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#5007 -



Papa, je dois te parler mais ne panique pas s'il te plait.



Je ne peux pas oublier ce qui s’est passé la veille. Je ne peux pas rester seule avec cela. J’ai appris ces derniers mois que je ne peux pas tout garder pour moi, que je dois me confier. Je dois faire confiance aux autres, accepter qu’ils puissent m’épauler et que je ne peux pas tout affronter seule. J’y ai pensé toute la nuit, ne trouvant pas vraiment le sommeil. Je revois la scène dans ma tête. J’ai réussi à défendre Mara mais c’est encore flou dans ma tête. Tout est passé si vite et pourtant je sais qu’il est en sécurité avec son père. Il a réussi à nous faire transplaner chez lui et c’est son père qui m’a ramené. J’ai réussi à rentrer l’air de rien mais ce matin, je dois parler à mon père. Je ne sais pas comment il va réagir. Sûrement mal d’ailleurs. Lui qui n’était pas friand que je sorte, ses craintes se sont réalisées. Je pourrais le cacher, garder cela pour moi mais j’ai besoin d’en parler à quelqu’un. Ma mère deviendrait folle mais j’ai la sensation que je peux avoir confiance en lui. J’espère ne pas me tromper. Je prends mon petit déjeuner l’esprit ailleurs ne réagissant pas à ce qui se passe autour de moi. Mon père n’est pas là. Il doit déjà être dans son bureau alors quand j’ai terminé, je vais devant sa porte. Je reste hésitante quelques secondes. Est-ce que je le fais vraiment ? Il va sûrement m’interdire de sortir à vie. Je prends une grande inspiration et je toque à sa porte. Je ne le fais que quand j’ai vraiment quelque chose d’important à lui dire. C’est une sorte de signal pour lui demander une discussion importante. J’ai très envie subitement qu’il me dise qu’il est occupé, de revenir plus tard.

Mais ce n’est pas le cas. Sûrement parce que c’est rare que je demande une discussion avec lui. Souvent, j’évite ce genre de discussion et il doit me courir après. J’ai un air sérieux et j’entre dans le bureau. Le stress m’envahit alors que je lui fais face. Il doit se demander ce qui se passe. Je ne me pointe jamais ainsi. Je ne suis pas sûre de m’y prendre de la bonne manière mais en réalité je ne sais pas comment m’y prendre. Je n’ai jamais déclenché de discussion. Trop l’habitude de tout garder pour moi. Je sais qu’il est pareil. Peut-être pour cela que c’est à lui que je m’adresse d’ailleurs. J’ai l’espoir qu’il me comprenne. Que pour une fois je puisse partager avec lui ce qui m’arrive. De longues minutes passent alors que je ne parle toujours pas. Il va falloir que je me lance sinon je vais vraiment le faire paniquer. Je vois dans ses yeux qu’il se demande ce qui se passe. Je prends une grande inspiration et je commence. « Papa je sais que je ne suis pas la plus bavarde de tes enfants et que je garde tout pour moi. J’ai une tendance à tout garder pour moi. Mais là je suis prête à me confier si tu promets de ne pas paniquer et surtout de pas prendre des décisions démesurées. Sinon je garde tout pour moi. Ce n’est pas pour te menacer mais c’est juste que j’ai besoin d’être sûre que je peux compter sur toi. J’ai besoin de ton oreille, de ton écoute. S’il te plait ». Je ne suis pas sûre de m’en être très bien sortie mais au moins c’est dit. J’attends sa réponse avec anxiété.
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#5065 -




Papa, je dois te parler...
Zoé Moreau & Jean-Michel Moreau


~
Jean-Michel a l'esprit tranquille. Il est loin de se douter que quelque chose a pu se produire durant la journée 'octroyée' à sa fille et dont il était loin d'être pour. Cette fameuse journée... celle où il n'aura eu de cesse de tourner en rond, de commenter des choses absurdes, d'imaginer ce Maratrucmuch oser un mouvement sur Zoé, se moquer en douce du père naïf et naturellement il aura imaginé mille horreurs à lui infliger. Sous son cuir chevelu, une pièce de torture, ni plus ni moins, de quoi pendre par les pieds, de quoi tout faire avouer sans user de sortilèges impardonnables. Dieu qu'il a détesté ce jeune cette journée là. Pourtant, à voir sa fille, le visage neutre, revenir à leur maison, tout soupçons ou promesse de malédictions ont eu vite fait de le déserter. Mais il aurait dû savoir. Il aurait dû. Si rien ne s'était passé, Zoé serait revenue avec un sourire... quel idiot. Aussi, quand on toque à sa porte, qu'il lève le nez d'un compte rendu sur les afflictions engendrées par l'adoption illégale d'un bébé éruptif dans un zoo moldu – absurdité maxima – pour apercevoir son ainée, arque t-il un sourcil de surprise.

A deux doigts de penser qu'elle s'est peut-être trompée de porte, voilà qu'un lourd silence s'abat dans la pièce et que Zoé campe sur ses positions, littéralement. Mais encore ? Oui ? Plait-il ? Lance ses iris bleutées de givre à sa fille. Ou peut-être est-ce à lui de lui demander ce qu'elle fait ici ? Son regard se plisse, cherchant explication à sa présence. Surtout Zoé. Zoé venant à lui. Dans son bureau bibliothèque. Le sujet doit être hautement sérieux. Gravissime, même. A t-elle peur d'échouer à ses BUSEs ? Quel cours lui fait ombrage ? Botanique, encore ? Devrait-il songer à lui acheter un guide pour 'les nuls' ? Cela doit exister, mais ce genre de titre briserait la fierté de sa fille autant que la sienne. Ou bien souhaite t-elle lui demander des conseils afin d'intégrer plus tard le Ministère ? Suivre ses pas ? A moins que ce ne soit encore un problème en lien avec l'école ? Ou qu'elle cherche ENFIN à se soulager d'un poids en lui avouant à quel point elle s'est sentie vulnérable et inutile pendant les vacances d'été ? Bon. On est déjà en décembre, mais sait-on jamais. Et puis son cerveau va plus loin dans les suppositions. Il rejoint les horreurs. Elle va lui dire qu'elle est amoureuse... de ce gars, là, trop vieux pour elle. Son coeur tambourine. Il va le tuer. Il le voit déjà les bras en croix quand, enfin, la bouche de Zoé s'ouvre et les mots s'écoulent. L'introduction passe crème, l'introduction est parfaite pour entamer une discussion avec Jean-Michel. Et pourtant ce dernier se crispe déjà. Il sent l'atrocité arriver. Son compte rendu à quitter ses mains et il se redresse sur sa chaise, bien droit, pour encaisser toutes les confessions de sa fille. Ne pas paniquer. Il va le tuer. Prendre des décisions démesurées. Elle ne sortira plus jamais. Jean-Michel inspire, le regard dur, il essaye de détendre le poids étrange qui vient de se poser sur ses épaules. « Je ne peux rien promettre, Zoé, tant que je ne sais pas. Alors, dis-moi. Je déciderais ensuite. » Il ne peut pas promettre, il est franc au moins. Il fera un effort parce qu'elle a dit 's'il te plait' et que c'est rare qu'elle vienne le voir. Il essaye d'atteindre un calme olympien... avant qu'il ne soit balayé par un tsunami.


