Un instant j’avais hésité, l’observant avec des yeux incertains et… Je…

- Je… Oui… Je… J’espère. Soufflai-je, brisant mon hésitant contre ses lèvres, caressant alors tendrement sa joue.

Le simple fait de parler de cela, de ce qui, je l’espérais, arriverait, de ce que j’avais prévu sans qu’il le sache me perturbait, me faisait peur. S’il désirait que cela se passe encore, s’il venait de m’apaiser sur ce point… Était-ce réellement le moment de le lui demander ? N’était-ce pas trop lui imposer et… J’avais doucement secoué la tête. Il ne fallait pas penser à cela. Je devais me faire confiance, nous faire confiance. J’avais d’ailleurs tenté de le rassurer, doucement. Oui. Je le protègerais. Autant qu’il me serait possible de le faire. Plus jamais je ne lui ferais de mal, plus jamais il ne souffrirait par ma faute. Cela avait déjà trop été le cas. Non… Aujourd’hui, il ne devait plus se soucier d’autre chose que de ce lien qui nous unissait… ou de ses aspics pour l’année prochaine, je devais aussi l’admettre alors que sa remarque m’arrachait un léger rire.

- Nous en reparlerons. Assurai-je, embrassant sa joue avant de proposer de visiter le reste.

Répondant par la positive à sa demande pour revenir dans le jacuzzi, je l’avais vite entraîné à travers la suite pour rejoindre la chambre et ce lit bien trop grand qu’il défendit pourtant.

- Si tu vois ça comme ça… Soufflai-je dans un sourire. Alors tu n’as pas intérêt à oublier le moindre endroit car je veux que tu me colles tout le week-end.

Mais dans tous les cas, même si ce week-end resterait sûrement exceptionnel, même si je ne pourrais pas lui offrir cela tous les jours… Je ne désirais qu’une chose. Son bonheur et sa sécurité. Un premier fait qu’il tenta d’atténuer… A raison. Bien sûr que le bonheur constant était une utopie mais… J’avais rapidement froncé les sourcils alors que ma main glissait sur sa taille.

- Ne t’excuse pas… Murmurai-je sans l’arrêter réellement pour autant, le laissant continuer.

Au moins avais-je rapidement souri de nouveau. Oui. J’avais beaucoup trop dépensé, je l’admettais. Que cela soit à Noel ou aujourd’hui… J’aimais voir les choses en grand lorsque cela le concernait de près ou de loin. C’était plus fort que moi et…

- Moi ? Précieux ?! Fustigeai-je faussement en plissant les yeux. En quoi ? Je suis naturel et viril ! Toujours !

Ou pas. Certes. J’admettais que… Enfin, non. Je pouvais potentiellement admettre dans une moindre mesure que je pouvais être parfois assez dramatique voire quelque peu maniéré. Certes. Mais il ne s’agissait que d’une seconde sur une journée. C’était tout. Ou peut être deux. Ou sur quelques heures et… Enfin… J’avais fini par rire à ses mots, légèrement. C’était vrai. Nous n’étioons pas parfait. Et pour autant… Nous nous étions trouvé comme personne. Si j’étais son âme sœur, il était la mienne.
Caressant doucement sa joue, j’avais alors souri, plus tendrement, plus amoureusement même. Oui… Il avait raison. Tout cela ne serait jamais un fleuve tranquille. Que cela soit du fait de sa malédiction, de par nos caractères ou de par ce que ma vie lui imposerait. Nous ne serions jamais parfaits et… Mes pensées s’étaient rapidement stoppées à ses mots alors que je l’observai, que je plongeai mon regard dans le sien, soudain… J’étais… Oui. Emu. Plus que je ne l’aurais imaginé alors que mes lèvres fondaient sur les siennes, que je l’embrassai comme si ma vie en dépendait, comme si son amour me faisait vivre… Il m’avait fallu de longues minutes ainsi, à l’embrasser, l’ayant à nouveau allongé sur le matelas, pour reprendre parole, pour souffler contre ses lèvres quelques mots.

- Il n’y a que sur une chose que tu te trompes… Murmurai-je. Même si un jour j’ai envie de te jeter par la fenêtre… Jamais je ne regretterais quoique ce soit. Même si on oublie pourquoi on s’aime… Jamais je ne regretterais rien de notre vie, de ce que j’ai pu faire. L’embrassant de nouveau, j’avais alors souri, une larme glissant sur ma joue, contrastant avec cette sérénité qu’il venait d’imposer en moi. Alors je te le promets. Je te promets de toujours t’aimer. Je te promets d’être toujours à tes côtés même quand je serais en colère et que je bouderais. Je te promets que je t’aimerais plus que tout quoiqu’il puisse arriver. Même quand tu me donneras toutes les raisons pour ne plus le faire. Assurai-je dans un sourire, glissant contre ses lèvres.

Fut-ce mes émotions, le moment ou seulement lui… J’avais fini par l’aimer. A nouveau. Encore. Par nous briser sur ce lit avant de retrouver le jacuzzi, avant que je ne recommence, que je ne le réapprenne autant qu’il nous était possible de le faire. Combien de fois lui avais-je dit que je l’aimais ? J’avais perdu le décompte tant il était important. Je l’aimais, oui. Et je voulais le lui prouver, je voulais qu’il n’en doute jamais, qu’il ne puisse jamais se poser la moindre question…
Il était tard lorsqu’enfin je m’étais écroulé contre lui, sur le lit, épuisé par tout ce que nous avions fait, le serrant dans mes bras, refusant de le relâcher alors que je le couvrai d’une couette, usant de mes dernières forces avant de m’endormir, réellement.

La nuit avait été calme, apaisante, comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps. Réveillé aux premières lueurs du jour, j’avais même pris le temps de l’observer dormir, de m’apaiser encore davantage à son contact, sonnant pour que l’on nous apporte le petit déjeuner sur un plateau. Plateau rapidement arrivé qui m’obligea à quitter mon fiancé pour aller le chercher. Au moins le personnel de l’hôtel était-il discret… A peine était-il arrivé que le groom était reparti sans demander son reste… Parfait, finalement… Cela m’allait. Je n’avais, à ce moment, envie de croiser personne d’autre que Mika. Un Mika que je reveillai alors doucement. Le plateau posé au bout du lit pour éviter tout risque de chute, je m’étais glissé contre lui, caressant lentement sa joue.

- Bonjour mon cœur… Lui avais-je murmuré à l’oreille, embrassant sa tempe, sa joue, son cou, descendant le long de son corps pour mieux remonter, pour mieux le caresser. Réveille-toi… Il y a des choses de prévues et j’ai fait monter le petit déjeuner…

Un petit déjeuner plus que complet. Avec uniquement des produits frais et français m’avait-on vendu sans que je ne comprenne trop ce que cela signifiait. Enfin… jusqu’à ce que je ne voie ce qui avait été prévu. Sûrement bien trop pour deux personnes à mon sens… Mais au moins en aurait-il pour sa faim.

- Hae… Continuai-je à souffler, ne cessant pas mes baisers. Réveille-toi…

Je ne voulais pas qu’il me remercie. Pas pour cela. Pas pour ce qui était, à mon sens, la seule chose valable à faire avec lui. L’aimer. L’aimer plus que tout et malgré tout. C’est pourquoi je l’avais embrassé, c’est pourquoi j’avais voulu faire taire ce remerciements par mes lèvres, par la chose qui parlait le plus pour moi : mon corps. Ainsi l’avais-je de nouveau aimé, encore et encore jusqu’à ce que l’épuisement ne nous gagne, enfin.
J’étais heureux. Dans tous les sens du terme. Un bonheur qui m’avait entraîné dans une nuit calme, très calme, collé à lui alors que je me refusais de le lâcher, de le laisser s’éloigner ne serait-ce que de quelques centimètres de moi.

