Ils avaient accepté… Il serait faux de dire que le soulagement que j’avais ressenti lorsqu’il était revenu avec cette réponse n’avait pas été immense. Mais je n’avais pourtant rien dit d’autre qu’un « je le savais », murmuré alors qu’il se blottissait entre mes bras, que je l’y accueillais pour le rassurer. Il resterait. Nous resterions tous les deux à Poudlard, ensemble et… Et c’était le plus important. Du mois cela l’était jusqu’à ce que Mika ne reprenne parole. Hyun-Su… il fallait le lui dire.

J’admettais avoir quelques secondes hésité. Remettre Mika immédiatement face à ce qu’il était devenu, juste après avoir dû faire face aux professeurs… Je… Je n’étais pas réellement que cela soit bon pour lui. Il avait besoin de se rassurer avant toute chose, il avait besoin de prendre du temps pour lui et pas d’affronter celui qui était devenu son ennemi par extension… Mais il avait insisté et… Et j’avais cédé. Envoyant un hibou à Hyun-Su, je l’avais invité dès le lendemain à nous retrouver dans cette salle…

Un lendemain qui était bien trop vite arrivé alors que mon inquiétude ne pouvait que grandir à voir Mika se sous alimenter. Je ne le forçai pour autant à rien, me contentant d’être là, près de lui, de le rassurer autant que je le pouvais. J’étais pourtant angoissé. Certainement moins que lui mais… Je l’étais. Vraiment. Je n’avais pourtant rien dit, pas même sur la tenue de Mika alors que je glissai ma main sur son visage, caressant sa joue avec tendresse alors qu’il parlait enfin.

- Mon cœur… Soufflai-je doucement. Ça va aller. Il n’en parlera pas et tu vas rester avec moi.

Je n’en étais pourtant pas réellement sûr, je ne savais pas comment allait réagir Hyun-Su mais… Mais j’allais me battre. Quoiqu’il faille faire, Mika resterait à Poudlard, auprès de moi. Il ne pouvait en être autrement.

- Fais moi confiance. Murmurai-je alors que je déposai un baiser léger sur ses lèvres avant que nous ne quittions notre chambre.

La salle atteinte, Mika avait lâché ma main. Il angoissait, inutile d’être devin pour le savoir et… A vrai dire, le voir faire les cent pas me rendaient d’autant plus nerveux… Soupirant doucement, je l’avais alors arrêté, l’obligeant à me regarder en levant son visage vers le mien.

- Je t’aime Hae. Rappelai-je. Ça va aller. On reste ensemble.

Nous resterions ensemble. Ici. Je voulais qu’il y croie et… Il se détacha pour s’incliner, bien trop alors que son geste m’avait moi-même surpris avant que je ne l’imite dans une moindre mesure pour me redresser, glissant ma main dans son dos pour qu’il en fasse de même.

- Merci d’être venu, Jeon Hyun-Su-ssi. Soufflai-je en coréen dans un respect presque trop poussé malgré tout. Je m’excuse de t’avoir fait dérangé aussi vite et si brusquement mais… Mon regard se posa malgré moi sur Mika, ma main toujours posée dans son dos, comme pour lui rappeler ma présence constante. Je… Il faut que... Nous voulions te parler de... De ce qu'il vient de se passer...

Je ne savais pas comment commencer les choses, comment exposer ce qui avait pu se passer.

- Tu n’es pas sans savoir que… Que j’ai dû partir de Poudlard quelques jours. Tentai-je d’amorcer l’explication. Nous… Mika a…

Il fallait que je respire. Prenant quelques secondes pour remettre les mots dans le bon sens, j’avais levé les yeux vers mon cousin. Je devais être factuel, quel qu’en soit la difficulté, quelle que soit l’émotion, la rage que je ressentais face à ce qu’il devait savoir.

- Kim Seung-Joo. Avais-je commencé. Celui ayant fait tuer Ho-Seok-ssi. L’arrière grand père de Mika, quand bien même ce lien ne signifiait rien face à l’ordure que pouvait être cet homme. Ce… Ce connard, car il n’y avait pas d’autre nom, quand bien même jamais je n’aurais habituellement osé utiliser ce terme face à mon cousin. Vous avez mis hors d’état de nuire son… Son loup-garou. Avais-je repris. Il lui a fallu une autre protection et…

Cela n’allait l’amener à rien alors que la nervosité montait en moi malgré toute ma contenance, malgré l’effort que je faisais pour rester serein aux côtés de Mika. Dans mes yeux transparaissaient toute l’angoisse que je retenais alors.

