La chasse aux payeurs… Je commençais presque à apprécier cela à vrai dire, surtout lorsqu’il s’agissait d’aller voir certaines personnes telles que le propriétaire de cette librairie et son employé. Si l’un me payait, l’autre… Avait encore du chemin à parcourir pour y parvenir. J’avais d’ailleurs un nouveau travail à lui « proposer » pour le lendemain. C’était la raison pour laquelle je m’étais décidé à venir moi-même le retrouver.

Entrant à la suite de mon comptable, comme j’en avais l’habitude, j’avais observé autour de moi, prenant le partie de vérifier le nombre de clients et leur visage. Mieux valait être préparé à tout. Cela m’avait au moins permis de repérer rapidement l’employé en question.

- Monsieur Page ! M’étais-je exclamé presque enthousiaste. Cela fait bien trop longtemps que je ne suis pas passé vous saluer ici, n’est-ce pas ?

Cela faisait effectivement quelques semaines qu’il ne m’avait pas vu… Sans compter ses petits boulots lors de mes réceptions. Evidemment.

- Comment allez-vous et… Oh. Excusez-moi. Avais-je alors articulé tandis qu’un jeune garçon au visage masqué par sa capuche s’avançait jusqu’à la caisse. Je vois que les affaires fonctionnent bien. Monsieur Hensley doit être heureux.

- Monsieur Pete ?

J’avais arqué un sourcil, laissant mon garde du corps passer devant moi, sourcils froncés, avant qu’il ne se permette d’arrêter le client de la boutique.

- Pourriez-vous retirer votre capuche, Monsieur. Demanda l’homme dans une politesse certaine.

- Allons, Jack. Avais-je soufflé en réponse, secouant la tête. Laissons les clients tranquilles.

- Je m’excuse Monsieur, il s’agit des procédures de sécurité. Retournant son attention sur le client, j’avais soupiré.

- Dans ce cas… Je m’excuse de la part de ma sécurité, Monsieur…

Le garde avait fait tourner le client vers moi et je n’avais pas mis plus de quelques secondes à réaliser, à le reconnaître alors qu’un sourire mauvais se dessinait presque malgré moi sur mon visage.

- Tenez donc… Je viens chercher une brebis et j’en trouve une seconde avec… Murmurai-je à moi-même alors que je faisais signe à mon garde du corps de lui enlever la capuche de force s’il le fallait, fermant les accès à la boutique d’un sort. Mika Wilde… Cela fait bien trop longtemps…

Ma voix était bien plus doucereuse qu’envers Maxens à qui je jetai un coup d’œil amusé.

- Merci bien, Monsieur Page. Sans même que vous ne le cherchiez, vous venez de me rendre un immense service. Je crois que je peux donc vous exempter du travail que je venais vous proposer pour demain. Un acte de charité, pour sûr, alors que mon attention se reportait sur le jeune sorcier. Comment allez-vous, Monsieur Wilde ? Comment votre maître va-t-il ? Une question toute trouvée alors que je croisai les bras. Oh. Pardon. J’oubliais qu’il avait été tué… Ce qui est assez ennuyant, voyez-vous.

Je me moquais foncièrement que le jeune Page assiste à cette scène. Le sorcier était certainement l’un des mieux placés pour savoir qu’il ne valait mieux pas me contrarier ou me mettre des bâtons dans les roues. Ce que je faisais serait donc un nouvel avertissement de ce qui pouvait se produire lorsque les choses ne tournaient pas comme je le désirais.

- Mais peut-être devrions-nous discuter autour d’un thé ? Comme lors de notre rencontre. Vous vous souvenez, je suppose, lorsque vous m’avez évité un empoisonnement dont je vous suis toujours reconnaissant, d’ailleurs. Laissons Monsieur Page gérer sa petite boutique et allons-y. Qu’en pensez-vous ?

Faisais-je peur à l’adolescent ? Je devais admettre me poser la question alors que ses yeux s’animalisaient légèrement. L’esprit était à l’écoute. Comme lors de ma première et unique rencontre avec son dernier maître vivant, il semblait prêt… Mais à quoi bon le torturer maintenant ? Je n’avais pas besoin de me battre avec lui. Seulement avec son maître. Son nouveau maître. Je n’avais d’ailleurs pas hésité à en parler ouvertement, le vendant presque auprès du jeune Page que j’avais rapidement rappelé à l’ordre au préalable, comme pour asseoir ma présence ici. Je lui offrais une petite liberté en l’échange de son calme malgré tout ce que je pourrais dire. Cela avait-il fonctionné ? Sûrement car il ne bougea pas.

