will it be different this time ?

Le jour était arrivé, celui de la missive de mon père me demandant de revenir ce week-end pour rencontrer ma fiancée. Ma fiancée ? Y avait-il une chance pour que ce soit qu’une négociation ? Que rien ne soit encore acté sans que je ne sache de qui il s’agissait ? Que ce soit qu’une expression pour me signifier qu’il avait trouvé une famille intéressée et que je me devais d’être irréprochable.

Je n’en savais rien et il ne me dit rien de plus. J’étais dans le flou, le néant et je ne pouvais que spéculer avec Meghan sans pouvoir m’avancer.

Ça allait trop vite, comme une impression de déjà-vu douloureuse, assassine qui me noyait, qui me faisait craindre de rencontrer encore un esprit tordu et pervers ne voulant pas entendre raison. Quoi que je soutienne à ma soeur, j’étais toujours au sol, traumatisé, paralysé par la peur, par l’avenir. J’étais figé, complètement figé et Meghan n’avait pas été autorisé à revenir. Je devais y aller seul. Revenant donc en fin d’après midi, j’avais été épinglé directement par mon père. Menacé. Je ne devais pas décevoir, je devais complètement plaire au père et à la fille. Je devais être impeccable, parfait, car c’était un directeur de département, directeur du département de la coopération magique internationale et… Si je ne me trompais pas, c’était les Abbott non ? Mais qui en fille ? La gamine dans la classe de Diana ? Ou la plus âgé ? Ou d’autres ? Bon au moins j’aurais des arguments, du répondant au vu de mon entente avec le ministre Australien. Mais j’avais compris le message.

Si je merdais maintenant, c’était fini.

Rejoignant donc ma chambre, j’avais été rapidement me doucher avant d’enfiler un des costumes hors de prix et Italien qu’Amara m’avait fait faire à l’époque. Peut-être devrais-je d’ailleurs lui rendre visite à l’hôpital, par respect, mais ce n’était pas le sujet. Pour l’heure je devais finir de me préparer et… Rejoindre le bureau de mon père pour un nouveau sermon qui dura bien trop longtemps alors que nos invités du soir étaient déjà arrivés. Ma mère s’en occupant, justifiant notre retard par une question inhérente au travail étudiant qu’il m’arrivait de faire au ministère.

Finissant par les rejoindre, un sourire parfait sur le visage bien qu’il ne soit plus à la hauteur de ceux que je pouvais offrir il y a un an à peine, j’eus ma réponse. Gabrielle. La plus âgée. M’avançant, lunette sur le nez, vers son père, je tendais ma main, prenant une mine désolée, « Je vous prie sincèrement de m’excuser, comme chaque année, je m’engage quelques heures par semaine au ministère et mon père m’informait d’un transfert pour la semaine prochaine. », serrant sa main, je reportais mon attention sur sa fille, me refusant d’émettre un jugement, me concentrant simplement à l’idée de ne pas paniquer, de ne pas trahir ma peur en la voyant, en anticipant déjà le chaos qu’elle pourrait créer. « Gabrielle, c’est un plaisir de te voir ici. J’espère que vous avez fait bonne route. » souriant toujours, je l’avais accueilli comme il se devait avant que mon père n’arrive, abondant dans mon sens non sans volontairement monopoliser le père de famille pour justifier une proposition de ma mère, « Morgan, si ça ne dérange pas Monsieur Abbott, tu pourrais peut-être faire visiter le manoir à Gabrielle, je crois que ton père est déjà bien parti pour parler politique et je suis certaines que Miss Abbott préférait découvrir les lieux. », regardant l’étudiante, je tendais mon bras pour l’inviter à saisir ma main pour me suivre, « Il fait encore bon, nous pouvons en effet en profiter pour faire le tour du domaine… D’ailleurs tu pourrais peut-être m’éclairé sur un point, je crois savoir que tu es en administration magique, avec une option en langue, je suis justement muté quelques semaines dans le département de ton père justement, tu pourrais être d’une précieuse aide… » et tout en disant ça, j’avais éloignée la jeune femme des adultes, lui offrant l’attention que mon père voulait que je lui donne. Tout comme ma chaleur, même si l’idée d’épouser une femme, aussi vite, à nouveau, me donner l’impression de mourir, d’étouffer d’angoisse. Mais l’interroger sur ce qu’elle savait serait mal vu.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

« Oh, Gaby, tu es magnifique... Mais tu es vraiment sûre de toi ? » Je regarde le reflet de mon père qui s'est avancé derrière moi pour venir m'embrasser la joue après avoir admiré ma silhouette dans le miroir. J'ai mis deux jours à me décider sur la robe que j'allais porter aujourd'hui... Je suis excitée comme une puce, et j'ai même une paire de bleus sur les bras alors que je me suis pincée pour bien m'assurer que je ne rêvais pas... Cela n'a pas été très difficile de convaincre papa d'organiser des fiançailles entre Morgan et moi... Je lui ai soumis tout un argumentaire très logique des raisons pour lesquelles il est un parti très intéressant pour moi quand même. Malgré l'échec de son mariage... Bon, c'est une petite tâche sur son nom, mais rien qui ne soit insurmontable. Les Fawley sont réputés. Et les Abott aussi, surtout en comptant Neville dans notre famille désormais. Et pour finir, j'ai quand même avoué que Morgan me plaisait et que quitte à épouser quelqu'un, j'aimerais autant que ce soit un garçon qui m'attirait... Cela a fini par convaincre papa qui a entamé les démarches auprès des Fawley...

Et cela a mené à aujourd'hui...

J'ai le trac... Après deux ans à vivre par procuration, à le regarder de loin, à imaginer mille scénarios avec lui, je vais enfin le rencontrer officiellement et lui parler... C'est... terrible. Excitant, terrifiant. Cela devient plus concret, mais il a failli m'échapper trois fois... A un moment, il faut que je me remue et que je vive vraiment ma vie. Mon père me quitte alors là dessus... Puis, c'est ma sœur qui apparaît, une expression contrariée sur le visage. « Tu es fière de toi ? » Je soupire et finis par me retourner pour l'affronter : « S'il te plaît... Ne gâche pas ce moment. » Elle secoue la tête en pinçant les lèvres : « Ne t'inquiète pas, je ne vais pas éventer tes petites manigances. J'espère que ça valait vraiment le coup... » Je ressens une once de culpabilité à voir son jugement. Qui disparaît très vite, quand il est l'heure d'y aller.

Le trajet me paraît interminable, jusqu'à ce que nous nous retrouvions chez les Fawley. Je me sens terriblement nerveuse. Nous sommes conduits jusqu'au salon... Et pas de Morgan. C'est leur mère qui nous installe, souriante, chaleureuse, parfaite hôtesse de maison... Et finalement, il arrive. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en le voyant aussi bien habillé... Et ces lunettes... Je sens mes jambes flageoler... Et en même temps, aussi beau soit-il... Il n'y a pas cet éclat qui m'a totalement fait sombrer il y a deux ans... Le sourire est de façade, mais son regard est totalement éteint. Je l'ai déjà remarqué mais là... c'est flagrant.

Il salue d'abord mon père, bien entendu. Est-ce qu'ils peuvent entendre mon cœur menacer de sortir de ma poitrine ? Parce que j'ai l'impression que le bruit est assourdissant. J'affiche un sourire quand il me salue à son tour et retiens un petit couinement de plaisir qui aurait été fort disgracieux. IL CONNAIT MON NOM. Heureusement, on vole à mon secours en proposant une petite visite alors que nos pères discutent déjà politique. Moi qui me targue d'être vive d'esprit et d'avoir de la répartie... Je n'ose plus rien dire de peur que ma voix trahisse mon émoi. J'aimerais dire que la politique m'intéresse, mais en même temps,c 'est l'occasion rêvée de me retrouver avec Morgan.

Pendant un temps qui me semble une éternité, je fixe la main tendue de Morgan, pétrifiée. Il va me toucher ? Il va prendre ma main ? Oh par Merlin, j'ai les paumes moites de trac, je le sais. Qu'est-ce qu'il va penser ? Je tends finalement la mienne pour me saisir de la sienne. Il faut que je m'accroche à ses paroles. Je ne suis pas une idiote sans cervelle... « Oui, en effet, j'aimerais entrer comme traductrice dans un premier temps au département de coopération internationale. » J'ai l'impression de vivre un rêve... j'ai son entière attention... Et nous sommes seuls. Allez Gab, il faut être à la hauteur de ta maison, de ta réputation, de ton nom. Montre que tu es brillante... Les potiches n'intéressent pas un homme comme Morgan Fawley... « Tu effectues ce transfert dans quelles circonstances ? » Je suis ébahie de ma capacité à contrôler ma voix, quand intérieurement, je suis toute tremblante d'émotion.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Est-elle nerveuse ? J’ai un doute au vu du temps qu’elle met avant de saisir ma main. Sans doute n’était-elle pas plus ravie, ou rassurer à l’idée de cette union, mais est-ce que je pouvais faire la même erreur, la rassurer à outre mesure au risque de me faire poignarder ? À nouveau ? Je n’en sais rien, mais elle finit par la prendre et me suivre. Répondant à mes mots alors que je lui souris, sans vie, mais en faisant tout pour que rien ne me trahisse. Quant aux circonstances ? Inutile de dire que c’était si loin de ce que je faisais pour que cela ne vienne pas de son père ou du mien. Pour me surveiller, ou pour me vendre un peu plus, je n’en savais rien. Mais j’étais sous le regard de ce dernier à présent. « Je suppose un besoin de personnel ou une surcharge de travail. Étant un travail étudiant, même si je me destine au droit, je suis avant tout là pour aider. » soufflais-je avant d’ouvrir la porte pour la laisser passer.

Dehors, j’avais déjà un peu moins l’impression d’être un animal à vendre. Moins l’impression de devoir faire mes preuves. Même si c’était toujours le cas, mais je n’avais pas leur regard sur mes épaules. Son regard. Ne pas décevoir. Pas encore. Faire ce pourquoi j’étais né avant de penser à mes ambitions personnelles. M’effaçant un instant, je m’étais repris, chassant au loin ce que je voudrais savoir, ce qui m’intéressait vraiment à savoir ce que nous étions, qui avait fait la démarche, sous quelles conditions. Tout comme j’essayais de me souvenir de ce que je savais d’elle, du personnage, des fréquentations. Surtout des fréquentations.

