Un magasin de seconde main ? Mais... C'était donc des vêtements déjà utilisés, usés... Pourquoi ne pas préférer ce qui était neuf ? Une chose que je ne comprenais pas, avouant imaginer des vêtements trop abîmés pour être portés alors que je ne souligne la raison pour laquelle j'avais refusé la vendeuse dans la cabine.

- Ce n'est pas ce qu'il se passait hier au club. Avais-je grommelé à la fois fier d'être son futur mari et un tout petit peu jaloux.

Mais rapidement, son attention s'était dirigée vers une pièce que j'avais pris dans le magasin, un body féminin qui m'avait plu, que je voulais voir porter et à vrai dire... Je n'avais pas été déçu. Mika était plus que parfait ainsi. J'allais épouser un homme parfait. Et nous devions le prendre, nous devions tout prendre. Vraiment. Enfin... Seulement si cela lui plaisait, ce qui le fit rire alors que je plissai les yeux.

- Moitié moitié. Soufflai-je dans un rire. Tu n'as pas le choix de te trouver magnifique. Mais tu as le choix de dire non. Un compromis... Plus ou moins compromis. Certes. Mais tout de même.

L'entraînant alors hors de la cabine, la vendeuse avait approuvé mes dires. Oui. Cela lui allait bien. Vraiment bien. Et nous avions tous deux repérer autre chose qu'elle n'osa pas faire, que j'osai faire pour la première fois. M'éloignant, j'étais ainsi rapidement revenu, une paire de chaussures en main que je lui tendais. Esquissant un léger sourire alors qu'il acceptait, je m'étais à nouveau reculé d'un pas, le laissant les enfiler pour... A vrai dire, je m'étais figé au claquement des talons, l'observant un instant, masquant ce voile qui trouvait sa place dans mon regard avant que je ne fronce les sourcils tandis qu'il retirait sa veste.
Le faisait-il exprès ? J'avais demandé des talons. Pas qu'il se déshabille et me fasse imaginer que... La vendeuse. Il y avait la vendeuse. A cette pensée, j'avais approché de lui, glissant ma main sur sa taille, chastement d'apparence, alors que mes doigts la serraient un peu trop pour qu'il l'ignore.

- On prend les chaussures. Approuvai-je avant de me décaler, résistant à l'envie certaine de l'embrasser et...

Ses cheveux relevés... J'avais de nouveau froncé les sourcils, dos à la vendeuse alors que je déglutissais difficilement. Il le faisait définitivement exprès, l'inverse ne pouvait être vrai. Il savait ce que je pensais, il connaissait chacune de mes réactions et... Et bien.

- On ira chez le coiffeur après alors ! Avais-je coupé. Mais tu as d'autres choses à essayer ! Me retournant quelques secondes vers la vendeuse, j'avais tenté de paraître calme. Serait-il possible de nous emballer les trois sacs en vitrine ? Ce serait pour un cadeau.

L'entraînant de nouveau dans la cabine, peut être un peu plus brusquement que je ne l'aurais voulu, j'y avais jeté un sort de silence alors que Mika se retrouvait plaquer contre le mur, que mes lèvres retrouvaient les siennes, que ma main retrouvait ses hanches.

- Elle va être occupée un moment avec les paquets... Murmurai-je entre deux baisers, l'attirant davantage contre moi. Admets que tu as fait exprès d'enlever ta veste... Et tes cheveux... Soufflai-je à nouveau alors que mes baisers se faisaient plus pressants, que mes lèvres déviaient pour mordre son cou. Tu es beaucoup... Beaucoup trop sexy...

Mes joues étaient rouges. Rouges d'avoir osé le faire essayer des choses comme ça, rouges de ce que j'étais en train d'oser faire. Rouges tant de gêne que d'envie.

Mika avait été surpris. Ce n’était pas étonnant vu ses réticences du fait des prix mais c’était à cet instant le cadet de mes soucis. Je voulais autre chose. Et je voulais cette chose maintenant alors que je le repoussai dans la cabine, l’insonorisant d’emblée avant même de prononcer le moindre mot. Il ne toucherait pas à ses cheveux avant le mariage…

- Alors moi je pourrais toucher à mes cheveux ? Soufflai-je un instant, une idée en tête avant que je ne l’accuse de faire exprès et…

Et son air innocent m’avait convaincu alors que de ce sort de métamorphose que j’avais déjà usé pour nos premières fiançailles, mes cheveux se teintaient de rouge. Je savais que cela lui plaisait. Je savais que je pouvais tout aussi jouer que lui… ce qui ne manqua pas. Il avait compris. Il fallait admettre aussi que je n’étais pas des moins clair, mes dents mordant son cou avec envie. Alors tout les sorts y passeraient s’il le fallait mais nous l’avions fait. Nous avions profité de cet instant, nous brisant alors jusqu’à ce que les pas de la vendeuse ne nous obligent à revenir à la réalité. Relâchant Mika pour remettre de l’ordre dans mes vêtements, je l’avais laissé choisir une nouvelle tenue, brisant le sort d’insonorisation autant que retrouvant mes cheveux normaux avant d’arquer un sourcil pour l’observer.

- Oui… Soufflai-je avec une légère moue au visage. Il y a deux ou trois choses…

Ou peut-être seulement deux… Ou une… Je ne savais plus vraiment, certes. Mais il y en avait !

- C’est potentiellement pour nous en privé. Admis-je alors avant de me mordre la lèvre, un léger sourire étirant ces dernières. Et puis… Je suis toujours fier d’être avec toi et que tout le monde voie combien tu es parfait.

Je devais bien l’admettre. Ma jalousie avait cette limite qu’était ma fierté d’être avec quelqu’un comme Mika. Définitivement. C’était même sûrement particulièrement orgueilleux de penser cela mais… Je ne pouvais pas le nier.
Retrouvant un instant ses lèvres, je l’avais laissé essayer le reste, ce qu’il désirait, avant de quitter, enfin, cette cabine pour de bon, tendant à la vendeuse tout ce que nous allions prendre. Le montant avait été… Disons que je l’avais en partie caché de la vision de Mika qui aurait risqué de me faire un arrêt cardiaque. Mais nos sacs étaient enfin en main et nous avions pu repartir, la boutique dévalisée.

- La peluche ! Avais-je décrété une fois la porte refermée. On doit trouver une peluche. Et manger où tu veux. Et prévenir tes parents d’où nous sommes et… Je m’étais arrêté. On n’a pas envoyé de photos à ton père ! M’exclamai-je catastrophé alors même que je le lui avais promis. Il faut… Il faut l’appeler ! Il faut que tu l’appelles pour que je m’excuse, j’ai oublié de lui envoyer les photos !

Quel idiot je faisais. Pris dans ce week-end beaucoup trop parfait, j’en avais oublié les parents de Mika.

- On ne les a même pas prévenus d’où nous sommes allés hier soir… Gémis-je en grimaçant. Ils vont m’en vouloir… Je savais que j’aurais dû trouver un moyen de les prévenir automatiquement ! Je savais que j’allais oublier ! C’était tellement bien que j’ai tout oublié…

Mais maintenant que j’y pensais, il fallait trouver une solution car cela risquait de tourner et tourner et tourner dans un cerveau bien trop souvent surchargé.

Est-ce que mettre ce prix était excessif ? Mmh… Potentiellement. Enfin… A vrai dire, je me rendais évidemment compte de la somme. Je n’étais pas un idiot. Mais je ne voyais pas réellement le problème. Tant que cela pouvait lui faire plaisir – et me faire plaisir au passage, admettons-le, tout resterait parfait. C’est pourquoi j’avais pris le pas de payer l’ensemble des choses, dont les trois sacs qu’il nous faudrait offrir à… Nous verrions. Et… Oui. Bon. D’accord. Ça faisait beaucoup. Et les français ne semblaient pas habitué à tout cela. Soit. J’avais d’ailleurs hoché la tête à sa demande… Avant de m’inquiéter.
Dans toute cette équation, j’avais oublié une chose importante, une presque promesse que j’avais pu faire à son père… Celle de lui envoyer des photos, de leur dire où nous allions… J’avais complètement oublié et j’avais commencé à paniquer. Il fallait que j’arrange les choses. Il allait m’en vouloir. Sa mère aussi. Il fallait… Il fallait qu’on l’appelle maintenant et… Et il m’avait entraîné dans un hall d’immeuble, rangeant les affaires avant que sa main sur moi ne me fasse un peu souffler, comme trop souvent. Mika avait toujours eu ce quelque chose d’apaisant, cette présence qui me calmait, quelle que puisse être la situation et même si l’inquiétude ne m’avait pas quitté, au moins semblai-je un peu plus calme à nouveau alors qu’il prenait parole.

