Chez les Moldus. Theresa m’avait envoyé chez les moldus. Savait-elle au moins à qui elle avait demandé cela ? Oui. Et c’était bien tout le problème. Mais c’était une sorcière talentueuse qui savait que je n’aimais que la perfection. Alors… Sûrement l’avait-elle fait pour ne pas me laisser entre les mains de n’importe qui mais…

Là, debout devant cette boutique aux allures plus que précaires à mon sens, j’avais observé. Les moldus. J’étais. Chez. Les. Moldus. Bien. Deux choix s’offraient à moi. Faire confiance en mon esthéticienne habituelle, cette traîtresse qui m’avait envoyé ici par la simple raison qu’elle avait dû s’absenter le jour de mon rendez-vous. Ou faire demi-tour et rester là, sans prendre soin de ce que j’avais de plus précieux, à savoir moi. A vrai dire, la réponse fut vite trouvée alors que je pénétrais dans ce lieu dont la pauvreté était criarde.

- Bonjour. Je viens de la part de Theresa Plums.

Elle les avait prévenus. Heureusement. Je serais pris entre deux rendez-vous déjà fixés. Tant mieux, je ne me voyais pas attendre dans cet endr… Mais il faudrait attendre tout de même. Ah. Avais-je réellement le choix ?... Soupirant, j’avais hoché la tête. Soit. Une autre client était déjà en soin et elles n’étaient que deux pour la boutique. Je pouvais le comprendre. Mais malgré tout… Chez les moldus… Entourés de moldus… J’espérais au moins que l’esthéticienne qui me prendrait en charge, soit l’amie de celle dont j’avais l’habitude, serait sorcière. Au moins.

Enfin. J’avais pris place dans la salle d’attente. Silencieusement. Je n’étais pas une personne particulièrement bruyante de toutes les manières. Et je n’étais certainement pas décidé à faire la causette. Ce qui n’était visiblement pas la décision de ma voisine que j’avais à peine salué, l’air perdu – et je l’étais.

- Je suppose que les hommes prennent moins soin d’eux. Avais-je alors répondu poliment de cet accent thaïlandais que peu avaient ici.

Une moldue. Evidemment. J’en étais certain. Et cela… Me débectait. Mais là encore… Je n’étais pas dans mon lieu, dans mes habitudes. A moi de… De faire au moins semblant.

- Ne vous en faites pas. Je provoque souvent l’étonnement lorsque j’attends dans une salle d’attente d’un salon. Admis-je. A croire que je suis le seul à aimer cela.

D’ailleurs… Peut être pouvais-je en profiter pour m’assurer d’une chose…

- Vous avez l’habitude de venir ici ? Vous connaissez les esthéticiennes ? M’enquis-je alors, sourcils légèrement froncés. J’ai été… Envoyé ici en l’absence de mon habituelle. J’admet être un peu surpris de l’endroit.

Agréable ? J’admettais que certains soins me paraissaient loin d’être agréable mais… Soit. J’avais simplement hoché la tête avant que je ne m’inquiète du lieu particulièrement pauvre. Vraiment… Qu’avait-il pris à mon esthéticienne pour m’envoyer dans tel endroit ?... Au moins la jeune anglaise semblait-elle connaître les lieux. Peut-être allais-je ainsi pouvoir me rassurer ou… Sauf une ?

Mon regard avait légèrement changé, presqu’inquiet. Non. Vraiment… Je craignais ce rendez-vous. Peut-être aurais-je mieux fait d’attendre que mon habituelle revienne… Je refusais de tomber avec Bertha.

- Acceptent-ils les pourboire importants pour ne pas « tomber » sur Bertha ? Soufflai-je alors en croisant les bras, réellement soucieux.

Je ne pouvais pas partir. J’avais des rendez-vous. Je devais être parfait. Mais Bertha… même ce nom ne me disait rien… Qui pouvait donc s’appeler de la sorte ? Bertha… Immonde jusqu’au prénom. Arquant un sourcil à sa question, j’avais néanmoins rapidement embrayé, y répondant simplement.

- Au Luxury Wax Bar. Soufflai-je ainsi. Bien plus… J’observai de nouveau autour de moi, tentant de trouver des mots qui ne seraient pas insultants pour l’endroit. Bien plus luxueux. Moins miteux aurait aussi fonctionné mais mieux valait ne pas user de ce terme bien trop peu élogieux. Etes vous une habituée de ce salon ? Avais-je malgré tout demandé, rendant la question en imaginant facilement qu’elle ne pouvait aller nulle part ailleurs. Elle était moldue et semblait bien trop modeste pour cela. Hochant alors la tête, j’avais repris. Effectivement. Je suis un homme d’affaire. Avais-je approuvé. Je viens de Thaïlande. Je suis arrivé en Angleterre il y a quelques années maintenant mais je crains que mon accent ne soit à jamais accroché à moi. J’espère d’ailleurs qu’il ne vous dérange pas.

