Par tous les mages, que lui avait-il prit ? Evidemment, j’avais convoqué la « victime » de l’assaut d’Ayden. Informé par le professeur Londubat des dires de son étudiant, j’avais préféré tordre les deux côtés du problème, laissant volontiers le jeune Gimhae à son directeur de maison et m’occupant de mon propre étudiant qui avait admis avoir été « trop loin » avec la jumelle d’Ayden. Soit. Au vu de la situation et parce que je n’avais de preuve que des mots, je n’avais pu véritablement allait plus loin qu’un retrait de point pour sa maison pour comportement inacceptable. Si seulement Ayden ne l’avait pas frappé… Oh ! J’avais fulminé, c’était un fait. Plus que de raison, d’ailleurs, dans ce genre de situation qui, pourtant, était déjà arrivé. Mais cette dite situation était, elle, bien différente de toutes les autres dans le sens où je n’étais plus simplement professeur de l’un des deux protagonistes de l’histoire… Et cela rendait les choses bien plus compliquées…

Et en parlant de « plus compliqué », les heures qui allaient suivre n’allaient pas l’être moins. Bien au contraire… J’étais responsable de sa retenue en l’absence du Professeur Londubat. Une tâche qui m’avait été confié sans que je n’aie de réel motif pour la refuser, évidemment. Dans le cas contraire, je me serais défilé. C’était trop dangereux de me retrouver dans la même pièce que lui dans un contexte purement scolaire et surtout de punition. Mais c’était désormais trop tard. Et déjà, je pénétrais dans la salle de classe occupée par l’étudiant.

Pas un bonjour. J’étais furieuse, et cela se voyait. Mais je ne l’étais peut-être pas pour les « bonnes » raisons… Mais nous y reviendrons. En attendant, c’était sur Ayden que je concentrais ma colère. Venant m’adosser au bureau du professeur, je plissai les yeux, bras croisés, en observant son sourire bien malgré tout des plus… Non. Erin. Non.

- Le Professeur Londubat m’a déjà tout expliqué mais je t’en prie. L’invitai-je à me dire les choses sans même lui révéler que j’avais, moi-même, pris les choses « en main » à mon niveau.

Je soupirai. Fortement. Evidemment, je savais qu’il n’était pas « sage ». Et cela ne m’intéressait pas… Enfin… Sans dire que cela m’intéressait aussi d’ailleurs. Enfin… Hum. Bref. Mais tout de même. Pinçant l’arête de mon nez, je fermai les yeux quelques instants pour retrouver contenance. Une chose particulière m’agaçait dans cette situation, une chose que je me refusais à admettre mais qui me mettait dans une rage telle que je préférai encore me calmer pour lui éviter la vue d’une demi-vélane absolument furieuse et donc hideuse.

- Je ne t’ai jamais demandé d’être un angelot, Ayden. Commençai-je plus ou moins calmement. Mais est-ce que tu te rends compte de ce qui aurait pu se passer ? Pourquoi n’es-tu pas venu chercher un professeur, ou même moi ? (Puisque je ne me considérais plus réellement comme sa professeur au vu de ce que nous avions partagé…). Et ne me dis pas que tu ne pouvais pas ! Lui déboîter la mâchoire ! Ayden ! Pour cette violence tu aurais pu être renvoyé !

Ce n’aurait été l’espace que de quelques jours, certes, et au vu de la situation, le Professeur Londubat ne l’aurait pas fait, CERTES. Mais… Ce n’était toujours pas cela qui me rendait plus que furieuse… Alors quoi ?

- J’espère sincèrement que tes explications vont me convaincre avant que je ne t’en mette une moi-même. Grondai-je, n’ayant plus réellement besoin d’être la professeur parfaite que je n’étais de toutes les manières pas devant lui.

Je serais incapable de lui casser la mâchoire, certes, autant par manque d’envie que par manque de force, mais ça ne m’empêcherait pas de le secouer comme un prunier. Cet imbécile qui aurait pu être blessé ! Ah… Voilà donc le problème… Je connaissais bien l’étudiant qu’il avait boxé pour l’avoir régulièrement dans mon bureau. C’était une personne intelligente, aux connaissances profondes mais terriblement capricieuse, désagréable voire même violente. Alors… Merlin, il aurait pu tout arriver !