« Si tu souhaites devenir traductrice, il ne te reste que deux ans à Poudlard, je me trompe ? Tu es en Bachelor 2 ? » soufflais-je donc dans un premier temps avant de baisser les yeux sur elle, de la regarder, de chercher quelque chose chez elle qui saurait me donner des réponses quant à sa personnalité réelle. Nous étions tous en train de jouer, tous en train de tenir un masque, d’autres pour cacher une personnalité similaire, d’autres pour cacher un monstre. Mais elle ? La seule chose que je vis fut le froissement de sa peau, comme pour lutter contre le froid et s’il ne faisait pas si frais, je ne pouvais présumer de sa résistance ainsi vêtue.

M’arrêtant pour retirer ma veste, je m’étais glissé dans son dos pour la poser sur ses épaules et la couvrir. J’étais toujours aussi bien, même en simple chemise, ça serait donc à noter qu’elle était sensible au froid. Pour ce que ça valait… Elle était jeune… Elle serait toujours bien trop jeune comme d’autres avant elle, mais je ne devais pas m’arrêter à ça, j’avais déjà été trompé ainsi, déjà été endormi par une situation qui au final, était bien normale pour nous, pour notre sang, notre rang. Je ne pouvais pas la voir autrement que comme une héritière, une femme ayant été élevée pour cela, « Je ne pensais pas qu’il faisait si frais. » soufflais-je donc, comme si cela pouvait avoir une forme d’importance, mais pour justifier mon attention, mon geste, exclusivement tourné vers elle. Du moins sur le papier.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Est-ce qu'il s'agit vraiment que de donner un coup de main dans un autre département ou bien est-ce aussi une manigance de mon père ou du sien pour l'avoir à l’œil et le jauger un peu ? Je m'attends un peu à tout de leur part. Papa est quelqu'un de bon, mais il n'est pas à son poste en n'ayant pas un peu de ruse ou de rouerie dans ses bagages. Après tout, je ne suis pas sa fille pour rien. Maman était plus douce et plus naïve, elle était un bon équilibre pour lui, je sais que papa a été ravagé par sa mort. Une union arrangée qui devient un mariage d'amour, ce n'est pas si commun... Et je les envie. Tout en voyant bien les dégâts de la perte d'un être cher sur son entourage... Son mari, ses enfants. Ma sœur était trop petit pour vraiment la pleurer et comprendre, mais son absence s'est faite sentir ensuite. Quant à moi, j'ai perdu sa chaleur et sa douceur, m'efforçant de lui ressembler, sans pouvoir y parvenir. Je ne suis pas aussi douce et gentille qu'elle... « Qu'est-ce que tu souhaites faire avec ton doctorat de droit ? » Je retrouve peu à peu mes cordes vocales, même si j'ai encore envie de me pincer, je dois tout faire pour prolonger ce moment en tête à tête et en profiter au maximum. Comme je dois tenter de susciter un peu d'intérêt de sa part... Mon pauvre Morgan, pourquoi cette étincelle dans ton regard s'est-elle éteinte ? Pourquoi ce sourire semble si faux qu'il me serre le cœur ? Ces deux femmes qui sont entrées et sorties de ta vie t'ont-elle fait du mal à ce point ? Est-ce que je dois me sentir coupable ? Diana n'était pas pour lui, je n'ai aucun doute la dessus. Merindah... Elle était un réel danger. Je saurais mettre du baume sur son cœur et les lui faire oublier.

Je respire à pleins poumons une fois à l'air libre. Il fait frais, mais je m'en fiche. Je n'échangerais pas place pour rien au monde. Laissons donc nos parents discuter de notre future union et établir un contrat à ce mariage. Je m'en fiche. Mon rôle a toujours été très clair : épouser l'homme que papa me choisirait, qui serait digne de notre nom, de moi, et perpétrer le sien. Je ne suis pas très pressée concernant cette dernière clause cela dit. J'ai mes propres ambitions, difficiles à atteindre en se retrouvant enceinte... Ou mère. Je vise haut. Je ne me résoudrais pas à être une simple potiche. Si c'est ce que recherchent certaines familles, je pense que c'est moins le cas désormais, avec la nouvelle génération, moins ancrée dans des traditions d'un autre temps. Mais il est évident que je ne verrais cela avec Morgan que... plus tard.

Un sourire sincère fleurit sur mes lèvres alors que mon regard s'illumine quand il me demande si je suis en Bachelor 2. Je suis ridicule. Il ne le sait pas, il vient juste de le déduire en fait, avec mon âge et mon parcours... Il n'a jamais fait attention à moi jusque maintenant... A moins que si mais que je ne l'ai pas remarquée moi-même ? Je sens cette petite flamme d'espoir réchauffer ma poitrine, un frisson d'excitation me parcourir. Mais je me fige quand je sens soudain sa veste chaude de sa propre personne se poser sur mes épaules. Instinctivement j'en attrape les pans pour m'enrouler dedans et renifler discrètement l'odeur de son parfum... Je vais défaillir. Trop d'émotions... Il m'a donné SA veste qui sent si bon... Mon cœur menace de sortir de ma poitrine. Il est si prévenant... Je me retiens de répondre qu'en réalité, j'ai chaud. Ce serait stupide. Il reprendrait sa veste. « Moi non plus... Merci beaucoup. Je ne m'attendais pas à cette prévenance. » Qu'il me regarde assez pour deviner ce genre de besoin chez moi. Il est galant. Il l'aurait peut-être fait avec d'autres filles cela dit. Je ne dois pas me monter la tête.

Sauf qu'en attendant, c'est MOI, qui suis enroulée dans son odeur. « J'aime bien ton parfum... » Je murmure, avant de relever la tête vers lui. Mon cœur cogne un peu trop fort dans ma poitrine, mais je demande timidement : « Qu'est-ce que tu penses de la situation ? » Je parle de fiançailles avec moi. Autant savoir à quoi m'en tenir et m'adapter en fonction.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Nous y voilà donc, à nous échanger des banalités, des faits, l’un à l’autre, mais est-ce qu’un d’entre nous pouvait vraiment être intéressé par ça ? Par l’autre ? Par un avenir qui n’était là que pour nous vendre. Non. C’était qu’une parade pour accorder nos familles sur des détails qui ne nous regarderaient jamais. On avait juste à se marier et à faire des enfants. Pas besoin de s’aimer, de s’apprécier, ou de se supporter. J’avais juste… Juste à dire oui à une cérémonie et à réussir à lui faire un enfant… Juste… Une réalité qui m’effrayait tellement. Une réalité que je n’aurais jamais cru avoir à vivre. La peur d’un jour devoir à nouveau coucher avec quelqu’un… Pourtant c’était vrai et je ne pourrais faire que le supporter, juste le temps d’arriver à la conclusion de cet accord…

Est-ce que penser ainsi me dégoutait ? Oui.

Est-ce que le fait de prendre une femme pour une simple fonction physiologique me faisait me haïr ? Oui. Mais en voulant offrir gentillesse et compréhension, j’avais été trahi et abusé… Imaginer refaire la même erreur me paniquait. « Le projet est d’atteindre la direction du Ministère, mais avant je compte exercer en tant que Juge, puis Haut juge. », des postes à fonction, haut placé, mais étant le reflet d’une ambition pourtant aujourd’hui vacillante. Mais une ambition que j’avais portée durant des années et des années jadis. Quant à elle ?

Je n’eus pas vraiment de réponse, la nécessité de bien me comporter ayant du la couper dans sa réponse alors que je lui passais ma veste sur les épaules pour ne pas la laisser attraper froid. Nous avions été surprit par la température, mais de là à dire qu’il s’agissait d’une prévenance ? Non. Je… J’avais perdu ce qui faisait de moi un fier représentant de ma maison avant. J’avais perdu ce pourquoi je m’étais si souvent battu. Diana m’avait vidé de ma personnalité, de mon énergie, de ma gentillesse. J’étais trop sur ma retenue à présent. Je ne faisais plus confiance. « Ne me remercie pas, il serait mal venu que tu tombes malade aujourd’hui… Certains pourraient y voir un mauvais présage. » assurais-je dans un rire pourtant éteint. Ce mariage était un mauvais présage.

Tout comme sa réflexion, même murmuré, sur mon odeur. Malgré moi elle me tend. Malgré moi, elle me fait serrer un poing. Je… Je ne voulais pas être apprécier pour quoi que ce soit qui implique mon corps, mon physique… Je ne… Malgré moi, l’angoisse était revenue dans ma gorge, mon coeur battait fort et… Je craignais que la peur ne transpire à travers mon regard, ma respiration. J’avais peur de commettre un impair qui pourrait tout précipiter. Pourtant elle ne m’aidait pas. Elle ne m’aidait pas à m’apaiser avec cette question. Ce que j’en pensais ? Que si mon père me faisait encore confiance, il ne chercherait pas à noyer ma fausse réputation avec la première venue. Que si j’avais encore un peu de poids, il m’aurait laissé décidé et pas vendu. Que si j’avais eu mon mot à dire, j’aurais prit plus de temps pour offrir à une femme que j’aurais choisi, l’attention qu’elle méritait… Non… Si j’avais pu choisir, sans doute aurais-je suivi Merindah… Mais je n’aurais pas revécu cela…

Pas si vite.

« Nos deux familles ont des intérêts communs. Le professeur Londubat a collaboré avec notre Ministre actuelle durant la seconde grande guerre, c’est une concordance évidente de l’allégeance de nos deux familles. » commençais-je, incapable de formuler la vérité, craignant même ce qu’elle pourrait provoquer, « C’est… C’est une suite logique pour nos familles. » ajoutais-je, tournant la tête vers elle, un sourire plus timide alors que je commençais à avoir mal à la poitrine tant je craignais, tant je pesais mes mots. « Mes dernières semaines ont été chargés, alors je ne suis pas au fait de tous les détails, je m’en excuse, mais une union avec la famille Abott est un véritable privilège. Je suis convaincu de la bonne évolution de relation. », non. J’étais convaincu de rien, j’avais peur, je voulais juste disparaitre. « Qui plus est, je m’apprête à rentrer dans mon année de stage pour valider mon doctorat, ça me semble être le moment idéal pour construire quelque chose avec une autre étudiante. Nos emploies du temps seront encore compatibles quelques mois, c’est une véritable chance. », ou une occasion de plus pour découvrir combien j’en serais incapable.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

De l'ambition. J'aime ça. Même si nous pourrions nous retrouver en conflits d'intérêt à un moment, alors que devenir Ministre est aussi un but à atteindre pour moi. « Un deuxième Fawley comme Ministre de la magie ? » Je rétorque avec une petite moue malicieuse et enjouée. C'est un but très honorable. Et cela me plaît que l'homme sur lequel j'ai jeté mon dévolu ne soit pas simplement beau à tomber par terre, mais aussi intelligent et avec les moyens de réaliser ses rêves. « Ambition personnelle ou familiale ? » La question peut sembler osée, surtout alors que nous ne nous connaissons pas et que nous en sommes à une rencontre formelle en vue d'un mariage arrangé, mais je me demande simplement quel genre d'homme, de fils, Morgan peut être. Je sais beaucoup de choses sur lui, mais la plupart sont soit connues de tous, soit des rumeurs. Et si ces dernières ont toujours des fonds de vérité, il faut savoir faire le tri.. Cela me permet aussi de voir comment il se comporte avec moi. Est-ce qu'il va oser s'ouvrir un peu ou va-t-il s'enfermer complètement dans cette image impeccable et... fade, de Sang Pur dévoué à sa famille... Je voudrais tant voir la vie dans son regard.

