Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Ce week-end n’était pas n’importe quel weekend. Ce weekend, voilà onze ans qu’Eurybia les avait quittés, brûlant vive dans cet infâme incendie. Comme souvent, Erskin avait commencé à refaire quelques cauchemars de cette atroce nuit. Il n’était plus au stade des terreurs nocturnes, mais il cauchemardait bel et bien, parfois murmurant le prénom de sa femme dans son sommeil sur un ton implorant. Conscient de cette habitude, il avait averti Carlin. Il savait qu’elle ne jugerait probablement pas un rêve dans lequel il appelait Eurybia. Mais il voulait qu’elle sache. Ca n’était en rien de la culpabilité face à leur relation naissante, ou une inconsciente volonté de comparer les deux femmes. C’était seulement… cette période-là. Ainsi, s’il devenait involontairement un peu plus distant envers elle, Carlin saurait aussi qu’elle n’y était pour strictement rien.

Il avait aussi informé la belle bibliothécaire de cette tradition qu’il avait de faire rentrer les enfants le temps d’un week-end. McGonagall avait toujours compris. Et puis… franchement, il avait peut-être aussi un peu mis le don imprédictible des enfants comme une excuse. “C’est une période traumatisante qui réveille toujours des émotions négatives, à leur âge il est toujours complexe de gérer un tel don. Autant qu’ils soient avec moi, chez moi, où je peux les gérer et ne pas donner plus de travail à votre corps professoral”. Avouons-le, Minerva n’avait probablement pas envie de gérer un triple tsunami quand la simple solution de confier les enfants à leur père compétent et digne de confiance était apportée sur un plateau d’argent. C’était véritablement gagnant-gagnant et si Jayden savait largement bien assez se maîtriser, ce n'était pas le cas de Madison qui représentait toujours un certain risque. Alors, comme toujours, les enfants rentreraient, et Carlin ne viendrait pas ce weekend. Présenter sa petite-amie, le week-end de l’anniversaire de la mort de leur mère ? Erskin n’était pas l’homme le plus délicat, certes, mais là, même à ses yeux, ça semblait vraiment trop violent. Pourtant, la femme qui faisait de nouveau battre son coeur avait eut l’attention la plus délicate : elle avait préparé les repas et fait ses courses, probablement tant pour épargner Madison, que se doutant qu’Erskin accumulerait beaucoup trop de travail dans la semaine pour libérer tout son weekend. Ahh… c’était bien ce genre d’attention qui le faisait tomber un peu plus chaque jour sous son charme. En voyant les efforts de Carlin, il sourit, et pu s’octroyer aux tâches ménagères avec un peu moins de rush que d’habitude, ne manquant pas de remercier par hibou sa chère et tendre. Il avait même fini plus tôt, ce qui lui permit de pouvoir finaliser quelques papiers en attendant l’arrivée des enfants. Il s’était installé dans son petit bureau, au rez de chaussé, lorsque finalement, il entendit la voix de sa fille qui l’appelait. Ah ! Elle devait être arrivée.

Terminant sa phrase sur le parchemin, il lui indiqua être dans son bureau. Finalement, Madison déboula, mettant tout de suite sur le tapis le fait que le repas était près et les placards pleins. Erskin leva les yeux de son parchemin et se contenta de son éternel :

- Mmh.

Posant sa plume, il se leva et s’approcha d’elle pour venir la prendre dans ses bras. Entourant le corps fin de Madison de ses bras puissants, il la serra contre lui, posant son menton contre son crâne avec une véritable tendresse.

- Tu m’as manqué, lança-t-il finalement.

Même s’il la croisait parfois le jeudi à Poudlard, c’était différent. Là bas, il se devait de rester professionnel, pas un parent d’élève en visite.

Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Erskin profita un peu plus d’avoir Maddie contre lui. Il était loin, le temps où elle se jetait dans ses bras par peur du monstre sous son lit. Madison, comme ses deux frères, grandissait beaucoup trop vite à son goût.