Le jour était malheureusement, presque, bien trop vite arrivé, m’obligeant à bouger, à ouvrir les yeux pour me rendre compte d’une chose : j’aurais presque désiré passer le week-end entier au lit… Mais j’avais prévu bien trop de choses pour cela, bien trop de visites, de repas et surtout cette surprise qui valait ce week-end entier alors… Alors j’avais bougé, difficilement, me rhabillant de quelques vêtements pour aller chercher le petit déjeuner commandé dans le salon et le ramener jusque sur le lit où je tentai de réveiller Mika. Doucement. Très doucement. Amoureusement, même. L’embrassant, lentement, partout, sans discontinuer. Soufflant à son oreille, murmurant qu’il fallait qu’il se réveille et… Que je pouvais mieux faire ?... Clignant des yeux, je n’avais pas immédiatement compris jusqu’à ce qu’il ne pose mes mains sur lui, jusqu’à ce que je ne sente sa peau sous mes doigts, que je ne l’embrasse plus passionnément. Oui… Il avait raison… Nous pouvions commencer la journée bien mieux que ce que je n’étais en train de faire.

Et la journée n’aurait certainement, finalement, pas pu mieux commencer. Le souffle court, le regard perdu sur Mika comme s’il était la première merveille du monde, et il l’était à mes yeux, je tentai de me reconnecter avec la réalité, de faire face à l’orgasme qui m’avait secoué alors que mes mains caressaient ses cuisses.

- Tu es beaucoup trop parfait… Avais-je malgré tout articulé alors que ses lèvres ne rejoignaient les miennes, que sa voix me faisait sourire.

Il avait faim. Tant mieux. Mordillant sa lèvre, l’embrassant de nouveau, comme si notre vie en dépendait, j’avais pourtant bien eu du mal à le quitter, à me séparer de lui, mes bras s’étant refermés autour de son corps.

- Il y a plein de choses à manger… Soufflai-je contre ses lèvres, l’embrassant encore. Mais il faut que tu te recules… Car je n’allais pas en être capable. Je n’avais aucune envie de m’arrêter de l’embrasser. Ils ont ramené un petit déjeuner typique d’ici…

Ce fut bien plus que des efforts qu’il me fallut pour le laisser enfin s’échapper, pour me redresser, difficilement, afin d’observer avec soulagement que le plateau n’avait pas bougé. Ce lit était, finalement, une bénédiction… M’étirant, je l’avais ramené vers nous, relevant le regard vers mon fiancé… Dont je vins de nouveau chercher les lèvres, l’allongeant, l’embrassant encore et encore avant de rire.

- Tu ne préfères pas être mon repas ? Murmurai-je avant, d’enfin, pouvoir le laisser tranquille.

Et au moins pouvait-on admettre une chose… La cuisine française était bonne. Si bonne que j’avais pour une fois réellement mangé. Moins que lui, peut-être, mais vraiment mangé malgré tout. Le ventre presque trop plein, j’avais alors eu toutes les peines du monde à me lever, à me diriger vers la salle de bain, non sans l’attirer à ma suite dès lors qu’il eut fini de manger, afin de nous laver, de nous débarrasser de tout ce que nous avions pu faire hier et ce matin pour nous rhabiller convenablement.

- Le taxi nous attend à 10h. Soufflai-je en regardant l’heure. Il reste cinq minutes… La première étape de la journée est au Louvre. Mais… Enfin… C’est une visite libre. Je me suis dit que tu ne tiendrais pas une visite guidée même si nous n’étions que nous deux. Alors on visitera comme tu en as envie. Même si c’était dans le désordre, même si mon sens de la maniaquerie et de l’ordre risquait de s’arracher les cheveux. Tu es prêt ?

Il ne nous restait plus qu’à descendre. Le taxi nous attendait effectivement juste devant l’hôtel, pas à un mètre de plus, prêt à nous emmener jusqu’au musée dont j’avais pu organiser l’arrivée, moyennant finance, pour nous éviter la queue infinie des touristes. Une visite libre, donc, certes, mais avantagée par mes moyens, il fallait l’admettre.

Quand je le désirais… C’était… Pire que tout. J’en avais envie tout de suite. Là. Maintenant. Mais nous n’avions plus le temps, nous devions encore manger et il m’avait fallut tous les efforts du monde pour ne pas lui sauter dessus, pour me concentrer sur la nourriture qui s’avérait effectivement être particulièrement bonne et dont je profitai allègrement avant de l’entraîner jusqu’à la douche. Là-bas, une fois encore, il avait fallu être sage, ne pas lui sauter davantage dessus. Difficile pour moi, à vrai dire, mais faisable alors que j’avais rapidement cligné des yeux en l’observant. Mais…
Ok. Il était beaucoup trop adorable ainsi. Esquissant un sourire, j’avais glissé mes mains sur sa taille, mes lèvres sur les siennes, tendrement.

- Hae… Tu es parfait comme tu es. Assurai-je.

Mais s’il désirait mon aide… Je ne pouvais pas la lui refuser… Alors… J’avais hoché la tête, me reculant pour embrasser sa tempe. Deux minutes. Ce fut le temps qu’il me fallut pour faire un aller-retour Australie, récupérer ses vêtements laissés là-bas et revenir près de lui.

- Sois juste à l’aise. Ne pus-je m’empêcher de lui demander malgré tout en souriant, terminant de me préparer afin de pouvoir rejoindre le taxi.

Il faisait froid… Bien plus que je ne l’avais prévu alors que nous entrions dans le véhicule qui nous conduisit jusqu’au musée et… Oui. Définitivement froid… Cela contrecarrait mes plans drastiquement alors que je l’entraînai rapidement à l’intérieur du Louvre pour retrouver le chaud.

- Je ne sais pas… Soufflai-je un peu dépité. Je n’avais pas prévu ça…

Ce n’était pas tant de la déception qu’une certaine inquiétude que je pouvais avoir lorsque mes plans ne se déroulaient pas comme je les avais prévus… Mais avant cela… Nous avions au moins le musée à visiter. Et seuls. Ce qui n’allait pas non plus nous faciliter la vie, je l’admettais. Entrés à l’intérieur, j’avais observé le plan avec attention. Effectivement. Il y avait beaucoup à voir. Nous n’aurions jamais le temps de tout faire.

- Ca dépend… Répondis-je en réfléchissant à ce qui pourrait lui plaire le plus. Il y a quelques peintures que j’aimerais voir mais… Peut-être que les appartements de Nap… Napoléonne trois te plairont davantage… Alors… De toutes façons nous n’aurons pas le temps de tout voir et il faudra revenir. Donc… J’avais rapidement observé autour de nous. Autant faire preuve d’une chose que je n’avais pas toujours : le laisser-aller. Par-là ! Avais-je décrété en empruntant un couloir tout à fait au hasard.

Ce qui fut une bonne chose au final puisque c’était bien dans les appartements de l’empereur français que nous avions atterri, nous permettant de les visiter avant de tomber sur ce qui sembla être des peintures de la Renaissance. Je n’avais pas vraiment toutes les connaissances nécessaires mais… Au moins essayai-je de présenter les choses à Mika, profitant cela dit presque davantage de son contact, ma main ne le lâchant jamais, que du reste. Au moins avais-je pris beaucoup de photos. Des œuvres, bien sûr, mais aussi de Mika, de nous, de tout ce qui pouvait nous entourer pour en garder le moindre souvenir.

- J’adore cette sculpture. Avais-je fini par souffler devant Psyché ranimée par le baiser de l'Amour. Je l’avais vu dans un livre sur la mythologie moldue à Mahoutokoro. Je l’ai toujours trouvée délicate. C’est… Il s’agit de la fille d’un roi extraordinairement belle dont Eros, le Dieu de l’Amour est tombé amoureux. C’était malheureusement une femme trop curieuse et mal entourée qui, après avoir déshonoré Eros en lui désobéissant, va finir maudite par Aphrodite la Déesse de l’amour qui l’enverra aux enfers avec l’interdiction d’ouvrir la boîte qu’elle y aura été cherchée… Ce qu’elle va faire. La boîte contenait le sommeil des Enfers qui va la tuer rapidement, la plongeant dans un sommeil éternel… Ce que ne peut supporter Eros qui revient vers elle pour la sauver, incapable de la perdre. J’avais esquissé un sourire. Je ne sais pas si c’est exactement cela la légende, mais même si ce n’était pas le cas, je veux m’en souvenir ainsi. Comme de celle d’un homme qui, malgré sa famille, malgré les plans de sa mère pour se débarrasser de son épouse, a réussi à la faire devenir immortelle, avec lui.

