La réponse à sa question avait été particulièrement claire. J’avais aimé. Plus qu’aimé. Beaucoup plus. Je n’avais jamais ressenti tel plaisir et… Non. Vraiment. Je n’aurais pas pu davantage aimer. Enfin. Si. Il y avait une façon d’aimer davantage. Mais… Je n’en avais pas été capable. Pris de court par mon plaisir, je n’avais pas pu l’étreindre comme je l’aurais voulu. Malheureusement. Mais malgré tout, pour moi, cela avait été parfait. Je ne pouvais pas dire le contraire.

Mais lui ?... C’était là ma question, ma principale peur. Lui. Allait-il bien ? Oui. Du moins était-ce ce qu’il disait. Juste ce qu’il disait. Et… Était-ce vrai ? Je l’espérais. Je lui faisais confiance mais… Je craignais malgré tout qu’il ne veuille pas me faire peur ou… A vrai dire, je n’en savais rien. Mais je craignais. Vraiment. Du moins jusqu’à ce qu’il ne me demande à recommencer. Clignant des yeux, je l’observai quelque peu interdit. Il… Il le désirait réellement ? Enfin… Un instant, je me demandai si cela n’était pas seulement pour moi qu’il le demandait mais… Lèvres entrouvertes, prêt à lui poser la question, à m’assurer de son réel désir, il reprit parole avant moi.

- Tu as demandé à Mara ? Soufflai-je à mi-voix.

C’était tant mieux. Vraiment… S’il savait, si Mara le lui avait dit… Il ne s’était pas trompé avec moi alors… Alors j’étais presque sûr que l’on pouvait lui faire confiance sur tout le reste. Notamment sur cela. En le refaisant, cela finirait par être plus agréable pour lui… D’accord… Alors… Je… Il aurait été mentir, complètement mentir, que de dire que je n’en avais pas envie. J’en avais… Vraiment envie. Bien trop pour que cela soit sain, pour que cela soit normal à mon sens. Il me semblait avoir ouvert la boîte de Pandore, celle qui provoquait en moi une étincelle presque perverse face à son corps dont j’étais vraisemblablement devenu accro… Quoique… N’était-ce pas déjà le cas avant… Je n’arrivais même plus à le savoir tant l’idée de le posséder à nouveau m’obsédait à cet instant.
Caressant sa joue rouge, tentant d’être rassurant alors même que je me sentais affreusement pervers et gêné, j’esquissai un sourire, doucement, l’embrassant avec toute la tendresse que je pouvais posséder pour lui.

- Je veux juste que tu aimes ce que l’on fait… Murmurai-je contre ses lèvres. Moi… J’ai envie de toi… Murmurai-je. C’est encore pire maintenant. Car il fallait l’admettre, l’avouer. Alors… Je peux recommencer autant de fois que tu le veux…

Car malgré tout, je voulais qu’il le désire, je voulais qu’il m’arrête s’il ne voulait pas et… Il savait dire non. Il me l’avait assez répété. Bien sûr. Et d’ailleurs, malgré l’effort surhumain que cela demandait, ne lui demandai-je pas de me promettre de m’arrêter si quelque chose n’allait pas. Certes, mes paroles le signifiaient mais… Au moins ne le dis-je pas directement. Un grand pas en avant avait été fait. Pire… Aux mots se mêlèrent les gestes alors que de tendresse, mes baisers se muèrent en passion, une passion grandissante qui m’entraîna de nouveau sur lui, en lui. Cela se passa-t-il mieux que la première fois ? Non. Enfin. Un peu. Je tins quatre secondes de plus. Belle amélioration pour celui qui s’effondra de nouveau trop rapidement, non sans l’oublier, non sans le briser autant que je le pus malgré tout.

Là, essoufflé, épuisé et vidé, je l’attirai de nouveau à moi, glissant une jambe tremblante entre les siennes pour le serrer dans mes bras.

- Il va me falloir du temps… Soufflai-je la voix rauque du plaisir sans conteste que j’avais à nouveau pris contre lui. Je suis… J’ai soif…

Un léger rire réussit à se faire entendre alors que j’enfouis mon nez dans son cou, un sourire au visage. J’étais heureux. A cet instant, tout ce qui avait composé ma peine, ma colère et mes angoisses avait disparu. J’étais… Bien. Contre lui, tout me semblait facile. Mika avait cette capacité à me faire oublier la réalité, cette réalité que je détestais, pour la remplacer par une vie rêvée, douce et calme comme je le désirais profondément. Une vie qui me fit malgré tout légèrement grimacé, me souvenant d’une chose soudainement.

- Je crois… Enfin… Je t’ai kidnappé… Tes parents vont m’en vouloir. Murmurai-je, parsemant son cou de baisers. Et je ne vais pas oser les regarder dans les yeux… Pas après ce que l’on avait fait, pas après avoir pris l’innocence de leur fils…

- Tu as bien fait… Soufflai-je pour toute réponse.

En un sens, cela me rassurait. Il savait. Mara avait dû être aussi clair qu’avec moi, je n’en doutais pas tant il avait réussi à me faire comprendre les choses, à me les indiquer sans que je n’oublie la moindre chose. Alors… Tant mieux. Vraiment. Tant mieux. Et si j’étais malgré tout angoissé, si je craignais qu’il puisse ne pas aimer, qu’il puisse avoir mal… J’avais envie de recommencer. Seulement s’il en avait vraiment encore envie.
J’avais pourtant tenté de ne pas dire les choses, de ne pas lui poser directement la question mais il me connaissait visiblement un peu trop bien pour ne pas comprendre ce que je désirais savoir, ce dont j’avais peur et… Evidemment, il me rassura. Encore. Comme toujours. Et cela avant de m’embrasser, avant que je ne sois sûr de lui, de ce qu’il désirait.

