- Je prendrais donc une heure et demie. Plaisantai-je dans un léger sourire.

Le chariot à roulette terminé après passage à des rayons entiers de pizzas, nous nous étions ainsi rendu sur des tapis roulants pour articles achetés afin de payer le tout. 50 à 60 gallions donc... Cela ne me semblait pas si énorme, pas autant que je pouvais le craindre mais... Pour un moldu, est-ce que cela était beaucoup ou non ? Je n'en avais aucun idée... Et je n'eus, heureusement, pas le temps d'y réfléchir plus qu'il nous fallut retourner en voiture et reprendre la route jusqu'à chez Mika.
Ce fut sa mère et surtout sa réflexion qui m'anima de nouveau et m'obligea à m'excuser à nouveau... En coréen. Une double peine alors que j'étais bien plus à l'aise dans cette langue d'abord, mais aussi parce que de la sorte, le père de Mika ne pourrait pas comprendre ni même râler. Je ne devais pas m'incliner ni m'excuser, il l'avait dit mais... Je ne pouvais pas laisser passer cela. Je n'arrivais pas à ne pas me sentir mal, à ne pas me sentir coupable de leur avoir fait dépenser peut être trop d'argent. C'était plus fort que moi et... Madame Wilde ne fit qu'approuver les dires de son mari, sans même les connaître au préalable...
Le problème premier fut que Mika commençait bien trop à comprendre certains mots. Fronçant les sourcils, je n'avais pas osé le regarder, connaissant pertinemment la façon dont il aurait de répondre, la tête basse, avant que son père ne reprenne parole. Il ne comprenait pas qu'il puisse être aussi difficile de décrocher... C'était normal. Je savais que je n'étais pas... Facile, pas pour ceux qui n'avaient pas l'habitude de ma famille, de mon éducation, de ma façon de penser. Mais... Me figeant, il continua. Je n'avais pas le droit de m'incliner, de m'excuser mais je pouvais exprimer mon avis, mon désaccord et... En anglais. J'aurais dû parler anglais et... Fronçant les sourcils, j'en oubliai ses précédents mots, pour m'incliner d'autant.

- Je suis désolé Monsieur Wil...

Me figeant un instant, je commençai à paniquer, à ne plus savoir comment me comporter alors que je me redressai sans oser le regard. J'avais fait une grave erreur. Et... Je m'en voulais. A plus d'un titre. Un "boulet", aurait-on pu m'appeler. Oui... Voilà...

- Pardon... Avais-je malgré tout murmuré en terminant de ranger les affaires pour suivre Mika dans la chambre.

Ses lèvres eurent le mérite de m'apaiser quoiqu'elles me furent trop rapidement enlevées. Soufflant un instant sans trop l'observer, je l'avais, finalement rejoins sur le lit pour observer les vidéos qu'il passa sur son ordinateur. Le moins que l'on puisse dire fut que je fus absorbé, oubliant tout ce qui venait de se passer, je me concentrai entièrement sur l'écran et sur ce que j'y voyais. C'était... Magnifique, parfait, génial... J'avais tant de mot pour le décrire. C'était cela que je voulais faire, c'était exactement cela. Danser, chanter, jouer de la musique... C'était cela. L'admettant alors à voix haute, j'avais approuvé chaque vidéo. J'aimais bien. Non. J'adorais.

Me remettant debout, j'avais d'ailleurs dans l'idée de tester deux ou trois mouvements lorsque Mika avança et me fit arquer un sourcil.

- C'est vraiment possible ? Enfin... Je peux avoir une vidéo aussi ?

Bon. Je n'y danserais pas, c'était certain. Tentant de faire deux mouvements, je ne les avais même pas vraiment compris... Les regardant de nouveau, je relevai la tête à sa proposition.

- Oui ! M'exclamai-je un peu précipitamment. Enfin... Repris-je en grimaçant. Des pratiques, je veux bien.

Le laissant en mettre une, je l'observai deux fois d'affilée avant de poser l'ordinateur sur le lit pour répéter le refrain, seulement le refrain... Et vingt minutes plus tard, j'étais excessivement loin d'être parfait, mais j'avais retenu les mouvements.

- Regarde... Soufflai-je à Mika sans même avoir fait attention s'il avait, ou non, abandonné de m'observer pendant mes "répétitions", mais maintenant, il pouvait regarder...

Exécutant les mouvements comme je les avais retenu, il était évident que j'avais encore beaucoup à apprendre, à retenir et à m'entraîner mais... C'était un début qui me plaisait étrangement. Me stoppant alors, fatigué de ce sport que je n'imaginais pas vraiment être, je soufflai alors.

- Je sais... C'est loin d'être ça... Mais... Tu penses que j'y arriverais un jour à ne pas être aussi ridicule ? Plaisantai-je en me rasseyant sur le lit.

Je voulais être le meilleur, partout, même au bout de vingt ridicules minutes. Et c'était idiot, je le savais, mais c'était plus fort que moi. Et si cela plaisait à Mika, ce serait donc déjà cela de gagné.

La musique avait toujours eu un effet apaisant sur moi. Lorsque j'écoutais de la musique et même plus avec des vidéos associées, j'oubliais le reste, j'oubliais mes peurs, mes doutes, mes colères. Tout. La musique m'avait toujours aidé. Et cela, aujourd'hui encore, fonctionnait. Plongé dans les vidéos, j'avais même fini par vouloir danser, par vouloir les imiter non sans m'étonner réellement du fait que je pourrais, moi aussi, faire de la musique dans un ordinateur. Mais il me l'avait dit et...

- Comment ?

Je n'en avais aucune idée, mais je lui ferais confiance. Je n'avais, cela dit, pas beaucoup d'autres choix, n'y connaissant rien. Néanmoins, mon sourire ne pouvait le détromper. J'en avais envie. Moi aussi, je voulais le faire. Moi aussi, je voulais avoir une vidéo, voir si ma musique pourrait plaire et... Ce n'était pas de l'orgueil, à vrai dire, quoique cela puisse peut-être prêter à confusion mais je voulais jouer pour d'autres, je voulais faire connaître ce que j'aimais... Je voulais, à vrai dire, faire ce que je n'avais jamais vraiment fait dans ma vie : partager ma passion avec d'autres.
Mais avant cela, je voulais encore reproduire les mouvements de danse, essayer de reproduire ce qu'ils faisaient et ce fut bien plus facile avec la vidéo d'apprentissage. Pendant vingt minutes, je me concentrai alors. Plongé dans mes pensées, dans ma concentration, je refaisais les mouvements, encore et encore, sans discontinuer jusqu'à être plus ou moins satisfait de ce début au point que je ne veuille attirer l'attention de Mika pour avoir son avis. Une attention inutile à demander... Il m'avait observé depuis le début. Souriant légèrement à cela, je l'avais néanmoins refait pour lui avant que je ne plaisante sur le côté ridicule de la chose. Je me sentais un peu idiot à faire cela et surtout loin d'être encore bon. Mais c'était normal... Ils s'entraînaient chaque jour depuis des années. Je venais de commencer. Posant mes mains sur sa taille, je répondis à son baiser, doucement, avant de soupirer.

- Le rêve... Murmurai-je.

Huit heure d'arts, chaque jour de l'année... Cela pouvait certainement paraître excessif mais pour quelqu'un dont la voie professionnelle était tout le contraire de ses envies... Cela restait un rêve. Je n'étais pour autant pas ridicule. Pas à ses yeux alors que j'étais... Sexy ? Pouffant de rire, je secouai la tête.

- Tu n'es pas du tout objectif. Lui fis-je remarquer non sans capturer ses lèvres avec tendresse. Je pourrais faire n'importe quoi que tu répondrais cela.

Pourtant, je ne doutais pas de son soutien comme du fait qu'il serait mon meilleur et mon pire critique. Il savait que j'aimais la perfection, il saurait me dire ce qui ne fonctionnait pas tout en répétant que c'était parfait... Et cela m'allait, finalement, car il m'apportait le courage que je ne pensais pas avoir.
Basculant sur le matelas, je retins mon corps d'une bras pour ne pas l'écraser avant qu'un sourire plus amusé s'installe sur mon visage tandis que mon baiser se faisait plus passionné et surtout que mes hanches ne se mettent à rouler contre son bassin.

