Pourquoi est-ce que je ne disposais pas ?... Le laissant reculer sans vouloir le relâcher pour le moment, je l’observai sans trop savoir quoi répondre. Pourquoi est-ce que je ne disposais pas… Parce que… A vrai dire, il n’y avait pas vraiment de raison seulement… Je n’avais pas envie de… D’être… Pressant ? Quand bien même il m’avait dit aimer, quand bien même j’aimais ça et… La logique m’échappait à nouveau. A croire que je ne l’étais pas autant que je le disais. Et puis… Il n’était pas contre avant que sa prison en dentelle ne détourne notre attention, c’était certain. Mais était-ce une raison pour rattraper ce que nous n’avions pas commencé ? Apparemment. Et Mika était décidé à… M’aider ? Arquant un sourcil je le relâchai enfin pour le laisser reculer jusqu’au second lit, arquant un sourcil alors qu’il attrapait un vêtement que je n’avais pas remarqué. Il restait un… Il allait ?... Clignant des yeux, je restai presque bouche bée en l’observant quitter son t-shirt pour enfiler la robe… Figé sur place, je ne le quittai plus de regard alors qu’il mettait les chaussures et…

Je…

Il approcha de moi. Je ne bougeai pas. L’observant autant avec surprise qu’avec cette étincelle qu’il allumait dans mon regard. Une étincelle qui s’accentua alors qu’il tournait sur lui-même avant d’approcher de nouveau, de se trouver presqu’à ma taille et que… Sa voix… Déglutissant, je m’apercevais que j’avais retenu ma respiration jusque-là, coupé par ce que je voyais, par ce qu’il dégageait et… J’avais un choix à faire. Enfin. Non. Ce n’était pas un choix. Pas vraiment. Pas quand j’en avais envie et qu’il me disait la même chose… Et… Sa provocation fonctionnait. Elle fonctionnait beaucoup trop sur moi alors que je fronçai instinctivement les sourcils. Il me cherchait et je répondais. Et même s’il aimait cela, même si j’aimais cela, je n’arrivais pas à admettre que cela soit si facile. Il avait tout pouvoir sur moi. C’était définitif.

L'entourant de mes bras, je glissai mon nez dans son cou que j'embrassai, comme pour le soigner, pour l'aimer de nouveau tendrement avant de soupirer à ses mots.

- Moi aussi... Murmurai-je en réponse. Plus que tout...

Je l'aimais. Je l'aimais vraiment. Et plus je l'aimais, plus je me sentais fort. Là, contrastant avec ma force physique inexistante, je me sentais invincible. Invincible, certes, mais aussi terriblement épuisé alors que mes yeux se fermaient, sans que je ne puisse vraiment lutter. Une lutte que je tentai malgré tout de gagner alors que je le relâchai un instant pour me redresser.

- Ne bouge pas... Soufflai-je, la voix éteinte, en me penchant sur lui.

Rapidement, du moins autant que je le pouvais après avoir étudié ses vêtements, je le déshabillai complètement. Chaussures et robe furent ainsi jetés sur le second lit avant que je n'attrape des lingettes de la table de chevet pour nous nettoyer rapidement. Puis, lorsque ce fut chose faite, je pus enfin me rallonger, ou plutôt me laisser tomber à côté de lui pour l'attirer de nouveau à moi, glissant ma jambe entre les siennes pour le serrer davantage contre moi, toujours plus.

- Tu seras mieux comme ça... Indiquai-je en bougeant légèrement pour m'enfoncer dans les oreillers, pour être installé plus confortablement. Parce que je n'ai pas vraiment l'intention de bouger...

Je n'en avais même plus l'énergie alors que mes mains parcouraient bientôt son corps, caressant sa peau tendrement, doucement, laissant mes lèvres embrasser sa joue, sa mâchoire jusqu'à ses lèvres. Un contraste évident avec ce que nous avions fait se mettait en place... Je voulais le chérir, je voulais l'aimer. Encore. Toujours.

- Ca va ?... Finis-je par murmurer doucement, entre deux baisers, esquissant un léger sourire.

J’aimais ces moments… j’aimais, d’ailleurs tous les moments que je pouvais passer avec lui mais ceux-ci, cette tendresse qui revenait après notre passion… Elle me semblait toujours plus forte, plus prenante… Dans un autre registre. Alors… Je désirais en profiter, je ne voulais plus bouger ou seulement pour m’assurer que lui non plus ne le voudrait pas. Le déshabillant, nous nettoyant sommairement, j’avais rapidement repris ma place, allongé sur le lit, Mika dans mes bras, lui expliquant le pourquoi de ma démarche avant qu’il ne m’arrache un sourire.

- Vraiment ? Soufflai-je avant que j’affirme ne pas vouloir bouger, ce qui le vexerait dans le cas contraire. Tant mieux… Je ne le ferais définitivement pas. Je n’en avais de toutes les manières pas la force. Ni l’envie.

Mais allait-il bien ? Je… J’avais été plus pressant et plus… enfin… Il allait bien. Quant à moi ?... Un instant, je me tus pour réfléchir avant de souffler.

- Oui… Je suis juste un peu… Gêné.

Difficile à admettre dans cette situation mais j’étais au moins honnête quoique je ne l’étais certainement pas du bien que je lui avais visiblement fait, bien au contraire, mais surtout d’aimer, de l’avoir aimé dans cette tenue, de cette façon… D’avoir aimé le… Le soumettre quoiqu’à bien y penser… Il m’avait bien plus soumis à ses désirs… Je lui avais cédé, comme souvent et… Et j’adorais cela.

Mais ? Il y avait un mais ? Arquant un sourcil, je le laissai se nicher dans mon cou pour l’enserrer davantage, glissant l’une de mes mains dans ses cheveux avant de sourire, de tenter une réponse dont je n’étais pas, moi-même, certain.

- Je suppose que… Que nous avons besoin des deux… J’ai besoin des deux… J’ai… Besoin de t’avoir, de te… De nous briser, de me sentir à toi mais… J’ai aussi besoin de tes bras et de te rappeler que je t’aime… Murmurai-je, embrassant son front.