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#5140 -



Papa, je dois te parler mais ne panique pas s'il te plait.



Je suis devant mon père. J’ai fini par lui demander de pouvoir me confier sans crainte d’être jugé. Une première que je fasse une telle demande à mon père. Habituellement, je garde tout pour moi. Son refus d’accéder à ma requête est comme un coup de poignard dans mon cœur. Cela peut sembler exagéré mais il est tellement difficile pour moi de venir parler à mon père que j’espérais une autre réaction. Au moins une promesse d’essayer. Je ne peux pas se jeter dans le grand bain ainsi. Mon visage se referme et une forme de tristesse ainsi que de la déception apparaît dans mes yeux. Mon envie de me confier est partie aussi vite qu’elle est venue. Et pourtant, je suis devant lui et je ne sais plus ce que je dois faire. J’ai un regard vers la porte. Est-ce que je m’échappe alors que je sais pertinemment que cela risque de l’angoisser encore plus ? Ne faut-il pas que je commence à me confier pour qu’il puisse accepter de me faire confiance ? Mais cela est tellement difficile en cet instant. Il va sûrement s’énerver, me priver de sortie. Je n’ai jamais été vraiment puni. En même temps, je n’ai jamais vraiment posé de souci depuis que je suis enfant. Principalement enfermée dans les livres, la seule chose que mes parents me reprochaient était de ne pas assez sortir et de me lever la nuit pour lire. Rien qui ne nécessite réellement de punition. Mais cette année est différente. Cela a été très dur pour moi.

Et l’agression d’hier, je ne sais pas trop comment la digérer. Je ne suis pas sûre de réaliser ce qui s’est passé. A part que j’ai envoyé un hibou pour prendre des nouvelles de Mara. Je reprends la parole avec une voix étonnamment sérieuse et grave. « Papa, s’il te plait. Je n’insisterais pas pour cette promesse si je n’estimais pas cela nécessaire. Je n’ai que quinze ans mais je suis sûrement la plus sérieuse de tes enfants. Alors accorde moi cela s’il te plait. Pour une fois, j’ai envie de me confier à toi, de venir te parler de quelque chose d’important. J’ai appris cette année que parfois, j’ai besoin des adultes, de pouvoir m’appuyer sur eux. Et là j’ai besoin de mon père, non pas pour prendre des décisions mais pour m’écouter, m’épauler. S’il te plait papa. Je sais que je t’en demande sûrement beaucoup. Je suis prête à faire un pas vers toi, fais un pas vers moi ». Je le regarde limite implorante. Je ne saurais pas me confier en ayant des conséquences possibles. J’ai utilisé tous les arguments rationnels qui me sont venus à l’esprit, tout ce qui me semble pouvoir le convaincre. Je ne sais pas comment je réagirais s’il refuse encore mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir un regard vers la porte. Vais-je devoir le laisser ainsi sans réponse ou vais-je me confier quoiqu’il réponde ? Je n’en sais rien en réalité. J’espère juste, de tout mon cœur, qu’il accepte.
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#5211 -




Papa, je dois te parler...
Zoé Moreau & Jean-Michel Moreau


~
La pensée de Zoé mettant fin à ses tourments, au supplice qu'il s'inflige à s'imaginer tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi, avouons-le) s'est brisée en mille morceaux à l'instant précis où elle l'a supplié de ne pas paniquer ni de prendre des décisions exagérées. Si l'affaire en question n'avait réquisitionné aucune émotion forte et surdimensionnées, surtout chez Jean-Michel, père de famille, ils ne se retrouveraient pas à se faire face à l'heure actuelle. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche, l'homme pressentait un drame. Après qu'elle l'ait ouverte ? Il en est convaincu. Et c'est franc et comme un bon père de famille qu'il lui indique qu'il n'en fera rien. Qu'il décidera après l'avoir entendu. Qu'il ne fera pas de promesse avant. Il ne sourcille pas, ne vacille même pas, il regarde sa fille de toute sa hauteur, de tout ce qu'il impose comme père et protecteur de la famille. Elle est à sa charge, pas l'inverse. Elle est sa priorité. Le travail sur lequel il était penché n'a plus d'importance en cet instant.

Il voit. Il ressent. Il comprend. Elle est déçue de sa réaction. Après tout, elle a fait un pas de géant en venant le trouver alors qu'en temps normal elle aurait tout simplement tout gardé pour elle. Et pourtant. Il ne peut pas se laisser aller. Il ne peut pas faire des promesses qu'il sait qu'il ne tiendra pas, pas quand il en va de la sécurité de son enfant. Elle le savait aussi ou elle s'en doutait. Elle est venue quand même. Jean-Michel ne se laisse donc pas attendrir. Il attend simplement. Il attend qu'elle parle, ni plus ni moins. Elle parlera. Il a déjà décidé qu'il devait savoir. Il sera mis au courant. D'une façon ou d'une autre. Voilà que Zoé répond enfin. C'est un appel à l'aide qu'elle fait, cela suffit à lui tordre le coeur. A imaginer davantage d'horreurs. Jean-Michel est partagé. Il souhaite entendre, mais l'idée de mentir est un frein considérable.