- Tu es sûr ?...

Il n’allait… il n’allait réellement pas m’en vouloir pour avoir oublié ? Enfin… Oui, je supposais certainement qu’il valait mieux éviter de lui parler de certaines choses mais… mais tout de même. Je n’avais pas respecté ma promesse…
Mika avait pourtant trouvé une solution, enfin… Une moitié de solution puisque cela ne remplacerait pas mon oubli. Mais nous l’appellerions dès que nous serions installés pour manger. Soit. D’accord. J’avais acquiescé, esquissant même un léger sourire alors qu’il parlait de la peluche.

- Peluche avant parents. Avais-je répété, pas forcément très sûr de moi, mais acceptant au moins cela.

Serrant sa main, je l’avais suivi jusque dans les rues sans trop savoir où il nous entraînait mais le savait-il lui-même ? Pas forcément. Mais son arrêt soudain me surprit, m’arrêtant avant de le percuter alors que je l’observai sans comprendre et… Et il m’embrassait ? Ça m’allait. Autant que les photos auxquelles je prenais toujours grand plaisir à participer.

- Elles sont toutes bien. Soufflai-je alors qu’il me montrait celle qu’il avait choisi comme étant « bien ».

Mais aller voir quoi ? Je levai enfin le nez pour observer autour de nous et… Ah. Le bâtiment là-bas ? Qu’est-ce que c’était ? Comme si je pouvais le deviner…

- On ira où tu veux. Repris-je dans un sourire.

Je n’allais certainement pas lui refuser d’aller voir quoique ce soit. Mais d’abord… La peluche. Et pour cela, j’avais appris à me servir d’une chose que les moldus disaient très utiles pour se repérer : mon téléphone avec l’application appelée « Maps ». Il m’avait fallu quelques heures pour comprendre son fonctionnement, certes, mais aujourd’hui… J’allais pouvoir faire une démonstration à Mika de mes nouvelles compétences. Attrapant mon téléphone, j’avais alors tapé ce que je désirais trouver et le téléphone m’avait trouvé le meilleur itinéraire… En… En métro ?... Non… Trop de gens. Beaucoup trop de gens. J’avais vu des images de leur train souterrain. Je ne voulais pas. Alors, à la place, comme pour les autres trajets, j’avais commandé un Hubert… Non. Uber. Et à vrai dire… J’étais fier de montrer ce que je savais faire à Mika, lui détaillant chacun de mes gestes comme si lui ne savait pas le faire.

Le taxi arrivé, il nous avait ainsi conduit jusqu’au point donné. Le magasin de peluches… Il FALLAIT qu’il y ait une peluche wallaby. Entraînant Mika à l’intérieur de la boutique, j’avais fait chaque rayon avant qu’un moldu ne vienne nous interrompre.

- Vous cherchez peut-être quelque chose ne particulier ? Avait-il demandé en français, m’obligeant à plisser les yeux, secouant la tête.

Lui indiquant qu’on ne parlait pas sa langue, il avait alors repris dans un anglais… A vrai dire, je me sentais bien moins seul à avoir un accent parfois difficile, et il m’avait fallu toute ma concentration pour comprendre ce qu’il nous disait alors… Ce que nous voulions, donc ?

- Nous cherchons une peluche wallaby… Avais-je soupiré tant je n’avais rien vu de tel.

Mais il avait et mon regard, à nouveau, s’éclaira. Nous faisant patienter, j’avais esquissé un sourire lumineux à Mika alors que je glissai mes mains autour de sa taille.

- S’il a une peluche, je te promets que… Mmh… Je te promets que j’en prendrais deux ! Comme ça, j’en aurais une pour moi aussi quand tu partiras. Ce sera notre remplacement quand nous ne serons pas ensemble.

Il avait fallu moins de cinq minutes pour que le français ne revienne deux peluches dans les bras qui m’arrachèrent une légère moue. Ce n’était pas ça… Elles n’étaient pas… Elles étaient toutes petites. Et en effet, il le confirma. Moins de 50 cm… C’était trop petit…
Soupirant, j’avais secoué la tête, lui expliquant un peu plus en détail notre recherche, m’excusant pour le dérangement provoqué alors que nous n’allions rien acheter lorsqu’un autre français sortit de l’arrière-boutique, un wallaby entre les bras et… Et lui. Lui !

- C’est lui ! M’exclamai-je en coréen tandis que le premier nous indiquait qu’il avait effectivement un autre modèle mais peu demandé. Soudain bien trop excité, je tirai brusquement Mika vers la peluche. C’est lui qu’il nous faut ! Il nous la faut en double ! Il faut…

Mais il fallait qu’elle lui plaise. Il fallait qu’il soit d’accord alors, je m’étais tourné vers mon fiancé, l’air sûrement un peu trop suppliant. Il était beau, comme notre patronus. Il fallait qu’il l’aime, qu’il ne lui trouve pas de défaut, pitié…

- Evidemment, et ton odeur sur la mienne. Assurai-je.

Nous allions trouver cette peluche, nous allions avoir ce que nous cherchions et… Et non. Le vendeur était revenu avec des peluches bien trop petites… Alors oui. C’était vrai. On pourrait toujours les agrandir par magie mais… Mais ce n’était pas pareil. Ce n’était pas comme je l’avais imaginé…

- Je voulais que ça soit parfait. Avais-je murmuré dans ma langue natale.

Oui. Je voulais. Et ça allait l’être. Alors que je m’apprêtais à saluer le vendeur, un second avait surgit de l’arrière-boutique avec entre ses bras exactement ce que j’avais imaginé. La peluche était immense. Elle était grosse et elle prendrait certainement une grande partie du lit la nuit mais… Elle était juste parfaite. Parfaite au point que j’en avais perdu mon anglais, excité comme rarement à sa vue. C’était elle. Il nous la fallait et en double pour l’occasion ! Mais… Mais lui plaisait-elle ? Me stoppant, je m’étais tourné vers Mika, presqu’inquiet. Voudrait-il réellement cette peluche ? N’était-ce pas trop gros ? Sans parler du prix, voulait-il de ça ? Je l’espérais sincèrement tant j’en étais presque tombé amoureux en la voyant mais… Je n’irais certainement pas contre lui. Lui qui venait de demander en français « deux ça ». Deux peluches ? Oui ! Deux peluches ! L’homme avait acquiescé, revenant rapidement avec la deuxième peluche.
Un sourire immense s’était installé sur mes lèvres alors que les peluches payées, un problème auquel je n’avais pas pensé venait de s’ajouter au tableau. Comment les transporter… Ah. Oui… Je n’y avais réellement pas pensé… Mmh…

- On pourrait…

Je m’étais arrêté, me tournant vers Mika alors qu’il serrait le wallaby dans ses bras, m’arrachant un nouveau sourire sincère. Il aimait la peluche. Il l’aimait vraiment… Cela ne répondait en rien à la question du « qu’allions nous en faire », mais j’étais heureux. Vraiment heureux de voir ça. A vrai dire… Non. J’étais heureux tout court. De ce week-end, d’être avec lui, de me marier dans quelques mois avec lui. J’étais plus qu’heureux… Plus heureux que je n’aurais jamais pu l’être s’il n’était pas entré dans ma vie.
Mais à nouveau, mon bonheur n’allait pas résoudre notre problème.

