Mon cerveau était éteint. Mes gestes étaient presqu’uniquement instinctifs. Et cela n’avait fait que m’amener à une évidence. J’avais encore envie de lui, envie de son corps, de le toucher et… Et son corps réagissait, je… Je n’avais plus la force, je n’avais aucune force pour me le permettre, pour faire quoique ce soit…
J’avais pourtant eu du mal à reculer, à ne plus le toucher mais… Mieux valait encore que je m’éloigne alors que ma langue avait tout trahi, trahi cette envie, cette passion qui ne disparaissait jamais.
De retour sur le lit, je m’étais pourtant rendu à l’évidence bien trop rapidement : j’avais besoin de lui, besoin de ce contact que je venais de fuir. La faim n’était rien, le sommeil non plus s’il n’était pas près de moi. C’était son contact qui m’avait réveillé. Il fallait qu’il revienne.
Je l’avais ainsi presque supplié, la main tendue vers lui. Il fallait qu’il revienne. Et il revint. Le laissant placer ma main, ce simple contact m’avait finalement suffi pour me rendormir alors que je me crispai légèrement sur lui comme pour lui interdire de repartir.

J’étais incapable de dire combien de temps j’avais pu dormir, quelle heure il pouvait-être et presqu’où nous nous trouvions. Je savais seulement que mon corps me faisait mal et qu’un bruit inquiétant venait de me réveiller en sursaut, provoquant une nausée dès lors que je me redressai.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?... Grognai-je en grimaçant tant mon ventre se tordait.

Il me fallut quelques secondes pour comprendre, pour réagir, glissant ma main au-dessus de lui. J’avais appris un sort pour ses après entrainement, un sort pour détendre ses muscles… Si je ne me trompais pas… Peut-être cela suffirait-il… Je l’espérais, car je n’avais l’énergie pour rien d’autre. D’autant plus que ma nausée ne semblait pas vouloir partir, au contraire…

- Tu as quelque chose à manger ?... Articulai-je sans me souvenir de son repas nocturne.

Je savais pourquoi j’avais mal au ventre. Je savais que je n’avais rien mangé. Il fallait que… Je devais manger. Même sans envie. Mais avant… Je n’avais pu m’empêcher de me recoucher, de glisser mon bras et ma jambe sur Mika pour le serrer contre moi dans un gémissement de mécontentement.

- Mais il faut pas que tu t’en ailles… Soufflai-je en caressant lentement sa peau, distraitement. Ça va ?... Il est quelle heure ?...

Je n’avais même pas envie de tendre le bras pour attraper l’un de nos téléphones. Glissant mes lèvres sur sa joue, les yeux fermés, je l’avais couvert de courts baisers avant de pouvoir esquisser un sourire, serein malgré mon mal de ventre.

- On peut rester ici jusqu’à la fin des temps ? Demandai-je. Juste tous les deux… Et je t’embrasse tout le temps comme ça…

Ca me semblait être un bon plan.

Lui soulagé, arrêtant de gémir, cela avait été le plus important, la première chose à faire avant que je ne m’attaque à un deuxième problème : ma nausée liée à ma faim. Une faim qu’il allait me falloir contrecarrer et cela en… Hé bien en mangeant, chose que je lui demandai alors, plissant les yeux.

- Quand est-ce que tu as mangé ? Soufflai-je, perplexe face à sa réponse.

Mais ce n’était pas ce qui m’importait le plus. Non. A la place, je l’avais serré contre moi, refusant qu’il ne s’éloigne même d’un seul centimètre. Il allait rester là. Avec moi. Contre moi. C’était non négociable tant je me sentais bien. Mais il allait bien et… Quatorze heures… Avait-on dormi aussi longtemps ou nous étions nous couché tard ? Je n’en savais rien et d’ailleurs je m’en moquais complètement alors que je ne pouvais qu’esquisser un sourire au souvenir de notre nuit, quand bien même l’épuisement était-il réciproque.

- Epuisé. Avais-je ainsi aussi admis. Et j’ai mal partout et la nausée mais… J’avais grimacé. J’ai juste faim.

