Mika finirait par me tuer. Lui qui m’avait sauvé la vie allait finir par me pousser dans la mort tant je pouvais m’inquiéter pour lui, tant il pouvait me faire paniquer par ses actions qui, même si couronnées de succès, me semblaient irréfléchies. Mais enfin, il était sauf. Le monstre s’éloignait et moi… J’étais furieux. Vraiment furieux. Mais le soulagement prit vite le pas sur la colère alors que je me mettais debout pour plonger, pour rejoindre sa planche et le refaire tomber à l’eau en le fustigeant. Il ne devait plus jamais faire ça. Ou je le ferais. Me mettre en danger consciemment était une chose. Le voir se mettre en danger… Non. Ca, je ne le pouvais pas.

- Tu m’aurais expliqué ! Continuai-je à râler. Ne te met pas en danger !

C’était ma seule demande et même s’il semblait être convaincu que rien ne pourrait lui arriver tant que j’étais là… Je n’en étais vraiment pas convaincu. Absolument pas… Il y avait trop de risques pour que je puisse le protéger de tout et si je ne l’étoufferais pas, si je ne serais pas celui qui l’enfermerait pour une soi-disant sécurité, je ne pouvais pas non plus admettre qu’il défie le destin à ce point.
Alors, le serrant dans mes bras, l’embrassant, comme pour m’assurer qu’il allait vraiment bien, que ce n’était pas seulement une illusion, j’avais fini par remonter sur la planche non sans soupirer.

- Et s’il avait mal réagi, c’est toi qui aurais souffert.

Et par extension, j’en aurais souffert à mon tour. J’agissais peut-être égoïstement, je l’entendais mais… Non. Il ne devait plus faire ça… Et pourtant… Je savais pertinemment qu’il le referait. Il restait Mika et… C’était en partie pour cela que j’étais tombé amoureux de lui. Pour sa bienveillance, pour sa générosité et pour son désir de sauver tous les chiens errants de cette terre.

Mais il fallait reprendre et si j’admettais être encore un peu sur les nerfs, mes muscles tendu eurent au moins le mérite de m’aider. Et je réussis. L’espace d’une seconde avant que je ne chute à nouveau de la planche, le rire de Mika m’apaisant, comme trop souvent. Remontant à nouveau, j’avais rapidement plissé les yeux.

- Des rouleaux ?

Je ne comprenais pas ce que cela signifiait mais je le suivis. Il me les expliquerait de toutes les manières et je lui faisais confiance et… Soit. Peut être que je n’aurais pas dû. Il fallut de longs, de très longs moments pour que j’arrive à me remettre debout sur une planche encore moins stable. Je ne comptai plus le nombre de chute, le nombre de soupirs désespérés face à un sport que je peinais à maîtriser. Il ne s’agissait pourtant « que » d’équilibre et d’endurance, je l’avais vite compris. Deux choses que je maîtrisais alors pourquoi n’arrivai-je pas à rester sur cette… J’avais réussi ? Clignant des yeux alors que la planche avançait sans que je tombe de cette dernière je paraissais réellement surpris. J’avais réussi à glisser !
Bon. Ce n’était pas glorieux, pas comme lui l’avait fait et je ne voulais même pas à être son niveau tant il devait s’entraîner depuis des années. Mais au moins… J’avais réussi cela ! Et mon esprit intransigeant ne s’en trouvait que soulagé de savoir que je n’étais pas aussi nul qu’il pouvait le penser.

Quant à essayer des plus grandes… Plissant les yeux, j’avais hoché la tête. Oui. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas risquer de mourir noyé sur des vagues plus grandes ?

- Ce n’est pas pareil ! Défendis-je l’idée de continuer à craindre le balai. La planche est plus grande et je sens quelque chose sous mes pieds. Un balai… C’est… Déjà c’est dans les airs – quoique je n’aie pas le vertige, cela restait un argument valable – en suite si je tombe en balai, rien ne me rattrape. Alors à moins que tu m’attaches à quelque chose de fixe… Je serais quand même moins à l’aise. Et pourtant, à l’aise, ce n’était présentement pas réellement ce que je pouvais être sur la planche malgré tout.

Mais je l’avais à nouveau suivi et comme précédemment… Mal m’en fit. Je dus réapprendre à tenir sur une planche encore plus mouvante, chutant un nombre incalculable de fois avant que je puisse en rire, que je puisse m’amuser avec lui. Ce n’était toujours pas excellent, loin de là. J’étais beaucoup moins à l’aise qu’il ne l’était mais je me sentais bien… Libre, à vrai dire, alors que le vent battait mon visage le temps de quelques secondes. Oui… C’était cela. J’étais libre. J’étais libéré et… Un regard vers Mika qui me valut une chute dans un fou rire sincère… J’étais heureux. Il me rendait heureux par tout ce qu’il était, par tout ce qui l’entourait…
Le rejoignant d’ailleurs à la nage, je l’avais, de nouveau, fait tomber de sa planche dans ce même rire sincère qu’il était capable de m’offrir pour l’attirer à moi, pour le serrer dans mes bras, fortement.

- Je t’aime, Hae… Lui avais-je soufflé comme si ma vie en dépendait ce qui, finalement, était presque le cas. Merci… Le relâchant, j’avais posé mon front contre le sien, souriant. Je suis heureux…

Car c’était important de le dire, important qu’il sache ce qu’il m’apportait, ce qu’il m’offrait et combien je pouvais lui en être reconnaissant. J’étais heureux et pour la première fois de ma vie je me sentais libre sans être enfermé…

- Avec des si on évite de se mettre trop en danger aussi. Avais-je rétorqué.

La magie pouvait faire beaucoup de choses. Je le savais. Je l’avais utilisé pour aider mes cousins. Mais… La magie ne pouvait pas ramener à la vie quelqu’un de mort et face à un requin… Secouant la tête, j’avais préféré ne pas insister davantage, cette image devenant bien trop anxiogène pour que je désire me concentrer dessus. Non. J’avais bien mieux à faire aujourd’hui que me laisser, comme déjà trop souvent, submerger par des pensées négatives. Je voulais profiter.
Alors… J’acceptai évidemment la proposition de Mika : nous allions aller faire des « rouleaux » plus grands. Il était évident que je n’allais pas refuser. C’était un défi, c’était la manière de me surpasser, encore, comme souvent. Je devais y arriver. Une façon, pour moi, de me prouver à nouveau que je pouvais être bon, qu’avec du travail je pourrais même devenir le meilleur. Sûrement, d’ailleurs, mettais-je la barre bien trop haute, sûrement étais-je bien trop exigeant avec moi-même, mais cela me rassurait : je n’étais pas inutile, insignifiant et minable. D’ailleurs Mika voulait-il même me remettre sur un balai, prétextant que si j’arrivais à cela aujourd’hui, j’arriverais sur un balai aussi. Fausse idée, d’après moi. C’était bien trop différent et je connaissais mes limites et surtout le manque de confiance que je pouvais avoir. Alors à mois que l’on m’attache… Mais il me rattraperait. Une idée qui me fit arquer un sourcil.

- Et je dois avoir confiance en quelqu’un qui saute de son propre balai ? Soufflai-je dans un plissement d’yeux qui ne faisait que lui prouver ma moquerie, car il allait longtemps, très longtemps entendre parler de sa figure acrobatique de juillet.