- J’ai une idée ! Décrétai-je soudain, me rappelant d’un sort en particulier.

Un sort que je n’allais évidemment pas pouvoir lancer dans la boutique, alors, saluant les deux vendeurs et les bras beaucoup trop encombrés, nous étions sortis de la boutique sous le regard surpris des passants voyant certainement de telles peluches pour la première fois. Entraînant difficilement Mika dans la rue, j’avais fini par trouver, quelques mètres plus bas, un hall d’immeuble semblable à celui où il m’avait entraîné, où je l’entraînai à mon tour pour refermer la porte derrière nous, posant la peluche à terre.

- Il y a un sort pour agrandir les objets, mais il y en a aussi un pour les rapetisser. Soufflai-je. On va les rétrécir, ils passeront dans les sacs.

Mais avant, mieux valait vérifier les caméras et la présence de moldus.
Les vérifications effectuées, j’avais réfléchi. Je n’utilisais pas ce sort souvent et il était hors de question que j’abîme ses peluches alors… Avant… un essai. Sortant une feuille de mon sac, j’avais plissé les yeux avant de tenter…

- Reducto.

Gagné. La feuille était deux fois plus petite ! Parfait. Cela ne suffirait pas, mais avec plusieurs Reducto, on y arriverait. Et nous y étions arrivés. Les peluches tenaient dans nos bras et seulement nos bras. Parfait ! Esquissant un large sourire, j’avais laissé Mika les ranger avant de l’attirer à moi, dans mes bras, profitant d’un instant de solitude pour l’y serrer, pour attendre que tous les moldus qui avaient pu nous voir rentrer ici soient partis.

- Je suis heureux… Avais-je soufflé dans son cou. On a les peluches et elles sont parfaites et… et tout est parfait… Merci…

Car rien n’aurait été possible sans lui. Tout lui était dû et tout lui serait toujours dû alors que je l’entraînais de nouveau dans les rues de Paris.

- Tu voulais aller voir quoi déjà ? Je vais recommander un taxi ! Comme tout à l’heure !

Et à nouveau, j’étais bien trop fier de savoir comment le faire alors que je rappelai à nous un Uber pour nous ramener à notre point de départ. Il n’y avait plus qu’à marcher, à profiter de la capitale française jusqu’au lieu qu’avait vu Mika.

- Tu n’auras qu’à choisir un restaurant vers là-bas ! Avais-je proposé, l’air réellement joyeux.

Coréen ou non, il n’aurait qu’à choisir, tout m’irait sans la moindre exception. Tant que cela le rendrait heureux… je le serais définitivement aussi.

- Et la semaine à Poudlard, on mettra les peluches sur l’autre lit dans le dortoir ! Avais-je alors décrété. Tu ne pourras plus vraiment défaire les draps le matin mais… Mais c’est pas grave. Ne le fais plus. Au pire on dira que tu refais ton lit tous les matins, plaisantai-je. Au moins pire, j’ai plus envie de cacher autant…

Je devais l’admettre, cacher tout cela devenait difficilement supportable. J’étais fier de Mika et je finissais par me dire que c’était bien plus pour lui que pour moi que j’avais envie de cacher notre relation, pour sa carrière. Moi, ma famille… J’allais devoir trouver une solution pour elle, mais cacher Mika éternellement… Quand bien même je le devais, quand bien même je continuerais à le faire en dehors de notre chambre, cela me semblait de plus en plus difficile. Alors… Je ne voulais plus que notre chambre continue à être comme un stigmate de notre secret. Je voulais qu’elle ne soit que notre reflet, ce reflet qui montrait clairement que ce deuxième lit ne serait plus jamais utilisé autrement que comme support à peluche immense.

Nous étions repartis d’où nous venions. Je ne savais pas vraiment ce que Mika voulait voir mais s’il avait voulu le voir alors il le verrait, quoi que ce puisse être. Mais il allait falloir aussi penser à manger… A lui, encore une fois, de décider. C’était sa journée. Alors sur internet ou au hasard, j’avais acquiescé, un sourire sur le visage. Oui… J’étais véritablement heureux. Bien plus que je ne l’avais jamais été. Je me sentais même libre, serein dans cet univers où rien d’autre n’existait que nous, que vraiment nous. Alors nous cacher ?... J’en avais de moins en moins envie. J’avais envie de continuer à vivre, j’avais envie de continuer à respirer ainsi, à être heureux.

Pourtant, Mika, lui, semblait ne pas avoir oublier certaines choses… Comme mes parents. Un rappel qui m’arracha une grimace. Je n’avais pas pensé à eux depuis un certain temps, comme si mon cerveau avait décidé d’éluder les parties difficiles de ma vie, ou ce qu’il estimait être difficile tout du moins.
Il s’inquiétait… Fronçant les sourcils, j’avais baissé la tête, ma main dans la sienne pour avancer vers la destination qu’il avait aperçu avant que nous ne prenions la première fois le taxi.

- C’est que…

Oui… Il avait raison. Nous ne devions pas provoquer Hyun-Su et nous avions aussi beaucoup de chance, une chance que certains n’avaient sûrement pas mais…

- J’ai envie de plus. Admis-je en soupirant. Je sais ! Je sais que je ne devrais pas et même que… Que c’est égoïste pour toi, que… Que tu as le Quidditch, je sais… Mais… Mais j’aime me sentir comme ça et… Et j’aimerais que ça continue tout le temps. J’aimerais avoir envie de sourire comme ça tout le temps, tous les jours, où qu’on soit. Murmurai-je en m’arrêtant alors, l’attirant doucement à moi pour caresser sa joue, mon regard perdu dans le sien. Je voudrais pouvoir faire ça dès que j’en ai envie, pouvoir te dire que je t’aime n’importe où sans avoir peur que… J’en ai marre d’avoir peur. Finis-je par admettre. J’en ai marre de… De me sentir enfermé, de craindre la moindre parole, de m’en vouloir quand on oublie d’insonoriser la chambre ou la salle de bain… Je… Je sais que c’est égoïste mais j’ai juste envie de vivre un peu…

Avec lui, chez les moldus, en privé, je vivais, je me sentais vivant, heureux même, en sécurité. En dehors, lorsque nous étions entourés de sorciers, lorsque nous devions retrouver nos vies « normales », je me sentais assailli de tous les côtés… Pour autant… J’avais fini par soupirer, secouant doucement la tête, comme pour sortir d’un rêve bien plus que d’un cauchemar alors que je m’efforçai de sourire à nouveau à mon fiancé. Il était hors de question de gâcher ce qu’il nous restait de liberté pour des envies égoïstes alors… Alors mieux valait effectivement les oublier.

- Tu as cherché où nous allions manger ? Avais-je fini par soufflé plus enthousiaste quoique le sourire peut être un peu moins vrai qu’il ne l’avait été alors que je me rendais bien plus compte que cette liberté allait finir par toucher à sa fin. On doit encore manger, appeler ton père, et puis faire du shopping aussi puisqu’on est à Paris et… Et si on pouvait trouver une animalerie pour Rainy et Sunny… Soufflai-je, réfléchissant à tout ce que pouvait encore être fait. Sauf si tu veux faire quelque chose d’autre… C’est toi qui décides, réaffirmai-je dans un nouveau sourire.

J’avais tenté de reprendre, de faire comme si de rien n’était, comme si cela n’importait pas. Je refusais de gâcher ce week-end par mon simple égoïsme que je me connaissais pourtant bien trop désormais. Mais il n’avait rien répondu, rien dit, se contentant de nous faire marcher en silence, m’inquiétant encore un peu plus. Avais-je réellement encore tout gâché ?... L’angoisse pouvait se lire dans mes yeux alors que nous finissions dans un parc, assis sur un banc pour qu’enfin il reprenne parole.

