Une journée sans cours. J’aimerais bien pouvoir dire que ça m’empêchera de perdre des points ou d’avoir des heures de retenue mais ce n’est malheureusement pas le cas. Je sais que si les professeurs veulent me faire chier, ils le feront. Enfin de toute façon, je ne risque pas grand-chose aujourd’hui. C’est juste une animation organisée pour se détendre et moi je vais passer la journée avec Clarisse et notre père. J’aurais bien voulu que notre mère soit là aussi mais je sais que ma sœur et mon père ne s’entendent pas du tout avec elle. Ca serait un coup à gâcher la journée de tout le monde à cause de la tension qui régnerait. Personne n’a envie de passer une journée avec quelqu’un qu’il ne supporte pas.

Pendant qu’on récupère deux paquets pour les remplir de bonbons, notre père nous avertit déjà qu’il va piquer dans les nôtres. J’allais donner une réponse mais Clarisse me devance. Elle a raison. Si c’est pour se goinfrer de sucreries, il pouvait directement prendre un paquet pour lui. Enfin il a de la chance, les bonbons ne sont pas du tout mon truc. Ca lui a manqué de nous entendre râler pour le vol de bonbons mais moi c’est plutôt l’inverse en fait. C’est le fait d’en recevoir qui me fait râler en général. Je ricane et lui tends mon paquet.

- Avoue, tu m’as fait prendre un paquet en prétextant que c’était pour moi mais en vérité, c’est pour toi. Tiens, j’te passe le mien du coup.

Ca m’arrangerait même qu’il le prenne. Bref qu’il prenne ou non mon paquet, je me mets en marche avec eux tout en parlant un peu avec tous les deux. Ca commence par la bagarre que j’avais eu il y a quelques semaines et qui m’a value un séjour à l’infirmerie. Mon bras me fait encore mal par moment mais au moins il n’est plus en écharpe. C’est un progrès. Puis c’est à notre père de prendre la parole et de parler un peu de lui. Alors les rumeurs qui circulent à son sujet sont vraies ? Ca serait bien l’une des rares rumeurs qui soit réelle.

- C’est la meuf avec qui t’as couché et que tu disais que ça ne serait sans doute qu’un plan cul ?

Si c’est bien elle, j’avais raison. Finalement les films ne montrent pas que de la connerie. Par contre je ne m’attendais pas à ce qu’il nous sorte le nom de notre prof d’histoire de la magie. C’est avec elle alors qu’il a dérapé ? C’est d’elle qu’il me parlait le premier jour du cours particulier ? D’un côté ça me surprend. D’un autre côté, vu les regards qu’elle lui jette toujours dès qu’elle le croise, il fallait bien qu’elle lui fasse des avances un jour. C’est donc avec elle qu’il souhaite refaire sa vie ? Je sais que je lui ai dit que ça ne me dérangerait pas mais c’était avant de savoir que c’était avec elle. Je n’ai rien contre la prof en soit. Elle n’est pas toujours très intelligente mais sans plus. C’est surtout le fait que je ne supporte pas sa sœur. Refaire sa vie avec Erin Wheeler, ça veut dire qu’il faut accepter aussi sa frangine et ça, ça me dérange. Je n’aime pas Julia. J’ai l’impression qu’elle est devenue l’une des chouchous de mon père et ça ne me plaît pas.

Peu après sa révélation, il soupire, suivi par Clarisse. Alors que l’un soupire, c’est une chose. Mais si les deux le font à suivre, ça ne peut vouloir dire qu’une seule chose. Ma mère est dans les parages. Je regarde dans la même direction qu’eux et en effet, elle est là. Contrairement aux deux autres qui soupirent de désespoir, moi je vais directement à sa rencontre, le sourire aux lèvres.

- Tu viens aussi à la chasse aux bonbons ou t’es seulement de surveillance ?

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L’amante de mon père est donc la prof d’histoire de la magie ? Il y a bien des rumeurs qui circulent à leur sujet mais je ne pensais pas qu’elles seraient vraies. D’un autre côté, elle le regarde toujours comme si elle avait envie de le bouffer ou je ne sais quoi d’autre. Enfin ça confirme juste ce que je pensais quand il m’avait dit qu’elle n’était qu’un plan cul.