- Comme ça ? Murmurai-je avant qu'il n'arrive à redevenir plus sérieux. Hae... Soufflai-je alors doucement, caressant ses cheveux. C'est gentil mais... Je ne veux pas être davantage un poids pour tes parents à tout déranger... J'en avais déjà assez fait.

Mais c'était agaçant d'exceller dans tout ce que je touche. Soufflant un léger rire, je me laissai serrer contre lui, m'abandonnant contre son corps pour l'épouser parfaitement, pour profiter de ce contact en fermant les yeux.

- Attend de me voir en cuisine, tu ne diras plus ça. Ou sur un balai aussi. Ou derrière un chaudron ou... Pire... En cours de divination. Il y avait beaucoup de choses que je ne maîtrisais pas, que je n'aimais pas. Et si j'étais studieux, me permettant d'avoir toujours maintenu de bonnes moyennes, d'avoir appris bien des choses et des façons de faire, j'étais loin, très loin d'exceller dans ces matières. J'aime juste ça... L'art. Murmurai-je. C'est ce que je préfère, j'ai l'impression que... Je n'en sais rien... Que ça me parle ? Oui... Voilà. Ca me parle...

Cela pouvait paraître idiot, incompréhensible, mais c'était cela. La musique me parlait, je la comprenais, elle me faisait vibrer comme rien d'autre - hormis Mika, entendons-nous. Et j'aimais cela.

Il fallait… Oui. Non. Je ne comprenais strictement rien. Il allait falloir qu’il me montre pour que je puisse espérer comprendre. Et encore. Je n’étais pas certain de le pouvoir, mais il allait pourtant bien le falloir pour que je puisse le faire. Enfin. Nous verrions cela plus tard. Tout d’abord, j’avais eu envie de tester, de danser, de bouger, finalement. Concentré, j’avais alors exécuté et réexécuté les mêmes mouvements durant une vingtaine de minutes jusqu’à ce que je me sente plus ou moins satisfait, quoique toujours moins que plus, cela dit, et que je ne demande l’attention et l’avis de Mika.

Retrouvant ses bras pour ses conclusions, je me mis bientôt à rêver de ce que pourrait être une vie faite de ma passion, de musique, de danse pourquoi pas, mais de choses que j’aimais et seulement cela… Un rêve que je n’aurais jamais, de toutes les manières, mieux valait donc ne pas s’y attarder et me concentrer sur la réalité, sur le peu que je pouvais faire et qu’il trouva visiblement bien, quoique je supposai qu’il manquait d’objectivité.

- Bon alors c’est entre le « pas nul » et le « très bien ». Plaisantai-je. Ça me laisse une large marge de manœuvre, je l’admets.

Me laissant basculer sur le lit, je l’avais un peu cherché, un peu trouvé aussi, à entendre son soupir qui m’arracha un sourire ravi. J’aimais le provoquer autant que j’aimais le faire soupirer de la sorte lorsque j’arrivai à mes fins. Des fins bien minces alors que je n’appuyai pas davantage sur cela autrement que par un baiser. Nous allions bientôt devoir aller aider les parents de Mika… Mieux valait ne pas nous retrouver dans une position compromettante lorsque cela arriverait.

Alors Mika s’était concentré, à nouveau, sur la danse et notamment sur l’endroit où je pourrais danser chez ses parents. C’était gentil, vraiment, mais… C’était peut-être trop alors que ses parents devaient déjà supporter ma présence. Je ne voulais pas m’imposer davantage. Surtout pas. Ce que Mika réfuta. Je ne m’imposais pas. Je n’étais pas un poids.

- Mais c’est la base, ça… Soufflai-je en m’abandonnant enfin contre lui, fermant les yeux en enfouissant mon nez contre lui. Ils font attention à moi… Je ne sais pas comment me comporter pour ne pas paraître… Enfin pour ne pas faire comme si c’était normal qu’ils soient comme ça avec moi.

Car, à mon sens, cela ne l’était pas. Faire attention à moi jusqu’à mes goûts culinaires, jusqu’à accepter de me faire monter dans un camion de pompier, jusqu’à payer beaucoup trop de nourriture (et de café) pour que je goûte à tout… Je ne trouvais pas cela normal ou du moins… J’avais peur de passer pour une personne capricieuse ou trop en demande. Ce n’était pas le cas. C’était eux qui étaient des saints, ou presque.

Entendant Mika râler sur le fait que j’étais parfait dans tout ce que je faisais, je vins alors lui rappeler que ce n’était pas le cas. Pas dans beaucoup d’autres matières aussi bien moldues que magiques. La cuisine en faisait partie, le vol, les potions et la divination aussi…

- Sauf que tu oublies que ma sœur a failli mourir d’intoxication alimentaire à force de goûter à mes brownies, d’ailleurs, je crois qu’elle a décrété une allergie maintenant, la dernière fois, elle a blanchi quand elle en a vu alors que je ne les avais même pas préparés… Pour le vol… J’attend toujours mon premier cours qui te fera regretter jusqu’à m’aimer. Et je préfère ne pas trop en demander à Min-Ho. Soufflai-je avant de plisser les yeux quant à la divination. C’était pas plutôt l’inverse ? Venus aligné avec Jup… Me stoppant je soupirai avant de rire doucement. Ok. C’est la même chose… Tu comprends pourquoi je ne suis ni doué en cuisine ni doué en potions ? Je n’ai même pas de logique parfois…

L’art, par contre, c’était différent. Cela me parlait. Je n’avais aucune difficulté à le comprendre, à me laisser porter jusqu’à ce que je voulais. C’était peut-être un peu réducteur car il me fallait toujours beaucoup de travail pour parvenir à une chanson plus ou moins convenable mais c’était pourtant le cas… Mika, lui, pensait que c’était parce que j’étais fait pour cela… Et j’admettais ne pas réellement vouloir que ce soit le cas, paradoxalement.

- Si c’était le cas, soufflai-je alors, je pourrais en faire ma vie.

J’étais fait pour servir, pas autre chose. Pas à mon sens. Mais j’avais de l’or entre les mains d’après lui et… Etouffant un rire contre lui, je secouai la tête.

- Quoi ? Est-ce qu’il faut que je sois moins parfait alors ? Plaisantai-je, souriant au contact de ses lèvres.

Il devait me montrer d’autres chansons et…

- Pour la bonne santé de tes yeux ? Questionnai-je avec amusement. Je vais devoir apprendre toutes ces chorégraphies pour que tu préfères me regarder moi plutôt qu’eux alors.

Me décalant dans un rire, je l’avais laissé reprendre son ordinateur et surtout mettre ce qu’il voulait, arquant un sourcil.

- D’accord. Acquiesçai-je. Si je peux avoir cette vidéo de « Play With Fire » chez moi, à la rentrée, je saurais le faire.

C’était peut-être un peu exigeant, peut-être infaisable… A vrai dire, je n’en savais rien. Mais c’était très sûrement le cas. Quand bien même cela l’était, je ferais, de toutes les manières, mon maximum pour.

- Mais dans ce cas, tu as intérêt à accepter de me re-épouser en grande pompe !

Une plaisanterie qui entraîna néanmoins un froncement de sourcils alors que mes yeux se posaient sur les bagues que je portais avant de remonter sur le visage de Mika.

- Hae… Soufflai-je avec une pointe d’inquiétude. Tu crois que… Tu crois qu’il faut le dire à tes parents ? Enfin…

Ce ne serait jamais vraiment officiel mais… Devait-on le rendre plus officiel qu’une « simple » promesse entre nous ? Qu’allaient-ils dire, penser ?

L’accueil que j’avais reçu ici, que je recevais encore n’était pas « normal », pas à mon sens, pas dans ce que je connaissais dans ma vie. Au contraire, néanmoins, il me semblait normal, basique, que d’aider et de respecter mes hôtes. Pas pour tout le monde avait dit Mika… Je n’en étais pas convaincu mais… Soit… Cela ne changeait rien. Je ne voulais pas m’imposer. Je ne voulais pas paraître intrusif ou comme si tout cela était normal. Pourtant tout était normal…

- Parce que…

Je n’avais pas de réponse à cette question à vrai dire. Pourquoi agiraient-ils autrement ?...