Et ses paroles… Ses mots m’avaient figé sur place. Me laisser renier ?... Je l’avais observé, interdit. L’embrasser dans le salon de mes parents ?... Pour dire toute la vérité, c’était une chose que j’avais déjà imaginé, que j’avais presque rêvé mais il y avait un mais. Dans chacun de mes rêves, l’histoire se terminait mal. La réaction de mes parents…

- Je…

Je n’avais pas su quoi dire alors qu’il continuait, qu’il me demandait d’arrêter de souffrir et… Qu’avais-je à y gagner ?... Disait-il la vérité ? Ne serais-je jamais accepté malgré mes efforts, malgré mon obéissance même de surface, même si ce n’était qu’en public ? J’avais baissé la tête vers le sol, mon regard mêlant la honte, la peine et une pointe de colère à ces mots. « Ceux qui t’aiment resteront »… Oui. Mais qui m’aimait ? Je n’arrivais pas à imaginer mes parents rester, pas après ça mais j’avais toujours eu cet espoir d’un amour parental même infime. Juste… Juste un peu d’amour parental. C’est ce qui m’avait fait tenir, ce qui m’avait toujours fait leur obéir malgré la sévérité voire les injustices de mon père.

D’autant qu’il n’y avait pas que moi. Lui-même me l’avait rappelé. L’homosexualité n’était pas… Ce n’était pas forcément bienvenue dans son monde, dans le monde du Quidditch alors… Alors il avait sa solution. Être le meilleur. Cela suffirait-il ? Il semblait sûr de lui, presque trop pour que je doute de ses paroles alors que je savais déjà qu’il serait un jour le meilleur joueur du monde. Mais malgré tout…

Ce fut entendre un potentiel avenir, ses solutions, ses rêves qui me firent relever la tête, me laissant l’observer un air que j’aurais voulu bien moins malheureux au visage. Aurions-nous réellement tout cela ?... Ma main avait glissé dans la sienne, la caressant distraitement alors que je le laissai finir, silencieusement. Je n’avais pas besoin d’un nom autre que le sien… Mais mon nom était… Mes parents étaient ceux qui m’avaient donné la vie, ceux qui m’avaient élevé. Je leur devais tout et… Et abandonner Jae-Hwa ? Hyun-Su et Min-Ho ? et eux… Eux, resteraient-ils ? Et mes autres cousins ? Ma famille entière resterait-elle ?...

- Tu crois… Tu penses vraiment que je ne serais jamais accepté ? Avais-je fini par murmurer, mes yeux se baissant de nouveau. Tu… Tu penses vraiment que je n’arriverais jamais à être ce que je dois être ?

Mais que devais-je être ? Qu’étais-je réellement ? A vrai dire, je me sentais perdu entre deux mondes diamétralement opposés, entre des devoirs et des envies qui ne pouvaient s’accorder qu’à condition de mon malheur.

- Je peux pas… Je venais d’étouffer un sanglot, difficilement. Je peux pas comme ça… Ils… Mes parents…

Mes parents ne m’aimaient pas. Mes parents ne m’aimeraient jamais. Cette phrase tambourinait tant dans ma tête que dans mon cœur alors que je serrai la main de Mika, les larmes coulant lentement sur mes joues, silencieusement.

- J’ai… J’aimerais… Je veux tout ça… Je… Je rêverais de… de cette maison en ruine, de te priver d’ananas toast et de reculer parce que tu me priverais de… De sexe… Je rêve de… Qu’on ait une maison pour nous, avec plein d’animaux, un… Un grand jardin pour Rainy et Sunny aussi maintenant et… Et plus tard, des enfants à nous, juste à nous… Des enfants qu’on élèverait avec… Juste avec de l’amour. L’amour… Cette chose qu’il m’avait fait découvrir, cette chose qui m’avait manqué toute ma vie alors que cette vérité venait à cet instant me frapper avec une violence que je n’avais pas imaginé tant l’oublier, tant enfouir ma tête pour ne pas le voir était plus facile. J’ai rêvé… Souvent j’imagine que je le fais, que… Que je t’embrasse devant mon père, devant ma mère mais… Mais à chaque fois ils me renient… Et à chaque fois…

A chaque fois, je finissais seul. Je finissais par pleurer, silencieusement de peur de le réveiller. Je finissais par craindre l’avenir alors même que je savais que lui ne m’abandonnerait pas, mais mes parents…

- Je ne peux pas… Ils… Personne ne restera.

Ma voix avait déraillé à cette vérité.

- Et même ceux qui resteraient… Ils… Mes parents seraient… Ils leur interdiraient de me voir…

Nam-Joo et même Jae-Hwa en faisaient partie et… Et elles… M’aimaient-elles réellement assez pour rester ? Je finissais par en douter, par douter de tout alors qu’un nouveau sanglot se faisait entendre.

- Je ne veux pas… Je n’arrive pas à imaginer que… Que je n’y arriverais pas, que… Je n’arrive pas à supporter leur regard… Admis-je. J’essaie… Je te promets que j’essaie et… Et je voulais trouver un travail le week-end pour ça… Je… Je veux… Je ne peux pas comme ça, pas aussi… Pas aussi vite… Je ne peux pas… Mika… J’y arriverais pas…

J’avais craqué. Me recroquevillant presque sur moi-même, douloureusement, j’avais entièrement craqué à ses mots, à sa demande. Je n’y arriverais pas. Pas aussi abruptement. Je ne pouvais pas… J’avais l’impression que cette incapacité de répondre à sa demande, à cette demande qu’il n’avait jamais faite, m’empêcherait clairement de le rendre, lui, heureux. Il s’agissait de moi, oui, mais lui… Lui était plus important encore et ne pas pouvoir le faire, ne pas pouvoir me contenter de son nom par peur de mes parents, par peur de ne plus jamais pouvoir imaginer qu’il existait une trace de leur amour, de l’amour de ma famille pour moi…
Tant que l’espoir subsisterait, je savais que je ferais ce que l’on me demanderait. Cet espoir, pourtant, s’amenuisait. Je le sentais, je le savais mais… Mais à mesure que l’espoir se réduisait, mon cœur se brisait. Il était pourtant toujours réparé par ses bras, il était toujours pourtant sauf grâce à lui mais… Mais j’avais mal. Mal de perdre ma famille. Mal de… De savoir que je ne serais définitivement qu’une déception aux yeux de ceux que j’avais toujours estimé, que j’avais toujours admiré et surtout que j’avais toujours aimé. Les choses avaient pourtant évolué. J'avais l'idée de trouver un travail, je voulais le trouver pour... Comme pour commencer à prendre ma liberté. Mais face à tout cela... J'avais l'impression que je n'y arriverais réellement jamais. Je n'étais pas de taille à affronter toute cette vie. J'avais seulement l'impression que je n'étais bon à rien. Ni pour eux... Ni pour lui.

- Ne m’en veux pas… Avais-je pour autant murmuré, témoignant de la peur qui s’était ajoutée au reste, celle de le perdre pour cela, pour mon égoïsme, pour mon imbécilité. Pitié… Ne pars pas…

Que pensait Mika ? Est-ce que… Etais-je réellement voué à ne rien être pour eux ? Ne serais-je donc vraiment accepté malgré tous mes efforts ? Cette idée me blessait. Plus que je ne l’aurais jamais imaginé alors qu’enfin il me donnait son avis et… J’étais un bon sang pur. J’étais tout ce que l’on attendait d’un sang pur mais. Oui, mais. J’étais gay. Une vérité qui m’avait fait baisser les yeux. Quoique je fasse… Oui, quoique je fasse je n’arriverais jamais à coucher avec une femme, je serais incapable de faire mon devoir sans me tromper moi-même… Et cela était juste incompatible. Alors… Alors oui… Oui, d’après lui, sans qu’il ne le dise clairement, je ne serais jamais accepté par ceux qui m’étaient pourtant si chers de par leur sang, mon sang.

