Je n’avais pas répondu. Je ne pouvais pas répondre quand la réponse risquait de ne pas lui plaire car… Non. Je n’y serais jamais arrivé seul. J’avais eu besoin de lui. J’avais encore besoin de lui. Il m’avait sauvé. Comme il allait sauver ce chaton, il en avait fait de même avec moi et tout cela, tout ce que j’avais pu vivre, je le lui devais. Sûrement ne se rendait-il pas compte de cela mais… C’était pourtant un fait établi. Je n’aurais pas pu y arriver seul. Je ne pouvais plus y arriver. Pas quand j’avais à ce point creusé ma tombe.
A la place, j’avais alors préféré jouer avec le chat avant de le ramener en Ecosse pour mieux revenir, pour mieux reprendre notre week-end, affirmant une chose claire : il serait un bon père, le plus responsable des pères et… J’avais souri. Sa remarque m’avait fait sourire alors que je serrai sa main dans la mienne.

- Responsable ça veut dire pas de triche pendant les jeux et pas trop de friandises, c’est ça ? Soufflai-je dans un léger rire avant que nous n’arrivions au restaurant.

J’étais stressé, c’était certain. Et si j’avais tenté de noyer le poisson, expliquant une chose aussi vraie qu’incomplète, il semblait vouloir insister. Je ne devais pas stresser. Difficile à faire lorsque je me préparais à ce moment « spécial pas trop spécial ». Mais il nous fallait manger d’abord. J’avais ainsi choisi, non sans faire attention à ses goûts afin qu’il puisse manger de tout et… Mais…

- Je vais aimer ! Rétorquai-je même si je n’en étais pas foncièrement convaincu. Je veux aussi que tu sois heureux !

Sauf qu’il était décidé. Tête de mule, il avait pris des Saint Jacques… Mais ce n’était pas quelque chose qui allait être parfait pour lui enfin… Bon. Changement de programme ou plutôt ajout de programme dans ce cas. Un magret ne suffirait pas. Et ainsi avais-je ajouté à notre commande un plat tartare de bœuf. Il y avait bœuf dans le mot, cela ne pourrait que lui plaire. Quant au dessert…

- Alors je prends des crêpes. Si c’est français… ça doit être bon de toutes façons.

Et du vin. J’avais pris du vin. Que j’avais rapidement servi. Un fond pour lui, un verre pour moi.

- Tu n’es pas obligé de boire. Assurai-je en secouant la tête. Goute seulement si tu en as envie, mais je ne t’en donnerais pas plus de toutes les manières, je te promets. Autant que tu gardes toute ta tête et que je n’ai pas à nous faire transplaner dans la chambre pour te voir te battre avec tes pulls.

Je n’avais pu m’empêcher de pouffer de rire, tentant malgré tout de rester sérieux malgré le souvenir de cette scène plus qu’hilarante lors du repas avec ses parents.
Cela dit… Souffler… Etait encore trop difficile, malgré les souhaits de Mika qui m’arrachèrent une légère grimace.

- Ne te rends pas malade, Hae… Grommelai-je alors qu’il continuait.

Il ne voyait pas ce qui justifierait mon stress et… Et le fait qu’il me dise m’aimer m’arracha un sourire alors que mes doigts s’entrelaçaient aux siens. Cela ne changerait pas… Je l’espérais, même après ce qui viendrait. Enfin… Ce n’était pas que j’en doutais mais… Le stress me faisait finalement craindre le pire. Comme si je me préparais intérieurement à nous ramener en avance à Pré-Au-Lard car… Car il pourrait ne plus vouloir me voir ou… Enfin je n’en savais rien. Mon esprit semblait décidé à imaginer le pire, un choc, un refus catégorique, une rupture. Et plus le temps avançait, plus je craignais le pire.
Une chance pour ma négativité, le serveur arriva pile à temps alors que mes pensées bouclaient sans discontinuer. Là. Les entrées servies, la main de Mika relâchait, ce dernier m’avait fait rire, rapidement.

- Tu rêves. Je critiquerais toujours cette abomination. Ça, au moins, c’est logique. C’est salé.

Et c’était tout ce que je savais. Fort heureusement, je connaissais des plats bien moins ragoutant, me permettant de ne pas hésiter à avaler un escargot et… Et c’était bon. Vraiment bon. Surprenant, même. Alors, en sortant un de sa coquille, je l’avais tendu à Mika, piquée sur la petite fourche.

- Goute, tu vas voir. Proposai-je. Je te promets que c’est bon. Meilleur que ton ananas toast ! Ce qui n’était foncièrement pas difficile.

J’en avais d’ailleurs profité pour lui piquer une bouchée de son entrée par la même occasion, revenant à mon plat avec plaisir alors que je lui offrais un sourire.

- Tu vois, j’ai pris pour moi ! Assurai-je pour tenter de le rassurer autant que je le pouvais, me fustigeant malgré moi de l’inquiéter.

Ce fut ainsi rapidement au tour des plats d’arriver. Des trois plats alors que j’observai nos assiettes et… Bon. D’abord. Couper la moitié de ma viande. Demandant une quatrième assiette pour ne pas mélanger les viandes, j’avais servi Mika avant de reprendre parole.

- Tu auras assez à manger ? M’inquiétai-je. Et prend ton temps ! On a encore du temps. Je veux que tu profites… ça reste le plus important pour moi. Et si tu en profites, j’en profiterais. J’avais légèrement souri. Et je te promets que je serais moins stressé demain. Assurai-je en finissant sans même m'en rendre compte mon deuxième verre de vin.

Ou plutôt... Quand j’aurais eu sa réponse, quand je l’aurais fait et que je lui aurais tout dit. Notre visite devait avoir lieu dans quarante cinq minutes. Sûrement, d’ailleurs, avais-je vu large mais… Mais il allait falloir le temps que je me décide à parler et cela risquait de prendre… Un temps certain.

J’avais lentement secoué la tête dans un léger sourire.

- Tu n’auras pas toujours 16 ans mais je suis sûr que tu ne tiendras jamais l’alcool. Rétorquai-je. L’âge n’a donc rien à voir.

La taille par contre… Je ne pouvais pas aller contre. Mika était menu. Parfait, certes, mais loin d’être gros bien au contraire. Ce qui pouvait effectivement m’inquiéter quant à la nourriture qu’il pouvait avaler en peu de temps, quand bien même je ne l’avais jamais vu malade à cause de cela. Plissant les yeux, je n’avais pour autant pas répondu, peu convaincu que cela n’arrive jamais. Mieux valait faire attention. Et de toutes les manières… Même si cela ne pouvait pas arriver, je me serais tout de même inquiété pour lui. C’était plus fort que moi.

Nous avions alors été servi. Nos entrées, d’abord. Et notamment la mienne qui fit loucher Mika de dégoût alors que je refusais d’arrêter de critiquer ses abominations de toast.

- Ce n’est pas la même chose ! Me défendis-je. Quoiqu’en Corée, les plus vieux continuent de manger du chien, soufflai-je à mi-voix non sans grimacer légèrement face à cela. Et au moins, là, il y a un équilibre. Toi c’est de l’ananas salé ! C’est pas équilibré dans les goûts !

D’ailleurs, il devait gouter. Il fallait que je lui prouve que ce n’était pas mauvais, bien au contraire et… Et cela fonctionna en un sens. Car il n’avait pas parlé du goût, seulement de son mental. Victoire pour moi alors que j’esquissai un sourire amusé non sans lui piquer une Saint Jacques.

- On mange ce qui est bon. Assurai-je. Et ce qui est logique aussi. Pas comme ton ananas ! Car je n’en démordrais pas. Jamais.

Les entrées terminées, les plats avaient fait leur apparition et… Aurait-il assez à manger ? Je l’espérais. Je m’en inquiétai. Paradoxalement à ma crainte précédente, j’avas désormais peur qu’il n’ait pas assez.

- Avec toi, j’ai toujours peur que tu manques. Admis-je sans avouer que cela était davantage le cas depuis son accident, depuis qu’il n’avait rien mangé pendant des jours entiers.

Dans tous les cas, il n’aurait qu’à manger ce qu’il désirait, prenant le temps dont il aurait besoin. Quand bien même cela signifiait que mon angoisse continuerait de grimper en flèche. J’avais même, d’ailleurs, tenté de la faire diminuer, terminant mon verre qui n’échappa pas au sorcier.
Il avait raison. Je ne tenais pas beaucoup mieux l’alcool et… Reposant la bouteille, j’avais fait une légère moue. Je me sentirais plus léger mais ce n’était effectivement pas l’idée du siècle et… Et de toutes les manières je serais plus détendu demain. C’était un fait avéré. Un fait qui lui fit parler de la nuit, éclairant mon regard de cette étincelle d’envie alors que mes yeux croisaient les siens.