- Parce que je suis un inconnu. Tentai-je avant qu’il ne reprenne. Ils m’apprécient ? Comme… Un membre de la famille ?...

Pourquoi est-ce que cela me semblait si invraisemblable ? D’être apprécié alors que je n’avais rien fait, que je n’avais rien donné, rien prouvé ou même, seulement, d’être un membre d’une famille unie.

Lui rappelant par la suite combien je n’étais pas parfait dans tout ce que je faisais, j’esquissai un sourire à sa remarque. D’accord. J’étais doué pour progresser. Mais cela tenait bien souvent d’heures et d’heures d’apprentissage sans discontinuer plutôt que d’une douance sortie de nulle part. L’art, peut-être, mis à part car bien que cela me demande d’innombrables heures de travail, cela me paraissait plus facile, souvent. Même si je ne voulais pas être fait pour cela, j’aimais l’art. Définitivement. Et si Mika refusait ma proposition d’être moins parfait, c’était pour cela qu’il désirait faire les vidéos. Si je ne pouvais pas en vivre, je pouvais au moins continuer de le faire dans ma vie, même dans l’ombre… Soupirant, je ne pus qu’esquisser un léger sourire avant de me redresser pour chercher ses lèvres.

- Je me demanderais toujours ce que j’ai fait pour mériter quelqu’un comme toi, d’aussi… Parfait. Murmurai-je contre ses lèvres avant de m’insurger faussement qu’il puisse regarder d’autres que moi, riant à sa remarque. Alors je vais faire en sorte que ça continue. Repris-je alors que je ne doutais certainement pas de son envie de me regarder face à ses réactions lorsque j’avais tenté de danser.

Me redressant alors, j’avais observé une nouvelle vidéo, non sans qu’il ne me fasse une proposition que j’acceptai, évidemment. J’apprendrais cette chorégraphie puisqu’il pourrait me mettre la vidéo sur mon téléphone. Je le ferais pour la rentrée, quant bien même elle me semblait compliquée. Mais j’y arriverais. Et alors je lui redemanderais de m’épouser de la plus grande des façons qu’il soit, et il avait tout intérêt à accepter ! Une idée qui l’offusqua, m’arrachant un rire avant que je ne réfléchisse, tout aussi faussement que lui.

- Oui. On ne sait jamais. Si tu tombais sur un autre parfait coréen joueur de Quidditch comme toi avec non pas un mais deux lapins. Soufflai-je avec amusement avant de m’assombrir de nouveau, perdu dans une pensée qu’avait entraîné nos plaisanteries.

Nous étions fiancés, oui. Mais maintenant ? Qu’allions-nous faire ? Devions-nous le dire à ses parents ? Ou le garder pour nous ? Je ne savais pas vraiment ce que je préférais, à vrai dire. Enfin… Si. Je savais pertinemment ce que je préférais. Vraiment. Mais ce n’était pas possible, je devrais donc me contenter de… Stoppé par la réponse de Mika, je fronçai doucement les sourcils avant que ma main ne se glisse sur la sienne, que je caresse doucement ses doigts.

- Je t’ai promis que je trouverais un moyen. Ça sera officiel. Un jour.

C’était exactement ce que je lui avais promis. Je ne savais seulement pas encore comment. Ni quand. Mais… Il y avait forcément un moyen. Je me promettais qu’il y en avait un. Et quel qu’il puisse être, je le trouverais.
En attendant… Mika ne cachait jamais rien à ses parents. Grande différence entre nous alors que j’hochai la tête. Mais cela restait important. Très important, même, pour moi. Il n’était plus seulement mon petit ami. Il était mon fiancé. L’homme de ma vie. Le seul.
Me penchant vers lui, je l’embrassai avec une tendresse certaine, glissant ma main sur sa joue.

- Je t’aime… Lui soufflai-je dans un léger sourire peu rassuré.

D’accord. Leur dire… Je n’étais pas habituellement impulsif, loin de là ; et finalement, ce n’était pas tant de l’impulsivité qu’une décision réfléchie de ma part. Reprenant la main de Mika dans la mienne, je nous avais fait quitter la chambre à la recherche des parents de Mika que nous pûmes trouver dans le jardin. Mes doigts entremêlés dans ceux du sorcier, j’avais alors approché pour m’incliner, soudainement.

- Je sais, Mons… Alec, que vous ne voulez pas que je m’incline mais outre le fait de m’excuser pour ce qu’il s’est passé tout à l’heure, nous aimerions vous parler d’une chose importante qui, nous le savons, peut paraître précipitée et irréaliste mais à laquelle nous tenons tous les deux enfin… Me redressant, je jetai un coup d’œil à Mika. Je crois ?... Secouant légèrement la tête en fronçant les sourcils pour me sortir de mes doutes idiots qui naissaient dès lors que je faisais face à la réalité, je me retournai vers les parents de Mika. Nous avons… Je souhaite épouser votre fils. Avais-je prononcé. Quand il sera majeur. Et je vous promets de l’aimer, de le protéger et de faire tout ce qui sera en ma capacité pour le rendre heureux.

Ces mots semblaient peut-être très formels mais au moins sortaient-ils de mon cœur, autant que mon inquiétude de trouver un moyen pour le faire, d’ailleurs, mais je le trouverais. Je trouverais ce moyen. Il n’y avait aucune autre solution.

- Votre regard est important pour Mika alors... A nouveau, je m'inclinai. S'il vous plait. Soufflai-je comme pour leur demander une forme d'acceptation.

Mika était… Parfait. A sa façon, il était tout ce dont j’avais besoin dans ma vie. Mais ce que j’avais fait pour mériter cela ?... C’était une énigme à laquelle il n’apporta pas de réponse, la sienne me faisant légèrement sourire.

- Ce n’est pas une raison… ça c’est une chose que je ferais dès que tu en auras besoin. Lui soufflai-je alors.

Dans tous les cas, je continuerais de faire en sorte qu’il me regarde, moi, je continuerais de faire en sorte de lui plaire encore plus, toujours plus. Même si le risque existait qu’il trouve mieux… Quoiqu’il imaginait que rien ne puisse être aussi bien que moi… Un fait qui m’arracha un sourire tendre.

- Je ferais en sorte que ce soit toujours le cas alors…

Car nous avions franchi un grand pas aujourd’hui. Nous étions fiancés. Et parce que nous étions fiancés, peut-être fallait-il maintenant prévenir ses parents. Lui ne voulait rien leur cacher alors… Rien ne leur serait caché. Le confortant sur le fait que cela deviendrait un jour réel, je soufflai doucement à sa réponse.

- Je sais… Et c’est déjà réel mais… Je ferais tout ce qu’il faut pour. Assurai-je.

Je l’aimais. C’était le plus important. Je l’aimais plus que tout et ainsi le lui dis-je avant de l’entraîner vers le jardin où se trouvaient ses parents.
Je ne savais pas vraiment ce que je faisais. Je ne savais pas comment le faire. Mais je voulais le faire. Pour lui. Même si je craignais les réactions de ses parents, je voulais le faire. Et je le fis. Me redressant finalement au geste de Mika, je déglutis difficilement, stressé, tendu au possible en observant les deux adultes. Et… Evidemment… Sa mère réagit.
J’allais d’ailleurs rétorquer lorsque Mika se plaça devant moi, me coupant dans mon élan alors que mes doigts se mêlaient de nouveau aux siens. Mes yeux se posant sur lui, je le laissai alors parler. A vrai dire… J’étais mitigée. J’aimais l’entendre dire que j’étais son évidence mais… Qu’il prenne la responsabilité d’une chose que j’avais initiée en parlant de mariage… Et ce fut d’autant plus vrai lorsqu’il parla de sa famille, lorsqu’il parla de son amour, du fait que je le rendais heureux… C’était tout ce que je voulais et… Je savais que sa famille était dangereuse mais… Je le protègerais. De tout ce qu’il pourrait arriver, je le protègerais.

Retenant un soupir de soulagement quand j’entendis son père, j’admettais être rassuré de sentir ce qui semblait être un soutien venant de l’un d’entre eux. C’était déjà cela de gagné. Bien sûr, sa mère refusait en bloc, encore, et ce n’était pas quelques mots de son mari qui changerait visiblement quelque chose. Mais à nouveau, toute tentative de rétorquer de ma part fut avorté par un autre. Et son père répondit mieux que je ne l’aurais pu. Mika était courageux, intelligent, travailleur, il savait s’entourer et il ne serait jamais seul, pas s’il avait besoin de soutien.