Je frissonne quand je sens la chaleur de sa veste m'envelopper. J'aurais préféré celle de son corps, mais je me dois de faire preuve de patience. On ne saute pas sur son fiancé comme ça. Ce genre de chose prend du temps, sans compter qu'il a été refroidi par son mariage avorté. Pas facile de se remettre de ce genre d'échec. Surtout que les raisons sont restées assez floues et que peu de choses ont filtré à ce sujet, ce qui ne manque pas d'éveiller ma curiosité. Qu'a donc fait Diana pour s'attirer les foudres de son époux, au point qu'il souhaite se débarrasser d'elle ? S'est-elle montrée trop entreprenante au point de le dégoûter de ce comportement fort peu séant à une jeune fille de 17 ans ? Je plaide coupable pour ce genre de conseils, mais d'un autre côté, je n'ai pas eu à expliquer grand chose à la fausse ingénue. Puis avec une mère pareille... Qu'on ne me fasse pas croire qu'elle n'avait pas déjà quelques atouts de séduction dans sa manche, quand Amara Yaxley transpire la sensualité et la luxure.

Le plus drôle... C'est que je n'ai aucune expérience dans ce domaine. Et que malgré toute mon envie d'être avec Morgan, j'ai peur des moments intimes, autant que je peux les fantasmer. C'est compliqué. J'ai l'impression de ne rien savoir à ce niveau. Et peur de me ridiculiser quand le moment viendra. On n'en est clairement pas encore là, mais j'ai toujours réfléchi sur le long terme et envisagé toutes les conséquences possibles. Tous les scénarios aussi. Il douche quelque peu mon enthousiasme en répondant platement qu'il veut juste éviter que je tombe malade. « Je ne suis pas si fragile, malgré les apparences. » M'enrhumer pour quelques minutes dehors ? Non. J'ai une excellente santé, fort heureusement et je ne tombe pas souvent malade. Même si mon gabarit peut faire penser le contraire. Quant aux présages... j'ai très envie de rire à cette idée. « Je ne crois pas aux présages. » Je ne crois qu'aux opportunités que l'on créé et saisit... Je ne suis pas superstitieuse. Même si il y a 5 ans, si on m'avait parlé du coup de foudre, j'aurais ri en disant que c'était ridicule. Je suis bien placée pour attester que si, ça existe. Mais le mien est unilatéral malheureusement... Et n'est jamais passé. Je savoure tout de même sa proximité et son odeur. J'aime bien son parfum. Il ne répond rien à ce commentaire. Il est totalement fermé...

Et quand je lui demande son avis sur ces fiançailles, je sens un poids alourdir ma poitrine devant ce discours totalement policé, parfait pour mon père, mais dénué de la moindre émotion. Et de la moindre implication de sa part. Je l'observe sans dire un mot, avant de soupirer. « Bravo. Joli discours pour mon père. Mais tu t'es trompé d'interlocuteur. Tu l'as répété combien de fois pour qu'il colle exactement à ce qu'on veut entendre ? » Je détourne un peu la tête, avant de souffler : « Je me doute que tu n'es pas pressé de te marier à nouveau. C'est même plutôt normal. Surtout aussi rapidement. Je peux juste te promettre que je ferais tout pour que tu n'ai pas de regrets. » j'esquisse un sourire timide et le regarde de nouveau. Mon cœur bat la chamade, mais j'arrive à rester assez calme alors que je rajoute doucement : « Apprenons à nous connaître. »

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

« Naturellement. » soufflais-je quant à la possibilité d’avoir un deuxième Fawley à la direction de notre pays, quant à sa question suivante, bien qu’elle puisse être personnelle, je n’avais jamais caché la réponse, « Les deux. L’ambition de mon père est devenue la mienne en grandissant. », quand ma volonté s’était affiné. Comme ici. Quoi que c’était une partie d’échec, une partie stratégique, quoi que le résultat soit déjà connu à l’avance. On se marierait, quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe.

Passant une veste sur ses épaules, elle m’assura ne pas être si fragile, ni croire aux présages, ce qui n’était pas plus mon cas, mais il y en avait qui pourrait assembler des éléments et je préférais l’éviter. Tout comme je ne pouvais pas donner une vrai réponse à sa question, sur ce que j’en pensais, car mon avis ne serait jamais important. Car c’était décidé et que je devais juste limiter la casse. Mais elle était moins potiche que Diana, elle souligna l’aspect formelle de ma réponse avant de rappeler que ce n’était pas à son père que je m’adressais, mais bien à elle. Quant à répéter… « Tu apprendras avec le temps qu’il n’est plus toujours nécéssaire de répéter pour répondre à quelqu’un… », j’avais juste fait l’erreur de la pensée aussi lisse.

Pour autant, pouvais-je parler franchement ? Non. Car la peur continuait à me scier à l’idée d’épouser quelqu’un. Quand bien même ses mots pouvaient sembler rassurant, j’avais encore en mémoire mes premières rencontre avec Diana, sa crainte de porter, sa crainte de devenir mère trop jeune avant qu’elle ne prenne ma virilité et mon assurance. Mais elle comprenait que je ne sois pas pressé de me remarier. Pour le reste… « Une promesse n’a aucune valeur aux yeux de ceux qui en ont trop entendu. », soufflais-je un instant absent.

Mais nous connaitre ? Y avait-il encore quelque chose en moi ? Ou avais-je seulement envie de l’apprendre. « Il est parfois préférable d’ignorer tout de l’autre. » assurais-je alors que je savais qu’une connaissance n’était vrai qu’à condition de connaitre la réalité de chaque personne. « Je sers et représente ma famille, c’est le plus important à connaitre de moi. » le reste n’avait pas lieu d’être. Plus lieu d’être car c’était ainsi que les choses devaient se dérouler. Diana avait semé le chaos dans ma vie, dans mon coeur, dans mon âme. « Je cherche une partenariat, un accord cordiale. Mon discours n’a pas pour objectif de te parler à toi. De toute façon il n’est pas question de laisser parler nos envies, mais plus les accords financiers et politique entre nos deux familles. Alors détends toi, tu n’as pas à vendre quoi que ce soit à qui que ce soit. Je dirais à mon père ce qu’il veut entendre te concernant et je ne porterais pas préjudice à ton noms. », la contre partie était une réciproque complète. Mais j’étais mort de l’intérieur, mort car je sentais tout se refermer sur moi et que je suffoquais complètement.

Comment une femme pouvait faire autant de dégât ? Non comment un être humain le pouvait.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Je hoche la tête quand il répond. Une réponse qui ne m'étonne pas vraiment en vérité. Nous sommes souvent conditionnés par les rêves et les ambitions de nos parents, de notre famille, faisant nôtre leurs propres aspirations. Il est difficile ensuite de déterminer ce qui nous est propre et ce qui nous a été inculqué. Ma foi, je ne vais pas me plaindre de ce genre d'ambition, bien au contraire. Je n'aime pas vraiment la médiocrité et que Morgan brigue un si haut poste a sein de la Communauté Magique m'enchante. Même si je ne serais pas contre de le briguer également, quitte à entrer en compétition avec lui. Mais nous avons encore bien des années devant nous. Il me faut déjà l'apprivoiser. Je sais que mon mariage ne sera pas un mariage d'amour, du moins de la part de mon mari, je l'ai toujours su, mais j'ai au moins espéré de l'affection. Sauf que là...

C'est la douche froide.

Je fais tout pour me montrer agréable avec lui, pour lui montrer que j suis quelqu'un de bien, mais il reste totalement hermétique à mes essais. Fermé. Froid. Il ne fait que répondre de façon automatique et cela me peine et m'inquiète également, alors qu'il n'avait pas cet air éteint il y a quelques mois... « Effectivement, quand les réponses sont policées et sans âme... » Je rétorque avec une petite moue désapprobatrice. Je connais ma place, je connais la sienne et je sais que tout cela est très formel... Mais j'espérais au moins un peu de chaleur de sa part. Et surtout pouvoir détecter une émotion concernant notre union future.

Mais je n'ai rien à me mettre sous la dent que cette distance polie... Je crois que c'est pire que de la colère ou même de la haine. L'indifférence. Il est indifférent à son propre sort. Résigné peut-être ? Mais ce n'est clairement pas ce que je souhaite de lui. J'essaie de lui montrer ma bonne foi mais... Je tique quand il murmure au sujet des promesses. « Tout dépend de la personne qui la profère... Ce n'est pas grave. La confiance se gagne. » Je réponds avec assurance. C'est normal qu'il soit sur la défensive, il ne me connaît absolument pas. Ce serait naïf de me faire une confiance aveugle maintenant, même si je n'ai aucune raison de le blesser... Si il savait seulement la profondeur de mes sentiments, il ne douterait pas un instant que je souhaite tout faire pour son bonheur. Le notre.