- Ils nous en ont parlé à Mahoutokoro. Est-ce que tu te souviens de la malédiction du Nogitsune ? Repris-je alors, plus doucement.

Mieux valait qu’il s’en souvienne, l’explication en deviendrait certainement bien plus claire.

Faire asseoir Hyun-Su était peut-être une idée judicieuse alors que je buttai désormais sur chacun de mes mots. La tension que je ressentais chez Mika ne m’aidait pas, pour sûr, mais je la comprenais autant que je me sentais de plus en plus fébrile à cette annonce, à ce qui pourrait tout changer et… Non. Cela n’allait rien changer. Il en était hors de question. Je… Ma loyauté allait à mon cousin, à ma famille. C’était un fait établi, un fait que je ne remettrais jamais en question à moins que cela aille à l’encontre de Mika… C’était… C’était beaucoup plus fort que moi. Je devais le protéger. Je voulais le protéger et pour cela… Il devait rester avec moi.

Mais enfin, j’avais réussi. Du moins… En partie. La malédiction était énoncée et Mika avait répondu à la question de mon cousin sans que je ne puisse le faire avant lui. Une réponse qui entraîna un semblant d’explication et surtout la panique de Mika. Resté stoïque, je ne levai pas les yeux sur lui. Je ne devais pas le regarder alors même que l’envie de le serrer dans mes bras, de le rassurer me tordait l’esprit. Non. Je ne devais pas le regarder. Pas maintenant. Alors à la place, j’avais fixé Hyun-Su. Même difficilement, je voulais lui faire face, je voulais… Je voulais être aussi solide que je devrais l’être, soutenant Mika, soutenant que je ferais mon possible pour que Jizo ne soit pas un danger mais…

Les excuses de Mika et son sanglot eurent raison de moi. Je n’avais pas su tenir face à la détresse de mon fiancé que j’avais attiré soudainement contre moi, ma main dans ses cheveux pour le serrer là, entre mes bras.

- Tu n’y es pour rien, Hae… Lui avais-je murmuré alors que, paradoxalement, le sentir contre moi me donnait davantage de force, davantage de puissance dans ce regard que je relevai sur mon cousin. Cela fait deux semaines que je fais des allers-retours en Australie pour… Il fallait qu’ils se stabilisent. Lui et Jizo, le… Je secouai la tête. C’est le nom que j’ai donné au kitsune. Une façon comme une autre de le personnifier plus distinctement. Il… Il fallait que tu le saches, qu’on te le dise avant… S’il devait un jour ordonner quelque chose. Que tu saches contre quoi tu risqueras de te battre mais… Fronçant les sourcils, j’avais un peu plus serré le sorcier contre moi. Mika n’y est pour rien là-dedans. Il… Il subit depuis deux semaines tout ce que cela implique. Les professeurs sont au courant, ils n’ont pas jugé nécessaire de le renvoyer, qu’il soit séparé de… De moi. Mais ça ne devait pas être ici la priorité alors que je me taisais brusquement. Jeon Hyun-Su-ssi… Je… Je sais que… Laisse moi le protéger, lui, Mika et toi aussi. Laisse-moi… J’ai un plan. Car c’était finalement la seule chose qui me permettrait de protéger Hyun-Su autant que Mika. Il faut que… J’aurais besoin d’aide mais… Mais ça n’est que temporaire...

Cela n’allait pas plaire à Jizo, je le savais, mais Mika comme le kitsune savaient parfaitement le fond de ma pensée depuis les premiers jours. Quand bien même j’avais accepté l’existence de Jizo, quand bien même je n’avais pas fait état de mes désirs vis-à-vis du vieux Kim durant ces derniers jours pour leur permettre un début de sérénité au moins de surface… Je ne pouvais pas mentir ou le cacher à Hyun-Su. Pas quand tout le reste en dépendait.