Rassuré, nous avions recommencé et… Ce n’était toujours pas vraiment glorieux, pas vraiment une grande réussite mais… Il y avait eu quelque chose. Je… Je l’avais entendu, je l’avais senti. Bien assez pour que mon esprit autant que mon corps s’arrêtent, se figent dans l’instant. Il avait réagi. Et il m’avait fait réagir. Trop, encore une fois, car je m’étais à nouveau brisé en lui rapidement.
Non sans prendre soin de lui, de son plaisir jusqu’au bout, j’avais ainsi fini par l’attirer à moi, par le serrer dans mes bras, plus heureux que jamais mais surtout… Epuisé. J’avais besoin de temps pour m’en remettre et surtout d’eau. De beaucoup d’eau. De l’eau qu’il y avait visiblement dans sa chambre… Loin. Trop loin de moi. J’étais trop épuisé, trop confortablement installé pour bouger et je voulais, de toutes les manières, rester avec lui, contre lui, prendre soin de lui de toutes les manières que ce soit, cela passant par la tendresse que je lui démontrais à cet instant, ma main caressant son corps, lentement, comme pour tenter d’apaiser le feu qui nous avait pris. Ne restait donc plus qu’une solution : ma baguette. Trop loin aussi… Evidemment. Soupirant, j’avais alors tourné la tête vers le bureau pour user d’un sort aussi informulé que sans baguette et… J’étais épuisé. Bien plus, même, que je ne le voyais car si une bouteille d’eau se dirigea effectivement vers nous, ce ne fut certainement pas avec la vitesse et la précision habituelle. Je la ratai même de peu alors qu’elle tombait à quelques centimètres de ma tête, me surprenant avant que je ne mette doucement à rire, soupirant.

- Pas de magie dans cet état. Soufflai-je, reprenant la bouteille dans ma main pour en vider une bonne partie avant de la tendre à Mika. Tu en veux ?

Il allait en avoir besoin pour reprendre des forces, pour nous permettre de bouger mais… Pas maintenant, alors que je me trouvai là, bien, contre lui. Non. Certainement pas maintenant. Plus tard. Je l’avais donc définitivement kidnappé… Qu’allaient dire ses parents alors qu’il les avait à peine vus ? Ils… Ils allaient savoir, enfin… Deviner que nous avions… Et… Non. Je n’arriverais plus à les regarder dans les yeux. Vraiment plus. Mais ils savaient que c’était dur…

- Et tu l’es ? Demandai-je alors doucement, déposant un baiser sur ses lèvres.

Etait-il heureux ? A vrai dire, j’en doutais peu mais… S’il y avait le moindre risque que cela ne soit pas le cas ou qu’il lui manque, surtout, quelque chose alors il fallait que je le sache, que je fasse tout pour que son bonheur soit sans pareille.
Son père serait donc seulement insupportable et… Mes joues s’empourprèrent rapidement. Oui… Je n’avais pas vraiment… Disons… De mal à imaginer cela. Enfin. Bien plus son père nous posant des questions que sa mère l’étouffant… Mais ils ne m’en voudraient pas ou seulement si je le faisais pleurer, ce qui m’arrachant une grimace alors que je me redressai légèrement pour l’observer d’un peu plus haut, pour lui sourire tendrement, caressant ses cheveux avec toute la tendresse que je pouvais avoir à son égard.

- Alors ils ne m’en voudront jamais. Murmurai-je, mes joues perdant légèrement leur couleur rouge. Je t’aime beaucoup trop pour te faire pleurer, enfin…

Je m’arrêtai. Je l’avais déjà fait pleurer. Plus d’une fois. Et…

- Ou ils vont déjà m’en vouloir ? Grimaçai-je avant de soupirer, me rallongeant près de lui pour le reprendre convenablement contre moi. En tout cas… Ton père m’a déjà montré de quoi il était capable. Avouai-je. Tout ce que tu as dans ta table de nuit… Il me l’a montré dès que je suis arrivé en me disant que… A nouveau, mes joues s’empourprèrent. En me disant que je pouvais lui poser des questions… Et… Enfin… C’était… Gênant. Enfin… Je n’imaginais pas que… Qu’il puisse parler comme ça… Ouvertement. Admis-je avant de relever la tête vers lui. D’ailleurs… Je n’ai pas regardé en détail mais… Tu as acheté combien de choses ? Soufflai-je.

Il fallait dire que j’avais rangé sa chambre de fond en comble, de quoi me détendre et m’occuper l’esprit la journée et, tombant sur des affaires bien rangées – contrairement au reste – j’avais rapidement tout refermé, du moins son armoire, pour l’oublier ou plutôt pour ne pas me focaliser là-dessus mais… Combien y en avait-il et… Rien que d’y penser je… Secouant la tête, je tentai de me sortir de l’esprit les quelques affaires que j’avais pu y voir. Non. Pas maintenant. Pas quand je n’avais même plus la force de bouger.

- Je n’en doute pas. Corrigeai-je. Je veux seulement être sûr que tu ne manques de rien pour que tout ça soit complet.

L’embrassant, je voulais être sûr de cela, être sûr qu’il était heureux et complètement heureux. Je l’aimais. Définitivement. Plus que tout. Plus que ma propre vie. Je me construisais avec lui et… C’était peut-être, sûrement d’ailleurs, trop mais… Mais c’était ainsi. Et je l’acceptais, je le voulais. Je refusais que cela change. J’avais besoin de lui, de sa présence, de son bonheur pour être heureux. Et c’était justement pour cela que jamais je ne le ferais pleurer. Jamais je ne le briserais autrement que par ma passion, par mon amour. Du moins… Je l’avais fait pleurer, à bien y réfléchir, et plus d’une fois… Mais… Mais ce n’était pas pareil, d’après lui. Cela ne comptait pas. Ce n’était pas vraiment de mon fait.

- Cela n’empêche que tu pleures… Murmurai-je malgré tout. Je déteste ça…

Mika était fait pour le soleil, pour être heureux et pour sourire. J’haïssais toute forme d’ombre sur son visage. J’haïssais le voir pleurer, le voir triste… Alors… Que cela compte ou non… Cela ne changeait rien.
Mais cela n’était pas le cas. Pas pour le moment. Bien au contraire. Son sourire ne détrompait pas, heureusement, quand bien même la gêne s’installa rapidement de mon côté. Oui… Son père avait été… Ouvert sur le sujet du sexe. Bien trop pour moi qui n’avait pas l’habitude de parler de ce genre de chose à quiconque et encore moins à des adultes.

