Les élèves vont et viennent... l’infirmerie n’était certainement pas l’endroit préféré de beaucoup d’étudiants. Certains espéraient souvent y aller en ayant une chance de pouvoir sécher les cours. Néanmoins... Avec le temps et surtout par le biais de ta formation, ainsi que de ton expérience à Sainte-Mangouste, tu avais appris à distinguer le vrai du faux. Il n’y avait que très peu d’élèves qui avaient la chance de pouvoir louper les cours en toute impunité, car ceux qui le pouvaient, avaient une justification des plus sérieuse. Enfin... Il y avait des jours avec et des jours sans. Parfois... Tu passais tes journées à faire du tri dans les remèdes, de l’inventaire ou encore un peu de ménage. Après tout, ce n’était pas forcément aux elfes de maison de devoir faire les tâches ingrates ! Mais ce jour... Tu eus vent d’un accident qui eut lieu pendant le match de Quidditch opposant les Poufsouffles contre les Gryffondor et... Apparemment, Monsieur Walker qui demeurait l’attrapeur des Poufsouffles... eut le droit à coup de cognards. La chute fut rude apparemment... Fort heureusement, le professeur Mancini eut le temps d’intervenir avant que son poulain ne s’écrase sur le sable humide. Néanmoins... Le mal était fait au niveau des côtes de ce pauvre Walker.

Ainsi, le jeune homme te fut amené dans une civière. L’aide de deux hommes fut nécessaire afin de le placer sur le lit sans qu’il ne souffre atrocement. Un soupir s’échappant de tes lippes alors que tu entendais les camarades de Quidditch arriver en trombe, commençant à faire un brouhaha infernal.

« Il suffit ! Nous sommes dans une infirmerie ! Pas dans la cour intérieure, sortez tous pour que je puisse soigner Monsieur Walker, il doit être encore sonné. »  

Tu pus compter sur l’aide de camarades sérieux qui prirent la peine de faire sortir tout le monde avec le professeur Londubat et le professeur Mancini. Secouant la tête en pinçant tes lèvres, tu aidais le jeune homem à se débarasser de ses affaires bien trop encombrantes. Les protections n’avaient visiblement pas suffit pour amortir le choc.

« Il semblerait que vous ayez fait l’objet de nombreuses jalousies comme d’habitude, Jayden. Il faudrait songer à être plus vigilant et moins confiant envers vos adversaires. Votre père finira par faire syncope avec vos cascades. »

Lui faisant retirer tout son haut, tu allais chercher des bandages et un baume guérisseur. Hm... Il allait devoir être à l’arrêt au moins une bonne journée dans ce lit afin que ses côtes se ressoudent comme il faut. Ce cognard ne l’avait pas loupé.  

« Je vais devoir vous appliquer le baume, cela ne va pas être du tout agréable. Si vous avez besoin, j’ai déposé une ceinture juste à côté pour mordre dessus. »  

Attendant qu’il fasse son choix, tu venais à appliquer sur les côtes. La partie était quand même bien gonflée, l’on pouvait voir l’apparition d’un hématome assez vilain. Mais tu gardais ton calme et pour lui éviter de songer uniquement à la douleur, tu décidais de lui poser des questions.

«  Vous êtes quand même parvenus à attraper le vif d’or ? »  

Pour une fois, il n’y avait qu’un seul blessé mais celui-ci était dans un état plus grave que ceux qui venaient habituellement avec un œil au beurre noir ou encore une petite commotion. Pauvre Jayden tout de même, mais il était normal qu’il soit une cible... Son rôle était primordial dans l’équipe. Néanmoins... tu songeais à sa mère... Elle avait le même caractère que lui. Cette femme qui fut presque une tutrice quand tu étais encore bien jeune... Néanmoins, tu ne laissais pas tes émotions prendre le dessus. Tu restais donc concentrée sur l’application du baume en prenant en compte les potentiels mouvements de ce cher Monsieur Walker.

« Votre père va finir par croire que vous adorez les lits de l’infirmerie. »  

Une petite plaisanterie évidemment, après tout... tu avais eu l’occasion de constater à tes dépens que Jayden avait une tendance à se blesser très facilement. Si altruiste et si désireux d’aider son prochain au point de s’oublier lui-même. Il prenait souvent de gros risques, comme sa mère... Gardant ton sang froid, tu ravalais discrètement ta salive.

