Mon père a voulu que je reste sage jusqu’aux vacances. Je m’y tiens. Presque. J’ai bel et bien manipulé quelques élèves pour foutre la merde et ça a réussi. Ils se sont salis les mains à ma place et moi j’ai pu rester en dehors de tout le bordel. Peut-être que des remarques fuiteront vers mon père, peut-être pas mais personnellement je n’ai rien à me reprocher puisque je n’ai strictement rien fait de mal. Je les ai juste incités à faire un truc, ils ont accepté, ils se démerdent maintenant.

De toute façon aujourd’hui j’ai autre chose qui m’intéresse bien mieux que la vie des autres. Il y a quelques jours, j’ai lancé un énième défi à Owen et je l’ai gagné. Ce pauvre garçon a tellement envie de me battre sur tous les points qu’il en devient incapable de résister à l’appel des défis. Je suis sûre qu’il rêve de devenir meilleur que moi. Je n’ai pas l’intention de le laisser faire. Je dois tout de même reconnaître un bon point chez mon rival. Il m’amuse. C’est bien pour ça que je continue de le côtoyer alors qu’il n’est clairement pas de mon niveau.

Cette fois c’est à lui de lancer le défi et il a choisi un truc pas si simple que ça. Ramener un objet qui commence par chaque lettre de notre prénom. C’est un peu de la triche, lui il n’a que quatre trucs à ramener. Moi j’en ai plus. Enfin je trouverai de quoi faire, quitte à piquer chez les autres.

- J’espère que t’es prêt à perdre encore une fois.

Pure provocation mais que serait un défi sans une raillerie ? On se sépare donc pour trouver nos objets sans tarder. Une heure ça passe vite. Il n’y a pas de temps à perdre. En plus il veut écupérer des points en ninja. Je suis sûre qu’il l’a fait exprès parce qu’il savait qu’il allait galérer à trouver un truc avec un W. Quoique… Même moi je sais ce qu’il aurait pu prendre. Un wagon. Voilà. Ca commence par un W et c’est simple. Le plus compliqué reste juste de trouver le couillon qui se balade avec un petit train en plastique. Enfin il se démerdera.

Je reviens cinq minutes après Owen avec mon sac rempli d’objets et m’assieds aux côtés de l’élève. Il me montre alors ce qu’il a pu récupéré. Donc je dois battre six points. Rien qu’avec mon prénom je peux en gagner cinq mais il faudrait que j’en aie deux de plus… Je lui montre alors ce que moi j’ai pu récupérer. Un mortier piqué dans la salle de cours, des ailes de fée qu'une serpentard croyait avoir bien caché parce que son jouet est ridicule, un élixir volé dans la réserve de mon père, une lotion pour les mains, un yoyo hurleur et un anneau volé à un élève.

- L’élixir volé vaut deux points, je l’ai piqué directement dans la réserve de mon père.

Bon lui aussi il a volé le sien chez mon père. Il faut croire qu’on a eu la même idée pour le coup. Bref du coup ça ne nous arrange pas.

- On est à égalité. Il nous faut un truc pour nous départager…

Que faire ? Oh je sais ! Il y a du monde autour de nous mais c’est justement ça qui est parfait.

- On va chacun tourner sur nous-même en fermant les yeux et en faisant autant de tours qu’on désir. Et en ouvrant les yeux, il faudra embrasser la première personne qu’on verra. Si on le fait pas, on perd et on reçoit un gage de l’autre.

Le défi étant accepté, je ferme alors les yeux et tourne sur moi-même deux fois avant de rouvrir les paupières. Dès que j’aperçois qui je dois embrasser, je grimace et...non. Plutôt crever. Pas elle. Elle est trop idiote, je préfère encore mourir plutôt que de l’embrasser et prendre le risque de perdre ma capacité à réfléchir. Ca signifie une potentielle défaite mais je préfère accomplir un gage plutôt que la toucher. Je me tourne alors vers Owen en affichant une moue dégoûtée.

- Je préfère encore perdre que d’embrasser cette abrutie et perdre mon cerveau...

Plus qu'à savoir si lui aussi a refusé son défi ou s'il le relèvera. Une part de moi espère qu'il refusera pour que l'on reste à égalité et que ça annule le gage. Je sais ce qu'il est capable de me demander de faire et j'ai des raisons de craindre le pire. Alors si le gage est annulé, ce serait top. On aurait juste à relancer encore un défi. Quoique même s'il gagne ce défi-là, on serait capable de s'en relancer encore un...

