d’un enfant, j’allais malgré tout devoir assumer. Ou trouver un moyen d’assumer. Et c’était peu dire que de parler de confusion. Je ne savais plus quoi penser, quoi réellement faire face à cela. Je n’étais pas prêt. Je ne pouvais pas. Mais je ne pouvais pas non plus refuser un héritier. Et je ne pouvais pas abandonner Amara aux mains de Corban, comme je ne pouvais pas lui laisser cet enfant et…

- FAIS CHIER ! Hurlai-je de nouveau en donnant un coup de pied dans une chaise, l’envoyant valser plus loin tandis que les flammes prenaient bien trop d’ampleur pour notre propre sécurité.

J’étais au moins d’accord avec Blake. Nos parents n’avaient pas à le savoir. Pas comme ça. Et pas lorsque cela leur apporterait autant de contentement que de désapprobation. J’avais (re)mis une femme mariée enceinte. Une Sang Pur. Ah ! La belle affaire ! La magnifique affaire ! Et ce putain de salopard.
Je peinais à me contrôler, je peinais à garder le fil de mes pensées alors que la rage avait pris le dessus, me faisant ravager le salon de ma sœur.

- Ah ! Quelle joie d’imaginer nos parents heureux ! Lançai-je à Blake en brisant un nouveau vase. Sauf que tu oublies une chose. Je ne serais toujours pas mariée et Amara l’est. Oh et une seconde chose. Je ne veux pas me marier avec elle.

Je n’avais évidemment pas oublié la présence d’Amara, mais elle savait, de toutes les manières, ce qu’il en était. Jamais je ne l’épouserais. Je ne l’aimais pas. Pas comme ça. Et le mariage me semblait si futile que même si son mari venait à disparaître, je ne serais pas en capacité de prendre sa place. C’était bien trop pour moi, pour ce que je me sentais capable de faire. Pour autant…

- FAIT CHIER !

Nous n’avions pas d’héritier. Aucun. Les enfants de Blake ne seraient jamais nos héritiers. Et fort heureusement vu leur sang. Amara portait notre potentiel salut, celui que mes parents attendaient, certes, mais surtout celui qui sauverait notre nom si je venais à le reconnaître. Reconnaître un enfant ? C’était…

- Je ne reconnaitrais pas l’enfant. Soufflai-je à mi-voix.

C’était trop. Je ne pouvais pas. Quand bien même nous nous débarrassions des problèmes, je ne pourrais pas le faire, prendre des responsabilités trop grandes pour moi. Quand bien même cet enfant, cet héritier pourrait être le salut de ma famille, je ne pouvais pas. Je n’avais rien d’un père, encore moins d’un modèle. Je ne pouvais pas. Et pourtant je le devais… Amara avait aussi raison. En tuant Corban, elle risquait de retourner dans sa famille, recommencer un cycle sans fin… Alors… Alors il fallait trouver une solution.

- On ne peut pas mettre tout le monde sous imperium. Grondai-je, tentant désespérément de calmer ma colère et mes craintes. Il faut trouver une autre solution.

Mais laquelle… Quelle pouvait être la solution qui nous permettrait de sauver Amara, de nous débarrasser de son mari et de nous assurer un héritier ?... Trois choses qui semblaient impossible à allier sans mon intervention ou celle d’un autre homme de la fam…

- Theodore. Murmurai-je, les yeux fixés sur le sol alors que les flammes réduisaient soudainement drastiquement de taille. Amara. Tu connais notre cousin, n’est-ce pas ? Soufflai-je.

Theodore avait tout d’un modèle, bien plus que moi. Quand bien même il était solitaire, quand bien même il n’avait rien d’un être humain normal… Il était bien plus responsable que je ne l’étais. Il était bien plus… Un chef de famille que moi. Mais étais-je au moins capable de faire une croix sur le seul héritier que je pourrais certainement avoir ? Laisser passer le nom de notre famille au frère cadet de mon père… Une honte pour ce dernier. Mais y avait-il un autre moyen ?...

J’étais en colère, certes, mais je savais aussi qu’il me fallait réfléchir et aussi vite que bien, ce qui était bien plus compliqué que je ne l’aurais voulu. Compliqué mais faisable alors que je tentai de réfléchir à ce qui serait le mieux à faire. Amara allait terminer veuve avec que ce garçon naisse, cela n’était pas une option alors… Il lui faudra de quoi la protéger pour ne pas qu’elle ait à retourner dans sa famille mais j’étais incapable d’assurer ce rôle.
Je refusais de me marier, pas avec elle que je n’aimais pas. Je refusais de reconnaître un enfant qui serait très certainement malheureux avec moi mais… En faisant cela… Je priverais aussi ma famille d’un héritier et… J’avais soudain le choix entre ma vie et ma famille. Un choix qui n’en était pas un, à vrai dire… Je ne pouvais pas, je ne voulais pas reconnaître cet enfant alors…
Théo. Il avait été ma seule réponse, ma seule solution possible à cet instant. Et elle le connaissait. D’amitié ou de manière charnelle comme le demandait Blake, je m’en moquais éperdument. Je n’aurais au moins pas à faire les présentations.

Blake, visiblement, comprenait où je voulais en venir. Amara elle… Ne semblait pas comprendre mais refusait toute idée. Dommage pour elle, j’allais quand même exposer mon idée.

- Nous avons besoin d’un héritier. Commençai-je, conscient que cette parole était bien plus « sang pur » que je ne l’étais moi-même. Mais il est hors de question que je… Je suis désolé Amara, je ne peux pas. Avais-je malgré tout prononcé, l’air sincèrement désolé. Théodore, lui… Il… Il pourrait prendre en charge l’enfant. C’est un Nott. Nous aurions l’héritier et… Et il te protègerait. Il en est capable. Et l’enfant aussi.

M’avançant dans le salon, je me laissai bientôt tomber sur une chaise, baissant la tête pour appuyer mes avants bras sur mes cuisses, dépité. Je me sentais… Je ne savais même comment je me sentais. Un idiot ? Peut-être. J’étais en colère, c’était certain mais plus que cela, j’étais dépité.

- Théo… Répétai-je. Il faut… C’est la seule solution. Que tu le veuilles ou non, Amara.

Je ne voyais que cela, définitivement. J’avais beau chercher autre chose, je ne pourrais pas le faire moi-même. Je ne pourrais ni la protéger ni protéger l’enfant. Je n’en étais pas capable. Peut-être cela faisait-il de moi un lâche, un salopard qui n’assumait pas ses actes mais… C’était ainsi. Je ne pourrais pas aller contre qui j’étais, contre ce que je pouvais faire ou ne pouvais pas faire. Cela m’était impossible… Complètement impossible.

- Je ne te demande pas de l'épouser, seulement d'accepter que je puisse lui demander d'accepter cet enfant, de le... De le reconnaître. Une fois cet enfant devenu Nott, tu seras sous notre protection définitive.