- Sûrement… Répondis-je néanmoins, perplexe. Ce n’est pas… Vraiment une habitude chez moi. Mais cela n’allait pas être une surprise pour lui. Chez mes parents… Le sexe ne sert qu’à faire des enfants je crois… Et je suppose qu’il vaut mieux savoir se débrouiller tout seul…

Je n’imaginais pas une seconde mes parents me donner des conseils, même avec une femme. Cela serait d’ailleurs bien trop gênant pour qu’eux ou moi ne supportions cette conversation. Quant à donner des conseils avec un homme… Le monde avait le temps de tomber en ruine avant que cela n’arrive. Tout était définitivement différent ici. Mes repères aussi inexistants soient-ils, changeaient et… Il fallait que je m’adapte. Vraiment. Et visiblement assez vite pour ne pas mourir de honte face à son père…

Mais cette courte discussion à ce sujet m’avait rappelé une question. Rangeant sa chambre, j’avais fini par ouvrir son armoire et ce que j’avais pu y voir… Je ne l’avais certainement pas oublié, incapable de réellement passer à autre chose tant leur simple vu avait entraîné bien trop d’envie. Mais combien de choses avait-il donc pu acheter ? Je n’avais pas voulu fouiller, préférant respecter, malgré mon rangement au carré, son intimité mais… La question me démangeait. Et je ne fus pas déçu.
A mesure que Mika parlait, m’expliquait les choses qu’il avait pu trouver, mon regard se voilaient, mes lèvres s’entrouvrant tant de surprise face à tout cela que… Que d’une autre chose, une chose bien particulièrement que je sentais de nouveau monter en moi.

- Des petites oreilles… Avais-je répété presque absent, l’observant, figé.

Je ne pouvais pas m’empêcher de l’imaginer. Je n’arrivais pas à stopper mon esprit, mes envies de le voir dans ces tenues et… Des chaussettes hautes avec un t-shirt… C’était… S’imposant à moi, la dernière tenue qu’il avait mise me revint en tête. Cela et le sous-vêtement… Il en avait acheté un. Et un… Corset… A ces mots, je toussai, m’étouffai un instant avec ma propre salive que j’avalai très difficilement. Il… Il avait… Sans que je ne m’en rende réellement compte, ma main s’était mise à parcourir son corps, à le caresser, lentement, tendrement, jusqu’à ses cuisses, sans jamais le toucher réellement mais comme désirant s’imposer à lui.

- Un collier et des bandeaux ?... Soufflai-je, de plus en plus fébrile.

Qu’est-ce qu’il me prenait ? Pourquoi cette simple pensée, la simple idée de l’attacher, de le soumettre à un désir que nous partagions me mettait dans cet état ? Tentant de revenir à la réalité, toujours figé sur son visage devenu rouge, je tentai de réfléchir, de trouver quelque chose d’intelligent à dire, quelque chose qui n’aurait pas de rapport direct à cette image de l’homme que j’aimais en corset, les yeux bandés et attaché sous moi.

- De quelles couleurs, les bandeaux ?

Mieux valait repasser pour l’intelligence des propos… Mon esprit s’était visiblement échappé de mon corps et… Non. A vrai dire… Il était seulement occupé à autre chose… J’étais épuisé mais… C’était trop. Beaucoup trop. J’avais mis quelques instants supplémentaires à essayer désespérément de reprendre le cours de ma pensée. En vain. Mes lèvres fondirent sur les siennes, réduisant soudainement la distance entre nous et… Tout repris encore. J’étais épuisé. Vraiment. Mais je le voulais. Je n’arrivais pas à lui résister, à résister à mes pensées. A croire que le désir que je ressentais pour lui à cet instant m’aidait à ne plus ressentir la moindre fatigue… Trois fois… Pour la troisième fois, je le possédai alors, pour la troisième fois, je m’unis à lui, lui rappelant combien il était beau, combien je l’aimais. Et pour la troisième fois, je me brisais en lui. Fut-ce mon corps qui commençait à démontrer son épuisement ou seulement une sensation à laquelle je m’habituais malgré sa force inchangée ? Je n’en savais rien mais au moins pus-je tenir ou du moins tenir plus longtemps qu’avant. Et… Et je n’avais même plus la force d’y réfléchir. Plus la force de parler. Plus la force de bouger. J’avais atteint ma limite au point que mes bras avaient fini par céder au-dessus de Mika, que, freinant difficilement ma chute pour ne pas lui faire mal, je m’étais lové contre lui, le souffle coupé.

- Je vais mourir ici… Avais-je décrété, la voix enrouée par le plaisir autant que par l’épuisement général.

Lui qui voulait me faire vivre… Il me semblait que cela n’allait pas pouvoir être le cas longtemps… Pas dans ces conditions alors que mon corps entier devenait douloureux.

- Accio eau… Avais-je prononcé, espérant qu’un sort prononcé soit plus efficace qu’un sort silencieux. En vain. Rien ne se passa. Pitié… Dis moi que tu as encore de quoi boire et que je suis juste vidé de toutes mes forces… Car dans le cas contraire, j’allais devoir en chercher avant de mourir de déshydratation. Quoique... Dans tous les cas, j'allais devoir me lever à ce rythme.

Le sexe était bien… Difficile de rétorquer quoique ce soit, à vrai dire. J’aimais ça. J’adorais ça dans ses bras, avec lui. Inutile de nier. J’étais bien trop réactif, bien trop désireux de sa personne pour dire le contraire quoique mes joues, à ses mots, s’étaient teintées de rouge, encore peu habituée à tant de direct à ce sujet.
Je n’étais pourtant pas au bout de mes surprises. Bien au contraire. Ses achats étaient… Je ne trouvais plus les mots. A vrai dire, je ne trouvais plus grand-chose à cet instant. Mon cerveau me semblait plus vide que Poudlard pendant l’été. Je ne réfléchissais plus, ne faisant que répéter ce qu’il me disait, sans même être conscient de mes mots. Et ce fut pire, encore, lorsqu’il me parla, lorsqu’il m’expliqua ce que la vendeuse lui avait conseillé. Des bandeaux et un collier… En cuir et… Et une image s’imposa à moi. Une image… Particulière. Particulièrement perturbante aussi. Une image qui me plaisait bien plus que je n’aurais pu l’imaginer. Je tentai pourtant, désespérément, de changer d’idée, de revenir à la raison, à la réalité mais… Rien n’y faisait. Au contraire. Savoir la couleur n’entraîna qu’une image encore plus claire dans mon esprit. Et cette image entraîna une action.



