Pourquoi j’avais accepté cette connerie ? Non mais vraiment. Pourquoi j’avais dit oui ? Déjà, de un, j’avais la flemme et de deux j’avais re-la flemme. Alors pourquoi est-ce que je m’imposais cette connerie avec un putain de blaireau ? Et c’était même pas une insulte ! C’était littéralement un blaireau, enfin de la maison des blaireaux, ce qui était tout comme. Et pourtant, même si je ralais, même si ça me cassait les couilles… J’allais y aller. La preuve, j’avais enfilé mon maillot de bain sous ma robe. Et en plus un maillot de bain moche une pièce puisque celui que j’avais utilisé cet été était visiblement pas assez “normalisé” pour Poudlard. Normalisé mon cul oui.

Enfin… Allez… Allons rejoindre le blaireau. Enfin. Pardon. Jayden. Mais avant… Café ! Passant justement par la cuisine en sous-sol, prétextant de vouloir voir ce Monsieur Walker de mes deux, j’en profitai pour piquer une tasse de café, histoire d’avoir du carburant.

Il me fallut donc… Beaucoup plus de temps que ce que ça aurait dû pour arriver au Lac Noir, là où on devait se retrouver. Il faisait froid. Y avait du soleil, certes, mais il caillait ses morts. Et il voulait nager ? En fait, Jayden était cinglé. J’avais pas d’autres explications : Jay avait fumé un truc mauvais. Peut être même récupéré lors de mes soirées.

- T’es sûr de vouloir faire ça ? Demandai-je pour tout bonjour. Non mais sérieux, t’es sûr ? Parce qu’on va attraper la mort.

J’étais pas super fragile niveau maladie, mais si je pouvais m’éviter un aller retour à l’infirmerie, ça m’allait aussi.

- ‘Scuse, je finis mon café avant hein!

Bon, au vu de l’heure, il allait sûrement se douter que je l’avais piqué à quelqu’un ou quelque part. Mais bon. Il finissait par me connaître le petit blaireau d’amour.

- Tu vas bien, sinon ? Demandai-je en m’étirant. Et tu as fumé quoi pour plonger dans une eau trop froide pour te faire du mal à faire du sport ? Ricanant, je m’installai sur le sol, en tailleur, ma tasse entre les mains. Non parce que je veux la même hein, si ça me permet de faire des trucs cons…

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The way you turn me on, I can’t sleep. Let’s runaway, and don’t ever look back

- J’aurais passé une meilleure matinée si tu m’avais donné rendez-vous dans un bar, en été et le soir. Plaisantai-je – ou presque, en approchant, râlant, de l’étudiant.

Bon, par contre, il avait pensé à tout : un autre café et des bonbons. Parfait ! Enfin pour en profiter, visiblement, il fallait nager… Ce qui était pas encore mon cas et le serait peut être pas. J’aurais peut être dû, juste, lui dire que je venais pour l’encourager tient… Plissant les yeux, j’accueillis sa remarque sur les cuisines avec un léger rire, haussant les épaules pour lui demander, malgré tout, comment il allait, histoire d’être un minimum polie. Et d’ailleurs, il allait me confier un truc quand… Je ne pus m’empêcher de rouler des yeux vers le ciel en passant une main désespérée sur mon visage.

- Sérieusement ? Jayden ? Tu « consommes de la joie et de la bonne humeur au quotidien » ? Même pour une blague j’sortirais pas ça ! Lui rétorquai-je en riant. Franchement c’est la honte quand même !

Bon son véritable secret était effectivement tout autre : il était complètement cinglé. Et le pire, c’est qu’il le savait. Conditionnement physique de mes ovaires, oui. Il fallait être malade pour aller dans une eau en dessous de 28°C !
Eeeet… Il était décidément beaucoup trop prévoyant. J’avais pensé à aller piquer un café aux cuisines mais pour ce qui était de la serviette… J’aurais plus qu’à le remercier le moment venu parce que j’y avais complètement pas pensé du tout !

Enfin… soudain, je ne regrettai même plus d’être venue alors que mon regard se posait sur l’étudiant en train de se défaire de ses vêtements pour terminer en maillot de bain. Assise sur le sol, je fis mine de le siffler.

- Ouah ! La plastique ! Le taquinai-je à raison alors qu’il commençait ses échauffements.

Ah ouais… Non hors de question que je m’échauffe comme ça, j’étais pas un moulin à bras ou je savais pas quoi moi ! Bon… Fallait quand même commencer à imaginer la potentielle possibilité que je prenne une décision de me rendre dans cette eau à glacer un troll… Booon… Il me fallut quelques longs instants et un nouveau surnom pour me décider à me relever, plissant les yeux.

- Appelle moi comme tu veux, le blaireau, moi au moins j’ai encore toute ma tête et je vais pas me congeler le cerveau dans une eau à – 8.000 !