- Je ne doute pas que tu le feras. Soulignai-je dans un sourire. D’ailleurs si tu ne le faisais pas… Je te prendrais toute ta nuit moi-même.

Nous nous étions retrouvés, il était hors de question que je le relâche maintenant, que je ne l’aime pas de toutes les manières qu’il était possible de l’aimer et surtout de celle que nous maitrisions le plus… Alors oui. Demain… Je serais certainement bien plus détendu. Tant qu’il restait avec moi, je me détendrais.
Mais d’ici là… J’avais encore une chose à accomplir et d’abord un plat à terminer. Plat – ou plutôt demi-plat – que j’avais terminé, accompagné du vin par gorgée pour ne pas inquiéter Mika autant que pour tenter de garder toute ma conscience malgré tout. Des plats qui attisaient la curiosité de mon fiancé, me faisant d’ores et déjà imaginé ce que je pourrais lui offrir plus tard. Comme… Des cours de cuisine française peut-être… Enfin nous verrions.
Le tout fini, les desserts arrivèrent alors et… Un chalumeau ? Arquant un sourcil, le recul de Mika ne m’avait pas échappé alors que j’attrapai rapidement sa main, tentant de le rassurer autant que je le pouvais jusqu’à ce que le serveur ne reparte et que Mika ne s’inquiète encore.
Hochant la tête, j’avais attrapé l’assiette pour vérifier, pour m’assurer que rien ne brûlerait tant il était étrange de faire un dessert de la force et… Rien. Seulement ce que je reconnaissais être une sorte de caramel.

- Tu ne risques rien. Lui répondis-je dans un sourire rassurant, l’attirant vers moi, vers la table et son dessert, doucement. Au moins le dessert porte bien son nom… Quoique j’aurais préféré pour lui que ce soit une crème… Une crème gelée par exemple. Fais juste attention si c’est chaud, mais promis, rien ne brûle.

Je l’espérais car s’ils faisaient cela en cuisine… L’on pourrait presque craindre qu’un incendie ne se déclare à un moment. Enfin… Secouant la tête, j’avais éloigné cette idée pour me concentrer sur nos desserts qui, à défaut d’avoir été bien accueillis à cause de ce feu, étaient délicieux, il fallait l’admettre.
Le repas terminé, j’avais ainsi, un instant, quitté Mika pour payer et mieux revenir à lui, glissant sa main dans la mienne et… Fin du vin. Dernière gorgée. Il fallait y aller.

M’efforçant à sourire, nous avions salués les serveurs avant de quitter l’établissement pour nous diriger de nouveau vers le Sacré Cœur. Au moins ne nous avais-je pas perdu cette fois alors que l’on nous accueillait avec un large sourire à l’entrée du monument.
Le personnel était le seul à être au courant de mes plans, des plans qu’ils avaient dû m’aider à mettre en place dans une bienveillance qu’il allait falloir que je remercie, des plans qui commençaient par une visite guidée simple, habituelle, au travers de l’édifice. Tout nous était raconté, montré. La guide que nous avions avait un anglais parfait et était même amusante, je devais l’admettre, quoique mon angoisse ne m’empêche de réellement en profiter. Une angoisse qui ne faisait que croitre alors que nous avions commencé à monter les quelques 300 marches qui devaient nous mener jusqu’au dôme. Un dôme fermé lorsque nous arrivâmes en haut alors que la guide secouait la tête, prétextant l’oubli d’une clé pour accéder à une autre partie et nous invitant à entrer dans le dôme le temps qu’elle redescende. Une pièce parfaitement maîtrisée alors que j’hochai la tête pour en pousser la porte et laisser Mika découvrir ce qui avait été préparé.

Dans cet environnement religieux au style, nous avait-on dit, néo-baroque, une table avait été préparée. Sur cette table, du coca-cola servi dans des verres à champagne, des fleurs, beaucoup de fleurs, et des guirlandes de lumières pour terminer le décor. Le personnel n’avait pas lésiné sur les moyens… Sûrement avais-je dû être suffisamment convaincant lors des négociations avec eux, autant que lors du paiement évidemment.
Laissant Mika découvrir l’endroit féérique, j’étais resté silencieux, observant seulement un petit lapin qu’il connaissait beaucoup trop s’avancer vers lui, sortant de son panier pour lui donner des coups de museau dans la jambe. Rainy avait rapidement reconnu son deuxième maître et… Et il devait être là. Je n’avais pas pu imaginer la moindre demande de la sorte sans lui. Alors… Jae-Hwa me l’avait confié lors de notre échange à Pré-Au-Lard et avant de le retrouver, je l’avais confié au personnel du monument, non sans craindre davantage encore pour lui. Mais j’avais besoin de lui. Et il allait bien alors… Alors tout irait bien. Je l’espérais.

- Certains, oui. Mais ça finira par disparaître.

Il n’allait pas apprécier avoir cette information mais j’admettais ne pas apprécier mentir, même pour une chose aussi simple alors… Autant la faire devenir plus facilement acceptable. Les choses changeaient. Je n’en doutais pas. Et dans tous les cas, cela ne m’empêcherait pas de critiquer son ananas toast. Définitivement pas.
M’inquiétant que la quantité de nourriture ne soit pas suffisante, nous avions pu continuer notre repas alors que lui s’inquiéter de mon stress bien trop visible. Un stress qui finirait par s’échapper, par diminuer par sa simple présence, par ce qu’il désirait de cette nuit, par ce que je désirais sûrement tout autant malgré tout.

Mais les plats terminés, cela avait été à son tour de craindre et à raison. Le chalumeau m’avait effectivement étonné alors que je m’assurai que rien ne pourrait le brûler afin d’enfin achever ce repas pour partir en direction du monument.
Un monument que nous visitâmes alors, sagement, jusqu’à ce qu’enfin le guide ne s’éclipse et… Oui. Il avait dit d’attendre. Mais seulement pour cela, là où je le poussai, dans le dôme alors décoré. Avait-il au moins fait attention cela ? J’en aurais presque douté alors que Mika remarquait le plus important : Rainy, qui courrait vers lui en petit costume et… Ok…
Je n’avais pas attendu pour agir à mon tour, posant un genou à terre alors que l’écrin finissait posé sur la table, m’arrachant un sourire crispé mais amusé face aux attentions de Mika. Il ne faisait attention qu’à Rainy et… Si cela me plaisait, j’admettais que j’aurais préféré qu’il soit plus attentif.

Une attention qui arriva pourtant… Enfin il s’était retourné, me faisant face, reculant de ce que j’espérais être de la surprise. Déglutissant difficilement, incapable de prononcer un mot tant l’angoisse était arrivé à son paroxysme, je l’avais laissé, enfin, ouvrir l’écrin et… Et il ne parla pas. Enfin… Pas distinctement alors… Alors c’était à moi de le faire… Il me fallut de longues minutes pour, enfin, pouvoir articuler alors que mon visage se baissait légèrement vers le sol, gêné, honteux aussi et particulièrement apeuré de ce qu’il pouvait désormais se passer.

- Ce n’est pas une demande en fiançailles. Soufflai-je à mi-voix. Je… Je sais que nous avons vécu des choses que personne ne devrait vivre. Que tu as vécu les pires choses qui existent sur cette terre, que tu as souffert, que… Que tu souffres toujours. Mais… Malgré tout ce qui a pu se passer… Malgré… Malgré nos différends et… Même si je suis certainement très loin d’être l’homme idéal pour toi… Je crois que je ne serais jamais aussi sûr de moi que ce soir…

Tendant mon bras devant moi, j’avais attrapé la main de Mika, caressant sa peau distraitement, comme pour me donner du courage.

- Je ne pouvais pas te demander en fiançailles puisque nous les sommes déjà… Repris-je. Alors… J’ai réfléchis. J’ai réfléchi à combien je t’aimais, à ce que je désirais, à ce que je pouvais t’apporter, à comment je pourrais continuer à t’aimer aussi… Et…

Et j'avais réellement réfléchi. J'avais repensé plus d'une fois la lettre de sa mère, ce qu'il pourrait arriver, ce qui arriverait et... Et la conclusion n'avait pas changé. Pourtant, à cet instant, il m’était difficile de parler alors que je sentais mon estomac se tordre d’angoisse, empêchant mes mots d’arriver fluidement jusqu’à mes lèvres.