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Cinquante-cinq minutes pour ramener cinq objets. Le pire c’est que tous mes objets n’ont pas suffi à battre Owen. Les siens n’ont pas suffi non plus à me batte cela dit. Nous sommes à égalité. Pour nous départager, j’ai décidé de lancer un autre défi. Rendons-nous à l’évidence, même sans égalité on se serait sûrement relancés un gage à la con. Enfin bref, pour la suite c’est simple. Chacun de nous doit fermer les yeux le temps de faire un tour ou plus puis embrasser la première personne qu’on voit.

J’ai limite déclaré forfait en voyant qui je devais embrasser. Une élève de Gryffondor qui se traîne toujours avec une odeur immonde sur elle. Je crois que c’est un parfum qu’elle a acheté mais soit elle en met trop et ça pue, soit son parfum sent déjà mauvais de base et dans ce cas-là il faut qu’elle le change. Toujours est-il qu’en plus de cette odeur nauséabonde, elle est ultra bête. Je n’ai pas envie d’être contaminée par sa stupidité extrême. Je préfère encore perdre plutôt que de l’embrasser et de choper sa maladie incurable.

- Réfléchis pas trop, tu vas te griller les neurones qu’il te reste.

Owen ferme les yeux, effectue trois tours sur lui-même puis il embrasse… Je ne sais plus son nom à l'autre mais elle lui permet de gagner le défi. Zut. J’aurais préféré une autre égalité. Ca veut dire que maintenant je vais devoir me taper son gage quel qu’il soit.

- Ouais ouais, savoure ta victoire. Ca ne durera pas…

Quant à mon gage, et bien il me prend pour une bonniche. Ramener tout ce qu’on a pris. Il est marrant, je ne sais pas où il a piqué le trois quart de ses objets. Je ne connais que l’élixir parce que ça provient de la réserve à mon père. Je reconnais le flacon. Je soupire et prends donc mon sac pendant qu’il embarque son carton puis nous nous mettons en route.

- Nan je n’ai pas toujours été une garce. ‘Fin j’ai déjà fait quelques sales coups mais c’était des blagues d’enfant alors ça compte pas. Quant à Clarisse elle est effectivement plus gentille.

Je le regarde avec un sourire moqueur, me fichant ouvertement de sa gueule.

- Sachant cela, t’as du mal à croire qu’on soit jumelles, avoue !

Au fond je m’en fous un peu de ce que les gens pensent de mon lien de parenté. Je pense aussi que les gens s’en foutent royalement de savoir que Clarisse et moi soyons jumelles ou non.

Je passe dans les différents coins où les objets ont été empruntés et les pose un peu au hasard pour certains. L’important c’est qu’ils soient de retour à leur emplacement de base. On s’en fout qu’il soit droit, de travers ou carrément couché. Je repose aussi les deux flacons d’élixir dans la réserve de mon père et quand tout est rapporté, on peut enfin avoir la paix. On ne s’est pas faits prendre sur le fait en plus.

- Et toi d’ailleurs, pourquoi t’essaie tant de te perdre dans nos défis à la con ? T’as un truc à te reprocher que t’essaies d’oublier ou quoi ?

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Il a beaucoup de chance que j’aie déclaré forfait en voyant qui je devais embrasser. J’ai espéré qu’il en fasse de même mais malheureusement lui il n’a pas hésité à embrasser l’andouille qui me sert de rivale en cours de potion. Je ne me rappelle plus de son nom mais ce n’est pas important. Je retiens au moins sa tronche de cake, c’est déjà pas si mal. Bref Owen a gagné, il peut donc choisir mon gage et il ne trouve rien de mieux que de me faire jouer la bonniche.

Pendant qu’on marche pour ramener les affaires dans les divers lieux, le Serdaigle me questionne sur mon comportement et un peu sur ma sœur. Deux questions auxquelles il trouve une réponse. J’en profite même pour le narguer.

La dernière pièce dans laquelle on rentre pour ranger, c’est la réserve de mon père. On ne s’est pas fait prendre sur le fait heureusement mais ce n’est pas pour autant qu’on traîne dans le coin. Mieux vaut s’éloigner pour éviter d’avoir l’air suspects. C’est à mon tour de l’interroger sur les raisons qui le poussent à être comme il est et à accepter des défis à la con. Honnêtement je ne m’attendais pas à ce qu’il réponde et pourtant il l’a fait.

- Ce mensonge ?

De quel mensonge il parle ? J’ai entendu plein de rumeurs qui concernent un peu tout le monde mais de là à savoir qui ment et qui dit la vérité… Je ne suis pas voyante. Enfin on se ressemble sur un point et ça ce n’est pas pour me plaire. On a tous les deux besoin d’extérioriser quelque chose par n’importe quel moyen. J’en apprends tout de même plus au sujet de son mensonge. Apparemment c’est lié à une Serpentard.