Mais cette vérité, ce qu’il estimait être une vérité que je fuyais… Je m’étais écroulé. Je ne pouvais pas… Je… Je n’y arriverais pas. Je n’arrivais pas à admettre que… Qu’ils m’abandonneraient tous. J’en étais pourtant sûr. Au moment où ils sauraient, ils me renieraient, ils refuseraient de me parler… Je ne pouvais pas…
Et j’avais pourtant tenté de retenir mes larmes, de retenir ma douleur face à cette situation qui me semblait inextricable, que je fuyais alors du mieux que je le pouvais. J’avais tenté mais en vain. J’avais craqué. Et je m’en voulais. Je m’en voulais de gâcher ce week-end, nos fiançailles et… Et allait-il, lui, m’en vouloir ? Et… Non… Non, je ne voulais pas qu’il m’en veuille, je ne voulais pas qu’il parte… Une crainte revenue alors de plus belle alors que je le suppliai désormais de rester, de ne pas partir… Mais non. Il ne partirait jamais. Je l’avais entendu. Oui mais… Mais je n’avais pas réussi à relever les yeux, les larmes roulant sur mes joues alors que Mika se glissait devant moi, captant mon regard rougi.

Je souffrais… Difficile de nier, quand bien même je l’aurais voulu.

Mais ce n’était pas là où Mika voulait en venir. Non… Mika me parla plutôt de moi, de… Du chemin que j’avais parcouru, des amis que je m’étais fait… Je n’étais plus le même qu’avant, qu’il y avait un an. Et j’allais d’ailleurs lui répondre que cela était grâce à lui… Mais il m’arrêta, m’arrachant un léger rire malgré tout.
Sa main sur ma joue m’apaisait. Comme trop souvent, ses gestes faisaient cesser mes larmes alors que je l’observai cette fois plus calmement.

- C’est toi qui… C’est toi qui m’as donné envie de faire ça… Avais-je malgré tout répondu. Quand… Quand j’ai peur ou… Quand je ne sais pas quoi faire face à quelqu’un, je pense à ce que tu ferais toi et… Et je le fais…

Mais il voulait seulement que je sois heureux. Quoique cela implique, il voulait que je sois heureux. Mais jamais nous ne pourrions nous aimer en plein jour et faire de moi le Jeon qu’ils attendaient. Et à nouveau j’avais baissé les yeux vers le sol. Je n’étais plus solitaire mais… Mais cela suffirait-il pour remplacer l’intégralité de ma famille, de ceux avec qui j’avais grandi pendant plus de 17 ans ?

- Mika, je…

Il ne partirait pas. Il ne partirait pas. Il… Il ne partirait pas… Je tentai de me répéter cela, cette phrase. Quoique je puisse dire, il ne partirait pas… Je n’en doutais pas, je n’en douterais jamais mais… Mais pourquoi en avais-je si peur alors ?...

- Je suis désolé… Avais-je continué dans un murmure. Je suis… désolé… Je… Je peux pas comme ça… Je peux pas… Ils sont… Ce sont mes parents… Et je… Je…

Secoué d’un tremblement, j’avais enfin relevé les yeux, ma main glissant sur sa joue un instant, en silence alors que mes lèvres cherchaient les siennes. J’étais désolé. J’étais vraiment désolé. Et pourtant, j’avais repris, me séparant de lui de quelques millimètres seulement.

- Je veux… On peut… On peut essayer petit à petit ? Avais-je murmuré. Juste… Petit à petit… Que… Je veux me débrouiller seul…

C’était là une idée que j’avais depuis des mois déjà. Me débrouiller seul, ne plus dépendre de mes parents et de leur argent. Je savais pourtant que cela serait compliqué tant je n’avais pas réellement la notion de l’argent mais… Mais je le voulais. Pour Mika, pour moi… Pour nous.

- Je vais… trouver un travail le week-end après le mariage… Et… Mais… Mais je… Je veux encore essayer… Je… Je suis désolé… Repris-je. Je sais que… J’avais froncé d’autant les sourcils. Je veux encore… Faire ce qu’ils veulent… Je… Je peux essayer de leur proposer une femme… Je… Peut-être qu’il y aura… Peut-être que je trouverais une Sang Pur qui comprendra…

Je n’avais pourtant aucun espoir à cela tant je n’y avais jamais réfléchi mais… Mais c’était la dernière solution, la seule qui me permettrait peut-être de devenir quelqu’un dans cette famille, de faire ce que l’on attendait de moi.

- Laisse-moi… Laisse-moi essayer… Ce sont mes parents…

Je lui en demandais beaucoup. Je lui en demandais toujours beaucoup et sûrement, d’ailleurs, beaucoup trop. Et je m’en voulais… Je n’arrivais pas à faire autrement.

- Je suis désolé… Avais-je alors repris. Je… Je ne voulais pas gâcher le week-end et… Je suis désolé de te faire vivre cette vie…

Car tout aurait été beaucoup plus facile pour lui si j’avais abandonné, si j’acceptai de me faire renier. J’étais… J’étais juste égoïste de ne pas réussir à le faire, de ne pas être aussi fort que l’était sa mère. J’étais… Je ne méritais sûrement même pas l’amour qu’il me portait tant je n’étais pas capable de l’aimer face à tous à cause de cette peur imbécile… J’étais un imbécile.

M’étais-je attendu un instant à ce genre de réaction ? Peut-être un peu. Mais je ne m’étais pas vraiment préparé à cela. Des géniteurs… Pas des parents. Je n’avais pas pu répondre, je n’avais pas voulu répondre, cherchant à m’apaiser, à l’apaiser par un baiser auquel il répondit. Mais je voulais faire des efforts, je voulais… Je ne voulais plus être dépendant. C’était finalement un pas important pour moi, un véritable pas… Mais je ne pouvais pas me faire renier, pas ainsi, pas aussi vite, pas quand le simple regard désapprobateur de mon cousin me blessait. Je ne pouvais pas…
Alors… Alors je voulais essayer. Essayer de trouver une femme qui comprendrait, une femme qui ne chercherait rien de moi. C’était… C’était possible, non ? Il fallait que cela soit possible, il fallait qu’elle accepte que je ne serais jamais à elle, que Mika serait la seule personne qui importerait jamais et… Il avait reculé.

Fronçant les sourcils, j’avais amorcé un geste pour le retenir, un geste que son regard avorta. Il n’acceptait plus. Je n’avais pas eu besoin de l’écouter pour le comprendre. Il ne voulait pas. Il n’y croyait même pas. Figé, l’observant interdit, mon cœur se brisait encore un peu plus alors que mon poing se serrait. Il l’avait pourtant accepté… Il… Il savait… Pourquoi… Pourquoi maintenant ? Pourquoi reculer ? Pourquoi… Je… J’avais besoin qu’il l’accepte, j’avais besoin qu’il me rassure, qu’il me dise qu’il savait, j’avais besoin de ne pas trop savoir que j’étais un monstre, un pur connard pour tout ce que je pouvais lui faire. Et ses mots… Ses mots étaient…
Je ne l’avais jamais entendu aussi dur. Je n’avais jamais entendu de tels mots sortant de sa bouche et… L’approbation de connards… Personne ne… J’avais davantage serré le poing, blanchissant ses jonctions, me faisant mal alors que je tentai désespérément de garder toute ma contenance. Je ne pouvais pas… Ses mots me blessaient. Plus qu’ils ne m’avaient jamais blessé. Mais je restais là, mon regard fixé sur lui sans pouvoir le quitter des yeux.

- Arrête… Avais-je malgré tout murmuré, sûrement trop bas car il continua.

Il me lançait maintenant. Je pouvais trouver une femme, lui faire autant de… Autant de gosses que je voudrais… Il ne l’acceptait pas. Il ne l’acceptait plus, ou l’avait-il un jour réellement accepté ? J’en doutais presque alors que mes ongles entraient dans la peau de ma paume. Je ne pouvais pas… Il ne devait pas me dire cela. Il ne pouvait pas… Sans lui, sans son accord, je… Je ne pourrais jamais…

J’étais coincé entre deux feux qui me blessaient chacun à leur façon sans que je n’arrive à me défaire de l’un ou de l’autre… Enfin… Non. Car je refusais de me défaire des flammes de Mika. Au contraire. Je désirais seulement les éteindre, l’apaiser mais… Mais je ne pouvais pas… Je ne pouvais pas lui dire que je ne me marierais pas, je ne pouvais pas lui promettre que…

- Qu’est-ce que tu préfèrerais ?! Que je te dise que je vais me marier pour le plaisir ?!