Cela, finalement, me rappelait certaines choses, certains désirs que je pouvais avoir. Lui souriant à nouveau, j’avais glissé mes bras autour de lui, dans son dos, embrassant sa joue. Cela devenait naturel, même en public…

- Les peintures sont à côté, avais-je fini par reprendre. Mais… ça te dit de rester là encore deux minutes. Je suis bien, comme ça… La tête posée sur son épaule, le sourire bienheureux aux lèvres, je n’avais plus envie de bouger pour le moment, devant cette sculpture. J’avais seulement envie que le temps s’arrête…

- Je n’en sais rien du tout. Avais-je admis dans un sourire en entraînant Mika à travers les couloirs de la porte « Litchélieu » ou quelque chose comme ça.

Une bonne chose car nous avions pu ainsi trouver les appartements. Et si j’étais désormais incapable de trouver la sortie, ils avaient pu être visités. Je ne savais plus vraiment qui était ce Napoléonne, ne connaissant qu’un seul de ce nom qui n’était pas lui, mais au moins avait-ce été agréable à visiter. Et cela le fut d’autant plus lorsque nous tombâmes devant une statue que j’affectionnais réellement. Une sculpture dont j’expliquai l’histoire à Mika, la concluant d’un fait qui nous rapprochait finalement de notre propre histoire.

- Ou tu es le mien. Avais-je répondu dans un sourire.

Après tout… Mika avait été me cherché loin dans mes propres enfers. Il m’avait ramené à la vie par sa présence, par sa patience et son amour… Alors… Alors certainement était-il mon Eros. Et même si la légende devait un peu différer de mon histoire… J’avais envie de m’en souvenir ainsi. Ce qu’il approuva, m’arrachant un nouveau sourire alors que mes bras l’attiraient davantage à moi. Et… Moh ? Mon regard s’était tourné vers la dame qui…
A vrai dire, c’était peut-être l’une des premières véritables fois où le retour d’une inconnue m’avait arraché un sourire radieux tandis-que je répondais au baiser de mon fiancé.

- Mille fois moh. Soufflai-je dans un rire avant de le suivre.

Il fallait en effet continuer… Et il y avait encore trop à voir. Beaucoup trop. A commencé par un tableau en particulier…

- Il s’agit d’un tableau de… J’avais grimacé. Je ne sais pas le prononcer. Lemblandeuteu ? Enfin… C’est un peintre mol… Je devais arrêter avec ce mot en leur présent. Un peintre hollandais et… Attrapant le plan, j’avais plissé les yeux. Il a peint au XVIIème siècle… Donc…

Donc nous n’étions pas loin... Enfin normalement. Parfait. Glissant ma main dans celle du sorcier, j’avais tenté de suivre le plan, nous perdant deux ou trois fois devant d’autres œuvres, les lui expliquant pour celles que je connaissais de par mes études ou mes recherches, tentant de comprendre d’autres, souvent en vain. Je n’étais pas spécialiste de la peinture. Je ne savais même pas dessiner d’ailleurs. Mais j’aimais cela, j’aimais la façon dont les artistes réussissaient à donner vie à leurs sujets, à retranscrire leurs émotions comme cela était, à mon sens, le cas pour le tableau recherché devant lequel nous venions de tomber. Bethsabée au bain tenant la lettre du roi David de Rembrandt. Un tableau que j’avais souvent observé dans les livres.

- Je trouve cette femme magnifique. Avais-je soufflé en observant la toile. C’est… C’est Bethsabée. Une femme d’un général dans la Bible. Le peintre a voulu reproduire le moment où elle apprend, lors de son bain, la mort de son mari par une lettre de son amant qui est le responsable de la mort d’Urie, le mari. C’est l’instant où elle regrette d’avoir tromper Urie. Regarde les traits de son visage… Ils sont presqu’indescriptibles tant il doit y avoir d’émotions en elle…

Attirant Mika contre moi, j’étais resté là, quelques instants, en silence, observant la peinture presque religieusement avant de souffler.

- Désolé. Murmurai-je en déposant un baiser dans ses cheveux. Je voulais quelque chose qui pourrait te plaire et je me retrouve à contempler en silence une chose que tu ne connais pas. Est-ce que tu veux voir la Joconde ? Elle est, parait-il, connue partout dans le monde.

Ce qui était un grand paradoxe de mes connaissances… J’en avais entendu parler, mais je ne m’y étais jamais intéressé, préférant d’autres œuvres, comme celle devant laquelle nous étions. Je la connaissais donc, finalement, pas.

Le temps allait malheureusement finir par nous manquer… Observant l’heure après de nouveaux tours dans les couloirs du Louvre, j’avais fini par grimacer. Pourquoi avais-je tant tenu à avoir un planning ? Voici donc le pire des plannings : les horaires.

- On reviendra. Avais-je assuré. Si tu en as envie, je veux dire… Esquissant un léger sourire, je l’avais enlacé un instant. Notre repas doit être arrivé… Nous avions en effet cinq minutes de retard. Alors… Allons y ?

Ainsi étions-nous retournés… Dans ce qui me sembla être un froid polaire. Par tous les mages ! Pourquoi faisait-il si froid aujourd’hui ? Et si j’avais effectivement réceptionné ce qui devait être notre panier à piquenique, magnifiquement emballé dans un panier en osier, j’avais rapidement regardé autour de nous et surtout en direction du jardin des Tuileries.

- Tu vas mourir de froid si nous mangeons dehors… Avais-je déploré en grimaçant, réfléchissant à une solution qui ne me venait pas tant j’avais l’habitude des plans établis. Est-ce que… Il faudrait que l’on trouve quelque chose d’autre… Mais quoi ?

Mes limites étaient atteintes en matière de laisser aller. Je paniquais. Enfin… Dans une moindre mesure, certes, mais je sentais l’angoisse revenir, la nervosité me reprendre alors que je ne trouvais aucune solution à ce problème qui venait de me faire attirer Mika contre moi, tentant de lui faire passer le froid entre mes bras.

- … Oui… Il y a des R… Avais-je grommelé, sachant pertinemment que je ne le prononçais pas bien. D’ailleurs avais-je légèrement pincé la joue de Mika en représailles, plissant les yeux avant que nous repartions à la recherche dudit tableau.

Un tableau que je décrivis, subjugué comme souvent dès lors que quelque chose pouvait me passionner et… Et j’exagérais. Enfin… Je voulais lui faire plaisir. Et à la place, je me retrouvais à me faire plaisir à moi alors que je n’avais aucune idée de si ça lui plaisait.

- Mais c’est moi qui m’emballe… Me plaignis-je alors. Je veux que tout te plaise surtout…

Au moins acceptait-il plus ou moins tout ce que je proposais… Sa façon à lui de suivre mes plans ? Peut-être. Mais nous avions effectivement fini devant la Joconde que j’observai sans trop comprendre. Il y avait beaucoup de moldus pour un si petit tableau sur une femme presqu’inexpressive ? Non. Là, je ne comprenais pas.
De toutes façons, le temps avait défilé. Il faudrait revenir, seulement si lui en avais envie… Ou si moi j’en avais envie, ce qui me fit prendre une légère moue.

- J’ai envie de faire des choses qui te plaisent. Assurai-je avant de prendre le chemin de la sortie… Et du froid.

Une froid qui allait contrecarrer mes plans alors que Mika tremblait même entre mes bras. Nous n’allions pas pouvoir manger dehors. Impossible. Pas sous ce froid. Alors… Où ? Je n’avais rien prévu d’autres et si je pouvais facilement le suivre quand lui décidait d’une chose… Je peinais à trouver de nouveaux plans à la dernière minute.
Une idée ? Clignant des yeux, je l’avais laissé s’échapper de ma prise pour le revoir courir à l’intérieur sans rien comprendre. Quelle idée pouvait-il avoir ? Je ne mis pas trop longtemps à la voir sans la comprendre. Un sac avec… Je n’en savais rien, Mika m’avait d’abord entraîné à travers le grand jardin pour nous trouver un endroit.

- On peut trouver autre chose ou rentrer à l’hôtel… Murmurai-je très peu convaincu qu’il faille le laisser dehors tant il faisait froid.

