Bientôt. Il ne me restait encore que quelques jours avant de quitter ce pays que je finissais par détester. Plus le temps passait, moins je me sentais à mon aise. Le regard de mes parents, celui de ma sœur, les discussions sur ma famille, sur mes cousins, sur mon mariage qui finirait par être signé avec on ne savait pas qui. Tout me semblait difficile à accepter, à soutenir. Mais il ne restait encore que quelques jours et enfin je le retrouverais. Je retrouverais mon soleil et ma vie…
Là, assis au bord du pangji dans le jardin de mes parents, je m’étais ainsi encore isolé. La nuit était pourtant tombée. Mais je n’avais aucune envie de rentrer, de me sentir encore enfermé dans cette chambre. Je n’arriverais, de toutes les manières, pas à dormir. Alors, ma baguette en main, je jouais, créant des étincelles ricochant sur l’eau du bassin. Ce n’était pas grand-chose. Seulement de quoi m’occuper… Et cela fonctionnait au moins jusqu’à un point.
Appuyé contre l’arbre qui m’accueillait habituellement, j’avais malgré tout fini par fermer les yeux, profitant du bruit de l’eau que mes mouvements de baguette me laissaient entendre lorsqu’un bruit sourd se fit entendre. Haussant les sourcils, j’ouvris de nouveau les yeux pour apercevoir devant moi, au-dessus de l’eau, un patronus. Un fennec. Min-Ho. Me redressant instantanément, ses mots me parvinrent. C’était urgent. Ils avaient besoin de mon aide. Qui… Qui ils ?
Inutile de vraiment réfléchir. Min-Ho ne pouvait être qu’avec une personne pour m’appeler, pour savoir pour qui je pourrais me déplacer en une seconde. Et ce fut effectivement en une seconde que je transplanai dans notre maison de famille, sans même me poser la moindre question. Avançant à travers le salon, baguette en main, prêt à la moindre défense, je me stoppai soudainement face à mon cousin, livide, en sang et…

- Min-Ho-ssi… Murmurai-je presque choqué de la vision que m’offrait le sorcier. Qu’est-ce que…

Il menaçait. Des menaces qui me firent me crisper sur ma baguette sans que je ne veuille répliquer. Pas avant de comprendre. Pas avant de savoir.

- Où est Hyun-Su ? Grondai-je fermement en le dépassant, me stoppant de nouveau face à l’état dans lequel se trouvait la pièce.

Du sang. Du sang partout et surtout… Deux loups. Figé, j’observai chacun des loups avec un effroi visible sur le visage. Que s’était-il passé ? Comment ? Pourquoi ? Où diable était Hyun-Su ?! Fronçant les sourcils aux mots de Min-Ho… Il ne fallut pas être un génie pour comprendre… Ce loup. C’était lui. C’était son frère. Jamais il ne supplierait pour quelqu’un d’autre que son frère. Et la femme dont il était amoureux ne risquait pas d’être en Corée alors…

Me précipitant vers le loup sans plus me poser de question, ma loyauté surpassant de loin le recul que je pouvais avoir face à ces bêtes, à ces malédictions, je brandis rapidement ma baguette pour prononcer quelques formules apprises pour Mika. Des formules de soin. Je n’étais pas médicomage mais… Mais je m’étais entraîné et… Il fallait que cela fonctionne.

- Vulnera Sanentur. Soufflai-je, concentré. Il fallait que cela fonctionne. Allez…

Je ne devais pas avoir peur. Je ne devais pas paniquer. Il fallait que je reste concentré. Quand bien même je comprenais qu’il s’agissait de mon cousin, d’un membre de ma famille. Quand bien même le risque de le perdre comme j’avais perdu son frère, mon cousin était présent. Il fallait que je reste concentré, que je maîtrise mes émotions.

- Comment ? Non. Ce n’était pas la question. Je savais comment. Je comprenais comment rien qu’à observer la salle. Pourquoi ? Repris-je dans un grondement sourd, mes émotions contenues dans ma concentration, dans les blessures de Hyun-Su qui doucement, trop doucement, se refermaient. Tient bon Hyun-Su… Murmurai-je en serrant les dents. S’il te plait…

Qui était ce loup ? L’autre loup. Pourquoi souffrait-il ? Enfin… Pour quelle raison ? Que s’était-il exactement passé ? Bien trop de questions se bousculaient dans ma tête me faisant perdre toute la patience qui me caractérisait pourtant.

- Min-Ho ! Repris-je alors quelques secondes plus tard, lui ayant à peine laissé le temps de placer un mot. REPOND-MOI ! POURQUOI ?