« Je peux écouter, Zoé, calmement même. Cela je peux te le promettre. Je sais comment sauver la face, après tout. Je sais faire semblant. Tu le sais bien, tu es douée pour le faire aussi. Mais tu te doutes bien que si ce qui te mènes à me voir est grave, j'agirais en conséquence derrière. Donc oui, j'écouterais sans montrer une once de panique, mais non je ne te promets pas de ne pas prendre de décisions disproportionnées. »

Il est posé. Ferme. Il ne mâche pas ses mots. Il est clair dans ses intentions. Il ne pose pas de question. Il pose les faits. Il attend à présent une réponse. Une confession. A elle de lui dire si cela lui suffit, de poursuivre le cas échéant, ou s'il devra ruser.


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Papa, je dois te parler mais ne panique pas s'il te plait.



Être face à mon père, en demande de pouvoir me confier. Pour une fois, j’ai besoin de père, besoin d’une oreille pour venir expliquer ce qui s’est passé. Je tente de le convaincre, qu’il accepte de me faire une promesse : celle de ne pas surréagir. Mais même cela est trop. Il ne peut pas me faire une telle promesse. Je me sens triste et déçue. Il ne sert à rien d’aller vers les adultes finalement. Même quand je vais vers eux, ils ne peuvent pas me donner ce dont j’ai besoin. Je ne lui ai pas demandée de ne pas réagir, juste que ce ne soit pas de manière démesurée. Mon cœur se serre alors et il est empli de tristesse. Mon père ne peut pas être là pour moi en cet instant. Je vais donc devoir faire demi-tour. Je ne montre aucune de mes émotions mais mon corps fait demi-tour pour se diriger vers la porte du bureau. « Papa, je sais que je dois apprendre à me confier mais j'ai besoin que tu fasses un effort aussi . J'ai l'impression d'être seule à essayer. J'ai subi assez de conséquences ces derniers temps... ». Un simple constat. Pas l’once d’un jugement. Ma voix et calme et posée alors que mon cœur a juste envie de pleurer en cet instant. Je voulais juste pouvoir lui raconter, ne pas garder cela sur mon cœur. Parce que j’ai compris que parfois cela peut être trop lourd pour moi de tout conserver.  J’ai compris que je dois pouvoir m’appuyer sur quelqu’un mais à l’évidence ce ne sera pas mon père. Il peut juste me promettre de ne pas montrer ces émotions. Alors que je sais bien qu’il risque de vouloir me priver de sortie jusqu’à la fin des temps. Alors que clairement ce n’est pas possible. En plus, j’ai réussi à protéger Mara. Je ne réalise toujours pas vraiment ce que j’ai fait. J’arrive à la porte de son bureau et je m’apprête à sortir sans un mot de plus. S’il me laisse faire, je sais que je vais aller me réfugier dans mon lit. Mes larmes de déception sortiront et après cela ira mieux. Vivement que je retourne à Poudlard et peut-être enfin un emploi du temps complet.
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#5703 -




Papa, je dois te parler...
Zoé Moreau & Jean-Michel Moreau


~
Jean-Michel n'en croit pas ses yeux encore moins ses oreilles. Il ne peut promettre l'impossible. Il est un père. Son père. Celui de Zoé Moreau. Comment pourrait-il prendre à la légère en promettant de rester sans rien faire, passif, quand ce que son ainée a à dire promet de le faire sauter au plafond ? Il ne peut faire des promesses en l'air. Il ne saura les tenir, il le sait d'avance et le lui dit clairement. Oui, il pourra prétendre. Non, il ne pourra pas ne pas prendre de décisions lourdes de conséquences en fonction. Au moins est-il honnête.

Mais l'honnêteté ne paie pas cette fois. Sa fille l'envoie sur les roses, lui manquant clairement de respect au passage  - aussi infirme cela soit - au point où son regard se braque sur elle comme un vautour prêt à fondre sur sa proie. Il lui jette des éclairs. Sa mâchoire s'est crispée aussi, d'ailleurs. Il ne l'a pas apprit ainsi. Elle a déjà souffert à Poudlard, et même avant comme elle le lui rappelle, il l'a protégé du mieux qu'il le pouvait, a même été dans son sens sur certains points, l'a laissé poursuivre ses études malgré les contestations et c'est ainsi qu'elle le remercie ? En lui faisant la moral ? En lui reprochant d'agir comme un père ? Il pourrait la prendre dans ses bras, la rassurer, mais il ne peut pas, ce serait lui mentir. Donc non, campant sur ses positions, Jean-Michel ne peut accepter pareil propos et se lève à en faire vaciller sa chaise quand elle menace de quitter la pièce sans rien lui dire, ne lui laissant que son imagination pour supposer le pire. Le plus grave, c'est qu'elle se détourne de lui.

« Zoé Moreau ! Revenez ici, tout de suite. Nous n'avons pas fini de parler. »

Le nom complet. Le vouvoiement. Rien de plus horrible à entendre, il tranche l'air comme un couteau la chair. On sent au son de sa voix qu'il est en colère, redoutable et qu'il n'accepte pas, même de sa fille, surtout de sa fille, qu'on lui parle ainsi. Elle a subi beaucoup, il le sait, il l'a vu ou on lui a dit, mais il fait ce qui doit être fait. Elle ne comprend pas ça. Elle le déçoit fortement en ce sens, elle doit s'en douter à l'écouter. Elle le déçoit comme lui le déçoit. Ils sont pareils. Sauf que lui a plus de liberté d'action et déjà, se radoucissant quelque peu, il se saisit d'une feuille de parchemin, se réinstalle sur sa chaise en silence, tire une plume et indique à son attention. Plus doux, mais toujours aussi décidé à la fois.

« Très bien. Je comprends que tu ne sois pas en état de parler au vue des circonstances. Je l'accepte. Mais tu me vois dans l'obligation de prendre certaines dispositions. Je ne te retiens pas, tu peux retourner dans ta chambre, te reposer et réfléchir à tes mots. »


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Papa, je dois te parler mais ne panique pas s'il te plait.