Une réflexion qui n’était pas réellement approfondie, un état des lieux, finalement, plus qu’une réelle analyse mais une réalité malgré tout présente. J’avais besoin de ces deux pans, j’avais besoin de tout en lui, de sa douceur autant que de sa provocation qui m’entraînait toujours et irrémédiablement plus profondément dans mes désirs, dans mon plaisir, notre plaisir.

Arquant rapidement un sourcil, je baissai alors la tête vers lui tandis qu’une question venait à être posée. Aller le voir en entraînement ? Bien sûr que je le désirais mais… Avant la fin de l’année ?... Reposant la tête sur l’oreiller, je me mis à réfléchir. Inutile de se focaliser sur la raison de cette question… Voir l’endroit ne m’intéresserais pas. Et lui non plus alors qu’il m’arrachait un léger rire malgré ma non réponse.

- Tu n’as pas à l’être… Je doute que l’un de nous ne puisse imaginer que je vienne seulement pour voir l’endroit… Je n’aime pas assez le Quidditch pour cela. Mais toi…

Lui, je l’aimais bien assez pour aller au bout du monde s’il me le demandait… Il y avait seulement un problème à ce plan, un problème que je tentai de résoudre intérieurement avant de répondre, de lui expliquer.

- J’ai envie de venir… Enfin… Oui, j’ai envie. Même si on ne peut pas se voir vraiment, j’ai envie d’être là et te soutenir mais… Mais pour que j’y aille, il me faut l’autorisation de mes parents pour quitter le Collège.

Et il n’y avait qu’un réel moyen de l’obtenir sans attirer leur attention… Un moyen dont nous n’avions pas reparlé jusque-là.

- Ils savent que je n’aime pas le Quidditch ou du moins que cela ne m’intéresse pas. Mais Min-Ho-ssi, lui… Il est le capitaine de Serpentard et… Il me faut son accord et surtout qu’il m’accompagne… Ou au moins qu’il dise à mes parents qu’il m’y emmène, qu’il se porte… Disons garant. Soufflai-je. Je lui demanderais…

Même si je n’étais pas certain de la finalité de cette demande… Mais il fallait au moins que j’essaie. J’en avais vraiment envie. Je voulais être son fan numéro un. Par tous les moyens.

- Mais je ne te dérangerais pas, au moins ? M’inquiétai-je malgré tout en fronçant les sourcils. Enfin… Je ne veux pas te… Je n’en sais rien… Te déconcentrer ou te faire avoir des problèmes si… Si je ne résiste pas à l’idée de t’encourager et de t’embrasser après ton entraînement ? Plaisantai-je sachant qu’il me serait impossible de le faire. Parce que je compte bien acheter un maillot à ton nom dès que ce sera possible. Soufflai-je dans un léger rire.

- Comme si tu pouvais en être incapable un jour… Soufflai-je dans un léger rire.

Dans tous les cas, il allait bien… C’était, à vrai dire le plus important. Quant à moi… Comment aurais-je pu aller mal ?... Il n’y avait que cette gêne mais… Mais ce n’était rien face à ce qu’il m’apportait. Je tins malgré tout à le lui dire, à l’avouer. Un aveu qui entraîna réaction, bien sûr. Et son sourire entraîna le mien, ses doigts caressant ma peau me faisant soupirer d’aise.

- Plus que sexy… Murmurai-je en réponse à ses mots.

Qu’y avait-il de gênant ?... Beaucoup de choses à vrai dire mais… Mais sa logique était… Il rationalisait mes pensées. Définitivement. Mieux que quiconque d’ailleurs alors que je baissai un instant le regard pour réfléchir, pour penser à ses mots avant de sourire doucement. Il ne l’était pas… Et même si ma gêne n’allait pas disparaître d’un claquement de doigts… J’admettais que… en un sens, cela faisait du bien. Du bien de me dire, sans me l’admettre convenablement, que… Que je pourrais peut-être le revoir de la sorte sans… Sans avoir peur de ce qu’il pourrait penser…

Nous passions ainsi d’un extrême à un autre, de la passion à la douceur extrême alors que mes mains parcouraient son dos lentement, profitant de chaque centimètre de sa peau, l’aimant avec tendresse. J’avais bien tenté de répondre à sa question mais… A vrai dire… Cela me paraissait seulement naturel sans que je n’arrive à me poser la question réellement. J’aimais cela mais… La raison ?... J’admettais m’en moquer.

- Aucune ? Soufflai-je malgré tout, amusé.

N’y avait-il donc rien qu’il n’aimait pas avec moi ? Je n’en étais pas réellement convaincu mais… Soit. C’était tant mieux si cela était réel. Au moins un peu… Il y avait ainsi qu’un seul « problème » à cela, à nous… Nous restions séparés. Souvent. Et nous allions l’être d’autant plus pendant les vacances et même si nous nous retrouverions après quelques semaines… Je n’avais pas envie de me séparer de lui alors… J’admettais que sa proposition me plaisait. Beaucoup… Il allait seulement falloir l’aval de Min-Ho dont je doutais de la coopération…

Mika eut pourtant une bonne idée, retenant mon attention.

- Tu pourrais faire cela ? Soufflai-je dans un léger sourire. Je suppose que cela pourrait le convaincre… J’irais le voir demain. Je n’aurais besoin que des horaires.

Mais n’allais-je pas le déranger ? Lui faire avoir des problèmes ? Enfin… Je savais évidemment me tenir et bien entendu ne l’embrasserais jamais face à quelqu’un mais… Malgré tout… Était-ce vraiment une bonne idée ?
Oui ou… Ou plutôt, au moins ne dérangerais-je rien. C’était le plus important. Hochant la tête, un léger sourire aux lèvres, il eut même une solution pour nous retrouver. Les vestiaires si aucun autre joueur n’y était ou sa chambre, directement, que je rejoindrais bien sûr incognito… Toujours.

- Les deux ? Murmurai-je en venant chercher ses lèvres. Comme cela, j’aurais le même maillot que toi pendant tes matchs, quand je viendrais te voir…

Mais il préférait être mon vêtement… Riant à cette remarque, je l’entourai rapidement de mes bras pour l’obliger à s’allonger sur moi, le serrant dans mes bras, sourire aux lèvres.

