Difficile de comprendre d’extérieur pourquoi je m’énervais, pourquoi la colère montait quoique contenue par le sensation de sa peau sous mes doigts. Difficile à comprendre, mais aussi à expliquer. D’autant qu’il ne me facilitait pas réellement la tâche, tentant de me raisonner, de me faire accepter ce qu’il passait son temps à m’expliquer. Je ne l’obligeais pas. Il ne subissait que parce qu’il en avait envie. Oui, mais… Cela changeait-il quelque chose ?

Après tout, qu’il l’accepte ou non, les faits étaient les mêmes : je l’obligeais à cette vie cachée, à rester derrière des murs, à contenir tout ce qui faisait que nous étions ensemble dès lors que nous quittions notre chambre. Je baissai néanmoins un instant les yeux à sa remarque sur sa propre position. J’admettais ne pas y avoir pensé, ne pas avoir calculer cela. Mais cela changeait-il encore ce que je pensais, ce qui s’imposait à moi ? Non. Non, pas réellement. J’avais toujours cette impression de lui imposer ce qu’il n’aurait jamais du vivre avec quelqu’un d’autre. Quand bien même il n’était pas là souvent, presque jamais les week-end, ce n’était pas un problème pour moi, pas vraiment. Je profitais déjà tant de lui lorsqu’il était là que… Que cela me semblait juste normal.

- C’est juste… Fronçant les sourcils, j’avais repris ma place, plus à l’aise en public, moins risqué. Excuse-moi. Soufflai-je. Ce n’est pas contre toi. Seulement… Je comprends ce que tu dis. J’entends ce que tu veux que je comprenne mais… J’ai l’impression d’être fautif. Que sans moi, tu pourrais être plus heureux.

Sûrement, d’ailleurs, à bien y réfléchir, ce sentiment venait-il de ma peur de l’entrainer dans cette « mauvaise voie », dans ce qui ne devait pas être, dont je peinais à me défaire malgré la sérénité qu’il m’apportait.

- Ce n’est pas parce que tu me remercies que je suis en colère. Précisai-je malgré tout. C’est seulement parce que j’ai… J’ai peur de te faire du mal, d’être mauvais. Et avant que tu ne dises quoique ce soit… Ne le fais pas. Ça ne changera rien. Pas maintenant. Soufflai-je, conscient de ce qu’il en était, conscient que je ne pourrais pas changer cela en quelques mots, en quelques jours. Mais ce n’est pas contre toi, Hae… Ça ne sera jamais contre toi. Repris-je bien plus doucement. Excuse-moi.

La conversation close, nous avions repris sur bien plus agréable et notamment le fait qu’il puisse me faire peur lors de ses matchs. Quoiqu’était-ce réellement plus agréable ? Oui. Parce que cela signifiait aussi passer plus de temps ensemble, ou du moins à l’encourager.

Puis, ce fut le tour de la nourriture, me surprenant alors que je goûtai ce qu’il m’avait proposé, nous faisant au moins rire avant que je ne plisse les yeux.

- Et le pire est que j’adore cette habitude que peut avoir mon « mec ». Soufflai-je encore très peu à l’aise avec l’argot anglais. Mais je vais commencer à te croire pour tout sur parole sans aucune exagération pour ne plus me faire avoir. Plaisantai-je alors.

Dans tous les cas, il avait trouvé quelques similitudes avec sa mère au niveau alimentaire et notamment la passion des œufs coulants – et vraiment coulants, j’en avais eu la preuve. Mais dans ce cas, lui, qu’aimait-il ? Voilà bien une chose à laquelle je ne m’étais pas encore intéressé.

- Le poulet paleu… paleumijiana ? Tentai-je de répéter dans un accent bien trop coréen qui ne faisait que prouver que je n’avais rien compris. Oh, oui. Du japchae. Oui. J’adore ce plat aussi. Soufflai-je, connaissant au moins une chose sur deux. Mais… Ils ne servent ni l’un ni l’autre aux repas ? Réfléchis-je. Enfin… Je ne sais pas ce qu’est le « paleumijiana chikin » admis-je comme s’il pouvait douter de cela. Et… Plissant les yeux, je l’observai avant qu’un léger sourire n’étire mes lèvres. Je croyais que tu n’aimais pas les légumes. Il y en a un certain nombre dans le japchae, non ? Soufflai-je rhétoriquement.

Cela dit, avec ces informations… Peut être pourrais-je, à mon tour, aller demander gentiment aux elfes de maison s’ils pouvaient me faire ce « paleumijiana chikin ». Une fois que je saurais de quoi il s’agissait car je doutais qu’ils comprennent même mon accent.

- Mais le japchae, peut-être pourrais-je t’en cuisiner un jour, dans ce cas. Quand nous aurons une cuisine à disposition. Terminai-je en me laissant tomber en arrière, me couchant dans l’herbe pour observer le ciel. Je ne sais pas vraiment cuisiner, mais ce plat… Je le connais depuis que je suis enfant.

Sa simple réponse vint à me faire sourire, plus doucement, chassant les nuages que j’avais moi-même créés dans mon esprit. Ces simples mots me faisaient du bien, comme une bouffée d’oxygène. Et alors soufflai-je doucement.

- Moi aussi, Hae. Je te Hamster. Très fort.