Tourner le dos à son père. Une grande première pour moi qui suis si respectueuse d’habitude. Mais je suis triste, les larmes emplissent mon cœur et je ne veux pas le montrer. Pas à mon père. Pas alors que j’ai voulu me confier et que j’ai l’impression qu’il a refusé. J’aurais voulu qu’il comprenne pour une fois. Mais ce n’est pas le cas. Alors j’ai émis un constat avant de tenter de partir. J’entends sa voix et cela me glace le sang. Je n’ai pas l’habitude qu’il me réprimande ainsi. Je n’ai jamais commis de bêtise dans ma jeunesse. Toujours sage et calme, dans mon coin à lire mes livres. Je ne cherche pas les conflits. Mon père n’a jamais eu à me réprimander contrairement à mes frères et sœurs. Mais aujourd’hui c’est différent. Trop de choses se sont passées pour que je sois comme d’habitude. Ce vouvoiement ainsi qu’entendre mon nom complet me fait mal au cœur. Je l’ai mis en colère et je m’en veux. Une envie de crier de m’emporter m’envahit. Je voudrais lui hurler à quel point je me sens incomprise en cet instant. Alors je me retourne vers lui. Son ton à nouveau calme me déstabilise et surtout le voir s’emparer d’un parchemin. Je comprends ses intentions. Je me sens à nouveau prise au piège. Comme lorsque Miss Wheeler et l’infirmière ont monté un guet-apens pour pouvoir prendre des mesures pour m’aider. Oui je commence à avoir conscience que c’était pour moi mais au départ cela m’a mise en colère.

Et surtout cela me rend très triste. Je ne veux pas que quelqu’un d’autre doive expliquer. Je comprends que mon père va chercher par tous les moyens à savoir. Il ne peut pas respecter mon silence et je ne comprends pas pourquoi. Alors toutes mes émotions sortent. Je m’effondre en larme. Je suis devant la porte, tournée vers lui et je pleure toutes les larmes de mon corps. C’est enfantin, puéril mais toutes ses émotions que j’ai tenté de lui masquer ressortent. Ce n’est pas l’agression de la veille mais tout ce qui s’est accumulé en moi ces derniers mois. J’ai déjà pleuré à Poudlard mais pas devant mon père. Même quand il a voulu parlé avec moi de ce qui s’est passé, je ne me suis pas effondrée. Je suis restée dans la maîtrise comme toujours. Mais là, je ne peux plus. Je n’arrive pas à parler et je me retrouve ainsi devant cette porte. Je n’arrive pas à bouger. Je voudrais l’empêcher d’écrire mais je sais juste sortir mes émotions. Chose que je ne fais jamais devant lui. Ma volonté est de ne jamais l’inquiéter. Mais là c’est trop. Je voudrais l’empêcher d’écrire mais j’en suis bien incapable alors je reste là. Je ne sais pas ce que je veux en cet instant. Peut-être juste être comprise pour une fois par mon père. Je sais qu’il ne me prendra pas dans ses bras. Il ne le fait jamais. Juste un mot qui sort de ma bouche. « Pourquoi ? ». Je ne sais pas trop le sens de ma question et pas sûr qu’il comprenne tellement le mot est entrecoupé de larmes.

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Papa, je dois te parler...
Zoé Moreau & Jean-Michel Moreau


~
Si c'est une première pour Zoé d'agir de la sorte, c'en est une aussi pour Jean-Michel. Car Jean-Michel n'a jamais éprouvé le besoin de la réprimander. Il pensait que cela durerait. Parce que Zoé est comme lui, responsable, sérieuse, sans vague... Zoé passe son temps à lire, c'est une érudite, pas une bagarreuse encore moins une chercheuse d'embrouilles. Elle n'a pas l'âme d'une voyageuse intrépide que rien effraie, elle a l'âme d'une savante et d'un brillant avenir plein de savoir. Alors oui, le père s'emporte, comme il le fait avec ses enfants quand ils sont dans leur tords, particulièrement Lyam, il s'en rend compte. Mais, et même s'il s'agit de son ainée la plus respectueuse, il ne peut laisser passer un tel comportement. Elle en sera choquée, peut-être pas sur le coup, mais plus tard dans sa chambre, il le sait, lui-même en sera attristé malgré la nécessité de la situation. Mais il est dans son droit, cela il le comprend très bien. Il agit en père et Zoé en enfant qui ne veut rien entendre, elle doit se remettre à sa place, ne pas inverser les rôles, certainement pas ça. Il ne regrette pas un instant sa voix qui porte et le vouvoiement glacial, il le fait à ses frères et sœur aussi bien, pas d'exception. A présent, elle sait qu'il se comporte équitablement envers tous. Ou qu'il essaye tout du moins.

Il se radoucit cela étant dit, un peu, considérant l'état de santé de sa fille, épuisée par un ensemble de causes à effets dont elle aura été l'épicentre. Il ne peut la forcer sans risquer de la briser. Alors il se décide à sortir feuille de parchemin neuve, enveloppe et reprend sa plume après l'avoir trempé dans son encrier. Il dit, il confie, elle doit se reposer, lui entreprendra de savoir par une autre source. Il le doit, c'est dans son devoir de père de savoir. D'une façon ou d'une autre et tant pis si cela ne lui plait pas. Mais à peine les premières lettres de banalité et salutation posées qu'il entend des sanglots, qu'il relève son visage émacié par le sérieux et suspend son geste.

Zoé pleure.
Zoé pleure devant lui.
Zoé révèle ses sentiments.
Zoé lui révèle ses sentiments.

C'est une première qui le désarçonne.

Les barrages de sa retenue ont cédé,
Vois ton enfant dans son entièreté.


Et tandis que Zoé émet un pourquoi étranglé, tandis qu'il lui semble qu'elle peine à présent à respirer, Jean-Michel se lève, contourne son bureau, et vient enlacer sa fille. Une première, encore une fois, pour ces deux-là, car Jean-Michel peine à montrer son amour pour ses enfants, mais quand l'inquiétude l'emporte, il ne réfléchit plus, son corps agit de lui-même. Comme quand Natan a pleuré après sa tentative d'enlèvement et comme il le fait maintenant. Et il lui répond, frottant son dos, déposant un baiser dans ses cheveux, puis s'écartant doucement pour croiser son regard mouillé de larmes et rougit par la tristesse comme par la détresse.

« Parce que je suis ton père, Zoé. Et qu'il est de mon devoir de savoir ce qu'il s'est passé pour te protéger. C'est une nécessité absolue qu'est la protection et le bien être de mes enfants. Et tant pis si  pour cela et par mes décisions et mes actes, il me faut durcir le ton et passer pour un tyran. Il lui embrasse le front, reprend après un soupir. Tu comprends ?  Si pas, un jour elle le comprendrait. »


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Papa, je dois te parler mais ne panique pas s'il te plait.