L’explication était claire. Aussi claire que celle que m’avait fournit le Professeur Londubat et en adéquation avec ce que m’avait rapporté l’étudiant de Serdaigle puni pour son comportement autant que je l’avais pu. Soit. Mais malgré tout. Si Ayden ne l’avait pas frappé, si j’avais été prévenu en temps et en heure, j’aurais pu agir bien plus ! Alors par tous les mages pourquoi n’avait-il pas été cherché un responsable ?! La réponse me fit froncer les sourcils. Il y aurait eu des solutions, comme prendre sa sœur avec lui. SANS LE FRAPPER. Merlin…

Mon regard trahissait mes pensées alors que je le laissai parler, je le laissai me dire tout ce qu’il désirait me dire, ne bougeant pas alors qu’il approchait de moi. Sa colère… Il était en colère, je pouvais aisément le sentir. Il était tout autant en colère que moi mais pas pour la même raison. Sans un geste, je le laissai s’approcher du bureau et se baisser, mon regard fixé dans le sien. Ayden était impulsif. C’était un fait que je n’ignorais pas. Je ne faisais désormais qu’en avoir la preuve alors qu’il usait d’un langage que je ne pouvais approuver… Quoiqu’étant en accord avec ce dernier, je l’admettais aisément intérieurement.

Et il disait la vérité. Je n’avais aucun doute là-dessus. Je n’aurais jamais de doute là-dessus. Il m’avait bien trop souvent prouvé sa franchise pour cela. Attrapant ma baguette pour verrouiller la porte, simple mesure de sécurité, je la reposai afin de glisser mes mains sur les joues de l’étudiant.

- Je te crois, Ayden. Soufflai-je doucement, éteignant ma colère pour apaiser la sienne alors que mes lèvres se posaient sur les siennes dans un espoir de réconfort. Je n’ai pas besoin de veritaserum pour te croire… Et je ne t’ai pas attendu pour agir… J’ai convoqué Michaelson quand j’ai appris ce qu’il s’était passé. Parce que tu l’as frappé et que je n’ai eu aucune preuve autre que ce que m’avait dit le Neville… Enfin le Professeur Londubat, je n’ai pu que le faire parler et lui faire admettre les faits pour lui retirer des points. Il doit aussi normalement aller s’excuser auprès de Leticia en compagnie de votre directeur. Lui expliquai-je calmement.

Je n’aimais pas que mon entourage soit en colère. Cela avait une tendance à m’angoisser. Encore plus depuis tout ce qu’il s’était passé. J’angoissais bien trop facilement et j’admettais n’avoir donc qu’une envie : l’apaiser, le calmer et retrouver cette étincelle dans ses yeux qui me faisait du bien. Ainsi fis-je taire ma propre colère, non sans reprendre malgré tout sur quelque point.

- Je ne t’en veux pas pour avoir défendu ta sœur. Et je ne t’en voudrais jamais pour ça mais… Tu aurais pu être blessé, tu aurais pu être renvoyé aussi… Beaucoup de choses auraient pu se passer à cause d’un simple et malheureux coup. Alors… Je t’en veux de ne pas penser à ça. A toi. Lui expliquai-je à mi-voix. Je n’aime pas la violence parce que…

Parce que la violence me faisait peur. Depuis l’agression, alors que j’avais déjà horreur de la violence, elle me faisait d’autant plus peur. Et si j’avais confiance en Ayden… Etait-ce possible qu’il se retourne un jour contre moi ?... Un instant, mes yeux durent trahir cette sombre pensée alors que je l’observai, un éclat de peur dans ces derniers, avant de secouer la tête, tentant de faire partir cette idée délirante.

- Enfin… S’il te plait. Je te demande seulement de faire attention. Neville et moi ne sommes pas idiots. Nous savons très bien dénoué le vrai du faux et trouver les coupables. Mais ça pourrait être différent la prochaine fois.