- Ma situation sera amenée à changer, quoiqu’il en soit. Pus-je enfin prononcer lorsque Madame Wilde s’adressa de nouveau à moi.

Stressé, je peinais un peu plus à trouver les mots en anglais, mon accent de retour sur le devant de la scène, je tentais pourtant de réfléchir à chaque phrase, à chaque syllabe pour être compris.

- Je ne suis pas fou, Madame Wilde. Repris-je ainsi. Ma famille… Ils ne feront rien contre Mika. Pour deux raisons. La première est qu’ils me renieront avant. Ils n’auront qu’à faire un nouveau fils. Ma tante a prouvé que c’était une normalité chez nous lorsqu’une famille perdait un fils. Soufflai-je, le dos droit et le regard fixé, sûr de moi, sur sa mère. La seconde est que vous avez été reniés des Kim. Si vous ne revenez pas dans cette famille, s’en prendre à Mika serait un non-sens. Ce serait débarrasser les Kim de quelqu’un dont ils veulent déjà se débarrasser. Quant à votre famille… Pourquoi s’en prendre à Mika à cause de moi si je ne suis qu’une honte pour ma famille ? Reprenant un instant ma respiration, je continuai, le ton toujours aussi teinté de respect mais aussi d’une certaine froideur, témoignant de mes pensées décidées. Je ne sais pas comment je pourrais l’épouser. Je… Je ne suis pas la personne la plus courageuse ou la plus capable de faire face à mes parents. Pas encore. Mais… Ma situation changera. Alors… Je ne peux pas répondre à cette question. Pas encore. Mais vous serez la première à savoir lorsque ce sera le cas. Soufflai-je. Pour le moment… Mika a seulement envie… Jetant un coup d’œil à mon fiancé, je secouai la tête, serrant sa main dans la mienne. Besoin que vous ne repoussiez pas cette idée avec autant de force. Je sais que Mika a seize ans. Mais je sais aussi qu’il est l’homme le plus courageux, le plus sincère, le plus rayonnant que je connaisse. Il est intelligent et… Et je ferais tout ce qu’il est possible de faire pour lui donner la vie qu’il mérite. Alors je comprends que vous doutiez de moi. Je sais que ma position n’est pas la plus facile ni même la plus acceptable. Mais s’il vous plait. 나는 내 목숨보다 당신의 아들을 더 사랑합니다. 그것 때문에 내가 의절된다면, 나는 의절될 것입니다. 그러나 그 생각을 밀어내지 마십시오. 제발. Terminai-je ainsi en m’inclinant de nouveau dans un signe de respect.

J’avais peur. Très peur. Autant de la réaction de sa mère que de celle de mes parents s’ils… Lorsqu’ils l’apprendraient. Pas maintenant. Je n’étais pas prêt et… Il fallait que je sois prêt un jour. Il le faudrait. Je n’avais plus vraiment le choix.

Me redressant à nouveau, j’avais instinctivement posé mes mains sur la taille de Mika, la force de son baiser me faisant froncer les sourcils tant il signifiait pour moi, autant que ses mots, d’ailleurs, que j’accueillis dans un très léger sourire à son égard.

- Moi aussi, Hae… Murmurai-je en réponse alors que sa mère reprenait parole.

Mes arguments semblaient bien faibles face à la force de son inquiétude et… Je pouvais le comprendre. Non. Je le comprenais. J’étais inquiet, moi aussi et si le fait qu’elle prononce à voix haute ma non-valeur auprès de ma famille me fit serrer un peu les mains sur le corps de Mika, je restai calme, faussement serein face à elle, à ses doutes. J’allais d’ailleurs tenter, à nouveau, de les modérer lorsque Mika se retourna, me surprenant assez pour que je me taise. Je sentais sa colère alors que ma main venait chercher la mienne dans une tentative d’apaisement.

- Mika… Soufflai-je à mi-voix alors que ses mots, ses paroles fusaient vers sa mère.

C’était certainement injuste, oui, mais… Je ne pouvais que comprendre les doutes et les peurs de sa mère. De sa filiation, comme de la mienne, nous connaissions bien plus les tenants et les aboutissants de ce que nous faisions, nous connaissions chacun des risques qui pourraient devenir réalité si une attention particulière n’y était pas portée. Me crispant un peu, à nouveau, lorsqu’il rappela le risque de chaque match, je me détendis lorsqu’il reprit parole, lorsqu’il édicta ce qu’il désirait… Même dans l’ombre, il le désirait… Cette simple idée m’attrista autant qu’elle me donna davantage de force, davantage envie de me battre. L’entourant de mes bras pour le serrer contre moi, je soufflai enfin.

- Je sais de quoi est capable votre grand-père, Madame Wilde. Je sais que si cela pouvait le servir, il le ferait mais... Il pourrait tout aussi bien le faire pour vous faire revenir. Ma famille n'est pas encore au courant de son rôle dans le meurtre de mon cousin. Croyez bien qu'une fois que ce sera chose faite, le simple fait de vouloir m'utiliser, même renié, contre ma famille ne sera pas impuni si cela venait à se produire. Et je ferais tout pour que jamais cela ne se produise. Mika est protégé à Poudlard, dans son club ou ici. Si je dois rester avec lui chaque seconde pour m'en assurer lorsqu'il est à l'extérieur, je le ferais. Quoique cela risque de ne pas plaire à l'australien. Je ne pourrais jamais vous assurer de tout, mais croyez bien que je ferais mon maximum. 내 목숨을 걸고 약속해야 한다면 즉시 약속하겠습니다, Wilde 부인. Repris-je en coréen, sachant trop bien que Mika rétorquerait quelque chose à cela s’il comprenait tout.

Mais ce fut son père qui s’interposa à nouveau, modérant les risques, les propos de chacun. Une modération qui m’arracha un léger sourire, sincère. Je n’étais effectivement pas doué dans leur type de relations familiales, j’apprenais à comprendre, à savoir ce qu’il fallait ou ne fallait pas faire. Je ne connaissais ni ma place ni la façon de penser et d’agir de chacun d’entre eux lorsqu’ils étaient ensemble mais j’avais rapidement compris qu’ils pourraient être des aides précieuses si le besoin s’en faisait sentir. Et même si je doutais de ma capacité à savoir aller chercher de l’aide… Ils étaient là, Mika me l’avait dit et ils l’avaient prouvé. Ils seraient là pour Mika.
Arquant néanmoins un sourcil aux mots d’Alec, j’observai Madame Wilde en relâchant légèrement son fils, surpris. Elle… M’appréciait ? Alors que je craignais le contraire ? La surprise autant que l’incompréhension tant je m’étais persuadé de l’inverse se lisait dans mon visage, une surprise qui s’envola à la question du père de famille.

- Oui. Si cela doit toucher Mika de près ou de loin, je vous en parlerais. Acquiesçai-je sans la moindre hésitation.

Mika devait rester au centre des préoccupations, des miennes et des siennes et il me paraissait évident, à avoir observer les liens entre lui et ses parents, que ces derniers ne devaient pas être tenus à l’écarts des problèmes qu’il pourrait rencontrer et surtout si ces problèmes étaient de mon faits, à cause de moi.

- Madame Wilde… Repris-je alors. Je ne suis certainement pas le… Hésitant un moment sur le mot, je fronçai les sourcils. Le… 사위… Soufflai-je en coréen, incapable de trouver le mot anglais à cet instant, que vous désiriez pour Mika. Mais je vous promets que ce n’est pas irréfléchi. Nous sommes jeunes. Mais… Faites-nous confiance, s’il vous plait… Ou… Enfin… A défaut de me faire confiance… Faites confiance à Mika… Comme je lui fais confiance. Car j’avais moi aussi douté, vraiment douté du bien fondé de cette relation, de ce que nous étions tous les deux, ensemble. J’aime votre fils… Croyez le… S’il vous plait. Il m’a sauvé la vie plus qu’il ne l’imagine et… Je vous promets que je ferais tout pour lui donner ce qu’il mérite. Quel qu’en soit le prix, quoique vous demandiez. S’il vous plait…

J’avais besoin qu’elle accepte ou du moins qu’elle consente à y réfléchir, à ne pas rejeter ce que nous étions. Pour Mika. Il fallait qu’elle y concède. Au moins un peu.

