Ce n’était pas un oui mais surtout… Ce n’était pas un non. Si la lettre d’Alec m’avait fait un bien absolu, je devais admettre que la lettre de Madame Wilde m’avait ramené sur terre. Cela m’avait-il fait changer d’avis ? Pas vraiment. A vrai dire… Cela n’avait même fait que me conforter dans mon idée.
Oui. Les choses avaient changé. Mika avait changé. J’avais moi-même changé. L’avenir s’annonçait déjà difficile, nous le savions, et aujourd’hui… Sûrement cela ne pourrait pas être pire, finalement. Et peut-être était-ce finalement cela qui appuyait mes pensées. Cela ne pourrait pas être pire. Bien sûr avais-je lu les lignes de Madame Wilde. Bien sûr connaissais-je la possibilité qu’un jour Mika soit entièrement brisé mais… Non. Je me le refusais. Je refusais d’y penser réellement ou plutôt d’imaginer que je puisse ne pas pouvoir le protéger à nouveau. Il avait déjà trop souffert. Je voulais que cela s’arrête et je ferais tout pour cela. C’était définitif.
Mais réfléchir davantage ? Je n’en avais pas envie. Je ne voulais pas perdre davantage de temps alors que je sentais comme un étau se refermer sur moi. J’allais finir marier. C’était un fait absolu. Mais je refusais que Mika ne soit pas le premier, le seul qui aurait, de toutes les manières, mon cœur. Je n’oubliais cependant pas les derniers mots de Madame Wilde. Ne pas disparaître pour lui… Ces mots avaient un sens bien spécial et… Elle avait raison. Et c’était là ce que je désirais. Me battre pour lui. Pour son bonheur. Exister, lui donner une nouvelle raison, à lui, de se battre, encore et encore. Il était aujourd’hui libéré de son arrière-grand-père… C’était le moment pour lui de réapprendre à vivre en paix. Même avec Jizo.

Ainsi lui avais-je demande, ou plutôt ordonné je devais l’admettre, de me rejoindre à Pré-Au-Lard ce vendredi soir, juste après nos cours alors même que j’imaginais que le manque de réponse sur l’annulation de son entraînement ce jour et ce week-end devait l’agacer. Mais j’avais tenu. Je n’avais rien dit. Rien d’autre qu’il fallait absolument qu’il soit à l’heure. En effet, j’avais dû commander un portoloin qui devait partir pour 18h30. Demandant une autorisation exceptionnelle à la professeur d’Histoire de la Magie, j’avais au moins pu quitter le cours une heure plus tôt pour préparer nos affaires et quitter Poudlard, nerveux.

Cette nervosité, cela faisait maintenant plus de deux semaines que je vivais avec. D’abord pour la réponse de Monsieur et Madame Wilde, maintenant pour ce programme que j’avais construit pour lui. Rien n’était laissé au hasard…

- Aucune question. Soufflai-je lorsqu’enfin Mika apparu dans mon champs de vision.

Un sourire aux lèvres, j’avais glissé mes mains sur sa taille, posant mes lèvres sur son front. Il était vrai que j’étais peut-être un peu moins attentif aux autres depuis la chute de Poudlard mais… De toutes les manières, ce week-end se devait d’être spécial.

Ma main glissant dans la sienne, je l’avais ainsi attiré sans plus un mot à travers les rues de Pré-Au-Lard jusqu’à l’endroit où le portoloin nous attendait. Portoloin que nous pûmes enfin prendre à 18h30 précise, nous entraînant dans un pays que je ne connaissais pas encore et qui n’était pas encore reconnaissable à notre lieu d’arrivée… Soit. Il fallait donc sortir. Et j’avais donc entraîné Mika à travers ce qui sembla être le quartier magique pour en sortir et… Ah. Voilà. La « Tour Eiffel ». On la voyait bien…

- Bienvenue en France. Avais-je enfin soufflé, me retournant vers le sorcier dans un large sourire. Je… En fait c’est moi qui ai demandé à tes parents de te permettre de venir et de rater un week end d’entraînement. Je voulais… J’avais doucement glissé mes mains sur ses hanches, l’observant tendrement. Je voulais que l’on se retrouve un peu tous les deux, qu’on profite et… Enfin qu’on ait un moment rien qu’à nous. Loin de tout. Enfin pas très loin non plus mais… J’étais définitivement beaucoup trop nerveux. Bref. Soufflai-je en secouant la tête. J’ai prévu un week end complet et… Et tes parents sont au courant de tout, c’est promis. Je ne t’enlève pas sans les prévenir. Alors… Tu peux dire non, hein. Tu as le droit de préférer aller t’entraîner ! Je ne voudrais pas te… Il fallait que je me calme, par tous les mages. Enfin voilà. Si tu le veux bien… On va passer un week-end ici, en France, à Paris. Juste toi et moi…

Désolé ? Fronçant les sourcils, je ne comprenais pas. De quoi pouvait-il être désolé ? Je ne faisais que donner des ordres ? Mais… Je… Baissant les yeux, je tentai de me rappeler de tout ce que j’avais pu dire et… Je…Je donnais des ordres. Sans m’en rendre compte, voulant simplement bien faire, je donnais des ordres mais…
Rapidement, mon regard s’était relevé dans celui de Mika alors qu’il se mettait à fuir mon regard.

- Hae… Avais-je murmuré, mon cœur se serrant brusquement face à ses vérités.

Il regrettait avant. Il regrettait son arrière grand père et… Et j’avais… Je voulais seulement son bonheur et je… Il me semblait soudain que je faisais tout le contraire sans comprendre quoi faire. Serrant les dents, retenant des larmes qui voulaient soudain se déverser sur mes joues. J’étais… J’étais un incapable. J’avais enfermé Mika sans le vouloir. Pire ! Alors même que je voulais son bonheur et sa liberté, je l’avais privé de cela. J’étais… J’étais un monstre et… Le laisser respirer… Je… Serrant davantage les dents, je tentai de réunir mes pensées, de ne pas me laisser envahir par des angoisses difficiles à maîtriser.
Il fallait… Je devais réfléchir. Il fallait que j’arrive à comprendre, à maîtriser. J’étais… Tout en haïssant ce fait, j’étais devenu le maître de Jizo pour la liberté de Mika. Alors qu’est-ce qui… Qu’est-ce qui l’empêchait d’être heureux, d’être libre… C’était qu’il n’était plus là, que Jizo prenait la place parce que je donnais des ordres et… Et Jizo prenait le dessus alors… Est-ce que je pouvais faire ça ?...