- Tout va bien, et toi ?

Question peu innocente. Il savait bien que les souvenirs de Maddie étaient peu nombreux vis à vis de sa mère. Son seul souvenir demeurait sa mort et ce n’était pas vraiment le souvenir le plus délicat ou agréable.

Madison se sépara de lui, avant de finalement entamer les reproches : il n’était pas supposé travailler. Soit. Il avait été pris la main dans le sac. De plus, elle défendit qu’il aurait pu lui laisser ménage et repas. Erskin secoua légèrement la tête, affichant un léger rictus amusé.

- Ne t’en fais pas pour ça. C’est mon boulot de père.

…. Et puis il avait surtout eu l’aide de Carlin pour la nourriture. Mais ça, il ne savait pas encore comment en aborder la situation. Cela dit, si Madison avait remarqué que courses et repas avaient été faits, elle avait dû remarquer que ce n’était en rien ce que Erskin faisait habituellement. Le fait qu’il avait eu de l’aide était terriblement criant. Et Madison était loin d’être sourde. Erh. Parfois, c’était la poisse d’avoir des enfants intelligents. N’aurait il a pas pu avoir un enfant avec tout aussi peu de neurones que la fille aînée Yaxley ? Quoi que. Non. Il aurait sacrément perdu patience.

- Va pour un café, accepta-t-il. Il a du gâteau à la vanille avec si tu veux.

… Oui bon. Si Madison n’avait pas comprit qu’il y avait anguille sous roche, alors la, c’était carrément un panneau lumineux en pleine nuit. Mais soit.

Entraîné à la cuisine, il prit place sous les ordres de sa fille, un léger sourire amusé sur son visage face au côté autoritaire de la petite blonde qui savait parfaitement mener les trois hommes de la maison en faisant la moitié de leur taille ou carrure.

Alors que cette dernière préparait le café, elle s’enquit de l’arrivée de ses frères. Question somme toute légitime.

- Ils arriveront plus tard. J’ai récupéré Amond à Poudlard tout a l’heure, il est parti retrouver ses amis du village. Et ton frère nous rejoindra plus tard, il avec sa petite amie, je crois.

Il n’avait pas tout suivi, mais Jayden était largement assez grand et responsable. De plus il savait qu’il était attendu pour le dîner et serait donc a l’heure. Quand au benjamin de la famille, il ne risquait pas grand chose dans leur petit village moldu. Et puis, c’était toujours sympathique de le voir encore si bien s’entendre avec les gamins du village, même si ces derniers ne comprenaient pas pourquoi Am allait en pensionnat privé, et non pas a l’école locale.

- Je ne pensais pas te voir arriver si tout. Tout va bien ?

Père peut être un peu constipé émotionnellement mais il n’en était pourtant pas aveugle ou désintéressé. Il veillait bien plus sur ses progénitures qu’on pouvait le croire venant d’un père veuf.

Lorsque Maddie déposa finalement les deux tasses fumantes sur la table, Erskin en prise une, remerciant sa fille. D’un coup de baguette magique, il fit sortir d’un placard le gâteau à la vanille fait par Carlin. Toujours arme de sa baguette, il fait venir deux fourchettes et un couteau. Les instruments arrivés, il découpa deux parts et servit Maddie.

Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Mmmh. Comment dire que, Erskin doutait complètement des paroles de sa fille. Si Jayden pouvait plus facilement lui cacher ses sentiments, ça n’était pas le cas de Madison. Madison lui était trop semblable pour qu’il ne voit pas si facilement au travers de ses jolis yeux bleus. Mais allait-il lui dire ? Non. De toute manière, il aurait fallu être complètement stupide pour ne pas comprendre pourquoi Maddie n’allait pas si bien que ça. Alors, il resserra simplement son étreindre avec tendresse, lui montrant qu’il était là, qu’elle était en sécurité, là, en famille, chez elle.