Car finalement... Plus que ce qu'il s'était passé dans cette pièce, je voulais savoir pourquoi j'étais en train de soigner un loup que je supposais et seulement supposais être mon cousin, notre héritier, notre futur chef.

J’avais fini par hausser le ton, par demander des explications. J’acceptais de soigner, je l’aurais fait, je le faisais sans aucune hésitation. Il s’agissait de ma famille, de mon cousin, de mon chef. Mais j’avais besoin d’explications. Pourquoi ? Beaucoup de questions en un seul et même mot. Pourquoi Hyun-Su était ainsi ? Pourquoi étaient-ils ici ? Pourquoi… Me stoppant, mes pensées se concentrèrent le temps d’une seconde sur l’autre loup. L’assassin d’Ho-Seok ? Il… C’était… Il était son meurtrier ? Reprenant mes esprits, autant que possible, je tentai de me concentrer, encore, sur Hyun-Su, sur sa blessure qui se refermait, difficilement, mais réellement. Je ne pouvais pas ignorer les larmes de Min-Ho. Je n’ignorais pas sa souffrance, sa douleur. Mais je ne pouvais rien faire. Pas pendant que je soignais son frère, pas pendant que sa vie était entre mes mains, pas pendant que l’envie de tuer le salopard de loup de l’autre côté de la pièce pulsait dans mes veines. Une envie qui ne fit que s’accroître lorsque je compris pour lui, pour Hyun-Su. Lorsque je compris l’espace d’une seconde que par la même, Min-Ho s’était condamné à ne plus jamais retourner au Japon.

- Tu n’es pas faible. Grondai-je malgré tout à son encontre sans même tourner les yeux vers lui, trop concentré sur son frère. Tu es plus fort que la plupart des sorciers. Et il ne mourra pas.

Je m’en faisais la promesse. Hyun-Su ne mourrait pas. Pas aujourd’hui. Pas maintenant que j’étais là. Oh. Je n’étais pas confiant en mes capacités, bien loin de là mais… Il n’avait pas le choix. Je le ramènerait des enfers si cela lui permettait de survivre… Il allait vivre et être soigné. Par tous les moyens.

Et le silence se fit. Un silence que seul les râles de l’autre salopard brisaient. Un silence de mort quoique je fasse tout pour tenter de garder mon cousin en vie, pour le soigner. Cela fonctionnait toujours, heureusement. Mais pas assez vite à mon goût… Un silence que brisa finalement Min-Ho, soudainement. Ne plus avoir à quitter Mika ? La question attira mon attention. Il en connaissait plus que quiconque la réponse et… Une seconde, mon regard se posa sur le loup que je soignais. Il était donc au courant ?... Fronçant les sourcils, je compris rapidement où désirait en venir le sorcier. Me bannir de Mahoutokoro à mon tour… Allais-je hésiter ? Je ne répondis pas. Difficile d’admettre que j’allais lancer un sort interdit, autant par colère, par rage et par désir de faire mal que par un désir infini de m’assurer des années avec Mika. Il suffisait pour cela que je stabilise Hyun-Su. Un but qui devint mon seul et unique objectif, ma concentration se démultipliant alors, accélérant le processus. Toujours pas assez vite. Mais enfin… Je sentis mon cousin, je vis mon cousin respirer plus convenablement. Etait-il hors de danger ? Je préférai m’en assurer, gardant ce sort l’espace de quelques instants encore avant de le briser, de me lever presque subitement et de me tourner, la rage dans le regard, vers celui qui avait tué leur frère, notre soleil.

- Endoloris ! Rugis-je sans la moindre hésitation.

Je voulais le voir souffrir, je voulais lui infliger au moins la moitié de ce qu’il avait provoqué chez nous. Et cela s’avéra efficace pour apaiser, l’espace d’un instant, mon âme par ses cris de douleurs. Il me servait. Grâce à lui, je ne pourrais plus être séparé de Mika par la simple volonté de mes parents. Grâce à ses cris, je me sentais comme libéré autant de ma colère que de ma peur. Une sensation étrange pour une personne n’ayant jamais voulu faire de mal à quiconque. Mais il avait blessé ma famille. Il avait tué mon cousin et pour cela… Il méritait de souffrir.

Mais la nuit avait fini par mourir et ainsi avais-je pu observer la transformation des deux loups en humains. Les yeux rivés sur le meurtrier, j’hochai la tête en récupérant, de justesse, la fiole lancée par Min-Ho. Le lui faire boire ? Je n’y voyais pas d’inconvénient. Alors, rompant le sort, cetain qu’il ne pourrait se relever en quelques secondes, je m’étais approché de lui, l’obligeant à boire jusqu’à la dernière goutte de la potion du Jeon sans la moindre once de douceur. Me redressant, dents serrées à la vue de qui était le respondable de la mort d’Ho-Seok, seuls les mots de Min-Ho me restait en tête. Pour qu’il ne repousse pas l’imperium… Un coup d’œil rapide face à l’état de mon cousin et… Il ne pourrait pas. Il n’avait plus la force.