- Je suis désolé… Avais-je murmuré, retenant un sanglot, le poing serré sur ma cuisse alors que mon regard tombé dans celui de Mika. Je… Je ne me rendais pas compte de…

Reculer. Est-ce que reculer serait… L’idée de partir m’était venue en tête. J’étais un incapable, j’étais dangereux pour lui, pour son bonheur et… Le laisser respirer était peut-être la solution, disparaître serait certainement plus facile pour lui, mais m’en séparer… C’était… J’étais égoïste. Je ne pouvais pas, je n’y arriverais pas.

- Je ne voulais pas… Avais-je murmuré plus difficilement. Mais… Je… Je ne sais pas si je peux…

Comment faire pour que Jizo lui laisse la place ? Comment faire pour qu’il soit libre ?... Est-ce que Jizo pouvait se contenir ? Est-ce que je pouvais le lui demander ? Est-ce qu’il le ferait ? Est-ce que cela suffirait ? Les questions se bousculaient dans ma tête alors que Mika m’avait bien demandé de ne plus donner d’ordre mais…

- Jizo. Ordonnai-je malgré la demande de mon fiancé. Laisse Mika agir. Je ne veux plus que tu le forces à faire quoique ce soit. Pas tant que je ne te l’aurais pas demandé et… Il voulait me rendre heureux, c’était pour cela qu’il agissait alors… Je serais heureux si tu laisses Mika agir comme il l’entend. S’il te plait. Car il s’agissait plus d’une supplique qu’autre chose. J’avais besoin que Mika soit heureux…

Mais cela allait-il fonctionner ?... Je n’en savais rien. Je… Je n’en étais pas sûr et…

- Si tu veux que je te ramène chez tes parents maintenant, Hae… Je peux… Je retournerais à Poudlard, je… Je peux te laisser la place que tu veux, je peux te laisser respirer autant que tu le veux. Je… Je veux juste que tu sois heureux et libre… Murmurai-je difficilement tant cela me faisait mal de le lui dire. Je n’avais pas envie d’être séparé de lui mais… Mais s’il le voulait alors… Alors d’accord. Alors je ferais n’importe quoi et… Mais ne t’excuse jamais s’il y a quelque chose qui ne va pas… Mika… Regarde-moi. Soufflai-je un peu plus sérieusement quoique toujours difficilement, mes mains glissant sur ses joues, essuyant ses larmes. Je n’ai pas noirci mon âme… Je l’ai fait pour préserver ta lumière et… Et je ne le regretterais que si tu le regrettes toi… Et tu as le droit de le regretter… Je… Je ferais ce qu’il faut. Tout ce qu’il faut pour que tu sois heureux… Alors… Est-ce que tu veux rentrer chez tes parents ? Est-ce que tu veux être seul ce week-end ? Soufflai-je doucement.

Le sentir contre moi me faisait du bien, malgré tout, malgré les mots. Instinctivement, je l’avais entouré de mes bras, glissant une main dans ses cheveux pour le maintenir ainsi, contre moi, dans mon cou.

- Alors je ne pars pas… Assurai-je sans la moindre hésitation.

Mais le pire était finalement peut-être encore à venir. Je n’avais pu m’empêcher de le serrer davantage contre moi à ses mots. Je l’avais tué. S’il ne disait pas le mot, cette vérité… C’était effectivement le cas. Je l’avais tué. Moi. Alors même que je lui avais promis de le protéger. Alors même que j’aurais tout fait pour le protéger, je l’avais tué alors… Pourquoi… Baissant les yeux, incapable de lui faire face, je n’avais, cette fois, pas su retenir ce sanglot, ma main se raidissant dans ses cheveux.

- Je suis désolé… Avais-je murmuré. Je suis tellement désolé… Je… Je pensais pouvoir l’éviter… Je pensais que… Je ne voulais pas… Je n’ai jamais voulu te faire le moindre mal et… Quand je t’ai vu devant moi…

Cela avait été la fin de mon monde. Depuis ce jour, je n’avais eu de cesse de m’en vouloir, de me détester pour ce geste que je n’avais pas pu éviter. J’aurais pourtant tout donné pour l’éviter, pour ne jamais avoir à lui faire le moindre mal.

- Je ne pensais qu’il n’aurait pas le temps… Avais-je admis.

Je l’espérais tellement… Et cela n’avait pas été le cas alors que je me séparai de lui, glissant une main sur sa joue, douloureusement.

- Je ne voulais pas… Je… Je suis désolé… Je…

Si Jizo ne l’avait jamais laissé parler de cela… Je n’avais jamais non plus fait cette démarche, conscient de ce que j’avais fait, conscient de combien cela pouvait être douloureux, de combien cela ferait souffrir de raviver ce souvenir qui, pourtant, ne m’avait jamais quitté.

- Mais… Hae… Il ne me volera jamais… Tu es l’amour de ma vie et… J’avais baissé les yeux, incapable de soutenir son regard. Je passerais… Je passerais ma vie à m’en vouloir pour ce que j’ai fait. Avais-je admis. Je n’arrive pas à… Toutes les nuits je le revois… Je te revois t’écrouler et j’ai l’impression d’étouffer, de… De suffoquer et je… Je n’ai qu’une seule envie c’est de te rejoindre. Ma phrase s’était terminée dans un murmure alors que je serrai le poing, doucement. Je suis désolé…

Mais plus que tout cela… Mika… Relevant mon regard rougis par les larmes qui menaçaient de glisser le long de mes joues, j’avais rapidement secoué la tête à ses mots, me redressant pour m’asseoir à côté de lui, pour l’attirer à moi, plongeant mes yeux dans les siens.

- Hae… Ecoute moi… Murmurai-je. C’est fini. Je… On va gérer Jizo mais… Mais c’est fini. Tu n’auras plus à vivre de violence. Tu ne dois plus avoir peur… Le serrant dans mes bras, j’avais froncé les sourcils alors même que la peur me tiraillait. Je suis là. C’est fini et… Et on va faire en sorte que ta vie reprenne comme avant… Il faut… On doit seulement s’adapter avec Jizo. Il faut… On va trouver comment faire mais c’est fini… Je te promets que tu vas être heureux… On fera tout pour que tu sois heureux… Car c’était là la seule chose que je désirais plus que tout au monde. Fais-moi confiance… On va réussir… Tous les deux… C’est fini… Répétai-je, caressant lentement ses cheveux.