Mais la tendresse ne dura pas et, rapidement, Madison lui fit ses habituels reproches. Des reproches pour lesquels Erskin fut aussi sensible que toujours : c’est à dire absolument pas.

- Non, ce n’est pas vraiment mon boulot. Ton boulot c’est me rendre fou, mais ne t’en fais pas, tu le fais toujours aussi bien, plaisanta-t-il comme toujours, sans le moindre sourire et de son ton parfaitement sérieux et détaché.

Merlin. Heureusement qu’avec le temps, ses enfants savaient déchiffrer son humour. Cela aurait été très très compliqué autrement. Pour autant, le jour où Madison ramènerait un petit ami à la maison (espérons jamais), Erskin n’hésiterait pas à en abuser.

Ainsi, la pause café s’imposait. Partageant un amour commun pour cette boisson vitale, père et fille s’installèrent. Si Madison questionna Erskin quant à ses frères, le Haut-Juge lui indiqua directement les agissements des deux garçons. La blondinette se permis néanmoins un certain commentaire sur la facilité avec laquelle Amond s’entendait avec les enfants du village.

- Il est encore jeune, répondit-il comme si cela était LA solution. Et puis, il n’a aucun mal à leur cacher qu’il est sorcier. Je ne sais même plus dans quelle partie du Royaume-Uni il leur a dit être en pension. Mh, cela dit, il faudrait que je lui demande, la mère d’un de ses amis m’en a parler, j’ai dû l’oublietter.

Oups. Mais bon… c’était l'avantage d’être un sorcier expérimenté et… un haut fonctionnaire. Avait-il le moindre mal à admettre cela à Madison ? Du tout. Elle aurait probablement cherché à en faire de même. A vrai dire… peut-être n’aurait-elle même pas répondu à cette femme. Ehhh ! Erskin serait-il moins taciturne que sa fille ? Oh, wow. Pauvre enfant, si tel était le cas.

Prenant une bouchée de son gâteau à la vanille, Erskin se délectait des talents de pâtissière de Carlin. Merlin… mais comment faisait-il avant qu’elle n’entre dans sa vie au juste ? Ah ! Oui. Uber Owl et plats tout prêts. Mh… Pourrait-il vraiment y revenir maintenant qu’il avait pris goût aux compétences culinaires de la rousse ? Probablement pas. Mais Madison, comme toujours, y vit extrêmement clairement. Mh, voilà ce qu’il gagnait à avoir fait des gamins intelligents et perspicaces.

- Mmh, me doutais que tu me demanderais, lâcha-t-il avant de prendre une gorgée de café. Une de mes amies, Carlin Evans, tu sais, la bibliothécaire ?, bref, elle sait que c’est un weekend plus compliqué et sait que vous venez, alors… quand elle a su ce que vous mangez habituellement, elle m’a qualifié de père indigne et a insisté pour faire le nécessaire.

Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Ainsi, le deuxième boulot de Maddie était de le rendre fou ? Mh. Oui. Soit. Néanmoins, Erskin n’avait jamais été très fier de tout ce que Madison devait faire dans la maison du point de vue alimentaire. C’était quelque chose qu’il n’avait jamais réussi à faire et sa fille avait été forcée de prendre les choses en main. Alors oui…. Il avait trois enfants en très bas âge à gérer, un deuil et un boulot sur le feu. Impossible de tout faire. Mais tout de même…

- T’es si têtue. Je me demande de qui tu tiens ça, lança-t-il avec ironie en sachant parfaitement qu’elle avait obtenu ce ma-gni-fique trait de caractère de nul autre que lui-même. Comme toujours Madison prenait le temps de prendre des nouvelles de ses frères.

