Depuis qu’un arrêt franc avait été mis à ma « relation » avec Ayden, je devais admettre que les week-ends étaient bien plus mornes, plus… Rébarbatifs. Si j’étais restée prostrée dans mes appartements les premiers jours, j’avais désormais décidé de prendre le problème à bras le corps. A vrai dire, j’admettais que le fait de ne plus avoir peur de tout et de tout le monde aidait grandement. Je n’étais pas encore repartie en voyage, certes, mais je ne craignais plus de mettre un pied en dehors de Poudlard. Ainsi avais-je décidé, ces deux jours libres, de prendre soin de moi, de m’octroyer un répit, rien que pour moi. Commençant par une séance de coiffeur manucure esthétique, j’avais longuement profité de ma chambre d’hôtel pour me reposer, me ressourcer.
C’était désormais le temps du spa. Bains, massages et détente poussés à l’extrême m’attendaient. Et… J’admettais que cela allait me faire le plus grand bien après ces mois compliqués. Ainsi avais-je quitté mon hôtel, emportant avec moi un petit sac contenant bien trop de choses mais dont le sort d’extension m’était toujours utile. L’air serein, presqu’enthousiaste à l’idée de me détendre, j’admettais ne pas faire réellement attention à mes pas qui me menaient tout droit vers… Une collision. Loin d’être aussi agréable qu’un massage, je mis quelques instants à réaliser ce qu’il venait de se passer lorsqu’une voix que je ne connaissais pas assez pour la reconnaître sur le coup prononça mon prénom. Plissant les yeux pour observer l’homme, je clignai ces derniers en me redressant.

- Magnus ?

Il ne ressemblait pas à ce que j’avais pu voir de lui. Enfin si mais il était... Plus… Décontracté ? Et stressé aussi. C’était visible comme le nez au milieu de la figure. D’ailleurs vint-il immédiatement me demander mon aide pour… Oh non ! Ouvrant les yeux plus grands, signe de ma surprise, je jetai un coup d’œil sur la cage alors qu’il m’indiquait le pourquoi exact de son besoin d’aide. Allais-je accepté ? Quelle question. Je n’aurais, d’ailleurs, même pas eu besoin d’explication pour cela. Il était hors de question que je refuse une aide. Cela ne faisait pas partie de ma personnalité, au contraire. Ainsi, attrapant la cage, j’hochai la tête.

- Bien sûr.

Et puis pour un chat… Non. On ne laissait pas un chat souffrir et risquer sa vie. C’était bien hors de question. Et la première personne qui le ferait… Je n’étais pas réellement effrayante mais je jurai sur Merlin et Morgane que je le lui ferais regretter. Enfin. Laissant Magnus s’occuper du sort, je me ruai – autant que possible du fait de la cage – vers le cabinet vétérinaire. Une chance m’était donnée, j’étais particulièrement sportive ou du moins endurante ; je n’eus donc pas à reprendre mon souffle, quand bien même ce dernier était court lorsque nous pûmes enfin déposer la chatte.

Le dos appuyé contre le mur, mon corps n’ayant pas été préparé à la course mais à la détente, laissant Magnus s’occuper de ce qu’il fallait, j’observai l’heure un instant. Si je partais maintenant, je serais à l’heure mais… Mmh. Non. Je préférai rater un rendez-vous détente et m’assurer que les chats et leur maître allaient bien. Ainsi m’installai-je sur une chaise, attendant patiemment que le sorcier revienne en salle d’attente… Oh. Non ! Un café ! Cela lui ferait du bien ! Mais… Un café chez le vétérinaire… Je pouvais toujours demander à l’accueil mais… Autant ne pas les déranger quand ils avaient du travail. Il y avait par contre un café de l’autre côté de la rue alors… Alors je quittai rapidement le cabinet, le temps de cinq minutes, avant d’y revenir, un grand café en main que je tendis à Magnus dès lors que je le vis.

- Je me suis dit que vous auriez besoin d’un peu de réconfort. Lui soufflai-je en souriant doucement. Ça va ? Et elle ?