- Je préfère aussi. Admis-je. Mais je ne suis pas sûr que tu puisses être mon vêtement et jouer au Quidditch en même temps. Soufflai-je en embrassant son front. Alors je me contenterais de ton maillot. Et… Réfléchissant un instant, j’embrassai son cou avant de souffler à son oreille. Je te féliciterais à ma façon à chaque fin de match, dans ta chambre.

Un nouveau rire m’échappa alors que je le serrai encore, enfouissant mon nez contre lui, respirant son odeur avant de m’arrêter et froncer les sourcils à ce que j’avais pourtant l’habitude de faire.

- C’est vrai que je te respire tout le temps… Murmurai-je à moi-même avant de rire à nouveau et reprendre ce geste qui m’apaisait toujours. Il faudra que tu me donnes tes horaires et… Et le lieu aussi… Et je te promets que je viendrais. Je vais convaincre Min-Ho… Et je vais commencer à créer ton fanclub… Je suis sûr que je trouverais d’autres supporter pendant les matchs ou les entraînements. Plaisantai-je. D’autres sorciers complètement accros à toi. Et alors je serais orgueilleux à me dire que tu es à moi… Et que tu seras toujours à moi… A personne d’autre…

C’était… Puérile. C’était même une preuve de ce « trop » qu’il entraînait. J’en devenais jaloux ou du moins… Je me plaisais à être possessif. Mais ce n’était pas grave… Justement parce que j’aimais cela, j’aimais le fait qu’il soit à moi autant que le fait d’être à lui… Uniquement à lui.

- Hot ? Soufflai-je dans un léger rire. Donc en plus d’être « sexy », je suis « hot » ?

Cela m’allait… Cela signifiait que je lui plaisais et… C’était le plus important. Comme le fait qu’il me plaise. Bien trop pour ma propre conscience qui se brisait à chaque fois avec lui.

- Je vais donc changer tous mes t-shirt par du blanc pour le plaisir de tes yeux.

Dans tous les cas, rien n’était gênant. Il aimait tout ce que nous entreprenions, tout ce que nous faisions ensemble sans voir la moindre chose qui pourrait le rebuter. Pour le moment tout du moins. Mais cela me rassurait, en un sens… Je ne me trompais, pour le moment, pas, même lorsque j’en oubliais la réalité dans ses bras…
Une réalité qui, pourtant, allait nous rattraper trop vite pour que nous n’y fassions pas attention. Nous allions devoir nous séparer et la fin d’année approchant, cela donna une idée à Mika, celle de me faire venir à l’un de ses entraînements. C’était possible, bien sûr, mais il me faudrait pour cela convaincre Min-Ho-ssi. Un fait dont je me doutais être capable quoiqu’aidé d’un pass… Peut-être cela serait-il plus facile. Alors… Soit. Je lui demanderais, le plus rapidement possible. En espérant qu’il l’accepte.

Ainsi, je pourrais réellement devenir son supporter numéro un. Celui qui serait toujours derrière lui et porterait même ses maillots, les mêmes maillots que lui. L’embrassant, j’avais ri doucement avant de secouer la tête. Non. La nuit, il n’en aurait pas besoin…

- Si je suis là, tu penses vraiment avoir besoin d’un t-shirt ? Plaisantai-je avant qu’il ne se revendique mon seul vêtement.

Un fait qui me plaisait à imaginer, à savoir alors que je l’attirai sur moi, allongé sur le lit. Mais un fait difficile à mettre en œuvre s’il jouait en même temps. Quant à rester nu… Riant à mon tour, je secouai la tête de gauche à droite.

- Tu es vraiment sûr de vouloir que ton petit-ami soit nu devant tout le monde ?

Cela dit, au moins, cela me permettrait de le féliciter plus vite après les matchs. Mais toujours après, jamais avant. Il avait besoin de ses jambes. Riant à cette vérité, j’acquiesçai alors. Jamais avant. C’était d’accord.

- Je ne voudrais pas être responsable d’une défaite pendant un match. Admis-je en riant.

Mais quoiqu’il puisse en être… Je viendrais. J’allais convaincre mon cousin et je créerais son fanclub. Un fanclub que je remplirais de sorciers qui le supporterais et face à qui je serais fier, fier d’être à lui, fier qu’il soit à moi, toujours.
Arquant un sourcil alors qu’il se décalait, je répondis à son baiser avec cette même lenteur, appréciant ses lèvres contre les miennes sans m’en cacher, heureux de cette vérité, de sa réaction, avant que je ne soupire d’aise à ses dents sur ma lèvre, le laissant s’installer sur moi, mes mains se reposant sur ses hanches dans un léger sourire. Observant son geste, je soufflai doucement à la marque laissée. Je ne l’avais effectivement pas raté… Et peut-être était-ce cela, le pire… J’aimais voir cette marque, j’aimais que d’autres puissent savoir que Mika n’était pas libre. Qu’il… M’appartenait, en un sens.

- L’idée du vampire de compagnie pourrait être amusante. Acquiesçai-je, répondant à ses lèvres. Mais je préfère admettre que je ne veux effectivement partager.

Un sourire. Un sourire sincère, réel, alors que ses mots me parvenaient. Son Hyung s’occupait très bien de lui…

- J’espère… Murmurai-je, reprenant ses lèvres plus franchement. Parce que je ne m’imaginais pas aussi… Soufflant un léger rire contre ses lèvres, je caressai lentement sa peau. Je ne pensais pas être aussi possessif… Je n’ai pas peur des autres mais… J’aime que… J’aime voir ça… Murmurai-je en déviant mes lèvres sur cette morsure que j’avais moi-même créé. Même si… Fronçant les sourcils, je le fis reculer doucement pour l’observer un instant. Je ne t’ai pas fait mal ?... Question idiote, évidemment qu’il avait dû avoir mal au vu de la morsure mais… Enfin… Repris-je. Tu me le dirais si cela te dérangeait ?... Si… Enfin… Je peux me retenir de… De te marquer autant. Soufflai-je, plus hésitant. Je ne veux pas te faire de mal. Car c’était toujours là ma crainte : le blesser. Ils vont imaginer que ta petite-amie est une tigresse à force. Murmurai-je dans un sourire entre amusement et tristesse.

Car à vrai dire… Plus j’y pensais, plus cela me pinçait le cœur. Personne ne saurait, c’était évident mais on lui attribuerait toujours quelqu’un, une femme. Jamais moi et… Enfin… Non… C’était déjà une bonne chose qu’ils sachent qu’il n’était pas libre. Qu’il ne le serait plus jamais.