Oui. C’était fini. Il n’aurait plu rien à craindre, pas tant que je serais là en tout cas, plus que jamais décidé à le soutenir, à trouver le moyen de lui rendre sa vie. Au moins Jizo semblait-il pour le moment décidé à m’obéir, à lui laisser sa liberté… C’était cela de gagner, cela me permettrait au moins de réfléchir à une solution plus pérenne mais… Plus tard. Lorsque nous aurions passé du temps ensemble si c’était là réellement ce qu’il voulait.

- Alors… Qu’est-ce que tu veux faire ? Avais-je murmuré, me décalant à nouveau pour l’observer. La seule chose que tu dois savoir est que je préviendrais tes parents de nos changements de plans… Je leur ai promis dans ma lettre. Soufflai-je dans un léger sourire que je voulais réellement rassurant. Mais on fera tout ce que tu as envie de faire, même si mon planning entier doit tomber à l’eau. Tu vas faire ce qui te rend heureux et ce que toi tu as envie de faire. Juste ça. Rien d’autre.

Et tant pis pour le reste. Je pouvais annuler chaque réservation, finir dans des refuges pour animaux tout le week end si cela lui faisait plaisir. Je voulais seulement revoir le sourire sur son visage…

- Si je te le disais… Si je te l’avais dit, Jizo aurait pu se préparer, le prévenir en devinant ce que nous voulions faire, être sur ses gardes ou… Il ne fallait pas que tu saches. Admis-je. Je ne voulais pas que… Je ne voulais pas que ça arrive.

Mais c’était arrivé et je savais que j’aurais sûrement du le lui dire, émettre cette possibilité mais si aujourd’hui le poids de cette dernière était infernal, avant cela… Je… Je n’aurais jamais pu imaginer, parler de cette possibilité tant elle me semblait impossible à croire…

- Je ne voulais pas le faire. Répétai-je en serrant les dents. J’aurais… J’aurais préféré faire n’importe quoi d’autre plutôt que ça.

J’avais cru, réellement, qu’il n’aurait pas le temps de l’appeler, que nous serions plus rapides que ça. Je m’étais trompé et j’avais fini par admettre combien cela me faisait encore souffrir, combien je m’en voulais pour ce geste qui m’avait pourtant permis de le débarrasser finalement de son arrière-grand-père mais qui m’hantait encore malgré les semaines. Un fait qui provoqua une réaction vive de Mika, me faisant froncer les sourcils alors que je le serrai davantage contre moi. Plus de pensées… J’aurais aimé que cela soit si simple mais cette image… J’avais tué la personne que j’avais juré de protéger. J’avais tué l’homme pour qui je donnerais tout et… Je n’arrivais pas à l’accepter, à accepter ce geste, mon geste mais…

- D’accord. Soufflai-je. On… Je vais essayer.

Il était inutile de lui mentir, de tenter de lui faire avaler la moindre couleuvre. Mika me connaissait, il savait combien la culpabilité pouvait être tenace chez moi.

- Mais n’aies pas peur de me parler… N’aies jamais peur de me parler Hae… S’il te plaît… C’est pire sinon…

Il m’avait appris à parler, à communiquer, à échanger et même si j’avais, comme encore trop souvent, préféré garder mes cauchemars pour moi… Cela ne devait pas être le cas pour lui. Il ne devait pas me cacher les choses, il ne devait pas… Il fallait que l’on avance et j’avais l’impression, soudain, d’avoir été face à un mur durant des semaines.
Une impression qui se concrétisa alors qu’enfin, Mika s’exprimait, me laissant tenter de le réconforter. C’était fini. Tout était fini. Il n’y avait plus à se battre. Il n’y aurait plus de violence. Il ne devait plus avoir peur… Tout n’était pas parfait, bien loin de là. Il fallait encore que nous nous adaptions, que nous trouvions une façon de faire mais… C’était fini. Tout allait redevenir normal. Il allait pouvoir retrouver sa vie.

- Ne sois d’accord avec rien de ce que je dirais si tu n’en as pas envie. Acquiesçai-je dans un sourire que je voulais rassurant. Je veux seulement que tu vives et que tu sois heureux… Hae… C’est tout ce qui m’importe… Caressant sa joue, j’avais doucement froncé les sourcils. Tu peux me rendre complètement fou en faisant des cabrioles sur ton balai pendant les matchs, tu peux manger beaucoup trop de sucre tous les jours, des ananas toasts autant que tu veux, tu peux ne pas faire aucun devoirs et préférer faire je ne sais pas quoi… Ne m’écoute pas. J’ordonnerais dans ce cas à chaque question à Jizo de te laisser répondre s’il faut. On trouvera un moyen, n’importe lequel mais je ne veux pas que… Je veux que tu fasses ce que tu as envie, quand tu en as envie. Je veux que ce sois toi et… Je suis désolé de… J’aurais dû réagir avant… Admis-je, honteux.

Mais cela commencerait aujourd’hui. Il fallait que l’on avance, il fallait que l’on reprenne le cours de notre vie, de sa vie. Et cela passerait par ce week-end. Que voulait-il faire ? Je changerais le planning s’il avait des envies, des désirs. Je m’en moquais. Je n’aurais qu’à prévenir ses parents. Ce n’était rien. Je le ferais. Je leur avais simplement promis dans ma lettre et…

- Je…

Je n’étais pas un bon menteur, cela avait toujours été le cas et devant Mika… C’était pire, bien pire, au point que j’avais détourné les yeux, cherchant une excuse, la première.

- Je leur ai envoyé tous l’itinéraire et les papiers d’autorisation de sortie de l’école pour leur faciliter la tâche alors… Ecrire tout par lettre était plus facile. Soufflai-je.

Au moins cette excuse était-elle valable, quand bien même mon comportement n’était pas en totale adéquation avec mes mots assurés. Mais… cela n’était pas bien grave. D’autant qu’il accepta de suivre le planning malgré tout, la raison me faisant doucement secouer la tête.

- Ne m’oblige juste pas à trouver un hôtel à la dernière minute. Répondis-je dans une légère plaisanterie. Mais le reste peu changer, je te le promets. J’annule chaque réservation s’il le faut, ce n’est pas grave. Vraiment pas.

Mais il voulait suivre le programme. Alors… S’il le désirait, nous le ferions. Je ne me battrais contre rien, je ne ferais qu’écouter ses envies et si cela était réellement connaître ce que j’avais préparé alors… Alors cela m’allait. Vraiment.
Mais avant cela… j’avais arqué un sourcil, que voulait-il faire avant ? La réponse me plut. Réellement. Alors que mes bras venaient glisser autour de son cou, lui rendant ce baiser qui avait ce goût bien particulier d’une nouvelle étape et dont je profitais sans restriction.

