Il y a des jours où je ferais mieux de rester couchée. Ou d’être sourde. Sous prétexte que je suis une vipère, que je me vante et que je prends les autres de haut, un Serdaigle a voulu se la jouer super héros. Petit soumis depuis des années vient de se voir pousser des couilles. Il lui en a fallu du temps. Enfin toujours est-il que ce con a trouvé quelque chose à râler, qu’il a voulu testé mes limites et qu’il a vu à quel point elles sont basses. Il m’a trop titillée et c’est à partie de là que c’est parti en vrille. On s’est battus.

Je n’aurais peut-être pas dû le faire. Pas contre quelqu’un qui est visiblement plus fort que moi physiquement. Mon bras droit en a subi les conséquences. Il n’est pas cassé mais je douille sévère quand même. Le point positif, c’est que je suis plus sournoise que lui et que je n’ai pas hésité à user de la magie pour l’éclater. Un petit Flipendo de rien du tout. Pas de ma faute s’il y avait un mur et une vitrine juste derrière lui et que sa jambe a heurté la vitrine au mauvais endroit.

Bon ça me vaudra sûrement une perte de points si ça s’apprend, et ça se saura sans doute, mais ça en valait la peine puisque je ne suis pas la seule à avoir fini à l’infirmerie. En même temps, si ce crétin ne m’avait pas cherchée, ni provoquée, je ne me serais pas fatiguée à le frapper et je n’aurais pas eu besoin d’avoir recours à la magie pour le mettre à terre. J’aurais juste continué mon chemin en le snobant. Tant pis pour lui. J’espère qu’il s’en mordra les doigts durant des décennies et si pour ça je dois lui mener la vie dure dès notre sortie de l’infirmerie, je le ferai.

- Toi, prépare-toi à m’avoir sur le dos encore longtemps.
- Si tu crois que tu me fais peur, la naine….
- La naine t’a pété la jambe, pauvre con. Attends qu’on sorte de là et j’recommencerai...

En attendant, je me retrouve juste sur un putain de lit avec un bras en écharpe à fusiller l’autre abruti du regard. Si je pouvais jeter des sorts et des malédictions de cette manière, il s’en prendrait plein en à peine dix secondes. Il m’a blessée au bras, je lui ai rendu la pareille en faisant pire en lui éclatant la jambe – en trichant – mais ma rancune n’est toujours pas apaisée.

Codage par Libella sur Graphiorum

La prochaine fois que je veux faire payer quelqu’un, j’y vais directement à coup de baguette. Ca m’évitera de me retrouver avec un bras immobilisé pour quelques jours. En plus c’est plutôt jouissif. Enfin pour aujourd’hui j’ai tout de même une maigre consolation. L’autre connard est aussi à l’infirmerie et c’est de mon fait.

Être blessés ne nous empêche toutefois pas de nous chercher encore des noises. Notre dispute cesse lorsque ma sœur jumelle arrive à l’infirmerie. Elle n’est pas blessée heureusement et pas suffisamment inquiète non plus pour moi. En même temps, si j’avais eu quelque chose de grave, j’aurais plutôt été amenée à l’hôpital des sorciers et non à l’infirmerie. Là elle aurait eu de vraies raisons de s’inquiéter.

- La faute à l’autre crétin des îles. Il a voulu se la jouer super héros qui défend les innocents et les faiblards.
- J’ai voulu te remettre à ta place !
- Ferme-la, on ne t’a rien demandé !

Je vais vraiment finir par lui enfoncer sa baguette dans la gorge pour qu’il ferme sa gueule une bonne fois pour toute.

- Bref je disais donc, il a voulu se prendre pour le défenseur de la veuve et de l’orphelin contre l’horrible mégère que je suis. Il m’a titillée, on s’est bagarrés, il m’a défoncée le bras alors j’lui ai défoncé la jambe et nous voilà à l’infirmerie.

Inutile que j’entre dans les détails. Ce con ne mérite pas qu’on prête plus d’attention à lui. Un résumé convient très bien.