Pour autant, cela ne m’empêcha pas de proposer de rester au lit, pour toujours, pour que je continue à l’embrasser comme j’étais en train de le faire, là, encore et encore, lui arrachant des rires qui me poussèrent à le faire de plus belle jusqu’à ce qu’il ne reprenne parole et… Oui. Soit. Ses arguments étaient, disons, valables. Mieux… Ils m’arrachèrent un plus large sourire.

- Et c’est vrai que je veux me marier avec le meilleur attrapeur d’Australie et du monde. Soulignai-je dans un léger rire. Et que j’ai très envie d’avoir des enfants avec toi aussi.

Cela me paraissait pourtant… Enfin… Nous étions jeunes, très jeunes. Mais cela ne changeait rien. Cet avenir, j’en avais envie. Même si cela m’arrachait mon idée bienheureuse de rester au lit ainsi et… Si tôt ?! Il venait de se décaler, me faisant légèrement gronder alors que je me redressai dans le lit, tentant d’étirer mes muscles endoloris.
Réchauffer et manger. Oui, je pouvais le faire, et pour… J’avais cligné les yeux pour l’observer avant de rire un coup, reposant le sachet pour l’embrasser, non, le picorer, à sa place.

- C’est moi qui t’attaque ! M’étais-je même exclamé avant de me calmer. Enfin… D’accord. Manger d’abord.

La nausée était trop forte. Mieux valait que j’aie quelque chose dans le ventre. Après… Je pourrais toujours le coincer sous la couette et lui faire subir les derniers outrages en termes de bisous. Voilà. C’était terriblement niais. Mais c’était une optique qui m’allait particulièrement bien aujourd’hui. D’autant que… Un instant, mon visage s’était fait légèrement plus sombre, comprenant ce que la soirée d’hier pouvait aussi signifier. C’était la fin des vacances. La fin de nos vacances ensemble. Ce soir, j’allais retourner en Corée, dans ma famille, loin de lui et… Secouant la tête, j’avais tenté de penser à autre chose, faisant venir mon téléphone à moi, non sans avoir réchauffé et pris une première bouchée de… C’était quoi déjà ? Ah.
Ma nourriture vérifiée, j’avais reposé le tout pour allumer l’appareil photo de mon téléphone et mitrailler littéralement mon fiancé.

- J’ai besoin de ça pour survivre jusqu’à la rentrée. Soufflai-je dans un léger sourire. Surtout que je saurais que tu n’as aucun vêtements sous cette couette. Riant à cela, j’avais repris, doucement, mon premier repas de la journée avant de relever la tête. Et tes parents ? Ils… Ils sont rentrés ? Ou ils vont rentrer ? Enfin… Ils rentrent quand ?

Une inquiétude qui venait de me prendre, comme ça, alors que je me rendais compte que nous étions au lit à quatorze heure et que… Grimaçant alors que le simple fait de savoir que je serais demain chez moi semblait raviver mon stress constant, j’avais soupiré. C’était vrai… Eux s’en moquaient de toutes façons…

- Tu as intérêt à m’envoyer des photos tous les jours et à répondre au téléphone quand je t’appelle. Décrétai-je faussement. Sinon… A la rentrée, je… Je fais lit à part ! Et Rainy me fera gagner à tous les jeux de cache-cache aussi ! Comme ça tu perdras tout et tu n’auras plus mon corps !

Je dus réussir à rester sérieux l’espace d’une dizaine de seconde avant de rire, secouant la tête et reposant la nourriture pour me glisser de nouveau contre Mika, épousant son corps de mien afin de m’y blottir.

- J’ai pas du tout envie de partir, Hae… Soufflai-je cette fois dans une vérité que je ne pouvais même pas cacher.

- J’ai fait quoi ?...

Je ne m’en souvenais pas. Vraiment pas. J’avais beau chercher jusqu’au fond de ma mémoire, rien ne me revenait d’autre qu’un sommeil profond sans rêve, que le noir absolu.

- Donc même quand je dors j’ai envie de toi… Avais-je conclu dans un léger sourire amusé malgré tout. C’est bon à savoir…

Mais il voulait savoir comment j’allais et… Bien. J’allais bien. Vraiment bien au moins mentalement. Le physique, lui, finirait par suivre lorsque j’aurais mangé, que mes nausées se seraient estompées. Une chose, d’ailleurs, que j’avais fini par faire, non sans vouloir chahuter un peu avant, en vain. Il fallait définitivement que je mange et…
J’allais partir. Cette pensée m’avait assombri. Plus que je ne l’aurais voulu, m’obligeant à reposer la nourriture pour le prendre, lui, en photo, tentant de plaisanter, souriant à la réaction de Mika.