J’exagérais, certes, mais c’était une exagération justifiée ! Enfin… Je devais avoir un grain moi aussi puisque je me déshabillais à mon tour, me retrouvant dans ce maillot de bain moche et bien trop couvrant par rapport à ce dont j’avais l’habitude.

- Aucun commentaire sur ma tenue. Grognai-je en posant mes affaires. C’est pas beau, je sais.

Mais j’avais ni les moyens de m’en acheter un autre, ni la possibilité de convaincre ma mère de me laisser prendre mon maillot de bain spécial vacances à Poudlard. Et j’avais pourtant tout essayé. Bon… Maintenant… Il fallait y aller… Avançant prudemment, je grimaçai dès l’entrée de mes pieds dans l’eau.

- Nom d’un dragon enragé ! Vociférai-je alors que l’eau arrivait désormais à ma taille. Mais t’es cinglé de vouloir que j’entre plus là-dedans ? C’est beaucoup trop froid ! Faut être complètement fou ! T’as bu un whisky en trop ou quoi ? Tes parents t’ont bercé trop près d’un mu… YAAAA !

Alors que je sautillai sur place, je n’avais pas vraiment fait attention à où je mettais les pieds. Or, nous n’étions pas dans une piscine mais dans un milieu presque naturel quoique protégé… Et je glissai. Tout simplement, finissant entièrement sous l’eau dans un grand fracas et éclaboussant jusqu’à nos affaires non loin de là. Tremblante de toute part, je sortis la tête de l’eau, refusant de bouger alors que je trouvai que l’eau n’était pas si mal à condition que rien ne bouge autour de moi.

- Si tu fais UN geste, je te jure que je te fait cracher des limaces, Jay ! Grognai-je en tentant désespérément de me réchauffer.

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J’exagérais, j’exagérais… .J’exagérais que dalle ouais ! Puis bienfaits mon cul ! C’était SUPER froid, d’où il y avait des bienfaits ? Y avait aucun bienfaits à se geler les ovaires dans une eau aussi froide. D’ailleurs vu comme j’insultais toutes les personnes qui me venaient en tête actuellement, je voyais aussi très mal où était l’aide à la gestion des émotions et du stress hein. Fallait pas déconner. Nan, décidément, Jayden était juste complètement cinglé. D’ailleurs ça expliquait tout ! Sa façon gentille de se comporter, ses manières trop cool et j’en passais. TOUT venait du pèt’ qu’il avait au casque à la base et qui le poussait à se baigner dans cette connerie de lac trop froid.

Eeeet… Ce qui devait arriver arriva évidemment. Je glissais. Comme une saloperie de… De je savais même pas quoi d’ailleurs ! Et je m’en foutais. Je glissai et me retrouvai complètement sous l’eau. Seule ma tête dépassait de l’eau alors que je tremblais de toute part car si j’avais cru l’eau froide, ce n’était pas vrai. ELLE ÉTAIT PLUS QUE GLACIALE !

- J’ai l’air d’aller bien ?! Grommelai-je en le fusillant du regard non sans l’insulter intérieurement et lui ordonner de ne pas bouger.

Oui, voilà, là, comme ça, je n’aurais pas froid. Ne. Pas. Bouger. Jamais. Pas du tout. Et lui non plus. Rien à foutre d’activer mes muscles ou je savais pas quoi. Bon. Par contre ok. Respirer lentement, je pouvais le faire… Et je tentai de le faire, mais même le mouvement de mon thorax dans l’eau me filait des frissons. Pourquoi j’avais accepté ça, nom d’un botruc ?!
Et pourquoi il bougeait alors que je le lui avais interdit ?!

- JAAAAY ! Hurlai-je alors que des mini vagues arrivaient sur moi. C’est pas humaaaaiiiin !

Je chouinais, d’accord, comme une gosse. Mais bordel c’était froid !

- Et je sais comment on fait pour nager ! Tu m’as pris pour quoi ? Un gobelin ?

Utiliser une créature supposément égale à nous pour la rabaisser ? Me gêner ? Nope. De toutes façons mon père avait toujours dit que c’était une aberration de leur donner les mêmes droits. Alors… C’est que ça devait être le cas. Même si mon père était un abruti de première, il avait peut être pas tout le temps tort, puis ma mère avait jamais rien dit là-dessus comparé au reste alors… Bref. J’m’en foutais un peu en fait. Toutes façons ils étaient moches.

BON… Fallait quand même que j’essaie de le suivre pour lui prouver que j’étais pas manchote. De toutes façons il allait me le payer, et super sévèrement. Parce que j’allais pas laisser ce bain horrible impuni. Oh que non ! C’était mort de chez mort !
Ainsi pris-je la peine - dans toute la souffrance du monde au vu des expressions de mon visage - de commencer à le suivre. Oh je nageais plutôt bien en soi. J’étais pas une sirène, ok, et j’aurais pas voulu en être une d’ailleurs, mais, je me débrouillais sous l’eau. C’était un élément que j’avais toujours apprécié alors oui, si l’eau avait été un peu (beaucoup) plus chaude, j’en aurais sûrement largement plus profité que là.
Allez, on allait quand même en profiter pour amorcer la première phase de vengeance…

- Aaaah ! J’ai une crampe ! Mimai-je soudainement assez loin de la rive pour ne pas pouvoir y retourner.

