Voilà quelques semaines que j'avais mis de côté tout ce qui avait fait de moi la parfaite petite Gaunt. Célibataire, attendant son mariage, respectueuse des désirs de ses parents... Tout cela était passé par une grosse trappe appelée Matthew Gimhae. Une trappe qui m'avait entraînée dans des profondeurs que je ne connaissais pas mais que j'apprenais a connaitre et a apprécier. Bien trop apprecier pour dire vrai et certainement plus que je ne l'avais imaginé. A vrai dire, depuis que nous avions décidé de nous mettre ensemble, depuis que ses lèvres s'étaient posées sur les miennes, je n'avais eu de cesse de le chercher au detour des couloirs, espérant le croiser ou, mieux, l'embrasser. Presque personne de mon entourage n'était au courant. Alix, seule, me couvrait lorsque je prenais le trajet de la serre ou donnais rendez-vous à Matt dans le salon de direction de la gazette, fermé pour l'occasion. Pour ce qui était des autres... Disons que je devais admettre que la discrétion pouvait paraître pesante à certains instants. Très pesante... Mais, essentielle, nous ne pouvions pas nous permettre le moindre écart de conduite. Et... ce n'était pas faute d'avoir réfléchi à un moyen de.

En effet, alors que les vacances de Noël arrivaient, que Matt m'avait proposé de passer quelques jours seule avec lui à Londres, pour mon plus grand plaisir, et que nous allions devoir nous séparer, cette fois pour mon plus grand déplaisir, j'avais pris la décision de prendre rendez-vous avec mes parents. Drôle d'idée, je l'accordais. Mais il fallait, au moins, que j'essaie. Avec un peu de chance... Je me trompais sur mes parents. Peut être que ces derniers se montreraient heureux de mon bonheur, peut-être arriverais je à leur parler ouvertement, peut-être que... Par tous les mages... Moi même je n'y croyais pas. C'était d'ailleurs bien pour cela que je n'allais certainement pas leur parler ouvertement, ayant prétexté mes études pour ce faire.

Mes parents avaient ainsi, ironiquement, choisis le 25 décembre, jour de Noël, pour me convoquer dans la demeure familiale. Ironiquement oui, puisque jamais nous n'avions fêté un seul Noël en famille, d'ailleurs... je fus presque surprise de voir une étoile accrochée au dessus de la cheminée. Seule extravagance acceptée visiblement. Mains tordues devant moi, j'avançais ainsi jusqu'au bureau de mon père où mes deux parents se tenaient, toujours aussi froid.

- Père. Mère. Saluai-je poliment
- Andrew est-il si mauvais professeur que tu aies besoin de nous en parler ? Souffla ma mère dans un air de dépit que je ne lui connaissais malheureusement que trop.
- Allons. Ne supposons pas sans connaître la réalité. Sûrement Heather a-t-elle quelque chose d'intéressant à nous apprendre.
- Je ne suppose pas. Je...
- Suffit.

La voix de mon père retentit dans la pièce, me faisant reculer d'un léger pas alors que Mère baissait la tête, se faisant aussi silencieuse que soumise comme à son habitude.

- Je t'en prie Heather. Ne nous fais pas perdre de temps.

Bien... Cela commençait parfaitement bien... Au point que j'en regrettai déjà ma presence en ces lieux.

- Hé bien... Je me demandais s'il etait possible que j'utilise la serre familiale. Soufflai-je doucement. J'ai l'occasion de travailler avec un botaniste particulièrement doué et je crois savoir, Père, que vous avez des plantes particulièrement rares ici. Pourrais-je donc...
- Quel botaniste ? Coupa ma mère. Nous avons accepté tes amies parce qu'elles etaient femmes et de bonne famille Heather. Tu connais la règle.
- Calmez vous chérie. Gronda doucoureusement mon père sans me quitter des yeux. Qui est-ce ?
- Matthew Gimhae. Répondis je sans hésiter. Il m'est très utile pour mes potions, je vous l'assure.

Le silence se fit alors. Un silence malaisant et qui ne me donnait que l'envie de faire demi tour. Bien... c'était donc définitivement une très mauvaise idée.

- J'apprécie que tu t'entoures de personnes compétentes. Néanmoins... J'aimerais ne pas avoir à te rappeler nos règles et encore plus lorsqu'il s'agit d'une famille presqu'etrangere, sans respect pour son sang et...
- Richissime. Bill. Ces gens sont immensément rich...
- Vous ai je demandé votre avis ? Gronda Gaunt. Je ne pense pas. En attendant Heather. Je ne peux pas t'interdire de travailler avec des hommes. Je te conseille néanmoins de ne pas vouloir imposer ce genre de choses a ta famille. Je doute que ta mère ait le désir d'avoir face à elle un représentant de la famille élargie de celui qui a tué ton grand oncle. N'est-ce pas, Christina ?

Ma mère acquiesca. Évidemment. Et j'en fis de même. M'excusant de ne pas m'être renseignée. Cela etait évidemment faux, mais... Avais-je le choix ? Pas vraiment. Au contraire.

- Tu as fini ? Soupira Père.
- Oui... enfin... Je voulais aussi vous informer de mon absence. Alix m'a invité chez elle pour quelques jours.
- Alix Avery ? Au moins une personne convenable. Tu salueras sa famille.

Ma mère appréciait Alix, contrairement, d'ailleurs, à son comportement. Ainsi savais je pertinemment que jamais aucun de mes parents n'auraient refusé telle sortie. Ne restait ainsi plus qu'à prevenir l'intéressée...

De retour à Poudlard, soulagée d'être loin de mes parents après telle discussion, j'avais repris le cours de ma vie, attendant impatiemment le jour J. Ce jour où, enfin, j'allais retrouver celui qui me complétait.
C'était à Londres que nous nous étions donné rendez-vous. Côté moldu, évidemment. Et certainement Matt allait il d'autant plus comprendre le pourquoi du comment dès lors que je lui aurais fait mon etat des lieux familial. Habillée comme a mon habitude, je me decouvrais ainsi stressée, presque angoissée à l'idée de me retrouver seule avec lui, et pourtant terriblement impatiente... quoique pour le moment assez mal a l'aise, je devais l'admettre. Peu habituée aux lieux moldus, j'observais les passants avec une légère inquiétude, priant pour que Matt ne soit pas en retard... et ce fut le cas. Pile à l'heure.

Oubliant toutes mes craintes quand son visage apparu face à moi, je m'avancai vers lui avec un entrain que j'avais cessé de masquer depuis longtemps, entourant immédiatement sa nuque de mes bras afin de l'embrasser avec toute la tendresse que j'avais pour lui.

- Tu m'as manqué... Lui soufflai-je à mi-voix. Poudlard était morne et triste...

Me reculant alors, prenant sa main dans la mienne, je paraissais bien plus lumineuse que je ne l'étais habituellement. A vrai dire... j'avais grand hate de découvrir une petite partie du monde moldu que je ne connaissais pas...

- Oh ! M'exclamai je soudain en fouillant mon sac pour en sortir un paquet de graines. De mémoire, il l'avait récupéré d'un botaniste très connu. Il parait que c'est extrêmement rare mais... je n'ai aucune idée de ce que c'est... alors j'espère que c'est  vrai. Plaisantai-je en lui offrant le paquet. Joyeux Noël... Meme si ce n'est pas grand chose...

Être niaise n’avait jamais été dans ma nature profonde. Je n’en avais eu ni l’habitude, ni l’idée, ni même une illustration globale. Mais je devais avouer que depuis que j’avais rencontré Matthew… Bien des choses avaient changées, et notamment ce fait précis : j’étais irrémédiablement niaise à ses côtés et j’adorais ça. Mais plus que cela, j’adorais me sentir contre lui, profiter de ses lèvres autant que de ses caresses toujours aussi douces et après ces quelques jours, qui me semblaient pourtant être bien trop, d’absence, je devais avouer n’avoir aucune envie de quitter ses bras. Chose… Que je fis néanmoins malheureusement, bien trop habituée à la vie publique pour en oublier la bienséance que je désirais mettre au tapis intérieurement, afin de lui offrir un cadeau. Pas vraiment le plus merveilleux. Bien loin d’être à sa hauteur. Mais malgré tout, un cadeau. Piqué chez mon père qui, sûrement, allait hurler contre l’un des elfes de maison ou que savais-je en découvrant cette légère perte. Pauvres elfes ? Mmph. Non. Je m’en moquais. Ils étaient, de toutes les manières, là pour cela, non ?