- C’est que ça aussi ça va me manquer. Avais-je admis.

Tout allait me manquer. Sans exception. La vie avec lui allait me manquer et… Mieux valait que je n’y pense pas maintenant. A la place, j’avais préféré m’enquérir du retour de ses parents qui me rassura et… Et à nouveau. Mon départ… Mika allait devoir m’envoyer des photos et répondre au téléphone. Il n’allait pas avoir le choix au point que je l’avais menacé, faussement et… Et lui aussi, en retour.

- Comme si des jouets pouvaient me remplacer. Avais-je tenté de me défendre pour ne pas attaquer directement ses jouets et prouver encore et toujours cette jalousie étrange que je pouvais développer pour ces choses moldues qui, je l’admettais désormais, étaient bien agréables dans certains contextes.

Le sentant me serrer contre lui, j’avais pour autant rapidement compris, fronçant les sourcils alors que je reposai la fin de mon repas improvisé pour me glisser contre lui, le serrant tout autant.

- On trouvera un moyen pour que je revienne plusieurs fois. Assurai-je, voulant paraître plus serein que je ne l’étais alors que ma main glissait dans ses cheveux. Je vais t’appeler tous les jours et avant d’aller dormir, en me réveillant, dès que je ferais quelque chose et que je serais seul je t’appellerais. D’accord ? Et tu feras la même chose. Tu m’appelleras dès que tu en auras envie. Et avec la caméra.

Cela nous permettrait au moins de nous voir. Ce ne serait certainement pas suffisant mais cela permettrait de nous faire attendre les quelques dernières semaines de vacances qui n’en serait plus, à mon sens.

- Et après… On aura encore un an ensemble, dans notre chambre. Lui murmurai-je, caressant lentement ses cheveux, son dos, mes lèvres se posant sur son front. Ca va passer vite jusqu’à la rentrée…

Quant à monter dans notre chambre dès que j’arriverais… Je n’aurais pas fait le contraire de toutes les manières. Alors, doucement, j’avais hoché la tête.

- Dès que j’arrive, je monte et je te garde contre moi jusqu’à ce que tu n’en puisses plus. Soufflai-je dans un léger rire. Ca va passer vite, Hae… Promis.

Je n’en étais pas sûr, moi-même. Mais… J’avais envie de le rassurer, envie qu’il me laisse partir le cœur plus léger là où l’idée même d’être séparée de lui me faisait terriblement mal.

- Et tu sais quoi ?... Tous les soirs avant que tu t’endormes, on fera un appel et… Et je jouerais pour toi. Ça sera plus facile que juillet, non ?

Relevant sa tête, je l’avais alors embrassé, tendrement. Plus que tendrement même tandis que je me perdais contre ses lèvres, l’aimant alors comme si cela allait être la dernière fois.

- Je t’aime… Murmurai-je contre sa peau. Je t’aime plus que tout… Ça passera vite…

Finalement, j’essayais presque autant de le convaincre que de m’en convaincre. En vain. Alors… J’avais fini par me redresser, me forçant à sourire.

- Mais je ne suis pas parti. Et il faudrait qu’on aille ranger la maison. J’aimerais… Tu crois que c’est possible de passer un dernier repas en famille ? Enfin… Avec ta famille ?

C’était une demande étrange, mais ils m’avaient offert une chose qui allait me manquer ici. Outre Mika, outre sa présence, son contact… C’était leur famille et l’ambiance de cette maison qui allait aussi me manquer. Définitivement.

- Ça te manquerait trop de ne pas bouger dans tous les sens. Soufflai-je en réponse dans un rire.