Je suis en pleurs alors qu’il commence à écrire. Les larmes coulent toute seule. J’aurais tellement voulu pouvoir lui parler, pouvoir me confier à lui. Son refus de me promettre de ne pas surréagir m’attriste. Ses larmes sont aussi le symbole de mes barrières qui craquent. Trop de choses se sont passées ces derniers mois et mon père ne sait pas à quel point cela m’a mis mal. Il sait ce que Miss Wheeler lui a dit mais je lui ai encore assuré que je m’en remettrais, que tout irait bien. Ma réplique favorite en tout temps. Alors oui, je vais mieux mais enfin je sors tout ce que j’ai accumulé. Il voit enfin sa fille telle qu’elle est : fragile. C’est le plus dur à accepter. Ne pas avoir réussi à tenir le coup, à pouvoir tout affronter comme mon père. Il m’a appris à être forte en tout temps, qu’il faut avoir des objectifs élevés. J’ai échoué et il doit être tellement déçu.

J’en suis là de mes réflexions, quand je vois mon père s’approcher. La suite me laisse stupéfaite. Mon cerveau ne réalise pas qu’il est en train de me prendre dans ses bras. Une chose inédite. Cela n’est jamais arrivé. Mon père n’est pas affectueux, il ne nous octroie pas de gestes tendres. Je sais qu’il nous aime mais qu’il puisse me prendre dans ses bras, je ne m’y attendais pas. Je me blotti contre lui et c’est pire. Tout ce que je garde en moi se libère alors. Je me sens protégée dans ses bras. Il m’écarte un peu et commence à me parler. Je ne sais pas si je comprends. J’ai autre chose en tête en cet instant. Quelque chose que j’aurais voulu lui dire à Poudlard quand il a été convoqué par Miss Wheeler. Mais je n’ai pas su. J’étais dans le déni et je ne voulais rien admettre. Je ne pouvais pas admettre que j’allais mal. Je regarde mon père, les yeux embrumés de larme. « Je n’ai pas été à la hauteur, je n’ai pas réussi ». Il ne comprendra peut-être pas de quoi je parle. Cela n’a rien à voir avec la discussion en cours mais pourtant, c’est ce qui me hante l’esprit. Avoir pu décevoir mon père en craquant.
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Papa, je dois te parler...
Zoé Moreau & Jean-Michel Moreau


~
Désarçonné, c'est ainsi que Zoé la rendu. Surpris. Peiné. Le coeur en miettes devant ses larmes. Celle de sa fille. La si sérieuse qui cache ses sentiments. Tel père tel fille. Et pourtant sa retenue cède, celle de Jean-Michel aussi puisqu'il s'en va la prendre dans ses bras pour la réconforter. À l'écoute, il n'est pas sûr de comprendre l'entièreté du sens derrière les mots que son ainée lui dit, mais il trouve quand même à répondre. Il est question de faiblesse. Il le sent. D'amour propre blessé. Il sait. Il connait. Il doit réparer. Il réparera.

« Mais de quoi parles-tu, Zoé, enfin ? Crois-tu que je n'ai jamais rencontré de difficultés ? Jamais échoué ? Tu as le droit de tomber, tant que tu te relèves et tire une leçon de cette chute. Tu m'entends ? » I lui relève le menton en disant ça. Qu'elle se redresse, qu'elle soit fière, qu'elle ne se rabaisse pas. Plus. Elle a le droit de perdre, de temps en temps. Le droit de s'abandonner et de se confier. À lui. A une autre personne. Qu'importe. Le droit d'être vulnérable. Il est le même. Elle est sont portrait craché après tout.

Il lui caresse les cheveux, le visage, s'assure qu'elle a compris qu'il est avec elle et non contre elle puis retourne à son bureau. Il soupire une fois. S'assied. Ferme les yeux. Puis il reprend, un regard attendri, désolé et concerné à la fois posé sur Zoé :

« S'il s'est passé quelque chose de grave et si ce jeune homme est aussi 'responsable' que tu nous l'a décris avant votre sortie, penses-tu qu'il aurait gardé le secret sur ce qui s'est passé ? Je pense qu'il aurait fini par venir nous voir... autant l'inviter à venir s'expliquer, tu ne crois pas ? Il se veut calme, sérieux, sa main a repris sa plume. Après tout, deux versions valent mieux qu'une pour comprendre l'ensemble de la situation, ajoute t-il. Voyant l'état de sa fille, inquiète, à bout, il réfléchit, capitule sur un point et reprend. Je peux te promettre une chose, Zoé, je resterais le plus posé possible quand il viendra. Sauf si, naturellement, il est coupable de quelque chose... T'as t-il fait quelque chose, Zoé ? Son regard est sérieux, grave, il attend une réponse... non sans crainte d'imaginer le pire. Son coeur bat vite, il ne le montre pourtant pas. »


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#5892 -



Papa, je dois te parler mais ne panique pas s'il te plait.



Je pleure encore et encore. Ce n’est pas l’événement de la veille mais une accumulation. La sensation de ne pas avoir été à la hauteur de mon père. Lui qui m’a toujours poussé à atteindre la perfection. Il m’a enseigné l’importance d’être exigeant avec soi-même de toujours pousser plus loin. Ne pas s’arrêter en cours de chemin mais viser toujours plus haut. C’est ainsi que je veux obtenir les notes maximales. Aussi pour pouvoir protéger mes frères et sœur. Je suis l’ainée et je dois donc être un exemple. Je ne me suis jamais permise de montrer mes émotions pour ne pas être un poids supplémentaire pour mes parents. Mais là c’est trop pour moi. Je tente de changer, de ne plus appliquer les mêmes stratégies et je me rends bien compte de pourquoi je me comportais ainsi.