Parler de mon métier, de mes origines avaient bien souvent ce simple fait, celui de me rendre quelque peu plus serein alors que j’esquissai un sourire presque séducteur à la jeune femme. Moldue ou non, elle restait jolie, à vrai dire, alors… Autant ne pas la brusquer ou la choquer. N’est-ce pas ?

- Et vous, alors ? Repris-je, tentant de faire la conversation. Au vu de votre accent et de votre tenue, je dirais que vous êtes un pur produit anglais. Commentai-je avant de lever les mains. Et c’est un compliment, croyez-moi ! Avais-je fixé. J’ai toujours trouvé les femmes anglaises ravissantes. Et si jamais je me trompe… J’avais alors ri, un peu. Changez ma phrase par votre nationalité, cela peut passer aussi. Soupirant, amusé, quoique toujours un peu faussement, j’avais alors secoué la tête. Je plaisante, je vous rassure.

Mais les plaisanteries me permettaient de ne pas paniquer à l’idée de me retrouver en contact direct avec « Bertha »…

Soudoyer pour tomber sur tout le monde sauf Bertha. Cela me semblait être la meilleure idée que je puisse avoir. Alors... Oui. J'allais faire cela si l'on m'emmenait voir cette tortionnaire de l'est. En tout cas, le nom de mon salon habituel avait visiblement fait mouche. Evidemment. Mais elle n'aurait certainement jamais les moyens de se payer une telle chose. Pas en venant ici habituellement en tout cas. Pour autant... Pouvais-je critiquer ouvertement cet endroit ? Ce n'était qu'une moldue insignifiante mais si je ne voulais pas tomber sur Bertha, mieux valait que je sois gentil même avec les clientes.

- Je n'irais pas jusque là. Vais-je ainsi modéré. Cet endroit à son charme...

Un charme affreusement laid. Mais un charme quand même.
Basculant sur mes origines, j'avais rapidement froncé les sourcils. Des campings ?...

- Êtes vous déjà allé en Thailande ? Avais-je soufflé alors que je ne comprenais réellement pas pourquoi seuls nos campings avaient retenus son attention. Ce n'était pourtant pas la première chose qui sautait aux yeux... Esquissant néanmoins un sourire à son compliment, j'avais rapidement repris. Je possède des entreprises d'import export et immobilières. Avais-je expliqué, éludant largement mes secondes affaires. Et vous donc ? Que faites vous donc dans la vie ? Autant être gentil jusqu'au bout.

Elle était psychoma? Non psychologue. Ah. Dans un lycée... Le type d'emploi que je ne pourrais pas faire. Trop de jeunes imbéciles... Quoiqu'ils étaient si manipulables... Enfin. Elle m'apprenait donc qu'elle travaillait en Ecosse et que... Je n'avais pu m'empêcher de rire un peu, cette fois, aussi bien à sa remarque sur les R qu'à sa tentative de rattrapage.

- Belle pirouette. Avais-je même commenté. Et croyez bien que je me débrouille bien mieux avec le R que je ne le faisais avant. Et c'était peu dire. Mon accent était réellement incompréhensible lorsque j'étais arrivé.

La complimentant alors, j'avais reçu son retour dans un sourire. Et... Venus donc. Drôle de prénom. Quant à moi...

- Pawornruj. Soufflai-je Pawornruj Narkhirunkanok Me taisant un instant, j'observai son visage avec un certain amusement. Mais tout le monde m'appelle Pete ici. La rassurai-je dans un nouveau rire.

- Parfait ? Soufflai-je sans même masquer mon amusement. Je n'irais pas jusque là. Mais je vais faire semblant que ce compliment était sincère et je vous remercie donc.

Mais il fallait admettre que le plus amusant n'était pas encore arrivé. En effet. Cela arriva, comme bien trop souvent dans ce pays, à l'écoute de mon prénom et de mon nom. J'avais pourtant donné mon "surnom" pour l'aider mais... Elle tenta. C'était tout à son honneur, certes, mais vain. Bien sûr.

- Rassurez-vous, ce n'est pas anormal de ne pas réussir à prononcer mon nom de naissance. C'est bien pour cela qu'un surnom m'a été donné à mon arrivée en Angleterre. Quant à une signification, j'avais pris quelques instants pour réfléchir avant de secouer négativement la tête. Pas à ma connaissance en tout cas. Et vous donc ? Vos parents aimaient-ils la mythologie ?

Mais nous n'avions pas réellement eu le temps de discuter davantage. Le pire venait d'arriver et un coup d'oeil à la moldue pour comprendre. Bertha. C'était... C'était Bertha et... La traîtresse. Elle venait de mentir. Je... Non. Il était hors de question que je mette mon physique entre les mains de cette femme étrange.