Le laissant me remercier, j’attrapai doucement le gobelet entre mes mains, toujours aussi surprise de ses attentions alors même que j’avais fini par intégrer qu’il connaîtrait mes goûts bien rapidement, et un sourire apparut sur mes lèvres. C’était l’un de ces sourires sereins, heureux, que je n’avais de cesse d’avoir lorsqu’il était près de moi. Un sourire qui voulait tout dire et qui ne s’effaçait plus… Le laissant m’embrasser non sans prendre une gorgée de cette boisson ô combien appréciée, j’arquai alors un sourcil. Ce que je désirais faire avant de manger ?

- Hé bien… Soufflai-je quelque peu penaude. Pour pas te mentir, je me suis jamais promenée à Londres. Enfin… Si, bien sûr. Mais disons… Pas dans « ce » Londres.

Mieux valait préciser. J’étais une fine connaisseuse de Londres… Le Londres magique. Pas le Londres moldu qui n’avait, aux yeux de mes parents et des miens, aucune valeur. Je n’avais d’ailleurs même pas d’argent moldu en temps normal. Je n’en avais jamais touché et mon échange de monnaie faite la veille sur le Chemin de Traverse avait été ma toute première fois. J’avais ainsi découvert qu’en voulant convertir mes 2.200 Gallions sortis tout droit de Gringott’s, c’était 11.000 £ qui m’avait été remis. Autant dire que je ne comprenais pas les prix qui pouvaient être affichés dans le monde moldu. 2.200 Gallions… Ce n’était rien ! Enfin… J’allais devoir faire avec et j’espérais sincèrement que cela suffise car Matthew vint à proposer une chose des plus intéressantes pour la fashionista que je pouvais être : une succession de magasins. Ça, ça m’intéressait. Surtout si c’était l’endroit avec le moins de moldus… J’acceptais évidemment de me promener près d’eux mais je devais avouer ne pas avoir encore l’envie de devoir supporter leur présence trop proche de moi. Comme une peur de la contamination, quoique je sache celle-ci idiote, j’aimais garder une distance de sécurité avec ces derniers et surtout avec leur façon de vivre…

- Qu’est-ce que c’est ? Demandai-je en fronçant les sourcils, observant avec attention le rectangle que Matt venait de sortir de sa veste. Ça se chauffe ? C’est pour se réchauffer, alors ?

C’était en soi une bonne idée. Je n’avais jamais vu telle bouillotte, mais elle était assez petite pour être pratique, je devais bien l’accorder.
Enfin. En attendant. Autant ne pas s’attarder. Nous avions visiblement mieux à faire que cela. Et il y avait une chose que j’avais déjà fait, une fois, chez les moldus, alors que je ne pouvais malheureusement pas transplaner. Levant la main face à ce que je reconnaissais être un taxi, j’esquissai alors un sourire à Matthew, plutôt fière de moi sur ce coup, avant d’ouvrir la portière pour m’y installer, entraînant le sorcier à ma suite.

- A Picadilly, Mec. Soufflai-je comme s’il était normal de parler de la sorte, provoquant l’incompréhension totalement visible – quoiqu’incompréhensible pour moi – de l’homme. J’ai entendu les moldus parler comme ça une fois. Expliquai-je à Matt avant de me caler contre lui le temps du trajet.

Arrivés à notre destination, sortis du taxi, j’observai alors autour de nous. Au moins ne m’avait-il pas menti quant à la quantité de boutiques… Cela ne ressemblait en rien au Chemin de Traverse. Vraiment pas. Mais… C’était… Assez intéressant, à vrai dire et…

- Regarde ! M’exclamai-je en prenant Matthew par la main pour l’entraîner, enthousiaste, devant une vitrine d’une boutique pour homme.

Il n’en fallut pas plus pour qu’une idée germe en moi alors que j’observai mon petit ami avec un sourire qui n’indiquait rien de bon. Venant me mettre face à lui, je posai mes deux mains sur ses hanches pour l’observer attentivement.

- Est-ce que tu me fais confiance ? Demandai-je alors, énigmatiquement. Une confiance aveugle et sans retour possible ?

Sa réponse obtenue, et qu’elle soit positive ou négative d’ailleurs, je l’entraînai alors dans la boutique en question pour indiquer à la vendeuse quelques vêtements à nous apporter de manière excessivement directive. Je savais ce que je désirais et ce que j’avais pu voir en vitrine et… Ce que je voyais maintenant à l’intérieur. Sans même faire attention aux prix, je m’étais décidée à habiller Matt. Non que je n’aimais pas son style, quoique je devais avouer qu’il pourrait faire un effort sur certains aspects, cela faisait partie de ce qu’il était mais… A vrai dire cela m’amusait. Et il faisait tellement attention à moi qu’aujourd’hui, j’étais bien décidée à faire attention à lui et à lui seul.

Nous comporter comme un couple « normal », comme si tout nous était possible me plaisait, à vrai dire. Assise dans un fauteuil, face aux cabines d’essayage, je le laissai alors jouer les modèles avec un plaisir que je ne dissimulai pas, commentant chaque tenue, l’embrassant dès qu’il réapparaissait pour mieux me rasseoir par la suite et profitant réellement du moment présent. C’était étrange de se dire que la normalité était ce qu’il y avait de plus agréable pour une sang pure comme moi…

C’était donc avec ce rectangle qui ne chauffait pas que l’on pouvait payer dans ce monde de moldus ? Vraiment ? Drôle de façon… Intelligente, en soi, je devais l’admettre. C’était bien moins encombrant que les gallions. Quoique nos sacs à Extension soit bien pratique pour cela à bien y penser…

- Je comprends… Mais comment fais-tu quand tu veux de l’argent en pièces ? Demandai-je réellement curieuse de comprendre de quoi il en ressortait. Et… J’observai la carte très attentivement. Comment sais-tu combien il te reste sur ton compte bancaire dans ce cas ? Secouant la tête, je m’arrêtai alors, net. Combien ? M’étonnai-je. A huit chiffres ?

Etonnée ? Oui et non. Disons que… Je me sentais soudainement pauvre alors même que j’avais envie de lui faire plaisir. Comment allais-je le pouvoir avec seulement… 11.000£ ?... Sortant mon portefeuille empli de livres sterlings, je soupirai alors en grimaçant avant de le ranger.

- Est-ce que tu crois qu’il y a des distributeurs de gallions quelque part dans cette ville ? Demandai-je réellement dépitée de ne pas pouvoir rivaliser avec lui pour être certaine de lui faire plaisir à hauteur de ce qu’il valait.

Mais avant toute chose, j’avais malgré tout quelques sous à dépenser et quoi de mieux que ledit Picadilly pour cela ? Si Matthew disait la vérité, nous aurions de quoi nous faire plaisir. Et… Ce fut le cas. Matthew ne s’était pas trompé, bien au contraire. Sous mon regard émerveillé, j’observais toutes les boutiques qui s’étendaient devant nous pour me laisser attirer vers l’une d’entre elle en particulier. Pourquoi celle-ci et pas une autre ? Hé bien… Facile à deviner, à vrai dire. Et Matt le devina particulièrement bien.

- Tu le seras toujours. Soufflai-je malgré tout doucement. Quel que soit ton style.

Et c’était vrai. Quel que soit le style du sorcier, quel que soient ses vêtements, sa coiffure ou même son corps. Cela ne changerait rien. Jamais. Parce que ce n’était pas cela qui m’avait charmé chez lui, contre toute attente, je l’avouais. J’étais pourtant une personne attirée par la beauté et le charme d’autrui avant tout. Mais au-delà de son style quelque peu débraillé, de ses cheveux en bazar, j’avais découvert un homme… A vrai dire merveilleux. D’autant plus qu’il me faisait confiance. Que demander, donc, de plus ?

Et ainsi Matthew fut il catapulté dans un monde que je connaissais sur le bout des doigts et que j’aimais particulièrement. Choisissant, avec l’aide des vendeuses, les vêtements les plus appropriés pour l’étudiant, j’avais pris en considération sa taille, ce qui pourrait lui aller, ses goûts plus ou moins connus en cette matière, jusqu’à sa teinte de peau afin de ne pas me tromper.

- Qui sait… Lui répondis-je, amusée, en l’observant de haut en bas.