Voilà qu’il reprenait un peu ses esprits au fur et à mesure. Il te demandait ce qu’il s’était passé. Il n’avait donc aucun souvenir de ce qu’il lui était arrivé ? Tu espérais sincèrement qu’il n’ait de commotion cérébrale car là... appeler un médecin bien plus expérimenté serait nécessaire. Malgré tout, la chute avait été amorti comme il se doit. Il semblerait que le professeur Mancini avait vu le coup venir mais bien évidemment, il n’avait eu le droit d’intervenir en plein match. Les règles n’avaient pas été trangressées... Le Quidditch était visiblement un sport très dangereux et brutal. Mais tu n’avais nullement l’intention de le rappeler au pauvre étudiant qui était en train de subir tes soins.

« Il semblerait qu’un cognard vous est heurté. Mais pas d’inquiétude, si vous suivez mes prescriptions, le traitement et que vous vous reposez... Vous pourrez de nouveau faire l’oiseau rare dans les airs. »  

Une tentative de le faire sourire ? Oui. Mais pas rire, car il risquerait d’avoir davantage mal. Alors que tu appliquais le baume pour tenter de lui éviter un hématome plus gros que ta fiche de paie. Tu demeurais concentrée sur ce que tu faisais. Mais il fallait que tu le distrais pour lui permettre de faire légèrement abstraction à la douleur. Ce n’était pas une chose simple que distraire quelqu’un qui souffre mais il semblerait qu’il était d’avis d’être de bonne foi.

« Vous en profiterez aussi mais en léger décalé. »

Voilà qu’il s’excusait de bouger. Secouant la tête afin de lui démontrer qu’il n’avait pas à s’excuser pour une telle chose, tu commençais à lui appliquer les bandes en le contraignant à se mettre assis. Certes, ce n’était pas du tout agréable mais le baume cicatrisant allait doucement refroidir la peau pour permettre une sorte d’anesthésie. Il allait moins souffrir et pouvoir un peu plus bouger. Alors que tu lui appliquais les bandes en douceur, tu soupirais longuement.

« Vous savez que votre père me ferait brûler sur le bûcher comme ces malheureuses sorcières si je venais à lui cacher que vous avez encore fait les quatre cent coups. Je lui en parlerais calmement tout à l’heure. »

Une fois les bandes appliquées, tu l’aidais à s’allonger de nouveau. Le débarrassant de son équipement pour le placer sur la chaise juste à côté du lit, puis tu te redressais pour aller lui chercher un verre et une potion, lui servant la décoction qui était translucide, tu lui tendais le verre en faisant une petite moue.

« Désolé d’avance mais ça n’a pas le goût du jus de citrouille. Avalez cul-sec, ce sera plus simple. Imaginez que c’est du whisky purefeu mais si c’est bien loin d’avoir le même goût. »  

Tu préparais au préalable un verre d’eau afin de tenter de lui faire passer le goût. Il y avait même des chances qu’il ait des nausées tellement le goût était infame mais bon... les médicaments et potions de guérison seraient moins efficace si on y rajoute des choses avec du bon goût. N’est-ce pas ?

Dans sa grande humilité et sa douce compassion pour autrui, Jayden avait constamment cette façon bienveillante de voir les choses. Un véritable poufsouffle dans l’âme... Les années le rendant de plus en plus similaire à sa mère au niveau de son comportement, même s’il était le portrait craché de son père physiquement. Un agréable mélange qui démontrait grandement qu’il était un véritable Walker. Par ailleurs, tu n’étais pas très contente. Non pas que le savoir blessé te ravissait, mais sa façon de tenter de te convaincre de ne rien dire à son père... C’était une cause perdue. Certes, tu pouvais cacher beaucoup de choses et garder de lourds secrets, mais ceux concernant la santé ? Hormis d’y être obligée, tu n’avais pas de véritables cas de conscience à en parler directement et sans concession. Bien sûr, le secret médical pouvait rentrer en jeu, mais pour des élèves mineurs ? Difficile d’évoquer ce droit significatif. Par ailleurs... Jayden était majeur et s’il ne voulait vraiment pas que tu en informes son père, il n’avait qu’à évoquer ce précepte pour t’avoir. Toutefois, tu le savais trop compatissant pour son pauvre père qu’il n’y songerait sûrement pas.

Alors que tu l’aidais à s’allonger paisiblement, mais avec cette petite grimace de douleur, tu lui avais tendu cette immonde mixture qui avait un goût aussi mauvais que son odeur. Mais les meilleurs remèdes ne goûtaient pas la fraise, n’est-ce pas ? Sa réaction alors qu’il buvait cette horreur te fit légèrement pincer les lèvres. Il valait mieux retenir ton élan maternel, car l’envie de lui tapoter l’épaule serait bien plus désagréable pour lui que réconfortante. Le laissant boire le verre d’eau afin de diluer le goût infâme de la potion, tu gloussais nerveusement avant d’acquiescer.