- C’est qui la coupable ?

Je veux son nom. J’irai personnellement lui faire regretter d’avoir causé de la merde. Owen est mon rival certes mais je ne laisserai personne – à part moi – le maltraiter. Lorsqu’il me retourne la question, j’hausse les épaules en regardant devant moi, esquivant juste un duo de Gryffondor qui gloussent comme deux dindes en pensant à leur crush situé plus loin.

- Bof. J’suis pas censée avoir droit à l’erreur mais j’en ai déjà fait plein depuis mon arrivée à Poudlard. Et puis tout le monde a eu des attentes parce que comme tu l’as dit mon père a un rôle important ici et il a sa réputation mais ils ont tous été déçus. De toute façon quoi que j’fasse, ça n’est jamais satisfaisant pour qui que ce soit alors autant j’fasse de la merde jusqu’au bout.

En gros j’extériorise juste toute la frustration engendrée par mes échecs, les déceptions de mon père, les critiques méritées et non méritées que je me prends dans la gueule, le divorce qui a changé radicalement notre manière de vivre, et plein d’autres trucs. Quand je ne peux pas poser ça sur papier, je me défoule par les défis et gages.

- C’est dommage que tu sois un Serdaigle. T’es beaucoup moins ennuyeux que tes camarades.

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Owen me parle de ce mensonge dont je n’ai entendu que des rumeurs. Alors cette histoire de pseudo viol est en rapport avec lui ? Je savais qu’une élève s’était plainte d’une connerie de ce genre puisque la rumeur a vite circulé mais je n’ai jamais su si c’était vrai ou non. Et bien apparemment ça ne l’était pas. Et la coupable a changé d’école. Dommage, je voulais lui coller mon poing sur la figure. Ou lui jeter un sort dont elle s’en serait souvenue.

- Dommage, j’me serais faite un plaisir de lui faire vivre un enfer. Là elle aurait eu une vraie raison de dire qu’elle a été agressée.

C’est ensuite à mon tour de lui expliquer une partie de mon problème. Le fait de devoir répondre à des attentes, de décevoir le monde parce que je suis tout l’inverse de ce à quoi ils espéraient, de ma sensation que peu importe ce que je fais de toute façon personne ne sera satisfait. Le divorce m’a fait mal même si ma mère l’a cherché, mais recevoir presque que des critiques jour après jour, ça fait partie de ce qui m’énerve. Et il y a encore d’autres trucs mais j’ai moi-même du mal à tous les distinguer parce que tout se chamboule encore dans ma tête. C’est le bazar. Ca l’est toujours. Tous les jours, à toute heure au point de perturber mon rythme de sommeil.

Je fais ensuite une petite remarque gentille – pour une fois – à mon rival. Ca craint vraiment le fait qu’il soit dans une maison ennuyeuse à mourir. Il est plus amusant que les autres.

- J’te ferai dire que nous ne sommes pas tous des manipulateurs. Certains sont juste des moutons incapables d’avoir le moindre éclair de réflexion et qui suivent les meneurs sans broncher.

Après je ne nierai pas que moi je suis manipulatrice. La seule différence que j’ai avec les autres dégénérés, c’est que je choisis mes victime avec soin. Déjà les personnes que j’apprécie sont en sécurité sur ce point parce que je ne m’amuse pas à les manipuler. Je ne m’attaque qu’à ceux que je déteste ou pour qui je n’éprouve vraiment aucun intérêt. Je laisse un petit rire s’échapper lorsqu’il me propose de faire des courses de balais.

- Attends que j’puisse avoir un balais digne de ce nom alors parce que si on fait la course avec le balais qu’on m’a refourguée, tu me rétameras sans aucune difficulté.

Leur matériel est moisi. Il ne vaut rien.

- J’ai essayé de nombreuses fois et je n’ai jamais réussi. Enfin j’ai pu lui dire une toute petite partie de ce qui m’agace mais pas le plus important. À chaque fois que j’essaie, il me dit ou fait un truc qui me dissuade tout bonnement de continuer. Du coup j’ai un peu abandonné l’idée de lui en parler mais oui, j’suis sûre qu’il me sortirait l’excuse du travail, de sa réputation, etc.

Cela dit, il me donne des cours particulier le soir en ce moment alors j’imagine que ça compense un peu le reste.

- T’inquiète pas, j’risque pas d’oublier ta proposition mais comme dit, il faudra attendre que j’aie un balai valable. J’veux pas me faire rétamer avant même de commencer la course.

Je rigole un peu puis on se sépare afin de  récupérer nos affaires de cours. Je reviens ensuite vers la salle de cours de potion et m’installe à ma place, prête à commencer.

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