Merlin qu’il était beau ainsi. Plus beau que jamais… Un sourire, d’ailleurs, apparu à cette pensée. Comment n’avais-je pas pu le voir avant ? Comment diable avais-je pu passer à côté de lui sans le voir, sans y faire attention avant ce jour d’octobre, ce moment de rencontre ? Moi-même, à cet instant, je ne le comprenais pas.

- Non. Ris-je pour autant de sa remarque. Ça peut être mis n’importe où. Si tant est que tu es à l’aise.

Et c’était là, pour moi, le plus important, car peu importe ce qu’il déciderait de mettre, peu importe même s’il détestait ce que je lui faisais essayer, je voulais le voir heureux. Avais-je donc changé au point de préférer le bonheur à l’apparence ? Possiblement. A moins qu’il ne fasse que révéler ce qu’il y avait de bon en moi… La question pouvait être posée, elle n’avait néanmoins aucune réponse. Malheureusement.

- Quant à tes capacités au niveau du style… Plissant les yeux, je croisais les bras en approchant de lui. Si je dois entièrement être honnête… Je dirais que tu es bien meilleur botaniste que styliste. Mais que… Tu es parfait comme ça et comme d’habitude aussi. Soufflai-je enfin avec un sourire entendu. Mais j’avoue quand même que tu ne sais vraiment pas t’habiller.

Il fallait malgré tout le préciser. Matt était réellement nul en ce qui concernait le style. Réellement. Nul. Mais tout pouvait s’apprendre n’est-ce pas ? Et alors que j’allais lui conseiller une seconde veste, je l’observai curieuse de son comportement. Cherchait-il l’aide d’une vendeuse pour se dépêtrer de tout ce que je lui avais proposé – et qui lui allait, notons-le ?
Non. Il voulu toute autre chose. Une chose que j’acceptai avec… Diable. Je ne savais même pas quoi. Plaquer doucement contre le mur de la cabine, j’entourai son cou de mes bras, souriante et amusée.

- Coopérer ? Ce n’est pas ce que je fais déjà ?... T’observer sous toutes les coutures et me dire à quel point j’aime être là, avec toi… Maintenant… Murmurai-je en répondant à son baiser tendrement. Mais je peux peut-être rendre l’essayage plus agréable ? En faisant ça ?... Mes lèvres se dévièrent alors dans son cou que je parcouru de courts baisers. Ou… ça ?... Cette fois, ce fut mes mains qui passèrent sous sa chemise avec un sourire. Ou encore ça ?... Enfin, mes lèvres reprirent possession des siennes, échangeant la tendresse pour une passion certaine qui naissait de plus en plus au fur et à mesure de nos rencontres depuis notre premier baiser.

Je ne voulais rien. Pas maintenant. Pas comme ça. Mais… Enfin… Non. Je devais être réaliste. Je le voulais. Merlin que je désirais cet homme. Et, aidée des cours d’Alix sur les hommes et comment « leur faire plaisir », entraînée par cette intimité crée par l’étroitesse de la cabine, je m’étais bien décidée à le faire vibrer, comme un avant-goût de ce dont j’avais envie et de ce que je désirais lui offrir…

- J’ai envie de toi… Lui murmurai-je au creux de l’oreille avant de le repousser avec un sourire narquois pour descendre doucement mon haut sur l’une de mes épaules, particulièrement sensuellement avant de m’approcher de lui, trop sûre de moi pour être arrêter, et l’embrasser de nouveau. Mais pas maintenant...

Riant légèrement, je me mordis la lèvre, amusée, en l’observant. Tout me semblait si naturel, comme si rien ne pouvait nous arriver, comme si quoique je fasse, quoique je dise, quelle que soit les plaisanteries sournoises que je pouvais lui faire… Rien ne pourrait nous séparer. Et cela me plaisait plus que de raison. Quand bien même mes parents n’approuveraient pas. Même si le risque de finir enfermée je ne savais où sous surveillance et avec mon père pour gardien était particulièrement effrayant… Je me sentais bien et je ne désirais pour rien au monde que cela s’arrête un jour.

Une machine qui donne de la monnaie ?... Pas besoin d'aller à la banque ? Vraiment ? Pourquoi n'avions nous pas cela ? Les gobelins étaient efficaces, à n'en pas douter, mais des machines... oui, cela pouvait être à développer... Mais ce qui m'étonna le plus fut peut-être le fait de pouvoir tout verifier de chez soi "avec ce qu'il faut". Qu'est-ce qu'était ce "ce qu'il faut" ?

- Je sais que je vais paraître idiote... Mais... C'est quoi "ce qu'il faut" ? Demandais je en fonçant les sourcils.

Je n'aimais pas ne pas comprendre. Vraiment pas. Mais j'étais dans un monde qui me semblait totalement inconnu, étrangement ressemblant au nôtre mais pourtant si différent à la fois. Un monde qui ne m'intéressait pourtant normalement pas, je devais l'admettre. Mais qui tendait à me rendre curieuse pour la simple raison que ce monde était connu de Matt. Et parce qu'il le connaissait, parce que cela semblait naturel... Je me devais de m'y intéresser. Pour lui.

- 20 millions ? Répétais je, surprise.

J'avais, en soi, l'habitude des millions, certes. Mais a ce point... peut etre pas. Ma famille était riche, puissante mais bien loin de la sienne et... Et cela ne faisait que confirmer la bêtise de mes parents, soufflai-je intérieurement.

- Tu as de la chance que je ne sois pas une croqueuse de diamants. Plaisantai-je en souriant, amusée.

Je n'étais, certes, pas une croqueuse de diamants mais l'argent comptait malgré tout pour moi. Et en cela, je me sentis, à cet instant, pauvre, trop pauvre pour arriver à sa hauteur et le rendre heureux alors qu'à mon sens il etait plus que nécessaire d'y arriver. Ne serait ce que pour lui rendre au moins la moitié de ce qu'il m'offrait... et encore. Même avec tout l'or du monde, sûrement n'arriverais-je jamais à sa hauteur... C'était tout bonnement impossible.

- Parce que je veux aussi m'occuper de toi. Soufflai-je ainsi pour toute réponse, un léger sourire aux lèvres.

Mais puisque je n'allais visiblement pas rivaliser, il allait falloir que je redouble d'imagination... et cela tomba parfaitement. Picadilly. Matt avait eu une merveilleuse idée. Et le pauvre allait en souffrir car bien rapidement, il devint mon mannequin personnel. Et les tenues s'enchaînerent pour mon plus grand plaisir alors que j'avais, a cet instant, toutes les raisons de détailler.

- Mmh... Me mis je a réfléchir. A coup de Tergeo et de réparation je suis sûre que ça pourrait tenir. Répondis-je, amusée. Mais... Tu mettras ca quand tu veux et si tu veux... Même si j'admets que tu es définitivement le jardinier le plus sexy de Poudlard.

Et en parlant de sexy, je fus attirée dans la cabine d'essayage, serrée contre l'étudiant. Il voulait que je participe ? Que je l'aide ? Mais était-ce réellement de l'aide ? J'avais un doute, je devais l'admettre... Car mes levres et mes mains glissant sur sa peau tendait à me faire monter en moi une chose que j'avais tenté de mettre de côté à chacune de nos rencontres.  Une chose qui semblait refaire surface de manière bien plus prononcée encore que lorsque nous avions échangé notre premier baiser.

J'avais envie de lui. C'était definitif. Je le voulais, lui, contre moi, maintenant. Alors même que je savais que nous ne devions pas. Pas comme ça. Pas encore. Mais Matt... ne m'aida pas. Pour mon bien je devais m'arrêter. Comment alors que ses lèvres reprenaient possession des miennes de manière bien plus... Désireuse. Un baiser qui, accompagné par ses mains plus baladeuses, me fit devenir fiévreuse, passionnée. Mon souffle se fit plus court alors que je me pressai contre lui. Être raisonnable... c'était certainement la chose la plus difficile à cet instant. Je n'avais plus envie d'être raisonnable. Je n'avais plus envie d'être la petite Gaunt bien élevée et obéissante. J'avais envie de connaître une chose que Matthew pouvait m'offrir, une chose dont nous avions parlé dès notre première rencontre, comme une vision de l'avenir alors que germait en moi une idée profonde et intense, une idée que je me refusais d'admettre. Non par manque d'envie de me laisser entièrement succomber à ses bras, mais bien par peur des conséquences que cela amènerait irrémédiablement si je m'avouais ce qui ne devait pas être.