Cela faisait certainement une conclusion bien plus agréable à cette discussion qui ne l’était pas, nous permettant de glisser à un autre sujet, la nourriture et plus particulièrement ce qu’il aimait et qu’il n’y avait donc pas à Poudlard. Le Japchae donc et le… Plissant les yeux, je l’observai attentivement répéter chaque syllabe.

- Poulet… Pa…leu…mi…jiana. Mmh… Grimaçai-je.

Non. Ce n’était encore pas ça. J’allais devoir m’entraîner car l’idée de le demander aux cuisines ne me quittait plus. Si j’avais droit aux Sigeumchi Namul… Il aurait droit à son poulet… A son poulet… A son poulet pané à la sauce tomate. D’autant que j’admettais que cela avait l’air plutôt bon à réfléchir. Avec un peu de gochugaru…

- Comme par hasard, oui… Soufflai-je avec un amusement certain. Et il y a d’autres choses que tu n’aimes pas ?

Quitte à lui faire un japchae, autant le faire avec des choses qu’il aimerait, d’autant qu’il désirait trouver une cuisine pour que je puisse lui en faire un…

- Tu sais que ça ne sera jamais comme celui de ta mère et que je ne suis certainement pas le meilleur cuisinier qui existe ? Tins-je à préciser. Si ça se trouve, tu vas même détester ce que je vais te faire.

C’était, après tout, une possibilité à ne pas oublier, surtout lorsque l’on connaissait mes réelles capacités en cuisine, à savoir… Bien peu nombreuse. Mais s’il désirait prendre le risque, je ferais évidemment au mieux pour qu’il en soit ravi.
M’allongeant sur le sol, je profitai désormais d’un instant de chaleur, les yeux bientôt fermés. Je me sentais bien. Malgré la distance, le savoir près de moi m’apaisait, aidé par le soleil et l’herbe que je sentais sous mes mains. Des mains qui se déplacèrent alors, dont l’une venant se mêler, discrètement à celle de Mika, me tranquillisant d’autant plus.

Combien de temps cela dura ? Je ne le sus pas réellement. J’étais bien. Peut-être trop bien… Mais était-il au moins possible d’aller “trop” bien ? Pas vraiment. Enfin… Non. Définitivement pas.
Je n’ouvris un oeil que lorsque je le senti bouger, marquant un sourcil pour l’observer alors qu’il posait ses doigts sur ma joue, m’arrachant un nouveau sourire.

- M’en remettre ?

Ah. De la crème. Oui. Me laissant faire, profitant de son contact, je soufflai doucement lorsqu’il termina. Encore une fois… Trop vite. Mais il avait raison. Il allait falloir s’y remettre. Repartir d’ici pour continuer de visiter. Hochant doucement la tête, je caressai sa main le temps qu’il m’était possible de le faire avant que la distance ne se remette entre nous, nous séparant certainement pour le reste de la journée. Un fait qu’il vint à préciser, me permettant d’acquiescer avant d’attraper sa main, bien plus pour la toucher que pour m’aider véritablement.

Me remettant sur pied, je m’étirai alors rapidement avant de réfléchir. Nous avions effectivement encore des choses à faire… Mais par quoi commencer ?

- Ton balai. Soufflai-je alors enfin. On devrait aller voir d’abord pour ton balai. C'est le plus important.

Le plus important pour sa sécurité, évidemment. Un balai révisé permettrait - je l'espérais - d'éviter un maximum de risque. Alors autant commencer par cela. D'autant que... J'avais envie de connaître un peu plus sa passion, le Quidditch. Je ne voulais pas seulement le voir jouer, je voulais l'encourager, le soutenir autant que je le pouvais... Et cela passait par une compréhension de ce qu'il faisait, de ce qu'il utilisait.

- Tu pourras peut-être m'expliquer comment t'es venue cette passion en y allant ? J'aimerais tout savoir de mon idole en Quidditch. Plaisantai-je dans un sourire amusé quoique sincère. C'est la moindre des choses si je veux ouvrir un fan club.

- Pa-leu-mi-jia-na… Paleumijiana… Non. Penser au parmesan… Pourquoi ce mot était-il aussi difficile ?! Fronçant les sourcils, frustré de ne pas y parvenir convenablement, je soupirai. Bien. Recommencer. Au moins six fois avant que… PARMIGIANA ! M’agaçai-je avant de rire. J’avais réussi. Enfin.

Comme j’allais réussir à retenir ce qu’il n’aimait pas. Ce n’était, à vrai dire, pas très difficile. Pas de bébés animaux, pas de chevaux, pas de gibier. Parfait. Ah. Non. Pas de coriandre, d’abats et de gelée aussi. Tant mieux, je ne savais même pas comment manger la gelée cela dit alors la cuisiner… Cela dit, je n’étais même pas convaincu de pouvoir faire un japchae correct. J’avais toujours réussi à le manger, certes, mais avais-je réellement de bon goût ou étais-je habitué à ma propre cuisine ? Bonne question. Quoiqu’il ne pense qu’aucun Japchae ne pouvait être raté. Mmh. Effectivement. En un sens. Dans tous les cas, il refusait de douter de mes capacités, m’arrachant un sourire.

- Je vais finir par être beaucoup trop confiant à force de t’écouter. Soufflai-je doucement.