- Ce n’est pas la peine de me remercier. Lui répondis-je doucement en m’asseyant près de lui pour m’enquérir de l’état autant de son état que de celui de sa chatte.

S’il ne me répondit pas quant à son propre état, je ne doutais pas de son stress intense alors qu’il me faisait part des nouvelles concernant le pauvre animal. Je n’étais pas vétérinaire, pas même une spécialiste de la gestation des chats mais… Cela ne semblait pas non plus particulièrement encourageant, m’arrachant une légère grimace que je préférai rapidement effacer de mon visage pour ne pas ajouter d’avantage d’inquiétude au sorcier, quand bien même cela était faux.

- Bien sûr que non, tentai-je de le rassurer de toute ma bienveillance alors que je l’observai une moue désolée au visage. C’est normal… Vous n’avez jamais vu ce chaton mais vous vivez avec votre chatte… Vous n’avez pas à vous en vouloir de quoique ce soit.

Esquissant un sourire que je désirai réellement rassurant malgré la situation, je l’écoutai alors m’informer de la situation ou plutôt de la raison de cette finalité… Un chat « invité » et non surveillé. Cela pouvait arriver, évidemment. Il n’avait aucune raison de s’en vouloir. Quand bien même avait-il visiblement un côté moralisateur d’après lui.

- Ce sont des choses qui arrivent. Lui soufflai-je, compréhensive en posant une main sur son bras. Vous ne pouviez pas tout maîtriser.

C’était d’ailleurs bien une chose qu’il m’avait finalement fait comprendre, une chose que je ne faisais que lui répéter, désormais admise dans mon esprit. Une chose qu’il devait à son tour admettre, paradoxalement, donc, à ses propres conseils.
Quant à ce qu’il avait dérangé ? Esquissant un sourire plus doux encore je secouai la tête de gauche à droite.

- Rien qui ne vaille pas la vie d’un animal. Répondis-je. Pour être transparente, j’ai pris la décision de m’occuper de moi et seulement de moi ce week-end. Restaurant, hôtel et détente… Et c’était vers le spa que je me dirigeais. Rien, donc, qui ne puisse pas être reporté.

Et je n’étais certainement, de toutes les manières, pas le centre de l’attention aujourd’hui. Il en avait d’ailleurs bien assez fait pour moi pour que je désire me concentrer sur lui et surtout sur sa pauvre chatte pour laquelle je m’inquiétais, évidemment.

- Est-ce que vous avez besoin de quelque chose d’autre ? Demandai-je alors. Ils vendaient des cinammon rolls aussi, ou… Un autre café, enfin ce que vous voulez le temps qu’ils s’occupent de… Un silence s’installa alors que je réfléchissais. Comment est-ce qu’elle s’appelle ? M’enquis-je alors, me rendant compte que je ne le savais même pas.

- Le manque d’attention arrive à tout le monde, même au meilleur. Répondis-je dans un sourire qui se désirait rassurant.

Mais s’il ne l’imaginait pas lui-même, je n’allais décemment pas pouvoir le lui faire admettre. Quand bien même se fustiger ne servirait à rien. Le « mal » était fait. Et tant que son chat allait finalement bien… Ce ne serait pas un vrai mal. N’est-ce pas ? Mais fallait-il encore espérer que cela soit le cas. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il était tout à fait hors de question que je quitte cet endroit avant d’être sûre que cet animal, son animal, irait bien. J’en aurais fait de même avec n’importe quel animal de toutes les manières… Et c’est pourquoi j’assurai sans hésitation au sorcier que ma journée n’était rien face à ce qu’il se passait. Tout pouvait être reportable.

- Vous n’êtes pas obligé. Lui indiquai-je en secouant la tête. Ce ne sera que partie remise de toutes les manières. Et comme je vous l’ai dit, rien ne vaut la vie d’un animal. Alors… En quelque sorte, je préfère être ici qu’au spa.