Après avoir entendu les deux membres de ma famille soupirer en voyant ma mère, je n’ai pas hésité à aller la voir. Ils la détestent mais pas moi. Elle a ses torts mais mon père aussi et même si j’ai très mal accepté leur divorce, je commence enfin à m’y faire. Alors maintenant j’ai seulement envie de pouvoir profiter d’un maximum de temps que je peux passer avec eux.

- Ouais j’suis venue avec eux mais j’voulais quand même venir te voir. Et papa nous parlait d’un truc qui lui arrive en ce moment et…

Et quand on parle du loup, le voilà qui arrive avec ma sœur. Ce qui est très surprenant vu que ni l’un, ni l’autre ne l’apprécie. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils arrivent et encore moins à ce que mon père parle calmement à ma mère. Ce n’est pas le cas de Clarisse par contre mais ça ne m’étonne pas. Elle est moins garce que moi avec les gens mais elle n’en a pas moins un caractère bien trempé.

- Sois cool Clarisse. Elle n’a rien fait de mal en venant ici et puis ça serait bien de pouvoir passer du temps en famille.

Mon père en profite pour piquer un bonbon dans mon paquet sans que je ne lui dise quoi que ce soit. Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas pris directement mon truc en sachant que je n’allais pas en manger. Peut-être pour le simple plaisir de me « piquer » de la bouffe. Et moi j’apprends encore des choses. Donc maman est déjà au courant de la relation entre les deux profs ? Bon ben je n’ai pas besoin de me retenir de lui parler de la nouvelle vie que se fait mon père.

- D’ailleurs tu viens avec nous, maman ? Ca serait sympa de passer une journée hors scolaire avec nous.

En plus papa a l’air de réussir à la tolérer et même si Clarisse s’est montrée hostile, elle n’a pas refusé net sa présence. Alors peut-être que ça ne dérangera pas tant que ça que j’invite maman à être avec nous pour cette journée.

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Bon. Je pense que c’est foutu pour la journée en famille. Clarisse est désagréable avec notre mère et papa n’a pas du tout l’air motivé à la tolérer. Maman a refusé ma demande. Okay donc c’est mort de chez mort. Dommage. Par contre il y a un sujet qui m’a titillée salement. Son...épaule ? Qu’est-ce qu’elle a son épaule ? Mon regard se tourne rapidement vers mon père, le fixant suspicieusement.

- Ton épaule ? Il s’est passé quoi ?

Il a intérêt à tout me dire parce que je ne vais pas lâcher l’affaire et il le sait. Il n’est pas question que je reste dans l’ignorance. Rien de grave ? Mon cul ! Il est encore en train d’essayer de minimiser les faits et la gravité de son état de santé. Je fronce un peu les sourcils en affichant une moue qui trahit le fond de ma pensée. Pas besoin d’être légilimens pour savoir que je ne vais pas me contenter de son explication idiote et en rester là. Il change même de sujet. Ca prouve qu’il a quelque chose à cacher.

- Ouais allons nous asseoir mais tu ne perds rien pour attendre.

Allons nous asseoir, le gaver de bonbons et lui faire subir un interrogatoire. Je suis donc mon père alors que Clarisse nous annonce qu’elle préfère s’en aller parce qu’elle a mal au ventre. Elle n’a pourtant pas mangé beaucoup de bonbons. Elle est dans sa période rouge peut-être. Je la salue tout de même en lui disant de prendre soin d’elle. J’irai la voir plus tard si elle se sent mieux. En attendant, je m’apprête à prendre la direction d’un banc mais à peine a-t-on amorcé le moindre geste, voilà qu’une prof d’histoire de la magie trébuche lamentablement sur un malheureux gobelet et elle perd tout ce qu’elle avait en main. Elle n’a pas l’air très dégourdie en dehors de ses cours… J’hausse un sourcil en jugeant carrément ce que je viens de voir et murmure à mon père.

- Rassure-moi, t’as pas prévu de lui faire des gosses ?

C’est vraiment avec ça qu’il couche et souhaite refaire sa vie ? J’espère vraiment qu’il n’a pas l’intention de la foutre en cloque parce que si le gosse est aussi débrouillard qu’elle, on n’est pas sorti de l’auberge. Je soupire un coup. J’ai dit à mon père que ça ne me dérangeait pas qu’il refasse sa vie et j’ai accepté l’idée que ce soit avec la prof d’histoire de la magie mais c’était avant de voir qu’elle est un peu tarte. Par pitié, dites-moi que cette maladresse n’était qu’un simple et pur hasard.