Comme toujours, Maddie en venait à prendre des nouvelles de ses frères. Jayden avec Kath et Amond avec les gamins du village avec qui il restait en si bons termes. Ainsi, la conversation se tourna vers la faculté du benjamin à se sentir si connecté des moldus et Erskin à… avoir fini par devoir oublietté une des mères parce qu’il n’était pas en mesure de répondre à ses questions. Même si Erskin n’en avait jamais rien dit à Amond, il savait qu’il pouvait faire cet aveux à Madison. Elle ne le jugerait pas. Enfin… pas trop.

- J’ai fait au plus simple. Au moins, je ne me suis pas enfoncé. Et puis… honnêtement, ose me dire que tu as une grande patience à leur faire la conversation. Avec leurs petits sourires et leurs gloussements. (attention, moment absolument unique dans l’histoire des Walker, Erskin tenta d’imiter ledit gloussement sot de ces mères de famille avec un peu trop de temps entre leurs mains. L’imitation fut… étrangement remarquable, d’ailleurs). J’ai entendu l’une d’elle me qualifier de “DILF”. Tu sais ce que ça veut dire ? J’ai posé la question à ma secrétaire mais… elle a juste quitté mon bureau. C’est une insulte ?

Ce n’était pas comme si c’était un terme qu’il croisait dans tous les bouquins de droit. Il ignorait même si c’était une expression moldue ou sorcière. Si Maddie ignorait, il poserait probablement la question à Christopher Nott. Qui sait, il saurait peut-être, lui.

Mais voilà, le problème d’avoir fait des gosses intelligents c’est que… ils sont perspicaces. Et Maddie était loin très très loin d’être sotte. Elle avait immédiatement fait l’inventaire de la cuisine, prononçant des noms d’aliments qu’Erskin ne connaissait même pas. Merde. La prochaine fois, il faudrait qu’il demande des anti-sèches à Carlin. Alors, il avait admit et révélé l'identité de sa cuisinière, la qualifiant simplement “d’amie”. Oui parce que, si Erskin n’avait pas un grand tact, il en avait assez pour ne pas présenter sa nouvelle petit amie le jour de l’anniversaire de la mort de sa femme. Quand-même. Pourtant… Maddie lui répondit un “oh.” qui fit complètement paniquer le Haut-Juge. Quoi ? Avait-elle comprit ? Madison s’était fermée comme une huître. Lui en voulait-elle ? Peut-être… après tout… il n’avait toujours pas informé officiellement les enfants. Seul Jayden avait compris de lui même, mais tenait le secret pour respecter la volonté de son père de prendre son temps (probablement, parce que lui aussi, était un peu trop perspicace au goût d’Erskin). Pour autant… le père de famille ne sut pas quoi dire ou quoi faire à cet instant. Tout avouer ? Ou laisser Madison digérer ? Ce n’était pas comme s’il y avait un manuel sur comment faire…

Sauf que finalement… Madison reprit la parole, demandant à ce qu’il remercie Carlin et que ses bons petits plats changeraient des pizzas. Ah. Bon… réaction étrange. Mais qui était-il pour juger de cela ? Lui-même n’était pas la personne la plus… bon. Vous voyez. N’empêche qu’il était un peu pris de court sur ce coup là.

- Ah. Eh… bah oui, je peux oui. Elle sera contente de le savoir, j’imagine.

De toutes façons, lui aussi avait prit du poids avec la cuisine de Carlin il y a quelques temps. Heureusement, avec une bonne dose de sport… les preuves avaient été masquées. Cela dit, Madison sembla vouloir changer de sujet et Erskin en fut soulagé. Enfin… jusqu’à ce qu’il entende la demande de sa fille. La mention de la tombe de sa femme lui fit perdre toute notion de soulagement.

- Bien-sûr, accepta-t-il sans même prendre une seule seconde de réflexion, sachant la relation sacrée entre Maddie et Nova. J’ai fais venir ses fleurs préférées. Elles sont dans le garage.

Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Erskin adressa un clin d'œil à sa fille, lorsqu’elle rejoignit son humour. Au moins une personne qui partageait ce sens de l’humour (probablement obtenu avec un entêtement légendaire).

Alors que Madison déplorait le manque de simplicité qu’était cette solution. Erskin haussa les épaules.

- C’est vrai que j’aurais pu aussi la tuer et cacher son corps dans notre cave. Ca aurait été plus simple.

Humour de nouveau, mais nul doute que Maddie saurait que son père plaisante. La seule personne qui pourrait finir dans leur cave serait probablement le futur petit ami de la demoiselle.

Finalement, Erskin en arriva à discuter d’une chose qui avait intrigué ses méninges : un adjectif, utilisé pour le décrire, qu’il ne connaissait pas. Ainsi, il avait posé la question à sa chère fille qui ne sembla pas plus avancée.

- Mmh… lâcha-t-il à son tour. Peut-être une expression moldue, alors. On verra.

Sauf que, alors qu’il buvait paisiblement son café tout en savourant ce merveilleux gâteau à la vanille de Carlin (et Merlin il faudrait qu’elle arrête de le nourrir comme ça), Maddie parla de sa mère, demandant si on pouvait emmener la jumeau sur la tombe, ce qui ne semblait pas être un problème. Et puis… si un moldu disait quelque chose, pouf, oubliette. Pourtant, Maddie avait quelque chose d’autre qui la tracassait. Quelque chose de bien plus profond qu’une simple visite au cimetière. Voyant combien sa fille était troublé, Erskin se leva, et vint se poster à coté d’elle, enroulant ses bras autour d’elle, d’un geste réconfortant et protecteur.

- La voix… c’est la première chose qu’on oublie. Moi non plus… je ne me souviens plus de sa voix.

Difficile, mais vrai. Il la reconnaîtrait s’il lentendait dans le souvenir d’une pensine, mais… comme ça, tel quel ? Non.

- Oublier ne veut pas dire ne pas aimer. Je sais que tu l’aimes, elle le sait. Et toi aussi. Tu es étais si jeune quand c’est arrivé, c’est normal. Tu sais… j’ai aussi du mal, parfois à me souvenir de ma mère. Est-ce que ça veut dire que je ne l’aime pas ? Non. Je suis sûr que tu l’aurais adoré. Enfin… elle t’aurait adoré. J’en suis sûr. C’est juste… le cours de la vie. Tu te constitue, toi. Et tu avances. C’est normal et tu ne dois pas t’en sentir coupable.

Il se pencha, embrassant son front.

- Moi, j’ai plein de souvenirs d’elle parce que je l’ai connu si longtemps, et bien plus âgé que tu ne l’es. Et si tu veux… je peux t’en parler, encore, encore et encore.

Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Et puis… Maddie lui déconseilla la cave, prétextant y avoir déjà empilé quelques Serpentards.

- Mh, c’est donc ça l’odeur… répondit-il, comprenant sans le moindre mal l’humour de sa fille.

Il secoua légèrement la tête, amusé par la facilité de discussion avec sa fille et surtout, ce même sens de l’humour sarcastique, un peu sombre sur les bords. Il pouvait totalement imaginer Carlin, au milieu d’une telle conversation, à enchaîner les lèvement d’yeux au ciel.

Mais au moins, Maddie essayait véritablement de l’aider à comprendre ce qu’était un DILF. Elle n’était pas plus avancée que lui, ce qui le ressurant au moins un peu.

- Mmh… je demanderai à Christopher Nott du coup. Ou… Kathleen. Ca doit être quelque chose qu’elle doit savoir…

Le langage de vieux, tout ça tout ça… Hensley devait connaître. Probablement au prix d’une bonne rigolade à son encontre, mais bon. Au moins, il serait un peu plus avancé et pourrait tout autant éduquer sa fille sur cette mystérieuse expression.