Me débattant dans l’eau, je couinai faussement de douleur en attendant que Jayden revienne vers moi. Et dès lors qu’il fut à ma hauteur, je lui sautai dessus pour le couler un moment ce sale gosse !

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Humain, humain, humain… Mes ovaires oui ! D’où c’était humain de plonger dans une eau à -8000°C ?! Non ! C’était contre nature carrément ! Complètement dingue ! Débile même ! Fallait vraiment être un troll pour apprécier ça ! Alors ok Jayden était un troll sexy, certes, mais bordel quel troll ! D’ailleurs étais-je en train de l’insulter de tous les noms, n’en oubliant aucun, alors que je tentais désespérément de me réchauffer. D’ailleurs, c’était bien parce qu’il m’avait dit que nager allait me réchauffer que je m’étais justement mise à nager – non sans râler qu’il me prenait pour un gobelin, évidemment. D’ailleurs je savais même pas si ces enfoirés savaient nager ! Et je m’en foutais complètement à ce moment.

Non. A la place de réfléchir à ça, c’était à un plan débile que j’avais réfléchi. Un plan de vengeance puéril et abruti mais qui me semblait tout à fait convenir à la situation : débile. Ainsi, dès lors que je fus à distance respectable du bord… Je me mis à me débattre, couinant à la crampe. C’était faux. Entièrement faux. Mais visiblement assez réaliste pour faire venir Jayden rapidement. Et ce fut tant mieux, parce que s’il avait pris son temps, j’aurais pas résisté à l’envie de gueuler que ces PUTAINS de vagues étaient SUPER froides ! Mais bref ! Il arriva à « temps »… A temps pour que je le coule, bien sûr ! Mes deux mains bien ancrées sur ses épaules, je le poussai largement vers le fond du lac le temps de quelques instants avant de le relâcher, histoire de ne pas le tuer, quand même. Pas que l’envie m’en manque, non, mais disons que j’avais pas franchement envie d’être accusée d’homicide.

- Heeeey ! Râlai-je alors qu’il se secouait, avant de rire. Tu crois quoi ? Je suis devenue une pro du théâtre pour faire croire tout ce que je veux à n’importe qui ! Plaisantai-je.

Et ça passait du mal de ventre pour sécher un cours à la tristesse de la perte d’un chat qui n’avait jamais existé jusqu’à l’innocence même pour une énorme bêtise que j’avais moi-même provoqué. Bien sûr, ça ne fonctionnait pas tout le temps. Maiiiis… J’étais quand même pas la plus mauvaise à ce jeu !

- Où ?

Me retournant pour observer ce que Jay voulait me montrer, je fus soudainement surprise par un jet d’eau sur le visage.

- …

Oh le sale petit blaireau ! Grognant légèrement, je plissai largement les yeux alors qu’il riait pour le pousser avant de me mettre à nager le plus vite possible.

- Je vais te défoncer ! Lui criai-je alors en me dépêchant le plus possible.

Non parce que quitte à être trempée et dans le froid, j’allais pas laisser ce sale petit blaireau s’en sortir vainqueur à tous les points de vue ! Non mais ! D’ailleurs, tous les coups allaient être bons pour gagner, quitte à ce que je lui grimpe dessus… Et c’est d’ailleurs ce que je fis, près de la ligne d’arrivée fictive. Me mettant derrière lui, j’usai d’une pierre pour me donner une impulsion et grimper sur son dos en riant.
Au moins, on pouvait pas se leurrer : j’étais heureuse. Enfin heureuse. Tout était relatif. Disons que je me sentais plutôt bien – malgré le froid intense que je ressentais – au point que j’arrivai à rire de manière tout à fait cristalline et sincère. Et ainsi, accrochée à son cou, mes jambes entourant sa taille, je l’utilisais finalement comme « tremplin » pour finir avant lui.

- GAGNE ! M’exclamai-je avec un grand sourire à son encontre. Du coup tu me dois un café… Un croissant et… Mmh… Disons… Un bain chaud !

Riant de nouveau, je ne perdis néanmoins pas de temps pour sortir de l’eau, tremblante de froid, pour attraper la serviette que le Poufsouffle avait ramené intelligemment. Me pelotonnant dedans, je m’asseyais alors au sol en observant le jeune homme.

- Je rajoute parce que je crève de froid, que tu me dois aussi six bièraubeurre ! M’exclamai-je, exagérant à peine. Et pas une de moins !

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