Malheureusement, mes résolutions se fracassent contre le mur de verre de la réalité, quand il répond que nous n'avons pas besoin de nous connaître. Un cœur peut-il se briser plusieurs fois ? Inconsciemment je porte la main à ma poitrine, serrant mon poing contre elle, blessée plus que je ne l'aurais du par son rejet de mes efforts. Ma résolution vacille un instant. Avant que je ne me reprenne. Ce n'est pas grave, l'amour n'est plus grand quand on sait affronter les épreuves, je ne dois pas me laisser ébranler au moindre obstacle. « On ne peut pas vivre sous le même toit et être des étrangers... » Le temps fera son office n'est-ce pas ? « C'est tellement réducteur. » Je froisse mon visage en une grimace contrite et désolée. Je sais qu'il a bien plus à offrir. Mais je me dois de peser mes mots. « Les accords n'empêchent pas que nous décidions de la façon dont nous voulons construire cette union. Il n'appartient qu'à nous de la modeler... Mais je n'y arriverais pas tout seule Morgan... Il faut me laisser une chance. » J'ai un sourire un peu faible : « Ce n'est pas grave, je laisse le temps faire son œuvre. Mais si je t'ai promis que je ferais en sorte que tu ne le regrettes pas, je peux aussi t'assurer que je ne serais pas une potiche à ton bras. Je ne suis pas ton ennemie. Tu finiras par le comprendre. Les gestes, les attitudes, sont plus parlantes que les mots. Alors je te le prouverais. »

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Elle avait au moins du répondant, je ne pouvais pas lui retirer ça, pas plus que je pouvais me fier à cette réaction. Nous étions dans une relation qui serait toujours biaisée, toujours poussé dans des réactions pour le mieux. Alors oui, c’était inutile de se vendre à l’autre, inutile de se forcer, surtout quand les résultats ne pouvaient qu’être décevants. L’amour était une chimère pour nous et je ne l’attendais plus. Je ne le voulais plus. Les promesses ne valaient rien, mais cela dépendait des personnes qui les prononçaient pour elle. De l’orgueil ? Sincèrement ? Elle se pensait différente ? C’était pas sans me rappeler quelqu’un, pas sans me faire trembler malgré moi.

Nous devions juste faire ce qu’on attendait de nous, plus besoin de plus, ça n’aurait aucun intérêt, sauf peut-être ne pas vivre ensemble en étant des étrangers. On le serait pourtant toujours non ? « Une union politique condamne à être toujours des étrangers. Nous ne nous sommes pas fréquentés car l’autre nous plaisait. Nous ne nous sommes pas rapprochés par un autre biais que nos familles. » soufflais-je un peu plus froidement, refusant d’être atteint. Les accords ne nous privaient pas de notre force de décision, de ce que voulions en faire. Mais elle ne pourrait pas le faire seule, il fallait lui laisser une chance, ce qui m’arracha un rire amer.

À quel point c’était entièrement en train de se reproduire ? À quel point c’était en train de s’incruster à nouveau dans ma peau. Elle voulait laisse au temps de faire son oeuvre, même si elle me promettait qu’elle ferait en sorte que je ne regrette pas. Elle ne serait pas une potiche… La encore, l’écho m’arracha un frisson de dégout autant que peur. « Ne perds pas ton temps. » coupais-je, conscient que la peur venait de me prendre et que ma raison vacillait un peu trop pour le bien de cette conversation. Mais je ne pouvais pas l’entendre. Je ne pouvais pas le gérer. Je n’étais pas encore assez fort pour ça, à moi que je ne l’ai simplement jamais été.

« Tu n’obtiendras rien de fantasque à mon sujet. Je suis désolé que tu te retrouves dans une union imposée, désolé que tu n’ai pas le choix que de te raccrocher aux branches, mais ne perds pas ton temps. Pas avec moi. », mon coeur battait vite, car le retour en arrière était violent, « Ton beau discours je l’ai déjà entendu. T’es sans doute la fille la moins commune de ta génération. Tu es sans doute la femme forte qu’on t’a dit d’être pour moi. T’es sans doute la plus compréhensif, la partenaire d’une vie. J’en doute pas qu’on a du te briefer sur comment me parler, mais t’es pas la première à me faire ce laïus. T’es pas la première à se prétendre autre chose, t’es pas non plus la première qui à l’orgueil de se croire différente. Mais non. Désolé, mais j’ai donné. J’ai pas besoin d’une nouvelle Diana Yaxley, j’ai pas besoin de me faire encore endormir, pas besoin d’autre chose que juste une femme pour faire ce qu’on me demande, ce qu’on nous demande. », j’avais vraiment besoin de tout sauf ça.

« Je veux juste être tranquille, juste réparer ce que mon ex femme à causer à mon nom, à ma réputation. Je parle même pas de moi, juste de ce que je peux changer. Et mon père n’est pas du genre à négocier, alors si tu veux me faciliter la vie et vraiment me prouver qu’il sera vaguement possible d’avoir une relation autre que contractuelle, contente toi d’être la potiche que mon père attend. Le reste, je m’en fous, tu peux même faire ce que tu veux de ta vie, je veux juste… Être… Sois juste ce qu’on attend de toi et je serais ce qu’on attend de moi. », mon regard s’était assombrit, encore un peu plus, car j’avais bien cette gorge nouée, bien cette peur au ventre. Je ne pourrais jamais effacer ce qu’elle avait fait à mon corps. Je pouvais juste espérer rattraper ce qu’elle avait fait à mon nom. Retrouver la place de confiance, du moins en partie. Mais celle nécéssaire pour que je puisse continuer de gérer ma soeur. Je devais juste faire barrage pour elle. Je devais juste mériter sa confiance pour elle.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Je fronce les sourcils à sa réponse, tellement défaitiste. Et surtout, totalement fausse. Bien sûr que si on peut se rapprocher, même quand c'est une union arrangée. Le contraire peut être vrai également, si il y a une incompatibilité de caractères. Mais... tout peut arriver. Et je sais que je suis celle qu'il lui faut, même s'il l'ignore. Même si il me rejette pour le moment. Je tiens pourtant ma langue, refusant de me lancer dans un débat avec lui à ce sujet. Je ne suis pas préparée pour et je crois bien que je ne gagnerais pas cette joute... Les choses ne se passent pas vraiment comme je l'avais imaginé. Et je n'ai pas de plan de secours. Je me doutais qu'il ne serait pas forcément heureux au point de sauter de joie, mais qu'il soit aussi froid... Aussi dénué de vie... J'espérais de la sympathie de sa part, mais là... je tente de le rassurer, en vain. Je me prends une gifle mentale. Comme une porte qui se referme brutalement sur mon nez...

La façon dont il arrête mes tentatives me fauche violemment. Ne pas perdre mon temps ? Je reste coite de stupéfaction face à la violence de son rejet... Il a été élevé dans le but de se marier et de perpétrer sa lignée. J'aurais pensé qu'il le ferait au moins avec panache. Mais il est si morne que j'en reste confuse. Mais au delà de la douleur que je ressens, je capte aussi une profonde amertume vis à vis de sa précédente épouse. Je ne pensais pas qu'elle avait lissé une marque aussi indélébile en lui. Qu'il ose me comparer à elle me fait voir rouge. Qu'il se montre aussi peu galant aussi, pour le coup. Je n'ai pas l'habitude qu'on me résiste... Pas non plus qu'on m'insulte.

Je recule un peu. Je ne suis malheureusement pas assez grande pour le dominer ainsi. Pourtant, je l'observe de haut en bas en pinçant les lèvres, offensée soudainement. « Que tu ne sois pas enchanté par cette union, c'est une chose. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec Diana et je ne veux pas le savoir, mais je n'ai rien à voir avec elle. Je suis une Abott, pas une Yaxley. Alors ne me compare pas à elle. » Je préfère mettre les points sur les i. On dirait cependant que je doive ramasser les pots cassés... Mais qu'a-t-elle donc fait ? Quand même, il ne s'est pas offensé si elle s'est montrée un peu entreprenante ? Morgan ne rentre pas vraiment dans la catégorie vierge effarouchée dans mon esprit. Pourtant, elle a fait des dégâts... Plus profonds que je ne l'aurais imaginé. Ma colère retombe un peu face à la curiosité et aussi à la compassion. Je déteste ne pas comprendre quelque chose.

Et là, Morgan est un mystère.

Mais ses paroles sont si difficiles à entendre... Juste être une potiche... Je détourne les yeux et souffle : « Alors c'est ça que tu attends de moi ? Bien présenter en société et disparaître quand le rideau retombe ? » J'ai envie de pleurer brutalement. Mais je ravale mes larmes. J'ai peut-être commis une grave erreur en forçant ce mariage... J'ai sous estimé les ravages du premier... Et si... Je n'arrivais jamais à gagner son cœur ? Si j'étais condamnée à être Madame Yaxley, mais n'être qu'un joli bibelot qu'on déplace et oublie quand on n'en a plus besoin ? Je force un sourire, mais si j'ai la gorge noué, même si mon regard est brillant de larmes que je contiens. Il ne les verra sans doute pas, tant il fait peu attention à moi. Tant il se fiche de me blesser. J'ai très envie de lui jeter sa veste à la figure. J'ai froid, mais ce n'est pas à cause de la température extérieure. « Je ne ferais rien qui puisse nuire à ton nom. Même si tu ne crois aucune de mes paroles, alors je ne vois même pas pourquoi nous discutons. Ne te force donc pas. Attendons encore quelques minutes avant de revenir. Tu n'es pas obligé de me parler. » Je détourne le visage résolument. Je ne dois pas pleurer. Cela ne servira à rien.

Je ne suis pas une perdante.

C'est une déconvenue, mais je saurais trouver un moyen d'effacer la trace laissée par Diana et lui rendre ce sourire qui m'a fait tomber amoureuse... Cet éclat rieur dans le regard qui est imprimé dans mon esprit.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

J’avais dit les mots, j’avais été dur, mais sa façon de parler m’avait effrayé au plus au point, elle m’avait tendu, fait craindre et surtout ramené en arrière, bien trop en arrière. Je n’étais pas enchanté, mais elle ne voulait pas que je les compare, elle n’était pas elle et… Dans un sens, elle ne devrait jamais apprendre, il ne faudrait jamais qu’elle apprenne, sinon… Sinon je serais définitivement destitué, définitivement hors de la confiance de mon père, incapable de protéger ma soeur. Après, je doutais qu’il puisse exister deux personnes comme Diana, du moins je l’espérais, mais ça restait… Ça restait un moment, un instant de ma vie qui… Qui ne passerait jamais. Je me rappelais que trop bien de la sensation de ses mains, de ses lèvres, que trop bien de ma faiblesse, de la lutte que j’avais du mener pour la faire me lâcher, pour la faire partir.

Alors si je ne devais pas les comparer, elle se devrait d’être juste ce qu’on lui demanderait d’être et… Et pourtant ça me tuait d’attendre ça d’une femme. Ça me tuait de devoir le dire quand les personnes les plus importantes de ma vie était des femmes… Me frottant l’arrête du nez, je finis par secouer légèrement là tête. « Je… Diana était… Elle… », car il y avait un fond d’injustice, de violence, j’en avais bien conscience en cet instant et… Je n’arrivais pas à m’exprimer, mon corps commençant à trembler, me tétanisant lentement alors que j’avais l’impression qu’une faille se formait chez tous les deux.