- Impero. Soufflai-je alors à l’encontre de l’inconnu.

J’étais déjà condamné. Je connaissais les sorts. Il était devenu inutile de jouer les bons sorciers. Je devais protéger Hyun-Su et Min-Ho, autant de ce connard que d’eux-mêmes, que de leur fatigue. Et si je ne pouvais rien faire de plus pour Hyun-Su… Au moins pouvais-je éviter cela à Min-Ho.

- Répond aux questions. Grondai-je alors en me défoulant de rage, un instant, sur l’homme, lui assénant un coup violent dans l’estomac. Qui es-tu et qui t’envoie ? Il s’agissait des questions qui lui avaient été posées. Rien d’autres. Et en bon homme de main, je m’assurais que Min-Ho obtienne ses réponses.

Ce n’était pourtant pas moi. Pas ma façon de faire habituelle mais… Il avait blessé ma famille. Faillit tuer les héritiers des Jeon. Mes cousins. Je ne le permettrais pas. Jamais.

- Si je l’assomme, Min-Ho-ssi, articulai-je malgré tout. Je pourrais essayer de te soigner et de te donner un peu d’énergie. Je pourrais en donner à Hyun-Su-ssi.

Mais il n’aurait pas les réponses à ses autres questions… J’aurais pourtant voulu tout faire mais… Je n’étais pas assez puissant. Je ne pourrais pas. Pas si je voulais rester maître de mes actions, de mes sorts. Il fallait faire un choix.

D’un sort impardonnable, j’étais passé à deux mais j’admettais que cela m’avait fait du bien de le faire souffrir. Il avait tué Ho-Seok et… A cette seule pensée, l’envie de recommencer revenait dans mon esprit. Je voulais lui faire mal. Encore. Mais Min-Ho avait des questions et s’il avait refusé au préalable d’y répondre, je forçai bientôt son esprit, usant du sortilège imperium pour cela. Mais nous n’avions pas un temps éternel et surtout… Je ne pouvais décemment pas m’occuper de cet homme et de Min-Ho en même temps. Impossible. Il me fallait faire un choix : continuer sur ce connard ou soigner mon cousin.
Ce fut Hyun-Su qui répondit à cette question d’une voix que je n’avais encore jamais entendu d’avant, presque d’outre-tombe, de mon point de vue. Tournant la tête vers lui l’espace d’un instant, je fronçai les sourcils. Jamais je ne l’avais vu de la sorte… Et… Me stoppant soudainement à la voix du meurtrier, je baissai les yeux au sol. Qu’avait-il dit ?

- Répète. Ordonnai-je sèchement en me tournant vers l’homme. Qui es-tu et qui t’a envoyé ?

La réponse fut à nouveau prononcée, me confortant dans ce que j’avais entendu. Il s’appelait Taehyung Rehbehn. Si ce nom ne me disait rien, la suite, elle, m’enragea autant qu’elle m’effraya, entraînant une réaction presque en chaine alors que mon poings s’abattait violemment dans la tempe de celui qui venait d’avouer travailler pour son grand père : Kim Seung-Joo. Un Kim. C’était un Kim. J’avais torturé et soumis un Kim. Et surtout… Un Kim avait tué mon cousin. Notre rayon de soleil. Et… Il… C’était un Kim… Me retenant de lui asséner un coup à l’estomac alors qu’il gisait déjà au sol, j’avançai soudain vers Min-Ho, ma baguette pointée vers lui pour lui offrir les mêmes soins qu’à son frère. Cela dura bien moins longtemps. Heureusement. Cela me permit d’utiliser un Revigor sur chacun de mes cousins. Pas très efficace, certes, mais peut-être cela réussirait-il à leur rendre un peu d’énergie. Juste un peu car je ne pouvais rien faire d’autre.

- Min-Ho-ssi. Murmurai-je alors plus bas. Il faut que…

Il fallait que j’y aille, que je rejoigne Mika immédiatement, que je le lui dise, que je sois sûr que tout irait bien et… Un instant, je jetai un coup d’œil à Hyun-Su. Son état était… Mon regard se posant sur le meurtrier avant que je ne serre les dents, je soufflai en me relevant. Je ne pouvais pas partir maintenant.