Mais outre cette question, des questions bien plus importantes arrivèrent. Des questions qui semblaient torturer Maddie, à juste titre… la perte d’un parent était toujours quelque chose de déchirant, même bien des années plus tard.

- Ta grand-mère ? Mh, tu l’aurais adorée. Une femme forte, qui savait ce qu’elle voulait. Elle essayait toujours de comprendre ce qui l’entourait.

Mais ce n’était pas vraiment ce qui intéressait Maddie. La véritable question arriva ensuite. Pouvait-il lui parler d’Eurybia ? Bien-sûr. Il hocha la tête. Il aurait aimé pouvoir lui monter des photos, mais tout était perdu dans l’incendie. Le peu qu’il avait, était maigre. Elegius lui avait donné une photo de leur mariage, qu’il avait chez lui. Les parents d’Eurybia lui avaient aussi donné quelques photos moldues. Mais tout le reste… tout était parti en fumée.

- Tu lui ressembles, mais surtout physiquement. Tu as ses yeux, sa chevelure. Tu as aussi sa taille, sa silhouette. Parfois, je dois admettre que quand je te vois, à Poudlard, j’ai l’impression de la revoir. Puis je remarque ton insigne rouge, et je réalise que c’est toi. Le reste… je dirais que Jay a son caractère. Ce coeur sur la main, cette capacité à vouloir aider, cette gentillesse, cette loyauté, ce besoin de protéger. Jay l’a eu. Amond… Amond un peu, à la différence qu’il est trop taciturne. Merlin, ta mère était bavarde. Mais… elle savait aussi toujours quoi dire et à qui.

Il réfléchi un instant, songeant à ce qui pouvait intéresser Maddie.

- Oh, et, elle avait cette capacité à encourager les gens. Elle était intelligente et travailleuse, mais elle n’a jamais été carriériste. Elle voulait un travail simple, sans trop de responsabilités, mais qui la rendait heureuse. Je suis pas sûre qu’être greffière était vraiment son job de rêve, mais elle s’en moquait. Elle aimait ses collègues, elle aimait assister aux procès… mais elle détestait être dans mon tribunal. D’aussi loin que je me souvienne, elle me poussait à gravir les échelons, m’en donnait la force, mais se refusait de le faire. A vrai dire… elle voulait être mère avant tout. Elle voulait une famille nombreuse. Elle parlait de six enfants et quitter son travail pour vous élever. Vous la rendiez heureuse. Quand elle vous regardait, elle avait ce sourire. Un sourire… qu’elle n’avait que pour vous.  Il y a une photo, dans mon bureau, que j’ai prise un soir où vous vous êtes tous les trois endormis contre elle sur le canapé. Elle souriait tellement… je garde un peu égoïstement cette photo dans mon bureau depuis.

Bon… et finalement, heureusement, parce que… s’il ne l’avait pas gardé à son bureau, au Ministère, cette photo aurait fini en cendres.

- Je sais qu’elle serait fière de toi. C’est certain. Elle m’aurait hurlé dessus à te faire faire du Quidditch et à battre des cognards, elle aurait eu peur que tu te blesses. Elle vous protégeait beaucoup. Parfois trop. Mais elle avait ce calme, cette sérénité rassurante. C’est grâce à elle que Jay a su aussi tôt contrôler ses émotions et donc son don.

Malheureusement, il n'avait jamais réussi à imiter sa femme. Difficile donc, d'apporter le même soutien à Maddie et Amond.

Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Un langage compris d’elle seule. Pas faux cette histoire. Se contentant donc d’un “mmmh”, de réponse, Erskin laissa ce sujet sombrer puisque de toute manière il y avait bien plus important actuellement : Maddie qui semblait avoir un gros coup de mou face à ce jour funeste. Et comment l’en blâmer ?

- Petite ? mmh… Je dirais que oui, dit-il en fronçant les sourcils, essayant de se remémorer. Pas loin de ta taille, oui. Sa mère l’était aussi. Alors… ça doit venir de là.