- Je t’aime… Lui rappelai-je contre ses lèvres. Je t’aime plus que tout. D’accord ?... Mais si tu veux suivre mon programme… Il faut qu’on y aille. J’ai commandé un…

J’avais dû sortir mon téléphone pour vérifier le nom. Cela m’avait pris beaucoup de temps à Pré-Au-Lard pour comprendre les applications, comment cela fonctionnait, comment il fallait payer. J’avais même fini par réussir à ouvrir un compte moldu, en Angleterre, non sans difficulté. Mais j’avais tout fait, tout réussi et j’admettais être plutôt fier de cela.

- Un Hubert. Soufflai-je en me relevant, glissant ma main dans la sienne pour l’attirer au point de rendez-vous où notre voiture nous attendait déjà. Oh et… Je m’étais brusquement arrêté. Il n’y a qu’une seule chose, en fait, que tu n’as pas le droit de faire ce week-end et je sais que ça va te démanger… Ne fais pas attention au prix des choses s’il te plait. Je veux juste que tu profites… Tu peux faire ça ?

Car j’admettais… J’avais peut-être exagéré sur certaines choses. D’ailleurs mes parents s’étaient-ils même demandé ce que je faisais tant j’avais retiré d’argent soudainement sur le compte sorcier coréen. Au moins leur manque d’attention m’avait-il permis de leur faire croire à tout autre chose. Mais cela m’avait bien prouvé une chose… J’avais peut-être vu les choses en un peu trop grand…

Dans tous les cas, nous avions pu enfin monter en voiture, non sans que l’homme semble râler en français ce qui eut au moins le mérite de nous empêcher de comprendre la raison. Sûrement notre retard… Ce n’était pas grave.
Ma main dans celle de Mika, je l’avais laissé découvrir la ville dans cette voiture, toujours crispé à l’idée d’être conduit, et cela jusqu’à ce que nous puissions être emmené sur les berges de la Seine, face à un bateau.

- Il n’y a pas l’océan ici, soufflai-je, mais il y a un fleuve… Alors… J’espère que tu as faim.

J’avais effectivement réservé dans un bateau particulièrement luxueux donnant quelques consignes pour le repas malgré tout. Nous n’étions visiblement que peu de client, m’étant retenu de privatiser le lieu et nous étions les derniers attendus à être accueilli par un personnel anglophone et semblant être attentif à tous nos besoins.
Nous laissant entraîner jusqu’à notre table, face à une immense baie vitrée, j’avais un instant baissé les yeux alors qu’un apéritif sans alcool nous était apporté.

- J’ai demandé à ce que le menu soit simple… Avec beaucoup de viande pour toi. Admis-je. Je n’étais pas certain que les noms français compliqués avec des fruits de mer et une cuillère de soupe de légumes puisse te plaire alors… Voilà.

Je me sentais un peu gêné, un peu… Nerveux, en fait, face à ce qui avait pu être préparé et qui me semblait soudain réellement trop. Mika allait se douter que quelque chose n’allait pas. Je savais qu’il aimait la simplicité mais… Mais j’avais réellement envie de marquer les choses, que ce ne soit pas comme d’habitude. Et peut-être avais-je commencé le week-end un peu trop fort…

- C’est promis… Avais-je acquiescé avant de froncer les sourcils, malgré tout. Je suis désolé…

Et je l’étais réellement. Plus que tout. J’étais désolé de lui avoir fait du mal alors que j’aurais tout fait pour l’éviter, pour ne jamais avoir à faire cela. Quant à ne pas m’en vouloir… Cela allait être compliqué. Bien sûr mais… J’avais accepté d’essayer. C’était toujours cela de pris… Je ne refusais pas ce qu’il demandait. Seulement il me connaissait. Il savait que cela serait compliqué. Mais j’essaierais. Au moins… A condition qu’il me parle, qu’il me dise les choses.
Mais pour cela, il voulait que l’on se retrouve… Je pouvais le comprendre et j’hochai d’ailleurs doucement la tête, ma main caressant sa joue avec tendresse.

- On prendra le temps. Assurai-je.

Et pour cela, nous ferions en sorte que Jizo ne soit pas trop présent, ne prenne pas la place que Mika devait avoir, sa vie car j’avais beau avoir accepté l’esprit… Il ne serait jamais Mika. Il ne devait jamais prendre sa place. Esquissant un léger sourire à son remerciement, j’avais néanmoins doucement secoué la tête.

- Ne me remercie pas. S’il te plait. Car c’était normal.

Au moins mon excuse quant à la lettre passa parfaitement. En un sens, d’ailleurs, je n’avais pas menti. Je leur avais effectivement tout envoyé. Mais pas que. J’étais effectivement organisé mais je n’avais pas fait cela pour l’organisation mais surtout pour rassurer ses parents, pour leur demander une chose bien précise, pour leur prouver que j’étais réellement sérieux en un sens…
Il accepta ainsi de suivre mes plans, ce planning que j’avais préparé pour nous. Quand bien même je lui assurai que je pouvais tout annuler – hormis peut-être l’hôtel, je l’admettais – il acceptait de me suivre… Mais pas sans m’embrasser avant, ce dont je profitai, réellement, lui rappelant combien je l’aimais même si ces mots ne seraient jamais assez forts pour décrire la réalité que je ressentais…
Il était néanmoins déjà temps d’y aller… J’avais effectivement commandé un Hubert. Un nom qu’il me corrigea, m’arrachant un sourire plus serein alors que son rire m’apaisait drastiquement.

- Mais ça s’écrit Hubert… Me plaignis-je pour autant dans une grimace dramatique tant je peinais encore à prononcer certains mots.

Au moins m’avait-il compris et… Ah. Oui. J’allais oublier cette chose importante qu’était l’argent. Une chose dont je lui demandai de ne pas se préoccuper du week-end. Tout avait été prévu et… Oui. J’avais exagéré. Je le savais. Et il allait très vite le savoir alors que je détournai le regard à sa question.

- Ca dépend ce que tu appelles trop. Admis-je. Mais je le voulais et… Ne t’en fais pas. Ma famille n’est pas ruinée. Mes parents ont sûrement encore cru que c’était pour Merindah.

Autant dire que j’avais effectivement trop dépensé pour que cela attire l’attention même rapide de mes parents. Mais ce n’était pas grave. J’avais d’ailleurs rapidement secoué la tête.

- Mais ça ne change rien. Je veux que tu profites. J’ai encore de l’argent, je ne me suis pas rendu pauvre pour un week-end et… Et tout est prévu. D’accord ?