- Et j’en ai conclu plusieurs choses. D’abord… Que je n’écrirais rien comme j’en ai l’habitude et que je devrais être spontané ce soir. Soufflai-je dans un rire nerveux. Ensuite… Que je t’aimais. Que je t’aime plus que tout dans ce monde. Que tu es la seule personne que je désire, nuit et jour, avec moi. Mais surtout que je n’ai plus envie d’attendre. Je veux que tu sois le premier. Que tu le sois toujours. Mon premier petit ami. Mon premier baiser. Ma première fois et… Et surtout mon premier et seul mari… Alors… Avant que mes parents ne se décident à me marier… Je veux… J’avais froncé les sourcils alors que ma main serrait celle de Mika. Acceptes-tu de m’épouser ? Avais-je fini par demander. Pas dans cinq ans. Pas dans deux ans. Même pas dans un an. Mais… Maintenant. Enfin… J’avais rapidement secoué la tête. Le jour de notre rencontre. Dans quelques mois… Je sais ! C’est… C’est rapide et tu peux dire non ! Tu as le droit de dire non ! Craignis-je soudain. Et d’ailleurs je peux rendre les alliances, enfin… Ce ne sont pas les définitives, on ira en chercher tous les deux, et j’ai mis les noms dans le désordre aussi peut-être mais…

Je devais me reprendre tant mon débit de mot s’accélérait. Alors, doucement, j’avais soufflé, profondément, tentant de me calmer.

- C’est pour cela que j’ai écris une lettre à tes parents… Je voulais leur accord avant toute chose et pas seulement parce que tu es mineur… Je… C’était important pour moi. Je voulais qu’ils sachent combien je t’aimais et combien je désirais prendre soin de toi, continuer à t’aimer, à te chérir jusqu’à la fin de mes jours. Et je voulais les remercier… Les remercier de t’avoir mis au monde, de t’avoir élevé et de m’avoir offert le soleil le plus précieux de cet univers, la personne la plus belle que je n’aurais jamais pu rencontrer sans cela… Hae… Tu fais de moi une personne meilleure chaque jour. A tes côtés, je me sens invincible et… Et je te promets de tout faire pour toi. Je te promets de t’aimer, de t’offrir ta liberté, de m’améliorer encore tous les jours… Alors… Alors tu peux dire non ! Car je craignais plus que tout lui forcer la main. Mais… Mais acceptes-tu de devenir mon mari ? Officiellement… Au printemps…

Les choses étaient dites. Et j’avais parlé. Beaucoup parlé. Bien plus que ce dont j’avais l’habitude. Le reste était entre ses mains et… J’admettais que je commençais à avoir chaud, très chaud.

J’avais parlé. Beaucoup parlé et… A vrai dire… J’avais certainement dit le principal. Un principal qui revenait sans cesse. Je l’aimais. Plus que tout. Et c’était en cela que je savais ce que j’étais en train de faire, que je voulais le faire. Je voulais l’épouser. Mais lui… Le voulait-il ?

Je craignais soudain que cela soit vu comme un ordre, que Jizo ne vienne parasiter ses pensées alors… Alors je le lui avais redit. Il pouvait refuser. A mes côtés, il pourrait toujours tout refuser et… Ce n’était pas pour lui qu’il s’inquiétait ?
Mes pensées exclusivement tournées vers lui, j’admettais que je ne comprenais pas ses mots. Pour quoi s’inquiétait-il donc ? Pourquoi pouvait-il s’inquiéter pour moi lorsque j’étais certain de ce que je désirais ? Mais… Enfin.
Enfin, j’eus ma réponse. Une réponse qui me soulagea bien plus que je ne l’aurais pensé alors que ses lèvres se glissaient contre les miennes. Me relevant doucement, sans même cesser de l’embrasser, j’avais enfin souri. Il acceptait. Il le voulait et… Et j’étais heureux. Définitivement heureux.

Le laissant se reculer alors, légèrement, j’avais malgré tout froncé les sourcils à sa question. Si ma famille l’apprenait… C’était une possibilité certaine. Et si mes cousins avaient, à défaut d’accepter, admis que je sois gay, que je sois amoureux d’un homme… Je doutais fermement qu’ils puissent concevoir mon mariage avec ce même homme.

- Si ma famille l’apprend… Avais-je repris. J’aviserais à ce moment-là.

Esquissant un sourire qui se voulait tendre, je déposai à nouveau un baiser, court, chaste sur ses lèvres.

- Mais cela ne changera rien aux yeux de mes parents… S’ils apprenaient même qui tu es vraiment… Que l’on soit marié ou non ne changerait rien à la finalité. Quant à Hyun-Su et Min-Ho… Je… Je ferais ce que me demandera Hyun-Su. Même si cela impliquait de me marier à une femme, dans le monde des sorciers. S’il l’apprend avant… Je ne sais pas ce qu’il se passera. Admis-je, refusant d’avouer que cela m’angoissait malgré tout. S’il l’apprend après… Je serais marié à la femme que ma famille aura décidée, ce sera le plus important pour eux je suppose. Ou plutôt je l’espérais. Mais marié à toi ou non, ma vie te sera toute aussi dévouée, Mika… Murmurai-je contre ses lèvres. Cela ne changera rien d’autre que nos noms…

Du moins officiellement car je ne désirais pas seulement l'épouser pour nos noms. Je désirais être à lui, je le désirais lui, plus que tout. Je voulais l'épouser car je l'aimais, car pour la première fois j'avais eu envie d'être fier de cela, de sortir avec lui. Pas que je ne l'étais pas mais... Mais je voulais que cela se sache. Je voulais le montrer. Je le voulais, lui.

Me reculant à mon tour, j’avais de nouveau souri alors que je sentais Rainy s’acharner sur ma jambe, visiblement mécontent que nous puissions l’avoir oublié. L’attrapant alors, je lui avais gratouillé la tête avec amusement.

- Et tu seras le lapin d’honneur. Promis-je à l’animal. Tu portes beaucoup trop bien les costumes…

Glissant ma main dans celle de Mika, je l’avais attiré à ma suite, près du bord du dôme afin de faire face à Paris alors que je me glissai derrière lui, laissant Rainy atterrir entre ses bras et les miens s’enrouler autour de son corps.

- Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi. Lui murmurai-je alors, le regard perdu sur la capitale française. Je suis peut-être impulsif mais… J’avais souri, doucement. A vrai dire, la lettre de réponse de ta mère m’a peut-être plus convaincu qu’elle ne l’aurait voulu… Elle a dit la même chose de ton père… Et… Pour la citer… Tu es la chose la plus irréfléchie et salvatrice qui me soit jamais arrivé. Soufflai-je dans un rire, embrassant légèrement son cou avant que je ne pose mon menton sur son épaule. Tu vois… Je te l’avais dit… demain, je serais plus détendu. Avais-je finalement ajouté dans un léger rire effectivement plus détendu.

Il avait répondu. Il avait dit oui. Et… Et j’étais détendu. Oui. Vraiment. Et j'étais heureux. Plus heureux que jamais…

- Raison de plus pour nous marier. Avais-je murmuré à sa suite avant que je ne m’explique. Me guérir… Je ne suis pas malade et je ne changerais pas d’avis. Quand bien même… Enfin… Quand bien même ils arriveraient à faire en sorte que je puisse toucher une femme… A quoi cela servirait-il puisqu’il n’y a que toi que je veux toucher et que j’aime ? Au moins le mariage le leur prouvera-t-il à tous alors… C’est définitif. Je t’aime. Ils pourraient tout faire que ça ne changerait pas. Ca ne peut pas changer…

Pour autant… Je ferais ce que l’on me dirait de faire. Je n’en avais pas envie, évidemment. J’aurais voulu pouvoir épouser Mika dans chacun des mondes mais… Mieux valait ne pas imaginer une telle chose. Cela ne serait pas possible. Alors ce serait une femme que j’épouserai, comme le désirait mes parents et… Mika m’avait arraché un léger sourire alors que je sentais sa possessivité pulser dans ses mots.

- Il faudra donc une femme dont le petit ami est coréen. Soufflai-je. Mais quoiqu’il en soit… Avant que cela n’arrive, tu sais qu’il faudra que je trouve des solutions à mon… Disons problème.