« Je vous avais prévenu que ce ne serait pas agréable. Mais comme vous dites, avec cette mixture, vous serez sur pied dans deux jours. C’est un bon compromis, n’est-ce pas ? »

Souriant à ton filleul qui avait visiblement ce petit sourire, tu entendis la porte se fermer. Signe qu’il n’y avait plus personne d’extérieur. Ainsi... Le traitement de faveur allait pouvoir se faire en toute impunité. Prenant sa main pour la serrer dans la tienne, tu pris une expression beaucoup plus douce et moins stricte alors que tu l’écoutais faire son plaidoyer. Les négociations avaient donc commencé ? Fort bien. Tu allais bien t’amuser à le taquiner un peu.

« Je vois que ton argumentaire est plutôt développé et assez convaincant. Par ailleurs, si je me fais rabattre les oreilles par ton père, qui me défendra moi ? »

C’était évidemment une petite plaisanterie. Erskin ne te fera pas la moindre remarque concernant ton silence sur les cabrioles de son fils. Il te savait assez soigneuse et impliquée pour prendre soin de Jayden. Ainsi, tu vins à t’asseoir délicatement à côté de lui, puis tu glissais ta main sur le haut de sa tête, caressant ses cheveux doucement d’un geste presque maternel, après tout... Tu le connaissais depuis tout petit.

« Ta promesse ne tiendra pas, je le sais bien. Tu es bien trop doué pour t’attirer des ennuis. Mais je te demanderais d’être un peu plus prudent à l’avenir. Ne crois pas que ton adversaire est ton ami et qu’il aura de la compassion pour toi. »

Après tout, le Quidditch était un sport de brut en y songeant. Tu n’avais pas vraiment été intéressée par celui-ci. Enfin, de toute évidence... Même si tu lui disais de faire attention, il n’en fera qu’à sa tête assurément. Mais plutôt que de perdre ton temps à essayer de le convaincre d’être moins gentil avec ses camarades, tu allais partir sur un sujet un peu plus jouasse. Continuant de caresser ses cheveux avec douceur, toujours en gardant un œil vers l’entrée de l’infirmerie, on ne sait jamais.

« Bon, parlons de choses plus amusantes. Tu as enfin pu te trouver une petite amie?»

Outch... Tu attaquais un sujet très personnel, mais de toute façon, tu n’avais jamais vraiment eu de honte à parler de ce type de choses. Tu enquiquinais autant le père que le fils... Les deux n’étaient pas bien lotis avec toi. Évidemment, il n’y avait aucune malice dans ta façon de faire, juste de la curiosité et du souci d’assurer le bonheur sincère de tes proches.

Hm... Les arguments du jeune homme auraient pu avoir raison de toi. Par ailleurs... Affronter le tempérament protecteur d’Erskin n’était pas vraiment dans tes plans. Même s’il avait toujours été adorable avec toi et qu’il était même très protecteur envers toi. Craindre ses reproches pour avoir osé lui cacher le fait que ton fils était un véritable casse-coup... Hm, non, tu tenais encore à la vie. Néanmoins, tu n’allais pas jouer les troubles faits... Ainsi, tes phalanges continuaient de masser le crâne du poufsouffle pour l’aider à se détendre également. Même si tu possédais quatorze ans de plus que lui, tu ne parvenais pas à omettre ces gestes sans doute un peu trop maternels.
Un sourire se dessinant sur tes lippes alors que tu l’écoutais encore en train de tenter les négociations. En plus, il mettait les yeux de chiens battus avec ça... Un soupir s’échappant de tes lèvres alors que tu fis une douce moue en voyant cette adorable bouille. Bon, il avait réussi à t’avoir sur ce coup mais tu allais véritablement lui faire comprendre que c’était l’ultime fois !

« Bon.. Très bien. Mais à la prochaine impasse, je peux t’assurer que je cours voir ton père, j’espère que tu en as conscience ? »

Gloussant doucement, tu avais opté aussi pour une question un peu plus personnelle après lui avoir fait cette petite promesse. Le visage tout intimidé et gêné de ton filleul te fit d’autant plus sourire alors qu’il cherchait ce malheureux verre d’eau. Lui lui tendit en restant parfaitement calme pour ta part. Te demandant comment il pouvait être aussi gêné. Enfin... Il était encore jeune, il avait ce côté innocent assez étonnant pour son âge malgré tout.
Voilà qu’il te donnait le nom de sa dulcinée et... effectivement, il n’avait pas choisi la demoiselle qui avait la réputation la plus propre de l’école mais tu haussais les épaules avant de lui offrir un tendre et calme sourire.