- Max ? Soufflai-je dans un sourire mauvais. Vous vous connaissez donc ? Le monde est visiblement bien petit.

Cela n’était à vrai dire pas si étonnant que cela. Deux élèves de Poudlard pouvaient facilement se rencontrer, se connaître, quand bien même leur âge était-il différent.

- Hé bien effectivement, nous nous excusons, Monsieur Page. Repris-je. Votre ami et moi-même avons de nombreuses choses à nous dire comme le fait de parler de son nouveau maître…

Mais pas ici. Pas devant des gens qui le connaissaient. Une demande qui m’arracha un rictus d’autant plus mauvais. Je n’étais pas bon perdant. Bien loin de là. Et pourtant, cette fois, j’avais perdu. Quelqu’un dont j’ignorais l’identité m’était passé devant, avait eu ce que je désirais, ce dont j’avais besoin.

- Voyons, Monsieur Wilde. Pensez-vous réellement que vos demandes puissent m’importer lorsque quelqu’un s’est amusé à vous posséder avant moi ? Soufflai-je en arquant un sourcil alors que mon garde du corps nous ouvrait la porte. Monsieur Page, je vous laisse aux mains de mon cher ami comptable. Il y a eu quelques changements dans les mensualités. Ce ne sont que des formalités. Je vous remercie néanmoins pour ce cadeau imprévu. Je suis sûr que Monsieur Wilde appréciera ma compagnie et que… J’avais baissé les yeux sur le gamin. Le renard appréciera la pièce spécialement préparée pour lui en Thaïlande. Une réplique d’une forêt japonaise, n’est-ce pas magique ? Plaisantai-je en attrapant brusquement le bras de l’adolescent dans l’optique de le traîner en dehors de la boutique. Ne tentez pas de vous échapper, Mika. Prévins-je malgré tout. Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin sur ce que je peux faire lorsque je suis en colère, n’est-ce pas ?

Souriant, je l’avais ainsi entraîné non pas dans un salon de thé mais bien dans une ruelle adjacente ou plutôt une sorte de cul-de-sac à côté de la boutique et surtout déserte. Le chemin bloqué par Jack, j’avais esquissé un sourire en croisant les bras, m’adossant au mur.

- Bien. Je suppose que votre esprit ne voudra pas trahir son maître mais votre maître voudra-t-il que son bouclier perde une queue ?

Je n’allais pas le faire. Evidemment. J’avais besoin de ses queues entières, mais cela n’allait pas m’empêcher de le menacer alors que je sortais ma baguette pour la pointer vers l’adolescent.

- J’ai quelques questions à vous poser, Mika. Quand a eu lieu le changement de maître ? Comment a-t-il eu lieu ? Qui a tué le vieux Kim ? Cela serait trahir son maître mais allait-il préférer la mort à la trahison ? Non. J’en doutais. Il ne pouvait pas être si imbécile que cela. Il n’y avait plus qu’à espérer que le garçon soit plus accroché à la vie que l’esprit à son maître.

- Ne vous en faites pas. Monsieur Page a déjà bien assez à faire avec moi pour que j’en rajoute aujourd’hui, n’est-ce pas Maxens ? Soufflai-je avec un certain amusement.

Tout comme Mika Wilde en avait d’ailleurs alors que je n’hésitais pas à parler ouvertement de sa bénédiction. L’affaiblir, voilà ce que je désirais alors que je « l’invitai » à me suivre à l’extérieur.

- Vous peut-être pas. Le renard pourrait l’être pour moi. Vous ne seriez alors qu’un réceptacle tout au plus. Soufflai-je, las de ce gamin.

J’avais d’ailleurs tout prévu pour lui, pour le renard, créant une pièce en son honneur. Fermée, évidemment. Mieux valait qu’il ne s’échappe pas. Mais avant cela, il fallait encore que je trouve ce satané nouveau maître. C’est pourquoi j’avait tiré le gosse à l’extérieur de la librairie alors qu’il se débattait comme un beau petit diable et…

- Maxens n’a pas intérêt à bouger s’il veut garder sa vie tranquille comme elle peut l’être. Avais-je grondé, comprenant parfaitement le coréen. Et les insultes ne vous vont pas vraiment, jeune homme.