Ce n’était pas réellement comparable, fort heureusement, mais si cela pouvait lui permettre de ne pas s’inquiéter de mon emploi du temps, cela serait toujours ça de pris. Et puis sûrement aurait-il besoin de quelqu’un pour aller lui chercher de quoi boire et manger si l’intervention durait trop longtemps. Il n’était jamais bon de rester, dans ces conditions, le ventre vide.

- C’est joli. Complimentai-je le prénom de sa chatte.

Mais il ne pourrait rien avaler, d’après lui. Soit. J’irais donc lui chercher un autre café, au moins, lorsque celui-ci serait vide. Et… Je lui prendrais tout de même un petit quelque chose. Savait-on jamais s’il lui fallait du sucre à un moment et que… M’arrêtant dans mes pensées j’observai l’homme avant de soupirer.

- Je suppose que je n’ai même pas plus besoin de vous dire que je vous apporterais un autre café. Grimaçai-je, consciente que mes pensées pouvaient être difficiles à suivre lorsque je ne faisais pas attention. Désolée…

Il n’avait pas besoin de cela aujourd’hui. J’allais devoir me concentrer pour cesser de penser dans tous les sens. Oh. Bien sûr, il y avait toujours un fil conducteur à ce que j’imaginais, ce que je désirais et ce que je pensais. Mais il n’avait certainement pas besoin de le supporter malgré tout. Pas maintenant. D’ailleurs sembla-t-il s’enquérir de ma vie, me faisant arquer un sourcil.

- Vous êtes certain de vouloir parler de ma vie maintenant ? Vous en avez déjà bien assez fait pour moi. Admis-je dans un sourire sincère. Alors concentrons-nous sur vous aujourd’hui, vous voulez bien ?

Mais il avait raison. Je manquais d’attention envers moi-même. J’en avais toujours manqué. A vrai dire, je m’étais détesté toute mon adolescente et mon début de vie adulte. Ce sang qui coulait dans mes veines n’avait jamais été accepté. Et si ce n’était toujours pas réellement le cas, au moins, aujourd’hui, avais-je compris que rien ne serait plus important que moi. Que moi, et que prendre soin des autres, évidemment car cela faisait malgré tout parti de ma personnalité, de ma façon d’être. C’était même nécessaire… J’avais besoin de donner pour les autres pour me sentir bien, paradoxalement.

- Mais je tenais tout de même malgré tout à vous remercier à nouveau, Magnus. Sans vous…

Sans lui, je ne serais peut-être même plus de ce monde. Il m’avait aidé à remettre un pied sur terre, à me sortir du gouffre dans lequel je m’enfonçais par mes simples pensées, par mes souvenirs et par la peur qui m’avait pris à la gorge. Je lui devais beaucoup. Vraiment beaucoup. Plus qu’il ne pouvait l’imaginer, d’ailleurs. Du moins… Jusqu’à lire mes pensées. Merlin ! J’avais recommencé.

- Désolée… Grimaçai-je de nouveau. Alors… Dites moi plutôt… Quelle âge à Pumpkin. ? Parlez moi d’elle.

C’était un bon moyen de faire de nouveau dévier la conversation vers lui, car après tout, il était aujourd’hui le plus important, après son chat, bien évidemment.

- Enfin... Si vous le voulez bien. Je ne vous forcerais évidemment à rien ! Rectifiai-je quelque peu précipitamment, craignant de paraître trop intrusive.

Après tout, j'étais restée mais... Voulait-il que je reste ? Peut-être préférait-il être seul et j'étais donc en train de l'importuner ? Oh Merlin...

Esquissant un sourire sincère, j’hochai la tête. Il ne servait, visiblement, à rien de se battre contre lui en ce qui concernait le restaurant. Il était, de toutes les manières, assez agréable pour qu’une soirée en sa compagnie ne soit pas une sorte de purgatoire démoniaque.

- Très bien, mais je paierais la moitié. Lui indiquai-je malgré dans une plaisanterie on ne pouvait plus sérieuse.

Il avait déjà bien assez eu d’émotions, ce n’était pas que de me remercie de m’emmener manger quelque chose, autant faire en sorte que cela ne soit qu’une soirée entre connaissances, entre amis de rencontre fortuite et bienheureuse, en tant que tel.