Et a nouveau, comme souvent, Matthew fut plus reflechis, plus raisonnable que moi. Ou presque. Grondant de frustration bien malgré moi lorsqu'il me relacha, je lobservais s'asseoir. Dos contre le mur de la cabine face a lui, avec un petit sourire amusé. Ainsi lui faisais-je donc autant d'effet ? C'était, à bien y penser, flatteur et même grisant d'imaginer que... Pense à Thomas. Pense à Thomas... Ou a Père... Me grondai-je intérieurement alors que l'idée de Matt, nu, contre moi, m'apparaissait soudain dans mon esprit échauffé par notre echange précédent.

- J'ai chaud... M'amusais je alors en m'éventant de la main avant de soupirer. Je ne savais pas que les essayages étaient aussi...

Mieux valait que je ne termine pas ma phrase. Me laissant quelques instants de répits, je me decollai enfin du mur pour m'approcher de lui, plongeant mes mains dans ses cheveux avec un sourire plus tendre, me retenant fermement même si difficilement de plus.

- Je t'apprendrais ce que tu veux. Tout ce que tu veux. Soufflai-je en me penchant vers lui pour l'embrasser avec une tendresse certaine.

Sûrement avais je bien plus à apprendre de lui que l'inverse. Certainement même. Mais si je pouvais lui apprendre une chose, une seule chose... Je ferais tout pour lui apporter quelque chose. Tout pour me sentir utile au moins une fois.

- Alors... je te propose une fin d'essayage et ensuite, une fois que je t'aurais offert tous les vêtements que tu veux, car c'était bien la une chose que je désirais faire, je te propose... Mmh... un thé moldu, une coupe de cheveux pour parfaire ta tenue,  parce que tu es terriblement sexy mais... Caressant doucement ses cheveux, massant même, j'esquissais un sourire doux, très doux. Ils sont réellement en bazar.

Jamais Matt ne pourrait, au moins, se plaindre de ma malhonnête. Bien au contraire. J'étais une personne franche et directe. Pour le meilleur comme pour le pire.

- Alors... Cet après-midi, je veux que tu profites. Je vais demander aux vendeuses le nom d'un salon et je vais t'offrir le meilleur moment de bien etre de ta vie. Lui murmurai je avant d'embrasser sa joue pour quitter la cabine.

Il ne me fallut que peu de temps pour avoir le nom d'un salon bien-être de luxe et meme un rendez-vous 40 minutes plus tard grâce aux moldues que je devais avouer assez serviables. Coiffure pour lui et un massage de couple pour nous... Voila de quoi profiter à la hauteur de ce que nous pouvions.

- Et je ne veux certainement pas dépendre de la moindre noise de ta part. Soufflai-je pour toute réponse.

Voici une chose, au moins, qui était sûre, claire, nette, précise, et tout les qualitatifs que l’on pouvait trouver s’y rattachant. Je ne voulais dépendre de personne. Que je devienne ou non soumise à mon mari – quand bien même ce sujet n’était absolument pas ni d’actualité, ni même en accord entre nous – je désirais garder une certaine indépendance financière, question de sécurité, à vrai dire. Voici bien la seule chose que mon père voulait maintenir pour ses filles : un compte en banque plutôt remplis quoique certainement moins que 20 millions…

- Alors qu’est-ce qu’il faut pour s’occuper de toi ? Demandai-je sincèrement désireuse de lui faire plaisir.

Comment faire plaisir sans argent ? Comment rendre heureux si je ne pouvais pas lui payer des choses à sa hauteur ? Le manque d’éducation à ce sujet était flagrant. Jamais mes parents ne m’avaient appris autre chose que la valeur de l’argent. Néanmoins prête à apprendre tout ce qu’il faudrait pour devenir meilleure, j’étais à l’écoute de tout conseil, de toute demande et même de toute envie.

Et pour toute première envie, ce fut à vrai dire la mienne qui fut respectée : du shopping. Pauvre Matthew… Il fut bientôt transformé en poupée géante particulièrement sexy. Acquiesçant à sa remarque quant à une tenue convenable pour la serre, je fus alors entraînée à l’intérieur même de la cabine, cachée des regards indiscrets. Et ce fut… Toute autre chose. Tout s’embrasa. Par ma faute, je devais l’admettre. Jouant de mes charmes telle l’excellente élève que j’étais, j’avais, visiblement, mis à mal les défenses de Matthew. Presque surprise de mes propres charmes, il fut néanmoins plus responsable que moi, nous stoppant pour m’indiquer une victoire par KO. Nous nous contenterions donc des essayages. Heureusement. Ou non. A vrai dire je n’étais plus sûre de moi tant je commençais à avoir l’impression de bouillir dans mon propre corps.

- A toi. Répondis-je ainsi en souriant. Qui m’a attiré dans cette cabine ?

C’était effectivement une mauvaise foi profonde et assumée, mais parce qu’elle était assumée et même sujet à plaisanterie, je pouvais bien me le permettre. Et en parlant de plaisanterie, ce furent bientôt ses cheveux qui en furent la cible alors que je les caressai lentement, profitant de cette sensation si douce sous mes doigts tout en lui indiquant, piquante, le bazar qu’ils étaient.

- Mmh… Fis-je alors mine de réfléchir. A vrai dire… Je n’en suis pas sûre…

C’était évidemment faux. Matthew m’avait plu rapidement. Peut être pas à la minute, je l’accordais. Je n’étais pas le genre de personne croyant aux coups de foudre. A peine à l’amour. Alors non. Cela n’avait pas été immédiat. Ou pas vraiment tout du moins. C’était compliqué… Enfin… L’important n’était-il pas notre présent ?
Le quittant ainsi, j’avais pris la peine de demander de l’aide aux Moldues pour nous indiquer et prendre rendez-vous à ma place, manque de moyen de communication oblige. Une chance que les moldus étaient serviables, je l’admettais volontiers. Au moins étaient-ils un tant soit peu utile à défaut d’être très intelligents et intéressants. Remerciant néanmoins, par politesse, nos hotesses, j’arquais un sourcil à la venue de Matt près de moi. Il avait payé. Le fourbe.

- Ca sera jamais trop pour te faire plaisir. Soufflai-je quelque peu nonchalamment en serrant mes doigts sur les siens, un sourire aux lèvres. Nous n’allons pas très loin. Un salon bien être visiblement plus que réputé par les Moldus.

Et ainsi nous pûmes reprendre la route. Observant à droite et à gauche, presque surprise de voir la ville comme je ne l’avais jamais vu, ne faisant habituellement que passer d’un endroit magique à un autre sans m’attarder, je semblai réellement heureuse de me retrouver là. Avec lui. Comme un couple normal. Et Merlin que je ne voulais plus que cette journée s’arrête. Tout était trop… Parfait. Souriante, nous arrivâmes enfin devant le salon. Au moins les Moldues ne m’avaient-elles pas mentis sur la qualité. Nous fûmes reçus comme des rois, conduits dans un salon d’attente privé où nous attendaient deux coupes de champagne. Soufflant d’aise à son baiser, basculant doucement ma tête sur le côté je me mis à rire.

- Tu penses ? Je tente seulement de faire bonne figure face aux Moldus et de profiter de notre premier week-end ensemble.

Et c’était à moitié vrai. Je n’étais pas la personne la plus à l’aise face à ces gens sans magie. Eduquée à les détester, je me devais, pour lui autant que pour nous aujourd’hui, de faire bonne figure afin de passer qeulques moments privilégiés, comme maintenant. Débarassée de mon manteau par les bons soins de Matt, je basculai ma tête en arrière, profitant de son contact en soupirant.

- Je ne compte pas encore te saouler. Murmurai-je. Ce sera pour plus tard pour être sûr que tu ne pourras pas me résister.

Une plaisanterie qui n’en était pas vraiment une, à vrai dire. Enfin… Plus ou moins. J’avais effectivement une idée en tête mais… Pas maintenant. Pas encore. Toujours pas. Et cela en devenait presque frustrant, même pour moi.

- Mais le programme est effectivement de dompter tes cheveux avant de profiter, tous les deux, d’un moment de relaxation. Soufflai-je alors que Matt était appelé pour la première partie de séance.

Le suivant, je fus alors observatrice sans parole de tout ce qui s’en suivit, veillant au bien être de mon petit ami autant que les moldues. Il était là pour se détendre et se détendre il allait. Quoique… Sûrement la suite serait-elle d’autant plus agréable pour cela.
La coiffure terminée, j’arquai un sourcil en posant mes mains sur ses hanches, sourire aux lèvres, presque subjuguées.