Mais non. A la place, il m’enfila un bonnet et des gants et…

- Où est ton manteau ?...

Ah. Pas fini… M’asseoir… D’accord. J’obéissais à chacun de ses gestes, ne comprenant toujours pas où il voulait en venir, du moins jusqu’à ce qu’il ne s’asseye entre mes jambes et… Un léger sourire éclaira mon visage jusque là perdu. Une giga excuse pour nous coller, oui…

- Tu es sûr que tu n’as pas froid ?... Murmurai-je malgré tout inquiet, mes lèvres se posant dans son cou.

Quant à le nourrir… Cela n’allait pas être un problème alors que je déballai la nourriture bien française devant nous. Des plats préparés, emballés et magnifiquement présentés dans un jardin plongé dans le froid et sous le regard surpris voire amusé des passants autour de nous… Qu’aurais-je pu demander de plus ? Mika collé à moi… Je ne pouvais être plus heureux. Définitivement pas.

Le repas bien entamé, j’avais fini par poser mon menton sur son épaule, me serrant davantage contre lui alors que je picorais littéralement sa joue, ne me souciant absolument plus de ce qui pouvait nous entourer.

- Ne bouge pas. Avais-je murmuré alors que je dégageais mes propres bras des manches pour venir les enrouler autour de lui, caressant son torse, doucement. C’est une bonne idée ce gros manteau… Affirmai-je dans un sourire. Mais tu dois me dire si tu as trop froid, Hae… Je ne veux pas que tu tombes malade, surtout pas ce soir… Je… Il y a quelque chose de spécial de prévu. Enfin… Déjà, je voulais t’emmener au zoo… Et ensuite ce sera la soirée spéciale. Enfin spéciale… Je… Tu verras ce n’est pas… Enfin si mais…

La nervosité revenait alors que je cachai mon visage contre son épaule, gémissant, maugréant contre moi-même et mon incapacité à cacher des choses, à rester serein dans cette situation inédite.

- On va finir de manger hein… Soufflai-je en grimaçant, lui tendant de nouvelles choses à manger. Le taxi est prévu vers 15h30 de toutes façons… Il nous emmènera directement à la « Ménadjélieu ». M’arrêtant un instant j’avais plissé les yeux. Il y a un R dans ce mot, ne dis rien et corrige-moi, c’est tout. Soufflai-je, mordillant même son cou en prévision de son rire face à ma façon de prononcer les mots que je ne connaissais pas.

Le garder, oui. C’était une bonne idée. Une très bonne idée que j’approuvai en le serrant davantage contre moi, bien trop heureux pour le cacher. Là. J’étais bien. Son torse sous mes mains, son dos contre moi, je me sentais bien. Pour autant… Je pourrais bouger s’il me le disait, s’il avait froid. Il fallait seulement qu’il me le dise. Un seul mot et nous partirions. Je ne voulais pas qu’il tombe malade surtout quand… Surtout lorsque j’avais préparé quelque chose, une chose qu’il ne devait pas savoir mais qui ne faisait que me rendre nerveux. Bégayant, j’avais tenté de me rattraper, de changer de sujet pour l’informer de la suite de notre programme.
Un programme que je ne savais même pas prononcer et… Que faisait-il ? Manquant de tomber, je l’avais observé tourner pour me faire face, un sourire ne pouvant que s’esquisser sur mon visage alors que son regard croisait le mien.

Je sentais qu’il avait chaud. Oui. Mais… Mais on ne savait jamais. Quant à tomber malade…

- Je ne veux pas que tu tombes malade tout court… Avais-je maugréé.

Quant à la soirée… Je n’avais pu m’empêcher de détourner le regard un instant, réfléchissant rapidement à ce que je devais dire et surtout ne pas dire. Une soirée spéciale… Le serait-elle réellement ? Je l’espérais mais… non. Je ne devais surtout pas y penser alors que l’angoisse montait d’un cran.

- Ca ne sera pas si spécial que ça… Murmurai-je comme pour m’en convaincre.

Mais nous n’y étions pas. Non. Avant, il fallait encore terminer de manger et surtout rejoindre le taxi, ce qui ne se fit pas sans difficulté. Si Mika avait fini par quitter le manteau, il y était revenu bien rapidement, m’empêchant de marcher convenablement. Allais-je pour autant dire quelque chose ? Non. Evidemment. Au contraire alors que je refermai mes bras sur lui comme pour le maintenir davantage au chaud. D’autant que nous avions fini par rejoindre le lieu d’arrivée du taxi. Taxi dans lequel nous n’avions pas attendu longtemps pour monter alors que j’attirai le sorcier contre moi, hochant doucement la tête.

- Je vais t’en prendre plusieurs. Soufflai-je en réponse sans la moindre hésitation. Comme ça tu auras le choix. Je vais te piquer ton sac sans fond au passage, ça sera plus facile pour tout emporter.

Esquissant un sourire, j’avais alors embrassé le bout de son nez, content à vrai dire de pouvoir être utile avant de le laisser observer l’extérieur, les rues défilants autour de nous, et cela jusqu’à notre arrivée. Quittant le manteau, je l’avais mis sur les épaules de Mika, conscient qu’il serait bien trop grand mais que cela le protègerait au moins du froid le temps que je puisse transplaner.

- Rentrons dans la Ménadjélieu et j’irais aux toilettes. Soufflai-je alors que je glissai ma main dans la manche pour trouver la sienne.

L’entraînant ainsi à l’intérieur du zoo, nous avions rapidement trouvé des toilettes dans lesquelles j’avais pu m’enfermer pour transplaner. Cinq minutes. Ce fut le temps qu’il me fallut pour trouver son sac et le remplir d’un tas d’affaires d’hiver, des plus chaudes, ainsi que d’un bouillotte que j’avais été demandé au passage à sa mère avant de repartir comme j’étais venu, retrouvant Mika pour l’attirer à moi et lui retirer le manteau pour lui enfiler rapidement l’un de ses pulls les plus chauds… Ainsi qu’un deuxième par-dessus. Savait-on jamais.

- Tu en veux un autre ? Soufflai-je en rangeant le manteau dans le sac, dos aux moldus afin de ne pas attirer leur attention. Je t’en ai pris cinq de plus si jamais…

Peut-être avais-je vu gros. Certes. Mais au moins serais-je certain qu’il n’allait pas avoir froid.

- Je t’ai pris aussi ça. Attend…

Fouillant le sac, j’avais réchauffé la bouillotte d’un sort avant de la glisser entre les deux pulls du sorcier, l’attachant d’une écharpe prise dans sa chambre.

- Voilà. Et tu n’auras qu’à me dire quand elle se refroidira.

Esquissant un sourire, je m’étais redressé l’attirant un instant à moi pour embrasser son front avant que je ne puisse enfin glisser ma main dans la sienne.

- Alors…. Décrétai-je en regardant autour de nous. Je sais qu’il y a des orangs-outans, des tortues, des tapirs et surtout des kangourous. Soufflai-je. Qu’est-ce que tu veux voir en premier ? Je te suis. Je veux juste que l’on trouve enfin une immense peluche wallaby. Précisai-je. Et si on ne la trouve pas ici, j’ai trouvé une adresse. Il faudra qu’on y passe. Je ne reculerais pas devant une peluche wallaby ! Comme ça, le week-end, quand je ne pourrais pas venir, tu auras quelque chose à serrer dans tes bras la nuit.

Mika ne m’avait pas cru, évidemment. Nous étions tous les deux, à Paris, j’avais dépensé je ne savais combien de galions pour ce week-end et… Et évidemment que j’avais quelque chose derrière la tête. Je n’avais pourtant pas réagi, ne faisant que me forcer à esquisser un léger sourire avant que nous nous dirigions vers le taxi, emmitouflés dans ce même manteau. Un manteau qui n’allait définitivement pas suffire lors de la visite du zoo. Alors je ferais évidemment l’aller-retour pour lui chercher ce qu’il faudrait.
Arrivant à notre destination, j’avais posé le manteau sur ses épaules, refusant qu’il puisse continuer à avoir froid, même quelques instants alors que son inquiétude m’arrachait un nouveau sourire.