Mon père ne semble pas totalement comprendre de quoi je parle. Il me dit que j’ai le droit de tomber, d’échouer. Le principal est de se relever. Je redresse la tête et le regarde intensément. « Je n’ai pas réussi à tout tenir, à affronter seule ce qui s’est passé depuis le début d’année. Je n’ai pas eu des O partout alors que c’est ce que tu attendais. Je suis désolée que tu ai dû être convoqué à Poudlard pour moi . Tu as dû être tellement déçu ». Première réelle discussion que nous avons à ce sujet. Mes parents ont tenté de m’en parler et j’ai esquivé à chaque fois. Ils étaient au courant mais ne pouvaient pas me forcer à me livrer. Je leur ai asséné mon habituel : je vais m’en remettre. Je n’ai jamais pu lui en parler à cœur ouvert mais aujourd’hui je lâche. Aussi parce que je suis décidée à changer. Je le vois retourner à son bureau et je l’écoute avec attention. Je ne veux pas qu’il contacte Mara et j’ai voulu lui arracher une promesse. Mais sa dernière phrase me fait prendre conscience qu’il doit être mort d’inquiétude de ce qui a pu se passer. Je le vois imaginer le pire. « Il ne m’a rien fait papa. Mara est adorable. Il a toujours été présent pour moi depuis la rentrée scolaire.  C’est une des personnes en qui j’ai le plus confiance et il ne fera jamais rien qui puisse me nuire. C'est un ami et il est comme un grand frère pour moi ». Je n’ai pas envie que mon père puisse penser du mal de lui. Ce serait injuste. Je ne dirais pas tout ce qu’il a fait pour moi. Cela reviendrait à avouer pour l’entraînement et il en est hors de question. Je ne l’ai pas dit à Miss Wheeler et je ne le dirais à aucun adulte. Je ne veux pas que cela lui cause des ennuis.

Mais je dois lui dire ce qui s’est passé la veille. Il est déterminé à demander à Mara et s’il doit l’apprendre cela doit être par moi. Pas par quelqu’un d’autre. Sinon, il ira au bout de son idée. Je reprends d’une voix que je tente plus assurée. «Je vais te dire ce qui s’est passé hier. Quelqu’un a voulu s’en prendre à Mara et j’ai réussi à le défendre. J’ai réussi à protéger quelqu’un papa de manière efficace. Il a réussi à nous transplaner dans sa chambre et il va bien. Je vais bien aussi, je n’ai rien eu. Je t’en parle papa parce que je ne veux plus tout garder. Je ne veux pas refaire les mêmes erreurs mais je ne me sens pas mal à cause de ça. Je suis même fière d’avoir réussi à le protéger. Tu sais à quel point c’est important pour moi. Cela m’a redonné confiance en mes capacités. La seule chose qui est encore difficile pour moi c’est ce qui s’est passé les mois précédents. Je vais déjà mieux mais j’ai besoin de me montrer que je peux changer, faire autrement. Et j’ai besoin de toi papa, de pouvoir me confier à toi sans que tu veuilles me priver à vie de sortie. Je sais que tu veux me protéger, que tu t'inquiètes pour moi, mais je vais devoir apprendre à affronter le monde et je ne vais pas trouver les solutions dans les livres. Je dois sortir de ma bulle mais cela implique forcément que je ne sois plus autant protégé que tu le voudrais et que tu me fasses confiance. Que tu me fasses confiance sur ma capacité à venir te voir si j'ai besoin mais surtout que tu me laisses apprendre a trouver des stratégies pour m'en sortir seule. Je ne peux pas grandir si tu me couves ». Je me tais quelques instants. « Tu m’as promis de réagir posément je te rappelle papa ». Je me dirige vers son bureau et je le serre dans mes bras. J’ai besoin de sentir ses réactions directement dans sa peau. Je sais qu’il va bouillir. « Est-ce que tu penses que je porte la poisse ? ». Je lui dis cela avec un petit sourire. Pour détendre un peu l’atmosphère mais pour me rassurer aussi.
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Papa, je dois te parler...
Zoé Moreau & Jean-Michel Moreau


~
« Déçu, non. Inquiet ? Mortellement. Ton professeur devrait sincèrement apprendre à écrire des lettres sans laisser des énigmes en suspens dedans. Et entre toi et moi, je n'ai jamais réussi à obtenir la note maximale en botanique. Jamais. »

Jean-Michel se montre ferme en disant ça, imperturbable, pourtant il passe clairement de l'inquiétude pour Zoé, aux reproches pour Madame Wheeler et à la confidence sur sa vie. Il sait qu'elle ne va pas apprécier les critiques au sujet de son professeur car Audrey, son épouse, lui répète sans cesse d'arrêter à ce niveau. Qu'il en fait trop. Qu'il demande la perfection à en devenir agaçant. Recherche de la perfection qu'il constate chez son ainée. Il se sait coupable. Il a envie d'y remédier et en même temps pour lui il est essentiel qu'elle donne non le meilleur d'elle même mais tout son potentiel enfoui pour l'avenir qu'elle aura choisi d'avoir. Et qu'elle puisse être capable de se retourner si finalement elle n'est pas éprise par son premier métier, son premier choix.

À son bureau à présent, la plume de nouveau en suspens, le père de famille s'inquiète soudain d'avoir trouvé l'explication à l'état de sa fille. Et si ce jeune homme avait osé faire quelques avances auprès d'elle ? Des avances oppressantes. Plus que des avances même. Sans son consentement. Il en a la gorge nouée et sa conscience se retrouve prise au piège dans son corps de glace, meurtrie par une imagination cauchemardesque. Mais Zoé le voit. Ou au moins le comprend et corrige rapidement sa façon de penser. Elle le rassure et les épaules de Jean-Michel se délestent d'une charge colossale. Il souffle intérieurement et pousse un soupir extérieurement, hautement rassuré. Il n'aura pas à tuer qui que ce soit. Oui. Il en aurait été capable. Pour ses enfants il serait prêt à tout. On ne les touche pas. On ne leur fait pas de mal. Jamais. D'ailleurs il attend avec impatience le jour où la police magique l'informera avoir mis la main sur la personne responsable de la tentative d'enlèvement d'aout, qu'il sache qu'il est cuit et que même si Jean-Michel ne peut le blesser de là ou il est, qu'il y a bien d'autres façons de faire de la vie d'un homme un véritable enfer. Mais revenons à Zoé. Elle le rassure, mais le soulagement est de courte durée quand elle explique enfin le déroulé de son rendez-vous de façon plus franche. Ses larmes n'ont pas séché, mais elle a retrouvé de l'aplomb pour expliquer l'ensemble. Le tout. L'horreur. Encore.