- Hé bien… On peut dire que pour des moldues, elles sont douées. Avouai-je en passant une main douce dans ses cheveux. Plus que le jardinier le plus sexy de Poudlard, tu es désormais passé résident le plus sexy de Poudlard.

Un upgrade certain qui me fit alors rire avant que nous ne soyons amenés dans une pièce à part, plus intime, éclairée par une lumière tamisée, une musique apaisante était audible alors que deux nouvelles coupes de champagne étaient posées sur une table basse.

- Vous avez deux cabines pour vous déshabiller entièrement. Nous indiqua la jeune moldue. A l’intérieur, vous trouverez un peignoir. Installez-vous confortablement, nous revenons dans quelques instants.

Seuls dans la pièce, je soufflai doucement, jetant un coup d’œil à Matthew presque stressée à l’idée de me dénuder malgré le peignoir. Secouant doucement la tête, presqu’imperceptiblement pour tenter de me détendre, je vins alors lui voler un baiser, tendre, avant de disparaître dans la cabine pour revenir seulement vêtue du peignoir que j’avais, tout à fait consciemment avouons-le, laissé assez lâche et, de ce fait, décolleté afin de donner l’occasion au Gryffondor d’avoir un aperçu aussi discret que tentant du corps qu’il n'avait jamais encore réellement touché. Sans un mot, me mordillant la lèvre en lui lançant un regard plein de sous-entendus, je m’installai ainsi sur la table de massage.

- Je te promet que ça va être agréable. Lui soufflai-je, bien habituée de ce genre de choses. Du moins si les Moldus savent s’y prendre.

Et il n’avait encore aucune idée de ce qui l’attendait. La séance commença alors et… Bien. Je devais approuver les gestes de la moldue. Elle était plus que douée et la détente fut totale autant que la discussion que je pus avoir avec Matt en même temps, d’ailleurs. Et trente minutes plus tard… Alors qu’à ma demande express lorsque l’étudiant avait été occupé par sa coiffure, ce dernier avait été coupé du monde, masque sur les yeux et musique douce aux oreilles par un dispositif assez… Spécial, je me redressai, me rhabillant de ce peignoir, pour être laissée seule avec le jeune homme.

Je n’étais pas masseuse. Sûrement allait-il bien rapidement découvrir le pot aux roses. Mais quand bien même. Prenant quelques courts instants pour souffler profondément afin de garder en tête ma raison plus que ma passion qui allait, sans aucun doute, revenir au galop dès lors que j’aurais touché sa peau nue, je m’approchai, posant mes mains sur lui afin de le faire profiter de mes non compétences.

- Ca fait partie de ton cadeau de Noel improvisé… Lui soufflai-je doucement à l’oreille une fois le casque enlevé. Ne bouge pas…

Dix petites minutes nous furent ainsi offertes, dix minutes où mes mains parcoururent le dos, la nuque, les jambes de l’étudiant, avouant éviter certaines zones malgré tout. Et lorsqu’enfin l’heure fut venue… Je me mis à genoux, à hauteur de son visage pour l’embrasser aussi tendrement que passionnément. J’avais été sage. Raisonnable. Alors même que l’envie me faisait trembler. Mais… Non. Ne pas craquer… Surtout pas… Quittant ses lèvres, j’esquissai alors un sourire qui se voulait assuré sans l’être réellement pour filer de nouveau dans la cabine pour me changer, ainsi certaine de ne pas faire de faux pas. Pas encore…

Allait-il pouvoir me résister ? Là était toute la question, moi-même je ne savais pas combien de temps ce jeu allait pouvoir continuer entre nous sans que je n’abandonne définitivement les armes pour me rendre à lui. Pourtant… J’avais réellement envie de continuer ce jeu, comme si ce dernier nous rapprochait davantage alors que l’un comme l’autre nous devions nous résister autant que nous attirer. Un jeu dangereux, je l’accordais, mais un jeu si plaisant que je ne désirais pas l’arrêter.

Par chance, nous n’eûmes pas le loisir de continuer alors que lui me fut enlevé pour une séance coiffure méritée sous mon regard particulièrement attentif. Hors de question que l’on fasse n’importe quoi ou pire, que cela ne lui plaise pas. Et si je semblais particulièrement amusée de la situation, je me découvrais un sentiment bien différent à l’observer de la sorte. Me mettant à réfléchir, j’esquissai un sourire malgré tout attendri. D’inconnu, Matt avait pris une place importante dans ma vie. Il était devenu, contre toute attente, avouons-le, mon petit ami, mais plus que cela… Matt était devenu un ami, mon meilleur ami. Celui en qui j’avais naturellement confiance, avec qui je pouvais parler et qui allait même jusqu’à accepter de se faire relooker sous mon regard critique. Et plus je l’observais, plus je me rendais compte du lien qui s’était ainsi créé au fil du temps sans même que je me rende compte de cela. J’avais de la chance. Indéniablement. Une chance insolente au vu de la vie que j’avais menée, à mon sens. Et Merlin que je me refusais de gâcher cette chance… D’ailleurs ne me gênais-je pas pour lui faire un compliment dès lors que sa séance coupe fut terminée. Compliment qui me fut retourné, m’arrachant un rire amusé.

- Les flatteries te mèneront loin avec moi, sache-le. Plaisantai-je.

Mais la suite, elle, s’avérait bien plus intéressante encore qu’un « simple » relooking. Oh oui. Beaucoup plus. Et je n’allais évidemment pas m’empêcher d’en jouer. Plus aguicheuse que je ne l’avais encore été, je tentais de faire céder Matt intérieurement, jouant avec un feu que je n’étais même pas certaine de maîtriser.

- Qui a dit que je voulais que tu le sois ad vitam æternam ? Soufflai-je avant de m’installer sur la table.

Un monstre. C’était ainsi que l’on pourrait presque me définir au regard de ce que je faisais subir au pauvre homme respectueux et tendre qu’il était. Mais étais-je fière de cela ? Bien évidemment. Pire, même. J’aimais savoir l’effet que je provoquais chez lui, la tension que j’arrivais à faire naître autant dans son corps que son esprit. Cela me plaisait plus que de mesure et m’empêchait de m’arrêter. Pire. Cela m’entraînait. Et c’est ainsi que je m’étais retrouvée en masseuse, bien moins douée, je l’admettais, que la moldue.

- Profite… Lui avais-je murmuré en réponse à sa remarque.

Oui. Je savais que c’était mal. Je savais qu’il ne fallait pas faire ce que je faisais. Mais il était désormais hors de question que je résiste au moindre moment à pouvoir le toucher, lui faire plaisir, lui faire du bien, tout simplement. Je voulais l’avoir pour moi et cela passait par ce contact que la chasteté quittait au fur et à mesure que les heures avançaient. Ainsi continuai-je, appliquée, douce et terriblement envieuse. Plus le temps passait, plus mon self-control faiblissait alors que je me concentrai encore davantage. Ne pas déraper. Ne rien faire de moins chaste que ce que je faisais. Là étaient mes pensées… Des pensées qui furent soulagées lorsqu’enfin je cessai mon jeu, glissant mes lèvres sur les siennes pour mieux m’échapper à nouveau.

Mais si j’imaginais sincèrement réussir à quitter le devant de la scène de manière digne et amusée… Matt ne fut visiblement pas de cet avis. Loin d’être habillée, je fus surprise de me retrouver face à lui, l’air presqu’hébété, je le laissai approcher, soufflant d’envie contre ses lèvres. Par tous les mages… J’avais tenu dix minutes… Ce n’était pas pour craquer maintenant… Et son baiser ne m’aida pas. De même que ses gestes qui provoquèrent un long frémissement.

- J’en allumerais autant qu’il en faudra pour te faire craquer… Lui avouai-je à mi-voix.

J’étais, certes, innocente en cette matière, peu éduquée et peut être peu rassurée aussi, à vrai dire, lorsque je pensais à la finalité. Mais cela ne m’empêchait pas d’avoir un désir, des envies et une difficulté certaine à me raisonner lorsque j’étais à ses côtés… Malheureusement. Et mes frissons dédoublèrent presque lorsque sa main descendit le long de ma gorge. Mes yeux rivés dans les siens, le souffle court, cette chaleur qui ne m’avait alors pas quitté enflamma davantage mon corps… Avant qu’il ne m’échappe de lui-même. Restée hébétée, les lèvres entrouvertes alors que la sensation ses doigts sur ma peau ne me quittaient plus, il me fallut de longs instants pour reprendre ma contenance, plus ou moins. Il allait me le payer. Définitivement, Matthew avait signé la guerre. Reprenant ma respiration, j’avalai doucement ma salive pour me rhabiller, me recoiffant convenablement avant de sortir de la cabine, l’air particulièrement décidée.