Elle ne nuirait pas à mon nom, même si elle avait conscience que les discours ne serviraient à rien, je n’avais pas à me forcer. Je n’étais pas obligé de lui parler. « Ce que tu as dit… C’est exactement ce que j’ai déjà entendu. » soufflais-je en m’asseyant sur un muret. « Et… Je me suis investie pour que ça marche. Car elle était jeune. Je me suis investie pour elle, pour la protéger de son père… Je me suis investie car elle a eu ce genre de discours. De l’ambition. Une éducation. Et une volonté d’être autre chose qu’une mère… », ma voix s’était étouffé sur la fin, la douleur tapant.

« Je respecte les femmes. Ma mère, ma soeur. Je… Je ne… Je ne limite pas une femme à un rôle, mais… » basculant légèrement la tête en arrière j’expirais douloureusement, « Quoi que mon père est pu dire au tien… Je suis au seuil de ma propre maison et je dois me racheter pour ma soeur, pour la protéger. Mais je ne peux pas Gabrielle. Je ne peux plus. Après Diana… C’est impossible. », avouais-je douloureusement, « J’ai juste besoin que tu… Qu’on se marie. Que mon père arrête de… De voir un échec en moi et qu’il me laisse à nouveau protéger ma soeur. Si tu… J’attends rien d’autre. Tu pourras faire ce que tu veux, je… Je ne serais pas une prison, tu ne me devras jamais rien car… Je ne voudrais jamais rien… Je préfère que ce soit carré. Quoi qu’on t’ait dit sur moi, c’est du passé. Je dois juste protéger ma soeur, faire barrage… », baissant les yeux, absent, presque mort, « Je… Je voulais pas être aussi insultant… », mais elle ne pourrait pas comprendre à quel point cette situation m’était impossible à supporter, à gérer. Je n’avais juste pas à être ce que j’aurais refusé pour ma soeur ou ma mère. D’autant qu’elle avait été blessée.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Cela ne servait à rien de forcer Morgan ce soir. Sa réaction me déstabilise vraiment. Je pensais être d'assez bonne composition pour qu'il ne soit pas totalement réfractaire à une union, surtout en ayant été élevé dans ce but. Mais il y a des éléments qui m'échappent encore... Peut-être réussirais-je à apprendre ce qu'il s'est réellement passé avec son ex femme. Comment une demoiselle si jeune a pu-t-elle laissé une telle empreinte chez lui ? Parce que c'est son prénom qui revient sans cesse... Diana. Alors que je lui propose de ne plus nous parler, il semble se rendre compte qu'il n'a pas été très correct avec moi... Le dialogue se rouvre et je m'apaise un peu. Le plus discrètement possible je passe la main sous mes yeux pour essayer de contenir les larmes qui sont montées mais qui n'ont pas dégringolé.

Pourtant, je garde la tête tournée, le temps de reprendre mes esprits, alors qu'il m'explique que mes beaux discours, il les a entendu de la bouche de sa première épouse. Je fronce le nez en une grimace. Je n'apprécie pas beaucoup d'être comparée à elle. D'un autre côté, à quoi peut-il s'attendre d'une union avec une Sang Pure ? Nous avons appris à être de parfaites épouses et futures mères. Même si sur ce point, je pêche un peu, n'étant pas pressée de me retrouver à devoir gérer un gamin qui mettra un frein à ma carrière. Mais pour autant, ce n'est pas parce que le discours est formatée que les intentions derrière ne sont pas sincères...  Mais on dirait qu'elle lui a menti.

Il revient sur ses paroles exigeant de moi d'être juste une potiche. J'ai remarqué combien il était proche de sa sœur. A vrai dire, c'est surtout avec elle qu'il s'anime. Même si c'est moins le cas maintenant malheureusement... Doucement, je viens m'asseoir sur le banc, sans trop l'approcher, combien même j'en crève d'envie. Comme de juste le prendre dans mes bras pour respirer son odeur. Mais il est tellement sur la défensive et à fleur de peau qu'il fuirait définitivement face à ce genre de geste de ma part... Alors je m'assois simplement et joue avec les plis de ma jupe pour occuper mes mains.

Et face à son discours, je ressens une violente envie de lui rendre sa fierté. Son arrogance. Je l'ai détectée il y a deux ans, avant tous ces événements, mais on dirait que son père lui a retiré sa confiance. « Ta dévotion envers ta sœur est admirable. » Je souffle avec un petit sourire, les larmes définitivement ravalées. C'est un homme avec des fêlures profondes qui se tient devant moi... J'ai la patience pour les combler. « Alors on fera ce qu'il faut pour que ton père soit fier de toi de nouveau. Guide-moi et je m'exécuterais. C'est peut-être vrai que j'ai le même discours que Diana, mais je ne suis pas elle. J'ai été éduquée pour être un soutien pour mon compagnon. Je ferais ce qu'il faut pour que ce soit le cas pour toi Morgan. Et que ce mariage fonctionne. Peut-être que tu regrettes de lier ton nom au mien, mais moi, je suis plutôt satisfaite de ce choix. » Autant être sincère. Après tout, je n'ai jamais essuyé l'échec d'un mariage avorté et j'ai l'âge d'être fiancée. Objectivement, Morgan est un très bon parti : une famille riche, réputée, du ministère. C'est en plus un bel homme, jeune. Tout pour être satisfaite de ce choix... Peu ont la chance d'en plus être mariés à l'homme dont elles sont amoureuses, même si Morgan l'ignore totalement. « Même si je vais devoir batailler contre l'ombre d'une autre... » J'ai un sourie doux amer. Peut-être même contre l'ombre de deux autres... Une négative et l'autre positive. La seconde sera plus difficile à surpasser.

ft. Morgan

will it be different this time ?

Dire les choses m’avait au moins permis de ne pas exploser, de ne pas me perdre sur un terrain qui ne serait pas le mien. Un terrain de violence. Je pouvais dire les choses, construire un mur sans avoir la nécessité de m’en prendre à elle. Pas comme ça, pas quand j’attendais juste une chose, revenir dans les grâces de mon père pour protéger ma soeur. S’approchant pour s’asseoir sur le banc, elle souffla que la dévotion envers ma soeur était admirable, c’était même pas tant que ça, c’était… « Ce n’est pas de la dévotion… C’est juste de l’amour. », fraternel, sans ombre, sans déviance. Juste de l’amour. Juste cette façon un peu perdu d’apporter sa fidélité aux autres.

Alors on ferait ce qu’il faut pour que mon père soit fier de moi. Une réalité qui me fit la regarder en fronçant légèrement les sourcils avant qu’elle n’ajoute que je devais la guider, car elle suivrait. Elle avait peut-être le même discours, mais elle n’était pas elle. Elle avait été éduquée pour être un soutien, elle ferait ce qu’il faut pour ça. Pour que ce soit mon cas. Elle voulait que ce mariage fonctionne, que je ne regrette pas de m’être lié à elle, car de son côté, elle était assez satisfaite. Ce qui avait de quoi m’étonner au vu de ce que j’avais dit. Avait-elle bien écouté ? Je ne la prendrais pas pour une idiote, mais c’était surprenant, à plus d’un titre. Il existait un monde ou j’aurais pu lui dire qu’elle pouvait encore reculer, mais je n’avais guère ce choix et je ne pouvais lui laisser.

Et elle le ferait même si elle devait batailler dans l’ombre d’une autre. « Une ombre peu reluisante… Qui semble s’être personnifié sur son visage. » soufflais-je dans un rire, un peu amère, quoi qu’un peu plus sincère. Pas besoin de savoir qui avait fait le coup, mais de là à savoir comment… Je préférais encore l’ignorer. Mais cela me fit au moins penser à une chose. Une chose que mon père pourrait savoir trop aisément. « Il y a un détail à voir avec toi. Diana… Excuses moi d’en faire encore mention, mais elle préférait que nous soyons discrets à Poudlard lorsque nous nous affichions… », tant de pudeur pour une si belle salope, mais passons, « Qu’en est-il de toi ? » demandais-je en sachant bien que ça déterminerait bien des choses. « Les rumeurs et les nouvelles courent vites à Poudlard, quoi qu’on fasse, dès demain, à peut de chose prés, une grande partie de l’école saura. Jouer la comédie sera inutile, mais je sais qu’il n’est pas toujours agréable de… », cherchant mes mots, je soupirais à nouveau, « Est-ce que tu préfères pour ta réputation te limiter aux fiançailles organisées par notre famille ou tu préfères que nous ayons l’air de base plus intime, pour ne pas que tu subisses certains commentaires d’idiot ? », les deux m’iraient. Je n’avais rien à sauver.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Mon sourire se fait un peu plus doux encore quand Morgan me corrige concernant ce que lui inspire sa sœur. « Oui, pardon. Mais dois-je comprendre que tu es encore mieux placé que votre père pour la protéger ? » Ou qu'il veille sur elle, même envers leur père . Je ne connais pas vraiment la personnalité de Mr Fawley, il a l'air d'être un homme droit dans ses bottes, un parfait Sang Pur sans scandales, issu d'une famille toute aussi lisse. Mais se cache-t-il autre chose dans l'ombre de cette famille multiculturelle ? C'est un peu l'impression que me donne Morgan à travers ses paroles. « J'ai de la chance, Père est très prévenant avec ma sœur et moi. Je suis l'aînée aussi tu sais. J'ai du prendre soin d'elle quand j'étais petite à la mort de ma mère. C'est ma meilleure amie. Et celle qui est la plus critique avec moi. » Je rajoute en fronçant le nez. Ma sœur me connaît assez pour voir mes manigances et les juger sévèrement. Elle est plus honnête que moi, mais je l'ai protégée moi aussi.

Ces fiançailles ne se passent pas vraiment comme je l'avais prévu, mais après m'avoir rejetée, Morgan semble se rendre compte qu'il est injuste avec moi. Il traîne ses casseroles et je paie les pots cassés. J'ai vraiment pensé que la discussion allait s'arrêter là, mais heureusement, il fait amende honorable en se justifiant, ce qui me radoucit beaucoup et me redonne de l'espoir. Si il a besoin de moi, de mon nom, pour regagner les faveurs de son père, alors je lui offre tout, sans concessions. J'étouffe cependant un rire quand il évoque l'étrange acné dont a été touchée son ex. On dirait que quelqu'un a trouvé amusant de lui jouer ce vilain tour. « Justement. L'éclipser ne doit pas être hors de ma portée. Il suffit de beaucoup de lumière pour faire disparaître l'ombre. » Et je suis prête à lui apporter tout ce dont il a besoin pour panser ses plaies.