Cette question était la plus idiote que j’avais pu trouver. Poussé au pied du mur, blessé, le cœur plus douloureux qu’il ne l’avait jamais été face à mon devoir, je serrai les dents. Dans mon regard, il n’y avait aucune animosité contrairement à la voix ferme que j’avais prise. Non. Il n’y avait qu’une peine immense, qu’une souffrance infinie qu’il pourrait sûrement traduire alors que mon visage se peignait de ce masque de contenance que je savais prendre, même douloureusement.

- Qu’est-ce que tu veux entendre ? Que je ne coucherais avec personne ? Mika ! Avais-je soudain explosé. Si c’est ça que tu veux alors d’accord ! D’accord ! Personne ne me touchera ! Jamais ! Je… Arrête… Pitié, arrête…

Ma voix s’était brisée alors que mon masque, lui, se fissurait, qu’une larme perlait lentement le long de ma joue.

- Si tu… J’y arriverais pas… Pas si tu… J’y arriverais pas… Mais je peux pas…

Les deux feux. Les voilà. Je n’arriverais jamais à tromper Mika. Si je le savais avant, son refus ne faisait qu’appuyer ce que j’avais tenté d’oublier. Mais je ne pouvais pas, je n’arriverais pas à… Ils étaient  mes parents… Ils étaient pas famille et je n’arrivais pas à… Ils ne pouvaient pas me… J’étais leur fils, leur neveu, leur cousin… Je ne pouvais pas… Je ne pouvais pas ne rien être… Je… Je ne pouvais pas… Ils ne pouvaient pas êtres les connards qu’il décrivait…

- Je me… Je vais trouver une femme… Avais-je malgré tout répété, incapable de lui mentir. Je…

Les larmes avaient accéléré sans que mon regard ne vacille, sans que mon visage ne change, comme figé dans cet air froid qui contrastait tant avec mes larmes. Je savais… Je ne pouvais pas… Si Mika venait de me blesser, si j’avais mal, si mon cœur semblait être en miette, je ne pouvais pas le laisser ainsi. Je ne pouvais pas le blesser, moi. Je ne pourrais pas le supporter… Alors… Alors je savais… Je savais que j’étais en train de… C’était la fin… Une fin qui se rapprochait inexorablement, une fin que j’étais en train de signer.

- Personne ne me touchera. Avais-je repris clairement, froidement. Si tu n’approuves pas, personne ne me touchera jamais. Je… Je trouverais une fiancée pour… Pas maintenant… Pas comme ça… Je… Je trouverais…

Une fiancée. Une femme que je tromperais peut être en lui faisant croire à un mariage, une femme qui me servirait juste de couverture pour me laisser du temps, parce que je n’étais pas prêt car me faire renier maintenant, ainsi… Je… Non… Je ne pouvais pas. Je n’y arriverais pas… Cette simple idée me faisait mal à un point que je n’étais pas prêt à supporter, pas encore, quand bien même je savais que tout aurait une fin, que je ne pourrais jamais jouer au Jeon toute ma vie… Pas maintenant… Petit à petit… Pitié… Il fallait qu’il accepte. Et à l’instar de mes larmes qui avaient continué, de mon regard qui n’avait pas changé, mon masque de glace en avait fait de même dans ce contraste douloureux. Ne pas craquer, ne pas continuer à tout gâcher alors que j’avais mal… Si mal…

Je ne pouvais pas… Je ne pourrais jamais laisser une autre me toucher. Je ne pourrais jamais… J’avais accepté ou plutôt… Je m’étais admis que jamais cela n’arriverait, que je finirais par être renié, que je finirais par perdre mon nom. Peut-être pas maintenant alors que la douleur de cette pensée était bien trop importante mais… Mais cela arriverait et… Et Mika avait repris et… Et qu’est-ce qui était pire ? Ce qu’il avait dit jusque là ou ce qu’il disait maintenant ? A vrai dire, je n’en savais plus rien tant ses mots, tant ses gestes me brisaient encore davantage le cœur. Un amant… Non… Non il n’était pas seulement l’amant. Il ne serait jamais l’amant, il…

Mon regard se brisait encore un peu plus à mesure qu’il parlait. Un putain d’amant… Non… Et le pire était encore à venir. Ne pas se marier… Non… Non, non, non… Mon visage, doucement, s’était secoué de gauche à droite. Non… Il ne pouvait pas… Si. Il faisait.

Interdit, je l’avais écouté me dire de faire mon devoir. Et… Et ce fut trop. Ses alliances étaient dans mes mains. Je… Je comprenais. Je savais… C’était ma faute il… Cette situation était précaire. Notre couple l’était. Il l’avait toujours été, maintenu sur la corde par un secret devenu trop gros, trop important même pour que j’arrive à moi-même le supporter. Mais… Mais si cette corde craquait… Elle ne pouvait pas… Non… Il avait tout de même continué, fissurant davantage mon masque, mes larmes s’accentuant alors.

- Pitié…

Je… Non… Non… Je… Non… Je ne pouvais pas accepter. Je… Pitié, non… Je comprenais trop ce qu’il me disait, je comprenais combien ce choix était difficile mais… Non…

Et ce furent ses excuses qui semblèrent comme me ranimer alors que je me levai soudain, étouffant un sanglot dans son cou alors que je l’avais rejoint d’un pas, l’attirant à moi brusquement, pleurant, pleurant sûrement plus que je ne l’avais jamais fait face à lui, pleurant le seul amour que je connaissais, le seul avenir que je désirais.
Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas se contenter de ce que j’avais dit ? Pourquoi… Pourquoi j’avais si mal ? Pourquoi ne pouvais-je pas seulement accepter de tourner le dos à ma famille, pour lui ? Il était pourtant plus important, il était plus important que tout alors pourquoi n’arrivais-je pas à leur tourner le dos aussi facilement ?

- Je t’aime… Je… Mika, non… Murmurai-je, refusant de le relâcher. Je peux pas… Tu vaux… Tu vaux tout… Je… Je m’en fous de l’honneur… J’ai… J’ai besoin de toi… De mon mari… Je… Pitié…

Mes jambes avaient lâché. Tombant à genoux au sol, je m’étais recroquevillé, ses alliances dans ma main contre mon cœur. J’avais mal. Mon cœur semblait en miette tant je me rendais compte de ce que j’étais en train de perdre. Je ne voulais pas faire mon devoir. Je ne voulais pas… Je ne pouvais pas… Je me foutais de l’honneur du monde si cela me privait de Mika, de son nom, de notre avenir.

- Je veux plus être un Jeon… Avais-je articulé douloureusement. Je veux plus… Pitié…

Pitié… Mon cœur faisait mal. J’avais cette impression de mourir, cette impression de me noyer sans réussir à respirer alors que ma respiration, elle, s’accélérait dans une panique naissante. De ma main libre, j’avais agrippé la jambe de Mika. Je ne savais plus… Je ne savais plus ni où j’étais, ni ce que je faisais. Je ne savais plus quoi faire, comment faire, quoi dire, comment parler. J’avais mal… Et la douleur ne diminuait pas.

- Je veux pas de leur honneur… Réussis-je pourtant à murmurer. Je veux mon mari…

Il était la seule chose que je désirais, le seul avenir que je voulais. Et je le perdais. Il ne me quittait pas, mais je le perdais malgré tout. Et je ne pouvais pas… Je ne l’acceptais pas.