Ainsi sa chatte s’appelait-elle Pumpkin. C’était mignon. Je n’avais pas vraiment à juger, mais je me le permis, malgré tout. J’appréciais ce nom. Et autant je me permis de lui dire, autant je me mis à penser à bien d’autres choses et notamment à ce que je pourrais lui acheter pour tenter de lui remonter le moral… Cela avant, bien sûr, de me rappeler de son don de légilimens qui compliquait les choses lorsque l’on était une véritable pipelette intérieure comme je l’étais. Cela allait vite devenir infernal pour le pauvre Magnus. Un Magnus qui vint alors m’interroger sur mon état, me surprenant, ni plus ni moins. Mais était-ce réellement le moment ? Il en avait tellement fait que je désirais, aujourd’hui, lui rendre, en quelque sorte, la pareille. Mais… Je comprenais son objection. A vrai dire, c’était une objection courante même chez moi, alors que je préférais bien souvent m’occuper des autres pour ne pas penser à mon propre mal-être.

- Je comprends. Mais cela ne signifie pas que je ne peux pas espérer vous rendre au moins la moitié de ce que vous avez permis. Soufflai-je avant que je ne le remercie.

J’avais bien des choses à remercier, c’était un fait, mais ma vie entière semblait être bien assez suffisante quoiqu’il refusât mes remerciements, me faisant grimacer par son explication, soufflant doucement, presque gênée de cette traduction.

- Vous avez dû me trouver idiote de tomber aussi bas pour ça…

Je me trouvais idiote, c’était définitif. Bien sûr, il n’y avait pas eu que ça. Les agressions, la confiance que j’avais perdue, ma peur de faire du mal aux autres, de me refaire du mal, tout cela avait joué, évidemment, mais il n’en restait pas moins une vérité : Andrew m’avait fait tomber bien bas. Un homme avait failli m’achever. Juste… Un homme.
Retournée dans mes travers de pensées, je m’excusai malgré tout à nouveau afin de reconcentrer mon esprit sur un point fixe appelé Pumpkin. Là, ce serait plus facile de la sorte pour lui.

Demandant son âge, je l’écoutai alors avec un sourire entendu, attendri même, à ce qu’il me racontait.

- C’est votre meilleure amie. Traduis-je simplement avant d'ajouter, dans toute ma gentillesse. Avoir une telle relation avec son animal est signe que vous êtes quelqu'un de bien et de fiable.

Je comprenais ainsi d’autant son état anxieux. Mais il fallait avoir confiance. Pumpkin s’en sortirait. Et le chaton aussi. Si j’étais d’un habituel positif, il était, aujourd’hui encore plus, hors de question que cela change. Pas lorsque la situation demandait de l’optimisme.

- Je comprends. Enfin… J’ai aussi un chat. Depuis un certain temps maintenant. Et je ne voudrais pas qu’il lui arrive quoique ce soit. Enfin j’imagine qu’il ne risque de rien arriver à une chatte préférant mon lit à tout autre endroit de Poudlard, plaisantai-je alors. Enfin… Non, je vous mens. Avouai-je en fronçant les sourcils. Je n’ai pas un chat. J’en ai cinq. Mais les quatre derniers sont arrivés récemment.

Très récemment, à vrai dire. Le jour où j’avais fini par décider que je serais une vieille fille à chats et que cela m’allait bien volontiers. Bien plus que de devoir confier mon cœur à n’importe quel homme. Au moins, les chats ne me feraient jamais souffrir.

- Vous allez définitivement me prendre pour une folle. Soufflai-je dans un rire. Je le suis peut-être en un sens… Alors n’hésitez pas si vous désirez annuler le restaurant, je comprendrais.