Il évoque ensuite un détail à voir ensemble. Avec son ex, il était question de pudeur... Alors naturellement, il me demande ce que moi, je désire... Ha... Mon cœur s'emballe à l'idée de l'imaginer proche de moi et être tendre avec moi pour donner le change mais... Ce ne serait que de la comédie n'est-ce pas ? Je ne veux pas de fausses attentions de sa part. Je veux son cœur. Est-ce que j'y parviendrais en faisant semblant ? Difficile à dire. Je triture mes doigts un peu plus nerveusement, prise au dépourvu par cette question. Machinalement, je porte l'ongle de mon pouce à mes lèvres pour le mordiller tout en réfléchissant. « Je pense que des fiançailles officielles organisées par nos familles ne leurrent personne. C'est ce qu'on attend de nous... On ne nous a jamais vu ensemble jusqu'à maintenant... Cela paraîtrait suspect si tu étais soudain plus intime avec moi ? Allons-y progressivement, qu'en penses-tu ? Que l'on nous voit passer du temps ensemble... Et rapprochons-nous au fur et à mesure, que cela paraisse naturel. Ma réputation n'aura pas à souffrir de deux fiancés qui se découvrent et s'apprécient n'est-ce pas ? Et la tienne non plus. » Cela me tue de devoir dire cela quand j'ai très envie de me rapprocher de lui maintenant, mais je ne me contenterais pas de miettes d'attention de sa part....

Enfin si, en réalité, je m'en contenterais. Mais ce serait affreusement triste et pathétique.

ft. Morgan

will it be different this time ?

« Ça dépendra de la personne qui te le demande. Mais je la connais, par coeur. Nous sommes semblable a des jumeaux. Je suis son ombre autant qu’elle est ma lumière. Alors je sais ce qu’il lui faut et je sais que mon père peut l’oublier sous la contrariété. », comme il avait oublié avec moi que je pouvais le faire, que j’étais digne de confiance, que j’étais quelqu’un d’honneur. Il avait oublié, à plus d’un titre, mais j’étais vraiment le plus compétent pour ma soeur. La concernant, elle avait de la chance d’après elle. Son père était prévenant avec elle et sa soeur, elle avait aussi du prendre soin de sa soeur, sauf que c’était en raison de la mort de sa mère, ce qui était naturellement douloureux, mais dont ma méconnaissance de sa personne m’empêcher de lui poser des questions à ce sujet. Sa soeur était sa meilleure amie, tout comme elle était la plus critique. « Plus tu aimes quelqu’un moins tu le berces d’illusions. », mais quand la bienveillance disparaissait, c’était souvent trop tard.

Essayant alors d’être moins froid et de rattraper le raccourcis que j’avais fait, je ne pouvais pour autant pas ne pas faire de parallèles, pas quand les mots me semblaient si semblables même si oui, elle avait perdu de sa superbe avec le temps, ce qui la fit rire et qui malgré moi m’arracha un sourire. « Le pire c’est que je suis prêt à parier que je connais le responsable… Enfin les responsables… », mais oui, l’éclipser sur se point ne serait déjà pas difficile. Tout comme il fallait simplement plus de lumière pour faire disparaitre l’ombre. Elle ne lâcher pas. C’était le moins qu’on puisse dire. Elle était déterminée. Mais là encore, je ne pouvais pas lui donner d’espoir, car elle représentait ce qui m’effrayait le plus en cet instant. Car je ne pouvais pas me projeter sans essuyer un tremblement.

Ce que je pouvais faire, c’était d’au moins chercher à savoir ce qu’elle voulait, comment elle le voulait. Oui les fiançailles ne leurraient personnes, et apparaitre trop proche serait suspect. Alors elle voulait y aller progressivement. Doucement. Passer du temps ensemble pour finalement se rapprocher graduellement pour que ce soit naturel. Pour que cela paraisse naturel. Sa réputation n’en prendrait pas un coup, pas plus que la mienne. Sage, elle était sage, ça avait quelque chose de rassurant, de reposant peut-être et ça me fit hocher la tête avant de la demander, les yeux à nouveau bas. « Je sais que mon père ne me consultera pas, mais… Si jamais on te demande ton avis, pourrais-tu… Refuser un mariage trop rapide ? », que je puisse repousser le plus loin possible cette nuit de noce, ce besoin qu’aura mon père de me savoir dans une chambre avec elle. Le stresse de devoir faire face et de revivre cela. Si elle pouvait vraiment changer d'elle, alors ça serait au travers ça, en ne voulant pas qu'on se retrouver dans une intimité trop rapidement, du moins une intimité obligatoire.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Morgan répond assez finement pour ne pas trop laisser transparaître de désaccord entre son père et lui dans la façon de gérer sa sœur. Il la connaît mieux que personne et sait donc ce qui lui convient le mieux, quand leur père pourrait davantage voir... les intérêts ? Je comprends que sa sœur est importante pour lui. Voire même que c'est sa faiblesse. Il me faudra donc bien m'entendre avec elle pour réussir à plaire à Morgan dans un sens. Je le savais déjà mais il me le confirme en évoquant même un lien de gémellité imaginaire. Cela traduit simplement la force de leur lien. Encore différent de celui qui me relie à ma propre sœur. « Je dirais que cela dépend de la nature de cet amour, mais aussi de la personnalité des personnes... Il y en a qui refusent de voir certaines réalités, parce que c'est plus confortable. » Je n'étais pas totalement d'accord avec lui à ce sujet. Il suffisait de voir ces hommes ou ces femmes, vivant avec l'autre, qui pouvait leur faire du mal, mais qu'ils refusaient de quitter, minimisant leurs travers que la violence soit psychologique ou physique. Et sans aller jusqu'à ces extrêmes, nous sommes parfois aveugles avec ceux que nous aimons.

Heureusement, la discussion prend une tournure plus agréable... Nous avons frôlé la catastrophe. Mais si je peux accepter beaucoup de choses, être dénigrée sans même être connue, être comparée à une autre, indigne, non, je ne peux le tolérer. Je comprends qu'il a été traumatisé par ce mariage, mais ce n'est pas une raison pour être méchant avec moi, et il semble s'en rendre compte tandis qu'il se radoucit et s'excuse de son comportement, excuses que j'accepte volontiers, préférant discuter et aplanir les choses entre nous que de rester sur ces non dits, surtout de sa part d'ailleurs. Quand il évoque la mésaventure arrivée à son ex, je ne peux m'empêcher de rire, tout Poudlard en ayant entendu parler et ayant colporté la chose. « Quelqu'un qui avait un message à faire passer en tous les cas. » Je commente avec le regard pétillant d'amusement. Même si cela n'est pas très flatteur pour Morgan d'avoir été associé à une fille si légère. Mais ce n'est pas grave, je suis prête à l'aider à refaire sa réputation.

Et naturellement, il est question de ce que nous pouvons bien chercher dans ces fiançailles. Même si j'adorerais qu'il se montre prévenant et tendre avec moi en public pour officialiser tout ça, je préfère la prudence. Cela demeure un mariage arrangé, tout le monde le saura, il serait encore plus suspect qu'il soit soudain totalement transi d'amour pour moi, alors qu'il ne m'a jamais regardée... Cela me fait mal, mais je sais aussi me montrer logique. Que nous apprenions à nous connaître, qu'il me courtise, c'est ce qu'on attend de nous plutôt. Ma respiration se bloque quand il me demande de retarder au maximum le moment de nous marier si on me demande mon avis. Je froisse de nouveau le tissu de ma robe entre mes doigts, mon cœur se remettant à battre de façon erratique. Clairement, tant qu'il ne m'aura pas passé la bague au doigt, il y aura un risque qu'il m'échappe encore... Mais le contraindre serait le braquer et je ne gagnerais pas son affection comme ça, c'est une certitude. Alors je hoche lentement la tête, la mort dans l'âme, m'exhortant à la patience. Je ne suis plus à quelques mois n'est-ce pas ? « Je ferais ce que je peux. » Je me mordille la lèvre inférieure, avant de tenter un sourire réconfortant, bien que manquant un peu d'assurance : « C'est nouveau pour moi... Même si nous n'avons pas le choix, je veux mettre à profit le temps de nos fiançailles pour nous découvrir et faire en sorte que cela fonctionne. Je n'ai pas envie d'être malheureuse au sein de mon futur foyer. Je veux vivre en bonne intelligence avec la personne qui va partager ma vie. Et toi ? »

ft. Morgan

will it be different this time ?

« Je suppose que j’ai eu assez de chance pour grandir dans un environnement dans lequel il n’a jamais été question de nous mentir au sein de ma famille. », malgré ce que mon père pouvait faire aujourd’hui, nous ne nous étions jamais bercés d’illusion et je n’avais jamais fait trainer les choses. Sauf sur un point que j’avais omis car je ne pouvais pas ajouter, pas me battre pour lui faire comprendre ça. Bien évidemment, je n’avais pas la même franchise avec d’autres, la politique n’étant pas une chose permettant l’honnêteté. Mais oui, il y avait plus de facilité à être aveugle lorsque l’on refusait l’évidence. Chose qui ne me définissait pas. Je ne me berçais pas d’illusion. Je savais par exemple que mon père était à un tournant de sa vie qui ne lui permettrait pas d’accepter mes écarts. Je savais qu’il y avait une forme d’amour, mais que je ne pourrais pas attendre de compassion.

Une compassion que je devais peut-être avoir ici. Par soucis de présomption d’innocence, et par justice, car je ne pouvais condamner aussi facilement. M’excusant alors, je ne pouvais qu’appuyer ce qu’elle déclarait sur Diana. Oui il y avait sans doute un message, réel, bien plus fort et je croyais pouvoir citer les coupables avec justesse, « Charge a elle de le saisir. », mais je n’étais pas certain qu’elle soit en mesure de le faire. Elle se pensait si supérieure à sa soeur qu’elle ne verrait sans doute jamais le problème.

Alors à présent que le calme semblait être revenu, j’osais une demande. Que le mariage ne soit pas précipité. Une réalité qui m’angoissait un peu, qui sembla peut-être l’éteindre, mais qui aboutis à un oui. Elle ferait ce qu’elle peut. Charge à elle de le prouver. Mais c’était nouveau pour elle, même sans avoir le choix, elle voulait utiliser nos fiançailles pour se découvrir, pour apprendre à se connaitre et voir si cela fonctionne. Elle ne voulait pas être malheureuse et ces simples mots me firent tourner la tête vers elle. Pas être malheureuse au sein de son foyer. Pas faire bonne figure, mais ne pas en souffrir. La différence était marquée, évidente et elle signa une première différence. Par ce besoin peut-être égoïste, elle ne ramenait pas son nom, son sang ou les attentes des autres. Non, elle parlait en son nom.