Esquissant un léger sourire, je caressai lentement sa joue à ses mots. Des mots qui me faisaient plaisir. Non… Plus que cela… Des mots qui éveillaient en moi de la fierté, celle de me dire que je le rendais heureux, qu’il était bien avec moi… Alors… Sûrement ces sentiments valaient-ils bien un changement de couleur… Et d’humidité.

- Mouillé, d’accord. Plaisantai-je. Je garderais une bouteille d’eau sur moi alors. Pour quand je te croise.

Mais se croiser allait devenir difficile avec les vacances et à l’instar des week-ends, nous allions donc devoir attendre pour se voir… A moins que je ne puisse venir le voir jouer… Une possibilité qui me semblait réalisable et surtout plus qu’appréciable alors que je lui demandais deux t-shirts à porter… T-shirt qu’il ne pourrait donc pas me voler pour la nuit. Mais à quoi bon ?

- Evidemment que j’y compte. Soufflai-je avant d’hocher la tête. Et puis… Est-ce que tu as déjà eu froid dans mes bras ?

Oui, évidemment. Il était bien plus frileux que je ne l’étais. Mais je ne compterais pas le lâcher alors… Avec un peu de chance, je lui suffirais toujours… Je serais son vêtement, comme lui voulait être le mien. Mais pour ce faire, il allait falloir que je reste nu et face aux autres… Je n’étais pas vraiment convaincu. Et lui non plus fort heureusement, ce qui m’arracha un rire.

- Je n’ai pas besoin de comprendre que je suis parfait. Soufflai-je. Du moins… Tant que je suis parfait à tes yeux, cela me va. C’est suffisant.

Et je le lui prouverais après chaque match, c’était certain… Mais pas avant. Autant ne pas être responsable de l’une de ses défaites. D’autant qu’il n’était pas bon perdant.

- J’ai cru l’avoir remarqué… Murmurai-je dans un sourire entendu.

Cela tombait bien, je ne l’étais pas non plus, comme je n’étais pas partageur, ou bien moins que je n’aurais pu l’imaginer car quand bien même il était marqué, quand bien même je prouvais à tous qu’il était à moi, ou tout du moins à quelqu’un… Je ressentais une véritable satisfaction à le voir, à le faire… Même sans aucune peur des autres et avec toute ma confiance en lui. Mais… Une inquiétude se fit sentir. Le voulait-il, lui ? D’autant que tous allaient s’imaginer une petite amie tigresse… Alors…

« La personne qu’il aimait ». Il ne disait donc rien. En un sens… Cela me rassurait tout en me peinant. Je n’existais pas ou du moins pas vraiment et… Et j’existais à la fois. C’était… C’était paradoxal et si mon regard se baissa un instant, je le remontai au moins rapidement lorsqu’il continua.
Plus c’était fort, plus il aimait… Cela ne faisait que prouver que j’étais incapable de me contrôler… Ce qui était vrai, plus que vrai et je ne cherchais même pas à me contenir. Pas avec lui. Pas quand j’avais besoin de me laisser aller dans ses bras. Et je pourrais le faire d’autant plus et… Un instant, mon regard se voila, une idée, une parole de Mara en tête, avant que je ne revienne à la réalité. Il me le dirait. Il me le dirait toujours… Répondant à ses lèvres, je suivis son mouvement, me redressant alors dans le lit, le laissant m’enlacer alors que mes propres bras s’entouraient autour de lui, que je me serrai contre lui un léger sourire aux lèvres, apaisé par ce contact, par ses mots qui me rassuraient toujours… C’était cela, son super pouvoir. Définitivement…

- Insouciant… Répétai-je sans me décoller de lui. Tu me demanderais presque l’impossible.

Je n’avais jamais été insouciant. Je ne savais, à vrai dire, même pas comment l’être et s’il m’était possible de l’être. Alors…

- Je me laisse aller avec toi. Expliquai-je en fermant les yeux. C’est pour cela que j’ai peur de mal faire parce que… Je n’ai pas envie de réfléchir quand on… Quand nous sommes tous les deux. Et si cela me fait du bien, beaucoup trop de bien… J’ai peur, après coup, d’aller trop loin… Parce que je ne sais pas vraiment où sont les limites, ou s’il y en a, ou… Enfin…

Je savais pourtant m’arrêter, je savais respecter les consignes, le respecter lui. C’était ma priorité, évidemment mais… Quand bien même je savais le faire, mes limites étaient-elles les siennes ? Apparemment. Et cela me rassurait. Mais devenir insouciant pour autant, ne plus me poser de question ?... Cela me semblait impossible. Impossible complètement car après tout…
Le renversant sur le lit, capturant ses lèvres avec un désir certain, cette passion qu’il savait faire naître et entretenir en moi, j’esquissai alors un sourire.

- Et puis… Je suis déjà beaucoup plus insouciant que je ne l’étais en arrivant à Poudlard. Soulignai-je. Plus calme aussi et plus… Plus bavard. Un léger rire et j’embrassai son cou, cette marque que je lui avais offert. Si je devenais complètement insouciant, tu finirais par ne plus me reconnaître et par te lasser… Plaisantai-je en me reculant, m’asseyant sur le lit pour caresser sa jambe avant de sourire. Mais puisque tu aimes que je fasse attention à toi… Et puisque je pense que je peux me relever… Est-ce que tu as faim ? Ou soif ? Ou n’importe quoi d’autre ? Soufflai-je dans un sourire.

- Donc… Je dois être en t-shirt blanc mouillé et arrogant… La liste s’allonge. Soufflai-je dans un léger rire.

Une arrogance que je n’avais pas vraiment. Pas tout le temps. Pas sur tous les sujets alors que j’esquissai un sourire à ses mots, à ses remarques. J’étais parfait pour lui. C’était le plus important et ce qui me donnait d’autant plus envie de le rester, de lui prouver combien ce qu’il pensait était important pour moi… Mais après les matchs, évidemment. J’avais déjà eu un aperçu de son côté mauvais joueur… Et je n’avais visiblement encore rien vu. Arquant un sourcil, j’hochai doucement la tête. Je prenais note et… Espérais définitivement ne pas être responsable d’une défaite… D’ailleurs espérais seulement qu’il n’y ait aucune défaite.