Quoique cela risque de prendre beaucoup plus de temps qu’il était possible d’avoir. Alors, passant cela, j’avais profité de cet instant de silence, de calme, la main de Mika dans la mienne, pour me sentir bien, reposé. Et cela jusqu’à ce qu’il finisse par se relever. Le laissant remettre de la crème sur mon visage puis sur le sien, nous avions finalement pris le chemin de la boutique de balai, non sans que je ne le complimente sur ce dont j’étais sûr sans même l’avoir vu.

- Je suis sûr que tu seras le meilleur un jour. Répondis-je à son humilité. Tu travailles assez dur pour cela et tu es passionné alors… Je te le confirmerais lorsque je t’aurais vu volé, mais je reste convaincu de ce que je dis. Et même si ce n’était pas le cas. Cela ne changerait pas grand-chose pour moi.

Je le soutiendrais. Toujours, quoiqu’il fasse ou décide. Parce que je désirais l’élever, le voir réussir, le voir faire ce qu’il aimait et comme il aimait. Rien d’autre. Mais d’ailleurs me vint la question de son commencement. Comment avait-il débuté le Quidditch à ce niveau ?

Les yeux légèrement tournés vers lui, je l’écoutai alors, prenant note de tout ce qu’il pouvait me dire. 13 ans… Cela faisait tôt, c’était certain, mais cela ne faisait que me confirmait ce que je pensais de lui et de ses capacités.

- Et tu n’es pas trop surmené ? M’inquiétai-je malgré tout.

Il avait les cours, les entraînements, une vie entre deux eaux à gérer, allait-il bien ? Arrivait-il à tout gérer ? Il en était capable, je n’avais que peu de doute pour l’avoir suffisamment observé, mais que pensait-il ? Après tout, il avait effectivement ses examens à passer, la fin d’année approchant, cela n’aidait pas. Et il avait encore une formation complémentaire… Beaucoup de choses pour une seule personne.

- Vu tout le travail que tu fais, je pense que tu le mérites malgré tout. Lui soufflai-je doucement dès lors qu’il eut terminé de parler pour reprendre son souffle. Alors je ne changerais pas d’avis. Je vais devenir et je resterais ton fan numéro un.  

Entrant dans la boutique, je laissai alors Mika s’entretenir avec l’homme derrière le comptoir, arquant un sourcil sans vraiment trop comprendre. Je ne connaissais définitivement pas le Quidditch… Il allait falloir que je me renseigne. Vraiment. Les Pies de Montrose… Cela, je savais, enfin… Je l’avais cherché. Il s’agissait de son club. Quant à pourquoi « pour une Pies » il pouvait, cela… Enfin. Je ne comprenais même pas comment un balai pouvait « chasser à gauche »… Alors, dès lors que rejoignîmes la rue, je repris parole.

- Les Pies de Montrose sont vraiment aussi connu ? M’enquis-je avant d’hocher la tête concernant la bièraubeurre.

Oui. C’était vrai que j’avais proposé que l’on en prenne une. S’il le désirait seulement… Quoique mieux valait peut-être éviter de le lui reproposer. Je connaissais sa réponse. Lui faisant un léger signe de la tête, les Trois Balais repérés, je réfléchis à sa question.

- Elle est en doctorat, c’est cela ? Tentai-je de me rappeler. Je suppose donc que oui. La plume est une bonne idée… Elle n’a pas d’animal ? Ou… Elle n’a pas besoin de livres ? Tentai-je tout de même de proposer en poussant la porte du pub.

Trouvant une table au fond de l’établissement, j’y entraînai rapidement Mika pour nous y installer.

- J’arrive.

Laissant ma veste à ses bons soins, je pris le pas de nous commander deux bièraubeurre ainsi qu’un soda de branchiflore, que je ne connaissais pas avant de revenir à notre table.

- Je t’en ai pris une et… Cette boisson qui me semblait un peu étrange et qu’un homme a commandé avant moi. J’ai été intrigué. Admis-je quoique le bâtonnet sur lequel était piqué un oignon décorant le verre ne m’inspirait pas vraiment confiance. Alors… Keon-bae ? Proposai-je en levant doucement la chope de bièraubeurre. A ta carrière en tant qu’attrapeur de Quidditch. Et… Baissant le ton je soufflai doucement. Aux Hamsters. D’ailleurs… Cela te dérangerait si je t’abandonnais quelques minutes après ? Je te laisserais aller chercher ton cadeau pour Merindah et moi… J’ai… Je dois faire une course aussi.

Une course qu’il allait m’empêcher de faire si je le lui disais. Je n’étais pas vraiment doué dans les mensonges, encore moins face à lui, visiblement, tant j’avais buté sur quelques mots. Mais j’y tenais. Alors… Il n’aurait pas vraiment le choix.

- A croire que tu me connais bien. Soufflai-je

Je n'en doutais pas vraiment. Après un mois, Mika savait s'adapter autant que je l'avais fait. Nous nous étions appris, nous continuions d'ailleurs à nous apprendre alors qu'il y avait une autre chose dont je ne doutais pas : ses capacités. Bien sûr demandaient-elles que je les confirme lorsque je le verrais voler mais même sans cela, j'en restais convaincu.
Mais à cette certitude s'ancrait alors une nouvelle inquiétude : tenait-il le rythme ? Il fatiguait, évidemment. Ce n'était pas étonnant et cela n'allait pas calmer mon inquiétude. Il fallait le soulager, de n'importe quelle façon que ce soit même si j'admettais n'avoir aucune idée de la façon dont je pourrais l'aider à l'avenir.