Quelqu'un a voulu s'en prendre au garçon, elle l'a défendu, il l'a emmené ensuite dans sa chambre. Sa chambre. Il va vomir, mais se retient pour reprendre le fil de la discussion. Il reste de marbre, la respiration en suspens. Il va défaillir à ce rythme. Zoé est fière d'elle. Bien. C'est très bien. Mais pour le reste, il a juste envie de lui dire qu'elle ne sortira plus jamais. Jamais. Qu'elle restera dans sa bulle parce que cette bulle est plus safe que ce que lui propose Mara machin chose en dehors. Mara truc bidule qui n'est même pas fichu de se débrouiller seul... et qui attire des ennuis à sa fille. Quel incapable. En plus de l'attirer dans sa chambre. C'est écœurant. Il a envie de cracher sur le nom de ce fameux 'grand frère', mais se retient quand elle lui rappelle sa promesse. Celle de ne pas faire de vagues devant elle. Que c'est dure ! Il a envie de crier : QUOI ?! ou Et puis quoi encore ?! Mais Zoé fait le tour et l'enlace comme pour calmer la tempête qui fait rage dans la tête de son père. Petite futée, pense t-il un instant.

« Tu ne portes pas la poisse, Zoé, tu te trouvais juste au mauvais endroit au mauvais moment, c'est tout. C'est plutôt lui qui porte la poisse, pense t-il fortement à l'égard de l'asiatique en se retenant bien de le dire. Ne pas faire de vagues. Et j'ai confiance en toi. Pas aux autres, crache t-il intérieurement. C'est aussi comme ce que je disais plus tôt, apprendre de sa chute. Il ressouffle à nouveau, cette fois en extirpant follement par le nez, véritable bouilloire en ébullition. Il réfléchit. Se contient. Grince des dents, elle doit les entendre, d'ailleurs. Je ne t'empêcherais pas de sortir dans les limites du raisonnable, même si tu te doutes bien que si ca ne tenait qu'à moi.... il sait que de toute façon Audrey serait contre, mais je demanderais toujours, tant que tu vivras sous mon toit, à savoir où tu te rends et avec qui. A rencontrer cette personne avant et après afin d'être certain que tout va bien, parce que tu es ma fille et que je sais très bien qu'on se ressemble assez pour jouer du 'tout va bien ne t'en fais pas'. Je demanderais donc à voir ce garçon malgré tout, Zoé. Pour qu'il puisse m'assurer à l'avenir, que si vous sortez encore ensemble, que cela n'arrivera plus. Que lui aussi mettra en place des stratégies pour se défendre et surtout pour te défendre si quoique ce soit devait arriver de nouveau. Mais plus important, Zoé, as-tu été blessé quelque part ? »

Il a tenu sa promesse. Celle de ne pas bondir au plafond. Il a même rempli une autre promesse, celle de ne pas faire de décisions démesurées. Mais cela lui coute un bras. Car si ca ne tenait qu'à lui, il l'enfermerait à double tour dans sa chambre, point barre, afin de la préserver de tout danger. Il a par contre émis des conditions pour qu'elle puisse 'apprécier' toute l'étendue de sa patience et de sa sagesse. Il devra savoir le ou et le qui. Devra voir le qui avant et après. Cela parait gros, mais il aurait aimé voir le garçon ramener sa fille saine et sauve à la fin de leur rendez-vous. C'est légitime à son sens de s'assurer ainsi que tout va bien. C'est responsable. Il a déposé de nouveau sa plume, il écrira plus tard, elle sait qu'à ce niveau il ne changera pas d'avis. Il s'est tourné vers elle, l'éloigne à bout de bras pour l'observer de la tête aux pieds afin de s'assurer qu'aucune blessure n'a marqué sa fille.


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Papa, je dois te parler mais ne panique pas s'il te plait.



La peur de l’avoir déçu est tout de même présente. Je l’exprime, parle enfin de ce que j’ai pu ressentir durant cette période. Il n’est pas déçu mais cela a été inquiété. Il me parle de la lettre énigmatique de Miss Wheeler. Un soupir m’échappe. « Papa, tu aurais trouvé à reproché à Miss Wheeler quoiqu’elle fasse. Tu as besoin de trouver un coupable pour décharger ton inquiétude et n’importe quelle raison aurait été valable à tes yeux. Elle aurait mis les raisons de la convocation dans la lettre, tu aurais dit que c’était trop abrupte comme manière d’annoncer ce genre de nouvelle. Tu réagis toujours ainsi. Mais c’est injuste envers elle. Elle a tout pris en main quand elle a remarqué que j’allais mal. Elle a fait le nécessaire pour que je sois prise en charge, que je puisse m’en remettre alors que je n’étais pas du tout coopérante. Je ne voulais pas admettre que j’allais mal et elle a été là. Elle a pris les décisions nécessaires pour que je puisse me reposer et récupérer. Sans elle, j’irais encore plus mal à l’heure actuelle. C’est une excellente directrice de maison qui se soucie réellement du bien-être de ses élèves et une excellente professeure de plus ». Je défends ceux que j’apprécie et je sais reconnaître qu’elle a eu raison.

Cela fait peu de temps que j’ai admis cela mais il le fallait avant que je puisse discuter avec mon père. « Il n’y a pas qu’en botanique que je n’ai pas eu des O. Mes notes ont baissé dans toutes les matières mais je ferais en sorte de tout remonter ». Elle n’a pas eu de notes en métamorphose et en potion vu que ses matières ont été suspendues. Elle a eu un T en histoire de la magie n’ayant pas rendu un devoir. Ses notes en sortilège ont baissé également. Je baisse la tête, ayant honte. Je sais que cela ne va pas lui plaire. Je finis par tout lui dire. Il sait ce qui s’est passé la veille. J’ai pris toutes les protections pour qu’il s’emballe le moins possible. Je le connais et je ne veux pas qu’il explose. Je ne veux pas qu’il s’en prenne à Mara. Je l’enlace avant qu’il ne réponde. Je sens à quel point cela bout en lui. A quel point, il voudrait m’interdire de sortie. Il n’a pas besoin de me le dire, je le connais. C’est cette facette de sa personnalité qui m’oblige à montrer toujours une face responsable, à dire que tout va bien. Si ce n’est pas le cas, il serait capable de s’en prendre à la Terre entière tout cela pour me protéger. Aujourd’hui, je ne suis pas sa fille forte et je sens qu’il fait des efforts. Il ne m’interdit pas de sortir malgré son envie irrépressible. Il impose des conditions qui me semble acceptable. C’est exigeant mais je peux le comprendre. C’est une première entre nous et il faudra du temps pour qu’il puisse être rassuré. « Je comprends et j’accepte tes conditions pour les sorties papa. Et moi je te promets de te dire la vérité sur mon état si tu continues à t’engager de réagir de manière posée ».