Dans tous les cas… Une chose resterait inchangée. Il était à moi autant que j’étais à lui. J’aimais que d’autres puissent savoir qu’il n’était pas libre. Quand bien même je peinais à accepter que personne ne sache, jamais, que d’autres puissent imaginer une femme ou que savais-je… J’aimais le marquer. Et cela ne le dérangeait pas. Au contraire. Mais être insouciant au point de ne pas m’en inquiéter ? A vrai dire, je doutais en être un jour capable. Du moins… Pas complètement. Car insouciant, je le devenais dans ses bras. Je me laissais aller, je ne réfléchissais plus à mes gestes, me faisant parfois craindre de dépasser les limites qui se floutaient dans mon esprit. Mais nous étions deux pour nous en rappeler, pour ne pas les dépasser… Répondant à son baiser, je soufflai alors doucement.

- Et tu dis ça quand tu es tout aussi… Fiévreux que moi ? Murmurai-je. Je pense toujours à l’instant avec toi… Mais aussi à celui d’après. Et c’était ce qui m’avait toujours caractérisé. Je suis trop calculateur pour oublier les conséquences… Enfin… Dans une moindre mesure dans tes bras, je suppose. Ris-je doucement alors qu’il ne fallait pas être le plus intelligent des sorciers pour se rendre compte qu’admettre le désir, l’amour que je ressentais pour lui était le calcul le plus désastreux que j’aurais pu faire… Ou le plus merveilleux… Cela dépendait, finalement du point de vue… Car il m’apprenait à vivre, à réfléchir et surtout à respirer là où j’avais toujours eu l’impression de me noyer chaque seconde de ma vie… Il était comme mon oxygène, celui qu’il me fallait pour réussir à parler, à m’exprimer, me rendant plus bavard que je ne l’avais jamais été. Et je n’avais jamais vu quelqu’un qui parlait autant et aussi vite. Soutins-je à son souvenir dans un sourire amusé.  Au moins, tu as rapidement ralenti ton débit. Cela m’avait permis de le comprendre et de le suivre… Plus ou moins.

Pour autant… Même si je devenais, un jour, insouciant, Mika me soutint qu’il ne se lasserait pas. Ou tout du moins pas avant nos 110 ans, lorsqu’il ne saurait même plus ce qu’était une chaise… Remarque qui me fit hausser les sourcils, laissant un sourire légèrement narquois apparaître sur mon visage.

- Parce que tu sais déjà ce que c’est ? Toi qui sautes partout ? Répondis-je avant de rire et de me reculer.

Je me sentais plus en forme… Ou tout du moins je sentais que je ne risquais plus de m’écrouler en sortant du lit. Peut être était-ce donc le moment de gâter mon soleil… Alors que voulait-il ? Il avait faim et soif. Soit… J’allais donc devoir revenir les bras chargés… Une pizza ? D’ac… Avec du fromage ? C’était possible ? Clignant des yeux, je me mis à réfléchir. D’accord… Pourquoi pas. Quant à moi…

- Mmh… Réfléchis-je. Des œufs avec le jaune coulant et un mug d’iced americano… Murmurai-je en fermant les yeux, imaginant déjà le repas face à moi. Quatre œufs. Je vais les chercher.

Cela il devait y en avoir ! Ce n’était pas difficile alors, me remettant debout, tanguant l’espace d’un instant, je secouai la tête avant d’embrasser Mika et me rhabiller rapidement. Je n’en aurais pas pour longtemps… Du moins… Une pizza au fromage ? Cela se faisait vraiment ? Je n’en avais jamais vu… Mais… J’allais demander aux cuisines. Les pauvres elfes allaient finir par me maudire… Alors c’est avec toute ma gentillesse et mon respect que je me présentais à eux pour leur demander cette énième faveur, les remerciant cinq mille fois avant de remonter, vingt minutes plus tard, les bras chargés d’une pizza aux fromages, de boissons et de mes œufs coulants. Pas d’iced americano pour les cuisines, il était trop tard… Evidemment.

Retrouvant la chambre, je posai le plateau sur la table de chevet avant de m’asseoir sur le lit pour m’étirer.

- Les elfes de la cuisine sont beaucoup trop gentils… Admis-je. Il faut que je leur offre quelque chose pour les remercier parce que… Regarde… Soufflai-je en montrant la pizza dont l’odeur me paraissait un peu étrange mais qui trônait fièrement dans cette immense assiette. Elle n’a pas hésité quand je lui ai demandé… C’est courant ici ?

Faisant mine de réfléchir un instant, j’étais allé recherché ses lèvres dans un léger rire, secouant négativement la tête avant de soupirer contre ces dernières.

- Non. Répondis-je. Je préfère quand tu perds ta conscience avec moi.

Je devais l’admettre… J’aimais le briser, j’aimais lui faire perdre le sens de toute réalité entre mes bras, avec moi. Alors… Non. Je ne le voulais ni calme, ni insensible. Jamais. Pas quand j’étais moi-même incapable de l’être.
Pour autant, cela n’empêchait pas le fait que j’étais bien plus calculateur qu’il ne l’était. Je pensais à l’après, toujours. Je calculais mes gestes… Ou presque. Ceux qu’il induisait peinait à rentrer dans mes plans et, finalement, cela me faisait du bien. Paradoxalement. D’ailleurs sa remarque m’arracha-t-elle un nouveau rire.

- Logique implacable. Commentai-je avant que je ne fasse état de ce qu’il avait changé en moi.

Beaucoup de choses, à vrai dire, quoique je continue à être bien moins bavard que lui qui avait pourtant ralentit de loin sa cadence.

- Je suis certain qu’après ces deux mois, je serais capable de bien mieux comprendre qu’avant. Notai-je malgré tout, capturant ses lèvre rapidement pour l’empêcher de parler, de me faire une démonstration afin que je ne me sois pas trompé sur mes capacités… Ou tout du moins qu’on ne puisse jamais le savoir.

Nous nous répondions. Nous nous entraînions, c’était indéniable. Sans que nous ne soyons égaux ou que nous nous ressemblions, nous nous complétions mieux que bien d’autres sorciers… et cela durerait, jusqu’à ce qu’il ne se souvienne plus de ce qu’était une chaise, chose dont je doutais déjà alors qu’il ne semblait pas en accord avec ma pensée.