- Si tu as besoin de quoique ce soit... Lui indiquai-je alors à mi-voix. Fais attention. C'est tout ce que je te demande.

Ce qui était peut être beaucoup. Ou peut être pas. A vrai dire, je ne m'en rendais pas réellement compte.Je désirais le voir heureux et en bonne santé, et c'est en ce sens que je le soutiendrais. Inconditionnellement, j'en étais sûr.

- Est-ce que j'ai vraiment besoin de te répéter tes mots ? Répondis-je dans un léger rire accompagnant le sien. Cela dit, c'est évident que je te verrais en match.

Je n'avais toujours pas trouvé la façon de convaincre mes parents sans éveiller le moindre soupçon. Du moins... Être pris de passion pour un sport de vol ne me ressemblait pas alors si je ne doutais pas qu'ils acceptent les premières fois, je craignais, malgré tout, qu'ils ne finissent par se poser des questions. Trop de questions pour moi qui préférais éviter tout contact.

D'ailleurs, quelle était réellement la place de son équipe ? Elle avait semblé connue du boutiquier. Attentif à ses explications, j'hochais la tête. Alors son rêve était de devenir l'attrapeur de son équipe nationale... Ce n'était pas étonnant, bien sûr. Et, esquissant un sourire entendu, je repris alors.

- Dans ce cas. Je te promets que lorsque tu deviendras l'attrapeur d'Australie, je... Mmh... Je... Je trouverais quelque chose dont tu te souviendras toute ta vie... Enfin... En plus du fait que tu serais l'attrapeur d'Australie. Plaisantai-je dans un sourire toujours aussi léger.

Et je serais fier. Fier de lui, de ce qu'il aurait accompli, sans pouvoir être à ses côtés, je lui montrerais la fierté que je ressentirais de l'avoir dans ma vie. Quoique... C'était déjà le cas, finalement... Et notamment par le fait que je ne connaissais pas plus bienveillant, pas plus tourné vers les autres que lui. Un fait qu'il me prouva alors de nouveau, réfléchissant à ce qu'il pourrait offrir à sa sœur, ou tout comme. Malheureusement pour lui, je n'avais pas réellement d'idées, ne connaissant pas la sorcière, je me retrouvais à ne lui proposer que des choses assez... Assez simples, et sûrement même trop puisque seule la plume restant, finalement, le meilleur choix.

Dans tous les cas et avant cela, nous nous étions rendu aux Trois Balais pour y prendre la Bièraubeurre désirée. Nous installant au fond, je n'avais pas fait état de la tentative de refus de Mika de me voir payer. Il allait râler. Bien sûr. Mais ce n'était pas réellement un problème. D'ailleurs lui offris-je un sourire plus mutin en revenant à la table, déposant les boissons.

- Parce que je te l'avais dit et que j'en ai envie. Répondis-je simplement. Je te laisserais payer la prochaine fois.

Car il y en aurait bien évidemment. Beaucoup d'autre. Quand bien même il était toujours difficile de rester près de lui de la sorte sans pouvoir le toucher et être tout à fait honnête, moi-même, nous retournerions ici. Et ailleurs peut-être. Nous avions le temps de voir... Dans tous les cas, nous vînmes à trinquer dans nos langues respectives avant que je ne fasse une demande particulière. Celle de le quitter l'espace de dix minutes pour... Une course. Une course dont il verrait la couleur plus tard.
Buvant une gorgée de la boisson, j'arquai un sourcil en l'observant. Cela n'avait pas le goût auquel je m'attendais. Bièraubeurre... Bière puisque c'était servi en chope, cela, je pouvais l'entendre, mais beurre... Ca n'avait pas le goût de beurre. Un goût de caramel, oui. Mika l'avait bien trouvé...
Hochant la tête à sa question j'en profitai pour en reprendre à nouveau, un air satisfait au visage.

- Comme quoi, les anglais ne font pas que des choses... Étranges. Admis-je en reposant la chope un peu trop vidée pour être raisonnable. Quoique cela...

Penchant la tête en observant plus attentivement le deuxième soda, je soufflai. Un oignon. Dans une boisson. Non. Je n'étais réellement pas convaincu. Mais... Mais il allait falloir goûter. Nous étions là pour cela alors... Attrapant doucement le verre de soda, je le portai à mes lèvres, sans même le sentir, par peur d'être peut être un peu trop dégoûté si le goût n'était pas là et... Et le goût ne fut pas là. Non. Vraiment pas. Pourtant, sur mon visage, rien ne se lisait. Habitué des repas où le maintien était de mise, je ne démontrais rien à Mika, non pas car je ne voulais pas être naturel, quand bien même je ne pouvais pas l'être complètement, mais parce que je désirais qu'il se fasse sa propre idée, sans être influencé par ce que je pensais. Alors, dans un geste lent, calculé, je poussai le verre devant lui.

- Essaie. Lui soufflai-je doucement. Tu me diras ce que tu en penses.

En attendant, dans des gestes toujours aussi calculés, je reprenais ma bièraubeurre pour en boire une gorgée, soulageant mes papilles de ce goût que j'avais trouvé... Bien trop étrange pour moi.