Nous étions imprudents… J’admettais que je ne pouvais que lui donner raison alors que je connaissais les risques. Même si j’allais faire mon maximum, je savais que tout cela pouvait paraître… était imprudent. Mais qu’à cela ne tienne… Mika m’apprenait à vivre et j’avais envie de vivre. A ses côtés. Pour toujours. C’était en cela que ces fiançailles étaient importantes. Elles signaient, pour moi, comme le début de ma vie. Mais c’était soudain… Oui. Surtout pour une mère de famille inquiète pour son fils. Je peinais encore à accepter cela comme une normalité tant ce n’aurait pas été la façon d’être de ma mère mais… C’était le cas chez eux.

Esquissant alors un léger sourire à son père qui s’était mis de notre côté dès le début, je me figeai néanmoins soudainement lorsqu’il approcha de nous pour nous serrer dans ses bras fortement. Et ce fut littéralement pire lorsqu’il m’embrassa le sommet de la tête. Ecarquillant presque les yeux, je ne pus m’empêcher de me tendre davantage alors que Mika réclamait de l’oxygène entre nous et… Je… Je n’eus pas le temps de penser que ma main fut soulevée et que mon regard presque paniqué se posait sur mon, donc accepté, fiancé. Tentant de reprendre toute contenance, difficilement tant je ne m’étais pas préparé à ce genre de contact, je fus, à l’instar de Mika, tiré vers l’avant jusqu’à sa mère. Au moins, là-bas, je fus relâché et en capacité de faire un pas en arrière un peu trop clair pour ne pas démontrer mon malaise.

- Quand Mika n’est pas loin de moi. Soufflai-je en approuvant la proposition de Madame Wilde. Et quand il est en danger… Si c’est possible. Il s’agissait des conditions les plus importantes pour moi. Quand il était près de moi car j’étais à lui quoiqu’il puisse se passer, et quand il était en danger pour que je puisse intervenir, pour que je le sache. Même si cela signifiait qu’un saut dans le vide en Quidditch risquait de m’alarmer pour pas grand-chose.

Sa mère, à nouveau, fustigea légèrement Mika alors que je secouai doucement la tête.

- Il restera libre de faire ce qu’il désire. Murmurai-je comme pour tenter de la rassurer.

Je pouvais être le premier… Il n’avait peut-être que seize ans mais… Cela ne changerait pas grand-chose. Pas vraiment. Il me quitterait malgré tout s’il venait à le décider. Aucunes fiançailles au monde ne pourraient le lier à moi de manière éternelle s’il ne le désirait plus. Aucun mariage non plus. L’observant alors retourner couper les légumes, je me surpris à pousser un soupir de soulagement lorsqu’elle accepta, lorsqu’elle édicta son désir d’une véritable soirée de fiançailles. Et si je me promettais de faire en sorte que Mika ait un jour un véritable mariage, je préférai me taire, ne pas contredire le « peut-être pas » de sa mère, me concentrant sur une chose un peu plus factuelle.

- Excusez-moi… Repris-je alors. Mais… En quoi consiste une soirée de fiançailles ici ? M’enquis-je alors. Je… Je doute qu’elles ressemblent à celles que je connais qui consistent plus à une soirée de politique et d’économie qu’à autre chose.

Quelque chose me disait effectivement qu’une fois encore je risquais d’être perdu dans un monde que je découvrais à peine. Enfin… Au moins… Madame Wilde avait accepté et Mika l’en avait remercié en l’embrassant. Un geste qui, à nouveau, me surprit alors que le parallèle avec ma propre mère était à nouveau fait. Esquissant cette fois un léger sourire attendri, ce dernier s’élargit légèrement à la question de la sorcière.

- Oui, Madame Wilde. Répondis-je alors, le regard empli d’une reconnaissance infinie à son égard.

Mika revenant vers moi, je me figeai très légèrement à son contact. L’angoisse de l’annonce passée, je revenais trop rapidement à mes démons, à cette difficulté que je pouvais avoir d’avoir des gestes tendres face à eux, comme un retour de bâton difficile alors que je commençais tout juste à me détendre. Lui adressant malgré tout un sourire, j’avais pris sa main le temps d’un instant avant de rejoindre son père, pas franchement très à l’aise.

- Mons… Alec ? Soufflai-je en me rattrapant pour la millième fois. Est-ce que je peux vous aider à quelque chose ou… Ou juste regarder comment vous faites ? Je ne vous dérangerais pas… Demandai-je à mi-voix, n’osant pas vraiment demander les choses de manière complètement audible de peur de déranger, de ne pas faire ce que l’on attendait de moi à cet instant. Mais je peux aussi aller faire autre chose, enfin… Je peux tout aussi bien mettre la table ou aider votre épouse... Si je ne la dérange pas non plus... Tentai-je de me rattraper.

Il allait falloir que je travaille sur la façon de demander les choses…

Une soirée avec des proches et amis de la famille ou de Mika ?... Que donnait une telle soirée ? Que devions-nous faire lors de ce type de fête ? Et… Arquant un sourcil, je penchai doucement la tête sans comprendre.

- Une fête de l’amour… Répétai-je un peu perplexe. Où on offre des cadeaux ?... Pour le reste, je comprenais, enfin… Il me semblait comprendre. Mais je n’ai rien de très habillé… Soufflai-je plus à moi-même qu’à n’importe qui d’autre. Il fallait que je gère cela aussi ce soir, en Corée.

Rapidement, j’avais alors serré la main de Mika avant de rejoindre son père, mal à l’aise. Je voulais savoir comment se passait un barbecue australien, comment il se préparait, ce qu’il fallait faire et ne pas faire mais… Cette peur de déranger, d’être de trop était souvent particulièrement tenace. Craignant de n’être qu’un poids, j’avais alors avancé pour mieux reculer, ne sachant pas comment me positionner avant qu’Alec ne prenne parole. Frappé par la douceur de sa voix, j’étais resté un peu figé alors qu’il m’assurait que je ne le dérangeais jamais et encore moins si c’était pour apprendre. Il comprenait que tout cela pouvait être difficile et… Baissant légèrement la tête, un peu honteux d’avoir du mal dans ce qui semblait être une normalité ici, j’hochai lentement la tête.

- Ce n’est pas… Osai-je alors prononcer toujours dans un ton plus bas que ce dont je pouvais avoir l’habitude. Ce n’est pas que c’est difficile… C’est juste que… Je ne sais pas comment me comporter ou… Je n’ai pas envie de paraître trop familier ou… Enfin… S’exprimer sur mon ressenti était définitivement compliqué. Si j’avais appris à le faire devant Mika, ce n’était pas encore gagné face à ses parents. Vous faites déjà beaucoup pour moi alors que vous ne me connaissez pas… Et vous êtes… Gentil. Je n’ai pas l’habitude… Enfin… Mes parents ne sont pas méchants mais… C’est… Très différent. Et l’anglais n’aide pas beaucoup… Soupirai-je dans une très légère grimace. Mais… Merci… Pour votre accueil et… Enfin… Merci pour tout. Soupirai-je avant que je ne prenne une pique entre mes mains. Je me sens bien ici…

Suivant ses ordres, je remuai doucement la braise, plus attentif que jamais, comme si la vie de ces braises dépendait de moi. Ce qui était, finalement, plus ou moins le cas. Du moins jusqu’à ce que la mère de Mika ne m’appelle pour rapporter les légumes à son époux. M’exécutant suivi de Mika que je ne pus m’empêcher de toucher, passant ma main, discrètement, dans son dos, je repris place auprès d’Alec, la concentration à son maximum. Il fallait fonctionner par temps de cuisson et…

- Il y a des temps de cuisson ?... Soufflai-je presque étonné tant je n’y connaissais strictement rien en cuisine.

Bon soit. Une première saucisse posée, j’attrapai la pince pour mettre les autres ainsi que la pièce de bœuf, me répétant l’ordre des viandes pour ne pas l’oublier avant de me stopper.