Mais pour qu’il découvre tout ce qui pouvait être prévu… Il fallait encore y aller. Rejoignant ainsi la voiture, je l’avais observé, silencieux, tout le long du trajet. Malgré mon malaise automobile moldu, j’aimais ce que je voyais, j’aimais le voir aussi peu attentif et aussi attentif à la fois, observer tout ce qui nous entourait. Je ne l’avais pas vu ainsi depuis des semaines si ce n’était plus… Et… Et cela faisait du bien. Beaucoup de bien.
A vrai dire, cela faisait tellement de bien que le trajet durât presque trop peu de temps. Il nous fallait déjà sortir, nous avancer vers ce bateau que je lui présentai rapidement, riant légèrement.

- Tu verras plein d’autres chiens. Assurai-je avant que nous ne soyons installés à notre table et qu’il ne s’inquiète. Tu es parfait. Soufflai-je. Pas besoin d’être en costume… Regarde autour de toi.

Il y avait effectivement quelques personnes particulièrement bien habillé mais la plupart – quoique nous étions réellement peu de clients – semblaient être habillés juste… Normalement, au final. Mais les vêtements furent une inquiétude de courte durée alors que son attention se portait désormais sur le menu. Que mangeait-on ici « pour de vrai » ? La façon de le dire m’avait arraché un léger rire. Levant la main pour faire signe au serveur qui nous était attitré, j’avais ainsi demandé dans un français particulièrement approximatif :

- Pourrions-nous avoir la carte s’il vous plait ?

L’homme ne se fit pas prier, m’apportant ladite carte, en anglais fort heureusement, que je présentai à Mika.

- C’est un restaurant gastronomique. Expliquai-je. Les français sont connus pour leur cuisine et ici c’est un très grand chef qui préparer les plats. Alors… Ce sont des petites portions. Pas des choses que tu aimes manger… Mais ils s’adaptent. Quand je leur ai téléphoné – et j’étais très fier d’avoir réussi à le faire – ils m’ont assuré que cela ne posait pas de problèmes et qu’ils pouvaient faire à la demande. Il avait évidemment fallu rajouter un surplus à la réservation, mais c’était pour la bonne cause.

Et d’ailleurs, le bateau ayant quitté le quai, nos entrées firent-elles leur arrivée.

- Carpaccio de bœuf à la truffe noire, Vitello tonnato et Pommes fondantes et caviar Osciètre Présenta le serveur avant de nous gratifier d’un « Bon appétit » en français, nous invitant à observer la Cathédrale Notre Dame devant laquelle nous allions bientôt passer
- Je sais que ce n’est pas ce dont tu as l’habitude soufflai-je malgré tout, glissant ma main dans la sienne. Mais… ça nous permet de couper nos habitudes pour quelque chose d’un peu nouveau, non ? Et… Et je me suis dit que commencer un week-end à Paris en visitant la ville de nuit et sur l’eau…. Toi qui aimes l’eau… ça pouvait être une bonne idée… Et nous pourrons aller sur le pont ensuite si tu veux…

J’admettais que je doutais. Je doutais de chacune de mes décisions, de chaque choix que j’avais pris pour ce week-end. Est-ce que cela allait lui plaire ? Est-ce qu’il n’allait pas s’ennuyer au son du piano qui se faisait désormais entendre ? Est-ce que je n’en avais pas trop fait ?

Je n’avais aucune excuse à prononcer mal le mot et pourtant… Je tentai de m’en défendre, de trouver une raison à cela, en vain alors que je plissai seulement les yeux, me retenant presque de lui tirer la langue en retour alors que je ne répondais pas. Il fallait réellement que j’apprenne à prononcer ces mots. Mais si cela le faisait rire… En un sens, c’était tout aussi bien.
Il y avait une chose, néanmoins, qui n’allait certainement pas le faire rire. L’argent. J’en avais un peu trop dépensé, je le savais pertinemment.

- Je sais mais…

Je ne pouvais pas lui dire les raisons exactes de ce week end. Impossible sans me trahir, sans lui avouer qu’il y avait d’autres raisons à tout cela alors… J’avais secoué la tête.

- Je voulais juste que tout soit parfait.

Ce qui était foncièrement le cas. Je voulais que ce soit parfait. Qu’il puisse vivre sans se soucier de rien, ici, loin de tout et avec moi. Et cela allait commencer par un repas sur la Seine, dans un bateau qui le fit tilter sur sa tenue alors que je tentai de le rassurer.

- Hae. Soufflai-je dans un sourire. Tu es parfait comme ça.

Il pouvait être habillé de n’importe quelle façon… je le trouvais, de toutes les manières, parfait. Alors peut-être n’étais-je pas réellement objectif mais peu m’importait. Nous étions là, dans un restaurant, et nous allions en profiter. J’avais même pu prévoir le repas, l’arrangeant aux goûts de Mika avec de la viande, évitant, je l’espérais un peu, les plats trop compliqués que je lui montrai alors sur la carte que l’on nous avait apporté, esquissant un sourire à sa remarque.

- Oui. Le français. Je ne suis pas doué. J’ai juste appris des phrases par cœur. Admis-je. Je connais seulement les bases sinon. Pas de quoi lui demander une carte et des renseignements.

Et même s’il y avait sûrement à manger dans les rues de Paris, j’avais rapidement secoué la tête.

- Oui. Mais ça n’aurait pas été sur l’eau et nous n’aurions pas vu Paris la nuit de la Seine. Soufflai-je dans un sourire entendu.

Et en parlant de voir Paris, nos entrées étaient arrivées en même temps que nous passions devant la Cathédrale. Un bâtiment plus que magnifique, c’était un fait, alors que je soufflai un léger rire à la remarque de Mika.

- Ça. Je montrai le carpaccio de bœuf. C’est du bœuf cru préparé à la truffe. Passant au « Vitetruc », je penchai la tête. Ça, je n’en sais rien. Quant au dernier… Ça c’est du caviar avec des pommes.