Mais oui. A moi aussi, tout allait me manquer. Tout en le sachant pourtant, je me rendais compte aujourd’hui combien j’avais besoin de lui, combien il complétait ma vie bien plus que n’importe quoi, que n’importe qui.
Alors je l’avais menacé. Il fallait que j’aie de ses nouvelles autant que possible. Une menace loin d’être sérieuse qui entraîna sa propre menace. Des jouets… Je n’aimais toujours pas l’imaginer sans moi. Jaloux d’une chose idiote, j’avais pourtant tenté de ne pas le lui montrer, rétorquant un fait simple : ils n’étaient malgré tout pas moi. Une chose que Mika accepta, autant que je ne pouvais qu’approuver le fait que oui, cela avait été particulièrement efficace hier.

Malgré tout, toutes les vengeances et toutes les menaces du monde ne feraient rien contre ce fait : le manque allait se faire sentir. Bien trop. Je le ressentais dans les mots de Mika, dans son intonation qui ne me donna qu’une seule envie : le réconforter. Arrêtant de manger, ignorant son injonction, je m’étais glissé contre lui, le serrant dans mes bras pour lui assurer que je ferais tout ce qu’il fallait pour revenir, pour être avec lui. Et puis de toutes les manières cela passerait vite… Il ne restait que quelques semaines pour que nous nous retrouvions. Seulement quelques petites semaines et… Il m’avait fait rire, le serrant davantage contre moi.

- Je te récompenserais pour chaque seconde où tu m’attendras. Soufflai-je.

La preuve, je monterais dans notre chambre dès que j’arriverais pour ne plus le laisser, pour le garder contre moi jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, jusqu’à ce qu’il sature.

- Alors je te garderais dans mes bras pendant le reste de l’éternité. Répondis-je dans un sourire avant de lui proposer de quoi l’occuper au moins le temps que nous soyons loin l’un de l’autre.

Je l’appellerais tous les soirs avant qu’il dorme afin de jouer pour lui. Je savais que ma musique lui plaisait alors… Cela ne serait qu’un moyen comme un autre de le faire patienter autant que de me faire patienter.

- Ça pourrait m’empêcher de dormir pendant des semaines que je le ferais. Assurai-je à mi-voix, répondant à ses lèvres avec tendresse. Mais il n’y a qu’une heure de décalage. Cela ne me mangera rien. Au contraire. Ça me permettra de mieux dormir si je te vois et si je t’entends.

Mais avant cela… Je n’étais pas encore parti. Je ne partirais d’ailleurs qu’une fois la nuit tombée. Pas avant. Je pouvais transplaner chez moi. Je n’avais pas besoin du moindre portoloin à heure fixe alors… Je voulais en profiter. Et cela allait passer par une chose que je voulais faire avant de partir, un dernier repas en famille enfin avec sa famille… Ce qu’il rectifia, m’arrachant un sourire attendri.

- J’aime bien me croire en famille. Admis-je, enfouissant mon nez contre lui. J’aime ta famille…

Ils étaient tout ce dont j’avais toujours rêvé pour une famille, ils m’avaient accueilli à bras ouverts et… Non. Vraiment… J’aimais imaginer que je pouvais faire partie de cette famille. D’ailleurs… Il m’avait fallut de longues, très longues minutes pour enfin me décider alors que je m’étirai de tout mon long.

- Reste encore un peu te reposer. Murmurai-je, glissant mes lèvres dans son cou. Je vais ranger un peu la maison.

Mais pas avant de me recoucher sur lui, de profiter encore un peu de son odeur et de son contact le temps de quelques longues minutes avant qu’enfin je ne le quitte pour me rhabiller, enfin… Non sans revenir pour un dernier câlin afin de me donner davantage de courage encore.

Ainsi avais-je quitté la chambre, sans aucun désir de le faire, pour ranger ce que nous avions pu déranger hier et… J’admettais qu’il y avait eu quelques dégâts. Le canapé ne ressemblait plus à rien, nous avions visiblement dégagé tout ce qu’il y avait sur le comptoir de la cuisine, ce qui m’obligea à plus d’un Reparo, quant à la table du salon… Je crois qu’elle aussi en avait pris un petit coup. Rien de bien difficile à ranger cela dit alors que je m’assis enfin dans le canapé pour observer autour de moi.
Oui… Tout cela allait me manquer. Cette ambiance allait me manquer et… A vrai dire, je ne m’étais jamais senti plus chez moi qu’ici. En une si courte semaine, j’avais appris à aimer cet endroit… Je m’y sentais serein, heureux alors…

Un soupir traversa la barrière de mes lèvres. Je n’avais vraiment aucune envie de partir… Vraiment pas…

Il allait rentrer en Ecosse… Ce fait me fit froncer les sourcils, conscient que cela rendrait de nouveau les choses bien compliquées mais… Cela n’allait rien changer, finalement…

- Alors je mettrais un réveil pour être sûr de pouvoir te dire bonne nuit. Soufflai-je dans un léger sourire rassurant. Et ma fin de nuit sera bien mieux que la première partie parce que je t’aurais vu et parlé.