- Hyun-Su-ssi. Dis-moi ce que je dois faire. Grondai-je alors.

J’avais envie de le faire souffrir, de faire souffrir ce salopard que j’entendais râler. Il se réveillait. Mon coup n’avait visiblement pas été assez puissant pour le laisser sonné…

- Un mot et je le tue.

J’étais un bon homme de main. Et surtout… A cet instant, il me semblait ne plus avoir le moindre état d’âme envers cet homme, si tant était que l’on puisse l’appeler de la sorte. Que l’on me demande de le blesser, de le faire hurler de douleur ou de le tuer, je le ferais. Pour Ho-Seok.

J’avais eu besoin de lui faire mal, de l’entendre hurler comme il avait brisé notre famille. Y ajouté à cela la simple idée de ne plus quitter Mika… Cela m’avait suffi. Etais-je un monstre que de lui avoir lancé ce sort ? Peut-être… Sûrement… Mais à cet instant… Je n’y pensai pas. Je l’avais seulement vu souffrir, j’y avais pris un plaisir certain jusqu’à ce que le nom de Kim ne résonne, que mon effroi ne se fasse plus grand et que je ne veuille soudain quitter les lieux pour me rendre auprès de celui pour qui je craignais. C’était irrationnel. Personne ne savait mais… Il fallait que…

Il me fallut un instant pour reculer, pour me rendre compte qu’il m’était impossible de faire cela. Un fait qui me fut confirmé par Min-Ho dont le mouvement ne m’échappa pas. Je ne pouvais pas partir. Pas maintenant. Mais je pouvais encore le tuer, je pouvais encore déverser ma rage et… A nouveau, il m’arrêta. Pour une juste raison alors que mon poing se refermait davantage sur ma baguette. Les yeux fixés sur le Kim, j’avais laissé à mes cousins le temps de se retrouver, incapable de vraiment réagir face à la moindre émotion humaine dans ma famille. C’était… Etrange. Tout était étrange. Hyun-Su était un loup-garou. Les Kim avaient tué Ho-Seok. Ils avaient arrêté l’assassin et… Tout me semblait irréel. Tête baissée sur le corps, je n’avais bougé que lorsque notre héritier s’adressa à moi.

- Je n’ai fait que mon devoir. Avais-je prononcé sans même lever la tête face à la… Tenue de mon cousin. Ne me remercie pas.

C’était inutile. Aussi inutile que la rage que laissa soudain exploser Hyun-Su. Presqu’interdit, je l’avais observé frapper l’homme sans cesse. Il allait finir par le tuer… Et… Je… Je ne pouvais pas l’arrêter tant je pouvais comprendre le désespoir dans toute sa globalité. Je ne voulais pas l’arrêter. Un regard à Min-Ho et je le laissai gérer cela alors que sans demander mon reste je faisais demi-tour, quittant la pièce pour revenir avec un plaid que j’avais vu plus loin, retrouvant mon cousin au sol et… Il pleurait ? Me figeant l’espace d’une seconde, j’avais soudain l’impression de prendre conscience de l’humanité d’un homme que j’avais toujours admiré pour sa froideur et… cela ne faisait pas de bien. Au contraire… Il restait mon cousin et… Déglutissant, je m’étais approché pour glisser sur lui le plaid, le couvrant alors avant de poser ma main sur son épaule. Un geste simple qui me semblait pourtant difficile à exécuter alors que je me redressai, le regard sombre, angoissé de cette chose qui me torturait depuis que le nom Kim avait été prononcé.

- Min-Ho… Avais-je alors murmuré à mon cousin, me tournant vers lui, sourcils froncés. Ne provoquez pas les Kim… S’il te plait. Il faut… Seulement les détruire.

Provoquer les Kim… Cela pourrait engendrer bien plus de conséquences qu’il ne pouvait sûrement imaginer pour moi, pour la personne qui partageait ma vie et… Non. Je préférais encore les détruire, ne plus rien risquer, venger leur frère. Mieux valait leur mort que le moindre risque.