Tout. Nous lui avions tout expliqué. La malédiction. Les deux dernières semaines. Jusqu’à lui demander comme grâce. Je voulais protéger Mika. Je voulais qu’il reste près de moi et… M’attendais-je réellement à une autre réaction ? En un sens, oui. Je l’espérais, tout du moins. Mais le couperet était bien rapidement tombé alors que Hyun-Su reprenait parole, faisant légèrement tressaillir Mika entre mes bras.

- Hae…

Non. Je pouvais accepter de m’incliner. Je pouvais tout donner à mon cousin mais… Mais pas ça. Pas voir Mika supplier. Pas le voir ainsi. Le poing serré, j’avais pourtant tenté, désespérément de ne pas bouger, me raidissant davantage aux mots de mon cousin.

- Personne ne te tuera, Mika. Grondai-je malgré moi alors que Hyun-Su continuait, alors qu’il m’épinglait cette fois, me faisant me raidir encore un peu plus.

Mon amour pour lui était-il plus important que ma loyauté ?... Ce n’était pas comparable. Les deux pouvaient coexister. Seulement s’il le permettait. Quant à mes promesses…
Je n’avais pas eu le temps de réagir que Mika le faisait, m’obligeant à tourner les yeux vers lui. Et à vrai dire, sûrement aurait-il mieux valut que je ne le regarde pas. Je l’avais laissé parlé, oui. Je l’avais laissé s’exprimer, le poing de plus en plus serré, ma main me faisant mal alors que je ne quittai plus mon fiancé des yeux. Non.
Je pouvais tout accepter. Mais pas ça.

- Tu ne repartiras pas en Australie. Avais-je fini par trancher, bien plus sèchement alors que ma main glissait dans son dos, ignorant soudain Hyun-Su. Ecoute moi. Mon cœur, s’il te plait. Murmurai-je plus doucement. Tu n’y es pour rien. Et je suis là. Tu ne seras pas seul… Calme toi… A mes mots, je l’avais de nouveau ramené contre moi, tentant de l’apaiser entre mes bras alors que mon regard se relevait enfin sur mon chef de famille. Ma loyauté est aussi importante que mon amour pour lui. Avais-je assumé, réellement, sans hésitation. Mais je ne choisirais pas de le sacrifier alors que je sais ce qu’il faut faire, alors que je vais faire ce qu’il faut pour qu’il ne soit pas un danger pour toi.

Pour la première fois, ma voix était claire, sèche et assurée face à Hyun-Su.

- Je n’abandonnerais pas Mika. Pour rien au monde. Je te suis loyal, Hyun-Su-ssi. Mais ma loyauté ne veut pas dire que je dois renier ma vie. Et il est… Mika était ma vie. Tout pour moi. Secouant la tête, j’avais froncé les sourcils. Mes promesses restent les mêmes. Je ferais ce qu’il faut. Mais tu dois me faire confiance aussi... Je…

Mon assurance avait ses limites. Mika contre moi, je prenais conscience que je venais d’agir de manière impulsive, dans la simple optique de le protéger, lui. Mais maintenant… Comment le faire accepter ?

- Tu as la preuve de ma loyauté. Nous te l’avons dit. Nous aurions pu te le cacher. Maintenant… S’il te plait. Mika n’y est pour rien. Il n’a rien demandé, il… Il a besoin de moi. Autant que j’avais besoin de lui. Ta sécurité m’importe autant que la sienne. Alors… C’est moi qui te supplie. Fais moi confiance. Pour… Pour cette seule fois, fais moi confiance. Je ferais en sorte qu’il ne s’en prenne pas à toi. Mais je t’en supplie… Reculant, je m’étais à mon tour incliné en preuve de mon respect, de ma supplique. Ne t’en prends pas à lui. Il n’y est pour rien.