C’était un fait qui ne pourrait pas changer. Sa présence me rassurait, m’apaisait bien plus que la présence de n’importe qui. Finalement, cela ne ferait que combler son absence… Juste un peu. Car rien ne serait jamais mieux que ses bras, qu’ici.
J’aimais être ici. C’était un fait. J’aimais cette sérénité, sa famille qui m’avait autant accueilli et… Sa remarque m’avait arraché un rire alors que j’hochai la tête.

- C’est vrai. Mais tu porteras mon nom et je suis aussi certain que tu détesterais ma famille. Plaisantai-je sans même en être triste tant nous avions notre famille, ici plus que là-bas.

Une famille qui allait devoir être réunie avant que je parte… Ce qui me poussa, non sans efforts, à le quitter pour ranger ce que nous avions pu mettre comme bazar la nuit dernière, effaçant les preuves de nos méfaits un à un jusqu’à ce que je ne finisse par m’asseoir sur le canapé. Tout cela allait me manquer… Je le savais mais à cet instant, cela m’aurait presque semblé… Impossible à quitter. Je n’en avais aucune envie. De me retrouver loin de lui, de me retrouver loin de cette maison, loin de ce pays. Je n’en avais réellement aucune envie…
Au moins son arrivée et son baiser que je n’avais même pas vu venir me sortirent-ils de mes pensées alors que je clignai les yeux, surpris, en l’observant.

Qu’était-il en train de faire ?... Plissant les yeux, je n’avais pas mis grand temps pour me décider à aller y voir de plus près, désireux de comprendre ce à quoi était en train de jouer Mika. Des photos ? Il ajoutait des photos ?...
Observant le mur, je n’avais pas dit un mot, à vrai dire ému de cette attention là où… En fait, c’était la première fois que je me retrouvai sur des photos, en famille, ainsi. Oh. J’avais des photos avec mes parents et ma sœur. Des photos officielles. Pas naturelles. Pas comme…
Clignant des yeux alors que Mika venait de me foncer dedans, je n’avais pu m’empêcher de sourire, attendri, à ses propos.

- A la maison. Approuvai-je, répondant à ses lèvres de tout l’amour que je pouvais lui porter quoique cela ne soit toujours pas suffisant tant je l’aimais.

Plus rien ne comptait. Mes mains glissant sur sa taille, l’attirant à moi, plus rien d’autres ne comptait que ses lèvres contre les miennes, que mon souffle se perdant contre lui dans cette tendresse qu’il était le seul à connaître.

Et ainsi, en un instant, je nous avais fait transplaner dans cette cabane au bord de la plage alors que je quittai enfin ses lèvres dans un sourire.

- Il est hors de question que je repasse sans qu’on soit allé sur la plage une dernière fois. Lui indiquai-je, l’entraînant près de l’eau pour mieux l’attirer contre moi. Merci pour ces vacances, Hae… Avais-je fini par murmurer. Merci pour… Pour exister, en fait. Soulignai-je dans un rire. Je pensais pas que j’aurais pu être un jour heureux comme ça et… C’est parce que tu existes.

Il m’avait rendu la vie, rendu l’espoir et apporté l’amour… Jamais je ne pourrais un jour le remercier suffisamment pour cela. C’était définitif.

- Je te rejoindrais alors. Répondis-je précipitamment. Toutes les nuits. Je partirais juste… Il faut que je sois chez moi pour 6h30. Donc… J’avais grimacé. Cela ne laisserait jamais assez de temps. Je partirais à 21h30. Mais si tu finis avant, je viendrais. Je viendrais à la minute où tu m’enverras un message. Même si c’est cinq minutes dans la journée.