- Quand est-ce que je dois savoir quand il faut mettre les autres ? Soufflai-je en fronçant les sourcils, inquiet de rater la seconde de cuisson réussite qu’il me semblait devoir attendre.

Concentré, très concentré… Trop concentré, d’ailleurs, je sursauté soudain à sa question, hésitant soudainement, un peu perdu.

- Eum… Soufflai-je, à nouveau gêné de ne pas connaître une réponse pourtant si simple. Je… Je n’en sais rien. Admis-je en baissant les yeux, comme s’il s’agissait d’une chose honteuse. On ne me demande pas vraiment mon avis normalement alors… C’est cuit… Et c’était la seule chose que je pouvais indiquer. Quelle est la différence entre les cuissons ? Demandai-je alors. Enfin… Je comprends la différence mais au niveau du goût et… Fronçant les sourcils, je jetai un coup d’œil à Mika. Qu’est-ce qu’aime Mika à ce sujet ? M’enquis-je alors, m’intéressant bien plus à ce qu’il aimait plutôt qu’à mes propres goûts que je ne connaissais pourtant pas forcément.

La réponse obtenue, je fronçai rapidement les sourcils en observant le barbecue avant de relever les yeux vers le père de famille.

- Alec ?... Soufflai-je à mi-voix, comme lorsque je tentais de m’exprimer face à lui habituellement. Est-ce que je peux vous… Poser une question ? Le laissant m’accorder cela, je fronçai de nouveau les sourcils, observant de nouveau le barbecue. Comment… Comment Madame Wilde a-t-elle vécu d’être reniée de sa famille ? Demandai-je encore plus bas. Comment est-ce que vous avez fait ?...

- Ca reviendrait presqu’au même, finalement. Soufflai-je avant d’esquisser une léger sourire. Sauf qu’on ne parle pas d’amour chez moi.

Et c’était peut-être la plus grande différence entre ici et là-bas. Ici, tout semblait naturel et lié à ce que nous ressentions, à ce que nous aimions. Là-bas, tout était réfléchi et calculé pour nous apporter non plus de la joie mais le plus gros profit… Cela dit, je serais au moins obligé de porter un costume trois pièces. Une tenue bien habillée suffirait… Soit. Quoique ça ne me dise pas ce qui était vu comme « bien habillé » ici… Mais je verrais d’ici là et… Non, je chercherais surtout rapidement ce soir. De toutes les façons, j’avais une première tenue à trouver, cela n’en ferait qu’une supplémentaire.

Partit voir le père de Mika pour savoir s’il était possible de l’aider tout en paniquant intérieurement sur le fait que j’allais le déranger, j’avais été surpris, comme souvent finalement, de l’entendre aussi calme et ouvert. Le contraire de mon père, finalement, alors que j’arrivais à lui expliquer pourquoi j’avais bien du mal dans ce monde que je ne connaissais pas. Ce n’était pas « difficile », ça ne pouvait pas l’être tant ils étaient gentils avec moi mais… J’avais toujours peur de trop en faire.

- Trop bon pour moi, oui. Commentai-je les facilités sociales de Mika.

Mais quoique je fasse, je n’imaginais pas pouvoir leur faire part de toute ma reconnaissance tant ils étaient accueillant avec moi depuis le début. Esquissant un sourire entre la gêne de recevoir un compliment et la reconnaissance, je baissai légèrement la tête en hochant la tête. Cela allait effectivement prendre du temps, je ne pouvais pas le contredire mais… Je me sentais bien ici. Vraiment bien. Et c’était peut-être la première fois que je trouvais un foyer sans vouloir m’en échapper dès que possible, Poudlard mis à part.
Quittant Alec le temps d’aller chercher les légumes, j’avais profité d’un instant près de Mika pour le toucher, pour me rassurer, en un sens, en sentant son dos sous ma main avant que je ne reprenne ma place auprès de son père pour qu’il puisse m’expliquer les différentes viandes et leur cuisson qui m’étonnèrent. Cela me semblait compliqué mais je comprenais l’essentiel, me répétant l’ordre de chaque chose afin de ne pas en rater. Il fallait donc faire attention à la coloration, d’accord.
Les yeux fixés sur le barbecue, j’avais alors sursauté à sa question avant d’hésiter, de ne pas savoir vraiment quoi répondre : je n’avais pas l’habitude que l’on me pose ce genre de question et, finalement, je n’en savais strictement rien. Je n’avais même aucune idée des différences que cela pouvait apporter… Et… Plus de sang lorsque c’était moins cuit ?... Une grimace un poil exagérée s’afficha sur mon visage avant que je ne me reprenne et que je n’hoche simplement la tête – quoique très peu convaincu par l’idée du sang et par ce que j’imaginais soudainement.

- Poulet et porc bien cuits, d’accord… Répétai-je alors en acquiesçant à l’idée d’essayer au moins de goûter les quatre types de cuiss… Quatre ? Soufflai-je. Ce n’est pas plein de sang et cuit ?... Voilà qui compliquait l’affaire…

Mika s’était absenté, j’avais alors profité d’un instant vraiment seul avec son père pour poser une question claire, une question qui faisait un écho direct à mes fiançailles avec son fils. Comment Madame Wilde avait-elle vécu ce qui finirait par m’arriver ? Comment cela s’était-il passé ? Ecoutant l’homme attentivement sans même le regarder, les yeux fixés sur la viande, la retournant de temps en temps comme pour avoir une chose moins… Difficile à faire que seulement entendre les paroles d’Alec, je restai attentif. Attentif et douloureusement calme face à ses propos. Cela avait été difficile au début… Et… Je me reconnaissais dans ses mots. Bien plus que je ne l’aurais voulu…

- Mieux vaut être un pion remplaçable que rien… Murmurai-je alors en réponse à ses paroles, baissant davantage la tête, les sourcils froncés.

Mais Mika avait tout changé… Relevant la tête lorsqu’il fut question de sa naissance prématurée, j’observai son père avec attention. Était-ce pour cela qu’il semblait toujours un peu plus fragile que les autres ou était-ce moi qui craignait trop pour lui ?... Dans tous les cas… Sa mère avait fini par se battre, avec son mari et… A nouveau, je baissai la tête. Est-ce que, moi, je serais un jour capable de cela alors même qu’avouer la vérité à mon père me semblait impossible…

- Vous avez réussi… Commentai-je finalement alors qu’il s’occupait du bœuf et des quatre cuissons.

Me mordant la lèvre à ses mots, tentant de rester serein face à un discours qui me touchait bien trop pour que j’arrive à garder toute ma neutralité, j’hochai doucement la tête.

- C’est ce que me dit Mika… Admis-je alors. En partie.

Et je comprenais leurs mots, je les entendais parfaitement mais… Sans comprendre pourquoi, me trouvant presqu’idiot, je n’arrivais pas réellement à le mettre en œuvre. Pas entièrement. Pourtant, je changeais, j’avais déjà changé, beaucoup, depuis ma rencontre avec Mika. J’avais évolué, il m’avait aidé, il m’aidait encore tous les jours et… Et c’était pour cela que j’avais posé cette question, pour cela que je voulais savoir… Qu’est-ce qu’il se passerait le jour où je serais écarté de ma famille à cause de ça, juste parce que j’étais tombé amoureux d’un homme et d’un sang-mêlé à qui je voulais donner ma vie ?...

- Je suis désolé de faire vivre ça à Mika… Avouais-je à mi-voix, alors. Désolé de l’obliger à vivre caché, à risquer de me voir marié à une femme parce que mes parents l’auront décidé… Désolé d’être lâche… Sa mère l’avait fait, ils avaient l’expérience et moi… Je ne serais jamais à la hauteur de ce qu’ils avaient fait, j’avais peur de ne jamais y arriver.

Sortit de mes pensées par la sensation de la main d’Alec serrant mon épaule, j’avais alors hoché la tête pour me concentrer de nouveau sur le barbecue, essuyant mes yeux légèrement humides du poignet pour secouer la tête sans réussir à me concentrer à nouveau.
D’ailleurs, sûrement aurais-je mieux fait de me concentrer car c’était la tête dans des nuages redevenus noirs que je déposai le poulet sur le barbecue jusque…

- Aya !! M’exclamai-je en reculant soudainement alors que ma main avait fait la rencontre de la grille.