Main sur mon verre, je soufflai alors, buvant une gorgée de la boisson pétillante sans quitter l’homme des yeux. Il ne savait pas quelle boîte de Pandore il venait d’ouvrir. Et si je n’étais pas vraiment la personne la plus à l’aise à ce sujet, n’y connaissant rien ou seulement ce qu’avait pu me dire Alix… j’étais bien décidée à lui faire payer son délicieux outrage

- Et c’est toi qui me disais qu’il était mal de jouer ? Soufflai-je doucement, non sans esquisser un sourire amusé avant de finir ma coupe. Tu sais que tu vas me le payer, non ?

Passant à ses côtés, frôlant dangereusement sa hanche de ma main, l’air de rien, discrètement, je suivis finalement la moldue pour payer en liquide les prestations avant de me retourner vers l’étudiant, glissant alors ma main dans la sienne, approchant mes lèvres de son oreille.

- J’espère que tu sais où nous pouvons aller dîner. Je meurs de faim…

Double sentence et double réalité, à vrai dire. Et j’étais sûre qu’il comprendrait parfaitement ce que je disais là. Evidemment.

Pas le suivre… C’était possible, à vrai dire. Très possible même. Je n’étais pas forcément prête, je l’accordais. J’en avais envie mais je craignais ce qu’il allait se passer. Oui. Allait. Parce que je commençais à ne plus avoir aucun doute sur le déroulé de notre soirée. Et je me le confirmai alors en profitant de notre moment de relaxation pour passer mes mains sur le corps du Gryffondor. Et ce corps… Il me fut particulièrement difficile de résister… Mais… Mais je résistai. Evidemment. Nous n’avions pas le temps et ce n’était pas le lieu. Ainsi m’échappai-je. Encore.

M’attendais-je à devoir assumer ? Oui… Et non. Je ne pensais pas que Matt oserait me suivre dans une cabine où j’étais censée me déshabiller. Mais ce fut le cas. Et sous mon regard surpris, je sentis la main de l’étudiant passer sur mon corps et ses lèvres sur les miennes. Pourquoi n’arrivai-je pas à rester sereine et droite face à lui. Et alors que mon corps entier se couvrait de frisson et que mon cerveau semblait ne plus vouloir quitter cette cabine… Matthew se volatilisa, me laissant dans une frustration grimpante qui m’obligea à penser immédiatement vengeance. Oh non. Il n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Pas après ce qu’il venait de faire.

Me rhabillant, je sortis ainsi de la cabine, recoiffée autant que remaquillée pour prendre en main le verre de champagne qui nous attendait. C’était, certes, « mal » de jouer. Dangereux, même. Mais… Ce n’était plus cela l’important. Car le jeu avait réellement commencé, cette fois. Esquissant un sourire amusé en buvant ma coupe de champagne, je soufflai alors à mi-voix.

- Et ça t'étonne ?

Bien sûr que je voulais qu’il soit le plus heureux. Sans même qu’il ne s’en rende compte, j’avais l’impression de revivre à ses côtés, comme si tout ce que j’avais connu jusque-là n’était que pauvre et triste. Il donnait un goût différent à tout ce qu’il me permettait de toucher du doigt, d’une simple séance de shopping à nos discussions sur la botanique et les potions. Et cela me rendait, moi-même, plus qu’heureuse. Ainsi ne voulais-je là que lui rendre ce qu’il m’offrait. Ce n’était que pure logique… Accentuée, je l’accordais, de cette flamme qui nous embrasait de plus en plus alors que je frôlai sa hanche. Oh oui… Il allait le payer. Cela… J’en étais certaine.

Payant le salon, nous rhabillant bien chaudement, nous sortîmes enfin du salon, nos mains mêlées l’une à l’autre. Ainsi avait-il déjà réservé… Matt pensait définitivement à bien plus de chose que je ne pouvais l’imaginer, pour mon plus grand plaisir, je devais l’admettre.

- Tu es un habitué de la vie Moldue ? M’enquis-je néanmoins, curieuse de cette aise qu’il pouvait avoir en ces lieux bien différents de notre monde.

Lieux que je commençais à apprécier, réellement. Mais pas réellement pour leur emplacement ou leur choix, non… Plutôt parce qu’il était là. Et parce que je commençais à me dire que nous devrions nous mêler au moldus plus souvent. Simplement pour être un peu plus… Normaux.

Et mon plaisir, d’ailleurs, ne fit que s’accroitre lorsque je découvris l’endroit choisi pour notre dîner. Un lieu des plus parfaits pour cela quoiqu’une chose, une petite chose, ne m’empêche d’en profiter réellement. Une chose qui m’empêchait presque de lever les yeux sur Matt alors que nous nous étions installés à table.

- Je ne suis pas sectaire. Classique ou coréen… Tout pouvait aller. Soufflai-je innocemment en levant enfin les yeux sur lui.

Voilà pourquoi je ne voulais pas encore lever les yeux sur lui. Avec cette impression d’intimité, les charbons ardents s’enflammèrent de nouveau et avec eux, mon pied qui, doucement, remonta, l’air de rien sur les jambes du Sang Pur alors que j’avais retiré ma chaussure parfaitement discrètement. L’air sérieux quoiqu’un très léger sourire ne s’affiche sur mon visage, je répondis dans un murmure alors que mon pied atteignait doucement le haut de sa cuisse.

- J’en suis plus que certaine. J’ai le sentiment que je vais adorer la nourriture aussi épicée et…

Hésitant un instant, je fus malheureusement interrompue par l’arrivée de notre serveur que je gratifiai d’un sourire sans même quitter la cuisse de mon petit ami, l’air de rien. Un vif coup d’œil à la carte alors que tout me faisait envie sans que je n’aie réellement envie de rien, je lui commandai seulement une entrée et une boisson.

- Malheureusement… Soufflai-je lorsqu’il fut parti. C’est effectivement d’un dessert coréen dont j’ai envie et non de quelque chose de classique.

Si je tentais de garder, de plus en plus difficilement, mon air digne et sérieux, je devais avouer que l’idée même de prendre ce « dessert » devenait de plus en plus persistante en moi, comme une obsession alors que je ne quittais plus Matthew des yeux. Cette sensation était forte. Très forte. Presque trop forte pour que j’y résiste. Et j’étais, à vrai dire, à deux doigts de craquer moi-même, de lui demander de partir, de rejoindre notre hôtel, ne serait-ce que pour l’embrasser mais… Non. Je n’en fis rien, me contenant seulement de remettre ma chaussure élégamment, me penchant seulement face à lui pour… Disons lui octroyer une meilleure vue, comme une entrée avant son propre dessert.

Une chance, notre commande arriva rapidement, service parfait oblige, et je pus me concentrer le temps de quelques instants sur quelque chose d’autre que le visage de l’étudiant. A force d’allumer les braises, je me sentais en train de me brûler, de m’embraser et la prochaine coupe de champagne qui fut avalée n’aida en rien à me garder en contenance, bien loin de là.

- J’adore cet endroit… Dis-je enfin. Mais… Que dirais-tu alors de véritablement prendre le dessert ailleurs ?

C’était un appel clair et net. J’étais en train de craquer à le voir face à moi sans le toucher. Nous avions beaucoup trop joué pour que je puisse rester calme, c’était définitif.

J’étais habituée des restaurants. Habituée des longs repas. Des discussions interminables. Des plats qui n’en finissaient plus. Est-ce que j’avais crains que cela ne se reproduise aujourd’hui, avec Matt ? Non. Au contraire. J’avais presque craint que nous n’arrivions même pas à entrer dans cet endroit qui nous obligeait à – presque – nous contenir. Oui. Presque. Car sous les conseils de mes précieuses amies et sous cette envie de vengeance qui me prenait depuis cette histoire de cabine, je m’étais bien décidée à le rendre encore plus fou de désir qu’il ne pouvait, je l’espérais, être. Ainsi jouai-je avec ses nerfs de la manière la plus innocente qu’il soit jusqu’à ce soit décidé notre départ.