Mais peut-être qu’avec un peu de pratique et beaucoup de confiance… J’avais confiance en lui, confiance pour qu’il me rattrape mais… Non. D’abord me concentrer. Et s’il me fallut de nouveaux essais, de nombreux essais pour y arriver… J’y étais arrivé. Je glissai. Pas de manière très conventionnelle, peu à l’aise et dans une position certainement loin d’être gracieuse, mais je glissai et ce fait m’arracha un immense sourire. J’y arrivais. Je pouvais le faire et… Je chutai. Pour avoir ressenti cette liberté l’espace d’un instant, pour avoir voulu observer celui sans qui tout cela n’aurait jamais été possible, j’avais de nouveau chuté dans l’eau avant de le rejoindre à la nage, de le faire tomber à son tour en riant. J’étais heureux. J’étais à ma place, à ma seule place : avec lui. Et je l’aimais. Plus que tout. Un fait que je lui répétai avant de me confier sur ces instants de joie que je n’avais que rarement ressentis dans ma vie. J’étais heureux. Vraiment heureux. Et je m’amusais… A cet instant, je me rendais compte de ce qui avait pu me manquer dans ma vie… Lui. J’étais vivant grâce à lui. J’avais envie de vivre grâce à lui et… Je l’aimais… Je le méritais, disait-il… Si je ne savais pas ce que j’avais pu faire pour cela, j’accueillis cette réponse dans un sourire, répondant à son baiser avant que nous ne décidions de revenir sur la plage.

L’observant s’allonger, je l’avais rapidement rejoint, tiré vers lui alors que le sourire qui ornait mes lèvres ne quittait plus mon visage. Devais-je donc répété que j’étais heureux ? Inutile tant cela se ressentait tandis que je le serrai contre moi. Et le silence se fit, accompagné des vagues et des quelques murmures des moldus qui nous entouraient. Un silence qu’il finit par briser, me faisant rouvrir les yeux.

- Un peu, tu crois ? Avais-je murmuré dans un léger rire avant de me redresser pour attraper la bouteille et en boire une longue gorgée qui me sembla salvatrice. J’ai au moins failli mourir noyé cinq fois. Exagérai-je. Alors entre le requin et ça… Plus jamais je ne monte là-dessus ! C’était faux. J’avais adoré. Quoique… Si l’on pouvait éviter le requin la dernière fois, je n’allais pas refuser. Au contraire. Car là, j’avais réellement cru notre mort arrivée.

Hochant la tête alors que Mika avait repris sa place entre mes bras, j’avais alors accepté sa proposition. Nous allions rester un peu ici, à regarder des vidéos. Cela m’allait. Et d’ailleurs dès lors qu’il lança la vidéo, je partis, loin, observant, étudiant chaque mouvement, chaque note de chaque vidéo. Combien de temps cela dura ? Au moins quatre vidéos. A vrai dire… Je n’en étais même pas sûr tant le temps me semblait être arrêté… Ou tant il me semblait passer trop vite avec lui. Je n’en savais même rien. Mais il nous fallut bouger, il nous fallut aller nous rincer et ce fut avec un immense regret que je me relevai, reprenant la planche sous le bras pour les rincer en même temps afin que nous puissions ensuite les ranger.
Rejoignant des douches à ciel ouvert, j’avais soudain fait un bond de deux mètres – sans aucune exagération évidemment – en sentant l’absence totale de chaleur de l’eau.

- Donc de l’eau de l’océan plus ou moins chaude et une douche froide, avais-je alors râlé comme le précieux que je pouvais être de temps en temps alors que je tremblai soudain de toute part. Avec les monstres en plus, ton pays ne m’aime pas ! Quoique moi, je l’aimais beaucoup… Mais cela tenait bien plus d’une personne que du pays en lui-même. Ou alors tu veux me tuer, avoue… Plaisantai-je avant de faire un pas vers la douche pour mettre ma main dessous et frissonner de plus belle.

Mais j'allais faire un effort et en un pas, je me rendis sous la douche, rinçant les planches pour éviter à Mika de le faire et de tomber malade par la même occasion et me frictionnant, ouvrant légèrement la combinaison pour y laisser passer l'eau dans un râle de dépit tant c'était froid. Mais au moins, c'était fait et je pus reculer, toujours aussi tremblant. Ce pays allait avoir ma peau. Mais au moins... Je mourrais heureux.

- … Je t’aime, mais je ne suis pas sûr que le suicide de couple soit une idée fréquemment admise. Avais-je fini par rire à mon tour avant de reprendre ma pratique et d’y arriver, plus ou moins, enfin.

J’étais heureux. J’étais libre. Je me sentais bien. Ces trois phrases étaient le résume même de cette journée à ses côtés. La plage finalement rejointe, nous nous étions ainsi allongés sur la planche, Mika blotti contre moi jusqu’à ce qu’il ne me donne de l’eau et que je n’exagère, sa réponse m’arrachant un rire.

- Je note donc de me noyer vraiment la prochaine fois pour avoir ça. Fis-je remarquer avant que nous nous rallongions, avant que je ne me perde dans ce qu’il me montrait, dans ces vidéos qui n’étaient, finalement, que l’illustration même de ce qui m’animait, de ma passion.

Je n’avais pas vu le temps passé. Là, Mika dans mes bras, mes yeux fixés sur les vidéos, je n’avais pas senti le temps défilé alors qu’il nous fallait déjà bouger, qu’il nous fallait quitter la plage à contre cœur. Et ce fut d’ailleurs pire lorsque les douches furent rejointes. Je n’étais pas frileux, bien moins que lui en tout cas mais là… Il s’agissait tout bonnement d’une torture au point que je m’étais mis à trembler de toute part, râlant et bondissant. C’était FROID. Très froid.

- Il reste plus chaud que ça ! Avais-je renchéri avant de plisser les yeux.

Oui… Qui épouserait-il si je mourais ? Soufflant un coup, je l’avais attiré à moi, l’embrassant alors dans un sourire naissant sur mon visage.

- Je suis sûr que tu trouveras quelqu’un qui te mériterait.

C’était une réponse qu’il allait surement trouver trop froide, trop terre à terre mais une vérité que j’avais appris, avec les mois passant, à me répéter. Comme pour me rassurer que je ne briserais pas sa vie quoiqu’il puisse se passer. Mais cela ne changeait rien. Je n’étais pas mort et j’étais à lui et c’était bien sur cela que je désirais me concentrer alors que le voir trembler m’avait fait rire à mon tour, « m’obligeant » à l’attirer à moi pour tenter de le réchauffer un peu et que… Plissant les yeux alors qu’il s’était détaché, j’observai les planches être positionnés et… Il se déshabillait ? Mais… Il n’y avait pas de risque que… Mon regard se posa autour de nous. Personne ne pouvait mon voir et il était… Magnifique. Définitivement. Je n’avais pas pu m’empêcher de l’observer, de poser mes yeux sur lui dans un regard qui ne pouvait que démontrer mon amour, mon admiration, même. Et… Ah… Oui… Moi aussi. Très peu à l’aise de me déshabiller alors que je savais que des moldus se trouvaient non loin, je m’étais ainsi dépêché de retrouver des vêtements normaux, ne m’attardant en rien ni pour me sécher, ni pour me rhabiller – quoique le déshabillage avait été fastidieux mais que ma fierté mal placée m’avait empêché de demander de l’aide.

Mais enfin. Nous étions prêts. Les planches rangées, sa main dans la mienne, je l’avais alors suivi jusqu’au centre-ville, écoutant… non. Buvant ses paroles à chaque instant, posant des milliers de questions sur ce que je ne savais pas, sur lui, sur la ville, sur le monde moldu… Le pauvre n’avait sûrement jamais autant entendu ma voix mais… J’aimais cela. J’aimais l’écouter autant que lui demander ce que je ne comprenais pas… C’était son monde… Et je voulais en faire partie.

Du moins… Ce fut le cas jusqu’à ce que je comprenne où il avait pu nous emmener alors que je ne m’en étais même pas inquiété. Peut-être, d’ailleurs, aurais-je dû… Les sushis péruviens… Il… Il m’avait emmené manger des sushis… Péruviens…

- Je peux le juger maintenant si tu veux. Soufflai-je en plissant les yeux.