- J’ai laissé des vestes chez toi, je m’en prendrais une au passage en plus. Assurai-je.

Nous avions ainsi avancé vers la… La… Ménaijerie ? Un r et…

- SI ! Me défendis-je. Il y a un eu ! Enfin un e ! C’est eu à la fin des mots ou é.

Et cela, j’en étais presque sur… Pour la Corée. Certes. C'était donc de la mauvaise foi. CERTES. Et j’admettais d'ailleurs que mon français n’était réellement pas assez au point pour que je sois sûr que cela soit le cas dans cette langue de l’enfer.
Dans tous les cas, nous étions entrés dans cette… Cette Ménaguelieu. Me rendant aux toilettes comme promis, j’y avais fait l’aller-retour le plus rapidement possible afin de revenir avec ce qu’il fallait : le plus chaud. Des pulls que j’avais enfilé à Mika sans même attendre alors qu’il m’arrêtait.

- Ne retire pas ! Avais-je râlé. Tu vas avoir froid ! C’est les plus chauds que tu aies ! Ce n’est pas grave si ça ne va pas entre eux !

Ce n’était effectivement pas le style que je cherchais pour lui mais bien le confort et la chaleur. Chose qu’il sembla refuser alors qu’il se rhabillait et… Mh. Certes. Je l’aimais ainsi, dans ces vêtements. Mais il n’allait pas avoir assez chaud et… Oui. Voilà. La bouillotte empruntée à sa mère serait du meilleur effet pour cela. La lui attachant alors, chauffée, j’avais rapidement arqué un sourcil alors que mes lèvres quittaient son front.

- Parce que tu voulais un baiser ? Soufflai-je amusé.

Oui. Il en voulait un. Et je répondis sans la moindre hésitation à ses lèvres, bienheureux de le sentir ainsi, serein et contre moi. Ma main dans la sienne, j’avais alors fait le tour de quelques animaux, cherchant ce que nous devrions voir en premier avant que je n’émette qu’une seule obligation : la peluche. De toutes les manières, je savais où en trouver une s’il n’y en avait pas ici et… Surpris, j’avais de nouveau répondu à ses lèvres, mes mains glissant sur sa taille.

- Impossible. Lui répondis-je à mi-voix. La peluche n’est pas capable de faire cela…

Nous étions en public. Et pourtant… Je l’avais fait, j’avais mordu son cou, me redressant dans un sourire narquois. J’étais… J’admettais que j’aimais ce changement, cette libération que je ressentais à ses côtés où que nous puissions être. Une libération qui m’empêchait de trop penser à ce que je faisais, aux gestes que je pouvais avoir envers lui. Et c’était tant mieux alors qu’il m’entrainait dans un sens qui semblait tout à fait au hasard à travers le zoo.
Un zoo que nous avions visité dans tous les sens alors que j’avais fini par le tirer jusqu’à l’enclos des Wallaby devenus visiblement mes animaux préférés, commentant leur moindre faits et gestes avec les yeux pleins d’étoiles que je pouvais avoir dès lors qu’une chose me plaisait. A vrai dire, comme en Australie, être entouré de tous ces animaux faisaient de moi un véritable enfant qui n’était jamais sorti de chez lui alors que je tournai et virai dans tous les sens sans même m’en rendre véritablement compte. Un enfant devenu grand, à vrai dire, car je n’oubliais pas que l’homme qui se trouvait à mes côtés était mon fiancé, un homme que j’avais embrassé de très – trop – nombreuses fois, à chaque enclos à vrai dire et cela jusqu’à ce que je ne voie une porte « staff ». Un rappel clair de la première fois que nous avions visité un zoo, de cette fois où j’avais pu me rendre compte de combien je l’aimais grâce à mon patronus et… Et je n’avais pas résisté. Observant rapidement autour de nous, j’avais pris la main de Mika pour l’y entraîner, l’ouvrant d’un Alohomora rapide avant de verrouiller la porte. Un débarras. Voilà ce que c’était. Mais je m’en fichais. Cela aurait pu être n’importe quoi… J’avais seulement repousser le sorcier contre la première paroi visible, fondant sur ses lèvres avec une passion que je ne pouvais cacher alors que mes mains glissaient rapidement sur sa taille, sous ses vêtements.

- Juste deux minutes… L’avais-je presque supplié entre deux baisers tant j’avais envie, là, maintenant, de l’avoir contre moi. J’ai verrouillé la porte… Personne ne peut entrer… Articulai-je le souffle court, mes lèvres déviant dans son cou, mordant doucement ce dernier.

J’étais définitivement de pire en pire avec lui… Et cela m’allait plus que bien.

Quel était son nom de famille… J’avais fait une moue boudeuse, refusant de le prononcer alors qu’il avait raison. Enfin. Non. Il avait raison dans un sens. Dans l’autre…

- L’exception qui confirme la règle. Soufflai-je en réponse.

Voilà. Ainsi, je n’aurais pas tort non plus. Dans tous les cas, j’avais fini par faire l’aller-retour pour lui prendre bien trop d’affaires chaudes… Qui ne furent visiblement pas à son goût, me faisant râler alors qu’à cet instant, le style m’important bien peu face au fait qu’il puisse avoir froid. Mais il m’assura que cela irait et…

- Même en jogging tu n’as rien d’un paysan. Avais-je tenu à contrer en plissant les yeux. Tu es mon prince aussi. Alors on s’en moque.

Embrassant son front, il s’était rapidement insurgé de ce geste, m’amusant alors que je répondais à son baiser pour mieux lister ce que nous pouvions faire ici et surtout ce qu’il ne fallait pas oublier : la peluche. Une peluche qui ne me remplacerait jamais, pour sûr, et je lui en avais donné la preuve avant qu’il ne m’entraîne dans le parc.
Notre visite était… anarchique. Vraiment. Plus que cela même. Nous passions d’un enclos à un autre sans aucun but, commentant ce que nous voyions et surtout nous amusant comme avant, comme ce premier zoo qu’il m’avait fait visiter. Les wallabys avaient été les derniers animaux que nous avions vu avant que je ne prenne une décision qui dénotait de bien des décisions prises jusque-là. L’entraînant dans un endroit qui nous était interdit, j’en avais verrouillé la porte pour le repousser contre le premier mur derrière, pour l’embrasser avidement, jurant que cela ne durerait que deux minutes. Deux petites minutes pour que je me calme, pour que je continue à l’embrasser ainsi et…
Je ne savais si cela était de la surprise ou du soulagement alors qu’il réagissait à mes lèvres, à mes morsures mais mes gestes s’étaient bien rapidement précisés, le repoussant davantage, l’obligeant à se coller à moi alors que je sentais ma ceinture s’ouvrir.

- Ça sera autant que tu veux… Avais-je articulé, pressant, laissant échapper un léger gémissement à ses dents sur mon oreille.

Ce serait le temps qu’il faudrait pour que nous ayons envie de ressortir d’ici. Pensant, pour une fois, à un sort d’insonorisation, j’avais davantage glissé mes mains sur lui, le débarrassant de sa ceinture, de son pantalon autant que du mien avant de le hisser dans mes bras, m’aidant du mur et… Et je l’avais aimé. Je l’avais aimé jusqu’à me briser, jusqu’à ce, qu’hors d’haleine, je ne l’embrasse à nouveau, plus tendrement, mordillant sa lèvre dans un sourire bien trop clair pour être nié. J’étais heureux et surtout… J’étais serein.

- Je t’aime… Tu n’imagines pas combien je t’aime… Murmurai-je contre ses lèvres. J’avais trop besoin de ça…

Obsédé. J’étais définitivement obsédé dès lors que Mika était près de moi. Mais cela me plaisait bien trop pour que je m’en plaigne du moins… Jusqu’à ce que j’entende la poignée se tourner dans tous les sens. Un employé. Fronçant les sourcils, j’avais tenté de retenir un léger rire, étrangement peu stressé par le fait que nous allions sûrement être questionné alors que je reposai le sorcier sur le sol.