Par contre la suite me dérange. Je sens le jugement qu’il porte sur Mara et c’est comme pour Miss Wheeler ce n’est pas mérité. « Je vais dire des choses compliquées mais ce n’est pas de l’insolence papa. Je vais exprimer la réalité telle que je la ressens. Tu viens de me dire que tout le monde peut échouer un jour. Mais cela ne s’applique-t’il pas aussi aux autres ? Tu ne peux pas demander à Mara ni à quiconque de pouvoir jurer de me protéger en tout temps. C’est pour cela que je dois savoir aussi me défendre par moi-même. Je ne peux pas toujours compter sur les autres. Dis-moi papa, est ce que toi tu peux me promettre de toujours savoir me protéger ? Comme avec mon parrain ? Tu le sais bien toi-même que c’est une promesse impossible à tenir. Tu ne peux pas imposer à Mara ce que tu ne pourrais pas faire toi-même. Parce que la vie est ainsi. C’est un garçon raisonnable qui ne me mettra pas dans une situation risquée. Mais il y a les imprévus de la vie dont même toi avec toute la volonté du monde tu ne pourras pas me protéger ». C’est dur je le sais mais je ne veux pas qu’il convoque Mara pour lui passer un savon non mérité. Je le serre dans mes bras comme pour me faire pardonner. « Je ne suis pas blessé, je n’ai rien. J’ai juste une autre question. Est-ce que tu as conscience que si tu passes ton inquiétude sur quelqu’un qui ne le mérite pas, tu me prouves que je ne peux pas me confier à toi ? ». Cette dernière question est importante. Je suis encore obligé de me montrer forte et de raisonner alors que j’ai juste envie de me blottir dans ses bras.
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Papa, je dois te parler...
Zoé Moreau & Jean-Michel Moreau


~
« Oui oui, peut-être. Si tu veux. Si ca peut la calmer que de lui donner raison, c'est déjà ça de pris, songea Jean-Michel devant la défense enflammée de sa fille envers son professeur d'Histoire de la Magie. Professeur qu'il n'apprécie que moyennement, mais il ne reviendra pas sur la question. Zoé cesse de verser des larmes alors il laisse passer. Même si ton en lui-même ne lui plait que moyennement. On peut ne pas partager le même avis, de toute façon, mais si cela lui sert à travailler correctement à l'avenir pour éviter à son père de rencontre Madame Wheeler, c'est bon à prendre. En attendant, entre les larmes, il est aussi question de botanique et d'autres cours à la moyenne en chute libre. Je sais que tu feras de ton mieux, donne t-il suite à sa fille en ayant bien conscience qu'elle s'exécutera à la tâche. On parle de Zoé, après tout. »

Vient le récit, les grimaces, le maintient et le câlin qui l'adoucit. Zoé se ferait-elle fourbe ? Il a beau être une boule de feu intérieurement devant ces mots, il arrive à se contenir, à rester droit, posé, comme il l'a promis à sa fille. C'est important de tenir les promesses. Il arrive même à accepter la deuxième, celle qu'il ne souhaitait pas remplir sans savoir de quoi il était question. N'est-ce pas remarquable ? Elle a la réaction posée qu'elle voulait. Elle a en plus une décision satisfaisante puisqu'il accepte les sorties plutôt que de les bannir comme lui susurre pourtant une autre voix dans la tête. Après ce qu'il a entendu et ce qu'elle a traversé, Jean-Michel estime qu'il a été plus que sage... un autre aurait sévit. Zoé aurait dû être contente. Apaisée. Reconnaissante même. Mais non. Elle ne l'est pas. Zoé se renfrogne. Zoé devient piquante. Moralisatrice. Ne se rend-elle pas compte de la chance qu'elle a qu'il ait accepté tout ça malgré les conditions justifiées qu'il impose ? Elle lui explique que ce n'est pas de l'insolence. Cela en est sur toute la ligne. Zoé dépasse une nouvelle fois les bornes en lui faisant ce qui semble être une leçon. Il estime avoir assez donné comme ça, mais lui tendre la main ne suffit visiblement pas pour son ainée qui essaye à présent de lui prendre le bras. Qu'elle en ait bavé, est une chose. Jean-Michel s'est montré attentionné malgré son clair handicap à exprimer ses sentiments à ses enfants. Mais qu'elle se prenne des airs face à lui pour s'en remettre, parce que c'est ainsi qu'il interprète les choses, en est une autre. Voilà donc qu'elle l'assomme au sujet du garçon qui l'accompagnait... Qu'elle reformule ses mots... sauf qu'il ne comprend pas d'où vient son soudain besoin de mettre les points sur les i. Que cela soit Mara, Madame Wheeler ou n'importe qui d'autre, cela aurait été le même. Il ne s'agit donc pas juste du garçon de la veille, mais des autres connaissances qu'elle amènera et qui l'emmèneront. Il ne s'agit de pas de juger un garçon, mais de mettre les choses au clair. Impossible d'arrêter les paroles de son ainée, voilà qu'elle s'enlise en plus en mentionnant son parrain... Il a l'impression de recevoir une gifle. Il n'en montre rien. Cette leçon touche à sa fin et Zoé termine par un autre câlin alors que Jean-Michel est à présent dure et froid comme la pierre. Il ne reçoit plus avec plaisir. Il subit. Il se sent horrible. Elle doit sentir quelque part qu'il ne répond plus à son contact comme il l'a fait avant. Il ne le rend plus. Et sa fille en rajoute une couche. C'en est trop. Le père de famille est tout simplement fatigué de tout. Elle aurait dû dire merci. Point. Il a fait tellement d'effort. Ils se sont confiés. Ca n'a pas suffit. Il ne répondra pas avec violence, il ne désire pas revoir ses larmes. Il se referme donc comme une huitre. Il a assez donné. Elle a assez reçu. Elle est vidée de ses forces et lui aussi dans un autre domaine.

« Zoé. Va dans ta chambre te reposer, tu en as besoin et j'ai encore une montagne de travail qui m'attends. Nous reprendrons cette discussion plus tard. »

Elle n'aura rien de plus comme réponse. Son regard est déjà braqué sur les dossiers qui ensevelissent une partie de son bureau. Il n'en oublie pourtant pas la lettre à envoyer au jeune garçon. Il s'en occupera quand il se sera vidé la tête avec un compte rendu casse tête et assommant pour le Ministère.





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