- Vous avez l’air troublée madame Wheeler. Mon père vous fait tant d’effet que ça ?

Un petit sourire sournois se dessine sur mes lèvres alors qu’une idée vient de me traverser l’esprit. Je pense qu’il est temps de m’amuser un peu à ses dépends. À mes risques et périls aussi car mon père ne va peut-être pas apprécier mais en même temps, il n’y a pas à s’en faire. Je suis certes une garce mais je vais encore être gentille là. Enfin...autant que je le peux.

- Etiez-vous en train de l’imaginer nu, contre vous, ou sur vous, dans un lit douillet ? Vous oseriez avoir ce genre de pensée obscène alors qu’il est en présence de sa famille ? Faites attention, on pourrait penser que vous êtes dépravée.

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Mon père minimise encore la gravité de son état de santé. Il a apparemment été blessé à l’épaule et il fait comme si tout allait bien. Il sait cependant que je reviendrai à la charge tôt ou tard. En attendant, il faut qu’on se trouve une place libre. Enfin deux places seulement puisque ma mère ne nous accompagne pas et que ma sœur préfère aller se reposer. Tu parles d’une journée. Ca commençait vraiment bien et maintenant c’est beaucoup moins familial. Enfin j’imagine que je peux considérer ça comme une journée privilégiée pour moi. Ou pas. Voilà maintenant que madame Wheeler s’incruste à sa manière avec une chute lamentable.

Pour le coup, je n’ai pas pu m’empêcher de murmurer un commentaire à mon père. Une remarque qui ne lui plaît évidemment pas. Le contraire m’aurait étonnée… Je suis pourtant en droit de me poser des questions parce que sa chère et tendre professeure n’est pas très dégourdie en dehors de ses cours. Sérieusement. Trébucher sur un gobelet c’est déjà pathétique mais alors se torcher la gueule juste à cause de ça… Bref.

Pendant que mon père l’aide à se relever, je décide de taquiner sa petite-amie. Rien de bien méchant. Du moins, ça ne l’est pas à mes yeux. Je veux juste m’amuser à ses dépends. Alors j’ai utilisé leur relation pour la perturber et le résultat est encore mieux que je ne l’espérais. Elle a piqué un fard qui la trahit affreusement. Ca confirme ce que je pensais. Mon père l’a troublée et elle a eu des idées obscènes à son encontre. Perverse. Ca m’a value plusieurs réprimandes de mon père mais ça en a valu la peine.

- Ca va, je posais juste quelques questions sans méchanceté. Pas la peine de monter sur tes grands chevaux…

Et pas la peine de me menacer de nettoyer notre baraque pleine de poussière non plus. Je suis une sorcière, pas une bonniche, ni une elfe de maison. Et regardez-moi ça. Madame Wheeler tente d’avoir de l’autorité. C’en est presque mignon.

- Vous savez très bien que le respect je le bouffe tous les matins avant de venir en cours…

Et en plus je ne fais pas de favoritisme. Mon père m’a déjà réprimandée plusieurs fois en cours. Il m’a même retirée des points, balancée des retenues, refourguée des punitions diverses et variées. Alors ils ne peuvent pas dire que je suis irrespectueuse sous prétexte que je ne l’aime pas ou qu’elle tente de s’incruster dans la famille, ou que sais-je d’autre.

J’hausse un sourcil en fixant la professeure d’histoire de la magie qui reprend la parole. Auto-malédiction mise à part, elle sort pile la phrase clichée de toute idiote qui qui entretient une liaison avec un père de famille. J’affiche une petite moue blasée en détournant le regard et soupire.

- Je l’ai déjà dit à mon père, il fait ce qu’il veut. Moi je m’en fous tant que ça le rend heureux.

Je la regarde à nouveau en face, cette fois bien plus sérieuse.

- Par contre je vous avertis d’avance, si vous lui brisez le coeur, prof ou pas prof, je ferai de votre vie un enfer. Croyez-moi ce que je fais vivre à tous ces crétins d’élèves n’est rien comparé à ce que je peux encore faire.

La menace n’est peut-être pas une bonne idée devant mon père mais en même temps, je ne la mettrai à exécution que si cette femme le rend malheureux. C’est plutôt une bonne chose pour lui. J’ai certes menacé sa petite-amie mais c’est dans un désir de protection.

- Non merci, je n’ai pas soif.