Comme rarement, si ce n’était jamais, je m’étais opposé à toute décision probable de mon cousin. Refusant en bloc tout ce qui pourrait nuire à Mika, je n’avais pas vraiment réfléchi à la manière de faire ou de dire les choses, je l’admettais. Mais je ne supportais pas le voir ainsi. Je ne supportais pas sentir Mika ainsi. Il était un soleil et… Non. Je ne pouvais pas l’accepter, l’admettre. Et c’était pourquoi je m’étais rebellé.
Une rébellion qui avait évidemment fait réagir Hyun-Su alors que sa voix me figeait sur place sans que je ne détourne les yeux. Je ne devais pas plier. Je ne voulais pas plier. Pas quand il s’agissait de la sécurité de Mika, de sa vie mais…

Il n’avait effectivement rien dit. Il m’avait fallu tout les efforts du monde pour ne pas baisser les yeux, tentant de garder toute ma contenance face à sa colère, face à… Non. J’avais fini par baisser le regard vers le sol. Je ne pouvais pas m’élever face à lui. Je ne pouvais pas… Je n’avais pas le droit de faire cela. Et si je l’avais effectivement fait, je m’étais à nouveau raidi.

Mika m’avait pourtant demandé de ne pas répondre mais… Mais je ne pouvais pas. Cela m’était impossible. Je ne pouvais pas le laisser ainsi, accepter de le voir aussi mal. Et le rappel de la façon dont me voyait mon père eut au moins le mérite de me faire davantage plier alors que mon visage se fermait d’autant.
Cela fut pire lorsqu’il s’adressa à Mika, lorsque son ton sembla presque entendre du regret. Je… Serrant le poing, j’avais bien senti la main de mon fiancé sur mon bras mais… Il le remerciait et… Ne pas réagir était difficile. D’autant plus lorsque des larmes coulaient le long de ses joues et…
A vrai dire, ce furent peut-être ces larmes qui m’empêchèrent réellement de réagir de novueau impulsivement alors que je me redressai, que je l’attirai de nouveau à moi.

- Je suis là… Rappelai-je, essuyant ses larmes du pouce, glissant mes mains sur ses joues. Ca va aller… Calme toi, s’il te plait…

Presqu’une supplique, ma voix s’était faite bien plus douce, plus calme alors que je tentai désespérément d’être là, de le soutenir autant que je le pouvais, mon regard se tournant vers Hyun-Su.

- Je…

Ne pas répondre. Ne pas envenimer les choses.

- Je ne veux rien présumer, Jeon Hyun-Su-ssi. Avais-je tenté de rectifier. Je… Je veux seulement le protéger aussi… Ce… Ce n’est pas une question de ne pas t’être loyal… C’est… C’est pour ça que j’ai besoin de toi… Que tu me fasses confiance… S’il te plait… Je dois le protéger… Je ne présume rien… Je te demande seulement de… S’il te plait. Aide moi…

J’en demandais trop. J’en demandais beaucoup trop. Mais j’avais aussi besoin de son aide. Tant pour protéger Mika que pour le protéger oui. Je ne pourrais jamais agir seul. Je ne pourrais jamais exécuter mon plan seul si tant était que tuer le Kim était un plan. Je n’y arriverais pas seul. Je n’arriverais à rien seul alors que je me sentais dépassé par les événements, dépassé par la détresse de Mika que je tentai pourtant de gérer, d’aider du mieux que je pouvais. Je n’y arrivais pas.

Nous étions trop émotifs… Sûrement. Certes. Mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Je ne pouvais pas m’empêcher de vouloir le protéger, de vouloir peut-être même le surprotéger quand il souffrait autant. C’était plus fort que moi.
Cette situation… Elle ne pourrait pas durer. Tant pour Hyun-Su qui risquerait alors de se faire attaquer par Jizo que pour Mika qui ne le supporterait pas éternellement. Mais seul… J’avais fini par demander à mi-mot l’aide de mon cousin.

- Pour vous protéger. Avais-je rectifié.

Mais je n’étais pas assez clair et… Me faisant repousser, j’avais été une seconde surpris avant de comprendre, de capter le regard du sorcier, me faisant froncer les sourcils. Il ne pouvait pas rester ici… Il ne devait pas entendre…

- Je te retrouverais dans notre chambre. Avais-je soufflé, simplement, ma main serrant la sienne l’espace d’un instant avant qu’il ne fuie, ne me laisse seul avec Hyun-Su.