- Un an… Un… an… Avais-je presque supplié en levant les yeux vers lui. Ne… Un an… Je… Je ne me marierais jamais… Personne ne… Personne ne me touchera… Laisse moi un an… Pitié…

Mais épouse moi. Je lui avais tendu ses alliances, brisé, le regard suppliant. Dans un an je ne porterais plus mon nom. Dans un an tout serait fini, il serait seul, il serait mon seul avenir mais… Mais il devait me laisser quelques mois, juste… Juste quelques mois pour… Je devais être indépendant, je devais… Je devais accepter que je ne reverrais jamais ma famille, que je ferais face au regard de mon père, de ma mère, que… Que je serais seul face à toute ma famille et qu’il avait raison, que j’aurais la preuve que je n’aurais jamais rien été à leurs yeux.

Je ne voulais plus… Je ne voulais pas me battre contre Mika. Je ne voulais pas le perdre, je ne voulais pas voir tout ce qui m’animer disparaître pour mon nom. Je ne pouvais pas…. J’avais craqué. Plus que je ne l’aurais imaginé. J’avais pourtant déjà souffert, j’avais pourtant déjà eu mal… Sa malédiction, notre secret… Oui… Nous avions déjà eu mal mais… Mais jamais à ce point. Jamais je n’avais senti mon cœur exploser ainsi au point que je ne puisse rester debout, au point que je ne puisse pas réellement réussir à articler mes mots tant ils s’heurtaient dans mon cerveau et… Et nous avions transplané. Je l’avais senti et pourtant je n’avais pas bougé, la douleur trop présente. Je n’avais pas non plus bougé lorsqu’il m’avait entouré, laissant ma tête tomber sur son épaule, incapable de contrôler mes larmes, incapable de contrôler cette souffrance qui explosait mon cœur sans le moindre remord. Je le perdais… J’étais en train de perdre l’amour de ma vie… Il ne me quittait pas mais il me semblait que c’était presque tout comme. Il refusait l’avenir que nous nous étions promis, l’avenir que je désirais plus que tout.

Je n’avais pas lutté lorsqu’il s’était détaché, lorsque ses doigts essuyaient mes larmes. Le masque… Je n’avais pas su faire autrement, je n’avais pas su… J’avais tellement mal de lui faire du mal, j’avais tellement mal de lui imposer cette vie… Je n’avais pas su faire autrement pour le cacher, pour cacher combien je souffrais alors même que c’était cela qu’il ne voulait pas voir…

- Je peux pas…

Mais il avait continué. Il était désolé et… Et j’avais davantage relevé les yeux alors qu’il prenait la responsabilité, qu’il… Non… Non, il était pas…

- Arrête… Murmurai-je alors que mes mains entouraient son visage.

Il m’aimait trop pour… Nous nous aimions trop. C’était certain. Nous étions trop accrochés au bonheur de l’autre pour accepter la moindre souffrance dans nos vies mais… Mais je refusais de l’aimer moins. Je refusais de faire la moindre concession sur l’amour que je lui portais, sur l’avenir que nous voulions.

- Je suis heureux avec toi… Avais-je tenu à dire, à murmurer

Même si cela ne durait pas, quand il était là, quand il était avec moi, j’étais indéniablement heureux. Je l’étais réellement, sans condition. Mais il voulait que cela dure, il voulait… Je ne serais pas heureux avec une femme, je serais obligé de lui faire des enfants et mon visage s’était secoué de gauche à droite.

- Je le ferais pas… Suppliai-je.

Je le lui avais dit. Je n’aurais pas d’enfants. Pas avec quelqu’un d’autre que lui. Je voulais seulement… Je voulais du temps, j’avais besoin du temps pour me préparer. Mais il ne voulait pas de date et… Et je ne savais pas comment faire alors que je l’entourais de mes bras, que je le serrai contre moi, mes larmes glissant encore sur mes joues.

- Je veux personne d’autre que toi…

Il était en colère… En colère contre eux, en colère contre son sang, contre les femmes qui m’approcherait et… Et à nouveau j’avais secoué la tête, répétant ce que je lui avais dit. Je ne voulais personne d’autre que lui. Je ne voulais que lui, que son sang, que sa famille. Je le voulais lui.

- Je veux rien d’autre que t’épouser… Avais-je repris. Je veux juste… Hae… Hae… Je t’en supplie…

Me reculant, j’avais glissé mes mains sur ses joues, essuyant ses larmes, glissant mes lèvres contre les siennes tant pour m’apaiser que pour l’apaiser lui. Il fallait… J’avais du mal à me calmer, du mal à cesser de pleurer. J’avais pourtant essayé de prendre sur moi, de respirer, je faire cesser les sanglots, en vain, alors que je reprenais difficilement.

- E… Ecoute moi Hae… Je…

Glissant ma main jusqu’à la sienne, j’avais repris ses alliances, doucement, autant que sa main que je caressai doucement.

- Tu m’offres… Tu m’offres ce dont j’ai besoin… Je… J’ai juste… J’arrive pas à… J’ai besoin de temps pour…

Pour accepter que personne ne m’aime. Mais je n’arrivais pas à le dire, à énoncer ce qui me semblait pourtant vrai. Cela faisait trop mal, beaucoup trop mal.

- Petit à petit… Mais… Mais tu… Epouse moi… Je… Je te promets, je te jure que je… Je ne me forcerais jamais… Je… Je vais trouver une femme pour… Juste pour faire illusion. Juste le temps de… J’ai besoin de temps pour… Pour trouver un travail et pour… Hae, épouse moi… Je… Tu me protèges… Tu… Depuis le début, tu me protèges… De mes démons, de… De tout… Tu ne peux pas… Tu ne peux pas me protéger de tout, pas… Comme je ne peux pas te protéger de tout. Murmurai-je difficilement. Mais… Mika… Tu… Tu es tout sauf un amant… Je… Je ne veux pas leur honneur si… Si ça m’empêche de t’épouser.

Lentement, j’avais de nouveau glissé les alliances à son doigt.

- Je t’aime… Je t’aime plus que je n’aimerais jamais personne, plus que… Plus que ma vie… Je… Tu es mon avenir et… Et je ne… Je ne peux pas accepter que… Que tu refuses de… Mon cœur… T’épouser est la chose que… Je ne peux pas… Epouse moi…

Mes mots étaient hachurés, autant que mes pensées alors que ma main se raffermissait sur la sienne. J’avais mal, j’avais bien trop mal pour réussir à parler distinctement, pour ne pas avoir peur.

- Je t’aime… Je… J’ai besoin de toi… Je… Je te promettrais fidélité, je te jurerais de te protéger mais je t’aime… Je t’aime plus que tout, Hae… Epouse moi… Ne… Ne refuse pas… Je veux… Je veux la maison au bord de la plage et… Et qu’on aille chez tes parents avec nos enfants… Je veux que ton père… Qu’il leur apprenne à conduire une voiture moldue et… Et que ta mère leur fasse du kimchi et… Et je veux que tu fasses du surf tous les matins et… Et que tu deviennes le plus grand champion de Quidditch du monde… Et tout ça en portant nos noms. Je veux… Je veux que nos enfants soient des Jeon-Wilde. Je veux… Je veux t’épouser et… Et je trouverais une femme pour… Juste pour attendre, juste pour me laisse du temps mais… Mais tu n’es pas comme eux… Tu… J’avais… Je savais… Je savais déjà que… Qu’ils finiraient par savoir mais… Mais j’ai du mal à… J’avais soufflé longuement. Je devais réussir à le lui dire, à… à lui faire comprendre. J’ai mal… J’ai mal quand… Quand j’accepte que ma famille… Que personne ne m’aime… Que je ne suis… Rien mais… Mais j’ai encore plus mal quand… Quand tu refuses de m’épouser… Quand tu refuses l’avenir qu’on rêve et… Tu m’imposes rien, Hae… Je savais… Avais-je repris. Je… J’ai juste peur… J’ai peur de… Je voulais pas accepter… Je vais… Je vais accepter, je vais… Je vais me faire… Renier… Mais épouse moi… C’est la seule chose que je veux… Je te veux toi… Je te voudrais toujours toi avant tout le monde…

- Je sais… Avais-je répondu. Et j’aimerais pouvoir te protéger de tout aussi…

Mais je n’avais jamais réussi, je n’avais pas réussi à le protéger, je n’avais pas réussi à le protéger de tout ce qui pourrait lui arriver. Je ne savais alors que trop bien ce que pouvait ressentir Mika, je ne savais que trop bien combien c’était frustrant, combien j’aurais tout donné pour le sauver de tout… Mais il l’avait dit lui-même… Je ne le pouvais pas. Et il ne le pourrait jamais pour moi non plus.