J’avais trop besoin d’être avec lui, de le voir pour m’en empêcher. J’avais besoin de Mika et… Oui. J’allais venir. Autant que possible. Même cinq minutes. Même une minute s’il fallait que cela soit ainsi jusqu’à la rentrée. Même si cela ne serait pas comme ici, en famille, une famille que j’aimais et… Oui. Heureusement, finalement, quand j’allais épouser leur fils un jour. Quoique je n’étais pas persuadé du contraire alors qu’il deviendrait, lui aussi, un Jeon un jour.

- C’est encore à prouver. Avais-je soufflé sans trop y croire tant je me sentais seul dans ma propre famille.

Mais je n’avais pas envie de penser à cela. J’allais bien trop vite les retrouver pour vouloir m’attarder sur ma propre famille. A la place, j’avais préféré ranger la maison pendant que Mika fasse une chose qui avait attiré mon attention, quelque chose qui m’avait réellement ému lorsque je l’avais comprise. Je faisais partie d’une vraie famille…

Nous faisant alors transplaner à la plage, ses lèvres contre les miennes, j’avais souri à sa remarque, secouant doucement la tête.

- Je sais mais… Je n’ai pas vraiment fait attention à la plage quand nous y sommes allés…

Quant à dire si c’était le matin ou la nuit… Cela… Je n’en avais plus aucune idée et ce n’était finalement pas bien grave. Alors, doucement, je l’avais mené jusqu’à l’eau avant de le remercier. De le remercier pour ces vacances, déjà, ces premières vacances réelles, mais aussi et surtout pour son existence même. Une chose qu’il refusa plus ou moins, me faisant plisser les yeux. Je n’étais effectivement pas d’accord avec lui…

- C’est toi qui m’as appris à aimer comme ça. Avais-je tenu à ajouter, me laissant attirer sans aucune résistance avant qu’il ne nous fasse tomber.

Riant légèrement à cela, j’avais rejoint ses lèvres, l’aimant encore et encore sur ce sable alors qu’il reprenait parole, que ses paroles m’arrachaient un léger sourire. Me remercier… Je ne pensais pas être responsable de beaucoup de chose dans notre histoire. Il avait été le premier, le seul. Il avait… Il m’avait fait accepter d’être heureux. Et cela… Cela valait tout alors que je fermai les yeux au contact de sa main.

- Ton premier et ton dernier. Assurai-je dans un nouveau sourire, mes lèvres reprenant les siennes en otage. Je te donnerais toutes les raisons du monde de m’aimer jusqu’à la fin et de ne regarder personne d’autres.

Pourtant… Sûrement aurait-il mieux valu pour lui qu’il trouve une personne plus stable, une personne avec qui, un jour, lorsqu’il serait titulaire de son équipe, il pourrait s’afficher au grand jour… Avais-je pour autant envie de le lui rappeler ?... Egoïstement, aujourd’hui, non. Je n’en avais pas envie. Je voulais seulement profiter, l’aimer encore, autant qu’il me serait possible de le faire, sans me battre inutilement.

- Mon cœur ?... Avais-je fini par murmurer contre ses lèvres.

J’avais eu encore envie de le remercier, à son instar mais… A la place, ce fut un sourire qui éclaira mon visage, un large sourire, serein, lumineux.

- Je t’aime…

Car c’était finalement la conclusion la plus juste que je puisse trouver à tout ce que je pourrais lui dire.

Ainsi étions-nous restés un temps certain sur cette plage, me permettant de lui expliquer ce que j’allais, moi, faire une fois rentrer en Corée… Beaucoup de musique, beaucoup d’écriture et beaucoup de sorties. J’avais envie de sortir, de découvrir le monde là où je n’avais jamais réellement désiré passer les portes de ma chambre chez mes parents. Et tout cela… C’était grâce à lui…

Mais il nous avait fallu enfin rentrer, non sans que je ne lui propose d’acheter quelque chose à manger pour le soir, pour que ses parents n’aient rien à faire – car mieux valait ne pas me confier à moi une cuisine dans tous les cas pour un repas complet. Le dernier dîner allait arriver, je ne pourrais pas rester jusque dans la nuit alors… Oui. Il allait enfin falloir rentrer et retrouver ses parents.