Car je ne savais toujours pas vraiment comment je pourrais toucher mon épouse alors que le simple fait de l’imaginer me donner la nausée. Une femme… Nue… Je n’en serais pas capable. Pas comme ça en tout cas.
Mais pour aujourd’hui… Je n’avais pas envie d’y réfléchir. Alors, doucement, je m’étais reculé jusqu’à attraper Rainy, lui promettant qu’il serait notre lapin d’honneur tant il était mignon. Un fait qui fut accepté par Mika, évidemment. Et puis, lentement, je m’étais glissé derrière lui, lui confiant le lapin afin que nous puissions faire face à Paris, que je puisse à nouveau parler de nous et surtout de ce que je ne voulais pas.
Il ne devait pas s’inquiéter pour moi. J’étais certes impulsif mais j’étais cette fois plus que certain de mon choix. Sa mère, d’ailleurs, n’avait pas été innocente dans cette certitude, quand bien même ce n’était certainement pas ce qu’elle avait voulu. Quant à ce qu’ils avaient dit… J’avais esquissé un léger sourire.

- Ton père a été le premier à me répondre puisque ta mère n’était pas rentrée. A vrai dire… Il a écrit plus sur le fait qu’il ne savait pas utiliser la chouette de ta mère que sur le reste. Mais il a accepté immédiatement ma demande en disant que… Qu’il n’avait pas besoin de plan sur des années pour le convaincre. J’avais légèrement ri au souvenir de la lettre d’Alec, égal à lui-même. Quant à ta mère… Là, c’était plus compliqué. Elle a été dans une réserve compréhensible au vu de la situation. Elle craint pour l’avenir. Elle craint à cause de Jizo et parce que les choses ont changé, que le mariage est déjà compliqué mais que nous avons une difficulté supplémentaire et… Elle m’a demandé de réfléchir davantage pour prendre conscience des choses… Pour autant… Elle n’a pas refusé. Et si je me confortais dans ma décision malgré tout… Elle m’a seulement demandé de t’aimer comme au premier jour, de me battre pour toi et de ne pas disparaître pour toi d’une quelconque façon.

J’avais été transparent sur la réaction de ses parents, sur le contenu de leur lettre respective. Refusant de lui mentir, de lui faire croire que ses parents avaient tous deux parfaitement accueillis ma demande, je lui avais tout dit.

- Et j’ai réfléchi. Sûrement pas assez pour ta mère mais… J’ai réfléchi. J’ai pensé à ce qu’il pourrait se passer si nous nous disputions, à ce qu’il pourrait se passer si les choses ne fonctionnaient pas comme prévu, à ce qu’il se passerait quand je devrais te quitter pour en trouver une autre et… Et en fait… Rien n’est parvenu à me faire douter de ma décision. Je sais qu’il y aura des moments compliqués mais… Tu l’as dit toi-même… Nous nous aimerons même dans les moments où nous n’aurons aucune raison de le faire. Murmurai-je.

C’était un fait établi. Je le lui avais promis. Alors oui. Nous allions nous marier. D’ici quelques mois, je lui appartiendrais, il m’appartiendrait. Et cela me plaisait. Sa réponse m’avait d’ailleurs bien suffisamment détendu, comme j’avais pu lui dire. Demain… J’en aurais oublié toute l’angoisse accumulée aujourd’hui. Définitivement.

- Je vais l’être alors d’autant plus… On a quelque chose à fêter aujourd’hui maintenant. Lui soufflai-je dans un sourire.

Un sourire qui s’élargit alors à ses mots, attendri, amoureux. Il ne supporterait pas une vie sans moi… L’inverse était tout aussi vrai alors que j’hochai silencieusement la tête. Non. Je ne supporterais pas la vie sans lui, sans son amour, sans la force qu’il me donnait chaque jour, sans son sourire, sans tout ce qui pouvait le composer. Je l’aimais. Plus que tout. J’avais besoin de lui. Il m’était… Essentiel.

- Tu n’auras jamais à vivre sans moi. Lui avais-je murmuré. Je serais toujours là. Où que je puisse être, tu n’auras qu’à m’appeler pour que je vienne au plus vite. Quelle que soit la raison. J’avais alors souri, passant devant lui pour lui faire face, caressant lentement sa joue. Je t’aime, Mika. Et je t’aimerais encore de très, très nombreuses années aussi fort qu’il me sera possible de t’aimer. Alors… Non…. Tu ne vivras jamais sans moi. Car je ne pourrais jamais vivre sans toi…

Glissant mes lèvres contre les siennes, je l’avais alors embrassé, comme si c’était la dernière fois que je le faisais. L’aimant comme si nous étions seuls au monde jusqu’à ce que Rainy ne vienne me donner des coups de tête, me faisant doucement rire.

- Pas assez d’attention pour lui… Soufflai-je en me reculant, l’entraînant jusqu’à la table pour lui présenter une coupe de coca-cola. J’ai prévu du soda pour trinquer… Afin de te garder en pleine conscience cette nuit. M’amusai-je en levant mon propre verre. Alors… A notre mariage ? Proposai-je dans un sourire amoureux.

- Il a changé grâce à toi. Lui avais-je soufflé dans un sourire, embrassant doucement la paume de sa main.

Tout cela était grâce à lui. Sans Mika… Non. Je ne voulais pas penser à ce qu’il se serait passé. Mika était là, il resterait là et c’était ce qui comptait. Les si, les images du passé… Je n’en voulais plus. Pas quand il était près de moi.
Mais certaines choses n’avaient malheureusement pas changé. J’allais devoir me marier à une femme dans le monde des sorciers. Et si je sentais que cela l’agaçait… Le plan ne pu que m’amuser alors que je secouai doucement la tête. Trouver une femme qui m’accepterait serait déjà difficile si elle apprenait la vérité. Alors si en plus elle devait avoir un petit ami coréen… L’aiguille dans la botte de foin serait plus facile à trouver. Je ne voulais pour autant pas lui dire le fond de mes pensées, je ne voulais pas le blesser plus que je ne le blesserais le jour où cela arriverait. Alors, à la place, je l’avais conduit face à Paris avant de répondre à ses questions.
Expliquant les mots de ses parents, je n’avais rien oublié, rien voulu cacher, même pas le mi-ton de sa mère car… Il méritait toutes les vérités du monde et notamment celle concernant ses parents et notre union. Alors certes, sûrement sa mère ne me trouverait pas assez réfléchi, mais cela ne changerait rien. J’étais sûr de moi. Plus sûr que je ne l’avais jamais été. Les choses ne seraient certainement jamais faciles mais… Quand bien même. Il n’aurait plus jamais à vivre sans moi car je ne pourrais plus jamais vivre sans lui.

- Tu doutes que je puisse le faire ? Soufflai-je, refusant de débattre du fait que je peinais à accepter une vie aussi longue si cela signifiait le sacrifier un tant soit peu.

A la place, je l’avais embrassé, tendrement, amoureusement avant qu’un certain lapin ne nous fasse comprendre que nous devions cesser nos démonstrations d’affections si ce n’était pas tourné vers lui. L’entraînant alors à la table, j’avais proposé de trinquer au soda. De quoi l’empêcher de finir saoul.

- Ce n’est pas comme si j’en avais encore besoin aujourd’hui pour te déshabiller, murmurai-je, amusé, alors que mes mains glissaient sur sa taille. Je te l’aurais même prouvé si nous n’étions pas en public et dans un lieu religieux. Plaisantai-je en le relâchant avant de trinquer à notre mariage.

Un mariage qui viendrait vite quoique toujours pas assez pour moi et…

- Mais ! M’exclamai-je alors que ma coupe m’échappait des mains.

Plissant les yeux, j’avais voulu lui répondre, lui rendre la pareille, jusqu’à ce que sa main ne se pose sur mon cou, apaisant chacun de mes muscles, étirant mon sourire avant que je ne réponde à ses lèvres.

- Je ne sais pas dire « moi aussi », avais-je soupiré entre deux baisers. Alors… Je t’aime. Lui avais-je répété dans ce français mal maîtrisé.

Ce fut le moment choisi par le guide pour revenir, appareil photo en main et un immense sourire aux lèvres.

- Félicitations ! Nous avait-il joyeusement dit en nous tendant une petite carte que j’observais sans comprendre ce que c’était. Toutes les photos sont dessus, nous informa-t-il alors que je continuai à fixer la petite carte marquée « SD » désormais entre mes mains. Je vous laisse profiter de votre soirée. Nous viendrons fermer les lieux d’ici une heure et demie environ.

Nous abandonnant donc, je clignai des yeux en tendant la carte à Mika.

- Je ne comprend pas comment on doit voir les photos dessus… Soufflai-je. Il y a un de vos boutons spéciaux ? Ou… Ou il faut… La regarder de près ?