Secouant violemment la main dans une grimace exagérée, je répétai cet onomatopée de douleur à de très nombreuses reprises en tentant de me concentrer sur autre chose. Ca faisait MAL !

Peut-être aurait-il mieux valu que je ne pose pas de questions dont les réponses n’allait m’apportait que nuages et colère. Peut-être aurais-je simplement dû me contenter d’apprendre la cuisson de chaque viande mais… Je n’avais pas pu m’en empêcher. Je voulais savoir, comme dans une tentative d’essayer de me préparer à quelque chose qui serait peut-être un jour inévitable. Ce n’était pourtant pas le cas, pas encore mais… J’avais promis. Je lui avais promis que nous ferions les choses bien, les choses officiellement et… Et c’était difficile. Difficile parce que malgré tout ce que l’on pouvait me dire, malgré tous les discours, je n’arrivais pas à voir ce que serait ma vie sans ma famille, sans que je ne sois quelque chose à leurs yeux, aux yeux d’une société que j’exécrais pourtant de plus en plus. Difficile car je n’arrivais pas à comprendre ma valeur, à comprendre ce que je devais voir et reconnaître en moi. J’étais quelqu’un de bien, peut-être, oui, mais quelle différence cela faisait-il ? Je ne savais même pas qui j’étais vraiment.

Mais eux avaient réussi. Ils avaient eu peur, mais ils l’avaient fait là où j’avais peur de faire le moindre geste. C’était humain, disait le père de Mika, surtout à mon âge et je ne serais jamais assez préparé au fait de perdre toute ma famille, toute ma vie passée autant que leur reconnaissance, si tant était qu’il y en ait une. Et c’est pourquoi j’étais désolé. Désolé d’offrir cela à leur fils, désolé de ne pas être ce qu’il aurait dû mériter, désolé d’être lâche. Evidemment, il aurait voulu mieux pour son fils, quelqu’un avec qui il puisse être en public sans aucun risque mais… Baissant la tête, je la hochai alors. Mika faisait ses propres choix et ils refusaient de faire toute ingérence concernant ses décisions. Qu’il réussisse ou qu’il échoue, il devait le faire de lui-même.

- Je ferais tout pour que ça n’échoue pas… Avais-je néanmoins murmurer, cette probabilité me faisant légèrement trembler.

Mais il avait effectivement décidé… C’était un compromis, comme dans tous les couples. C’était juste un compromis plus… Difficile à accepter pour beaucoup, pour la plupart. Mais ne pas culpabiliser quant à cela. Non. C’était impossible. Je n’y arriverais pas tant j’aurais voulu tout lui offrir, tant je n’y arrivais pas. J’esquissai néanmoins un sourire, retournant près du barbecue pour essuyer discrètement une larme avant de reprendre la cuisson des viandes et… Réussir à me brûler.
Je n’avais pas été attentif. Perdu dans mes pensées, j’avais fini par toucher la grille et me brûler. Ce n’était pas grave. Mais j’avais été surpris et j’admettais que c’était assez douloureux alors que tout le monde autour de moi réagissait, me faisant me stopper alors, presque surpris.

Suivant la mère de Mika jusque dans la cuisine, j’avais grimacé à la sensation de l’eau froide sur moi avant de soupirer. Elle avait raison. L’eau soulageait et… Clignant des yeux à la cascade de Mika j’avais amorcé un geste pour le retenir, retenu par la main de sa mère alors que je fronçai les sourcils. Il s’était fait mal à cause de moi. De mieux en mieux…

- C’est bon, Hae… Murmurai-je alors que sa mère confirmait que ce n’était rien, que c’était déjà passé et effectivement, son sort m’avait ôté toute douleur. Seul restait un inconfort dû à une sensation de chaleur désagréable.

Secouant négativement la tête, murmurant un « désolé » entre deux mouvements, je la suivis alors jusqu’au salon pour m’y asseoir, la laissant s’occuper de ma main, hochant la tête. Je ferais plus attention oui. Surtout si c’était pour inquiéter tout le monde de la sorte.
Mais alors que j’allais me lever pour aider Mika, je me figeai à la sensation de sa main sur mon visage, la fixant, surpris avant de baisser les yeux.

- Excusez-moi… Répétai-je alors qu’elle s’excusait à son tour d’être… Dure ? Secouant la tête, je soufflai doucement. C’est normal… Je peux être un danger pour Mika, je ne peux pas lui offrir ce que vous vouliez pour lui et vous connaissez ce que risque d’être mon avenir mieux que quiconque… Alors… C’est normal… Admis-je. Mais… Merci pour tout, Madame Wilde…

Comme son mari, je lui devais les plus sincères remerciements pour tout ce qu’ils avaient fait pour moi, quand bien même elle avait pu paraître dure, je le comprenais et je l’admettais aisément alors… Oui. Je devais la remercier. Vraiment.

La sorcière quittant le salon, elle fut rapidement remplacée par Mika que je n’eus pas le temps d’arrêter que ma main se trouvait déjà devant ses yeux. Forçant un sourire, j’hochai alors la tête, reprenant doucement ma main.

- Tu sais que je suis maladroit. Soufflai-je doucement en l’attirant à moi pour un câlin, profitant de cet instant seul, sans ses parents pour nous voir. Je t’aime, Hae… Murmurai-je avant de me séparer de lui. Et je vais finir d’aider ton père. Ça va. Je vais faire attention, c’est promis. Souriant de nouveau, je ris très légèrement. Il ne faudrait pas que je ne puisse plus jouer de la guitare. Plaisantai-je en me levant, glissant ma main dans la sienne. Mais il doit rester des légumes à griller et je vais toujours au bout de ce que je commence.

L’entraînant quelle que soit sa remarque, j’étais alors retourné près de son père pour terminer le barbecue jusqu’à la fin, jusqu’à ce que tout soit enfin servi et que je rejoigne Mika, presque victorieux.

- Tu vois. Pas une autre blessure. J’ai fait attention. Soufflai-je en montrant mes mains.

M’installant à ses côtés, et non sans avoir remercier ses parents pour le repas, je leur proposai alors de les servir, poliment, jusqu’à moi-même finir avec une assiette peut-être un peu trop pleine. Plissant les yeux, j’observai notamment le bœuf pour le goûter, un par un, du bout des dents, comme trop souvent avant de tout reposer en pencher la tête, en pleine analyse et… Goûter une nouvelle fois. Encore de la même façon.

- Lui. Décrétai-je en montrant la pièce la plus rouge. C’est ça que je préfère. Lui ressemble trop à ce qu’ils font chez moi. Repris-je en montrant la plus cuite.

Voilà. J’avais trouvé un goût que je ne connaissais pas. N’était-ce pas là une première victoire de goût nouveau ?

Le feu… Evidemment, c’était cela qui l’avait fait paniquer et je ne l’avais pas tout de suite compris. Me fustigeant intérieurement, je n’avais pas eu le temps de le rassurer davantage qu’il avait dû repartir, me laissant un instant seul avec sa mère qui en vint à s’excuser. Des excuses que je retournai, les comprenant bien trop pour les repousser. J’étais loin d’être l’homme qu’ils auraient voulu pour leur fils et… Je l’entendais, je le comprenais et je l’acceptais. C’était normal. Mais elle comprenait et… Ses mots me firent baisser les yeux. Elle doutait encore, même après seize ans… Mais elle comprenait. Inutile d’être devin pour s’en rendre compte et à vrai dire… En un sens… Cela me faisait du bien de l’entendre, de m’en rendre davantage compte alors que je me figeai. Comment m’avait-elle appelé ? Mon… Gendre ?

L’observant, surpris et… ému, oui, c’était cela, j’étais ému. Très ému… L’observant donc partir, j’avais dû rapidement reprendre contenance alors que Mika revenait rapidement, inquiet. Tentant de le rassurer, j’avais malgré tout eu besoin de ce câlin, de lui rappeler que je l’aimais, avant que je ne m’échappe pour aider son père à cuire les légumes.

- Oui. Répondis-je néanmoins à Mika dans un sourire. Des légumes que tu vas manger aussi.