- Je ne m'inquiète jamais. Soufflai-je pour toute réponse avant de me permettre une pique dont la réponse me fit arquer un sourcil. Tu as tout compris. Répondis-je dès lors dans un sourire amusé. Un Jeon ne répète jamais.

Du moins, pas quand cela lui permettait de se moquer ou de taquiner gentiment d'un homme dont j'avais entière confiance. Et d'ailleurs, plus que confiance, j'étais fier de lui. Fier de ce qu'il faisait et de ce qu'il ferait. Une fierté, qui me fit doucement secouer la tête de gauche à droite alors qu'il indiquait que cette seule chose serait "déjà cool".

- C'est déjà le cas. Lui dis-je ainsi doucement.

J'étais bien sûr déjà fier de lui. Toujours. Autant que je fus fier de moi de le berner à nouveau pour payer, amusé de sa réaction. Il n'avait pas tort, et le silence que je laissai s'installer à son "pari", ne le tromperait pas. Il y aurait toujours quelque chose pour me permettre de payer, de lui offrir tout ce que je pouvais. Le matériel n'était rien face aux moments, je l'entendais, je le comprenais. Mais je voulais lui faire plaisir. C'était définitif. Alors, trinquant, nous avions pu commencer à boire cette boisson bien meilleure que ce à quoi je m'attendais. Ce qui n'était pas le cas du soda pris en complément. Celui-ci était... Affreux. Et le terme était faible. Mais je ne montrai rien. Mika allait se faire sa propre opinion et... Et cette opinion ne tarda pas à venir, m'arrachant un rire sincère, éclatant.

- Excuse moi... Soufflai-je lorsque le fou rire me quitta enfin. Je ne m'attendais pas à une réaction aussi vive. Admis-je avant de soupirer pour me calmer d'autant. C'est une habitude, expliquai-je finalement. Je ne suis pas très difficile mais il arrive, en repas, de tomber sur des choses que je n'aime pas. Alors pour ne pas vexer nos hôtes, je dois toujours rester neutre, je ne montre ni que j'aime ni que je n'aime pas.

Ce n'était pas plus difficile que cela, finalement. Un simple entraînement depuis des années. Cela dit... Je n'allais pas non plus revenir au verre... Ce dernier ne serait jamais fini et fort heureusement. Je revenais, d'ailleurs, sur le goût des anglais...

Mais rapidement, alors que ma chope se vidait petit à petit, Mika en vint à me demander de sortir. Il avait chaud ? J'admettais être surpris. Que Mika ait chaud était particulier, impensable, même à vrai dire. Mais soit. Hochant la tête, je terminai ma bièraubeurre avant que nous ne devions nous séparer, lui pour son balai et le cadeau pour Merindah moi pour... Pour mes achats. Fort heureusement, il ne me fallut pas longtemps pour trouver ce que je désirais. Plus que lui, puisqu'il était arrivé avant moi à notre point de rendez-vous, mais pas assez pour qu'il ne s'ennuie trop longtemps.

Et maintenant. Qu'avait-il envie de faire ?
Penchant doucement la tête, mes mains dans les poches, je fronçai les sourcils. Il se sentait bizarre ? Il avait l'air pourtant parfaitement bien quelques heures avant alors... Tomber malade aussi rapidement ? Un pas en avant, et j'avais failli mettre ma main sur son front. Un geste avorté alors que je reprenais ma place pour hocher la tête.

- Oui on peut r...

Il... Il avait envie de "trucs" qu'il ne fallait pas faire ici ? C... Comment ? Pourquoi ? Clignant des yeux un instant, comprenant bien trop de quoi il s'agissait. J'admettais cela dit que j'avais légèrement chaud aussi alors... Ou... Oui. Mieux valait rentrer. Les joues légèrement plus roses à l'idée que Mika puisse avoir la moindre envie, je me laissai tirer vers le château, le regard vague, tentant de réfléchir à ce qui avait pu se passer.

Le trajet se fit dans le silence, perdu dans mes pensées, j'avais fini par réaliser une chose... Ou... Ou tout du moins à avoir une légère idée quant à ce qui était capable de faire cela... Y avait-il de l'alcool dans la bièraubeurre ? La question s'était imposée à mon esprit lorsque je poussai la porte de notre chambre, la fermant derrière nous pour venir immédiatement poser ma main sur le front de Mika.

- Tout va bien ? Soufflai-je, peinant à masquer l'inquiétude dans ma voix. Tu devrais t'allonger, Hae. Je vais te chercher de quoi boire, d'accord ?

- Parce que c'est beaucoup plus naturel. Expliquai-je simplement avant que nous ne finissions aux Trois Balais.

Et si l'expérience de la bièraubeurre fut entièrement concluante pour chacun d'entre nous, celle du soda branchiflore fut... Monstrueusement raté. C'était immonde. Seul ce mot pouvait décrire le goût qu'avait cette boisson. Et la réaction de Mika ne fit que me prouver qu'en effet, je ne me trompais pas. Quand bien même j'étais resté de marbre face à ce goût.

- Parce que tu es plus sincère que moi. Soufflai-je en haussant légèrement les épaules. J'ai été éduqué à garder le contrôle quelle que soit la situation pour ne pas risquer de faire honte.