- Hae… Murmurai-je ainsi, la tête posée sur son torse, la voix rauque du plaisir que j’avais pris, qui me faisait encore vibrer. Je… Je ne veux plus jamais bouger…

C’était parfait. Là. Comme ça. C’était juste parfait. Plus rien n’existait, plus rien n’avait d’importance. Seulement lui, seulement nous. Je l’aimais. Plus que tout. Si j’avais imaginé, avant, être amoureux, ressentir la moindre attirance face à quelqu’un… Ce n’était rien face à ce que me faisait ressentir Mika. Rien comparé à tout ce que j’avais ressenti jusque-là, dans ma vie.
Et ainsi restai-je immobile, silencieux, épuisé jusqu’à ce que mon esprit ne puisse davantage lutter et que je ne m’endorme sur lui.

Pour la première fois depuis trop longtemps, depuis notre dernière nuit, à vrai dire, je n’avais pas bougé, à peine rêvé même. J’étais resté paisible sur lui, le serrant instinctivement dans mes bras au cours de la nuit. Il était là, il était véritablement là et cela m’apaisait, autant que nous nous étions épuisés ensemble. Plus, j’avais dormi longtemps. Seuls le soleil avait fini par me réveiller, par m’obliger à ouvrir un œil puis l’autre, difficilement.

Grimaçant face à l’inévitable, je serrai d’autant le corps de Mika entre mes bras. J’étais toujours aussi bien, aussi serein… Et un sourire s’afficha enfin sur mon visage, me rappelant la soirée, me rappelant où j’étais et surtout sentant son souffle près de moi. J’étais avec lui…

Il me fallut quelques longues minutes pour réussir à me décoller de son corps, pour quitter le lit, rangeant rapidement le bazar que nous avions mis dans sa chambre au carré avant de me rasseoir, uniquement rhabillé d’un boxer. Le regard posé sur lui, tendre, j’avais soupiré, caressant lentement ses cheveux avant que ma gorge particulièrement douloureuse ne me rappelle à l’ordre.

- Accio coca… Murmurai-je la voix enrouée.

Il en avait effectivement et si cela n’était pas l’idéal… J’admettais avoir quelques réticences à me montrer devant ses parents sans avoir envie de me cacher dans un coin. D’autant que je ne saurais pas vraiment me débrouiller pour trouver de l’eau alors… Nous allions nous contenter de cela. Ce ne fut que lorsque le sorcier commença à se réveiller que je me retournai vers lui, me rallongeant à ses côtés pour caresser ses côtes, le regard doux posé sur lui.

- Hey… Soufflai-je. Tu as bien dormi ?... Tu as besoin de quelques choses ? J’espérais plus ou moins que non, à vrai dire, du moins si cela m’obligeait à sortir seul de cette chambre…

Me réveiller à ses côtés était peut-être l’un des meilleurs moments de la journée depuis que nous partagions le même lit. J’aimais sa façon de se réveiller, j’aimais sa voix matinale, et même son cerveau encore en arrêt. Sûrement l’amour que je lui portais rendait les choses bien différentes de la réalité mais… J’aimais cela, et c’était le plus important. Il n’avait d’ailleurs pas répondu à ma question. Cela ne m’étonnait pas vraiment. Mika mettait toujours bien plus de temps que moi pour émerger. Il me répondrait plus tard, je ne m’inquiétais pas vraiment.
A vrai dire, j’avais d’autres priorités alors que ma main s’activait doucement sur lui, que je le couvrais d’attention pour rendre ce matin encore plus doux que je ne le trouvais. Et enfin, il s’étira. Esquissant un sourire à son baiser, répondant à ses lèvres, je l’avais laissé se lever avec une légère frustration de le voir s’échapper de mes bras. Mais il fallait que nous bougions… Malheureusement.

Me redressant à sa suite, je l’avais alors observé sans trop bougé jusqu’à ce qu’il ne s’accroupisse. Inquiet alors qu’il se massait le bas du dos, j’avortai néanmoins le mouvement pour le rejoindre afin de lui laisser un peu plus d’espace, de liberté. Il avait mal et… A vrai dire, je m’en voulais, malgré tout. Du moins… Je ne pouvais décemment pas regretter ce qu’il s’était passé, bien au contraire, l’envie de recommencer encore et encore était tenace mais… Il souffrait ou au moins… Il était assez gêné pour que le mouvement lui soit pénible alors… Sourcils froncés, je l’avais observé sans un mot, sans un mouvement jusqu’à ce qu’il ne se rallonge sur le lit. Il avait faim… Mais bouger comme ça serait la porte ouverte aux commentaires de son père qui… Oui. J’avouais que je préférais ne pas trop les entendre au risque de ne plus jamais savoir où me mettre. Mais quand bien même je ne le préférais pas, Mika ne pourrait pas bouger et… Hein ? Moi ?

Clignant des yeux, je l’observai alors. Il n’avait toujours pas répondu mais me reposait la question ? Soupirant malgré tout, un très léger sourire aux lèvres alors que je ne pouvais nier que la nuit avait été parfaite, j’hochai la tête, doucement.

- Plus que bien, même. Murmurai-je doucement. Les nuits dans tes bras m’avaient manqué…

Et plus que cela, j’en avais eu besoin. Et j’en aurais encore besoin d’une centaine pour ne plus me sentir fatigué comme je pouvais l’être. Mais cette nuit là avait été un bon début. C’était certain.