Terminant le barbecue, nous nous étions ainsi tous installés, non sans que je n’aie montré à Mika mes non blessures supplémentaires. Les assiettes servies, je m’étais alors retrouvé devant un tas de viande, beaucoup trop, d’ailleurs, de viande que je devais désormais goûter, à commencer par le bœuf et ses quatre cuissons qu’il me fallut goûter deux fois avant de me décider. La plus saignante. C’était la plus saignante, définitivement. Ce qui provoqua la joie de Mika qui… Clignant des yeux, j’observai sa viande tomber dans son assiette, sa mère râlant alors. Mais qu’est-ce que…

Oh non…

Mon regard se posa sur le « kimchi » qui n’en était pas lui être tendu. Non…

- Mika… Commençai-je avant qu’il ne… Mais…

Je ne comprenais pas. Enfin non. Je comprenais beaucoup trop. Mangeant un peu distraitement coupant la viande avec des couverts, chose que ne semblait plus connaître Mika d’ailleurs, je continuai à l’observer… Ce n’était plus un morceau de viande en sandwich de légumes…C’était… De la sauce. Oui. Voilà. Je ne pouvais qu’être d’accord avec sa mère sur ce coup et… Je ne pus, à cet instant, pas retenir un rire. Et même pire. J’étais pris d’un fou rire, véritablement.

Je ne l’avais jamais vu ainsi et si je savais que la viande était sa grande passion, cette fois, j’en avais la preuve ultime. Une preuve qui m’avait fait rire tant c’était… Tant cela lui ressemblait, finalement. Et il me fallut tous les efforts du monde pour réussir à me calmer. Essuyant une larme de mes yeux, je soufflai alors.

- Promet moi de ne pas changer… Prononçai-je en secouant la tête. Et ta mère a un peu raison quand même… Tu contrebalances trop le bénéfice des légumes avec autant de sauce… Qu’il n’oublie pas que j’avais étudié la diététique pour lui. Et n’appelle pas cette chose, je montrai le « kimchi » blanc, du kimchi. C’est une hérésie, Hae. Tu insultes tout un pays en faisant ça. Soufflai-je dans une plaisanterie presque sérieuse, remplissant instinctivement le verre de son père que je remarquai être presque vide. Je dois te promettre quoi pour que tu manges des légumes sans rien avec ? Demandai-je alors dans un léger sourire amusé. Surtout que… Me tournant un peu plus vers lui, je pris une moue exagérément mignonne. C’est moi qui les ai cuits… Je l’ai fait presque seul et pour la première fois… Tu ne veux pas me faire plaisir ? S’il te plait…

C’était du kimchi ? Mais… Je jetai un regard presque choqué à sa mère avant que je ne comprenne ce qu’elle voulait dire par là. Un légume. Cela restait un légume que Mika mangeait. Ah. Oui. Mais… Mon âme coréenne souffrait à cet instant. Vraiment fort. Comme poignardé en plein cœur. Alors, je m’étais concentré sur les légumes, tentant de le convaincre d’en manger sans rien. Plissant les yeux à sa demande, je secouai doucement la tête.

- Ca, c’est de la triche. Soufflai-je, refusant de ne pas me rendre en Corée.

A la place, ce fut une autre stratégie qui fut adoptée. Après tout, je les avais préparé, moi, tout seul et j’étais actuellement le plus mignon possible pour le faire céder. Il ne pourrait pas résister. Ou presque. Un micro bout de poivron. C’était tout ce que j’avais réussi à lui faire manger. Et encore…

- La prochaine fois je t’en ferais de la purée, ça sera plus facile… Soupirai-je alors.

J’avais néanmoins fini par reprendre correctement ma place, terminant mon assiette avant que ne soit proposée de la glace qui prit Mika de court, éclairant mon visage d’un sourire amusé alors que la remarque de son père m’arrachait même un rire. Arquant un sourcil lorsqu’il se tourna vers moi, je secouai la tête.

- Non, effectivement, je ne vais pas du tout t’aider. Acquiesçai-je absolument pas honteux de ce fait. Enfin si. Je vais t’aider en te disant que c’est bon pour toi.

Un encouragement sûrement bien peu intéressant pour lui, mais le seul qui était réel alors qu’il mangeait enfin les légumes que son père lui avait servi. Bon… Le soda qui l’accompagnait n’était pas franchement l’idée du siècle mais je me tus. Il mangeait. C’était déjà bien. J’avais même fini par poser ma main sur sa tête une fois que son assiette fut vide.

- Je crois que tu as grandi d’un centimètre avec tout ça. Me moquai-je gentiment alors que son père revenait avec bols, glace et accompagnements.

Ne sachant pas vraiment trop quoi prendre, j’avais demandé un bol complet mais très peu rempli, l’assiette m’ayant plus que calé, avant que Mika ne soit servi et qu’il… arquant un sourcil, je l’observai alors. Il avait effectivement pris des fruits et… Mon regard se posa sur son père. Le tricheur…

- Je comptais rester un peu après dîner, pour la peine je m’éclipserais dès que j’aurais aidé à débarrasser. Me vengeai-je dans un sourire sans même le regarder.

Pour une fois, je ne m’en voulais pas de le quitter pour une heure. J’allais revenir, je le savais. Et pas sans rien. D’ailleurs, aux mots furent adjoints les actes alors que, tout le monde ayant terminé de manger, je débarrassai la table et lavai ce qui devait l’être pour rejoindre la chambre de Mika et récupérer mon sac rapidement avant de revenir vers les Wilde. M’inclinant légèrement, j’esquissai un sourire envers Mika.

- Je serais de retour dans une heure. Veuillez m’excuser pour cette absence. Avais-je soufflé avant de transplaner sur Séoul, non sans avoir embrasser furtivement Mika la seconde d’avant.

Une heure. C’était le temps que j’avais donc pour faire tout ce que je m’étais fixé. Et en premier lieu, il s’agit de trouver des cadeaux pour les parents de Mika. A vrai dire, cette tâche ne me prit pas tant de temps. Loin de là. J’avais eu bien assez de temps pour y réfléchir, pour savoir exactement ce que je désirais acheter et dix minutes après mon arrivée, ce fut chose faite. Pour la mère de Mika, un immense panier de légumes, de fruits et de plats typiquement coréens, dont de belles racines de ginseng ainsi que quelques foulards de grande marque coréenne. Pour son père, un bon nombre de snack mais aussi un coussin traditionnel pour ses visions du « football » qui devait, je l’avais compris, se passer devant la « télé ».  Le tout accompagné d’un immense bouquet de fleurs du pays dans un vase en céramique d’un potier reconnu.

Ces effets achetés, j’étais ainsi passé à la chose la plus difficile et celle qui m’avait pris le plus de temps. Deux tenues. C’était ce qu’il me fallait. Et c’est ce que j’eus. Une tenue habillée quoique pas costume, comme avait pu me le dire Mika, et une autre… Plus… Pour lui. Enfin. Pour moi aussi. J’admettais apprécier m’habiller. J’avais d’ailleurs ôté mes vêtements pour enfilés cette nouvelle tenue et c’est ainsi, que j’étais revenu chez ses parents, une heure dix après être parti. Je n’avais pas exactement pu trouver la tenue exacte comme Mika me l’avait décrite. Cela devrait être pour la prochaine fois alors que le temps m’avait clairement manqué mais… J’espérais que cela puisse faire son effet. Frappant à la porte d’entrée devant laquelle j’avais alors transplané pour ne pas m’imposer, j’étais à nouveau entré pour enlever mes chaussures et rejoindre ses parents dans le salon où je pus leur offrir chacun des cadeaux.

- Je tenais à vous remercier pour votre accueil et… Enfin pour tout ce que vous acceptez de m’offrir depuis que je suis arrivé et malgré les conditions de mon arrivée. Expliquai-je lorsque tout fut sorti de mon sac sans fond. Je voulais aussi saluer mes… Mes beaux-parents, osai-je un peu plus timidement, comme il se devait… Alors… Merci.

Dès lors que ce fut chose faite, demandant où se trouvait Mika, je les avais quitté pour rejoindre la chambre.

- Désolé, Hae, j’ai été plus long que prév… Me stoppant, je l’observai soudain, figé sur place, la porte se refermant derrière moi par ma seule impulsion initiale.

Qu’est-ce que…