Je m’assieds sur le lit en fixant ma sœur jumelle et affiche un petit sourire.

- Sinon tu peux lui mener la vie dure. Il est dans ta maison donc tu dois le croiser souvent. Enfin oublions-le il y a plus important. T’as entendu les rumeurs qui commencent à circuler au sujet de papa ? Tu sais qui les a lancées ? J’fais mes petites recherches parce que si j’trouve le ou la coupable, j’compte lui faire regretter amèrement de l’avoir fait.

Je déteste que quelqu’un s’en prenne à mes proches. Encore plus lorsque c’est pour balancer une rumeur débile. Je sais qu’il s’est tapé quelqu’un. Il me l’a dit lui-même. Je ne sais pas encore qui et c’est un peu le cadet de mes soucis. Cependant je refuse que qui que ce soit utilise les potentiels plans cul de mon père pour lui casser du sucre sur le dos.

Codage par Libella sur Graphiorum

Le problème lorsqu’on met deux personnes qui se détestent dans la même pièce, c’est qu’il y a toujours un risque qu’elles se disputent ou qu’elles essaient de s’étriper. Le Serdaigle et moi nous contentons seulement de nous chamailler mais si je le pouvais, je le truciderais. Il a de la chance que ma sœur soit présente et surtout, qu’elle soit dans la même maison que lui. Je n’ai pas envie qu’elle me déteste sous prétexte que j’aurais éliminé un idiot de Serdaigle. En plus, si ça se trouve il est ami avec elle. Et peut-être avec Owen aussi.

- J’suis parfaitement calme.

Ouais, insulter mes ennemis et les menacer, c’est un signe de mon calme. C’est aussi signe de ma véhémence envers le monde en fait. Le ton aurait toutefois été plus agressif encore. Je change finalement de sujet en la questionnant sur l’une des rumeurs qui circulent en ce moment dans notre école. Quelque chose en rapport avec notre père. Je n’aime pas trop le fait que certains s’amusent à dire des trucs, vrais ou faux, sur notre père. En fait, ça pourrait être sur n’importe lequel de mes proches, je n’apprécierais pas de savoir que des rumeurs circulent à leur sujet.

J’écoute Clarisse et suis légèrement déçue au fond de moi même si je m’y attendais aussi à ce résultat. Elle ne sait pas non plus qui a lancé la rumeur mais tout comme moi, la curiosité la ronge. Est-ce que notre père serait capable de se balader avec une prof de Poudlard et qu’elle soit potentiellement bien plus qu’une amie ? Je pense que oui. Il m’a bien avoué qu’il avait eu un plan cul et qu’il songeait à refaire sa vie après tout.

- J’le pense ouais. Il m’a déjà avoué qu’il a eu un plan d’un soir et qu’il songeait à peut-être refaire sa vie. Je ne savais pas qu’il pensait à la prof d’histoire de la magie mais après tout, s’il décide réellement de sortir avec elle, personnellement je m’en fiche. J’préfère voir papa heureux avec une prof pas toujours très intelligente plutôt que tout seul et malheureux.

Comme souvent, le bonheur de notre père passe avant le reste à mes yeux. Je pense toujours qu’il a quelque chose contre moi et que je le déçois tout le temps mais malgré tout, je veux le voir sourire, rigoler, avoir la tête hors du travail aussi – surtout ça – et profiter plus de son temps libre.

- Toi ça t’emmerderait si papa avait une relation ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Clarisse n’a pas l’air de me croire quand je lui dis que je suis calme. Pourtant c’est la vérité. Elle devrait le savoir depuis le temps. J’insulte quand je suis calme, je le fais aussi quand je suis en colère. Il n’y a que le ton qui change et là je n’ai rien d’agressif. Enfin je n’insiste pas plus et passe sur un tout autre sujet. Notre père et surtout sa possible relation avec une prof. Personnellement si cette rumeur est vraie, je m’en fiche tant que la personne ne lui brise pas le coeur. J’aime beaucoup ma mère mais il faut admettre qu’elle a fait quelque chose de stupide même si elle avait ses raisons. Et ça a fait du mal à mon père. Et les conséquences ont été douloureuses pour Clarisse et moi.