Et même si je n'étais certainement pas le plus fier, même si je courbais bien facilement l'échine face à mes aînés, même si j'avais déjà un genou à terre, la contrôle restait de mise dans la plupart des situations. Sauf, peut être, avec Mika.
Un Mika qui, rapidement, me demanda à quitter les lieux.Soit. Sans opposer la moindre résistance, j'avais accepté, comme j'acceptai alors de rentrer à Poudlard, malgré tout inquiet de son état... Etrange. Il avait chaud, malade ? Peut-être mais... Mais pourquoi avait-il ce type d'envie maintenant ? Cela ne lui ressemblait pas vraiment, pas si vite... Si ? Alors nous étions rentré.

J'avais fermé la porte derrière nous avant de me dépêcher près de lui, ma main sur son front pour en jauger la température avant que je ne lui propose de s'allonger. Je ne le quitterais pas longtemps, seulement le temps d'aller chercher un peu d'eau. Il semblait en avoir besoin.
Mais il m'en empêcha. Sa main accrochée à ma chemise, je l'observai, surpris avant que ses lèvres ne se mêlent aux miennes dans un geste auquel je ne pouvais que répondre. Ses lèvres avaient alors un goût différent, un goût qui m'appelait bien plus qu'elles ne m'avaient appelées jusque-là. Mon souffle coupé, la pression s'accentua lorsqu'il vint glisser ma main sous son haut.

- Hae... Murmurai-je avant que sa voix ne m'arrête.

- Je t’aime aussi, Hae… Soufflai-je alors, me rapprochant de nouveau de lui pour l’embrasser, bien plus amoureusement que jusque lors, ma main n’ayant pas quitté sa joue, ne les quittant que pour lui sourire, sans vraiment m’éloigner. Tu… Tu vas bien ? M’enquis-je malgré tout, conscient de ce qu’il venait de se passer, conscient que nous avions franchis une limite qui n’était qu’un mirage jusque-là, qu’il n’avait pourtant pas tout ses esprits.

Le fait d’entendre sa voix, de l’entendre dire qu’il allait bien me rassura. Le regard voilé, j’hochai doucement la tête. Comment ne pas aller bien ? Comment ne pas se sentir serein quoiqu’enivré de ce qu’il venait de se passer ?
Lui n’avait seulement pas compris comment il avait pu… Comment cette situation avait pu se produire. Je n’avais pas réellement de réponse à cette question. Mais je savais une chose… Tout était parfait. Il était parfait. Me laissant attiré, mes bras cédant, je soufflai doucement, un léger rire se faisant entendre tandis que mes mains reprenaient possession de son corps, caressant sa peau avec envie autant qu’avec plaisir.

- Je ne compte pas arrêter. Répondis-je dans un murmure en me laissant rouler à côté de lui, l’enfermant entre mes bras sans que ne cesse la moindre de mes attentions.

Esquissant un léger sourire, je glissai ma main dans ses cheveux, le gardant contre moi, pour moi seul. J’admettais ne pas avoir imaginé que cela était aussi bon. Enfin… C’était différent. Complètement différent de ce qu’il m’avait offert jusque-là. Je n’avais pas été le seul à prendre ce plaisir physique, je l’avais vu se cambrer, je l’avais entendu, j’avais vu son plaisir dans ses yeux, dans son corps et cela… Cela n’avait pas de prix, cela n’aurait jamais le moindre prix.

Mais était-ce normal que cela soit aussi intense ? Un instant, je réfléchis, enfouissant mon nez dans ses cheveux, respirant son odeur, ma main libre s’apaisant par sa peau.

- Je suppose… Finis-je par admettre. Je… Ce n’était pas pareil qu’hier et… C’était beaucoup plus intense. Beaucoup plus… Plus profond, plus puissant… Je ne savais pas que c’était possible… Enfin… Plus que ce que tu m’as déjà fait…

Et c’était là un exploit tant je ne pensais pas cela possible. Définitivement.
Soufflant doucement, la main dans ses cheveux glissa sous son menton pour lui faire lever le regard vers moi. Penché vers lui, un sourire aux lèvres, ce même sourire satisfait, serein, amoureux, je vins l’embrasser, doucement.

- C’était parfait et… Et beaucoup trop bon…

Et il était évident que l’envie de recommencer risquerait de revenir bien trop vite, bien trop pressamment. Pour autant… Déposant mes lèvres sur son front, je soupirai de nouveau, tant d’épuisement que d’une légère inquiétude qui revenait doucement mais que je tentais de faire taire.

- Alors c’est normal. Lui soufflai-je pour effacer mes propres émotions. Je ne suis pas expert… Enfin… Tu es le premier qui… Avec qui je… Enfin que j’aime comme ça… Tout court. Mais… Mais tu n’imagines pas combien le fait que je te plaise comme cela me fait du bien… Me rassure aussi. Admis-je quoiqu’hésitant. C’est… Enfin… C’est peut-être de la… Mmh… Fronçant les sourcils, je tentais de trouver le mot anglais me permettant de définir ce que je pensais. 색욕… Non, je n’y arrivais pas, alors, je secouai doucement la tête. Enfin ce n’est peut-être pas correct mais… Cela me fait du bien.