Cette fois, impossible pour moi de continuer ce jeu. Je lui avais ainsi demandé expressément de quitter les lieux pour un endroit plus… Approprié à la suite de notre soirée. Et si je ne voulais pas réfléchir à ce qui allait arriver, de peur de le craindre au lieu de le désirer ardemment, je me concentrai ainsi sur le visage de Matthew, ses gestes et cette main qui prenait la mienne pour quitter le restaurant, prenant la direction de l’hôtel. Une chance que celui-ci ne soit pas loin, je l’accordai car à peine fûmes nous entrés dans l’ascenseur que tout lâcha enfin. Ses lèvres vinrent trouver les miennes avec une passion que je lui rendis trait pour trait, incapable de réflexion et de raison alors que je le coinçai de moi-même, trop désireuse de le sentir contre moi, avec moi.

Jamais aucun homme ne m’avait fait cet effet. Comme électrisée par le moment, les craintes que j’avais pu avoir s’était estompée dès que j’avais pu sentir son souffle s’heurter à la barrière de ma peau. Et cela continua. Dans le couloir d’abord alors que je me moquais entièrement de toute la pudeur qui pouvait nous manquer à cet instant tant ses baisers me rendaient fébriles, jusqu’à cette chambre donc la décoration passa au vingtième plan.

Me dégageant de mon manteau sans même me séparer de lui, je l’entourai bientôt de mes bras, sentant un mur derrière moi, pour accentuer encore, autant que je le pouvais, cet échange des plus enflammé. Qu’est-ce qu’il me prenait ? Je n’avais pas vraiment d’idée précise sur les raisons de cet embrasement et plus les secondes s’écoulaient plus mon corps me semblaient difficilement contrôlable, trop absorbé par celui du Gryffondor. Accrochée à son cou, je soufflai d’aise, de plaisir autant que d’envie contre ses lèvres, déviant les miennes sur la moindre parcelle de peau qui m’était alors accessible. Trop peu. C’était bien trop peu pour que je puisse m’en contenter alors que je ne savais même pas réellement à quoi m’attendre par la suite… Non. Ne pas y penser. Pas maintenant. Profiter. C’était là tout ce je désirais.

Bientôt allongée sur le lit, je l’observai quitter sa chemise avec un regard que jamais il n’avait pu me voir encore. L’envie, la flamme était encore bien plus présente alors que son corps se révélait à moi. Et par tous les mages que je le trouvais beau. Comme si plus rien d’autre n’existait que lui et lui seul, mes pains vinrent caresser son torse autant que son dos alors que ses baisers me rendaient plus désireuse encore de voir plus, de sentir plus. Un plus qui vint alors que ses lèvres se déviait des miennes, presque douloureusement pour moi alors que je soufflai de frustration, bien rapidement remplacée par un soupir plus prononcé alors que sa langue traçait un chemin qui lui était encore inconnu. Plongeant mes mains dans ses cheveux, je profitai alors de chaque instant tandis que la crainte de ce qui approchait se faisait plus réelle malgré moi.

Peut être Matthew dut comprendre cette crainte car il fut, à nouveau, le plus raisonnable de nous, se stoppant pour m’observer un instant alors que ma main venait passer lentement sur son bras nu, tendrement, répondant à son baiser, tentant de contrôler cette envie de lui en demander plus.

- Désolée ?... Soufflai-je malgré tout étonnée.

Soupirant non sans un sourire aussi amusé qu’attendrit à sa remarque, je me redressai alors pour que nos positions s’inversent lentement, dans un mouvement presque calculé. Installée à ses côté, le surplombant, alors que mes cheveux tombaient en cascade sur le côté de mon visage, je caressai alors doucement sa joue, l’observant avec toute l’attention qu’il était possible d’avoir.

- Je mérite tout ce que tu voudras m’offrir. Lui soufflai-je enfin avant de venir déposer un baiser tendre et peut être le plus chaste que nous avions pu avoir ce soir. Mais toi… Tu mérites ce qu’il y a de mieux…

Epuisée. C’était le terme. J’étais épuisée et pourtant plus heureuse que je ne l’avais jamais été. Frissonnant à son contact tandis que mon regard plus doux qu’il ne l’avait jamais été se posait sur lui, je vins caresser sa joue.

- Tu me demandes vraiment si ça va ? M’étonnai-je à mi-voix en me redressant légèrement pour prendre possession de ses lèvres. C’était parfait… Tu es parfait…

Et cette sincérité n’était pas feinte alors qu’il me couvrait de la couverture. Soupirant de bien être, la tête posée dans les oreillers, j’observai alors Matthew. Lui… Comment allait-il ? Avais-je été suffisamment… Bien ? Avait-il réellement pris du plaisir ? Tant de questions me venaient en tête, faisant froncer mes sourcils. Devais-je les lui poser ? Devais-je lui dire à quel point je craignais de n’avoir pas été à sa hauteur ?

- Matt… Murmurai-je en l’attirant contre moi pour poser ma tête contre lui. Est-ce que… Tu… Est-ce que tu as apprécié ?

Oui. Je devais lui poser cette question. Je devais savoir. Je voulais savoir, me rassurer. Mais plus que tout. Je voulais le sentir contre moi. Et c’est pourquoi je le recouvris, à son tour, de la couverture pour me coller à lui. Entourant sa jambe de la mienne, je caressai son torse du bout des doigts, un sourire aux lèvres, malgré tout. Là, dans ses bras, sa peau contre la mienne et mon cœur qui, bien que peinant à se calmer, battait à un rythme plus soutenable pour mon corps, je fermai ainsi les yeux.

- Est-ce que tu es heureux ?... Soufflai-je au bout de quelques instants l’air absente, me battant contre cette envie de me reposer contre lui, comme si je n’avais jamais vraiment connu un sommeil serein jusque-là. Est-ce que je te rends heureux ?

Pourquoi m’étais-je soudainement posé cette question ? La réponse était simple… Alors que cette pression qui n’avait fait qu’augmenter tout le long de l’après midi reprenait un niveau normal, il me semblait, désormais, me rendre compte de ce que nous étions, de ce que nous venions de faire et surtout d’à quel point Matthew me rendait, moi, heureuse et sereine. Or… Je ne pouvais pas être réellement heureuse sans être sûre que cela soit son cas. Cela me serait impossible. Parce que c’était lui. Parce que… Je l’aimais. Simplement. Cette chose, dans ses bras, à cet instant, avait trouvé un mot et si je n’étais pas prête à me l’avouer foncièrement, le mot, lui, avait fini par s’imposer à moi, comme une évidence.

Il était difficile de décrire l’état dans lequel je pouvais me trouver à cet instant. Entre sérénité, doute et bonheur absolu, l’ambivalence ne cessait pas. Une chose, néanmoins, était certaine : j’étais heureuse. Très heureuse. Et sûrement est-ce ce bonheur qui rejaillit ainsi dans ma réponse. Oui. Tout avait été parfait et lui-même l’avait été et l’était toujours. Pour autant, malgré ce bonheur, malgré ce sentiment de plénitude qui m’avait prise tout entière et qui ne voulait me quitter, une petite étincelle de raison demeurait encore, cette raison qui me donnait l’occasion de craindre, de douter, non pas de lui, mais bien de moi… Une fois, après tout, n’était pas coutume. Et ainsi, dans ses bras, plus apaisée encore et laissant les battements mon cœur s’adoucir, la question fut posée. Avais-je été à sa hauteur ?

Sa réponse m’arracha un sourire, léger, certes, mais bien présent alors que ses lèvres faisaient frémir ma peau de doux frissons. Nous venions de vivre un moment de passion dont je ne me doutais pas, un partage que je ne regrettais pas, bien au contraire tant je me sentais bien. Mais plus que cette passion, ces instants de tendresse me semblaient me sortir du temps. Serrée contre lui, je soufflai doucement, son nez contre le mien. Je n’avais même plus envie de bouger, pas envie que les heures défilent, encore moins de devoir un jour le quitter. Jamais. Pourtant subsistait encore un doute, celui du bonheur. Oui… Oui, il avait apprécié notre moment. J’avais été à la hauteur de ses espérances et bien sûr cela me faisait plaisir mais… Foncièrement… Était-il heureux ? Le rendais-je heureux, même ? « Oui ». Oui, fut sa réponse, simple, concise. Mais suffisante. Enroulant mes bras autour de son cou, j’esquissai un sourire, tendre, amoureux qui s’accentua alors lorsqu’il reprit parole.

Bin plus qu’il ne l’avait été… Cette phrase ne pouvait que résonnait en moi alors qu’il me semblait que je revivais ou plutôt… Qu’il me semblait que je commençai juste à vivre, à respirer dans un monde qui m’avait, jusque lors, aspiré et entraîné loin de la lumière que Matthew, aujourd’hui, m’apportait. Ainsi, riant doucement à sa remarque, je secouai la tête.