- Je crois qu’il faut que nous partions…

Et j’en étais presque déçu alors que mes lèvres se reposaient encore et encore dans son cou. Il me fallut un effort considérable pour enfin me rhabiller correctement et relâcher mon fiancé pour user du sort appris par Mara et le laisser à son tour se rhabiller avant d’attraper sa main et déverrouiller, enfin, la porte. Derrière, un employé nous observa l’air aussi surpris qu’un poil agacé avant de nous lancer quelques mots en français que je ne compris pas alors qu’un Confundo était rapidement jeté, nous permettant de nous échapper. Et… Et cela m’avait fait rire. Un rire cristallin alors que je l’entraînai plus loin, près de l’enclos des kangourous, l’attirant contre moi, les joues plus rouges malgré tout.

- Je me sens autant gêné qu’amusé. Avouai-je en cachant mon visage dans son cou. Au moins… Nous n’aurons pas d’ennui. Je lui ai lancé un sort de confusion le temps de partir… Il va sûrement avoir cru avoir rêvé.

Et c’était tant mieux car si je pouvais assumer le faire, je n’étais pas certain de l’assumer ouvertement face à des agents de sécurité. Enfin. Au moins avions-nous pu reprendre la visite, peut-être un peu plus calmement jusqu’à rejoindre la boutique.

- Pas de wallaby géant… Grommelai-je un peu déçu. Demain il faudra que nous allions dans la boutique qui en vend. On aura pas le choix. Je refuse de partir de Paris sans.

En attendant… Il fallait continuer. Et pour continuer, il fallait encore prendre un taxi. Sans nous marcher dessus cette fois alors que j’avais entraîné Mika jusqu’à l’endroit de rendez-vous, sa main glissée dans la mienne.

- Ce soir… Déjà j’ai prévu qu’on se promène dans le quartier de… J’avais fait une moue. Je n’aime pas le français… Monteumalteu… Monteumalt… Montemal… Enfin le bâtiment catholique avec un toit en dômes et pleins d’escaliers ! M’exclamai-je, un poil excédé. J’ai réservé dans une brasserie typiquement française où il y a d’office plein de viandes pour toi dans le quartier. Et puis on pourra visiter le « Saclé cœur » et… Enfin… J’ai réservé une visite privée. Juste toi et moi au sommet de la basilique… Apparemment la vue est magnifique alors… Enfin… Oh ! Le taxi est là !

Pile à temps pour que je ne m’emmêle pas les pinceaux.

Il m’aimait. Il avait besoin de ça aussi et… Et j’étais définitivement heureux de l’entendre. Même s’il nous avait fallu quitter cette pièce, même si nous n’avions pas pu davantage en profiter encore ici, j’étais heureux. Un peu gêné, certes, mais plus qu’heureux… Plus heureux que je ne l’avais sûrement jamais été depuis un certain temps.

- Je te laisserais le dire quand on sera pris alors. Avais-je malgré tout grommelé, peu confiant quant au fait que je serais capable d’aligner trois mots à la suite si cela venait à se produire. Mais puisque lui semblait au contraire confiant… Soit ! Il en serait responsable.

Nous avions alors terminé de visiter le parc avant que je ne me rende compte d’une chose : il n’y aurait toujours pas de peluche immense ce soir. J’admettais être un peu déçu alors que je désirais réellement en trouver une. Demain. Il fallait que nous la trouvions demain. Ou que nous demandions à son père ? J’avais un peu grimacé.

- En fait… Je voulais qu’on puisse la trouver nous, dans un endroit où nous étions tous les deux comme… Un peu comme un souvenir aussi.

Mais si c’était impossible… Hé bien je me débrouillerais autrement. Sûrement des boutiques à Pré-Au-Lard accepteraient de m’en faire une selon mes demandes après tout. Je n’aurais qu’à me renseigner. Ce ne serait juste pas pareil.
Il avait alors fallu trouver le taxi déjà commandé, non sans que je ne lui fasse un plan global de la soirée qui l’attendait, à commencer par le quartier dans lequel nous nous rendions qui… Non. Vraiment. Le français était une langue de barbare. Magnifique. Mais trop difficile pour moi.

- Monteu… J’avais plissé les yeux. Tu te moques de moi ! Râlai-je en l’attirant soudain à moi pour mordiller son cou en vengeance. Ce mot a cinquante consonne ! Qui met cinquante consonne à la suite ?! C’est imprononçable ! Monteuma… MonTmaRte ! Voilà !
- C’est « Montmartre ». Entendis-je une voix passée à côté de nous alors que je clignai des yeux pour faire face à un homme qui riait, nous faisant juste un signe d’au revoir avant de disparaître.

M’inclinant, je l’avais remercié dans ce français basique que je pouvais connaître avant de me relever et secouer la tête, continuant mon état des lieux de la soirée jusqu’à m’emmêler et… Le taxi ! Pile à temps.
Nous étions ainsi entrés dans le véhicule dont je me surprenais à oublier les désagréments, attirant Mika contre moi dans un sourire amusé.

- Tu n’as pas besoin de « rivaliser ». Avais-je soufflé. Enfin… Je n’ai pas besoin de tout ça et… Je sais que toi non plus ! L’arrêtai-je avant qu’il ne puisse émettre le moindre commentaire. Ce que je veux dire c’est que… Tu me fais toujours plaisir quoique tu fasses. Dès que tu es avec moi je suis heureux alors… Tu pourrais me dire que l’on reste dans notre chambre tout un week-end que cela équivaudrait à un week-end à Paris. Embrassant sa tempe, j’avais souri. Et puis… Je voulais faire spécial de toutes façons. Enfin… J’avais secoué la tête en grimaçant. Pas trop spécial ! Mais quand même un peu ! Enfin…

J’avais de nouveau secoué la tête, me redressant pour demander au chauffeur combien de temps il pouvait rester de route sans qu’il ne soit capable de me répondre autrement qu’en français et… Vint… Vint… Ah !

- On a encore vingt minutes de route. Traduisis-je ainsi, me replaçant pour changer de sujet, observant l’extérieur en attirant l’attention de Mika sur ce dernier, sur les lumières qui défilaient alors, la nuit tombant lentement sur Paris.

Quelque chose de spécial pas trop spécial oui… J’avais… Allais-je être capable de prononcer un mot ce soir ? En parler me rendait nerveux alors lorsque le moment que j’avais choisi serait arrivé… Est-ce que je le ferais ? Est-ce que j’y arriverais ? Je ne pouvais pas me dégonfler… Pas lorsque nous étions ici… Et j’avais réfléchi. Beaucoup. Au point de rester silencieux le reste du trajet, n’observant même plus le paysage tant mes pensées m’occupaient jusqu’à ce que le chauffeur ne nous indique que nous étions arrivés.
Le remerciant, j’avais glissé ma main dans celle de Mika pour sortir de la voiture afin de faire face à notre dernière destination de la journée qui me rendait… Ok. Ne pas trop regarder la basilique semblait important pour que je ne perde pas mes moyens. Alors, j’avais préféré me retourner pour faire face à Paris.

- Il a été gentil. Commentai-je en observant les nombreuses marches. Il nous a monté déjà tout en haut. Et nous avons plus d’une demi-heure pour flâner alors… Alors on va où tu veux. Tout à l’air trop beau ici de toutes façons… Je te suis, tu choisis ! Décrétai-je finalement.

Je comprenais presque trop malheureusement ce que voulait dire Mika, m’arrachant un sourire désolé. Nous étions obligés de nous cacher, de cacher cela et… A vrai dire, sur ce point, rien n’avait changé d’autre que le temps avançant, que le temps qui m’effrayait car signifiant un jour la fin de ma « liberté » avec lui. Alors oui, lui aussi ne pouvait pas le crier sur tous les toits, je le savais, mais… J’avais du mal. Beaucoup de mal à admettre que je n’étais pas forcément le seul responsable de cette situation tant je savais que la mienne finirait par le faire souffrir. Un fait que je tentai rapidement pourtant d’ignorer, de repousser au loin pour me concentrer sur lui et sur ce que nous vivions aujourd’hui. A Paris. Et sans peluche.
Une peluche que je pourrais certainement trouver autre part mais ce ne serait pas pareil. Je voulais qu’elle soit rattachée à de bons souvenirs et pas à n’importe quoi. Ce serait notre peluche. Notre wallaby. Et sa conclusion me fit sourire, fermant les yeux à sa caresse qui m’apaisait bien trop pour que je l’ignore.