- C’est vrai. Admis-je malgré tout. Mais la chaise s’apparente alors plus à un engin de torture qu’à une vraie chaise. Plaisantai-je en retour.

Au moins nos quelques mots m’avaient-ils permis de reprendre un peu de contenance, de force, me permettant de me relever. Il avait faim et soif. J’allais donc me charger de ramener ce qu’il faudrait, dont des œufs et, je l’avais espéré, du café. Quand bien même cela m’empêcherait de dormir, j’avais besoin de café… Que je n’eus pas. Malheureusement.
J’avais néanmoins obtenu un plat que Mika sembla… Aimer ? J’avais rarement vu ce regard chez lui et surtout cette impatience alors qu’il réclamait sa pizza, me faisant rire, sincèrement, avant que je ne la lui tende, attrapant mon bol d’œufs pour me réinstaller sur le lit, en tailleur.

- De la nourriture ? Soufflai-je, en pleine réflexion. Qu’est-ce qu’aime les elfes de maison ? Cela dit je pourrais leur offrir des livres de cuisine coréenne… Je devrais trouver cela chez moi. Les elfes doivent en avoir aux cuisines…

La vie d’elfe était, malgré tout, un peu triste à bien y penser… Peut-être était-ce le moyen de les divertir mais… Jouer ?... Clignant des yeux, je l’observai avaler tout rond sa part de pizza, me faisant sourire, avant de grimacer.

- Je ne suis pas sûr… Jouer devant toi c’est une chose mais devant eux…

Dans les faits, cela ne changeait rien. D’autant plus lorsque j’avais eu dans l’idée de devoir jouer devant la professeurs de musique. Mais dans ma tête… Cela changeait beaucoup de choses. Sans vraiment une réelle logique.

- D’ailleurs… Tu ne m’as jamais montré tes talents de dessinateur. Je demande donc réparation. Fis-je remarqué dans un demi-sourire. Il n’y a pas que moi qui doit travailler l’art, ici !

Une plaisanterie certaine alors que j’avalais mon œuf, risquant d’en mettre partout en grondant un coup avant de soupirer.

- Et sans americano… C’est moins bon… Râlai-je malgré tout légèrement.

Je trichais, oui, mais cela ne me dérangeait pas. Bien au contraire. Son rire entraina le mien, autant que sa tentative de parler, d’ailleurs. J’étais insouciant avec lui… Moins que lui mais… Je l’étais. A mon niveau. Quoiqu’il puisse en penser. Alors… Finalement, peut-être était-ce la vérité. Tout allait si bien que nous ne nous lasserions jamais, qu’il ne se lasserait jamais… Jusqu’à ce que le mot chaise ne soit plus rien, même plus cet instrument de torture qu’il venait d’approuver avant que je ne quitte la pièce. Il avait besoin de manger et… Et moi aussi, à vrai dire, quoique mon idée de repas ne soit pas vraiment une repas complet. Mais il avait eu envie de pizza alors pizza il aurait. Il n’était, au moins, pas difficile.

Et je ne fus effectivement pas déçu alors qu’il se jetait dessus dès mon retour. Les elfes nous rendaient réellement de grand services culinaires… Les pauvres devaient me maudire à force de me voir arriver aux cuisines avec des demandes spécifiques… Mais même s’ils me détestaient, ils étaient toujours bien trop gentils pour ne pas le faire et… Il allait falloir que je les en remercie. Vraiment. Mais comment ? De la nourriture ? Je ne savais même pas ce qu’ils pouvaient apprécier, quant à la musique… Cela me semblait… Compliqué même si…

- Ce n’est pas vraiment ça le souci…

Enfin, si. C’était une partie du problème. Quoique les critiques puissent être bénéfiques, à mon sens. Mais… Jouer devant quelqu’un d’autre que lui c’était… C’était admettre que je pouvais le faire, que je pouvais réellement jouer de la musique et… Cela me paraissait encore un peu compliqué. L’envie revenait, ou du moins… L’envie se réinstallait – car elle ne s’était jamais perdue – mais je craignais encore trop l’avenir pour me laisser aller… Pour être insouciant.
Et puis, d’ailleurs… Voilà une chose dont Mika m’avait parlé sans me faire la démonstration. Dolly connaissait donc son talent mais pas moi ? J’allais crier à l’injustice, exagérant alors qu’il rétorquait qu’il avait déjà fait de l’art.

- C’est vrai. Admis-je en hochant la tête. D’ailleurs… Je crois que j’ai fait un peu de progrès… Il faudra que tu me corriges.

J’avais confiance en lui, peut être un peu trop en ses capacités de violoniste, d’ailleurs mais… Je me moquais de si c’était bien ou mal corrigé. Je voulais seulement qu’il le fasse, lui, plus que n’importe qui d’autre.

Arquant un sourcil alors qu’il quittait le lit, j’eus un mouvement en avant lorsqu’il trébucha avant de me détendre de nouveau. Au moins agissait-il à ce que je disais et… Du café soluble et… Je n’eus pas le temps de rétorquer que je ne savais qu’il dessinait avec du café qu’il quitta la chambre. Bon… M’étirant, j’eus au moins le temps d’aller chercher les deux instruments que je posai sur le lit qu’il revenait déjà en me tendant un verre de glaçon. Un iced americano… Esquissant un sourire attendri, le verre entre les mains, je m’occupai du reste, chauffant l’eau d’un sort et me recréant un iced americano dont la première gorgée fut salvatrice malgré l’heure avançant.
Réinstallé sur le lit, j’observai bientôt le calepin être déposé sur mes jambes et Mika, enfin, revenir. Posant ma main sur sa cuisse le temps d’un instant, je déposai mon café pour attraper le calepin afin de le feuilleter. Pas trop de cohérence ?

- Ce n’est pas moi qui vais pouvoir juger. Soufflai-je en observant les dessins un à un en silence.

Cela dura plus de cinq minutes alors que je ne faisais qu’observer les pages, détaillant chaque croquis avant de remonter le regard vers Mika, arquant un sourcil entre surprise et amusement.