Au moins avais-je pu l’entraîner jusqu’à cette ruelle, le menaçant, sortant ma baguette. Il fallait que je me dépêche à obtenir les réponses à mes questions. Qui savait ce qui pourrait m’arriver dessus si je restais trop longtemps ici. J’avais déjà perdu un homme. Perdre Jack m’ennuierait définitivement et… Le comportement du garçon ne m’avait pas échappé alors qu’un sourire malsain étirait mes lèvres. Il n’était pas seul ou plutôt… Ils n’étaient pas seuls. Le maître était là, il écoutait. Autant que moi qui me figeai alors aux mots de Wilde. Perdu plusieurs queues ?... Était-il sérieux ?...

Dans tous les cas, il évitait mes questions. Il protégeait son maître. Contre vents et marées, il semblait vouloir le protéger… Que ce soit le gamin ou l’esprit, aucun des deux ne semblaient vouloir perdre du terrain alors que mes traits se faisaient désormais plus sérieux, plus dangereux.

- Je n’aime pas en arriver à ces extrêmes. Grondai-je en secouant la tête, la colère montant à mes tempes. Ce serait tellement plus facile si toi et ton renard jouiez le jeu…

Mais il était prêt à mourir… Et malheureusement, je n’étais pas prêt à sacrifier une queue pour faire venir son maître. Mais le maître accepterait-il cela ? D’un geste, une gifle monumentale s’était abattue sur la joue du jeune garçon alors que je secouai ma main, grimaçant.

- Ton maître doit bien m’écouter. Soufflai-je. Qu’il me cherche. Je l’attends avec une grande impatience. Mais qu’il n’oublie pas une chose… Je n’ai aucun scrupule à te torturer jusqu’à ce qu’il se montre. Je n’ai eu aucun scrupule à te mettre sous impero, penses-tu réellement que je ne recommencerais pas pour te faire faire ce que je désire ? Ma main avait attrapé son menton alors que je me rapprochais de lui, le sourire revenu au visage, m’arrêtant à quelques centimètres du sien. J’ai tendance à aimer que l’on me paye ses dettes et tu me dois donc visiblement deux queues… J’espère que tu sauras exactement comment me les payer. A moins que tu ne préfères que je fasse payer ton petit ami ou tes parents à ta place ? Murmurai-je alors m’approchant d’autant. Réfléchis, Mika. Ton maître ou ton petit ami. Comment déjà… Ah oui. Le jeune Jeon… Alors… Lequel préfères-tu ?

Etais-je réellement un monstre que de vouloir une chose à ce point ? Sûrement. Il n’était qu’un gosse. C’était presque malheureux et, à vrai dire, j’aurais même pu avoir quelques scrupules si cela n’était pas un si gros coup. L’obtenir m’aiderait dans mes affaires, dans ma vie en plus d’être agréable. Un gain suffisant pour me motiver à ne faire preuve d’aucune pitié à son égard comme en témoigna la gifle qu’il accusa alors que des larmes se mettaient à couler le long de ses joues.
Mais il n’était pas seul et c’était là le plus intéressant. J’avais pu parler à son maître directement, le menacer clairement car oui. Je serais capable de tout pour l’avoir et le torturer ferait évidemment parti du pack. Une idée qui fit réagir le sorcier, me faisant arquer un sourcil. Oui. Nous ne voyions tous qu’une chose…

- C’est la seule chose qui fait que tu es intéressant. Appuyai-je alors. Tes queues font de toi quelqu’un de spécial. Sans cela… Tu ne serais qu’un gamin inutile. Mais tu es le réceptacle d’un pouvoir qui te dépasse, Mika.

Alors que préférait-il ? Me vendre leur maître ou que je m’en prenne à sa famille. Car il n’était en effet qu’un réceptacle, mais un réceptacle vivant, un être humain qui savait réfléchir. Alors de l’esprit ou de l’humain, qui allait céder en premier ?

- Ton maître ou ta famille ? Répétai-je alors qu’il suppliait.

Le choix fut visiblement pris par le maître. Evidemment. Arquant un sourcil, j’avais vu les yeux de l’animal prendre leur place, m’arrachant un sourire amusé.