La carte était au moins remplie mais… De quoi ? Là était la question. De choses normales disait Mika, du moins pour certains plats… Des… Edamame piquants… Soit… Mais pour le reste… Fronçant les sourcils, j’observai attentivement la carte dont les couleurs me perturbaient. Il s’agissait de sushis… Pas de sculptures surréalistes et bariolées ! Alors qu’avais-je envie de manger ?...

- Mmh… Hésitai-je avant que son ventre n’indique clairement que Mika devait avoir faim. Il fallait donc que je me décide rapidement. Il était hors de question qu’il puisse avoir faim trop longtemps et… Ca, ça, ça et ça. Avais-je décidé – ou pas, c’était du hasard complet – en montrant la carte.

Alors qu’avais-je commandé ?... Quelque chose avec… De la truffe ? Hein ? Oui d’accord… Du… Saumon chou et… Fromage ? Mais… Bon. Il y avait au moins du wasabi… Et donc… Ah des edamae piquants, mon doigts ne s’étaient pas trop trompés et je ne voulais même pas savoir ce que j’avais pu commander en dernier – je l’avais d’ailleurs déjà oublié.

- Je vais payer aujourd’hui. Avais-je néanmoins soufflé. Alors prend ce que tu veux avant de mourir de faim. Parce que j’ai aussi besoin de toi vivant pour t’épouser. Repris-je en rappel de ses propres mots.

J’allais mourir. J’allais mourir d’intoxication alimentaire, j’en étais désormais convaincu. Alors, finalement, peut-être pouvait-il prendre son temps...

Il n’avait effectivement pas tort. Jamais il n’avait refusé le moindre baiser, bien au contraire, m’arrachant un sourire bien rapidement transformé en grimace lorsqu’il s’agit de la douche glacée que nous fûmes contraints de prendre. Si l’explication de cette froideur était logique, elle n’en restait pas moins difficilement supportable quoique supportée malgré tout. Un instant d’arrêt alors que Mika m’ordonnait de ne pas mourir pour pouvoir m’épouser, que je lui répondis plus rationnellement qu’il ne l’aurait sûrement voulu et… Sa menace m’arracha un nouveau sourire. Juste un sourire qui signifiait bien des choses que seul Mika comprendrait. Je ne le dirais pas, certes, mais il savait ce que je pensais, ce que je peinais à ne plus pense tout du moins.
Enfin… Il était inutile de nous attarder là-dessus. Pas maintenant. Pas alors que je me sentais heureux et… Terriblement gêné. Il fallait se changer et j’eus bien du mal à le faire alors même que nous étions « protégés » par les planches. Nous restions en public. Je savais, j’entendais les moldus non loin et… Il fallait le faire. Alors je l’avais fait. Rapidement. Très rapidement. Mais je l’avais fait. Et nous avions pu repartir.

Profitant de notre marche pour m’enquérir de sa vie, de son monde, nous avions beaucoup trop vite atterri dans ce qui me semblait, à première vue, mon pire cauchemar culinaire. Un restaurant à sushis péruviens… C’était… Bref. Ne pas juger à l’image. Oui alors… Cela risquait d’être un peu compliqué tant l’idée même de ce restaurant était… Quel mot pouvais-je utiliser… Ignoble ? Oui. Voilà. Sauf que Mika avait faim et… Je voulais seulement qu’il soit bien. En tout temps, en tout lieu. Il devait se sentir bien et donc ne pas avoir faim. La réflexion s’était arrêtée là alors que je ne savais réellement pas quoi commander. Il me fallait faire un choix et le hasard me parut le plus rapide afin que je puisse lui rendre la carte et qu’il puisse, à son tour, prendre ce qu’il désirait, non sans que je décide de payer l’intégralité. Et… Plissant les yeux, Mika m’avait renvoyé ma propre réponse, m’arrachant un soupir.

- Ce n’est pas du jeu. Lui fis-je remarquer. Et je ne trouverais jamais personne de mieux que toi, de toutes les manières.

Une façon de donner ma propre conclusion à ce débat stérile tant ce n’était définitivement pas du jeu que de me renvoyer mes mots. D’autant qu’il refusait que je paie pour le restaurant, m’arrachant un nouveau soupir.

- Tu n’as pas le choix. Répondis-je. On ne sépare pas les additions au restaurant.

Une habitude que j’avais de Corée pour le peu de restaurant où j’étais allé. L’on ne séparait rien. Jamais. C’était la règle. Une règle que j’imaginais mondiale.
La commande passée, il ne fallut que peu de temps pour que notre table se remplisse et que… Hein ? Ne rien toucher ? Arquant un sourcil, penchant la tête dans une incompréhension totale, j’observai Mika prendre ce que j’imaginais une photo de la table puis… Une photo de nous et…

- Pourquoi est-ce que tu devais faire ça ? M’enquis-je en plissant les yeux. C’est de la nourriture… C’est à manger, pas à regarder…

Autant je comprenais qu’il puisse prendre une photo de nous, autant de la nourriture… Non, là je ne comprenais pas. Cela dit, il y avait quelque chose d’autre que j’avais compris. La façon de prendre les photos.

- Tu peux me mettre sur l’image pour prendre une photo ? Demandai-je alors sans trop connaître les mots adéquats à un téléphone portable – appareil photo.

Lui prenant doucement le téléphone des mains, je l’avais alors visé, concentré comme jamais, avant de prendre une photo. Il y avait eu un bruit… J’avais cassé quelque chose ? Clignant des yeux, surpris, je lui avais rendu son téléphone en grimaçant.

- Je n’ai rien abimé hein… Soufflai-je avec appréhension.

Non. Heureusement. Et nous pouvions enfin manger et ne pas prendre une deuxième photo inutile de la nourriture. Hésitant, j’avais commencé par les edamame contre nature, goûtant comme d’habitude, du bout des dents avant de me rendre compte que cela, au moins, ne me tuerait pas. C’était déjà cela et… Arquant un sourcil, j’observai les baguettes de Mika tendue devant moi une seconde avant de réagir. Levant la main, je l’avais posé sur la sienne pour initier un mouvement afin de le lui faire reposer, afin que je puisse le prendre entre mes propres baguettes avant que je ne m’arrête. Plissant les yeux, je soufflai doucement. J’étais en Australie et… peut-être qu’ici, c’était la façon de faire et… C’était Mika alors… Hésitant une nouvelle seconde sur la façon de faire, je lui avais alors fait relever la main vers moi pour prendre le « maki » en bouche. Impossible du bout des dents… J’allais devoir faire un effort. Et si une immense grimace d’anticipation s’afficha immédiatement sur mon visage, celle-ci fut rapidement transformée en un air surpris. C’était… Ce n’était pas mauvais, en fait et… Baissant mes yeux sur le « maki » (car je refusais malgré tout d’appeler cela ainsi), j’en avais repris un immédiatement.

- Ne dis rien ! Avais-je néanmoins prévenu Mika en le fusillant faussement du regard alors que j’en reprenais un troisième.

Bon… Il fallait malgré tout que je goûte au reste alors… Bien… Ce fut au tour d’un autre maki d’être testé… Du bout des dents. Les efforts avaient leurs limites et… Soufflant, une moue apparue sur mon visage alors que je l’avalai à son tour. Mika allait me faire payer mes préjugés. Je le sentais.

- Je ne négocie jamais. Soufflai-je alors qu’un sourire venait étirer doucement mes lèvres.

L’entendre dire que j’étais son âme sœur… J’admettais que cela apaisait la moindre de mes pensées alors que mon bras s’allongeait pour prendre sa main, la caressant un instant avant de le relâcher. J’étais son âme sœur… Oui. Cela m’allait bien plus que le reste. Cela dit, cela ne changeait rien au fait que j’allais payer pour ce repas. De toutes les manières, il n’aurait pas le choix. Nous ne pouvions pas séparer l’addition et… Si ? Ici on le pouvait ?... Mes sourcils se froncèrent d’incompréhension. Me manquer de respect ? Mais…

- Je… Hésitai-je. Non, mais… Vous pouvez vraiment séparer les additions ?