- Et je trouve ça super. L’informai-je alors en refermant le carnet. Même si j’admet que cela manque de cohérence artistique sur la couleur du coin droit de la page cinq. Plaisantai-je comme si j’étais capable de juger.

Quoique… Si. J’étais capable de juger qu’il dessinait bien. Et c’était bien amplement suffisant. Alors, reposant son calepin à côté de moi, je glissai ma main sur sa joue, l’embrassant un instant, me permettant de me pencher au-dessus de lui pour attraper mon café qui me manquait bien trop pour m’attarder sur autre chose pour le moment.

- Je peux goûter ta pizza pleine de… Fromage ? Soufflai-je finalement en lorgnant sur son repas, un peu perplexe du goût que cela pourrait avoir. Juste un peu… Je suis… Disons… Curieux. Pas que ça sent mauvais mais… Disons que… Cela sentait très bizarre. Oui, voilà. Très très bizarre. Vous en mangez souvent en Australie des pizzas comme ça ?

- Je sens que tu vas trouver à redire. Soufflai-je avant de baisser légèrement la tête. C’est juste que… Je crois que je te sépare du reste du monde. Enfin… Jouer devant toi, je l’ai admis et je peux le faire mais devant d’autres personnes, ou des elfes… C’est différent. C’est… C’est comme si ça deviendrait plus tangible. Le fait que je puisse faire de la musique, que je puisse vraiment le faire. Même si c’est déjà le cas, ça serait en dehors de la chambre et du coup…

Du coup, cela m’effrayait un peu. Quand bien même cette idée pouvait être étrange ou incompréhensible alors que je jouais pourtant ici, que la guitare près de moi indiquait que j’allais jouer ce soir. Tout comme le violon, d’ailleurs, alors que je lui indiquai avoir besoin de lui pour me corriger.

- Au moins… trois heures les jours où tu n’es pas là. Admis-je, me rendant un peu compte ce que l’obsession de performance, et surtout de qualité dans la musique en particulier, m’entraînait à faire. Et les soirs quand je termine plus tôt ou que tu as des retenue aussi un peu…

Ce qui faisait… Beaucoup. Je l’admettais mais il avait demandé et… Si cela se trouvait, je faisais tout mal, de toutes les manières. Alors les heures n’y changeraient rien. Peut-être n’étais-je pas fait pour cet instrument… Enfin… Mieux valait attendre le jugement de Mika.
Un jugement qui allait attendre car le sorcier avait d’ores et déjà quitté le lit pour aller me chercher de quoi faire un iced americano, faisant certainement de lui le meilleur petit ami du monde. Et aussi un très bon dessinateur à observer son calepin, quand bien même je n’étais absolument pas apte à juger du moindre dessin.

- Juger quand on a aucune compétence revient à critiquer dans le vide. Répliquai-je avant de le faire, malgré tout, faussement… Sans qu’il ne semble réellement comprendre la plaisanterie, m’arrachant un sourire amusé. Alors je vais devoir t’apprendre à colorier sans dépasser le trait ? Repris-je sur le même ton.

Reposant le calepin pour reprendre mon americano, j’en vins alors à demander à goûter ce plat à l’odeur un peu étrange. Chose qu’il accepta, me faisant arquer un sourcil.

- Parce que je n’oserais pas t’enlever le pain de la bouche, tu étais si affamé que je regrette presque de ne pas avoir demandé deux pizzas.

Deux pizzas dont une devait être avec de l’ananas ?... Donc… Une pizza avec du fromage et une autre avec de… L’ananas ? Mais… C’était… Comment pouvait-il ne pas avoir de goût à ce point ? On ne mélangeait pas pizza et ananas, c’était… Mais… non, voyons !

- Comment est-ce que de l’ananas sur une pizza peut être bon ?...

Je n’en avais jamais vu ni même goûté mais… Mais non. Définitivement, non. Je comprenais soudainement sa mère et son exaspération… Cela dit, Mika me donnait des informations importantes sur ses goûts que je notai alors précieusement.

- Et je lui rapporterais des plats coréens. Comme ça je tenterais de me faire d’autant plus apprécier. Plaisantai-je avant de réfléchir.

Un mois allait nous séparer. Un mois où j’allais être occupé, bien sûr, comme toujours chez mes parents qui trouveraient très certainement quelque chose à me faire faire mais aussi un mois où j’aurais le loisir de m’entraîner à cuisiner… Pour lui faire plaisir alors…

- Si tu devais choisir… Quel serait ton petit déjeuner préféré ? M’enquis-je alors. Et ton dîner ? Et ton souper aussi. Tant qu’à faire, autant avoir toutes les informations d’un coup, quand bien même cela risquait d’être curieux. Et le goûter ? Rajoutai-je finalement dans un sourire du coin des lèvres avant d'attraper, enfin, un bout de pizza pour l'observer avec attention.

Dire que je craignais ce que j'allais avaler était faux. Je paniquais presque à l'idée de mettre cette chose dans ma bouche tant cela semblait dégouliner de gras et de... Fromage à l'odeur étrange. Toussotant, une moue au visage peut-être - sûrement - exagérée, je pris une longue inspiration. Mauvaise idée. J'en grimaçai avant de me boucher le nez pour, finalement, goûter ce plat.

Un, Deux, Trois...

Je comptai mentalement avant de me déboucher le nez, me laissant l'occasion de goûter véritablement le plat et... Clignant des yeux, je penchai légèrement la tête avant de les plisser pour observer la pizza.

- Ca n'a pas le goût de l'odeur... Admis-je, perplexe. C'est... Plutôt... Pas mauvais.

Ce n'était pas ce que j'allais préféré, certes, mais il fallait admettre que cela restait mangeable. Presque agréable. Quand bien même, si l'on observait ce que j'avais pris, il y avait bien plus de croûte que de fromage. Je n'avais pas été très courageux sur ce coup là...

- Je…

Est-ce que j’arriverais à jouer en Australie ?... Je… Je n’en savais rien mais… Il aimait que je joue, je le savais et si cela pouvait lui faire plaisir alors… Alors je le ferais, évidemment.

- Si cela ne dérange pas tes parents. Acceptai-je alors à mi-mot.

Mais si son père était comme lui… Je doutais que cela le dérange, lui. Arquant un sourcil en attrapant la photo qui m’était tendue, je penchai la tête, fronçant légèrement les sourcils, tiquant sur un détail.