- Moi aussi. Avais-je alors répondu, de but en blanc, à ses mots. Me penchant vers lui, je caressai lentement les cheveux, déposant un baiser sur ses lèvres avant de soupirer. Tourne toi…

Je n’étais pas bien sûr de ce que je pouvais faire, ni même sûr de s’il fallait le faire mais… Il fallait au moins essayer. L’embrassant à nouveau, je le poussai ainsi doucement sur le ventre pour m’installer au-dessus de lui, soulevant ses hauts et baissant ses bas, ce fut un massage que je tentai de lui offrir. Je n’étais pas vraiment très adroit dans mes gestes, pas vraiment certain de ce que je faisais mais si cela pouvait l’aider… Après tout, il s’était lui-même comme massé le dos alors… Peut-être pouvais-je le faire moi, peut-être pouvais-je le détendre…

- Désolé de t’avoir fait mal… Murmurai-je malgré toi, presque à moi-même, sachant pertinemment ce qu’il allait me rétorquer.

Je n’étais pas idiote et surtout je finissais par le connaître mais… C’était plus fort que moi. J’aurais tant voulu qu’il n’ait jamais mal, et surtout par d’un fait qui faisait autant de bien. Mais je savais cela impossible. Je le savais mais… Je ne l’acceptais pas.

De longues minutes, je l’avais ainsi massé, autant que je le pouvais, me fiant à ses réactions, à ses mots pour savoir plus ou moins quoi faire. Et enfin, je quittai son dos, m’asseyant en tailleur à côté de lui, non sans l’avoir rhabillé convenablement.

- Ca va un peu mieux ? M’enquis-je, l’inquiétude présente dans ma voix. Tu veux que je continue ? Ou… Enfin… Dis moi si tu as besoin de quelque chose ou… Ou si tu veux que j’aille te chercher à manger. Même si cela supposait faire face, seul, à ses parents.

Au moins cela lui faisait-il du bien. Tant mieux. C’était tout ce que je désirais. Lui faire du bien après lui avoir fait mal… Quoiqu’il ne semblât pas en accord avec ce fait… Je n’étais pas convaincu mais soit. J’avais alors continué mon massage jusqu’à ce que je vienne me rasseoir à ses côtés. Allait-il mieux ? C’était la question la plus importante. Le laissant s’assoir sur mes genoux, j’accueillis sa réflexion dans un sourire amusé, secouant doucement la tête.

- J’espère que mes mains sont plus agréables que celles de ton kiné. Soufflai-je en répondant à ses baisers.

Bien moins habiles, certes, il n’y avait rien à douter là-dessus, mais au moins aussi agréables tout de même. Après tout, je savais avoir les mains douces, ce n’était pas pour rien et… Mon esprit se bloqua. Encore. Comme souvent lorsque Mika jouait de la sorte. Traiter le feu par le feu ? Il… A nouveau, il me demanda clairement de lui faire l’amour et… A nouveau, je ne pus que céder à sa demande. Je n’avais pas envie de résister, pas envie de ne pas profiter de son corps, de lui, entièrement.

Il me semblait soudain que la nuit n’avait servi à rien. L’envie de me rendormir se faisait puissante mais… Je m’étais poussé à me lever, à me changer pour m’habiller convenablement. Mika avait quitté la chambre quelques secondes avant moi. Quelques secondes qui lui suffirent visiblement pour chuter alors que le bruit sourd attira mon attention et m’obligea à me précipiter, inquiet, vers lui. Que… Qu’avait dit son père ?

- Nous avons vraiment parlé… Essayai-je d’expliquer tout en me baissant pour aider Mika, sur le ventre, à se redresser. Ça va, Hae ? Murmurai-je malgré tout, soucieux.

Visiblement car il reprit sa marche vers la cuisine. Répondant poliment voire timidement au sourire de son père, je le suivis alors. Sans un autre mot. L’observant soudain quitter le sol pour être assis de force à table. Clignant des yeux, j’admettais être toujours aussi surpris par cette façon de se comporter en famille. Mais… Oui… Oui d’accord… Surtout que… Fronçant les sourcils, mon regard s’était porté sur Mika. Il n’était pourtant pas si blanc, enfin… pas trop… Si ?

- Tout va bien ? Lui soufflai-je à mi-voix en m’installant à ses côtés alors qu’il en venait à fustiger son père.

Être fier que l’on soit gay et actif et… Mes joues s’empourprèrent violemment alors que je versai le café sur les glaçons pour tenter d’oublier mon malaise dans ma boisson préférée. En vain. La réflexion et le rire de son père me firent d’autant plus mourir de honte. Comment pouvaient-ils parler de cela de la sorte, sans aucune gêne et…

- Miki ? Répétai-je, presqu’interdit.

Trop d’intolérants… Oui… Oui, cela… Mais… De là à assembler nos deux noms et… Comment…

- C’est bien, Miki… Murmurai-je presque plus à moi-même qu’autre chose, n’osant plus lever les yeux vers Monsieur Wilde, l’envie de me cacher bien trop présente pour que j’assume ma présence même ici.

Le nez dans le riz que je mangeais doucement, accompagné du kimchi, me faisant un bien fou tant je ne m’étais pas rendu compte que la faim me tiraillait aussi, je ne levai même pas la tête lorsqu’un bruit inconnu jusque là attira mon attention. Non. Moins je levais la tête, moins j’avais de risque d’entendre d’autres choses, n’est-ce pas ?

Le mouvement de Monsieur Wilde vers la sortie ne m’échappa néanmoins pas. Autant que la phrase incompréhensible de Mika qui me fit alors sursauter. Ah. La télévision. Cela, son père me l’avait bien expliqué. Mais il m’avait montré un boitier à bouton pour l’allumer et…

- Comment est-ce que tu as… Commençai-je avant de remarquer l’image sur l’écran. Le feu… Ton père va vite rentrer… Lui soufflai-je doucement, attrapant sa main un instant avant que je ne revienne sur mon café, ma vie.

Ils avaient retenu ce que j’aimais… Oui… C’était un fait. Ils y avaient fait attention et… Esquissant un léger sourire, j’hochai doucement la tête.

- Depuis que je suis arrivé, ils font… Attention à moi. Soufflai-je comme peu habitué à cela. Tes parents sont… Des gens biens. Même si ce n’était pas une surprise au vu de leur fils. Même si j’ai… Un peu de mal avec le franc parler de ton père et que je ne comprend pas tout ce qu’il dit… Son accent était encore trop peu habituel pour que je saisisse chacun des mots prononcé. Mais j’essaie de faire des efforts et… Enfin… Ils sont comme tu me les avais décrit. Et… C’est… Agréable. D’être là.