Cela me semblait hors de propos. Enfin… Les occidentaux étaient étranges, oui, mais de là à faire perdre leur temps aux serveurs ?... Secouant la tête, j’avais néanmoins fini par reprendre, par m’expliquer alors qu’il semblait aussi perdu que moi.

- En Corée, on ne sépare jamais l’addition. On se débrouille après entre nous, mais nous ne faisons pas perdre de temps aux restaurateurs. C’est une règle et je ne connais personne faisant cela. Enfin… Je ne connaissais personne serait visiblement plutôt le terme exact. De toutes les manières, ajoutai-je, je veux quand même payer. C’est… Important.

Important car j’avais l’impression qu’en lui offrant tout ce que je pouvais, cela rattraperait un centième, au plus, de ce que lui m’apportait. Pas grand-chose, certes, mais déjà cela. Je ne voulais pas être là gratuitement, je ne voulais pas… Ne pas contribuer.

Quoiqu’il puisse en être, la commande avait fini par être passée et la table s’était alors remplie, autant que mon incompréhension, d’ailleurs, face à ce que faisait Mika. Une photo de la nourriture… Pourquoi ? Je n’en comprenais pas l’intérêt. Montrer ce qu’on avait mangé et… Poster sur quoi ?

- Tu vas la poster sur… Inseutagram ? Répétai-je difficilement en observant les photos défiler sur l’écran. Qui regarde ça ?... Pourquoi ?...

Pour montrer ce que l’on faisait, faire des souvenirs et partager… Soit… Les moldus avaient de drôles de façons de faire mais… Cela pouvait être compréhensible et même… Assez… Intéressant, à bien y penser. Ils pouvaient avoir leurs souvenirs dans leur téléphone. C’était intelligent. Et cela permettait de multiplier les photos comme je le lui demandai alors. Ouvrir l’application appareil photo donc. Voilà. C’était ce que je voulais. Ca et prendre une photo de lui avant de lui rendre son appareil, inquiet. Il y avait eu un bruit et… Ah. Non. C’était le bruit normal… Soupirant de soulagement, je me mis à rire doucement à sa remarque, hochant largement la tête.

- Je suis d’accord. Admis-je alors dans un mouvement de cheveux amusé. Mais est-ce que tu crois que je pourrais avoir la photo que je viens de prendre sur mon téléphone quand je l’aurais ? Ou que j’aie moi aussi un tableau de photo Inseutagram ? Car il était hors de question que je passe une journée supplémentaire sans voir son visage.

S’en était suivi les premiers essais de nourriture étrange dont le nom sushi ne reflétait pas la vérité. Et si j’avais craint la mort, je dus rapidement admettre que c’était plutôt bon au point que j’accepte de reprendre de chaque chose avec envie jusqu’à tomber sur l’un que Mika n’avait pas encore pris et… Donc comme en Australie. Hésitant un instant, ce fut à mon tour d’attraper un maki pour le lui tendre dans un sourire un peu gêné.

Mais il n’avait pas intérêt à faire de commentaire. Il avait peut-être gagné sur la nourriture mais… Enfin… Je n’avais pas de mais, mais il finirait par y en avoir un. Continuant à manger avec plaisir, mon attention fut d’autant plus captée par des makis épicés dont le goût relevé me plaisait particulièrement et…

- Tu vois que tu peux manger du piment. Avais-je soufflé alors qu’il en avait pris un. Ils sont bons, non ?

Peut-être allais-je un jour pouvoir lui faire manger du véritable kimchi, qui pouvait savoir… En attendant, une question avait été posée et je secouai la tête négativement.

- Non. Enfin il y a beaucoup de choses qui change. On mange de tout. Beaucoup de légumes. Du riz. De la viande aussi, surtout du porc en général avec des fruits de mer aussi. Et c’est souvent accompagné d’une sorte de marinade au 고추장, c’est… de la pâte de piment en résumé, avec de l’ail et du sucre. Mais il y a plein de variante et… Il faudrait que tu goutes… Avec ce que j’ai ramené à ta mère, peut-être saura-t-elle faire quelques choses… Ou il faut trouver un restaurant coréen ici. Enfin… Si ça existe ?

Je n’en savais rien, finalement. Est-ce que les moldus avaient connaissance de tout le monde ? Est-ce qu’ils savaient tout ce qui pouvait les entourer ? Nous voyagions facilement par transplanage, mais eux… Cela semblait bien plus compliqué pour eux.

- Je suis sûr que tu aimerais la cuisine de chez moi. Enfin… En y enlevant le piment, promis, soufflai-je dans un léger rire.

J’avais du mal à comprendre cette façon de faire. Ce n’était pas disons… Logique. Pas de mon prisme. Mais il y avait tant de chose qui ne ressemblait à rien à mes habitudes que… Finalement, cela ne m’étonnait plus vraiment comme la plupart des choses ici et bien que cela m’ennuie qu’il soit possible de faire ce genre de choses ici, soit… Alors… On ne le ferait juste pas car j’allais payer. C’était important.

- Ca ne dérange peut-être pas ici ? Tentai-je, malgré tout, de rassurer. Enfin… C’est… Juste peut-être… Culturel ?

Je n’en savais rien. Mais ce n’était pas si grave, si ? Non. Mais ce n’était pas la seule chose que je ne comprenais pas. Ses photos, toutes ses photos, là, je ne les comprenais pas. Pourquoi ? A quoi cela servait ? A montrer aux autres, oui, mais à qui ?... Ses amis, ses parents ou… Des inconnus ? Pourquoi montrer des choses à des inconnus ? Bon… C’était sûrement quelque chose de moldus. Une chose qui me plaisait dans le sens où cela signifiait une chose : plus jamais je ne passerais une journée sans voir le visage de Mika. C’était mon seul but alors que je prenais la photo, craignant un instant avoir cassé son téléphone, non sans lui demander s’il pourrait me les mettre sur mon futur téléphone. Oui… Un sourire étira mes lèvres. C’était parfait et… Hochant la tête à la photo qu’il me montra alors, je semblai totalement convaincu de l’idée de m’envoyer d’autres photos au point que je détaillai cette dernière avec un peu plus d’attention.

- Tu es magnifique sur celle-là… Le complimentai-je à mi-voix en arquant un sourcil. Tu pourras vraiment me montrer comment mettre des photos comme toi ? Et… Tu pourras les voir n’importe où, donc ? Car c’était aussi le but. Je pourrais te montrer la Corée ? Et… Tu pourras me montrer comment faire des vidéos ? Je pourrais t’en faire aussi comme ça.

Je n’imaginais pas vraiment l’idée de montrer à des inconnus, je n’en voyais pas l’intérêt mais lui, pour lui, cela prenait tout son sens.

Mais avant tout cela, il fallait encore manger et… Je dus admettre que Mika n’avait pas eu complètement tort. C’était bon. Très bon même. Et si je fus surpris de son geste avec ses baguettes, je l’imitai même, tentant, au mieux, de l’imiter, de m’intégrer à une culture que je ne comprenais pas encore totalement.
Une chose me fit cela dit sourire : il venait de manger un maki pimenté et il ne semblait pas être si touché que cela. La remarque faite… Je dus malgré tout retenir un rire. Peut-être avais-je un peu prévalu de ses forces.

- Tu veux que je demande du riz blanc ? Demandai-je en me mordant la lèvre.

Répondant à sa question quant à la nourriture, je tentai de lui faire un état des lieux rapide, de lui expliquer ce que nous pouvions manger au quotidien. Difficile, à vrai dire, sans pouvoir lui montrer. Mais peut-être que sa mère pourrait faire quelque chose, à moins qu’il existe des restaurants coréens… Oui. Il en existait. Mais il avait un peu peur de m’y emmener ? Arquant un sourcil, je secouai doucement la tête.