- Vous ne bougez pas ?

Pourquoi étaient-ils si fixes sur l’image ? Enfin… C’était bien moins agréable à regarder et… C’était idiot de ne pas avoir fait en sorte qu’elle bouge. Pourquoi faire cela ? Néanmoins… Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire face aux visages souriants qui me faisaient face.

- Tu ressembles à ta mère. Notai-je avant qu’il ne m’indique que son père était un « troll », entraînant un froncement de sourcil d’incompréhension. C’est insultant pour ton père… Soufflai-je, me rendant compte de moi-même que quelque chose n’allait pas tant ce n’était pas l’habitude de Mika d’insulter et encore moins ses parents… Troll veut dire quelque chose de différent en Australie je suppose ? M’enquis-je alors.

Et après la guitare, ce fut le violon qui fut alors mis sur la table. Lui avouant mes heures d’entraînement, je secouai bien rapidement la tête à sa remarque. Il aurait toujours à vérifier, c’était une certitude. Pour la simple et bonne raison que quitte à ce que je fasse des fautes, je voulais qu’il soit là, qu’il donne son avis et que nous puissions faire quelque chose ensemble. C’était, après tout, pour cela que j’avais commencé. Quant au dessin… Je plissai les yeux.

- Ce n’est pas la même chose, et tu sais chanter. Rétorquai-je en riant légèrement. Tu as donc déjà beaucoup plus de poids que moi en dessin. Riant de nouveau à sa remarque, j’hochai largement la tête. Je pourrais faire comme si ça m’étonnait que tu n’aimes pas cela mais… Je préfère être honnête et dire que ça ne m’étonne absolument pas.

Mika n’était fait ni pour la patience ni pour la concentration… Du moins pas dans ce domaine. Mais dans tous les cas… Il était difficile de le désigner comme une personne « patiente ». Vraiment pas. Quant à ces goûts… J’allais pouvoir bientôt les vérifier. Lui demandant de pouvoir lui prendre un bout de sa pizza, il sembla surpris que je ne le fasse pas de moi-même. Une question tant de politesse et de respect que de refuse de lui enlever le pain de la bouche alors qu’il semblait affamé et…

- C’est ma faute, maintenant ? Fis-je remarquer dans un rire avant que mon regard ne se fasse plus taquin. Et tu as intérêt à t’y habituer. Je compte bien recommencer ce même exercice. Soufflai-je alors.

Comment allait-il terminer lorsque nous irions au bout ? C’était une bonne question dont la réponse tenait en un mot : épuisé. Même plus que cela, à vrai dire mais… J’admettais que la simple pensée de ce qu’il se passerait me tendait légèrement et… Mieux valait que le sujet change. Esquissant un sourire un peu plus figé, je soufflai doucement.

- Tu m’indiqueras où sont le sucre chez tes parents… Nous ferons un stock avant de… Avant de faire quoique ce soit. Je ne voudrais pas te voir tourner de l’œil.

Heureusement que la nourriture fut bientôt sur le tapis, et, par la force des choses, les pizzas dont… Une pizza avec du fruit dessus. Hérésie, à mon avis. Quoiqu’il me fit remarquer l’existence de poulet frit sucré… Soit.

- Mais il n’y a pas de fruits dedans ! Notai-je. C’est bien moins étrange que ta pizza avec de l’ananas… Et pourquoi pas du yuzu tant que tu y es ?

Un fruit que j’allais peut-être ramener en Australie s’il n’y en avait pas là-bas, d’ailleurs. Comme beaucoup de choses… Si cela pouvait faire plaisir à la mère de Mika… Quoiqu’il lui semblait qu’elle serait, de toutes les manières, heureuse de m’avoir. J’étais effectivement bien plus calme et plus… Disons… Discipliné que son fils. Et je ne faisais pas non plus office de vétérinaire. Je préférais amener les animaux blessés à d’autres qui sauraient s’en occuper mieux que moi. D’autant que des animaux même blessés risqueraient d’angoisser Rainy dont la sociabilité n’était pas le point fort alors… Non. Définitivement non.

- J’espère. Soufflai-je malgré tout lorsqu’il affirma qu’elle m’aimerait.

Dans tous les cas, j’essaierais de prendre soin de son fils et cela passait par son estomac dont je ne connaissais toujours pas le fond. Il y avait donc évidemment le chikin… Chiken paleumijiana dont le nom m’échappait encore malgré tous mes efforts, mais aussi le brownie que j’avais pu remarquer et… de la pizza le matin ? Oui… D’accord, oui… Pourquoi pas… Je… Oui j’apprendrais à cuisiner une pizza pour le matin, alors… Pour le reste… Il ne m’arrangea pas. Cela dépendait de ses humeurs… Soit mais… Comment pouvais-je faire pour apprendre certains plats s’il ne m’en donnait pas les noms ?

- Tu n’as pas deux ou trois exemples de plat ?... Tentai-je d’insister, espérant que cela ne soit pas étrange, trop désireux de lui faire la surprise de mes nouveaux talents culinaires.

Mais il fallait encore que je goute cette chose que je tenais désormais entre les doigts et… Cette odeur spéciale… Cette odeur m’obligea à me pincer le nez en plissant les yeux avant que je ne croque un morceau et ose, finalement, relâché mon odorat et donc mon goût avant que… Oui… En fait… ce n’était pas si mauvais… En tout cas, cela avait un meilleur goût qu’une bonne odeur… Je devais admettre être surpris et… mourir ?

- Je ne pensais pas mourir comme ça mais je vais m’y faire… Tentai-je presque de me rassurer car si tous les plats étaient comme celui-ci… J’allais effectivement y laisser mon estomac. Quoiqu’il y avait un restaurant… Japonais Péruvien ? Répétai-je en ne comprenant absolument pas la logique d’une telle chose. Mon palais de dragon ? Mais… C’est vous qui n’avez pas assez de palais pour comprendre que les épices sont parfaites pour relever des plats ! Rétorquai-je en riant. Et regarde ! Piochant un nouveau micro bout de sa pizza, je la mis dans ma bouche. Tu vois ! Je peux manger comme toi ! Avec un œuf entre chaque micro bouchée, c’était bien comme ça. Moins gras, en tout cas.