Mais il n’avait pas l’habitude. C’était normal. Ce genre de repas… J’en avais avalé des tonnes et des tonnes bien que la cuisine soit totalement différente. Je connaissais la plupart des ingrédients lorsqu’ils étaient internationaux et… Enfin… Peut-être cela coupait-il réellement trop avec nos habitudes mais j’avais tenté de lui expliquer, de lui faire comprendre la raison de ce choix, me perdant dans mes phrases, parlant trop et…

Je doutais. Il l’avait vite compris alors que je baissai la tête. Est-ce que tout cela allait réellement lui plaire ? Je le connaissais bien sûr, j’avais pris en compte ce qui pouvait lui plaire mais… Mais maintenant que nous y étions, j’avais peur. Peur que ça ne soit pas comme ça que j’aurais dû faire les choses, peur que ce ne soit pas le bon moment, et sûrement cela ne l’était-il pas, peur que rien ne se passe comme prévu… Des craintes qui me venaient en tête sans que je n’arrive à les contrôler, peinant à les cacher à Mika à qui je souriais doucement.

- Dis moi seulement si… Si quelque chose ne va pas. S’il te plait. Soufflai-je. Je ne veux pas faire tout ce que je veux. Enfin… Si mais ce que je veux c’est juste qu’on fasse ce qui te plait, ce que tu veux voir, ce que tu veux faire… Le reste… Je serais heureux si tu l’es. Murmurai-je en baissant les yeux. Alors… Surtout dis moi si quelque chose ne te va pas… Sauf si ça concerne l’argent. Car c’était la seule chose qui ne me ferait pas reculer. L’argent dépensé.

Enfin. Au moins devait-on admettre une chose. Les entrées étaient bonnes. Très bonnes même. Une preuve, sûrement, que nous nous trouvions au pays de la gastronomie. Quant aux plats qui arrivèrent lorsque nous passâmes près du Louvres… Ils avaient effectivement écouté mes demandes. Mika fut servi de toutes sortes de viandes cuisinées de plusieurs façons différentes et cela accompagné de frites fraîches et non pas de légumes comme je pouvais avoir.

- Ils ont vraiment pris au pied de la lettre « beaucoup » de viande. Soufflai-je dans un rire léger. D’ailleurs, demain, j’ai prévu un piquenique ici. Montrai-je le Jardin des Tuileries. Il ne fait pas trop froid pour une fin de janvier, autant en profiter. Et il devrait y avoir des couvertures chauffantes.

Tout avait été prévu. Vraiment tout.

- Tu en sais plus que moi sur une chose alors. Soufflai-je dans un sourire. Il faudra que tu m’apprennes à insulter.

Il s’agissait bien là d’une chose que je n’apprenais jamais, au final. Je n’étais pas vulgaire. Ni en coréen, ni anglais ni dans toute autre langue. Ou je l’étais du moins rarement.
Dans tous les cas, j’avais appuyé mon choix. Ici, nous pouvions observer cette nouvelle ville dans un angle agréable, tous les deux, sans personne pour nous déranger. Et c’était parce que nous étions tous les deux, parce que ce week-end lui était dédié, nous était dédié que je voulais qu’il me dise tout. Je voulais savoir ce qui pourrait le déranger, ce qui pourrait ne pas lui plaire, tout ce qui pourrait avoir attrait à lui. Je voulais qu’il soit heureux. C’était ce qui m’importait le plus. Quand bien même cela me ferait changer mes plans, ce n’était pas grave. Je voulais seulement son bonheur. A moins que cela ne concerne l’argent. Evidemment.

- Je ne sais pas. Si tu connais des coins, des images… J’ai tout cherché sur Internet alors j’ai peut-être raté des choses. Admis-je.

Mais avant toute chose, il nous fallait encore manger. Et ils ne s’étaient visiblement pas moqués de nous sur les arrangements que je leur avais demandés. Il y avait vraiment beaucoup de choix. Beaucoup trop, même, à mon sens mais au moins Mika pourrait-il choisir ce qu’il désirait manger.

En parlant de manger, je lui avais d’ailleurs indiqué l’un des projets pour le lendemain, un piquenique dans le « Jardin des Tuileries ». Cela, au moins, sembla lui faire plaisir, m’arrachant un sourire sincère. Oui. Il aimait cela. Et c’était bien pour ça que j’en avais prévu un. Quant à goûter son plat… J’avais préféré refuser, secouant doucement la tête.

- J’ai largement assez avec ce que j’ai.

A vrai dire, je n’avais pas vraiment très faim, nerveux comme je pouvais l’être. Et si j’allais m’efforçais de finir mon assiette de poisson, mieux valait, malgré tout, que je n’exagère pas dans les quantités ingérées.

D’autant qu’après le plat, ce fut une assiette de fromage suivi de desserts qui nous furent présentés. Un repas plus que complet, définitivement. Un repas qui me cala complètement alors que je ne terminai ni l’un, ni l’autre. D’autant que j’avais une autre idée en tête que manger, je l’admettais alors attendant que Mika termine, j’avais fini par l’entraîner sur le pont, me glissant derrière lui alors que nous repassions, pour le trajet retour devant la Cathédrale.

- Elle est fermée. Déplorai-je en embrassant sa joue. Mais au moins, nous l’aurons vu… Et… Il fallait que j’admette une chose alors que mes bras se serraient autour de lui. Ca m’a manqué. Soufflai-je. De passer du temps avec toi, juste nous deux.

Ce n’était qu’un week-end mais à bien y réfléchir, nous n’avions pas eu de moment réellement calme depuis les vacances d’été. De quoi m’épuiser, réellement. J’avais besoin de nous retrouver, de retrouver notre sérénité. Définitivement.

- Quand nous allons amarrer… Une voiture va nous attendre. Elle va nous conduire directement à l’hôtel. Murmurai-je. Il paraît que c’est un grand hôtel assez connu ici. Mais je l’ai pris pour la surprise dans la salle de bain, surtout. Ris-je légèrement, glissant mes lèvres dans son cou. Alors j'espère qu'il te plaira...

Car là encore, c'était toujours le plus important, finalement.

Essayer de jurer en anglais… J’avais froncé les sourcils, tentant de réfléchir à une insulte, juste pour lui prouver que je le pouvais, que je pouvais réussir et…

- Faquin et… Mince, j’avais appris une autre insulte en anglais… Ah oui. Fesse-mathieu ! Tu vois je peux jurer en anglais !

Quoique je n’avais jamais entendu ces insultes de la bouche de quiconque, mais il s’agissait peut-être d’insultes purement londonienne après tout, je ne pouvais pas le savoir.

Dans tous les cas, les français eux, à défaut de me faire apprécier leurs insultes, venaient de nous gâter avec leur gastronomie. Et le repas terminé, nous avions rejoint le pont, profitant de la nuit parisienne, nous retrouvant enfin alors que j’admettais que cela m’avait manqué. Que nous m’avions manqué. J’avais d’ailleurs esquissé un sourire alors que sa remarque m’apaisait. J’avais au moins réussi une chose…

- Je ne veux plus jamais que tu aies froid. Avais-je soufflé dans un léger sourire, caressant lentement ses bras. Tu n’auras plus jamais froid. Avais-je plutôt promis.