J’essayais de comprendre, vraiment, mais en vain. Je ne voyais pas comment des photographies pouvaient être sur quelque chose sans écran. Enfin… Cela me semblait désormais évident sur un ordinateur ou un téléphone, mais sur ça… Les moldus continuaient de m’étonner, définitivement.

- J’ai demandé à ce que quelqu’un puisse prendre des photos pour… J’avais secoué la tête. Enfin… Je ne sais pas, depuis que j’ai le téléphone… Je passe mon temps à prendre des photos alors j’aime bien et… Et je me suis dit que si tu disais oui, ça ferait des souvenirs.

Et j’aimais les souvenirs. J’aimais me perdre dans la contemplation de photos, de ses photos, la plupart du temps.

- Et puis ton père en veut alors… Il en aura plein comme ça. Esquissant un sourire, j’avais terminé ma coupe avant de lever la tête vers Paris. Est-ce que tu veux rester ici ? Ou te promener dans les rues ? Ou rentrer à l’hôtel ?... Après ce soir, je n’ai rien de prévu. Sauf demain, je voulais qu’on puisse visiter la « Toule Eillefelle ». Mais je me suis dit que demain après midi, on pourrait juste flâner et faire les magasins si tu veux. Et j’ai même prévu un budget à ne pas dépasser pour ne pas que tu te fasses encore plus de cheveux blancs.

- C’est vrai. Il n’y a pas plus sexy que toi. Approuvai-je dans un rire, retrouvant ses lèvres avec plaisir, refusant de débattre de ce qui aurait dû l’être avant de l’attirer vers la table dressée pour une coupe de cola.

Oui. De cola. Et cela pour éviter l’alcool, quand bien même je devais admettre que ce dernier nous avait aidé à passer quelques étapes. Ce n’était plus vraiment d’actualité. Au contraire… J’aimais encore plus l’avoir en pleine et totale conscience qu’autrement. Je le lui aurais d’ailleurs prouvé si nous n’étions pas en public et… J’avais toussé, un peu gêné malgré tout.

- Les lieux publics ouverts je veux dire… Enfin… Ce n’est pas comme au zoo où… Non, nous avions aussi été sur la plage. C’est différent ici ! Tentai-je de me rattraper alors que la vérité était tout autre.

Je n’hésitais plus, ou rarement. Où que nous puissions être, il me semblait pouvoir toujours trouver un endroit où le retrouver, où l’aimer. Mais ici… Non. Pas ici. Pas quand, après lui avoir répété ses mots en français, le guide était revenu avec une carte étrange en main, une carte que Mika m’expliqua et… Ah. D’accord. Il faudrait donc un ordinateur. Soit. Nous n’aurions qu’à nous en occuper en Australie. En attendant, ce fut à mon tour de tout lui expliquer alors qu’il m’arrachait un sourire.

- Oui. Enfin une personne. Un photographe que le guide m’a conseillé quand je l’ai eu au téléphone. Il disait qu’il était discret… Au moins il n’aura pas menti.

Quant à la qualité des photos… Nous verrions bien plus tard. Il faudrait d’ailleurs que nous les envoyions à son père qui les montrerait à tout le monde, j’en étais tout aussi convaincu.

- Et tout le monde verra combien je t’aime et combien j’ai tellement hâte de me marier avec toi que je t’ai redemandé en fiançailles aujourd’hui. Avais-je soufflé dans un sourire.

Oui… J’avais terriblement changé. Enfin… Il serait faux de dire que je serais capable de toujours assumer, même dans le monde des moldus mais… Aujourd’hui… J’avais envie de le montrer. J’avais envie d’être fier d’être avec un homme comme Mika, j’avais envie que tout le monde sache combien j’avais de la chance… Une chance que je n’estimai sûrement pas assez alors que je lui laissai le choix de la suite de la soirée. Que voulait-il faire ? J’avais de toutes les manières prévu bien plus soft pour le lendemain, avec, même, un budget.

- Ce n’est pas au pif ! C’est… C’était complètement au pif. C’est un chiffre rond ! Ce qui ne voulait strictement rien dire.

Dans tous les cas… Mika était décisionnaire. Alors puisqu’il désirait profiter encore un peu d’ici, c’était bien ce que nous allions faire. Entourant sa taille de mes bras, j’avais alors souri, amusé par l’idée d’être séquestré dans la chambre alors que nos lèvres se joignaient à nouveau.
J’aimais cela. J’aimais le sentir contre moi, sentir ses lèvres contre les miennes alors que je profitai de sa présence, de ces retrouvailles, de l’idée que je serais bientôt marié avec l’homme que j’aimais plus que ma vie elle-même, l’homme à qui je donnerais tout pour un sourire de sa part.

- Parce que tu crois que je pourrais aller quelque part sans toi ? Avais-je alors répondu entre deux baisers. Je ne veux pas me marier dans moins de trois mois pour te quitter aujourd’hui…

Moins de trois mois… J’admettais avoir vu court, très court. Mais… Mais si cela ne l’effrayait pas, alors moi non plus. Au contraire.
Et me reculant lentement, j’avais caressé ses lèvres des miennes avant de me détourner un instant pour vérifier l’absence de toute âme vivante par un Hominum Revelio qui m’indiqua l’absence d’être humain dans nos environs. Une absence qui me permit de me retourner vers Mika, l’attirant à moi avant de le faire reculer contre la barrière du dôme, l’embrassant avec une passion certaine. Il avait raison, finalement… Les lieux publics ne m’arrêtaient plus.
Glissant mes mains sur son corps, je n’avais pour autant pas osé les passer sous ses vêtements de peur du froid qui nous entourait malgré tout.

- Il n’y a personne pour le moment alors… J’en profite… Avais-je murmuré contre ses lèvres avant de mieux les reprendre. Juste un peu…

Ou un peu plus qu’ « un peu » seulement alors que je le bloquai littéralement contre cette barrière, face aux lumières de Paris qui me semblaient plus féérique que jamais à cet instant.

- On ira dès que possible. Assurai-je alors.

Ne jamais laisser l’esprit de côté… Je me l’étais promis il y a un certain temps déjà. Une promesse que je comptais tenir alors que je retrouvai enfin Mika. Mon fiancé n’était plus seul depuis des mois et… Oui. Je devais penser à Jizo. A eux deux. Même si Mika passerait toujours avant tout, comme aujourd’hui où j’avais voulu tout faire pour le rendre heureux. Un bonheur que j’avais voulu immortaliser alors que la discrétion du photographe m’avait tout aussi surpris.

- Et c’est tant mieux. Admis-je, embrassant sa joue. Tu as pu te concentrer sur le reste plutôt qu’être aux aguets… Car Jizo n’aurait certainement pas laissé passer la moindre présence qu’il ne voyait pas…

Alors c’était parfait ainsi, finalement. Nous aurions les photos, Alec aussi, et je pourrais ainsi montrer à tout le monde combien j’étais amoureux de son fils, combien je désirais me marier avec lui. Quitte à le faire à l’infini si cela plaisait tant à Mika, d’ailleurs. Répondant à sa remarque par un rire, je lui avais alors fait part de la suite des événements et notamment de mon budget pour le lendemain. Budget au chiffre rond qui ne sembla pas convaincre Mika.

- Non ! Me défendis-je ! C’est moins ! J’ai prévu 700.000 wons donc… Mmh… Environ 500 euros ! Voilà C’est pas un milliard ! Même pas un million !

Mais tout l’or du monde ne suffirait finalement pas à ce que tout puisse être parfait puisque la seule perfection de ce week-end tenait à sa présence. Alors oui… Je serais définitivement perdu sans lui alors que j’hochai la tête pour acquiescer à ses mots. J’avais besoin de lui. J’aurais toujours besoin de lui.

- Oui… Déjà un an… Soufflai-je alors dans un demi sourire. C’est passé beaucoup trop vite…

Déjà un an qu’il m’avait sauvé, un an que j’avais appris à retrouver une joie de vivre que je ne me connaissais pas, que j’apprenais à vivre pour moi, pour nous. Un an que je n’avais pas vu passer malgré les événements, malgré tout ce qui s’était passé, un an que je ne pourrais jamais regretter car je l’avais passé avec lui.
Un fait qui m’avait fait le repousser jusqu’à la barrière, l’embrasser, encore et encore, glissant mes mains sur lui alors que ses lèvres me répondaient, que j’en oubliais presque le lieu où nous nous trouvions, sa remarque me ramenant rapidement à la réalité alors qu’un sourire étirait mes lèvres.