Oui parce que, si Maddie avait hérité de son humour, elle n’avait clairement pas hérité de sa taille. Pour Amond, encore difficile à dire s’il hériterait des gènes de sa mère ou de son père.

Erskin avait tenté alors de parler d’Eurybia, de partager des anecdotes pour rendre les souvenirs de Maddie un peu plus vivants puisqu’elle n’en disposait que de très peu. Trop, peu. Il avait fini par dire qu’elle détestait être dans son tribunal, ce qui avait attisé la curiosité d’Erskin.

- Elle disait que c’est parce qu’elle n’arrivait pas à rester sérieuse. Je n’ai jamais su si c’était positif ou négatif. C’est dommage, parce que c’était ma greffière préférée. Bon.. peut-être aussi parce que c’était ma femme. Mais je l’ai toujours trouvée plus efficace.

Bon, et probablement qu’avec le temps, les souvenirs s’étaient modifiés, embellis, pour choyer cette image. Une image d’une femme heureuse, joyeuse, orientée sur sa famille qui avait désiré bien plus d’enfants. Six. Un nombre que répéta Maddie. Erskin hocha doucement la tête.

- Mh, six oui. On était pas loin de considérer un quatrième. Elle les voulait rapprochés, pour que vous puissiez tous être proches les uns des autres.

Il lui avait aussi parlé de cette photo, qu’il avait égoïstement gardé et que Maddie voulait désormais voir. Une question parfaitement légitime. Il hocha doucement la tête, ne pouvant s’empêcher de se demander s’il ne devrait pas déplacer certaines photos peut-être un peu trop présentes pour que Carlin soit à l’aise. Les quelques photos d’Eurybia faisaient parti intégrante de cette maison et il n’avait jamais songé que cela puisse être compliqué à appréhender pour qui que ce soit.

- Je dois passer au Ministère demain matin pour une petite heure. Je la ramènerai.

Le visage de Madison lui fendait le cœur. Cette larme qui coulait… atroce à voir. Il ne pouvait rien y faire. Rien de ce qui était en son pouvoir ne pourrait arranger quoi que ce soit. Il soupira légèrement, compatissant à la peine de Maddie et glissa sa main dans la sienne, qu’il pressa avec tendresse, avant qu’elle ne lui demande si Eurybia aurait pu l’aider. Mh. Bonne question.

- Probablement. C’est difficile à savoir, Maddie. Avec des “et si” on peut refaire le monde. Je sais juste qu’elle t’aurait offert beaucoup beaucoup de tendresse pour t’aider à affronter ta peur.

Qui d’autre aurait eu autant de patience ? Danielle ? Oublions. Elegius ? Mh. Il avait bien des qualités, mais il ne voyait pas l’avocat être une si grande figure. Sebastian ? En tant que cousin, il aurait eu de bons conseils mais…. c’était différent. Il y avait la “fille” d’Elegius mais honnêtement, Erskin ne la connaissait pas tellement et, pour le coup, estimait que moins il en savait sur la raison pour laquelle il avait une fille tout à coup, mieux c’était. N’empêche que… dans ce groupe d’homme, c’était la première femme qui rejoignait Maddie. Mais justement, Maddie secouait la tête, affirmant ne pas être émotive. Erskin afficha un rictus avait de venir prendre sa fille dans ses bras.

- Nan, ne t’en excuse pas.

Il glissa sa main dans ses cheveux blonds, d’un geste protecteur, et embrassa son front.

- Ça va aller Maddie. Tu verras. Chacun à ses peurs, tu sais. Tu sauras les affronter, quand tu seras prête.

Il hésita un instant et fini tout de même par énoncer le fond de sa pensée :

- Tu sais, tu as une cousine maintenant. Elle est plutôt jeune. Tu as essayé de discuter avec elle de vos dons ?