Accepter les remerciements de Hyun-Su… J’avais fini par hocher la tête. Soit. Je les acceptais… Quoique cela me semblât toujours aussi normal d’avoir agi de la sorte. Ils étaient ma famille, mes aînés. Je leur devais d’avoir réagi, d’être venu. Cela restait mon rôle.
Un rôle qu’il me fut compliqué de tenir alors que soudain, la colère de Hyun-Su avait explosé. Fixé, surpris, je l’avais observé faire, je l’avais vu déverser sa haine sur l’homme sans pouvoir, sans vouloir l’arrêter. Je le comprenais. Je comprenais bien trop cette envie… Mais… Il fallait l’arrêter. Avant qu’il ne le tue. Min-Ho s’en chargerait. Moi, je m’étais éclipsai le temps d’un instant à la recherche d’une couverture pour couvrir sa nudité.
Une absence qui avait au moins était assez longue pour laisser à mon cousin le temps de stopper son aîné et… Des larmes… Revenu dans la pièce, je m’étais figé face à ce spectacle, face à l’humanité de mes cousins que j’entrevoyais l’espace d’un instant. Un instant douloureux qui me poussa, enfin, à avancer pour couvrir notre aîné avant que je ne m’inquiète d’une chose… Des Kim.
Tentant de verbaliser mes inquiétudes dans une demande claire, je ne m’étais pas vraiment attendu à la réaction de Min-Ho.

- Les provoquer risquerait de les faire réagir… Tentai-je de m’expliquer alors que Hyun-Su approuvait les mots de son frère. Sans réaction, ils seront plus faciles à abattre.

Mais il avait compris. Il avait trop bien compris la raison de cette demande, l’explication de mon inquiétude. Ne pas choisir entre « mon mec » et leur frère… C’était normal mais… Pas plus que je ne le ferais ? Je… Non. Cela… Je… Je ne pouvais pas le dire. Je ne pouvais pas lui dire que ce ne serait pas le cas, que Mika passerait avant, que je ne pourrais pas faire autrement à moins de me tuer moi-même mais… J’avais eu bien du mal à ne pas me figer, à ne pas réagir à sa question autant qu’à la voix de notre aîné.
Il ne m’avait fallut qu’une demi seconde pour comprendre que dire la vérité serait tout sauf bénéfique. Du moins… Pas pour Mika, ni pour moi. Et Hyun-Su… L’observant un instant, il était inutile d’expliquer combien je me sentais mal à l’aise, soudain, face à lui. M’inclinant légèrement, j’avais alors secoué la tête de gauche à droite.

- Ils ont tué Ho-Seok. Avais-je expliqué en serrant le poing. Ils seront capables de s’en prendre à toutes personnes proches de ceux qui veulent leur perte et j’en fais partis. C’est… Me redressant, j’avais observé Min-Ho dans les yeux, incapable de soutenir le regard de son frère lorsqu’il était question de ce sujet. Je ne veux pas que Mika puisse devenir un dommage collatéral.

Il n’y avait qu’à espérer que je mente suffisamment bien pour que leurs doutes s’envolent et qu’ils passent à un autre sujet.

- Désirez-vous que je fasse quelque chose d’autre ? Avais-je alors demandé, les yeux baissés vers le sol, plus que désireux d’être libéré afin de m’échapper d’une angoisse montante qui commençait à me donner la nausée.

Une frappe unique et chirurgicale… C’était la seule chose que je voulais. Rien d’autre qui ne puisse mettre Mika en danger de quelque façon que ce soit. C’était peut-être limité, peut-être bien trop peu centré sur ma famille mais c’était la seule chose qui m’importait à cet instant. Je ne voulais pas qu’il devienne un dommage collatéral. D’autant plus en mentant sur ses origines.

- Personne à Poudlard n’est au courant… Avais-je alors soufflé, la tête basse.

Après tout, Merindah était repartie en Australie… Ce n’était donc fondamentalement pas un mensonge… Mais ce n’était toujours pas le plus important. Je devais partir. Je devais le retrouver et vite. Je voulais m’assurer que tout irait bien, qu’il allait bien, que tout se passerait bien. Min-Ho n’avait fait qu’une demande. Que je l’aide à ranger l’entrée. Une tâche que j’allais exécuter sans contestation, trop désireux de quitter les lieux pour l’heure. M’arrêtant seulement dans l’encadrement de la porte, je m’étais incliné face à Hyun-Su.

- Appelle-moi si vous avez le moindre problème et… S’il te plait, Jeon Hyun-Su-ssi… N’informe pas mes parents… De quoi que ce soit…

Il devait être assez évident que je ne parlais pas seulement des impardonnables… Voire pas du tout. Quittant ainsi la pièce pour rejoindre Min-Ho, j’avais rapidement froncé les sourcils à ses mots.

- Il est important… Avais-je articulé, incapable d’assurer le contraire. J’ai besoin de lui…

Une vérité arrachée alors que je m’étais incliné par respect pour sortir ma baguette et ranger la pièce au plus vite avant de saluer, de nouveau, mon cousin et transplaner. Je n’avais pas demandé mon reste, pas dit un autre mot. Rien n’était à ajouter. Tout avait déjà été dit et je voulais simplement partir. Loin. Chez lui.