J’avais affaire à Gabrielle, pas à un artéfact agissant à la volonté de son père.

« J’ai expérimenté les deux, le mariage forcé dans lequel j’ai voulu créer une complicité et la naissance des sentiments pour une autre sans la pression d’une union. Si j’avais eu à choisir, je n’aurais pas opté pour ce que nous allons devoir vivre… J’ai appris que… Sans obligation… C’était le seul moyen de construire quelque chose de réel… », avec Merindah, les sentiments s’étaient faits de plus en plus fort et présent. Mais elle était partie, pour son bien. « Je ne condamnerais pas ce qui nous attend, j’espère simplement pas… Pas perdre d’avantage à la fin. » assurais-je en baissant les yeux. « Mais tu ne souhaites pas quelque chose au nom de ton père, si tu voulais marquer une différence, tu en as fait une belle. C’est… Plus engageant que ce que je pouvais craindre. » souriant un peu éteint, j’essayais d’être plus encourageant, même si je ne retirais rien au fait que j’aurais préféré pouvoir vivre une histoire avant d’épouser la moindre femme par devoir.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

« C'est une chance en effet. » Je tapote ma lèvre en réfléchissant. « Mais j'avais plutôt à l'esprit d'aimer tellement quelqu'un qu'on l'idéalise... Ne pas être objectif et fermer les yeux sur les défauts pour ne se concentrer que sur les qualités... Tu vois ? » Je ne peux pas dire qu'il y a des mensonges dans ma famille. Enfin... Si. Et c'est moi qui les génère, je suis pas seule à dissimuler quoique ce soit dans mon cercle familial assez restreint. Mais je note dans un coin de ma tête ce qu'il me dit concernant sa famille. Je ne connais des Fawley que ce qu'on dit d'eux. Des rumeurs glanées, mais une fois les portes du manoir refermées, c'est bien différent. Alors je prends tout ce que Morgan peut lâcher à leur sujet, pour essayer de le comprendre.

Quand il évoque son ex femme et ses récents déboires, je dois reconnaître que cela m'amuse. Je ne sais pas qui l'a punie de cette façon, mais c'est du génie. « Il faut déjà qu'elle se remette de l'humiliation. » Maintenant, est-ce que le message est réel ou juste une mauvaise farce lancée par une femme jalouse par exemple ? Difficile à dire... Je ne connais pas vraiment Diana, c'est surtout une fille de l'entourage de ma sœur, une demoiselle trop naïve dont il n'a pas été difficile de retourner le cerveau pour qu'elle se foire lamentablement avec son mari. Cependant, elle a dépassé toutes mes espérances, je ne m'attendais pas du tout à un divorce aussi rapide. Le terreau était bien plus fertile que je ne l'aurais soupçonné. Il faut croire que derrière son image de petite Sang Pure ingénue, il y avait les graines plantées par sa mère, et déjà bien arrosées chez sa sœur aînée... Enfin bref, Diana est une ombre qu'il me faudra éclipser. Il me faut me démarquer d'elle. Je n'ai pas trop de doutes sur ma réussite dans cette entreprise d'ailleurs.

Il me semble cependant important de lui expliquer ce que j'attends de notre mariage. Je l'ai tellement voulu... Et maintenant, je peux l'avoir. Mais ce n'est pas simplement son nom que je veux. Ou ses enfants. C'est lui. Son cœur. Et pour cela, il va me falloir m'armer de patience et déployer toute la ruse dont je suis capable. Cela ne va pas être facile. Je serre les dents quand il est question de repousser le mariage autant que possible, craignant qu'il ne m'échappe, avant de me raisonner. Le lier à moi par des chaînes de plomb ne nous apportera rien. Je ne veux pas qu'il se sente piégé... Même si le mariage est arrangé. Alors je lui confie que je ne veux pas être malheureuse le restant de ma vie avec lui.

Et je comprends que finalement, le fantôme que je vais devoir éclipser n'est pas Diana, mais Merindah. Je me tends un peu quand il évoque la liberté de choisir, infiniment préférable. Ai-je commis une erreur stratégique en le forçant au mariage au lieu de juste tenter de le séduire ? Mais... Objectivement, face au spectre de la rayonnante australienne, je n'avais aucune chance de capter son attention... Je ne suis pas une beauté fatale, loin de là... Je souffre de la comparaison avec la Kareela, c'est indéniable. « Il y a des mariages politiques qui se muent en affection sincère... je ne sais pas ce qu'il en est pour tes parents, mais les miens s'aimaient tendrement... Mon père n'a jamais voulu se remarier, car le souvenir de ma mère est encore vivace. » Je soupire, songeuse : « Je ne pense pas que tu puisses affirmer sur deux expériences, que parce que c'est obligatoire, ce n'est pas réel... Ou qu'il ne peut pas y avoir de sincérité. Les gens trichent aussi par amour... » Il avoue alors que j'ai marqué des points, cela me surprend un peu, tandis que je hausse une épaule. « Je respecte énormément mon père. Et mon nom. Je ne ferais jamais rien pour les déshonorer, mais c'est à moi de mener ma vie privée comme je le souhaite. » Je me tourne un peu pour mieux le regarder en face : « Le mariage est un contrat. Un engagement. Mais je vois surtout cela comme le point de départ d'une nouvelle vie où c'est à nous de décider comment la mener. Nous avons grandi dans un milieu qui est un panier de crabes. Plus on gagne en influence, plus on devient une cible. Et j'ai l'intention de me hisser très haut. Comme toi. C'est un partenariat, une alliance... » Je m’interrompt et baisse un peu la tête : « Pardon, je m'emballe... Ma vision d'une union n'est peut-être pas la tienne. Mais puisque tu m'offres l'opportunité du dialogue, je la saisis. » Et je préfère infiniment ça à sa froideur de toute à l'heure.

ft. Morgan

will it be different this time ?

Pouvais-je prétendre être du genre à idéaliser les gens ? À les aimer au point de ne pas voir leurs défauts pour ne voir que les qualités ? Non, j’avais toujours été très lucide, même sur ma soeur. Un défaut en être un que si une qualité existait, ce qui était d’autant plus vrai à l’inverse. Alors oui, je voyais, mais je ne pouvais me permettre ce genre de chose. « Oui. Mais l’aveuglement n’est pas une notion très recherché chez un juge ou un ministre. Je ne crois pas aux fulgurances, et la passion ne m’a jamais privé de lucidité. », je pouvais me faire avoir, manipuler, mais dès qu’un défaut se révélait, je savais le garder en mémoire. « Je préfère évoluer en ayant conscience des choses. Et la perfection m’a toujours excédé. Nous avons des défauts, et c’est sans doute pour cela qu’il nous ait possible d’évoluer tout au loin de notre vie. », ce que Diana avait sans doute oublié et qu’elle payait aujourd’hui.

Cela dit… Qu’en serait-il de l’avenir avec elle ? Qu’attendions nous de cette union ? J’avais sans doute eu deux expériences différentes qui m’auraient fait préféré à présent le droit d’apprendre avant de me faire imposer, mais il était trop tard pour revenir dessus. Pourtant, il y avait bien des mariages politiques qui se muaient en amour, en affection. Ignorant ce qu’il en était de mes parents, elle avouait que son père aimait sa mère, qu’il n’avait pu se remarier à sa mort. Elle était… Naïve. Car elle jugeait que deux expériences ne pouvaient pas définir des choses. Une défense qui m’arracha un sourire plus discret, mais plus réel. « Je ne te souhaite aucune désillusion, mais n’envisage pas ce mariage comme celui de tes parents. Il sera plus sain pour toi d’attendre autre chose que de l’amour, car si mes expériences ne définissent pas nécessairement d’un schéma pour notre avenir, j’ai justement toutefois deux expériences de plus que toi en la matière et je sais ce que cela peut faire de trop en attendre. », vraiment.

Alors elle respectait son père, son nom, elle ne ferait rien pour les déshonorer, mais c’était à elle de mener sa vie privée comme elle l’entendait. Se tournant alors vers lui, j’avais légèrement baissé les yeux pour croiser son regard et l’entendre reprendre. Le mariage était un contrat, un engagement, mais elle voyait aussi ça comme le point de départ d’une nouvelle vie, d’une vie où nous décidions. Elle souhaitait aller très haut, comme moi, alors c’était un partenariat, une alliance… Une vision assez saine des choses qui la fit pourtant s’excuser de s’emballer ainsi. D’avoir une vision différente de la mienne. « Je voulais offrir de l’amour à Diana. Je sais que ce n’est pas incompatible et de part son âge, je voulais lui offrir un sentiment bénéfique pour sa construction. Se marier aussi jeune n’a jamais été bon pour personne, encore plus pour quelqu’un ayant autant d’insécurité et de complexe qu’elle, ou du moins qu’elle avait simulé… Ma vision du mariage était celle-là il y a un an. Vouloir d’une union, d’un partenariat et d’un couple unit par des sentiments car j’avais sans doute l’arrogance de croire les choses possible. Je ne te dis pas que c’est impossible, mais vise un partenariat et une alliance avec moi et n’attends pas d’amour d’une union n’ayant pas été décidé par nous. Les choses se feront ou non dans le temps, mais le mieux étant encore de ne pas partir avec une idée en tête. », car c’était un piège.

« Je ne cacherais pas ce que je pense de toi, mais si je souhaite être le moins abimé dans cette histoire, je ne passerais pas mes journées à te bercer de discours réconfortant… Pour ce que ça vaut, la franchise et l’honnêteté seront deux piliers de notre relation. », on verrait donc ce que pourrait faire, mais c’était déjà mieux que rien dans ce monde. Dans cet univers. Mais elle semblait… Plus équilibré, plus mature, ça serait déjà ça de gagné je suppose. « Mes semaines sont assez chargés, mais je ferais en sorte de dégager assez de temps pour pouvoir apprendre à se connaitre, réellement. C’est le mieux que je puisse faire pour le moment… » soufflais-je avec un sourire désolé, « Diana m’a abimé. Bien plus qu’il ne m’est permis de t’en dire pour l’heure… Mais je ferais un effort pour ne pas condamner notre avenir. », par respect.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

« Pas besoin de passion. Juste d’amour. » Je rétorque dans un murmure. Je pense être assez lucide avec ma famille, bien consciente des défauts et des qualités de mon père, de ma sœur, ou même des autres membres, comme je suis objective concernant ma propre personne. Cependant… Je lève les yeux vers Morgan. Le concernant, lui… je perds tout sens commun. Alors est-ce de l’amour que je ressens pour lui ? De la passion, comme il l’a dit lui-même ? Autre chose ? je l’ignore… je sais juste que je suis prête à tout pour avoir la chance d’être regardée par lui, de pouvoir porter son nom… même d’être aimée de lui. Et qu’il n’y ai rien qu’il puisse faire qui me fasse changer d’avis, même si je sais que le chemin sera long, difficile, semé d’embûches… Il a souffert à cause d’une femme. De deux même, si on compte l’abandon de Merindah… A moi de lui redonner confiance. Cependant, je penche légèrement la tête en fronçant les sourcils quand il avoue exécrer la perfection. Comment ça ? C’est pourtant ce que l’on nous demande d’être… Parfaits. Cette confession n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Si cela peut me démarquer un peu des autres et le faire davantage m’apprécier, je suis prête à le laisser entrevoir quelques défauts. Même si je me demande quels sont les siens. « Encore faut-il être capable d’en prendre conscience et d’entreprendre de les corriger pour évoluer. » Je souligne avec un petit sourire.