- Ou il faudra qu’on y revienne… Murmurai-je, conscient que notre temps restait limité.

Nous avions en effet un planning à suivre. Peut-être un peu trop gros, certes, mais j’avais eu besoin de cela pour me concentrer sur l’essentiel, pour ne rien oublier et surtout pour préparer le soir. Un soir qui allait se passer dans un endroit dont le nom m’était pourtant détestable tant je n’arrivais pas à le prononcer, provoquant la moquerie de Mika qui, évidemment, nia en bloc.

- Evidemment ! Rétorquai-je. Tu n’oses jamais te moquer de ton pauvre fiancé en grande difficulté !

Mais j’avais réussi à la prononcer… Ou pas. Un français venait de nous donner la bonne prononciation et ce n’était toujours pas ça… Alors si je l’avais remercié par politesse, je n’en avais pas moins grimacé fortement. Trois consonnes… ça en valait bien cinquante !

- Ca ne change rien ! C’est comme si je t’appelais Mikeuteupeuleuta ! Ce qui ne voulait rien dire mais il m’avait fallu quelque chose, n’importe quoi, pour appuyer mes dires. Pas pur orgueil. Certes. Je ne pouvais pas me tromper à ce point à chaque fois.

Fort heureusement, le taxi était arrivé pile à temps, me coupant dans le trou que j’étais en train de creuser. Autant que Mika, d’ailleurs, qui bougonna sur l’impossibilité de rivaliser avec ce que je faisais. Mais ce n’était pas utile. Ce ne serait jamais utile de faire plus et… Et je ne le voulais même pas. Enfin… J’aimais ces week-ends, bien sûr. J’aimais cette liberté d’esprit, d’argent que nous pouvions avoir mais… Mais ce n’était pas le plus important. Il était le plus important. Où que nous puissions être, ce serait ainsi toujours parfait pour moi. Quand bien même aujourd’hui allait être spécial… Mais pas trop. Un fait qui l’avait fait rire alors que je plissai les yeux, me fustigeant intérieurement tant de ma nervosité que de mon incapacité à lui mentir réellement. Oui. C’était spécial. Il fallait l’admettre. Et voir le Sacré Cœur n’avait fait que me le rappeler davantage, m’obligeant à me détourner de la basilique pour passer à autre chose. Rapidement.

Trente minutes, c’était le temps que nous allions avoir avant la réservation dans la brasserie alors… A lui de choisir. Il n’avait qu’à m’entraîner, je le suivrais, quand bien même ce serait au hasard et… Oh ? Clignant les yeux, je les avais détournés vers le petit animal qui était apparu sur une poubelle, laissant Mika agir comme il en avait l’habitude, avec sa bienveillance et son amour des animaux qui me fascinaient toujours autant. Il semblait toujours comprendre les autres, humains comme animaux, toujours attentif aux besoins de tous alors qu’un sourire tendre étirait doucement mes lèvres à l’observer.

- Tu penses qu’il n’appartient pas à quelqu’un ? Avais-je alors demandé avant de plisser les yeux. J’ai vu une épicerie je crois en taxi… Attends moi là. J’arrive.

En courant, j’avais refait le chemin inverse de la voiture. Ce n’était peut-être pas le plus rapide mais j’avais fini par atteindre ladite épicerie qui ne payait vraiment pas de mine. Une simple pièce. Un débarras aurais-je même pu dire tant tout semblait en désordre. Mais c’était marqué « Alimentation » et cela voulait dire « nourriture ». Mais quelle nourriture… J’avais rapidement fait le tour et… Ce n’était pas de l’alimentation de luxe. C’était peut être cela que voulait dire « Générale »… « Alimentation pour pauvre ». Oui. Sûrement. Enfin… Au moins avais-je trouvé des boîtes de thon sans huile, c’était déjà cela. Et de l’eau. Ainsi que deux récipients. Là. Voilà. Le tout pour la modique somme de… 25€ ? Tout ça ? C’était presque du vol mais soit. J’avais payé pour mieux repartir en courant.
Et c’était essoufflé que j’étais revenu en moins de dix minutes près de Mika alors que je m’accroupissais au sol pour servir au chat thon et eau, me redressant un poil désolé.

- Ils n’avaient pas de nourriture pour animaux… J’ai dû me débrouiller. Soufflai-je en observant l’animal avaler littéralement la première moitié de la boîte de thon. Hae… Je sais que je suis un peu impulsif des fois mais… Enfin… Il n’aura plus faim maintenant d’accord mais il finira par ravoir faim, non ? Et… Et il a l’air malade, oui… Regarde, il a des trous dans les poils aussi… Alors… Enfin s’il n’appartient à personne, tu veux… Je peux faire un aller-retour pour le confier à ma sœur à Pré-Au-Lard pour la fin de week-end et… Et on le prend avec nous ?

L’idée était sortie de nulle part ou presque. Soit. Mais… Je n’aimais pas voir un animal mal en point. Et même si j’étais certainement bien moins bienveillant que Mika, même si j’étais moins expressif… Je voulais faire quelque chose. Même si c’était avoir un chat en plus d’un lapin. Ce n’était peut-être pas bien réfléchi mais…

- Je voulais adopter un autre animal pour tenir compagnie à Rainy de toutes façons. Repris-je. Depuis qu’il te connaît j’ai l’impression qu’il cherche plus de contact qu’avant… Un peu comme moi finalement, dans une moindre mesure.

M’accroupissant de nouveau, j’avais rempli la gamelle de l’autre moitié du thon, laissant le chat renifler ma main et s’y frotter dans un léger sourire.

- On ne peut pas le laisser comme ça… Suppliai-je presque, un peu trop attendri par l’animal.

- Donc plus de mon cœur, d’accord, d’accord. Je note. Décrétai-je dans un nouveau rire avant que nous n’entrions dans le taxi en direction de « Montmartre ».

Il était pourtant mon cœur, effectivement. Et à vrai dire, il l’était d’autant plus lors que je le voyais agir ainsi face à un chaton mal en point. Sa bienveillance, sa douceur et même sa colère contre un supposé « maître » ne faisait que m’attendrir davantage. Mika était quelqu’un de bien. En tout point. Définitivement. Et si je n’arriverais certainement jamais à l’être tout autant, je ne pouvais décemment pas laisser un animal souffrir. Ainsi l’avais-je laissé seul pour me rendre dans une épicerie, revenant au plus vite afin de nourrir le chat.
De la nourriture qui finirait rapidement par s’épuiser tant l’animal avalait littéralement le thon. Et après, alors ? Que se passerait-il ? Nous ne pourrions pas le nourrir tous les jours et… Et j’avais eu cette idée, sûrement très impulsive, je l’admettais mais… Il avait toujours eu envie d’un animal… C’était finalement peut-être le moment, le moyen pour lui de faire une bonne action et d’avoir son animal… D’autant que Rainy avait besoin d’un camarade de jeu… Alors… Puisqu’on ne pouvait décemment pas le laisser ainsi…

Une idée que Mika semblait repousser, me laissant silencieux, le laissant réfléchir. Pour dire toute la vérité… La décision avait déjà été prise dès lors que je l’avais vu prendre le chaton contre lui. Il en rêvait. Il devait le faire. D’ailleurs le chat sembla-t-il tenter de l’amadouer… En vain.
Soupirant, je m’étais doucement approché de Mika, ma main glissant sur sa joue et mes lèvres sur son front dans un sourire tendre.

- Tu es et resteras toujours le meilleur maître que tout animal puisse avoir. Commençai-je à mi-voix. Je sais que tu ne pourras pas t’en occuper tout le temps mais je suis là, jagyia. Je m’occuperais de lui quand tu ne pourras pas. Je serais… Sa nounou. Soufflai-je dans un léger rire en caressant sa joue. Tu es quelqu’un de responsable par le simple fait de t’inquiéter de tout ça… Tu es d’ailleurs certainement l’une des personnes les plus responsables que je connaisse à t’inquiéter de tout et de tout le monde tout le temps. Ce chaton t’aime déjà… Et je suis sûr que tu t'es déjà attaché. Regarde ses yeux...