A vrai dire, je serais resté bien plus longtemps sur le bateau si ce dernier n’avait pas amarré, si nous n’avions pas du le quitter pour rejoindre la voiture qui nous attendait, pour un trajet qui m’arracha quelques sourires alors que je n’avais pas répondu à Mika sur la surprise, que sa réaction à ce qu’il découvrait m’amusait d’autant.

Et puis ce fut l’hôtel, sa découverte. Au moins le site internet ne mentait pas. Il était magnifique. Laissant un groom nous accompagner à notre chambre, j’admettais être soulagé. Le prix en valait visiblement la chandelle. Et Mika ne tarda d’ailleurs pas à trouver la surprise dont je lui avais parlé, m’arrachant un rire serein alors que je rangeai nos affaires correctement.
Me retournant vers lui, visiblement surexcité, j’avais tenté de garder mon sérieux et… Non. Impossible alors que sa remarque m’arrachait un rire.

- Tout ce qui est dans cette chambre est gratuit. Soufflai-je. Le jacuzzi compris. J’espérais que ça pourrait te plaire alors… Attends.

Attrapant le téléphone comme me l’avait indiqué le groom, je l’avais rapidement rappelé, lui demandant de mettre en marche le jacuzzi. Ce dernier était rapidement arrivé, plateau en main qu’il déposait alors sur une petite table installée près dudit jacuzzi avant de revenir vers nous.

- Le jacuzzi sera prêt dans deux minutes. Je vous ai servi le champagne de bienvenue par la même occasion. N’hésitez pas à m’appeler en cas de besoin.

Le remerciant alors, j’avais rapidement entraîné Mika jusqu’à la salle de bain où se trouvait effectivement une bouteille de champagne et deux verres déjà remplis ainsi que des macarons et autres pâtisseries bien françaises.
Me glissant derrière lui, j’avais doucement embrassé sa tempe, souriant, heureux.

- Est-ce que ça te plait ? Soufflai-je à mi-voix. Je voulais quelque chose de… J’avais de nouveau ri, légèrement. De parfait. Cela ne changeait pas de d’habitude.

Doucement, alors, je l’avais quitté, attrapant une coupe de champagne pour lui tendre la seconde, proposant de trinquer avec lui dans un sourire serein.

- A nous ? Proposai-je. A… A notre vie qui va reprendre. Et au fait que je t’aime et que je t’aimerais chaque jour encore plus et que j’ai l’impression de devenir de plus en plus niais avec toi. Ris-je un coup. A nous deux. Au fait que… Qu’on va recommencer…

Esquissant un sourire, j’avais rapidement bu dans ma coupe avant de la déposer et, simplement, sans la moindre pudeur, me déshabiller pour prendre place dans le jacuzzi. Les deux minutes étaient passées et…

- Promis. C’est gratuit. M’étais-je de nouveau amusé, tendant la main vers Mika alors que j’admettais que cela faisait énormément de bien. Vraiment. Nous visiterions le reste de la chambre plus tard. Le jacuzzi était finalement le plus important.

J’aimais Mika. J’aimais ses réactions. J’aimais le voir découvrir les choses, les yeux émerveillés. J’aimais sa naïveté, des fois. Et ce soir là n’avait pas fait exception alors qu’il s’étonnait de la présence d’un jacuzzi gratuit.

- C’est gratuit jusqu’à ce que l’on rende les clés de la chambre. Soufflai-je, amusé, avant d’appeler quelqu’un.

Un groom qui était rapidement venu préparer ce jacuzzi gratuit plus de trente minutes ainsi que le champagne de bienvenue que j’avais complètement oublié mais qui, finalement, était tombé au bon moment. Le remerciant, j’avais ainsi rapidement entraîné mon fiancé vers la salle de bain, riant à sa question.

- Dans les hôtels au standing élevé je suppose. Il nous fallait au moins ça pour le week-end.

Lui offrant sa coupe de champagne, j’avais alors proposé de trinquer à ce qui me semblait être le plus important : nous. Un nous qui allait profiter de ce jacuzzi alors que je me déshabillai, lentement, face à lui, dans cet espoir de le retrouver à tout point de vue. Ce qui ne manqua pas alors que son regard sur moi m’amusait autant qu’il me plaisait et cela jusqu’à ce que je sois plongé dans l’eau, jusqu’à ce que je lui propose de me rejoindre. Ce qu’il fit. Plus rapidement mais au moins était-il là alors que je l’observai attentivement.
Je n’avais pas fait un geste, je ne l’avais pas touché, le laissant ainsi, profiter, sans m’imposer et cela jusqu’à ce qu’il ne revienne à lui, jusqu’à ce que son regard ne se pose sur moi et qu’il ne s’approche, me laissant glisser ms mains sur sa taille que je caressai doucement avant de répondre à ses lèvres.

- Profites-en. Murmurai-je contre ces dernières. Détends-toi autant que tu le voudras… J’avais doucement souri, sans même cesser de l’embrasser, caressant lentement son dos.

Il aimait… J’en étais ravi. Et mon sourire le prouvait alors que je l’attirai davantage à moi.

- Il faudra qu’on envoie des photos à ton père… Avais-je soufflé. Il me l’a demandé en lettre de réponse…

Mais pas maintenant, pas alors que mes lèvres se faisaient plus pressantes contre les siennes, plus passionnées.

- Tu m’as manqué…

Je ne pouvais pas le nier, quand bien même les choses avaient été étranges, quand bien même il avait été avec moi tout ce temps, Jizo aux commandes mais sans que je n’arrive à réellement m’en apercevoir… Il me semblait soudain que cette proximité avait été de longue date tandis que mes mains glissaient sur lui, caressant son corps avec une tendresse certaine.