Pour le rassurer, il me semblait important d’être honnête, de ne rien lui cacher. Après tout… Je n’étais pas beaucoup plus avancé que lui, surpris, même, de l’intensité de ce qu’il s’était passé. C’était un moyen pour moi de me rassurer. Aussi.

Est-ce que cela m'effrayait... Un instant, j'y réfléchis, en silence. Un silence que je brisais alors finalement. Oui. J'avais peur, en un sens, mais pas vraiment de l'intensité. Pas de ce que cela serait. Bien plus de ce que cela signifierait quoique n'était-ce pas déjà trop tard ? D'autant que... Faire l'amour. M'arrachant un soupir je vins chercher ses lèvres.

- Pas avec toi.

Non. Non, avec lui, rien ne me semblait effrayant. Rien ne pouvait l'être. Il effaçait mes doutes, mes craintes dès lors qu'il m'étreignait. Alors, non. Ce n'était pas effrayant. Ca ne le serait jamais.

- Quand on le fera, repris-je, Quand on... Quand on fera l'amour... Cela sera juste... Normal. La... La meilleure chose que l'on pourra partager tous les deux.

Du moins, je le supposais. De toutes les manières, cela ne pouvait être qu'une chose... Parfait. C'était parfait. Il l'était pour moi. Et c'était cela que je désirais lui montrer alors qu'à nouveau, encore, je l'embrassais, son visage tourné vers le mien.
Son sourire appelait le mien. J'aimais le voir, le sentir sourire contre moi. Cette sensation de force, de sérénité ne me quittait pas dès lors que je le sentais apaisé, heureux entre mes bras. Une sensation que je ne voulais plus voir disparaître alors que je lui expliquais combien j'étais heureux de ce fait, de le voir me désirer.

- Je sais... Murmurai-je en réponse. Et ça me suffit. Mais c'est... C'est autre chose. C'est différent et savoir que... Réfléchissant à mes mots, je repris rapidement. Savoir que tu es à moi. Admis-je. Enfin... Que... Que tu es pour moi...

Non. Inutile de chercher autrement. C'était exactement cela. L'avoir entièrement, l'avoir sans condition me plaisait car cela signifiait que j'étais tout autant à lui, et même si cela était déjà le cas... Cela restait un tout. Un tout dont je n'allais plus réussir à me passer. Et cela même si c'était...

- Saeg-yog... Répétai-je à nouveau, cherchant de nouveau la traduction anglaise de ce mot, en vain, avant que je ne fronce les sourcils, secouant la tête de gauche à droite, sentant une inquiétude que je ne voulais pas voir chez lui. Non.  Enfin...

Si. Ce n'était pas correct. Pas au sens de mon devoir, de ce que l'on attendait de moi, d'un homme en général. Mais pour autant...

- Cela n'est pas correct dans ce que je suis. Pas dans ce que nous sommes. Tentai-je de m'expliquer. Le mot est différent c'est... Je n'arrive pas à trouver comment le dire en anglais. Ce n'est pas correct parce qu'en te disant ça, il semble que je sois plus intéressé par... Par ton corps et que tu sois intéressé par le mien, mais ce n'est pas le cas. Cela ne sera jamais le cas. C'est juste... Tout te donner et tout avoir de toi... Enfin de compte... Plus que "saeg-yog", ce serait "jagijungsimjeog"... Egoïste.

Arquant un sourcil, je l'observai alors se redresser, s'asseoir à côté de moi sans que je ne bouge, ne laissant que ma main glisser sur sa cuisse, désireux de garder un contact, n'importe quel contact, avant que mon regard ne se lève jusqu'au sien. Jusqu'à ce regard que j'aimais, qui me semblait à cet instant bien plus intense qu'il ne l'avait été.
Alors c'était mon grain de beauté qu'il avait remarqué en premier ? Soufflant dans un léger rire à cela, je continuai de l'écouter. Oui... En un mois, beaucoup de choses avaient changé. Et notamment mes sourires, devenus plus communs, quoique souvent léger. Mais il arrivait, lui plus que n'importe qui, à me faire sourire, à me faire rire même. Mais plus que cela... J'avais commencé à l'attirer. Pas par cet état second dans lequel il s'était retrouvé mais... Mais parce que c'était réellement le cas, parce qu'il avait aimé... il avait aimé ce que nous avions fait, ce qu'il avait fait, mes réactions, mon expression...
Sans le quitter des yeux malgré la légère gêne que je ne pouvais m'empêcher de ressentir à ses mots, je tendis ma main vers sa joue, caressant sa pommette rougie de l'idée, de ce qu'il s'était passé, répondant à cette rougeur par un sourire, par une même rougeur sur mes joues. L'entendre dire qu'il était tombé amoureux de mon corps était... Cela avait quelque chose de grisant, bien plus que je ne l'imaginais malgré même le soulagement que j'avais pu ressentir un instant. Mais le plus fort, le plus important, fut certainement la fin. Il voulait tout me donner... Que tout soit pour moi... Et il me remerciait et...

Me redressant à mon tour pour lui faire face, ma main glissa doucement dans sa nuque, me laissant approcher de lui pour l'embrasser, aussi tendrement que passionnément, ne me reculant que pour poser mon front contre le sien.