- Non… on doit profiter d’ici… Me plaignis-je presque alors que son « excuse » élargissait mon sourire. Mais ce n’est pas la faute de ton re-fiancé… C’est toi qui a dit qu’il n’y avait pas plus sexy que toi. Plaisantai-je alors.

Car non. Il n’y avait pas besoin de me rappeler nos dernières fiançailles… J’avais encore une image très claire autant de la voiture que du reste. Un souvenir qui me plaisait… Beaucoup trop. J’avais pourtant réussi à me séparer de lui, non sans l’embrasser encore quelques instants.

- Hae ? Soufflai-je alors que je m’étais décidé à reprendre du cola afin d’occuper mes mains et mon esprit. Il y a une chose que nous n’avons pas fait ici…

Dans un sourire, je m’étais alors approché de lui, attrapant Rainy au passage pour faire dos à Paris. Sortant mon téléphone de ma poche, je nous avais alors visé dans ce que les moldus appelaient un « selfie ».

- On a des photos d’un photographe mais pas les nôtres… Et… Je veux des souvenirs dans mon portable et… Ah. Attend. J’ai une idée !

Repartant dans l’autre sens, j’avais attrapé l’écrin pour revenir près de Mika, attrapant sa main pour y glisser l’alliance qui lui était réservée pour en faire de même avec la mienne. En quelques mois, j’avais largement amélioré mes compétences en photo et ce fut donc une photo de nos deux mains accompagnées de Rainy qui fut prises avant toute chose et postée sur un réseau social moldu que j’avais largement appris à apprécier et appréhender.

- Je ne peux rien mettre sur Youtube vu que ce n’est pas une chanson, mais je peux le mettre sur Inseutaglam, soufflai-je avant que je ne reprenne de nouvelles photos, encore et encore, autant de Paris que de lui… Enfin… Non. Bien plus de lui que d’autre choses. Je n’ai pas grand monde qui fait attention à ce que je poste mais… Mais je veux qu’ils sachent. Avais-je alors avoué dans un demi-sourire.

- Je ne t’ai pas dit de ne pas penser à l’argent ? Avais-je légèrement grondé en plissant les yeux.

Non. Vraiment. Il ne devait pas y penser. Je savais que j’avais beaucoup trop dépensé, mes parents aussi d’ailleurs alors lui… Il me tuerait, définitivement. Alors, à la place, j’avais préféré lui rappeler que oui, je désirais passer ma vie avec lui, plus que cela même, et de plus en plus. Mais cela faisait déjà un an… Le temps passait. Très vite. Peut-être trop alors qu’il m’arrachait un sourire.

- Tu parlais pour moi, je n’avias pas besoin de parler. M’amusai-je alors. Et je n’étais pas gênée ! Je… Enfin ce n’était pas que j’étais gêné ! C’était plus compliqué que cela.

Oui, de la gêne, c’était réellement de la gêne alors que je luttai pour ne pas le regarder. Mais c’était terminé, vraiment terminé alors que je le repoussai jusqu’à la barrière comme une preuve supplémentaire que les choses avaient changée. Mes gestes étaient au moins clairs sur les envies que j’avais et… Oui. Il fallait que j’arrête… Il fallait que je recule avant que ça ne soit trop compliqué alors même que cela l’était déjà et… Et c’était de toutes les manières sa faute alors qu’un sourire étirait de nouveau mes lèvres.

- Ca me donne justement encore plus envie d’essayer. Murmurai-je contre ses lèvres avant de réussir, enfin, à me séparer de lui, reculant jusqu’à la table.

Nous devions encore en profiter et justement… J’avais oublié une chose importante. Les photos. Pas celles du professionnel, non, mais les nôtres, celles qui m’accompagnerait partout dans le téléphone. Des photos que je pris alors, jusqu’à celle destinée au réseau social moldu. Quand bien même je n’avais pas beaucoup de suiveurs, je l’avais postée.

- Un jour… J’aurais 12 millions de gens, tu verras ! Décrétai-je alors dans un sourire presque de défi quand bien même je n’y croyais pas.

D’autant que ce n’était pas le plus important pour le moment. A cet instant… Mika l’était, alors qu’il glissait ses bras autour de mon cou, que mon sourire s’étirait d’autant.

- Tu auras toutes les photos que tu veux. Acquiesçai-je à mi-voix. Mais ne parle pas trop de tes lèvres sur ma peau, j’ai beaucoup trop envie de nous faire transplaner maintenant.

Riant doucement, je l’avais laissé s’échapper alors, revenant rapidement vers lui en arquant un sourcil. Se marier dehors ? A vrai dire je n’avais pas réellement pensé à la cérémonie hormis certains points qui… Enfin je devrais le voir réellement avec les parents de Mika…

- On se mariera où tu veux, Hae. Répondis-je alors, répondant à son baiser avec tendresse. Dans une forêt si c’est ça que tu désires et… Et qu’il désire aussi. Caressant lentement sa joue, j’avais embrassé son front avant de sourire de nouveau. On ne mettra aucune limite à rien… Je… De toutes façons je n’ai qu’une demande, celle que j’ai fait à tes parents… Le Pyebaek… Et le hanbok… Ce sont les seules choses que j’aimerais… S’il te plait. Murmurai-je comme gêné de devoir lui demander cela alors qu’il ne s’agissait même pas de sa culture, de leurs habitudes. Enfin… Et c’est pourquoi à peine demandé, je reculais. Si tu veux bien, si ça ne te dérange pas et si ça ne dérange vraiment pas tes parents puisque les miens…

Les miens ne seraient jamais là pour cela, pour cette tradition pourtant plus qu’importante à mes yeux. Un fait qui m'attristait bien malgré moi alors que le prononçais. Mais un fait qui ne pourrait jamais changer...
Secouant la tête, j’avais alors souris de nouveau, reprenant possession de ses lèvres en soupirant.

- Désolé. Je ne veux pas t’imposer une tradition qui consiste à… Enfin ça. Mais il faudra que tu me dises comment se passent les mariages ici. Je n’en ai aucune idée… Admis-je. Je me rappelle juste que ton père m’a dit que ce serait un partenariat en Australie. C’est ça ? Alors... Comment on fait pour se marier à l'extérieur ? Tu crois qu'on peut demander aux papiers d'être signés à l'extérieur ? Enfin... Aux administrateurs je veux dire... Je ne sais pas comment ça s'appelle.

A vrai dire, je ne savais pas grand chose, je m'en rendais compte et cela, finalement, m'angoissait bien malgré moi.

- Je doute que ce soit pour autre chose que de la musique. Soufflai-je en souriant, quand bien même je n’y croyais pas le moins du monde.

J’avais pourtant envie d’y croire, envie de continuer, d’imaginer cela possible, un jour, même lointain. Mais pour cela, il faudrait encore compléter le réseau social et cela passerait par des photos et… Peut-être pas celles que Mika proposait, certes. Oh. Il les aurait. Je voulais tout autant avoir ce genre de photos, mais pas maintenant. Pas quand je commençais à rêver de nous faire transplaner dans la chambre d’hôtel. Un fait qui ne lui échappa pas alors que je plissai les yeux, ma peau se couvrant de frissons.

- Je ne répondrais pas… Avais-je grogné alors qu’il était évident que non, ça n’allait pas le faire s’il désirait réellement que l’on se balade encore.

Au moins avions-nous finalement changé de sujet, me permettant de penser à autre chose et notamment à notre mariage qui ne saurait désormais tarder. Un mariage qui se ferait donc en extérieur, en forêt même s’ils le désiraient tous les deux. Voilà bien des choses qui ne m’importaient finalement pas vraiment. A vrai dire, il n’y avait que deux points qui retenaient mon attention, deux points qui m’étaient important, deux points que je craignis de lui imposer rapidement, grimaçant à sa pichenette.

- Nous t’aideront tous les deux. Nous n’aurons qu’à aller en Corée un week-end. Approuvai-je non sans miner de vouloir lui mordre le doigt coupable.

L’embrassant alors, je n’avais pas pu m’empêcher de m’excuser car… Oui, il l’avait dit, il ne savait pas. Ce n’était pas sa culture, pas ses habitudes. Je devais me faire aux siennes, pas lui imposer les miennes mais… J’admettais ne pas réellement avoir compris comment cela se passerait.

- Tant qu’on peut être reconnu quelque part. Soufflai-je. Ce ne sera même pas reconnu chez moi, en Corée… Ce qui allait finalement de paire avec ma famille. Pas très étonnant donc. Alors ça sera quand même un mariage. A notre façon.

Mais je ne lui imposais rien, aucune culture. Après tout, il était à moitié coréen alors… En sachant qu’il allait épouser un coréen, ce n’était pas quelque chose qui semblait le déranger.