J’avais l’impression d’exister. Même sans être leur fils, en étant un inconnu total, j’avais l’impression d’exister davantage que lorsque j’étais chez moi. Un comble, à vrai dire et… Me figeant soudainement, j’observai Mika un instant.

- Tu as mangé… Du bacon avec de l’ananas ? Soufflai-je avec une grimace exagérée au visage. Mais… Comment ? C’est… Yark ! Argh ! Yark ! Répétai-je l’air affreusement dégouté. Et ce sont les coréens qui n’ont pas de palais ?!

Après tout, j’avais bien le droit de m’insurger de choses comme ça. C’était, finalement, la preuve que je me sentais assez en confiance pour cela, pour être moi-même et me laisser aller.

Reconnaissance vocale ? Mon regard lui prouverait au moins que je ne comprenais pas vraiment ce qu’il voulait dire par là. Qu’est-ce qui reconnaissait sa voix ? Bonne question. Et certainement pas le plus important à cet instant alors que je remarquai les informations. Tentant de le rassurer un instant, je serrai doucement sa main dans la mienne, la caressant du pouce.

- Ca ira vite. Soufflai-je doucement.

Et cela même s’il fallait que j’aille pour arrêter le feu d’un Aguamenti. Au moins son attention se porta-t-elle sur autre chose, sur ce que sa mère avait préparé pour moi. Oui… Ils faisaient attention à moi et… J’étais bien ici. Bien mieux depuis qu’il était là, évidemment, mais… Ils m’avaient accueilli comme jamais je n’avais été accueilli quelque part et cela faisait du bien. Vraiment du bien. De se sentir… Accepté et pas seulement pour une position. Quand bien même je peinais à comprendre son père autant par son accent qu’à cause de son franc parler.

- C’est vrai. Soufflai-je. Mais s’il pouvait parler juste un peu moins vite… Car il fallait tout de même que je comprenne ce qu’il pouvait dire pour mourir davantage de honte… Mmh… Finalement, ce n’était pas si mal comme ça.

Mais j’étais bien. Vraiment bien. Même si ses goûts alimentaires venaient de me figer. De l’ananas enroulé de bacon… Non. Vraiment. Non. Pas sur la même planète que moi.

- Ce n’est pas mauvais ! Défendis-je. Je te ferais gouter du 족발 un jour ! Tu oublieras ton sucré salé du démon ! 궁전이 없는 왈라비. Soufflai-je dans un sourire amusé avant qu’il ne me prouve que j’avais raison.

Du pain, de la mayonnaise, de l’œuf, du bacon et son satané ananas… Ma grimace s’accentua fortement. Exagérément. Et…

- Tu es un monstre… Commentai-je en l’observant manger cette chose sans nom. Tu assassines les avocado toasts… Je… Argh ! Pauvre d’eux ! M’exclamai-je en me tournant presque dos à lui pour continuer de manger mon riz et mon kimchi loin de ce monstre culinaire. Et je préfère la peau de poisson que ton… Je détestais quand les mots n’arrivaient plus. Ta… Que ton truc horrible ! Soufflai-je en riant sincèrement.

Me retournant de nouveau vers lui, refusant de lui tourner le dos trop longtemps, j’avais malgré tout continué à manger avant qu’il ne reprenne parole. C’était notre premier petit déjeuner de couple… Clignant des yeux, je ne pus que répondre à son sourire. Il était magnifique… Et… Il avait raison. Nous venions de vivre comme n’importe quel couple. A cette pensée, mon sourire s’élargit. J’aimais cela… Vraiment. Bien plus que je n’aurais pu l’imaginer. Glissant ma main dans la sienne, à nouveau, je soufflai doucement.

- Tu étais déjà à moi. Indiquai-je dans un murmure. Sinon je ne serais pas à toi… Et pourtant… Pourtant c’était le cas. Profondément. Infiniment. J’étais à lui. Uniquement à lui.

Relâchant sa main, j’avais glissé la mienne dans son dos, jusqu’à sa nuque avant que je ne me penche pour l’embrasser, pour profiter de ses lèvres, de sa présence sans craindre la moindre présence. Ici, nous étions libre… Il avait raison.

- Je t’aime… Lui soufflai-je à voix haute. Je ne te hamster pas. Je t’aime, Mika… Plus que tout… Je t’aime plus que je ne pourrais jamais te le dire…

C’était niais. C’était affreusement niais. Mais je m’en moquais. Je voulais le lui dire autre part que dans une chambre, enfermés. Je ne voulais pas utiliser ce mot qui nous servait de passe partout. J’aimais ce mot, notre mot, bien sûr mais… Je voulais lui dire les choses honnêtement, à voix haute. Comme je n’avais jamais pu le faire.

- Et j’accepterais même que tu manges tes ananas toast sous mon nez tous les matins si nous pouvons avoir des petits déjeuners comme ça tous les jours. Repris-je dans un léger rire avant que mes lèvres ne se posent une nouvelle fois sur les siennes et que je me redresse, reprenant ma place initiale. De toutes les façons… ça ne sera pas le dernier, alors tu as intérêt à t’habituer à ça…

Car même à la fin des vacances… Je me refuserais à ce que cela soit le dernier. Il méritait le soleil et… Secouant doucement la tête, je me fustigeai. Mes pensées reprenaient leur chemin négatif. Mais je ne le voulais pas. Pas maintenant. Pas quand il était rayonnant à mes côtés, pas quand nous commencions nos vacances tous les deux, libres. Des vacances qui n’empêchaient pas une chose, une question…

- Est-ce que tu penses que je pourrais envoyer un hibou d’ici ? Soufflai-je alors. J’aimerais savoir comment vont Min-Ho et Hyun-Su-ssi. Car si Mika semblait avoir réussi à m’apaiser, à me faire revivre, le fait de m’imaginer libre m’avait obligé à penser à eux, à leur prison dorée, au fait que je n’avais pris aucune nouvelle depuis les événements. Et après… Je serais complètement à toi, c’est promis. Repris-je malgré tout dans un sourire entendu alors que c’était, finalement, déjà le cas.