- Le petit ami est donc sacrifié… Commentai-je alors que le patronus disparaissait.

Pour la peine, je l’avais laissé s’échapper, se reculer jusqu’au fond de la ruelle, m’adossant à nouveau au mur de la boutique de Page, bras croisés.

- Tu sais, avais-je repris. Ce ne sont pas des choses que j’apprécie faire… C’est toi qui m’obliges à les faire. Si tu étais plus fort, si tu étais plus décidé à sauver tes proches, je ne m’en prendrais pas à eux… C’est ta faute et ta seule faute si j’en arrive à cela… Je n’aime pas ça pourtant…

Et c’était presque la vérité. Je n’aimais pas me salir les mains. Je n’aimais pas menacer d’autres pour arriver à mes fins avec un seul. Je préférais le direct, le propre et… Cela m’ennuyait ouvertement que de devoir faire cela maintenant. Mais je n’avais pas le choix. Et le petit ami avait d’ailleurs fini par transplaner devant la boutique de mes débiteurs.

- Obéit-il toujours au doigt et à l’œil lorsque tu l’appelles ? Soufflai-je avec un certain amusement alors que Jack attirait le garçon dans la ruelle, discrètement. Bien… Je m’étais arrêté alors, tournant mon regard vers Mika. Mais est-il au courant pour toi ?... Enfin. Ce n’est pas le plus important.

- Qu’est-ce que vous faites ?! S’était insurgé le coréen en se précipitant vers son petit ami, semblant visiblement comprendre que quelque chose n’allait pas.

- Je règle un petit différend entre Monsieur Wilde, son kitsune et moi-même. Expliquai-je, baguette toujours en main. Et pour cela, je me suis permis de vous demander, Monsieur Jeon. Voyez-vous… Experlliarmus !

La baguette du garçon ne m’avait pas échappé alors que je secouai la tête, Jack prêt à me défendre au besoin.

- Allons… Beaucoup de choses peuvent être faites avant d’en arriver à cet extrême, Monsieur Jeon. Mais… Mika, dis-moi… Si ton maître semble visiblement peut à même d’avoir de la pitié pour toi et pour tes proches. Est-ce que toi, tu arriveras à le convaincre du contraire ?

Mon sourire ne pouvait pas tromper alors que le regard du jeune Jeon semblait avoir compris ce que je cherchais à faire. Et une seconde plus tard, une seconde après un sort d’insonorisation lancé par mon garde du corps, il s’était retrouvé à terre, souffrant le martyr grâce à ce merveilleux sort Doloris dont il était victime alors que mon regard se fixait sur Mika. Cela ne dura pas, pas vraiment. Je voulais juste lui faire peur alors que je cessai le sort.

- Dois-je recommencer, Monsieur Wilde ou…

Des étincelles rouges venaient de passer à côté de moi alors que je fronçai les sourcils, mon regard se posant sur le petit ami de mon réceptacle. Il…

- เจ้าสารเลวตัวน้อย... Groignai-je en rangeant ma baguette, faisant signe à Jack de contenir les passants qui commençaient à arriver près de la ruelle alors que mes cheveux se teintaient de rouge part un sort de métamorphose, une façon comme une autre de ne pas être trop reconnu de dos.

M’approchant de Mika, laissant son morveux d’ami au sol le faisant rouler d’un mouvement de pied, j’avais attrapé son menton.

- Tu vois ce que je suis capable de faire pour t’avoir ? Alors je te conseille fermement d’avoir une conversation avec ton satané esprit si tu ne veux pas que tes parents subissent le même sort… Ou que lui, et j’avais montré le garçon visiblement toujours particulièrement sonné, ne finisse contrôlé par mes soins, tu te souviens de la sensation sous imperium ? Soufflai-je en me redressant. Jack. On y va.

Transplanant immédiatement, j’avais rejoint mes appartements, envoyant presqu’immédiatement un vase se fracasser contre le mur. Ces sales morveux… Son maître semblait visiblement aussi inhumain que l’ancien à laisser le garçon voir son petit ami se faire torturer… S’attaquer aux parents risquaient d’obtenir les mêmes résultats à ce stade et… Je n’avais pas avancé. Pas d’un iota. Je savais seulement une chose. Il me cherchait. Et j’espérais foncièrement qu’il me trouve rapidement pour pouvoir enfin me débarrasser de lui et avoir ce que je désirais le plus.