- Il y aura forcément des choses qui ne piquent pas. Acquiesçai-je. J’en suis sûr. Mais c’est peut-être justement une bonne chose si je « m’y connais ». Ça me permettra de te dire où tu peux aller manger et quel restaurant tu dois éviter parce qu’ils n’ont de coréen que le nom ? Soufflai-je avant de froncer les sourcils. Et ne nous prend pas pour des monstres ! Le grondai-je faussement. Nous ne voulons pas tuer tout le monde par le piment. Juste ceux que nous n’aimons pas. Plaisantai-je alors dans un léger rire. Mais au moins, si nous trouvons quelque chose, tu auras peut-être un moyen de penser à moi, même avec la nourriture. Et cela, finalement, m’importait aussi. Comme lui laisser une partie de ma culture même à des milliers de kilomètres.

Terminant ainsi le repas, admettant que la grande, très grande majorité des choses étaient particulièrement bonne – quoique les edamame pimentés ne furent pas vraiment une réussite, j’avais alors été directement payé, refusant formellement que Mika ne débourse le moindre sou aujourd’hui. Je lui devais au moins cela. Enfin… Non. Je lui devais tellement plus. Mais c’était déjà cela. Glissant alors ma main dans la sienne, j’esquissai un sourire, l’observant un instant avant de quitter sa main pour enrouler mon bras autour de ses épaules dans un sourire encore plus large, une nouvelle preuve de mon lâcher prise ici et maintenant.

- Le téléphone maintenant ! Avais-je affirmé. Comme ça je pourrais commencer à remplir la liste inseutagram !

Oui. Je pourrais tout lui montrer. Il pourrait tout voir, tout connaître de ma vie et… Cela m’arracha un nouveau sourire. Je le voulais. Je voulais qu’il sache tout. Sans exception. J’avais tant à lui faire découvrir de mon monde, tant de chose que je désirais lui montrer d’une vie qui pourtant m’avait toujours semblé vide… On ferait tout ça. Je pourrais tout faire…
Mais après mangé. Un repas qui m’arracha une défaite lourde alors que j’avais fini par admettre que l’idée de sushis péruviens n’était pas si mauvaise – quoique le terme sushi ne soit clairement pas mérité.
Dans tous les cas, il fallait aussi qu’il mange coréen, qu’il trouve un endroit qui puisse me rappeler à lui ici, à Adelaide. Si cela existait… ce qu’il sembla dire, alors il fallait y aller. Pour qu’il puisse, au moins, juger de la véritable cuisine coréenne… Qui n’allait pas forcément le tuer.

- A croire. Avais-je soufflé en réponse, dans un léger sourire amusé. Mais promis, nous allons nous rattraper, tu verras.

Mais il pensait déjà à moi avec les brownies et… Cela m’arracha un nouveau sourire.

- Ce n’est pas assez. Je veux que tu penses à moi tout le temps, menaçai-je faussement avant de me lever pour aller payer.

Là. Nous étions enfin dehors. Et dans un élan d’occidentalité et surtout de liberté, je l’avais attiré près de moi, glissant un bras autour de son cou, son air heureux me rendant d’autant plus serein. Je l’aimais… Et pour ce simple fait, pour seulement voir un sourire sur son visage… Je voulais bien hurler au monde entier qu’il était à moi, avec moi… Mais avant cela, il me fallait encore un téléphone. Il me le fallait pour commencer mon Inseutagram et…

- In… Seuta… Gram. Répétai-je en plissant les yeux. Pourquoi est-ce que vos marques sont aussi compliquées ? Avais-je soupiré avant qu’il ne m’entraîne fans un magasin.

Prendre un forfait pour avoir internet ? Et… non… Enfin…

- La wifi ? Avais-je demandé sans comprendre.

Mais oui. Je n’avais pas de compte banque moldu et… Enfin… Oui mais… Son compte à lui ? Mais… Fronçant les sourcils, je n’étais pas forcément en accord avec cela. Je voulais payer, ou faire ce qu’il fallait pour au moins mais… Je ne pourrais pas ouvrir de compte moldu. Pas sans que mes parents ne soient trop rapidement au courant alors…

- Il faudra que je te rembourse. Soufflai-je.

Mais que voulais-je faire avec le téléphone… Le laissant se détacher de moi, j’avais malgré tout attrapé sa main dans la mienne, incapable de le garder trop loin de moi, de ne pas le toucher, avant de réfléchir à sa question.

- On joue comment sur un téléphone ? Avais-je murmuré de sorte que les moldus autour de moi ne fassent pas attention à ce qui semblait être une question banale pour Mika et donc, sûrement, pour eux.

Quant au budget… Voilà une nouvelle question difficile alors que je n’avais toujours aucune véritable notion de l’argent moldu australien. Relâchant alors sa main, j’avais attrapé mon sac sans fond pour en sortir un portefeuille estampillé d’une grande marque moldue – seule chose moldue que j’avais d’ailleurs – afin de le lui tendre. A l’intérieur, il y avait peut-être plus de 2.000 dollars australiens en petite coupure. De quoi le remplir à raz-bord sans que je ne m’inquiète plus que cela.

- J’ai encore tout ça. Mais je peux en retirer davantage. Avais-je néanmoins noté. Ce n’est pas un problème. Et ne t’inquiète pas pour mes parents, précisai-je en plissant les yeux. Ils croient de toutes façons que je fais tout pour séduire Merindah. Ils seraient bien capables de me donner davantage de gallions pour ces vacances.

Le pire était peut-être que je n’avais, finalement, presqu’aucune honte à leur mentir de la sorte tant je me sentais bien ici.

- Mais je veux un téléphone qui me permette de faire des photos comme sur le tien. Et où je peux changer le fond aussi, comme le tien. Et qui me permette aussi de t’appeler en vidéo… Comme le tien aussi. Et… Qu’il puisse aussi rester caché, qu’il sonne pas tout le temps… Pas comme le tien du coup. On l’entend trop. Il ne faut pas que mes parents apprennent que j’ai un téléphone moldu ou voit la photo que je veux voir en premier dessus. Avais-je soufflé alors que je savais très bien ce que je désirais voir sur mon téléphone. Et tu crois que je pourrais faire des vidéos de musique chez mes parents aussi ? Avais-je alors demandé, curieux.

- C’est pas simple ! Râlai-je à nouveau. Vous mettez cinquante consonnes les unes après les autres !

J’exagérais, comme souvent, mais tout de même. Je peinais à prononcer leurs marques. C’était définitif. Tout comme j’allais avoir du mal à choisir un téléphone… Que voulais-je faire avec ? Je n’en savais trop rien. Je ne savais même pas de quoi il me parlait exactement. Le wifi ? Qu’est-ce que c’était ?

- Donc… C’est internet le forfait ? Et il peut être sur le téléphone ou sur la maison ou les magasins ? Tentai-je de résumer sans que je n’arrive à tout saisir.

Une chose était néanmoins sûre : je ne pourrais pas payer ce forfait. Pas sans compte moldu que je ne pouvais pas m’ouvrir. Parfait… J’allais devoir dépendre de Mika et évidemment le rembourser, sa réponse me faisant plisser les yeux.

- On ne verra pas. Rétorquai-je en entrant dans la boutique pour le laisser m’échapper… Et le rattraper, comme toujours, ma main glissant dans la sienne.

Cela n’avait pas répondu à la question : que voulais-je faire du téléphone ? Des photos, oui, mais le reste ? Jouer ? Comment ? Observant un instant l’écran de Mika alors qu’il me faisait une démonstration, mon visage démontra toute l’incompréhension de ce que je venais de voir.

- A quoi ça sert ?... Soufflai-je pas vraiment convaincu.