Au moins, la discussion s’est elle engagée. Notamment sur ce que nous apportera le mariage. Il semble plutôt défaitiste quant à trouver l’amour dans notre union. Pourtant, il y a des hymens qui se passent bien, même mieux que ça et l’amour peut naître du devoir… « Pourtant, le devoir ne définit pas ce que nous sommes, Morgan. » Et ce n’est pas parce que ce mariage est imposé qu’il sera désastreux ou malheureux. Je ferais tout pour lutter contre cette fatalité en tous les cas et je ne lui laisserais pas le choix que de ranger ses vieux démons dans un placard pour envisager un avenir plus heureux avec moi. « Et tu apprendras avec le temps que je ne baisse jamais les bras. » Une façon de dire que quand je désire quelque chose, je l’obtiens. Il ne sait pas à quel point, et Morgane fasse qu’il ne le découvre jamais où il me détestera pour de bon.

Si je suis déterminée, je lui prouve une fois de plus en lui disant que j’attends d’un mariage. Peut-être que je m’enflamme légèrement d’ailleurs en lui confiant ma vision des choses. J’espère ne pas lui faire peur pour autant. Mon cœur se plombe quelque peu quand il me parle de ce qu’il voulait offrir à Diana… la folle. Elle a réussi à tout gâcher. Je lui ai filé un coup de pouce certes, mais je crois qu’elle n’aurait même pas eu besoin de moi à la longue… Mais à cause d’elle, il n’est pas vraiment enclin à l’ouvrir son cœur… « J’aime simplement me dire qu’effectivement, aucune expérience ne ressemble à une autre, comme aucune relation n’est similaire à une autre. Je ne suis ni Diana, ni Merindah… Chacune d’elle t’a apporté quelque chose, que ce soit en bien ou en mal. Mais ce ne sont que des chapitres dans ta vie. » Et je compte bien ne pas être que ça. Mais écrire mon histoire avec lui. Je me crispe intérieurement quand il parle de franchise et d’honnêteté. Je suppose que c’est déjà beaucoup. « Je préfère que tu me dises clairement ce que tu peux me reprocher… Je te l’ai dit, je veux que cela fonctionne entre nous. » Je souris davantage quand il me promet de m’accorder un peu de temps pour apprendre à nous connaître. « Je m’adapterais à toi, je pense que mon agenda est un peu moins chargé. » Et de toute façon, il est la priorité numéro un.

J’amorce un geste pour poser ma main sur son bras quand il m’avoue que Diana l’a abimée. Mais ma main s’arrête dans les airs et revient dans mon giron, n’osant pas vraiment le toucher encore ni lui montrer de la compassion. « Je suis désolée de l’entendre. Merci de juste me laisser la chance de te montrer qui je suis… » Et effacer ce souvenir douloureux, même si je le tais, de peur de paraître présomptueuse. « Pas une Abott, mais Gabrielle… » Oh Morgan, si tu savais tout l’amour que j’ai à te donner, tu en aurais le vertige…

ft. Morgan

will it be different this time ?

« La capacité à apprendre est facile, mais moins qu’une remise en question. » soufflais-je simplement, même si nous étions promis, que nous avenir était scellé, elle ne jugeait pas que le devoir définirait ce que nous étions. Une grande différence. Mais jusqu’à quand ? Je craignais d’avoir un jour la réponse, je craignais de ce qui pourrait se passer. Quant à baisser les bras… Cet aveu me tendit plus que je ne l’aurais voulu. « La persévérance est pas spécialement la qualité que je cherche dans mon entourage proche en ce moment… » soufflais-je donc avant de lui parler de ce que j’avais voulu faire pour Diana.

J’avais connu les deux raisons d’être avec une personne et si j’avais eu à choisir, je n’aurais pas quitté Merindah. Peut-être même que je l’aurais suivi au vu de mes relations avec son père, mais je devais rester là pour ma soeur, quand bien même cela impliqué de devoir répondre aux attentes de mon père pour la laisser tranquille. Mais pour elle, aucune expérience ne se ressemblait, aucune relation était une autre et elle n’était ni Diana, ni Merindah. Elles m’avaient apportés, en bien ou en mal, mais ce n’était que des chapitres. « L’un d’eux avait su me redonner le goût à la vie. L’un d’eux m’avait rappelait ce que voulait dire aimer. », Merindah n’était pas qu’un chapitre, elle n’aurait pas dû l’être. Au moins pouvait-elle dire merci à l’Australienne qui m’avait rappelé ce que Diana m’avait fait oublier.

Alors oui, je ne la bercerais pas d’illusion, je lui dirais les choses. Ce quelle préférait, car elle voulait que ça fonctionne entre nous. Et elle s’adapterait à moi en fonction de ses disponibilités moins nombreuses que les miennes. Mais je nous donnerais du temps, autant qu’il en faudrait. Même si elle devait savoir que tout se construirait nécessairement sur un terrain chaotique, celui laissé par Diana. Elle était désolée, mais me remerciait pour la chance que je lui laissais. Et elle n’était pas une Abbot, elle était Gabrielle. « Alors apprenons à nous connaitre. Donnons nous du temps sur tous les aspects de notre relation. » et peut-être que j’aurais pour elle autre chose qu’un sentiment de crainte.

Mais elle devrait faire ses preuves avant ça.

« On va faire le grand tour pour rentrer, et surtout parler d’autre chose si tu ne veux pas que mon père nous matraque de questions. » et ne me fasse regretter mon existence. Me remettant debout, je lui avais tendu une main, pour l’aider à se remettre sur pied et commencer à marcher. « Comme tout bon Poufsouffle, j’ai une passion pour la nourriture, surtout quand ça va pas. Tu veux un chocolat chaud avant d’y retourner ? » proposais-je alors que mes mains se glissaient naturellement dans mes poches. Le chocolat, le sucre, la chaleur. Avec un peu de chance ça suffirait pour me sortir de ma tourmente.

ft. Gabrielle

will it be different this time ?

Je fais une petite moue quand Morgan me confie qu’il ne recherche pas spécialement la persévérance chez ses proches actuellement. C’est dommage quelque part. « Pourtant, c’est une bonne chose de savoir se battre pour ses convictions et pour ce qui nous tient à cœur, de ne pas laisser tomber au premier obstacle. » Sans doute parle-t-il d’une expérience qui m’échappe tant je ne sais rien de lui finalement, sinon les informations glanés par ci par là, sur ce qu’il accepte de montrer. Morgan demeure une énigme, même si je connais certains de ses goûts, de ses loisirs, j’ignore tout de sa pensée, qui semble encore avoir changé ces derniers mois, et la raison n’est pas très difficile à deviner. Je soupire intérieurement. J’ai affaire à un homme blessé et désabusé… Reverrais-je seulement la lumière de ce sourire qui illumine ses yeux de diamants ? Ce sourire qui m’a fait complètement craquer pour lui ? J’ose espérer que lui… Allez Gabrielle, ne te laisse pas aller, tu viens d’affirmer que tu étais persévérante alors assume.

Pourtant, les paroles de Morgan font mal… Et je ressens un picotement désagréable dans la poitrine quand il avoue que Merindah avait réussi à lui redonner goût à la vie, à lui rappeler ce que aimer signifiait. Il en avait donc bien été amoureux… une raison de plus de me débarrasser de cette rivale bien trop sérieuse, même si j’éprouve un instant de la peine pour lui. Mais je saurais faire aussi bien qu’elle, voire mieux. Il ne le sait pas encore, mais je lui suis entièrement dévoué, et je ferais tout pour lui être agréable et qu’il ne regrette rien. Sacré challenge. Passer après Merindah est difficile, on n’est pas vraiment du même acabit… Entre la pulpeuse blonde australienne et la fade blonde anglaise… Il y a un monde. Si je ne brille pas par mon physique, je dois miser sur mon intelligence.

Et tenter au maximum de le comprendre et m’adapter à ses besoins. Voilà pourquoi j’aime autant que nous puissions parler. Nous exprimer sur cette relation. Qu’il soit sincère avec moi. J’essaierais de lui rendre la pareille autant que possible, afin que cela fonctionne entre nous. Je hoche la tête quand il nous demande du temps pour apprendre à nous connaître et nous découvrir. Je ne lui demande pas d’avantage en réalité. Juste me laisser ma chance, celle de lui montrer que je peux aussi me faire une place dans sa vie et son cœur, si il me laisse l’occasion de le faire. Juste ne pas être totalement fermé à moi. « Il peut nous matraquer de questions. » Cela signifie simplement que je n’ai pas peur de ces questions et que je suis prête à y répondre, en allant dans le sens de Morgan ou en biaisant pour gagner du temps. Ce n’est pas vraiment cela qui m’effraie.

Je me saisis de la main tendue, un peu timidement, alors que mon cœur se remet à battre plus fort à ce contact entre nous. C’est plus chaleureux que quand nous nous sommes installés. Cette conversation n’a pas été vaine. Je sens Morgan un peu moins su la défensive avec moi, maintenant que les choses sont un peu clarifiées. Il reste des zones d’ombre et des angoisses, mais j’ai bon espoir de les aplanir au fil du temps. Il y en a aussi de mon côté, mais rien qui ne vaille la peine d’être évoqué tout de suite. Mon sourire se fait plus lumineux quand il me parle nourriture et me propose un chocolat chaud. « Avec supplément chantilly ? » Mon regard s’éclaire. Je ne suis pas si difficile à contenter en vérité… Je note qu’il aime manger quand ça ne va pas. Deux choses : il ne se sent pas bien en ce moment avec moi, même si il donne le change. Et je retiens de lui offrir quelques douceurs de temps en temps pour lui faire plaisir./div>