Fut-ce son départ, le trop plein d’émotions… Je n’en savais rien. Mais Hyun-Su avait raison. J’étais trop émotif dès lors qu’il s’agissait de Mika. M’effondrant sur une chaise, mon regard s’était soudain fait plus vide, plus affecté qu’il ne l’était. J’étais épuisé. Littéralement. Epuisé par les deux semaines passées, épuisé par les allers retours que j’avais pu faire en transplanant, par les émotions, par la situation.
Il m’avait fallu quelques instants pour reprendre parole, pour relever les yeux vers mon cousin.

- Je veux le libérer. Avais-je alors expliqué, plus clairement. Je ne peux pas le libérer de l’esprit. Mais je peux au moins le libérer du Kim et de son influence. Baissant la tête, j’avais serré les poings, posés sur la table. Celui qui tue le maître devient le maître. Alors… J’avais rapidement relevé les yeux vers Hyun-Su. Si je tue Kim Seung-Joo… Je deviendrais le maître de Jizo. Certainement pas celui de Mika. Tu ne risqueras plus rien. Et Mika non plus.

C’était un plan qui n’en était pas un. Je ne savais pas comment le tuer, comment rejoindre la demeure Kim, comment l’atteindre, lui. Mais j’avais au moins le but final : j’allais le tuer.

- Je ne veux pas que quelqu’un d’autre… Fronçant les sourcils, je m’étais stoppé un instant. Mika ne sera plus jamais vraiment libre… Je… Je veux seulement qu’il soit en sécurité. Que tu le sois aussi… Je veux seulement que tout le monde puisse vivre…

La peur de perdre Mika était encore tenace, sa mort ou plutôt sa presque mort m’avait… Elle m’avait effrayé, elle m’avait rappelé douloureusement combien il était facile de le perdre, de perdre l’être le plus important pour moi sur cette terre, de perdre n’importe quelle personne qui pouvait m’être chère. Ho-Seok était mort l’année passée. Mika avait failli être tué cette nuit. De cette même personne. Cette personne qui ne désirait que la mort de mon cousin, de son frère, de tous les Jeon qui pourraient se mettre devant lui. Cette personne pour qui je nourrissait une haine que je n’avais alors jamais ressentie pour quiconque.

- Je sais que tu n’approuveras jamais ma relation avec cet homme, avais-je repris, calmement, mon regard posé sur lui. Je sais que je te demande de l’aide pour protéger ce même homme qui pourrait te tuer s’il le lui demandait. Je sais que je n’ai rien à te demander, que je ne suis rien pour te demander quoique ce soit. Et cela me faisait mal de l’admettre, de n’être rien. Je sais que je… Je ne supporte pas le voir comme ça, que je suis peut-être effectivement trop émotif. Admis-je bien plus difficilement encore. Mais je ne peux pas le tuer seul… Je ne suis ni assez puissant ni assez calme pour cela. Je savais que l’amour que je ressentais pour Mika, ma rage même risquerait de me faire tuer avant même de pouvoir l’atteindre. J’ai besoin de vous, de Min-Ho-ssi et de toi. Parce que je veux le protéger. Parce que… Même si tu doutes de ma loyauté… Je veux aussi vous protéger. La seule chose que je demande est d’être celui qui tuera Kim Seung-Joo… Je t’en supplie, Jeon Hyun-Su-ssi… Mon regard s’était baissé, vidé. Aide moi…

La fuite de Mika, la colère de Hyun-Su... Tout cela m'avait au moins permis de me reprendre, de réfléchir, de m'expliquer, même difficilement. Ne restait qu'à le convaincre...

Devais-je réellement répondre à cette question alors que mon regard se fige sur mon cousin. Etais-je sérieux… y avait-il au moins une seconde où je n’avais pas paru sérieux ? J’en doutais tant cela était devenu mon objectif. Mais Hyun-Su avait raison. Il serait difficilement approchable. Et c’était bien pour cela que je ne pouvais pas le faire seul, que si je le ferais malgré tout, même si je ne recevais aucune aide, je savais cela encore plus risqué.

Au moins avais-je répondu aux attentes de mon cousin par la clarté de mes propos. Je voulais tuer Kim Seung-Joo. Je voulais et j’allais de venir le maître de Jizo… Ce que ne manqua pas d’épingler le sorcier. Des choses pas forcément compatibles… Fronçant les sourcils, j’avais légèrement baissé la tête avant de reprendre, de tenter, à nouveau, de lui expliquer. Oui. Il n’accepterait jamais ma relation. Oui. Je lui demandais de protéger celui qui pourrait le tuer. Mais je n’y arriverais pas seul.