A nouveau, mon rire se fit légèrement entendre alors que je secouai doucement la tête. Je tentais de le divertir. Puisqu’il ne voulait pas avoir les pensées bloquées sur la situation, il fallait que je trouve quelque chose, autre chose que le voir s’enquérir de mon état. Les chats m’avaient donc semblé être une bonne idée… Sur le coup tout du moins. Maintenant que j’y repensais… Ce n’était peut être pas la meilleure idée que j’avais pu avoir lorsque ladite situation impliquait aussi un chat… Mince…

J'avais beau me fustiger intérieurement comme extérieurement, j'admettais être toujours surprise des réactions de Magnus. Le sorcier avait, en effet, toujours un mot rassurant, tentant de faire revenir l'autre dans une réalité plus douce que celle dans laquelle l'on se trouvait, je me trouvais. Et, à vrai dire, j'admettais que c'était appréciable, agréable à entendre. Même sans le chercher, cela faisait du bien d'imaginer que quelqu'un, quelque part, pouvait nous comprendre et ne pas nous juger, quand bien même nous nous jugions nous même de manière virulente.

- Lui ou un autre... Répondis-je à voix haute malgré tout. Personne ne devrait se mettre dans de tels états pour quelqu'un d'autre. J'aurais dû gérer tout ça.

Même si je pouvais admettre que le surplus de "tout" n'avait pas aidé, j'aurais dû, j'aurais pu gérer. J'aurais pu faire fi de cette rupture. Mais... Je savais que cela n'avait été qu'une goutte d'eau ayant fait débordé mon vase déjà trop rempli des actes malveillants que j'avais pu subir. Enfin... Il était de toutes les manières hors de question que notre discussion tourne autour de moi aujourd'hui. Il en avait déjà bien assez fait.
Alors ce fut vers lui et son animal que je retournai de nouveau mon attention, commentant cette relation si spéciale qu'il pouvait avoir avec Pumpkin avant que je n'arque un sourcil à sa remarque. Il ne savait pas en avoir avec des humains ? Penchant légèrement la tête, je l'observai en silence le temps de quelques instants.

- Vous êtes pourtant une personne rassurante et agréable. Le complimentai-je sincèrement dans la simple optique de réfuter ses dires. Vous êtes quelqu'un de bien. Alors je suppose que vous n'êtes juste pas tombé sur les bonnes personnes avec qui vous lier. C'est tout.

Il était évident, pour moi, que nous ne pouvions pas nous entendre avec tout le monde. Quand bien même je faisais en sorte que cela soit le cas pour moi et quand bien même je pouvais me retrouver frustrée que ce ne soit pas le cas, je ne pensais pas autrement. Alors peut-être, seulement, n'était-il pas tombé sur les bonnes personnes au bon moment et qu'il finirait par lier des amitiés aussi fortes avec des humains un jour. Comme je pouvais être liée à Elora, par exemple qui, bien que n'ayant plus réellement connaissance de mes maux depuis un moment, restait ma meilleure amie, ma plus grande confidente... En temps normal.

Et la conversation reprit son cours sur ses chats et notamment le mien ou plutôt... LES miens. Une déclaration qui vint faire rire le sorcier, m'arrachant, à mon tour, un rire avant que je ne souffle, ne réfléchissant pas vraiment longtemps pour répondre.

- Je ne dirais jamais non à un chat. Vous n'imaginez pas tout l'amour que j'ai en stock. Plaisantai-je.

D'autant que je ne passais pas pour une folle, que je n'étais pas, d'après lui. Mon esprit était encore lisible. Je ne savais pas réellement comment il pouvait dire cela alors qu'il me semblait que mon cerveau n'était qu'un cafouillis de je ne savais combien de choses sans sens, sans liens et dont la ligne directrice s'effaçait pour mieux revenir ensuite. Mais si je ne le faisais pas souffrir de maux de têtes, s'il arrivait à ne pas plisser les yeux en me lisant... Soit, tant mieux, alors.
Grimaçant à la mention de l'alcool, je ne pus m'empêcher d'hocher la tête, me rappelant les états dans lesquels je m'étais mis au début d'année, rien que pour oublier. Oui. Définitivement. Les animaux étaient mieux que l'alcool. Vraiment.