- Je t’apprendrais alors… Ce n’est pas très compliqué… De toutes façons la seule famille que nous aurons seront tes parents alors… Alors il n’y aura que face à eux qu’il faudra s’incliner. Ou peut-être aussi face à ma sœur mais… mais normalement c’est surtout la famille du marié mais… Du coup…

Oui, du coup… Comment cela se passait-il ? Il allait falloir que je discute avec la mère de Mika, peut-être saurait-elle cela plus que moi quoique dans tous les cas… Je n’aurais pas d’autre famille que ma sœur et peut-être… Peut-être Nam-Joo… Enfin… Nous verrions. En attendant, j’avais approuvé l’idée d’en profiter encore un peu, l’attirant dans mes bras pour faire de nouveau face à Paris alors que je tentai de deviner où se trouvaient chaque monument, embrassant ou plutôt picorant sa joue bien trop souvent pour que je sois réellement concentré et cela jusqu’à ce qu’il nous faille redescendre. Quittant ainsi les lieux, je n’avais pas quitté sa main, Rainy ayant trouvé sa petite place dans le sac sans fond avec son panier, pour descendre les marches jusqu’en bas avant de me retourner, observant l’édifice avec un large sourire.

- Au moins… On aura le lieu de nos deuxièmes fiançailles sur plein de cartes postales. Plaisantai-je en l’entrainant encore un peu plus loin jusqu’à… Là ! Regarde ! Ca ressemble à un mini train à un seul wagon ! M’exclamai-je presqu’impressionné. Ca ramène jusqu’en haut des marches et… Un… J’avais plissé les yeux, observant le panneau. Un « funiculaïre » ? On peut tester ! S’il te plait ! Et on redescend ensuite avec !

J’étais enthousiaste. Très enthousiaste. Mais après tout, ça, ce n’était pas à roue. Alors ça m’allait. Enfin… Je n’y réfléchissais surtout pas vraiment. Je voulais juste tester, d’autant qu’il n’y avait strictement personne pour me voir paniquer alors… C’était le moment.

- Et après là-bas j’ai l’impression qu’il y a plein de lumière et… Attend !

J’avais appris une chose avec le téléphone, une chose que j’allais mettre en pratique alors que je plissai les yeux sur l’écran, ouvrant une application et… Gagné !

- Pikalle ! C’est comme ça que ça s’appelle. Affirmai-je. On ira après ! Pour voir les lumières moldues.

Nous étions dans une ville, loin de chez nous, entouré de moldus. Mon fiancé parfait venait d’accepter de m’épouser d’ici quelques mois… Qu’aurais-je pu demander de plus pour être heureux ? Car oui, je l’étais. Plus qu’heureux. Comme renaissant après des semaines, j’étais enthousiaste, plein de joie et surtout désireux de tout faire, de tout voir avec lui.

- On pourrait peut-être… Soufflai-je soudain, une idée en tête. Ce n’est pas au programme mais… Mais il paraît que les moldus aiment bien les fêtes alors, il y a peut-être des endroits où les jeunes moldus font la fête près d’ici ? Proposai-je. J’ai envie de bouger…

Et c’était bien la première fois que cela m’arrivait.

Ce sera peut-être bon en Corée… A vrai dire… Ce n’était pas le plus important. Enfin… Oui, j’aurais voulu que tout le monde le sache, que tout le monde reconnaisse combien je l’aimais, combien j’allais être fier d’être son mari. Mais le plus important n’était finalement pas là. Le plus important se tenait au fait que nous allions nous marier et que nous le saurions. Tous les deux. Quant au reste… Je n’aurais qu’à lui apprendre même si… J’admettais ne pas réellement savoir quoi faire, comment le faire. Nous étions deux hommes. Cela compliquait drastiquement ce que je connaissais.

- On trouvera un moyen pour… Enfin… Je ne veux pas que tu sois « la » mariée. Soufflai-je. Je veux qu’on ait un mariage qui nous ressemble… Alors… Alors un mariage avec deux hommes. On s’arrangera. Ta mère pourra nous aider je suppose…

Elle serait, de toutes les manières, la seule à le pouvoir tant je me voyais mal demander de l’aide à quelqu’un de ma famille pour ce faire. Même à notre gouvernante qui… Enfin… Je doutais qu’elle puisse comprendre réellement.

Nous avions alors finalement redescendu le monument ainsi que les marches pour faire face au… A ce train qui m’avait immédiatement attiré. Et que j’avais un peu regretté. Je n’aimais pas ça. Vraiment pas. Mais nous étions tout de même redescendus avant que je ne veuille aller voir les lumières de Pikalle. Non ? Sûr du nom ? Mmh…

- Pi… Pik… Pigalle ? Proposai-je sans trop de conviction.

Dans tous les cas, je voulais y aller, pour voir les lumières, d’abord, mais aussi pour faire une chose que je n’avais jamais fait : bouger, faire la fête. Mais il y avait du monde et…

- Je pourrais m’afficher avec toi ? Soufflai-je en glissant ma main sur sa taille. Si oui, ça ira.

Car je ne comptais pas le quitter. Et puis… J’avais survécu à un concert, pourquoi ne survivrai-je pas à une fête ? Quant au fait d’être majeur…

- Je suis un expert des sorts de confusion. Plaisantai-je.

Bon. Peut-être pas un expert, mais je saurais suffisamment embrouiller les moldus pour nous permettre d’entrer n’importe où. D’autant que Mika avait accepté. Restait encore à savoir où nous devions aller… Et ce fut Mika qui trouva. Enfin… Qui me proposa. La recherche disait qu’il s’agissait d’un lieu festif incontournable de… La communauté queer ? Hein ? Bon ce n’était pas grave, je lui avais rendu le téléphone en ayant noté le trajet pour l’attirer avec moi, flânant dans les rues jusqu’à atterrir devant ledit lieu. Même nom, de la musique, des gens et…

- Il n’y a pas beaucoup de femmes, soufflai-je presque d’un soulagement qui venait d’apparaître alors que je m’apercevais même de l’absence complète du genre féminin devant l’établissement.

M’approchant de l’entrée, j’avais esquissé un sourire envers l’homme à l’entrée qui semblait nous observer de haut en bas, répondant au sien, avant de payer les 20€ par personne demandées sans que rien ne nous soit demandé d’autre.

- Tu vois ! Les français sont plus ouverts que tu le pensais ! M’exclamai-je alors que nous descendions quelques marches pour…

Oh. C’était donc cela, un club ?... Clignant des yeux, peu habitué tant à ce type de lumière qu’à la foule autour de nous, j’avais rapidement secoué la tête, trouvant une table libre pour nous créer une petite bulle sans être écrasés. Y entraînant Mika, j’avais rapidement observé autour de moi.

- J’arrive, je vais chercher à boire.

J’avais vu ça dans un film. Il fallait toujours aller chercher à boire. Et puisque je gérais l’argent, c’est moi qui devais y aller pour payer le verre à Mika. Cela me semblait terriblement logique. Ainsi avais-je quitté la table pour me rendre jusqu’au bar, non sans grimacer plusieurs fois de la proximité des hommes qui nous entouraient. Soit… Il y avait effectivement du monde. Et peu de choses sans alcool alors… Alors j’avais pris deux cocktails. De toutes les manières, nous ne ferions pas cela tous les jours. Et je pourrais toujours ramener Mika sur mon épaule. Amusé par cette idée que j’imaginais, j’avais pourtant rapidement sursauté, mon attention attiré par une main qui venait de se poser dans mon dos. Une main qui n’appartenait pas à Mika et dont le propriétaire me parla en français. Secouant la tête, je m’étais platement excusé de ne pas comprendre, usant de l’anglais alors qu’il reprenait.

- Pardon ! Je me disais que je t’avais jamais vu ici ! T’es de passage ?

Les français étaient-ils comme les australiens ? Tactiles et amicaux ? Je n’étais pas très à l’aise mais… Il fallait que je m’y fasse. J’avais réussi à accepter les embrassades en Australie, je pouvais le faire ici avec… Avec un verre en plus oui. Je m’étais ainsi commandé un shot supplémentaire, terminé en une seconde et demie alors que les cocktails prenaient plus de temps. Mais fut-ce l’alcool ou surtout la confiance qu’un simple verre sans effet immédiat me donnait, j’avais pu engager la discussion avec le français.

- Ca te dit de danser un coup ? Me proposa-t-il.

Refusant, j'avais indiqué que j'étais accompagné, présentant Mika comme un ami, plus par habitude que par envie, alors que je ramenai les verres jusqu'à la table, me glissant à côté de lui.