Mais ce n’était pas parce qu’il ne pouvait pas me protéger que j’accepterais plus facilement sa décision. Non… Non, je voulais me marier. Je voulais de cet avenir. Je donnerais tout, ma vie, ma famille pour lui… Et ses mots, j’avais étouffé un sanglot presque rassuré. Il m’aimait et surtout… Surtout, il voulait m’épouser. Cette idée me fit un bien qu’il n’imaginait sûrement pas, comme si je pouvais soudain respirer après m’être noyé, après que mon cœur ait été gorgé d’eau acide… Mais. Il y avait un mais et son mais… J’avais secoué la tête alors que ses larmes reprenaient, alors que je répondais à ses baisers, que je tentai désespérément de le calmer, de l’apaiser.

- Si… Si elle refuse ou si quelqu’un parle… Je… On avisera. On… On oubliera que je voulais du temps et… Et si elle refuse, je t’embrasserais devant mon père, dans son bureau avant de lui dire que je suis tombé amoureux de l’homme le plus merveilleux du monde et que cet homme est devenu mon mari, qu’il porte mon nom… Si quelqu’un parle… Je… C’est que ce sera l’heure…

J’avais mal, mal de l’imaginer, mal d’imaginer que le peu de personne au courant pourrait me trahir mais je préférais encore me forcer à l’imaginer, à admettre cela comme le destin que fuir. Je ne pouvais plus fuir. Je ne pouvais plus… Je devais assumer… Quand bien même cela m’obligeait à reconnaître le désintérêt de mon père…

Et faire une liste. Nous ferions une liste… J’avais hoché la tête. Nous ferions la liste des femmes possibles. Nous trouverions quelqu’un mais avant cela… Nous allions nous marier et à nouveau, j’avais ressenti ce soulagement, le serrant dans mes bras, fortement, lui rappelant, murmurant, combien je l’aimais, combien je l’aimais plus que tout au monde.

Je m’étais pourtant figé, soudain surpris. Mettre Merindah dans le coup ? Non, ce n’était pas cela qui m’avait figé… Il voulait que… Que je détourne l’argent ? Me reculant légèrement, je l’avais observé, interdit. Il voulait que… Merindah ait des goûts de luxe pour… J’avais rapidement compris et… Baissant les yeux, j’avais hésité. Voler de l’argent, détourner l’argent de mes parents pour moi ?... Fronçant les sourcils, il m’avait fallu quelques instants pour réfléchir avant que je n’hoche doucement la tête. Si Mika le demandait alors… Alors soit.

- D’accord… On… On ouvrira un compte tous les deux après le mariage et… Et en attendant je vais garder l’argent avec moi à Poudlard. Je… Ils n’ont rien dit pour ce week-end, ils ne diront rien encore après si c’est pour Merindah… Mais à une condition, avais-je pourtant demandé, glissant ma main sur sa joue. Je veux… J’arrêterais les études de droit quand ils sauront. Je… Si j’ai réussi à mettre assez… Je… Je veux faire des études de musique.

Pourquoi cette condition maintenant ? Parce que le jour où tout éclaterait, je savais bien trop combien je ne pourrais tenir ces études que je détestais. Parce que je savais que je ne les faisais que pour obéir à mes parents mais sans eux…

- Et on me trouvera un emploi avant et… Et on va préparer notre mariage. J’ai besoin de toi Hae… J’ai besoin de toi à mes côtés… Tout le temps… Alors… Alors on va prendre l’argent qu’on peut… On va… Je vais… Les… J’avais serré le poing, malgré moi. Je vais trahir mes parents… Je les trahis déjà alors… D’accord. Mais… Mais s’il te plait… Je veux qu’on profite de notre week end. Je veux qu’on… Ce sont nos fiançailles, Hae. Je veux qu’on profite encore… Avant de rentrer et de commencer… Juste… Juste être encore un peu insouciant, s’il te plait, suppliai-je presque. Je l'ai assez gâché, je... S'il te plait...

J’avais osé. Pour la première fois, j’avais osé demander quelque chose pour moi, une chose bien particulière… Je voulais faire de la musique. Je voulais… Je voulais faire ce que je désirais réellement. Et j’essaierais de le faire dès lors que tout serait terminé car cela se terminerait un jour, ce n’était désormais plus qu’une question de temps. Mais même si Mika avait accepté, il allait encore falloir que j’aie suffisamment d’argent pour cela, que j’arrive à… à suffisamment trahir mes parents, ma famille pour cela. Un fait qui me blessait, évidemment, mais un fait qu’il approuva, m’embrassant, me laissant glisser mes mains autour de sa taille alors que j’hochai à mon tour la tête. Je n’étais pas réellement persuadé de ce qu’il me disait là mais… Mais je devais m’en convaincre. Je devais… Je devais accepter qu’ils étaient coupables avant moi, coupable de… De n’avoir jamais rien eu à faire de moi, de mon existence.

Répondant à ses lèvres, j’avais épousé son corps du mien, je l’avais attiré à moi, je m’étais apaisé contre lui, n’oubliant pas mes peines mais les repoussant plus loin, me concentrant sur ce qui était le plus important : lui. Lui, jusqu’à ce qu’il ne s’éloigne, m’obligeant à suivre son regard autour de nous et… Et un abri ? J’avais hoché la tête.

- Je demanderais à quelqu’un de passer pour construire une petite maison. Approuvai-je.

Il allait falloir en profiter tant que l’argent était presqu’illimité… Mais à peine l’idée avait-elle été émise que ses lèvres avaient retrouvé les miennes, plus doucement et… Une école de musique moldue ? Pour le samedi ?

- Mais si je trouve un emploi… Je… On ne travaille pas le samedi avec un emploi ?

Pourrais-je choisir mes jours de travail ? Pourrais-je… Pourrais-je vraiment faire de la musique, l’étudier ? Je l’espérais mais… Mais ne serait-ce pas un pas en avant en risquant que je ne puisse jamais continuer ? Que je ne puisse pas continuer mes études par manque d’argent…
Il semblait avoir une solution… Son argent. Un compte commun, il en avait parlé mais… Mais je n’avais pas imaginé pouvoir utiliser son argent et…

- Hae… Je veux pas… Je veux pas être un poids…

J’en étais déjà un, je ne voulais pas… Je ne pouvais pas être pire que ce que j’étais déjà…

- Je… Je trouverais un moyen de payer mes études… S’il faut, je… Je trouverais un prêt ou… Ou je travaillerais un an ou deux mais… Mais je paierais mes études… Et briller… Je… J’essaierais mais si ça ne fonctionne pas…

Je craignais malgré tout que cela ne fonctionne pas, je craignais ne pas être assez bon, ne jamais réussir, je craignais que… Que tout cela ne fasse que prouver que j’étais un moins que rien. Mais le dire ?... J’avais préféré me concentrer sur Mika, esquissant un très léger sourire. Il avait faim… Soit… Attrapant ma baguette, je l’avais attiré à moi pour transplaner dans le hall où nous avions rangé nos peluches, prêt à oublietter le moindre moldu… Qu’il n’y avait pas, fort heureusement.

- Alors on va trouver à manger Avais-je repris. Et on va appeler ton père comme prévu… Et… Et on va finir de visiter et de faire du sho… Garder de l’argent. Désormais, il allait falloir garder de l’argent… Mais… Du shopping. Avais-je repris. Notre dernière journée d’insouciance… Juste une dernière journée… Alors… Alors je te suis, où est-ce que tu veux manger ? Soufflai-je en l’attirant à moi, embrassant son front.

Notre toute dernière journée et ensuite… Ensuite je les trahirais. Mais il nous fallait cette dernière journée, juste… Juste encore un peu.