Madison Walker & Erskin Walker

Domaine Walker, 4 mars 2023

Erskin n’avait visiblement jamais révélé à Maddie que sa mère avait voulu 6 enfants vu la surprise de la jeune blonde. Après tout… il y avait tant de choses à dire sur elle. Elle avait toujours été une femme extraordinaire, partie bien trop tôt. Elle avait voulu les enfants de manière rapprochés, pour qu’ils puissent être proches, et Maddie confirma qu’ils l’auraient été.

- Probablement, répondit-il pour varier un peu de l’habituel “mmh”.

De toutes manières, il avait une photo d’Eurybia, qu’il gardait un peu égoïstement dans son bureau mais qu’il promit de ramener puisqu’il devrait passer au Ministère. Oups. Ça lui avait échappé et évidemment, Madison protesta.

- Ce sera rapide, promis ! Juste… un papier qui doit arriver et qui a besoin de ma signature sans pouvoir attendre lundi, autrement on sera obligé de restituer un Mangemort au MACUSA et Potter aura ma tête d’avoir laissé filer un prisonnier de poids être extradé avant qu’il ait pu finir tout son interrogatoire.

Les aléas du métier, mais c’était comme ça.

Mais pour l’heure, ça n’était pas question. En effet, Madison portrait le chagrin de la mort de sa mère en ce funeste jour. Face à la peine de sa fille, Erskin s’était levé et était venu l’étreindre de manière tendre et protectrice, ne supportant pas la tristesse sur le visage d’aucun de ses enfants. La serrant contre lui, il regrettait quelque peu de lui avoir répondu avec honnêteté sur le fait qu’il n’était pas entièrement certain si Eurybia aurait réussi à entraîner Madison aussi bien que Jay. Peut-être avait-il manqué de tact sur ce point, peut-être aurait-il dû lui mentir… Dans un manque de tact encore plus égal, il parla de la peur de Madison. Une peur qui étonna la jeune femme. Elle le regarda avec surprise, visiblement étonné qu’il sache. Ah oui… il aurait peut-être pu dire les choses de manière plus délicate là aussi. Il hocha doucement la tête.

- Mmh, confirma-t-il.

Il glissa un index sur le front de Madison, remplaçant ainsi une de ses mèches blondes qui barrait son front.

- Je m’en suis longtemps douté. On vit au bord d’un lac et notre maison de vacances se trouve dans les fjord alors… disons que j’ai facilement aligner les choses. Surtout… une fois où tu était petite. Il faisait beau, mais il y avait beaucoup de courant ce jour là, tu refusais d’aller jouer avec ton frère au bord de la rivière, tu préférais rester avec moi, à l’intérieur. Tu t’es mise à pleurer et hurler quand Jay est venu te chercher. Je me suis douté que c’était pas par amour du code civil.

Enfin… ça aurait pu. Mais bon… Erskin manquait de tact. Il n’en était pas aveugle pour autant.

- J’ai jamais vraiment su comment t’aider… Inutile de te forcer et le psychomage de Poudlard de l’époque disait qu’il fallait te laisser approcher l’eau à ton rythme, sans brusquer.

Pour autant, peu de gamin avaient le don de pouvoir manipuler l’élément qui leur faisait peur. Mais Elegius avait adopté Adria et… elle aussi n’était pas la meilleure en maîtrise de l’eau, selon l’avocat.

- Je sais… soupira-t-il. Mais Elegius dit qu’elle a aussi des difficultés. Peut-être que vous pourriez en discuter. Et… enfin… Elegius a demandé à ce qu’on la traite comme un membre de la famille.

Bon, il n’était probablement pas supposé être entré dans le moindre détail mais de toutes manières, Maddie et Jay étaient bien trop perspicaces pour gober l’histoire officielle. Et puis franchement, Erskin n’avait aucune envie de mentir à ses gosses. Encore moins pour la gamine d’Alecto.