- Je ne sais plus ce que j'ai pris. Admis-je. Mais j'ai rencontré un homme agréable et...

Et un homme qui m'avait suivi, se penchant au dessus de la table, vers moi.

- Pardon, mais fallait vraiment que je te le redemande. T'es sûr que tu veux pas danser ? J'veux dire... Tu me plais pas mal donc si tu veux...

Hein ? Clignant des yeux, j'avais jeté un regard d'incompréhension vers Mika. Que devais-je répondre maintenant ?

Nous avions ainsi atterri dans un club, un endroit que je ne connaissais pas visiblement fuit par la gent féminine ce qui, avouons-le, m’arrangeait un tant soit peu. Moins il y avait de femmes, moins je serais mal à l’aise. Pour preuve, j’avais même réussi à discuter avec un homme, un français. Un exploit lorsque l’on n’avait pas l’habitude de s’adresser à des inconnus. Et c’était presque fier de moi que j’étais revenu auprès de Mika, les verres en main.
Bon. Tout cela m’avait fait oublier ce que j’avais commandé, mais au moins l’avais-je retrouvé et… Plissant les yeux, j’avais été surpris de voir que l’homme avec qui j’avais discuté m’avait suivi jusqu’à notre table. Pourquoi ? Parce qu’il voulait danser ? Mais… J’avais refusé et… Hé ?

Le geste de Mika m’avait surpris. Je ne comprenais pas grand-chose mais… J’avais répondu à son baiser, incapable de faire autrement lorsque ses lèvres rencontraient les miennes avant qu’il ne s’adresse au français. Il était… Jaloux ? A vrai dire, un sourire avait étiré mes lèvres alors que je glissai mon bras libre autour de lui, l’observant avec amusement.

- Tu es sexy quand tu regardes quelqu’un de travers. M’étais-je amusé en secouant la tête. Mais c’est bon… Il voulait sûrement juste encore discuter. Il a dit que mon accent était « mignon », avais-je tenté de reproduire le mot français. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais il était juste sympa, Hae.

Après tout, il ne pouvait y avoir aucune autre raison à cela. Pas dans mon esprit en tout cas tandis que Mika soupirait, usant du mot que j’avais lu plus tôt.

- Queer ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Je l’ai lu sur la page du lieu mais ça m’a fait penser à Queen en anglais donc royauté, classe et… Et je m’étais un poil trompé visiblement. Et je ne suis pas parfait. Avais-je rétorqué en secouant la tête. Personne ne va rien vouloir du tout. Promis. Qui pourrait le vouloir ?

Nous concentrant enfin sur les boissons ramenées, j’avais bu une longue gorgée de mon cocktail avant d’arquer un sourcil. De l’alcool ? Oui. Mais je pouvais encore le vérifier quand bien même j’en étais sûr. Ce que je fis, piquant son verre pour en boire une gorgée avant d’hocher la tête, un léger sourire amusé aux lèvres.

- J’admet que l’idée me plairait quand même bien. Admis-je en riant. Je crois que je n’ai jamais autant ri de ma vie… Mais tu n’es pas obligé de tout boire et puis… On peut en profiter un peu. Sans reprendre d’alcool après je veux dire.

Ce sentiment de liberté… C’était lui qui m’entraînait à cet instant alors qu’il me semblait pouvoir faire tout ce que je désirais sans la moindre limite. Mika était à mes côtés, nous étions seuls dans ce pays, libres d’être ce que nous voulions, ce que nous étions… Alors… Oui. Je voulais en profiter. Et fut-ce le shot bu au comptoir qui montait ou l’ambiance du lieu, je le lui avais prouvé, glissant mes lèvres contre les siennes pour l’embrasser alors avec une passion que je n’avais jamais vraiment eu en public.

- J’aurais pas du prendre ce shot. Avais-je avoué, riant légèrement contre ses lèvres avant de me reculer et secouer la tête. Attend, je vais aussi te chercher un truc sans alcool, avais-je malgré tout concédé.

Mieux valait prévenir que guérir, effectivement. Et c’est plus guilleret que je m’étais à nouveau dirigé vers le comptoir pour lui prendre un verre de soda et revenir… A une table occupée par un homme qui n’était pas moi. Plissant les yeux, j’avais observé la scène, l’homme semblant vouloir draguer Mika et… Non. Là, il était un peu trop proche. M’approchant alors, je m’étais glissé de l’autre côté de Mika, posant ma main sur sa cuisse, la tête penchée sur le côté en observant l’inconnu.

- Et après on dit que c’est moi qu’on veut piquer. Soufflai-je en plissant les yeux reprenant à l’encontre de l’inconnu. Désolé, il a quelque chose à faire.

A ces mots, je l’avais seulement attiré à moi, jusqu’à la piste de danse, glissant mes mains sur lui pour l’attirer davantage à moi.

- Je ne peux pas te laisser deux minutes tout seul. Grognai-je malgré un sourire presque fier, oubliant que j’avais ramené un homme juste avant alors que je me mettais à danser, contre lui, légèrement éméché tant par la soirée que par le reste. Tu es à moi. Rappelai-je, capturant ses lèvres que je mordis doucement.

- Dommage dans ce cas qu'il n'y ait qu'avec toi que j'ai envie d'avoir des tête à tête. Soufflai-je avec amusement.

Même si je n'y croyais pas vraiment, je l’admettais. A mon sens, il avait simplement été gentil. Cela dit, cela ne m'avait pas expliqué ce qu'était un club queer. Un club, oui, mais donc un club… J'avais cligné les yeux. Ils… ils étaient gay pour la plupart ? Observant autour de moi, je semblai surpris et… je l'étais a vrai dire.

- Comme nous ?...

Il y avait… autant de gens ? D'hommes comme nous ? Me faire draguer n'était meme pas un problème. Mais… Il y avait du monde et… Un léger sourire s'était inscrit sur mon visage. Nous n'étions vraiment pas seul et… ah oui. L'alcool.

Au moins mes pensées s'étaient elles recentrées. Alors oui. L'imaginer avoir des problèmes de pull m'amusait. Mais il n'était pas obligé de boire et… J'avais eu envie de l'embrasser. Un baiser passionné sûrement du a l'alcool que j'avais avalé. Oui… Sûrement… Et peut etre n'aurais je pas du boire ce shot. Mais ralentir…

- Tout va bien. Assurais-je. Je me sens juste… plus léger.

J'avais encore ma tête. C'était le plus important. Et pour preuve, j'étais parti lui chercher un verre de soda. Sans alcool, évidemment. Et sûrement n'aurais je pas du… Car a peine étais-je parti qu'un homme semblait vouloir prendre ma place. Et il en était hors de question. Revenant donc, j'avais glissé ma main sur sa cuisse, observant l'inconnu. Vraiment. Je n'étais pas le seul à attirer…

- Tu as la tête d'un Roi alors ? Proposais-je.

Mais avant tout… J'allais l'éloigner de cet homme. L'attirant jusqu’à la piste de danse, je lui avais rappelé une vérité : il était à moi. Rien qu'à moi.

- A personne d'autre. Approuvais-je avec un sourire.

C'était la première fois que nous nous affichions ainsi. La première fois que nous dansions ensemble, surtout ainsi. Et j'aimais cela. Réellement. Je profitais de ce moment. Et… boire, oui, il fallait boire. Hochant la tête, plus que léger, je l'avais suivi, surpris de cette main un peu trop proche de mois Qui fut rapidement éloignée par Mika et… Loupé ? J'avais ri, bêtement, attrapant mon verre pour le terminer d'une traite, l'observant essuyer son front.

- Tu as chaud ? Soufflai-je en l'attirant soudain vers moi, glissant mes mains jusqu’à ses fesses alors que mes lèvres se posaient dans son cou, suivi par ma langue.

Nous étions en public. Certains semblaient meme avoir vu mon geste tant leurs encouragements nous etaient dirigés. Mais je m'en moquais. Foncièrement.

- J'ai envie de profiter de mon futur mari. Murmurai-je à son oreille, mordillant son lobe.

Profiter en dansant à nouveau. Plus sensuellement, plus amoureusement alors que mes lèvres s'ajoutaient a mes gestes, a mes mains parcourant son corps.

- J'ai envie de leur montrer à tous que je suis ton fiancé et que tu n'es qu'à moi. que tu ne seras jamais a personne d'autre…

Et a vrai dire… A en croire mes gestes… J'avais aussi envie de bien plus alors que j'oubliais presque ceux qui nous entouraient.