- Une bonne chose je ne sais pas... Vous n'imaginez pas le nombre de dégâts que m'a fait Spook, mon quatrième chat. Elle refuse d'ailleurs toujours de dormir autre part que sur mes chaussures, réfléchis-je. Mais ça n'empêche que je suis d'accord sur le fait que c'est mieux que certaines autres choses... D'ailleurs, vous comptez garder un chaton quand même ? M'enquis-je alors, curieuse de savoir ce qu'il comptait faire, n'imaginant pas qu'il ne puisse y avoir qu'un seul chaton sans rien derrière.

Sa logique m’arracha un léger sourire alors que je baissai la tête, légèrement vaincue par ce raisonnement que je ne pouvais décemment pas contrer.

- Avez-vous toujours des réflexions aussi logiques et claires ? Soufflai-je en secouant la tête avant de la redresser, de m’intéresser à son chat mais aussi à lui.

Lui qui se disait incapable de se lier avec des humains me semblait pourtant particulièrement… Humain lui-même, finalement. Rassurant et agréable dans sa conversation… C’était une personne bien. Vraiment. Je n’en doutais pas le moins du monde. Alors… Sûrement n’avait-il pas réussi à tomber avec les bonnes personnes. Je ne voyais que cette explication.

- Je me souviens, oui. Acquiesçai-je lorsqu’il me parla de son enfance, de son environnement pour grandir.

Bien sûr que je me souvenais. J’oubliais rarement ce que les gens me confiaient, surtout lorsque cela était important pour eux, pour ce qu’ils étaient. Cela me permettait de les comprendre, ou, au moins à défaut, de savoir comment leur parler, de quoi leur parler.

- Mmh… Réfléchis-je en déviant mon regard devant moi. Vous savez… Cela ne fait que confirmer que vous n’êtes pas tomber sur les bonnes personnes. Sur des personnes qui ne sont pas là pour vous changer mais pour vous élever, pour vous faire connaître de nouvelles choses, pour vous faire confiance et vous donner confiance aussi. Mais… Qu’ils veulent vous apprendre l’amour n’est pas étonnant… Beaucoup estiment ça nécessaire, indispensable. D’ailleurs je le pensais avant… Avant tout ça. Ils oublient juste qu’on n’apprend pas l’amour, finalement. On apprend seulement à vivre ensemble et à s’aimer petit à petit. C’est différent. Esquissant un sourire, je relevai la tête vers le sorcier. Mais si cela vous va comme ça, alors je pense que c’est le plus important.

Après tout… C’était une chose que m’avait appris toute cette histoire… Mieux valait être seul que mal accompagné. Même si l’accompagnement était beau d’extérieur. On ne connaissait jamais réellement une personne. Alors… Oui. Mieux valait largement un chat qu’un humain que l’on ne connaissait pas.
C’était d’ailleurs peut être, en partie, pour cela que je les avais tous adoptés en nombre. Ils me comblaient plus que la solitude et ils étaient de bien meilleur compagnie qu’un homme.

- Mais vous étiez sérieux ? M’enquis-je alors. Enfin… Oui ! Enfin…

Un léger rire et je secouai la tête. Adopter un nouveau chat n’était pas dans mes projets mais… Mais cela m’allait bien largement. Quant à une chatterie étendue…

- Oui. Admis-je. Mais il faudrait que je quitte Poudlard et j’avoue que je préfère encore économiser sur mon salaire pour avoir quelque chose de grand. De très grand pour les chats et… Et j’avoue, sûrement d’autres animaux.

Me questionnant sur la garde d’un chaton, je penchai doucement la tête à sa réponse. Pas le choix… Garder un animal par manque de choix n’était pas l’idéal… Pas à mon sens…

- Si jamais vous avez besoin de temps ou d’espace… Vous pourrez me confier autant de chaton que vous désirerez, soufflai-je, désireuse de lui enlever ce poids alors que son chat était encore entre les mains des vétérinaires. N’hésitez pas à faire appel à moi. Je ne suis que professeur mais… Je pense savoir plus ou moins m’occuper de ces petites bêtes.

De toutes les manières, je ferais le nécessaire. Je ne laissais jamais personne dans un non choix. Alors… Je lui offrirais le choix d’en garder un ou pas. Je lui devais bien cela, après tout.