Hochant la tête vigoureusement, je ne pouvais qu’être en accord avec cela : je savais de qui Mika tenait. Vraiment. Sans le moindre petit doute. Il était… Son père tout craché. Quoique les mois faisant l’avait obligé à faire des efforts pour que je puisse le comprendre sans hésitation, pour que j’arrête de lui demander de répéter certaines choses ou de faire une grimace lorsqu’il parlait. Grimace qui se concentra ce matin plutôt sur la nourriture et ce qu’il avalait d’ailleurs.

- Wallaby sans palais ! Répétai-je en anglais avant que je ne pouffe de rire malgré moi avant de tenter de reprendre un semblant de sérieux. Non ! Il faut que ce soit… Bon !

Et pimenté. Et sucré et salé. Oui. Bon. Soit. Il n’avait pas tort. Mais il était hors de question de l’admettre. Pas pendant qu’il était en train de massacrer les pauvres avocado toasts qui hurlaient au meurtre en le voyant mettre de l’ananas à leur place. Un massacre que je refusai d’ailleurs de voir, d’approuver, me tournant pour lui faire dos. Oui ! J’allais préférer la peau de poisson à ce truc ! Un truc… Qui était un repas complet… Mouais…
Plissant les yeux, peu convaincu de ce qu’il avancé malgré la logique de ses propos qui me renvoyaient directement à tous les cours que j’avais pris pour l’aider dans son régime lorsqu’il s’était blessé.

- Mmh. Grommelai-je, sachant que j’avais perdu cette manche. Ce n’est toujours pas une raison pour approuver un massacre de toast. Défendis-je comme je le pouvais.

Mais cette chamaillerie semblait avoir fait réaliser une chose à Mika. Une chose qui m’arracha un sourire et surtout un baiser autant qu’une déclaration. C’était notre premier petit déjeuner. Notre premier vrai petit déjeuner hors d’une chambre, hors d’un endroit où nous étions isolés… Et cela faisait du bien d’y penser. Alors oui. Je l’aimais. Je ne l’hamsterais pas ici. Quoi que je n’étais même pas convaincu de l’existence d’un tel verbe même dans notre vocabulaire, mais soit. Je l’aimais. Et je voulais le lui dire, à voix haute, ici, où nous ne craindrions rien.
Il devrait, de toutes les manières, s’y habituer. Autant à mes déclarations qu’à ces petits déjeuners car j’allais rapidement y prendre goût… Non. J’y avais déjà pris goût. Un fait qui lui arracha un rire et une moquerie alors que je me pinçai les lèvres pour ne pas rire.

Mais si nos esprits étaient ici libres, si nous étions en sécurité et que je ne pouvais nier que j’étais heureux, une question persistait dans mon esprit, une question concernant mes cousins : comment allaient-ils ? Une chance… Sa mère avait une chouette. J’allais pouvoir envoyer une lettre à Min-Ho. Pas à Hyun-Su. Il avait sûrement plus à gérer ou… Enfin… Je… Je ne préférais pas lui expliquer où je me trouvais de toutes les manières et… Me stoppant dans mes pensées, j’arquai un sourcil face à la réflexion de Mika avant que je n’esquisse un sourire amusé.

- A un oiseau et à un lapin. Rectifiai-je. Tu oublies que Rainy a été ton premier test.

Et il l’avait réussi sans conteste, quand bien même aucun test n’avait été fait sur sa personne. De toutes les manières… Rainy aurait de lui-même reculé s’il avait été mauvais. J’en étais persuadé. Terminant mon repas après Mika, je l’avais imité, mettant les affaires dans ce que son père m’avait présenté comme étant un… Mince… Un… Lavage à assiette… Ou quelque chose comme cela. Ce n’était pas très grave. J’avais compris son utilité, c’était déjà cela.

Reprenant le chemin de la chambre non sans avoir tout nettoyé à la perfection évidemment, je m’étais alors installé sur le lit après avoir attrapé un parchemin, ma plume et de l’encre. Ecrire… Je ne savais pas vraiment quoi dire à Min-Ho mais… Je devais m’assurer que tout aller bien alors… Alors j’écris. Dix minutes, ce fut le temps qu’il me fallut pour réussir à écrire et cacheter la lettre avant d’appeler la chouette comme il me l’avait indiqué. Il ne s’était pas trompé. Elle arriva et je pu lui confier mon courrier non sans avoir prévu un parcours pour ce dernier. Ce pauvre animal n’aurait certainement pas à aller en Corée. Quand bien même il aurait pu, c’était trop risqué. Si le grand père de Madame Wilde connaissait son animal… Non. Je ne voulais prendre aucun risque. A la place, il fallut passer par le Courrier Australien ou qu’importe le nom que cela avait ici. Au moins la chouette qui arriverait auprès de Min-Ho serait inconnue… D’ailleurs avais-je ensorcelé ma lettre pour plus de sureté. Mieux valait qu’elle ne tombe pas entre les mains de notre famille alors… Comment lui faire comprendre qu’il devrait lever le sort au risque de voir un papier vide dans le cas contraire ?... Mmh… Un instant de réflexion me fut nécessaire avant que je ne lance mon patronus en messager et que je ne me fige en l’observant apparaître et disparaître tout aussi vite. Je… C’était… Secouant la tête, je me persuadai avoir rêvé. C’était évident. Et je n’avais de toutes les manières pas plus de temps à perdre. Au contraire… Je n’aurais qu’à retenter de le faire apparaître plus tard pour être sûr.

En attendant, c’était vers la salle de bain que je m’étais dirigé, m’y glissant après une légère hésitation. Fermant la porte derrière moi, j’avais retiré mes vêtements sans un mot avant de me glisser derrière lui, mes mains entourant sa taille et mes lèvres se posant sur sa nuque.

- Pardon… Murmurai-je. J’ai été long…

Bien trop long. Il me manquait déjà. Ce qui était hors de propos, idiot même tant nous nous trouvions au début de nos vacances, seulement séparés d’une pièce. Mais cela avait été le cas, et mes bras se resserrèrent autour de lui.

- Tu veux faire quelque chose aujourd’hui ? Soufflai-je doucement, collé à lui quoique tentant de ne pas y penser tant j’étais… Non. Je n’étais rien. Te promener en plein jour entouré de plein de gens ?