J’avais de nouveau souri, plus que tendrement, glissant mes lèvres contre les siennes alors que le chat ronronnait toujours contre lui.

- Tu es la bonne personne pour ça, Hae. Murmurai-je de nouveau, l’attirant contre moi. Tu es la meilleure personne pour ça. Et j’en étais plus que convaincu.

D’ailleurs étais-je tellement convaincu qu’un patronus avait été discrètement envoyé à ma sœur. Elle devait se rendre dans dix minutes à Pré-Au-Lard, devant les Trois-Balais pour un colis spécial dont elle devrait s’occuper le reste du week-end.
Caressant le jeune animal, je m’étais finalement assis sur la barrière de sécurité pour attirer Mika et le chaton contre moi, l’enlaçant, caressant son dos tendrement.

- Alors tu vas le sauver. Je vais le confier à ma sœur le temps que nous puissions rentrer demain. Et tu n’as pas ton mot à dire autrement que pour lui donner un prénom. Tu as une nounou pour animal gratuite… Alors profites-en.

Je lui forçai la main, je l’admettais, je le savais mais… Je savais aussi combien il en avait envie. C’était l’une des premières choses que Mika m’avait dit lorsque nous nous étions rencontrés, lorsqu’il avait connu Rainy. Et si à cette époque je ne pouvais prendre en charge un animal appartenant à un inconnu, aujourd’hui… Les choses avaient changé. Nous étions deux. Nous le serions toujours, je le désirais plus que tout alors… Je pouvais le faire, je voulais le faire. Pour lui. Pour son bonheur. Pour sa liberté de faire ce dont il rêvait…
Et ainsi, dix minutes plus tard, le temps de jouer un peu avec le chaton, caché dans un coin près de Montmartre, j’avais transplané à Pré-Au-Lard pour le confier à ma sœur avant de mieux repartir, de rejoindre Mika que j’avais embrassé presqu’immédiatement, nettoyant sa veste d'un sort au passage.

- Allons manger… Nous le retrouverons demain… Jae-Hwa va en prendre soin et elle s’occupera des présentations avec Rainy…

Souriant, j’avais glissé ma main dans la sienne pour l’entraîner dans les rues et… Et je m’étais perdu, je l’admettais. Au point que nous avions eu cinq minutes de retard sur la réservation, ce qui avait entraîné une montée de stress certaine jusqu’à ce que nous soyons installés à la brasserie.

- Prend ce qui te fait plaisir. Au moins, je n’ai pas eu besoin ici de leur demander de la viande, tu as le choix. Soufflai-je dans un sourire.

- Si tu étais tout seul, alors d’accord. Tu ne pourrais pas. Assurai-je. Mais je suis là. Et tu peux aussi compter sur moi. Enfin… J’avais secoué la tête. Sans toi, sans compter sur toi, je n’aurais jamais pu poster des musiques sur votre internet moldu. Alors… Est-ce que ça veut dire que ce n’est pas responsable ?

Ce n’était pas la même chose, je l’accordais, mais finalement, cela revenait à la même conclusion. J’avais besoin de lui pour certaines choses… Il pouvait avoir le droit d’avoir besoin de moi. Ce n’était qu’un juste retour des choses. D’autant que le chat l’aimait et qu’il s’en était déjà attaché et… Oui. Certes. Il s’attachait à tous les animaux et lui avait froid et faim…

- Toutes les relations commencent quelque part. Tentai-je de rétorquer. La nôtre a commencé parce que j’ai eu faim aussi alors tu m’as emmené aux cuisines.

Là encore… Ce n’était pas pareil. Quoique je pouvais paraître assez sauvage lorsque l’on ne me connaissait pas… L’attirant alors à moi, prenant gare tant à lui qu’au chaton, je les avais gardés contre moi afin d’appuyer ma décision. Mika aurait un animal. Son premier petit animal. Quant bien même il ne trouvait pas cela raisonnable. C’était décidé. Et ainsi avions-nous passé les dix minutes suivantes avec la chaton sans qu’il n’émette d’autres objections. Surement me connaissait-il assez pour savoir que je pouvais être assez entêté… Et c’était tant mieux car j’avais pu ramener l’animal auprès de ma sœur avant de le rejoindre de nouveau, rapidement. L’embrassant, nettoyant sa veste, je m’étais alors enquis du nom qui lui serait donné et…

- Tu n’aurais pas pu trouver un meilleur nom. Approuvai-je dans un sourire. Nous sommes donc les parents de deux adoptés… Rainy et Sunny. Soufflant un léger rire, j’avais serré sa main dans la mienne. Et tu es et seras le père le plus responsable qui existe. Lui répétai-je avant que nous n’arrivions, enfin, au restaurant.

Nous y installant, j’avais rapidement été surpris de la question de Mika, relevant la tête de la carte avant de froncer les sourcils. J’étais réellement si transparent que cela ? Sûrement. Avec lui… Malheureusement, même. D’autant que je ne voulais pas qu’il s’inquiète. Bien au contraire. Je voulais qu’il profite de ce week-end et quoiqu’il puisse en être… Il ne pourrait pas me rassurer. Pas maintenant. Pas quand je voulais suivre mon programme et sa finalité du soir…

- Ca va. Assurai-je ainsi dans un léger sourire. Je… Je n’aime pas être en retard, c’est tout.

Allait-il y croire ? J’en doutais. J’avais hésité. Mika était capable de reconnaître quand je mentais. Sûrement car je mentais mal. Et même si ce n’était pas réellement un mensonge, je cachais toujours quelque chose. Une chose que je ne pouvais lui confier avant que nous y soyons arrivés mais ne rien lui dire… Je me trouvais face à un dilemme. L’inquiéter ou tout révéler. Si le second choix était absolument hors de question tant l’idée même de tout révéler me faisait peur – à croire d’ailleurs que je ne serais capable de rien lui dire plus tard – le premier l’était tout autant alors… Un juste milieu. Je devais trouver un juste milieu…

- En fait… Repris-je en grimaçant. Je ne veux pas que l’on soit en retard sur notre prochaine étape… Enfin… Disons qu’à cette heure-ci, ça a été difficile d’avoir une visite privée alors je ne pourrais pas l’avoir deux fois et… Et c’est très important qu’on y soit. Enfin… Je veux que tu puisses voir Paris de là-haut puisque c’est magnifique et… Enfin il ne faut pas qu’on soit en retard.

Un juste milieu qui cachait encore des choses, mais un milieu malgré tout. J’avais d’ailleurs doucement attrapé sa main dans un espoir de rassurance avant de le relâcher, reprenant ma carte en main.

- Alors il faut que tu choisisses. Décrétai-je dans un ton que je voulais plus enjoué. Moi… Je crois que je vais prendre… Mmh… En entrée des escargots, juste pour connaître le goût, et puis un entrecôte, comme ça tu peux prendre autre chose et je t’en donnerais la moitié et enfin… Quel dessert fait le plus français d’après toi ? Soufflai-je en fronçant les sourcils. Oh ! Et on va prendre… un… vin rouge… Lui !

Sans même le montrer à Mika, j’avais appelé un serveur pour commander la bouteille de vin la plus chère puisque… A vrai dire j’estimais que si c’était cher, cela devait être bon et puisque je ne m’y connaissais pas en vin… J’espérais réellement que cela soit le cas. D’autant que j’admettais ne pas avoir compté cet achat dans le budget du week-end mais… Allons bon. Je n’étais plus à 90€ près. D’ailleurs, combien de won cela représentait… un calcul rapide et cela n’avait rien changé alors que l’on nous apportait la bouteille à table.

- Au moins, ici, on me laisse servir. M’amusai-je alors que je servais un fond de verre à Mika qui devait garder toute sa conscience, contrairement à mon propre verre que je remplis peut-être un peu trop. Mais cela me donnerait du courage…

Levant ainsi mon verre entre nous, j’avais souri, plus tendrement. J’étais stressé, oui, mais avant tout, j’étais heureux. Heureux de le retrouver. De nous retrouver et… Et de l’aimer. Car c’était finalement la seule chose qui me rendait réellement heureux… La musique mise à part. L’aimer et passer du temps avec lui.

- A nous deux ? A notre week-end loin de tout…