- Je t'aime... Murmurai-je comme un évidence. Et... Je veux être à toi. Je veux réellement... Être seulement à toi. Même si mon avenir compliquerait ces faits, je ne voulais que cela, je voulais lui appartenir, garder cet endroit de bonheur, de plaisir qu'il m'offrait inconditionnellement. Je veux seulement que... Que tu sois heureux, je veux te rendre heureux, te montrer combien toi tu me rends heureux. Je veux te voir... Comme je t'ai vu aujourd'hui. Soufflai-je. Tu étais... Tu étais magnifique. Tu étais tout ce que je désirais... Tu es tout ce que je désire...

Je n'avais jamais désiré quelqu'un de la sorte. Certainement par peur... Comment cela se serait-il passé si j'avais admis qui j'étais avant aujourd'hui ? Comment aurais-je réagis ? Serais-je, même, venu ici ? A vrai dire, la question ne se posait pas. Le passé ne se refaisait pas. Les faits étaient là. Devant nous. Et il m'apprenait à avoir confiance, à... A être fier de ce que j'étais, quand bien même mes craintes ne s'étaient pas évaporées, quand bien même elles s'étaient même fortifiée tant je n'imaginais pas être séparé de lui ou renié à la fois. Et si j'avais peur, si j'admettais toujours difficilement être ce genre de personne, ne pas être ce que l'on attendait moi, si cela me blessait de m'en rendre compte... Je ne pouvais qu'être sûr d'une chose : j'étais là où je devais être. Entre ses bras. Avec lui dont j'étais tombé amoureux bien trop rapidement pour que ce ne soit pas... Normal.

- Hae... Repris-je finalement avant que mes lèvres ne se reposent sur les siennes. Quel que soit... Quoique je doive faire plus tard... Je... Je serais toujours entièrement... A toi. Seulement. A toi. Personne... Personne ne pourra être plus important que toi...

Même celle qui deviendrait un jour mon épouse, en espérant que cela n'arrive pas avant longtemps, personne ne serait plus important qu'il ne l'était lui...

- Je veux être à toi... Soufflai-je dans un murmure, une supplique.

Je le voulais, je l'étais. Je ne pouvais voir autrement...

Il était à moi... Ce simple fait, celui de l'entendre, embrouilla mon esprit avant que ce dernier ne se perde de nouveau en explication. Non. Ce n'était pas nous qui n'étions pas corrects. C'était moi. Ma façon de voir les choses, trop luxurieuse, trop accès sur son corps peut-être. C'était égoïste. Un égoïsme qu'il réfuta. Je donnais trop pour l'être...

- Je ne te donne pas assez à mon sens. Lui soufflai-je, toujours en proie à ma peur de l'avenir, à ma peur que nous ne soyons découverts.

Mais malgré cette peur, malgré les doutes qui m'assaillaient, une chose seule restait. Je désirais à être lui. Pour lui. Seulement pour lui. Un fait qui me poussa à l'embrasser, à tenter de le lui prouver par tous les moyens que j'avais et... Il était heureux. Souriant, je caressai lentement sa joue, serein.

- C'est tout ce dont je rêve... Murmurai-je en réponse.

C'était la chose la plus importante. Son bonheur. Son seul bonheur. Et quoique je doive faire, quoique je puisse faire à l'avenir, cela ne changerait pas. Je serais à lui, à lui seul. Je me moquais de ce qui pourrait m'entourer. Sûrement, d'ailleurs, étais-je monstrueux de penser cela à cet instant mais l'idée d'avoir une femme ne m'atteignait pas. Je n'en voudrais pas. Je l'accepterais sans la vouloir. Car il était là. Et je me refuserais de m'éloigner pour une épouse que je ne désirais pas. Jamais.
Me redressant pour lui laisser plus de place de se mouvoir, je l'accueillis avec plaisir sur moi, contre moi, le laissant guider mes mains, les ancrant sur son corps. Son soupir m'arracha un frisson puissant, me faisant peiner à garder toute contenance, à m'empêcher de l'embrasser, de prendre possession de ses lèvres que j'aimais tant sentir contre les miennes. Je restai pourtant solide, activant seulement mes mains, caressant sa peau, du bas de son dos jusqu'à oser pousser légèrement plus loin, en haut de ses fesses que je découvrais presque distraitement, le laissant reprendre parole.
Fermant les yeux au contact de sa joue, je laissai un soupir s'échapper lorsque ses dents capturèrent ma lèvre. Il était difficile, presqu'impossible de rester de marbre alors que l'une de mes mains avait cessé tout mouvement, posée, ancrée plus bas qu'il ne l'y avait mise.

- Tu pourras me demander de ne pas m'inquiéter cent fois... Cela ne changera pas. Lui répondis-je dans un murmure tremblant du désir qui semblait vouloir reprendre sa place dans mon esprit. Je ferais toujours tout... Pour toi...

Mes mots s'étaient brisés lorsque ses lèvres avaient glissé dans mon cou, provoquant un tremblement, un frisson qui parcouru mon dos tandis que mon bras qui n'avait pas perdu sa mobilité venait l'enserrer contre moi, faisant épouser son corps et le mien.

- Cela sera toujours le cas... Répétai-je bien plus bas, basculant ma tête en arrière pour lui laisser la place, sa place, celle qu'il aurait toujours. Continue... Soupirai-je presque malgré moi à son contact qui m'apaisait autant qu'il m'enflammait. J'adore tes lèvres...