C’était étrange comme une chose pourtant logique, normale, pour tout le monde me paraissait merveilleuse aujourd’hui. Nous promener ensemble, main dans la main… C’en était presque inespéré, à vrai dire.

Il avait raison donc il avait gagné. Je n’aimais pas cette finalité. Je n’aimais pas perdre, même contre lui. Et ainsi accueillis-je cette idée d’un froncement de nez.

- Tu as gagné la bataille, pas la guerre. Lui fis-je remarquer.

Après tout, je n’allais certainement pas céder tout le terrain face à l’idée que ses goûts étaient meilleurs que les miens. Hors de question. Et cela même si le débat était stérile. L’important était autre part, dans la part d’amusement que nous y mettions, dans les rires et les piques que nous pouvions nous envoyer. Dans les moments que l’on partageait. Comme celui-ci. Notre premier petit-déjeuner.

Mais tout repas devait prendre fin à un moment et c’est pourquoi je m’enquis de la présence d’un oiseau pour envoyer une lettre. Juste une lettre. Et je serais ensuite à lui. L’oiseau en premier, comme il l’avait remarqué. Quoique non. Notre couple était aussi lié par un lapin, par Rainy. Etouffant un rire, j’hochai alors la tête.

- Je comprend mieux pourquoi il a mis aussi peu de temps à t’aimer. Commentai-je. Tu as été bon seigneur à me le prêter tout ce temps.

Et quand bien même le fondement de cette phrase était faux, le reste, lui, était teinté de vérité. A bien des égards, Rainy avait été comme une bouée de secours dans ma vie.

Le laissant partir, j’avais suivi peu de temps après afin de me concentrer sur la lettre que je désirais envoyer. Difficile à écrire, j’avais malgré tout réussi à poser les mots sur le papier avant que je ne l’envoie, protégé, avant que je ne me fige sur le patronus que j’avais envoyé en messager. Quelque chose n’allait pas ou plutôt était différent et… Je préférais ne pas m’y attarder.

A la place, j’avais rejoint la salle de bain et surtout Mika, sous la douche, me glissant derrière lui pour l’entourer de mes bras. Il n’avait pas vu le temps passer. Tant mieux. Il m’avait semblé avoir été affreusement long à le retrouver. Alors que faire, maintenant que nous n’allions plus nous séparer ? Que voulait-il faire ? Où voulait-il montrer que nous étions ensemble aurait, à vrai dire, plus été la question la plus juste car le monde serait effectivement inévitable.
Esquissant un sourire à ses propositions autant qu’à son enthousiasme, je l’écoutais ainsi. Qu’est-ce que je pouvais préférer ? Bonne question.

- Toi… Murmurai-je en mordillant son cou avant de souffler un léger rire.

C’était certainement la chose la plus logique que je pouvais répondre à cet instant. Il était ce que je préférais. Quoique nous fassions, il était mon centre du monde à cet instant. Mais je devais être sérieux ou du moins essayer de répondre à cette question à laquelle je n’avais aucune réponse convenable.

- N’allons pas sur l’île si tu ne veux pas passer la journée à marcher. Et de toutes les manières, tu dois encore te reposer. Repris-je ainsi, parsemant le haut de son dos de baisers. Et je ne sais pas ce qu’est ton… Seutaleubeuks. Tentai-je de reproduire ses mots sans conviction. Mais si c’est une boisson au café, tu sais que cela m’ira. Il connaissait, de toutes les manières, mes goûts. Alors… Montre-moi ta ville d’abord ? Proposai-je. Je veux savoir où est-ce que tu as grandis…

Je voulais tout connaître de lui, de son enfance, de ce qu’il était, de comment il était devenu l’homme que j’aimais… Autant, donc, profiter de cette première journée ensemble pour cela. Du moins lorsque je serais décidé à le relâcher car… Rien n’indiquait que cela puisse être le cas alors que mes mains s’étaient activées, caressant sa peau avec tendresse, et que mes lèvres continuaient de se poser sur lui, dans son cou, sur sa joue.

- Il faut que tu m’arrêtes… Lui soufflai-je à mi-voix. Je n’ai aucune volonté… Au moins étais-je conscient de cela. J’ai envie de toi… C’est infernal…

Il fallait admettre que ni cette position ni notre manque de vêtement ne m’aidait réellement. D’autant plus à la perspective d’une journée entourée de monde.

- Tu es… Tellement beau… Repris-je plus bas encore.

- Tu auras autant de massage que tu le veux. Lui indiquai-je dans un sourire entendu.

Il n’aurait qu’à le demander. Si cela lui faisait autant de bien qu’il l’avait dit, qu’il avait semblé ressentir, alors il en aurait dès lors qu’il en réclamerait. Sans aucune hésitation. Cela dit, que ce soit lui ou les massages, je n’avais pour le moment fait qu’écarter une idée. Quant aux autres… Boire sa chose imprononçable me semblait être une bonne idée, surtout s’il s’agissait de café et… Bonne déduction. Mais mauvaise prononciation.

- Shtaleubucks ? Retentai-je en fronçant les sourcils. Non. Toujours pas. Alors ce n’est pas une boisson ? C’est… Un endroit où boire des cafés immenses ? Inutile de dire le contraire : cela m’allait. Le café m’irait toujours.

D’autant que cela me permettrait de connaître sa ville, sa vie et… Cela m’allait particulièrement tant je voulais tout connaître de lui. Ainsi donc irions nous visiter la ville. Parfait mais… pas tout de suite. A mesure que nous avions parlé, je n’avais pu résister à l’envie de le sentir sous mes doigts et sous mes lèvres. Profitant de chaque instant, de chaque centimètre de peau que j’avais à ma disposition, je m’étais alors activé aussi bien physiquement que dans mon esprit qui, déjà, peinait à garder tout contact avec la réalité.

Mika devait m’arrêter… Je n’y arriverais pas seul, j’avais envie de lui. Toujours. Encore. Cela en était infernal tant je n’arrivais pas à résister à ce qu’il était, à son corps, à son esprit, tant il était beau et… Je me figeai l’espace d’un instant.