La rentrée avait eu lieu quelques jours plus tôt. C’était peut-être une date sans importance pour bien des gens, mais pas pour Veronica. La Lestrange aussi faisait sa rentrée à l’école de magie du Royaume-Uni. Non pas comme élève, mais comme membre du corps professionnel. Elle était la nouvelle psychomage de l’école et cette position n’aurait pas pu la réjouir davantage. Après tant d’années à écumer les refus des employeurs et après tant d’année frustrée d’être consignée comme mère au foyer sans que ce ne soit un désir pour elle, elle avait enfin l’occasion de faire ses preuves et de montrer ce qu’elle valait. Elle n’était pas une piètre psychomage, loin de là. Elle était hautement qualifiée pour ce poste et comptait bien rendre des plus évident que Poudlard avait fait le bon choix en l’embauchant.

Sous sa joie d’être enfin acceptée à sa vraie valeur, Veronica savait pourtant que son arrivée à Poudlard ne plairait ni à Andrew, ni à Clarisse. Ni l’un ni l’autre ne l’avaient soutenue dans sa quête de trouver un emploi, et elle ne s’attendait donc pas à des sauts de joie de la part des deux Mackelled. Sa relation avec Clarisse était complexe. Très, très complexe. Elle semblait en vouloir à sa mère pour son infidélité. Veronica pouvait le comprendre. En apparence, sa relation avec Elegius Carrow semblait être ce qui avait fait voler en éclat le mariage de Veronica et Andrew. Pourtant, en réalité, leur union était terminée depuis bien plus longtemps. Veronica trouvait-elle injuste que sa fille lui fasse payer son adultère ? Oui. Parce qu’Andrew n’était pas en reste. Il n’était pas un saint qui n’avait aucune part de responsabilité dans les raisons de leur divorce. Aujourd’hui, Veronica était heureuse et se sentait enfin accomplie. La seule pierre manquante à l’édifice était Clarisse. Mère tendre et profondément aimante, elle avait bien du mal avec le fait d’être détestée de son enfant. Veronica le savait, son arrivée à Poudlard allait probablement mettre encore plus de vinaigre dans le vin familial et c’était pour cette raison que, dès le samedi suivant la rentrée, Veronica avait conviée sa fille aux Trois Balais pour discuter à cœur ouvert. La mère de famille s’était installée à une table en retrait, leur permettant de pouvoir converser en toute intimité. Son don retenu pour éviter de souffrir de l'afflux de pensées, elle patientait. Comme toujours, elle était extrêmement élégante. Ses cheveux bruns étaient soigneusement bouclés, son maquillage discret, et portait une robe de soie bleue nuit qui épousait les courbes de son corps, se mouvant contre sa peau non sans un certain charme.

Elle patientait donc là, seule, se demandant si Clarisse allait bien venir ou lui poser un lapin. L’absence de sa fille n’aurait pas été une surprise en soi vu combien elle fuyait sa mère. En attendant, elle avait commandé un thé noir.