- Non ! Ce n'est pas parce que je suis un homme occupé que vous devez vous sacrifier. Avais-je rétorqué. Cette jeune femme est arrivée bien avant moi. Je ne voudrais pas lui faire perdre davantage de temps et...

L'allemande, russe, ukrainienne ou que savais-je encore avait froncé les sourcils en nous observant nous battre pour ne pas passer ce qui devait être, admettons-le, une première.

- Venez tous les deux. Avait-elle ordonné. Comme ça, je vous fait ensemble et pas de jaloux.

Etait-ce de l'humour ou notre mise à mort ? Dans tous les cas, je n'étais pas franchement rassuré, je devais l'admettre. Mais... Hum. J'étais... J'étais un sorcier. Pourquoi craignai-je une simple moldue aussi laide soit-elle ? Alors. Soit. Je m'étais levé, glissant ma main dans ma poche pour m'assurer la place de ma baguette, quand bien même je n'en avais pas réellement besoin. Cela dit... Je n'allais pas être le seul à y aller. Cette moldue avait voulu me vendre alors...

- Après-vous, Venus. Puisque Madame Bertha nous a demandé à deux.

A quel point leur « petite fille » était parfaite ? Voilà des moldus bien arrogants. Aucun moldu n’était parfait. Fille ou pas fille. Ils étaient seulement… Insignifiants tout au plus. Enfin. Je n’allais pas briser les rêves de cette jeune femme. C’était inutile.
Quoique peut-être cela aurait-il été utile si cela m’avait permis d’échapper à la « Bertha » qui venait d’arriver. Et cela fut d’autant plus vraie que la moldue se pensa rapidement plus maline, imaginant qu’elle échapperait à la sentence en me faisant passer avant elle. Quelle idée. C’était mal me connaître car si je devais mourir, elle aussi y serait entraînée. Je l’avais ainsi emporté dans ma chute, arguant qu’elle mentait pour, finalement… Que le pire arrive.
Nous serions donc pris ensemble si nous ne pouvions pas nous départager. Le monstre. Je n’aurais donc pas le droit à mon intimité et en plus avec deux moldues… Le sort se révélait être affreux avec moi aujourd’hui…
Je n’avais pourtant pas réellement fait d’histoires, plus désireux d’en finir vite que de tergiverser avec des pourboires et j’avais ainsi suivi ladite Venus dans la salle. Au moins allait-elle commencé. Parfait. J’avais pu observer ce qui sembla être une séance de torture sans même sourciller. Je savais pourtant que j’allais ensuite y passer mais… Soit. Non. Ne rien dire. Ne rien montrer.

Ce fut mon maître mot. Même lorsque je fus à mon tour installé.

- Y a du boulot… Grommela la monstruosité.
- Tout de même…

Ce furent mes seuls mots alors que je supportai désormais cette torture. Ce n’était jamais un moment agréable, certes, mais à ce point… Même mes hommes devaient être moins violents avec nos prises… C’était pour dire. Je pensais même un instant à l’embaucher pour être bourreau. Elle serait terriblement efficace…

Me redressant lorsque la pince eut terminé son office de m’arracher le dessus des yeux, je n’avais qu’hoché la tête avant de me retourner. Non. Non non non. Je ne pouvais pas me laisser aussi rouge et douloureux. Alors. Silencieusement. J’avais jeté un sort de soin. Sur moi évidemment, la moldue n’avait qu’à utiliser des crèmes moldues, avant de se retourner sous le regard surpris de la Bertha.

- Votre peau réagit trop bien. Et rallongez-vous. Vous avez encore des…
- Non ! Soufflai-je un peu brusquement. Non, c’est parfait, je viens de regarder. Allons payer. Proposai-je à Venus.

Pas de nouvelle torture. Pas deux fois.
Au moins n’insista-t-elle pas, me permettant de payer en argent liquide la « prestation » qui n’avait cela que de nom alors qu’un gallion d’or s’échappait de mon portefeuille. J’avais été si perturbé par cette torture que mon sort de double fond s’en était trouvé altéré… Roulant jusqu’aux pieds de Venus, j’avais froncé les sourcils, ramassant la pièce comme si de rien n’était.

- Un souvenir d’un parc d’attraction. Expliquai-je tant la pièce pouvait paraître étrange aux yeux des moldus. Je suis en tout cas ravi d’avoir fait votre connaissance, Venus. Mentis-je tant les moldus m’importaient plus. Madame Bertha. Saluai-je avant de faire volteface.

Il fallait que je quitte cet endroit et que je n’y remette plus jamais les pieds. Mon salon habituel me manquait…