« A l’évidence, tu es allé au-delà de ce que les apparences laissent supposer. Si tu es heureux avec elle, c’est le principal. Je suis très contente qu’elle t’apporte du bonheur. Vous vous êtes rencontrés comment ? »

Autant que tu le questionnes un peu pour avoir quelques détails mais aussi pour lui permettre de passer le temps avant que le léger somnisfère fasse effet pour qu’il se repose. Tu avais préféré opté pour cela afin de l’aider à guérir sans trop souffrir. Les anti-douleurs pouvaient être efficace mais ils n’étaient pas gage d’une totale efficacité sans effet indésirable.

« Elle est plus jeune que toi, si je ne m’abuse non ? »

Quatre ans d’écart si tu te souvenais bien... Mais tu ne connaissais pas tous les élèves sur le bout des doigts, tu pouvais te tromper également. Il n’allait pas tarder à te confirmer tout ça.

A l’évidence, Jayden a toujours été un garçon généreux et très altruiste. Il ne se souciait que très peu de l’avis négatif d’autrui. Hormis sa famille et ses amis, il avait cette tendance à se faire son propre avis avant d’effectuer le moindre jugement. Quoi que... même son pire ennemi ne serait pas foncièrement insulté car il avait toujours cette gentillesse en lui. Une tendresse et douceur qui t’avait souvent inquiétée. Tu craignais que certaines personnes puissent vouloir en profiter. Le désavantage sévère des poufsouffles demeurait indéniablement la générosité.  
Mais visiblement, la demoiselle semblait le rendre heureux. Même si elle n’avait pas la réputation la plus claire de Poudlard, cela n’avait pas d’importance. Si l’on devait se baser uniquement sur ce que le monde pense d’un individu... Il n’y aurait plus véritablement de notions de justice. Voyant le visage rassuré de ton filleul, tu lui offrais un plus grand sourire alors qu’il t’expliquait sa rencontre avec la jeune fille. Clignant des yeux de surprise, tu gloussais légèrement.

« Plutôt authentique comme première rencontre. »

Restant attentive aux propos du jeune sorcier, tu inclinais la tête. Il semblait vraiment épris d’elle, c’était une bonne chose. C’était plaisant de le voir aussi guilleret et tendre à la fois. De toute façon, il savait pertinemment que tu ne le jugerais pas et que tu étais assez ouverte sur le sujet pour l’écouter sans être gênée. Après tout, tu n’étais pas si vieille que ça comparé à lui.

« Une bonne chose qu’elle soit plus mature que toi sur certains points, elle saura sûrement mieux se faire écouter que ta vieille marraine. »

Avais-tu ajouté avec une taquinerie certaine car tu ne te considérais pas si ancienne que ça. Mais malgré tout, tu espérais sincèrement que cette Kathleen allait parvenir à le protéger aussi contre sa trop grande gentillesse... la bienveillance de Jayden était aussi dangereuse pour lui, sans doute... espérais-tu qu’elle lui apprenne à être un peu plus égoïste.

« Je suis contente malgré tout, tant qu’elle te rend heureux, c’est le principal. »

Serrant sa main, tu pouffais de rire à sa question. Un prétendant ? Un amoureux ? Quelle idée saugrenue... Enfin, il serait un peu déplacé de lui parler de tes quelques conquêtes de l’époque. Surtout que tu n’étais pas véritablement bavarde sur tes propres expériences.

« Pour s’inquiéter pour moi ? Je n’ai que 34 ans. J’ai encore quelques années avant de devoir m’inquiéter de ma situation maritale. Mais non, je n’ai pas de prétendants ni d’amoureux actuellement. Je pense que je vais finir vieille fille, ce n’est pas une option détestable, qu’en penses tu ?»

Encore un peu de taquinerie alors que tu lui caressais la joue, les effets des médicaments se faisaient un peu plus sentir, il allait sûrement être un peu plus dans les vappeurs mais ce n’était pas grave, cela allait l’aider à aller mieux et guérir plus vite.

« Mais ne t’en fais pas pour moi, inquietes toi plutôt pour tes études, ta famille et ton amoureuse. Mais surtout... de ton bien être. Sois prudent, Jayden... c’est tout ce que je te demande... »

Il avait une telle tendance à se mettre dans ses situations périlleuses que cela t’inquiétait malgré tout... Tu espérais qu’il entendrait tes paroles, cette fois...