Je comprenais les photos, je comprenais les vidéos, je comprenais que l’on puisse observer des choses pour les reproduire notamment mais… Cela… Où était le but d’une telle chose ? Non. Je ne comprenais pas. Peut-être un « truc » de moldu que je n’aurais pas, ce n’était pas bien grave. Dans tous les cas, quel que soit le téléphone, j’espérais avoir assez d’argent et… Reprenant mon portefeuille en fronçant les sourcils, je le rangeai alors en penchant la tête.

- Niveau vol ?... Soufflai-je sans comprendre. Vous connaissez le vol ?

Ok. Je n’avais pas tout compris sur ce coup, perdu entre deux mondes, le mot « vol », m’avait tout suite amené à penser au vol sur balai. Et pas au vol dans son second sens. Pas quand ce n’était pas si habituel chez moi et… J’avais senti un léger mouvement de Mika à mon explication quant à Merindah, l’observant un instant, j’avais secoué la tête. J’avais sûrement rêvé.

Tentant une définition de ce que je désirais, du portable qui m’intéressait, j’avais tenté de décrire son téléphone mais sans le son, finalement. C’était la seule chose que je ne voulais pas. Il fallait que je sois discret avec cet objet moldu, d’autant plus lorsqu’il y serait affiché. Esquissant un léger sourire au sien, j’avais alors posé mes mains sur sa taille pour l’attirer un peu plus et répondre à son baiser. En public. Encore. Un geste qui me perturbait de moins en moins voire même qui me plaisait… Il était à moi, j’étais à lui et… Et c’était parfait.

Ecoutant ses explications, j’avais alors hoché la tête pour le laisser s’échapper à nouveau de mes bras et venir observer ce qu’il me montrer. Un peu cher. Il se pliait. Il était puissant, quoique je ne comprenais pas trop ce que la puissance d’un téléphone veuille dire et… Batterie ?

- Nous n’avons pas d’électricité. Soufflai-je en grimaçant. Mais comment est-ce qu’on utilise une batterie ? Et comment on recharge les deux ?

Deux choses que je ne comprenais pas et qui semblait visiblement embêtant… Mais je me débrouillerais. Je pouvais m’échapper, aller dans le monde moldu. Je trouverais un moyen. Il était hors de question que je ne le fasse pas. J’avais besoin d’un téléphone.

- Samsung ? Cette fois, j’y arrivais ! Une marque réussie ! Observant à nouveau le téléphone, j’admettais qu’il était très petit, de quoi le cacher davantage. Lui il est bien. Approuvai-je alors sans chercher plus loin. Et il est à… 1.849 $AU. Alors je crois que j’ai encore assez.

C’était un chiffre assez énorme mais s’il faisait de belles photos et de belles vidéos et qu’en plus je pouvais aisément le cacher et le mettre en silencieux comme avait dit Mika… Alors c’était lui qu’il me fallait.

- Il fait vraiment de belles photos et de belles vidéos ? Redemandai-je malgré tout car cela restait le plus important. Et la voix est claire dessus ? Quand on se parlera. Car cela aussi, finalement, c’était très important. Donc je veux lui. Avais-je finalement décrété, vraiment pas difficile à convaincre. Le… Galaxy Z Flip 5… C’est un nom un peu bizarre soufflai-je, en lisant l’étiquette. Il faut demander à un vendeur de venir décrocher le téléphone, je suppose ? Repris-je alors en observant autour de moi.

Se détendre ? Arquant un sourcil, j’admettais ne pas vraiment comprendre en quoi appuyer sur un écran en rythme ou je ne savais pas quoi aidait à se détendre. Une logique qui m’échappait réellement alors que je plissai légèrement les yeux.

- Je me détend déjà avec toi…

Parler avec lui, rester dans ses bras me détendait bien largement. Tout comme, d’ailleurs, jouer de la musique. C’était de la détente, ça, pas… Appuyer sur un écran. Enfin pas pour moi. Pas de mon prisme de sorcier qui ne connaissait rien aux objets et façons de vivre moldus. Dans tous les cas, j’avais de quoi acheter un téléphone. Même s’il ne fallait pas que je le montre.

- Ah… Soufflai-je lorsque je compris ce qu’il voulait entendre par « vol ». Je n’y avais pas pensé…

Parce que là encore, cela n’était pas la chose la plus logique pour moi. Sûrement étais-je trop inconscient de bien des choses, je pouvais l’entendre, mais tout de même… Enfin. Je rangeai mon portefeuille, peu désireux de me faire voler cet argent malgré tout, pour observer le téléphone que me montra Mika, non sans profiter un instant de ses lèvres avec le plus grand plaisir, un sourire s’installant dès lors sur mon visage, comme bien souvent lorsqu’il était près de moi. Un sourire qui se mua néanmoins rapidement en air interrogatif. Une batterie et recharger… Je ne comprenais pas. Du moins je ne l’avais pas compris jusqu’à ce qu’il m’explique.

- Il n’y en a pas à piles ? Ce serait peut-être plus simple. Réfléchis-je alors, prenant mes cours sur l’énergie moldue en référence.

Deux façons de faire chez eux : l’électricité, que je n’avais pas, et les piles, que je pouvais acheter. Alors même s’il ne serait pas sorcier de trouver où recharger les appareils et même si deux heures pouvaient facilement être trouvés dans une journée tant mes parents pouvaient oublier mon existence lorsque j’étais chez eux et tant que je faisais ce qu’ils m’ordonnaient, ce serait peut-être toujours plus simple d’acheter des piles.
Enfin. Ce problème passé, il était vrai que ce téléphone, et notamment de par sa taille, semblait parfait. Un Samsung donc… C’était sa marque et…

- Oui. C’est facile ça, les consonnes sont douces, pas comme dans votre Inseutagram ou Seutaleubucks. Rétorquai-je.

Mais définitivement. C’était lui que je voulais. Même s’il était effectivement cher, ce que nota forcément Mika, m’arrachant un haussement d’épaules.

- Je te l’ai dit. Ce n’est pas important ça. J’ai de l’argent. J’irais en rechercher et mes parents m’en redonneront. Tant que c’est pour « ta sœur » et pour que j’aie l’espoir de l’épouser, ils ne poseront aucune question. Répétai-je, sûr de moi en esquissant un sourire. Ce qui peut d’ailleurs paraître ironique quand on sait que c’est son « frère » que je vais épouser. Repris-je finalement, cherchant ses lèvres un instant avant de me redresser.

Je voulais néanmoins être sûr d’une chose : il fallait que tout soit de bonne qualité. Chose qu’il vint à me prouver. Les photos, c’était parfait, quant à la voix… Le réseau ? Encore un mot que je ne comprenais pas mais que j’approuvai d’un hochement de tête. Il ne s’en inquiétait pas, c’était peut être la seule chose que je voulais savoir.
Ne restait donc qu’à acheter de téléphone mais… Comment ? Un vendeur devait-il venir nous le décrocher ? Non. Je devais choisir une couleur… Ah… Mais laquelle ? Plissant les yeux, j’observai les quelques choix défiler. Bleu… Rose… Noir… Vert…

- Lui ! M’exclamai-je alors en voyant le jaune apparaître. Comme ça il me fera d’autant penser à toi. Comme Hae.

Esquissant un sourire, nous avions ainsi fini par acheter le téléphone, provoquant la surprise du vendeur face à tous les billets qui furent, fort heureusement, acceptés malgré une hésitation, puis un forfait que Mika avait dû prendre en charge, provoquant une grimace de mécontentement alors que je ne pouvais définitivement pas faire autrement. Et enfin, nous étions rentrés. Par le bus. Avec les vidéos, comme à l’aller, m’empêchant de penser à la route et de me sentir mal.
Comme rarement, j’étais excité. Comme un enfant face à un nouveau jouet, je pressai presque Mika jusqu’à sa chambre pour m’asseoir sur son lit et déballer le nouveau téléphone afin de me rendre compte que… Je ne savais pas l’allumer. J’avais dans mes mains un objet éteint et je ne savais pas quoi faire. Alors, désespéré, mon regard se leva vers Mika, dans une moue frustrée.