Allant jusqu’à le supplier, j’avais froncé les sourcils. Je ne voulais conduire personne dans le mur. Evidemment. Mais… Avais-je réellement conscience des risques ? Sûrement Hyun-Su était-il plus terre à terre que moi lorsque la rage m’empêchait de réfléchir à tout ce qui pouvait m’entourer.

- Ce qui me fait penser… Répétai-je à mi-voix. Vous êtes les meilleurs sorciers que je connaisse ici. Vous désirez la mort de Kim Seung-Joo autant que moi. Vous savez garder la tête froide malgré tout, malgré tout ce qui a pu vous arriver. Vous… J’ai besoin de ma famille. Avais-je fini par admettre, le poing serré. Vous êtes les seuls en qui j’ai suffisamment confiance… Était-ce une bonne chose ? A vrai dire je n’en savais rien, mais je ne pouvais me raccrocher à cela. Que vous acceptiez de m’aider ou non… Je le ferais, quoiqu’il en soit. Assurai-je finalement. Je sais que… Enfin… Je ne suis pas idiot, Hyun-Su-ssi. Je ne m’attends pas à ce qu’il nous attende la porte ouverte. Mais je ne peux pas rester sans rien faire. Je dois au moins essayer… Il… Tu as vu Mika. Tu as vu combien il souffre de la situation. Une situation qui met en danger toute notre famille, toi, Min-Ho-ssi aussi… Je ne peux pas rester sans rien faire à attendre que les choses se tassent ou qu’un miracle arrive et qu’il oublie avoir transformé son petit-fils, raillai-je, amer. Je ne dis pas que ce sera facile, au contraire… Mais tu l’as dit… Il mérite de mourir. Pour tout ce qu’il a fait. Alors… S’il te plait. Aidez-moi…

Je n’avais plus d’arguments, plus d’autres choses à dire que tout ce que j’avais pu lui dire. Mais une chose était plus que sûre. Quelle que soit sa décision… J’irais.

- Oui. Soufflai-je honnêtement en hochant la tête. Je vous aurais demandé votre aide. Mais j’aurais été certainement encore moins confiant que vous l’acceptiez.

Il était inutile de le lui cacher. Je n’étais déjà pas réellement confiant alors si cela ne les avait pas concerné… J’aurais certainement tout parié sur un refus. Ce n’était aps le cas. Tant mieux. Cela me laissait au moins un léger espoir. Pour autant, que ferais-je s’il refusait ?... La question pouvait se poser alors que je ne pouvais malgré tout pas laisser les choses en l’état, pas lorsque Mika était en danger.

- Mais si personne n’y va, il pourra toujours faire ce qu’il veut de lui et ni moi ni personne ne pourrons malgré tout faire quelque chose contre ça.

Je ne pourrais pas me battre sans le tuer. Jizo était attaché à son maître. Je ne ferais pas le poids contre lui. Mais Mika souffrait… Cela était une raison suffisante pour me faire agir, pour me faire bouger et… Bien sûr qu’il y avait une différence. Evidemment. Me pensait-il réellement aussi idiot ? Je n’avais pour autant pas réagi, le laissant prononcer ce que je savais devoir faire tout bas et… Que sur nous trois ? Mon regard s’était fait presque surpris alors que je relevai réellement la tête vers lui. Il venait… Il acceptait ? Pas totalement. Il allait en parler à son frère. Une bonne ou une mauvaise nouvelle… J’admettais ne pas savoir. Mais c’était un pas en avant. Un pas qui me fit me lever, m’incliner, vraiment, en guise de respect, de remerciement aussi.

- Merci… De… D’accepter d’en parler à Min-Ho-ssi. Articulai-je avant de me redresser. Je… Merci… Il faut que… Je vais aller le rejoindre et… Merci.

Je n’avais pas vraiment attendu mon reste, préférant quitter la pièce assez rapidement pour retrouver Mika, pour le rassurer, pour le serrer dans mes bras. Tout allait bien se passer. Tout devait bien se passer. Il fallait y croire…