- C’est plus que cliché, effectivement. Plaisantai-je, bienheureuse.

Bienheureuse, oui, car à nouveau, ses mots résonnaient dans mon esprit. Comment ma vie avait-elle été possible sans lui ? Comment avais-je pu vivre sans sa voix et son corps près du mien ? Comment, aujourd’hui, je pourrais revenir à mon ancienne vie ? Non. C’était tout bonnement impossible. Jamais je ne le pourrais. Il m’avait trop apporté, trop donné pour que je puisse me détourner de sa présence.

- Moi… Soufflai-je alors.

Comment lui dire ? Comment lui exprimer ce que je ressentais alors que rien n’était réellement clair dans mon esprit encore embrumé par notre danse ? Pire… Rien de ce que je dirais ne pourrait être à la hauteur de ce que je pouvais ressentir. Rien ne pourrait lui exprimer réellement mes désirs et mon bien être…

- Je vais reprendre une phrase terriblement cliché qu’un homme affreusement merveilleux m’a dit un jour. Ris-je alors en levant les yeux vers les siens. Je ne sais pas comment c’était possible sans toi. Et… Pire que ça, en fait. Je ne sais plus comment faire sans toi.

Ce n’était pas un je t’aime, certes. Cela ne serait pas le cas. Pas maintenant alors que je commençais simplement à me rendre compte du besoin, de la nécessité de sa présence à mes côtés. Mais c’était un pas énorme, pour moi, que de lui avouer cela. Plus qu’une déclaration d’amour, c’était là l’expression de mon envie d’être avec lui, pour toujours si c’était possible et même si cela me paraissait horriblement égoïste.

- Quant à où je me trouvais… Je dirais que… Que je m’en moque. Soufflai-je. Que la seule chose qui compte pour moi, c’est que tu ne me quittes pas. Que tu restes là, avec moi. Et que tu me serres contre toi.

C’était niais. Oui. Affreusement. Mais j’assumais ces propos alors que mes bras se refermaient sur lui pour le sentir d’autant plus contre ma peau. Impossible désormais de faire sans lui. Il devrait me supporter…

- Par contre… Murmurai-je comme si une chose horrible allait surgir de mes lèvres. Je crois que j’ai vraiment faim. Je ne pensais pas que… Que ce qu’on a fait allait être aussi épuisant.

Et un rire, de nouveau, vint traverser la barrière de mes lèvres. Nul besoin de mot, à vrai dire, pour lui prouver que j’étais sereine et heureuse. Il me connaissait. Il savait que ce rire prouvait bien plus que mes paroles. Je me laissais aller. Je ne contrôlais plus le moindre de mes mouvements. Et en cela… Il n’y avait aucun doute possible. J’étais libérée. Et surtout… J’étais à lui.

Au creux de ses bras, ma tête posée, enfouie, contre lui, je ne m’étais jamais sentie aussi bien qu’à cet instant. Sa voix me berçait, m’apaiser comme aucune autre ne l’avait fait jusque lors. Sa peau me gardait en sécurité et sa présence entière emplissait mon cœur d’un éclat de joie que je ne connaissais alors pas. Esquissant un sourire malgré tout presque désolé, je soufflai alors.

- Rien ?... Tu sais pas ce que tu dis…

Mais moi, je savais. Je savais ce qui pourrait l’amener à regretter, à ne plus vouloir de moi et cela, à vrai dire, m’effrayait. Devais-je être honnête avec lui ou lui cacher ce que mon père avait pu dire et penser quelques jours auparavant ?... La question se posait et la réponse ne me paraissait pas si évidente tant les pensées de mon père étaient sans aucun doute insultantes pour lui et sa famille. Mais devais-je, pour autant, taire ce qu’il allait devoir affronter un jour ? N’était-ce pas là reculer l’inévitable ? Possible. Certainement, même. Ainsi me blottis-je d’autant plus contre lui pour reprendre parole… Sur un tout autre sujet. J’avais faim. C’était définitif et je préférais encore l’ne informer que de discuter de ce sujet bien moins plaisant.

Et cela fut la meilleure décision car son rire, sincère, apaisa mon cœur alors que je me redressai très légèrement pour l’observer, frissonnant déjà à l’idée d’une « prochaine fois » au point de venir capturer ses lèvres, souriante, avant qu’il ne s’échappe des draps pour un temps qui fut court mais bien trop long pour ma peau qui criait déjà au manque de la sienne. Attrapant avec malice la carte tendue, j’esquissai un nouveau sourire à son contact retrouvé, laissant mon regard se perdre dans ce menu.

- Mmh… Réfléchis-je alors que ses lèvres se posaient dans mon cou pendant que ses mains se faisaient plus mutines. Est-ce que tu penses que je vais réussir à réfléchir si tu fais ça ?... Murmurai-je en fermant les yeux, frémissant, pour profiter de ces caresses dont je ne me lasserais sûrement jamais.

Se balader avec de la nourriture… Cela éviterait bien des réflexions devant une carte… Effectivement… Me mordant la lèvre inférieure alors qu’il déposait un chaste baiser sur ma joue, je me mis doucement à rire, me redressant soudainement pour passer au-dessus de lui. Assise sur son bassin, toujours nue, le drap ne me couvrant plus, je plissais les yeux en l’observant.

- Tu es un démon… Lui soufflai-je en me penchant pour l’embrasser avec cette passion encore intacte. Alors… Laisse-moi lire ce menu !

Et c’est avec une malice que lui seul arrivait à provoquer que je me dégageai du lit pour me remettre debout, manquant de tomber l’espace d’un court instant tant je n’avais pas conscience de la fatigue qu’il m’avait apporté, avant de me redresser, mon regard sur la carte.

- Mmh… Je prendrais… La truffe sous la cendre, la gourmandise au sarrasin avec glace au café blanc et… Baissant la carte pour la reposer sur le bureau contre lequel je m’étais appuyé, j’observai alors Matthew. Si je disais toi, est-ce que je devrais attendre ou est-ce que le service est immédiat ? Plaisantai-je en lui faisant signe d’approcher.

Laissant l’étudiant passer commande et me rejoindre, je profitai allégrement de tout ce qu’il désirait m’offrir à cet instant, tout m’allait. Tout me rendait heureuse et je me laissai alors aller contre lui jusqu’à ce qu’enfin l’on toque à la porte de la chambre. Presque frustrée de devoir quitter ses bras, je soufflai alors, attrapant mon déshabillé bien prévu pour me couvrir et ouvrir la porte afin que soit installé notre souper. Rejoignant de nouveau Matthew, je me blottis de nouveau dans ses bras, oubliant presque la faim qui n'avait fait qu’augmenter en intensité depuis… Jusqu’à ce qu’un gargouilli bien mal placé m’arrache une grimace avant que je ne soupire.

- Si je pouvais, j’enlèverais le besoin de manger rien que pour rester dans tes bras.

Mais impossible pour moi de faire cela, ainsi m’installai-je à la table du salon de la suite pour observer ce qui nous avait été servi avant de froncer les sourcils. Là… C’était peut être le moment, maintenant que ses bras ne me faisaient pas perdre toute notion de raison…

- Matt… Faut que… Faut que je t’avoue un truc. Soufflai-je alors sans l’observer. J’ai essayé de parler à mes parents. Enfin parler… C’est un grand mot. Disons que je leur ai dit que tu étais un très bon jardinier… Pardon. Un botaniste qui pouvait m’aider dans mes potions pour savoir si je pouvais te faire venir chez moi et…

Et le résultat avait été à la hauteur de mon père : horriblement désagréable. Mais mieux valait que je ne le dise pas de la sorte. Réfléchissant à la tournure de la phrase, je pris une bouchée de mon plat pour tenter de me concentrer. Peine perdue.

- Ca va être compliqué. Lui avouais-je finalement. Disons qu’ils tiennent ta mère, enfin sa famille, en partie responsable de la mort de… Mon grand-oncle… Tu sais… Tom Jedusor. Soufflai-je sans vouloir utiliser son nom d’emprunt. Et… Disons que mon père a été… Lui. Pas franchement respectueux sur tes origines, sur ton sang et… Bref… Enfin… Je veux pas que ça te déçoive ou que… Que tu veuilles me quitter pour ça. Soufflai-je alors que je craignais réellement cela.