Et c’est vrai. Ce n’est pas de la mauvaise foi. Je regarde ensuite mon père et lui tends mon paquet de bonbons en parlant calmement.

- Tu les veux ? Je les mange jamais et toi ça t’évitera de « piquer ». T’auras qu’à les manger avec la prof. T’en fais pas, je ne te les refiles pas pour un éventuel départ, je reste avec toi. Je ne veux juste pas gaspiller la nourriture alors autant que je te les donne vu que toi tu les manges.

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C’est drôle de voir un prof faire sa loi en classe mais galérer à mort pour se faire respecter en dehors des cours. Elle en devient presque mignonne quand elle me réprimande devant mon père. Je suis sûre que c’est uniquement pour paraître crédible devant mon père. Dommage pour elle, moi je n’ai pas besoin de ça pour être redoutable. La preuve, je la menace sans la moindre gêne alors que je ne suis encore qu’une adolescente et qu’elle sort avec mon père. Je lui fais même clairement comprendre que je peux transformer sa vie en enfer si je le décide. Ca me vaut tout de même un signe de mon père mais bon.

Erin me répond et m’assure qu’elle ne fera rien qui ne rende mon père malheureux. Mouais. J’attends de la voir à l’oeuvre pour y croire. De toute façon elle sait désormais ce qu’il se passera si elle le fait souffrir. Elle propose ensuite un café mais manque de bol pour elle, moi je n’ai pas soif et mon père ne semble pas avoir envie de boire non plus. Je refile ensuite le paquet de bonbons à mon père et le laisse partager avec sa chérie alors qu’on va s’asseoir sur le banc.

C’est à ce moment-là que mon père me parle de la fête de noël et propose de la faire ensemble. Enfin...Clarisse, lui, moi et sa nouvelle copine. Et c’est quoi ce léchage de bottes qu’elle me fait là ? Ca donne tellement le message subliminal de « Je ne veux pas m’imposer mais accepte, tu seras mignonne. ». C’est très irritant.

- Voyez ça avec Clarisse. Moi je l’ai dit, je m’en fiche tant que mon père ne souffre pas.

Je n’ai pas spécialement envie de passer noël avec un prof mais je sais aussi la tête que fera mon père si je refuse et je n’ai pas envie de revoir ce genre d’expression sur lui. Je ne veux pas me retrouver à ne pas savoir comment réagir face à lui.

- Du coup pour répondre à ta question papa, je ne passe pas noël chez maman cette année donc ça serait cool si on passe les fêtes ensemble.

À voir du coup si la prof s’ajoutera à la liste des personnes présentes ou si elle sera absente. On verra plus tard. En attendant, je dois dire au revoir à mon père qui me laisse seule avec Erin. Super. Il fuit comme un lâche. Et moi je fais quoi du coup maintenant ? Il veut que je sois gentille avec sa chère et tendre sauf qu’il sait que cette option n’existe que lorsque je veux obtenir quelque chose.

- J’aime le gâteau aux pommes.

Oui, j’ai totalement ignoré la partie sur le tutoiement parce que même si elle, elle peut me tutoyer facilement, ce n’est pas mon cas. J’aime être tutoyée. Ca ne me donne pas l’impression d’être une vieille dame. Par contre je ne peux pas en faire de même avec elle. Si je la tutoie, c’est comme si je la considérais comme autre chose qu’une prof, comme si elle était mon amie et ce n’est clairement pas le cas.

- Si vous voulez une valeur sûre, prenez la dinde ou quelque chose qui se marie bien avec. Connaissant mon père il oubliera sûrement des trucs. Et si vous souhaitez vraiment prendre un dessert, on n'est pas difficile en général alors n'importe quoi fera l'affaire. Evitez juste que ce soit trop sucré, j'ai du mal avec ça.

Le gâteau aux pommes est ma limite parce que je prends les faits maison et que généralement ce le seul sucre qui domine dedans, c'est celui provenant du fruit. Et la cannelle. Bref beaucoup moins sucré que les bonbons.

Je discute encore un moment avec la prof, faisant l’effort de rester plus ou moins sympa avec elle pour faire plaisir à mon père. Puis vient le moment pour moi de devoir quitter Erin. La soirée approche et il faut que j’aille me préparer. Je ne vais quand même pas aller à une soirée d’halloween en robe de sorcière. Je dois me mettre sur mon trente-et-un tout de même.

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