- Tu m’as tellement manqué… Répétai-je, mes lèvres glissant dans son cou, sur son épaule avant que je ne remonte le regard vers lui, caressant son visage de ma main dans un sourire plus que jamais amoureux. Tourne-toi. Avais-je soufflé avant que je ne l’oblige à se mettre dos à moi, avant que je ne glisse mes mains sur ses épaules et dans son dos pour un massage visant à le détendre davantage, agrémentés de baisers qui parcouraient sa peau hors de l’eau.  C’est ton week-end. Murmurai-je. Je veux que tu en profites autant que possible… Alors… J’avais doucement mordillé son épaule. Laisse toi aller…

Son rire m’avait arraché un nouveau sourire alors que je ne pouvais qu’hocher la tête. Les photos attendraient, effectivement, mais cela m’avait permis de reprendre contact avec la réalité, de ne pas me laisser submerger par une vérité certaine : il m’avait manqué. J’avais envie de le redécouvrir, envie de profiter de chaque parcelle de sa peau contre moi, de ses lèvres, de tout ce qu’il pourrait m’offrir mais… Aussi vite ?
Je n’avais pas envie de le brusquer, pas envie de lui sauter ainsi dessus, de ne pas le faire profiter de ce qui nous entourait. Alors, malgré chacune de mes envies, malgré mon désir pulsant dans mes veines, j’avais préféré me séparer de lui. Là, de dos, sans l’embrasser, il serait sûrement plus facile de réfléchir.
La vérité fut toute autre. Oui. J’arrivais à réfléchir. Oui. Je m’étais retenu, le massant, tentant de le détendre. Mais cela n’avait pas réellement tenu alors que mes dents se posaient sur sa peau. Et sa réaction n’aida en rien. Je sentais chaque pore de ma peau s’activer, je me sentais venir à lui sans pouvoir lutter et… Autre chose qu’un massage ?...

Il m’avait fallu quelques secondes de silence, d’immobilité pour réagir, ma main se serrant doucement sur sa gorge.

- Tout ce que tu voudras.

Et c’était seulement pour ne pas lui avouer combien j’en avais envie, combien j’avais besoin de lui à cet instant. Un besoin qui se mua rapidement en un passion certaine alors que nos habitudes reprenaient le dessus, que mes gestes naturels me revenaient sans la moindre hésitation.

Tout était bon. Tout était beaucoup trop bon pour mon bien alors que je m’étais perdu en lui, contre lui. Oui. Il m’avait manqué. A son instar, tout cela m’avait manqué, de notre proximité à notre passion jusqu’à l’amour que nous partagions, qui s’exprimait alors que je m’étais brisé, que je me reposai contre lui, continuant de trouver ses lèvres, d’y répondre avec passion, avec amour.

- Moi aussi…

C’était définitivement la seule conclusion que je désirais avoir ce week-end. Nous nous aimions. Nous nous retrouvions. Et cela ne devait plus changer.

Pourtant… Les choses avaient changé. Fronçant les sourcils, Mika avait en effet repris parole et… Je m’étais tu. Je sentais sa crainte. Je la comprenais, à vrai dire. Je comprenais aussi combien il avait pu changer. La mort… La mort nous avait entouré. Lui plus que moi, à vrai dire. Il était déjà mort. Il avait vécu les pires sortilèges. Moi… Je n’avais fait que tuer. Et je ne le regrettais même pas. Pas s’il était heureux.
L’observant alors, attentivement, j’avais caressé sa joue dans un sourire serein, l’embrassant avec toute cette tendresse que je ressentais.

- Il y a une différence entre ton grand père et moi. Enfin… Il y en a beaucoup mais… Mais par rapport à toi je veux dire. La différence… C’est que je ne suis ton « maître » que parce qu’il en faut un. Je suis celui de Jizo. Mais je ne serais jamais le tien. Toi… Tu es mon fiancé. Tu es l’amour de ma vie et mon meilleur ami. Rien d’autre. Jamais je ne t’invoquerais. Jamais je ne parlerais à travers toi. Soufflai-je. Nous ferons en sorte que Jizo n’en souffre pas trop non plus. Car je ne pouvais pas non plus oublier cet esprit qui n'avait rien demandé à tout cela. Mais… Mais je ne suis pas ton maître, Mika. Pas foncièrement. Je suis ton fiancé et je resterais ton fiancé. Tout ce que je pourrais faire avec toi en rapport avec Jizo, je ne le ferais pas. Ou pas consciemment, à vrai dire.

Souriant de nouveau, je l’avais attiré lentement à moi, glissant ma main dans ses cheveux.

- Et tu ne me perdras pas. Quoiqu’il arrive, quoiqu’il puisse se passer, tu ne me perdras jamais, Hae…

Un instant, j’eus envie de lui dire, de lui expliquer pourquoi j’avais organisé tout ce week-end, pourquoi je désirais tant que cela soit parfait, pour nous. Mais… Était-ce réellement le moment ?... J’avais doucement secoué la tête alors que j’embrassai sa tempe, reprenant, refusant de contrecarrer mes propres plans

- Pour ce qui est de l’homme qui te veut… Je m’occuperais de lui dès qu’il le faudra, dès que je saurais qui il est. Me reculant, j’avais plongé mon regard dans le sien. Il ne te fera plus jamais de mal, mon cœur. Personne ne te fera plus jamais de mal. Je ferais tout pour que cela n’arrive plus. D’accord ? Un nouveau sourire orna mes lèvres, ces dernières glissant contre celles de l’australien. Je t’aime… Et on reste ensemble. C’est le plus important. Le reste… Tu n’as plus à t’en soucier. Ou seulement de gagner ton prochain match de Quidditch et de réussir tes Aspics l’année prochaine. Soufflai-je dans un rire. Mais je ne veux pas que tu t’inquiètes… Tu ne me perdras pas. Je te le promets.

La mort serait peut-être encore la seule façon de me séparer de lui et je refusais de penser à cette éventualité ou plutôt… Je préférais me préparer à me défendre. Sans lui. Lui qui devrait rester à l’écart, sauf. Sa vie était celle qui m’importait le plus, celle que je chérissais le plus au monde. Définitivement.

- On devrait aller visiter un peu le reste de la chambre, non ? Soufflai-je alors, plus léger.

J’avais pris encore quelques minutes, Mika serré dans mes bras, pour me relever, pour bouger enfin du jacuzzi, attrapant une serviette pour me sécher et m’en habiller autour de ma taille avant que je n’entraîne le sorcier dans ce qui me sembla être un salon puis la chambre au lit immense.

- J’aurais dû demander un lit une place. Avais-je soufflé dans un rire alors que j’attirai le sorcier à moi pour me laisser tomber sur le matelas. Parce que je ne compte pas te lâcher de la nuit, on ne va pas avoir besoin d'autant de matelas… Souriant, j’avais glissé une mèche de cheveux derrière son oreille en l’observant. Je ne pourrais pas toujours t’offrir des week-end comme celui-ci mais… Mais je te promets une chose, Hae… Où que l’on aille et où que l’on puisse être… Je ferais en sorte que tu te sentes toujours heureux et en sécurité. Tous les deux. Toujours. Murmurai-je alors.