- Je dois faire quoi ? Soufflai-je en lui tendant le téléphone. Ça ne s’allume pas comme toi…

Le laissant venir à moi, j’avais soudain changé d’idée ou plutôt reculé l’aide que je lui demandai, l’attrapant par la taille pour le basculer sur le lit, le surplombant pour l’observer un instant, le sourire aux lèvres.

- Merci… Au fait. Lui murmurai-je en frôlant ses lèvres des miennes avant de les capturer avec tendresse. Je crois que j’ai le meilleur fiancé du monde. De l’univers même. Ris-je un instant, plus rayonnant que je ne l’avais jamais été. Et le plus patient…

Appuyé sur un bras, j’avais finalement relevé le téléphone éteint à hauteur de ses yeux dans un nouveau rire.

- Parce que je crois qu’il va falloir vraiment beaucoup de patience…

Donc la batterie était une grosse pile. J’avais fini par comprendre le concept, plus ou moins, mais au moins j’avais saisi et ainsi pus-je acquiescer avant de choisir définitivement le téléphone, prononçant étonnamment bien, riant légèrement à la remarque de Mika.

- Je suis la plus belle et la plus douce des consonnes. Approuvai-je faussement vaniteux.

J’allais donc acheter ce téléphone qui se pliait et qui pourrait être facilement caché. Même si cela coutait cher, ce serait parfait – du moins j’en avais l’impression mais puisque je n’y connaissais rien… Mes parents me fourniraient davantage si j’en avais besoin alors… Alors à nouveau, à ce fait, je sentis un mouvement de la part de Mika. Un mouvement bien plus clair qu’il ne l’avait été jusque-là. Mais c’était lui que j’allais épouser, pas elle et si sa préférence me fit sourire, je ne pus m’empêcher de l’attirer à moi, le serrant un instant dans mes bras.

- Ca va ? M’enquis-je dans un murmure à son oreille.

Mais je n’allais pas insister davantage. Il nous fallait rentrer, ou du moins d’abord acheter le téléphone pour rentrer et prendre des photos et des vidéos. Ainsi me décidai-je d’abord pour le jaune. Comme le soleil qu’il était et pas… Ah oui, Poufsouffle. Plissant les yeux, j’haussai légèrement les épaules.

- Je suis un faux Poufsouffle. Soufflai-je. Le seul qui n’est pas aussi accueillant que vous tous. Ils ont dû se tromper de maison… Enfin. Non. C’était juste pour que je te rencontre, voilà tout. Conclus-je dans un sourire avant que nous ne passions en caisse.

Le tout payer, Mika ayant géré la partie forfait à laquelle je n’avais strictement rien compris ou presque, provoquant d’ailleurs un regard surpris à plusieurs de mes questions au vendeur, nous avions fini par reprendre le chemin de la maison jusqu’à sa chambre jusqu’à laquelle je le trainai. Ne le relâchant qu’à l’intérieur, je m’étais alors installé sur le lit pour déballer le téléphone avant hâte avant de m’arrêter. Je ne savais pas comment faire. Ce n’était pas comme le sien, je pouvais appuyer n’importe où, rien ne se passait. Alors, je l’avais appelé, désespérément, à l’aide.

Une aide qui fut reculée dans le temps alors que je l’allongeai soudain sur le lit pour le remercier, pour l’embrasser, encore. Il était le meilleur. Vraiment.

- Pour me supporter ? Soufflai-je à sa réponse. Il fallait au moins toi, oui. Plaisantai-je avant que le téléphone ne se montre à ses yeux.

Oh oui. Il y avait besoin de patience avec moi, avec beaucoup d’aspect de ma vie autant que de ma personnalité. Une patience qu’il avait. Vraiment. Et…

- Tu as découvert mon secret ! Répondis-je dans un rire en me redressant pour lui laisser le téléphone et répondre à son baiser dans un sourire ravi.

Et ainsi l’avais-je laissé faire, l’écoutant, tentant de retenir, relisant les fiches pour apprendre, comprendre aussi, ce qu’il fallait faire, jusqu’à ce qu’il ne vienne prendre une photo, me mordant la joue alors que mon sourire se faisait d’autant plus amusé et… Observant la photo une seconde, j’en étais, à vrai dire, presque surpris. Ainsi je ressemblais à cela lorsque j’étais vraiment heureux ?... C’était… Parfait.

- Oui. Finis-je par répondre. J’ai une question mais… Ça n’a pas grand-chose à voir. Je n’avais surtout pas oublié ces mouvements qu’il avait eu. Il y a quelque chose avec Merindah ? M’enquis-je alors en fronçant doucement les sourcils. Tu as eu l’air… Enfin… Quand j’ai parlé d’elle tout à l’heure j’ai cru que tu n’étais pas… Disons… Ravi d’entendre son prénom. Tentai-je d’expliquer sans trop y parvenir.

Mais pour ce qui était du téléphone, je n’avais pas vraiment de questions. Pas pour le moment. Et au pire, je savais désormais comment l’appeler, ce que je tentai de faire immédiatement, entendant son téléphone sonner. J’avais réussi. Alors je pourrais l’appeler en cas de question même loin de lui. En attendant, pour les vidéo… Il faudrait commencer avec l’ordinateur. D’accord…

- Il faudra que j’aie un ordinateur aussi ? M’inquiétai-je légèrement alors que l’apprentissage du téléphone me semblait déjà être une épreuve. Et qu’est-ce que ça change ?

Après tout, si on pouvait faire avec le premier, pourquoi avoir besoin du second ? Je ne comprenais pas vraiment mais… Je lui faisais de toutes les manières confiance. Me relevant lorsqu’il se rassit, j’acquiesçai à ses mots en cherchant de nouveaux vêtements dans ma valise.

- Si tu sais les trouver je pourrais les jouer. Approuvai-je en me redressant pour mes déshabiller, bien plus à l’aise que sur la plage, avant de remettre pantalon, t-shirt et gilet blanc plus confortables et attraper mon téléphone pour un premier test. Comme ça et…

Tentant de prendre une photo comme il l’avait fait, je lui avais envoyé le résultat avant de lui sourire victorieusement. Ce n’était peut-être pas la plus belle photo mais c’était la première et la seconde vint très rapidement puisque je fixai l’appareil sur lui pour le prendre, à son tour, en photo. Cela allait me plaire. Vraiment beaucoup me plaire.

Me rasseyant sur le lit, j’avais attrapé ma guitare au passage. Je ne savais pas combien de temps allait prendre sa recherche mais je pouvais au moins jouer en attendant, chantant pour lui faire passer le temps, l’accompagnant en musique. Ce n’était pas un paiement élevé, mais c’était déjà cela… Puisqu’il aimait, je n’allais pas m’en priver…

Bon élève, j’avais tout écouté avec une attention parfaite jusqu’à ce qu’il veuille connaître mes questions. J’en avais une, effectivement, mais qui n’avait rien à voir avec le téléphone et dont la réponse m’arracha un air surpris. Pourquoi était-il si gêné ? A en détourner les yeux et… Ce n’était pas son habitude… Et j’admettais que cela m’inquiéta jusqu’à ce qu’il m’explique, que mon regard ne s’étonne davantage avant qu’un léger sourire n’apparaisse sur mon visage. Il était possessif ? Pour la première fois, j’avais l’impression de sentir cela, de sentir une possessivité qui me fit étrangement du bien. Il tenait à moi au point de l’être, au point d’être dégouté d’imaginer une femme me toucher. Il m’aimait bien assez pour refuser de me partager, même dans une mariage arrangé et…

- Hae… Soufflai-je en l’attirant à moi un instant alors qu’il avait voulu s’échapper. C’est pas ok. Ça n’arrivera pas. Aucune femme ne me touchera.