Si la rumeur est fausse par contre, la personne coupable en prendra pour son grade. On ne balance pas des idioties sur ma famille sans le regretter plus tard. Bref au moins ma sœur et moi sommes d’accord, si notre père souhaite réellement refaire sa vie, on l’acceptera. Peu importe si c’est avec une prof, une femme hors de Poudlard ou n’importe qui d’autre.

- Bref si cette rumeur est vraie, tant mieux pour lui. Si elle ne l’est pas, j’irai refaire la tronche du coupable.
- Ouais, vas-y ! Ce n’est pas comme si tu ne connaissais que cette méthode pour avoir un semblant de respect.
- Toi on ne t’a pas sonné !

En fait je ne sais pas pourquoi je reste ici. L’infirmière veut que je me repose mais j’ai juste un bras blessé. Rien ne m’empêche de me lever contrairement à l’autre abruti à qui j’ai éclaté la jambe. Je dirais bien que le dortoir est reposant mais ce n’est pas le cas. Pas avec tous les péquenauds qui rôdent dedans. Au pire je leur lancerai un sort pour qu’ils ferment leur grande gueule. Allez, c’est décidé, je me casse !

- Bon j’en ai marre de rester au lit, j’me tire.

Je me lève du lit et regarde ma jumelle tout en me dirigeant tranquillement vers la sortie.

- T’as des trucs à faire au fait ?

La connaissant, elle serait capable d’avoir tout laissé tomber juste pour venir me voir à l’infirmerie même si ma blessure est loin d’être grave. Du coup je vois un autre avantage au fait de quitter l’infirmerie. Outre la fuite de l’ennui, ça me permet aussi de la rassurer sur mon état. Si je n’en fais qu’à ma tête, c’est que je vais bien. Là c’est le cas donc elle n’a aucune inquiétude à avoir.

Codage par Libella sur Graphiorum

Nous sommes d’accord sur un point. Encore. Si la rumeur qui circule concernant notre père est fausse, ça va barder pour la personne qui l’a lancée. Enfin en attendant, j’ai un autre problème à régler. Mon collègue blessé me nargue et cette fois, il n’y a pas que moi qu’il agace. Même Clarisse en a marre de lui. C’est bien la preuve que j’ai eu raison de l’envoyer valser contre une armoire et un mur.

Je reprends la parole en ignorant désormais le boulet de service et me lève du lit. J’en ai marre de l’infirmerie. Même avec un bras blessé, j’ai besoin d’être ailleurs que dans un plumard à la con. Pas que ça à foutre. J’interroge ma sœur jumelle sur ses projets par curiosité et j’apprends qu’elle allait juste ranger ses affaires à la base. Ca ne répond pas vraiment à ma question. J’imagine que je dois considérer qu’elle n’avait rien de prévu.

- Non désolée. Je vais juste retourner à mes révisions, moi. J’ai un rival à battre et je ne compte pas lui laisser la moindre chance même quand les cours sont concernés.

De toute façon avec un bras en écharpe, je ne vois pas trop quoi faire d’autre. Je ne suis pas d’humeur à faire les boutiques, encore moins à errer en ville sans but et ça ne m’intéresse pas de me mêler aux autres. Il ne me reste donc qu’à m’occuper de mon objectif principal. Être meilleure qu’Owen.

- Je te laisse, je retourne chez les Serpentard. On se revoit au moment du repas.

On ne sera pas assises à la même table mais au moins on pourra se parler un peu avant ou un moment après. Je devrai juste supporter une ribambelle d’abrutis notoires le temps de manger mais c’est devenu habituel. Bref je laisse donc ma sœur tranquille et rentre à la salle commune des Serpentard.

Codage par Libella sur Graphiorum