Plus le temps passait et plus il m’était impossible d’imaginer cette chose arriver. Non. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas accepter que d’autres mains se posent sur moi, femme ou pas femme… Je ne voulais que lui, je n’acceptais que lui… Il était le seul et l’unique et il le resterait. Je trouverais le moyen. Mais il le resterait.
Le laissant partir, il était alors revenu rapidement pour venir chercher des partitions, me faisant me questionner sur l’importance qu’il donnait à l’ordinateur. Une importance relative, alors… Ce serait seulement plus pratique pour le moment… Soit. Hochant la tête, je m’étais alors éloigné pour l’imiter, pour me changer avant de revenir attraper mon téléphone et me prendre en photo, d’abord pour la lui envoyer. La première, pour lui, la seconde pour moi, alors que ce fut à son tour de se faire prendre en photo avant que je ne me rasseye, guitare en main, pour commencer à jouer.

Ce moment avait quelque chose de magique. Il était pourtant d’une simplicité sans égal… Lui sur son ordinateur, moi sur ma guitare. A vrai dire, l’on aurait presque dit une image d’un livre sur les moldus tant cela était simple. Et pourtant… A mon sens, cela relevait de la magie. Tout était parfait, tout était magique. Juste… Magique.

Je ne m’arrêtai de jouer que lorsque la machine à sortir des pages de partitions se mit en route, attirant mon regard et toute mon attention. Déposant ma guitare, je m’étais approché de l’appareil, m’asseyant sur le côté – au cas où cela soit dangereux et que le papier sorte comme un boulet de canon – pour l’observer attentivement, les yeux plissés.

- C’est une machine géniale… Soufflai-je, presque subjugué. Comment elle fonctionne ? Tu lui as ordonné d’écrire des partitions des chansons et il les copie ? Comment ?

J’étais… Subjugué. Littéralement. Autant par le bruit que par le mouvement de la feuille blanche qui ressortait écrite. C’était… Là encore, c’était magique. Comme la plupart du monde moldu, d’ailleurs.

Mais bientôt, ce fut autre chose qu’il fallut me montrer. La « console ». Les feuilles déposées sur le lit, j’avais alors rejoint Mika, m’asseyant par terre pour observer la télévision et… Hein ? Que ? Quoi ? Je ne comprenais rien. Littéralement. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait d’autant que Mika n’aidait absolument pas avec son explication et… Ah. Il n’aimait pas parce que le personnage à la télévision était mort…

- D’un côté, l’homme en face de l’écran était visible… Notais-je dans l’innocence la plus complète.

Et puis il était reparti. Observant l’écran intensément, je tentais de comprendre ce qu’il se passait, de comprendre comment les choses avançaient et comment Mika faisait les choses et… Son cri de victoire me fit largement sursauter, tombant sur le côté pour l’observer avec des yeux surpris. Qu’est-ce qui lui prenait ?

- Tu n’es pas un patron… Avais-je alors articulé en me redressant. Tu es élève et joueur de Quidditch…

Pourquoi avait-il parlé de patron et pourquoi était-il si content ? Les choses allaient tellement vite que je n’avais strictement rien compris…

- Mais tu devrais danser plus souvent comme ça. Soufflai-je dans un léger rire malgré tout.

- Je trouverais un moyen… Avais-je murmuré.

Parce qu’il ne s’agissait pas seulement de son dégoût mais aussi du mien, de cette crainte de voir quelqu’un d’autre me toucher alors qu’il était le seul dont j’avais envie, le seul dont j’avais besoin et même si sa solution me fit sourire, même si je cherchai ses lèvres un instant, je n’insistai pas. Pas maintenant alors que nous avions bien d’autres choses à faire comme me changer, à son instar, d’abord mais aussi le laisser chercher pendant que je jouai de la guitare et cela jusqu’à ce qu’un bruit n’attire mon attention.
M’étant relevé, je m’étais approché de l’appareil au bruit afin de l’observer avec une attention certaine, ne me retournant que pour plisser les yeux au rire de Mika sans comprendre le pourquoi du comment. Mais il y avait plus intéressant : comment cela fonctionnait ? Une imprimante donc. C’était le nom de cette machine. Soit. Mais encore ?

- C’est un peu comme une plume de recopiage… Soufflai-je pour tenter de trouver un comparatif avec ce que je connaissais.

Je n’aurais pourtant pas toutes mes réponses. Il n’en savait pas vraiment plus. J’irais donc chercher dans les livres pour connaître tout de cette machine qui m’avait intrigué car avant cela… Mika se décida de me montrer sa « console » et ce qu’il pouvait faire avec. M’asseyant au sol, je l’avais alors sagement observé, tentant de comprendre les choses avec ses maigres explications qui se perdaient dans ce que j’avais compris être un jeu où il fallait tuer d’autres personnages animés qui apparaissaient sur l’écran. D’autres personnages qui le tuèrent. Evidemment. Je l’avais vu en plein milieu de l’écran et si cela provoqua le mécontentement de Mika, je tins malgré tout à rétablir la vérité : il aurait pu l’éviter s’il avait fait attention. Ce qui… Accentua visiblement son mécontentement, son côté très mauvais perdant m’arrachant un sourire amusé.

- Du côté de la justice. Répondis-je avant qu’il ne reprenne une partie, avant qu’il ne gagne et ne vienne fêter bruyamment sa victoire, me faisant sursauter avant de le reprendre.

Il n’était pas un patron. Il était un élève et un joueur de Quidditch rien d’autre et… Arrêter d’être mignon et à côté de la plaque ? M’étant relevé, je penchai légèrement la tête sans comprendre. De quoi parlait-il et…
Et je fus repoussai sur le lit, tombant, surpris, sur ce dernier alors qu’il s’installait sur mon bassin, me faisant de nouveau plisser les yeux d’incompréhension. Une expression ?... Drôle d’expression qui ne voulait rien d…

Mes pensées s’arrêtèrent soudainement alors que ses lèvres capturaient les miennes et que mes mains furent bientôt plaquées au-dessus de ma tête. Une tension. Mon corps venait de se tendre à ce geste sans que j’accepte d’en comprendre la raison. Un peu comme moi quand je voulais commander au lit donc… Je commandais, donc j’étais le patron et… Et mes pensées m’empêchaient de tout saisir ou du moins de pouvoir répondre alors que je l’observai, presqu’interdit, le battement raté de mon cœur m’ayant perturbé au point que je ne répondis pas immédiatement, que, lèvres entrouvertes, il me fallut quelques secondes supplémentaires pour me redresser dès lors qu’il quitta mon bassin. C’était… Secouant la tête pour me sortir de mes propres pensées, j’avais esquissé un sourire plus gêné à la suite de ses mots, peut-être un peu trop tard, d’ailleurs.

- J’y penserais la prochaine fois. Avais-je répondu, comprenant cette fois le terme « à côté de la plaque » tant je m’y sentais.

Déglutissant un instant, j’avais de nouveau secoué doucement la tête pour arquer un sourcil, mes yeux se posant sur les partitions.

- Heu… Oui. Avais-je hésité avant de reprendre contenance. Mais je ne me moquerais jamais de toi, Hae. Soufflai-je. Ce n’est pas mon style. Mais tu devrais quand même acheter des lunettes. Complétai-je d'un ton sérieux en retenant un rire moqueur, dans un large sourire alors que j’attrapai guitare et partition comme pour me protéger. Tu préfères quelle chanson ? Demandai-je alors en déposant les partitions pour les observer. C’est celle que j’apprendrais en premier. Tu auras le temps de continuer à perdre et à râler en attendant. Soufflai-je bien plus bas avant de rire de mes propres bêtises.