Mon front contre le sien, je fermai doucement les yeux, cette idée idiote toujours dans mon esprit. Par Merlin… Il fallait que je cesse un peu de penser…

Bien sûr… Ayden avait trouvé à redire. J’avais beau tenter de le calmer, de l’apaiser, de lui expliquer, rien n’y faisait. Il restait cantonné à son idée. Je pouvais le comprendre… Il s’agissait de sa sœur. Evidemment. Mais je ne savais plus réellement quoi dire pour tenter de le soulager de cette colère. Rien ne me venait plus. J’avais tenté tout ce que j’avais en ma possession, à sa voir… Pas grand-chose, à vrai dire.
Mais malgré tout, si je le comprenais, je n’acceptais pas son geste. Pas pour des raisons de règlement à vrai dire, mais bien parce qu’Il aurait pu être blessé. Et cela… Une petite voix me disait au fond de moi que je ne le voulais pas. Enfin… Je ne le voulais pour personne, bien évidemment ! Mais… Lui… Un peu plus quand même. Mais il avait cédé à cette colère, il avait cédé à son impulsivité et… Un instant. Un instant seulement, une pensée me traversa, trahie par un regard plus figé, plus… Effrayé. Et s’il cédait un jour face à moi ? C’était idiot de penser de la sorte. Idiot d’imaginer qu’Ayden puisse lever la main sur moi. J’avais confiance. Plus ou moins. Plus que moins, certes, mais cela suffisait. Alors… Pourquoi avoir pensé à une telle chose ?

Malheureusement, l’étudiant le remarqua. Evidemment. Et de lui-même, il vint se séparer de moi. Son rire ne pu que me démontrer sa nervosité face à ce qui semblait être… Non. Ce qui était une imbécilité de ma part. Mais que répondre ? Je ne savais même pas mentir sur des sujets aussi « simples ». J’aurais pu le rassurer, lui dire que non, je n’y avais pas pensé, qu’il avait mal vu mais… Rien ne vint. J’en fus tout bonnement incapable. A la place, je baissai doucement la tête, les sourcils froncés dans une moue désolée et attristée. Idiote. Je n’étais qu’une idiote qui ne savait que faire du mal à ceux qui l’entouraient. C’était sûrement pour cela qu’Andrew avait préféré tout arrêter… Evidemment. A nouveau, l’auto flagellation revint à la charge, plus virulente que jamais alors que je sentais les larmes me monter aux yeux. Il ne frappait pas les femmes. Bien sûr. Il ne frappait que pour des raisons évidente, comme celle du manque de consentement. Naturellement. Ayden était une personne de valeur, un homme doté d’une bonté certaine, d’une bravoure que je ne saurais ignorer et avec un cœur plus grand que lui-même ne devait même sûrement l’imaginer. Jamais il ne ferait une telle chose…

Il me fallut de très longues secondes pour trouver une solution et… A vrai dire je n’en voyais aucune. Ou du moins aucune qui puisse être réellement efficace face à ce genre de situations. Ainsi… Pris-je la décision de ne rien faire. Ou du moins de ne rien dire qui puisse aggraver les choses. A la place, je me séparai du bureau pour m’avancer vers Ayden, glissant mes mains dans les siennes sans l’observer. J’avais honte, c’était un fait certain. Mais ne rien dire… N’allait en fin de compte peut être pas arranger les choses…

- Je suis désolée. Soufflai-je alors, admettant ainsi avoir eu ces pensées aussi sombres qu’irréalistes. C’est juste que… Enfin… Je sais que tu le ferais pas, Ay’… Levant doucement le regard pour le fixer dans le sien, je semblai réellement affligée. C’est… C’était idiot de ma part. Je… Je comprends… Enfin j’imagine que c’est pas non plus évident pour toi de subir ce genre de pensées alors…

Soupirant, je le relâchai alors en me reculant. Cette fois, je ne pouvais véritablement en vouloir qu’à moi-même et je savais pertinemment ce qui avait tout fait capoter. Fermant les yeux quelques secondes, j’attrapai ma baguette pour déverrouiller la porte.

- Tu es libéré, vas-y. Lui indiquai-je. Je dirais au Professeur Londubat que ton attitude a été exemplaire et que je t’ai retiré les autres heures de retenue.

Andrew, puis Ayden… Je n’étais visiblement pas faite pour la moindre relation, amoureuse ou… Etrange. Comme avec l’étudiant. Tant pis. J’allais finir vieille fille à chat. Comme j’avais pu le dire deux ou trois fois à Amos. Ça m’irait bien ainsi. De toutes façons, à part faire du mal aux autres autant qu’à moi, je n’avais pas franchement d’autres utilité…

- Désolée… Murmurai-je malgré tout en faisant volteface avec cette terrible envie de pleurer qui revenait de nouveau. Foutues émotions.

Je m’en voulais. Incommensurablement. Je savais que les pensées que j’avais pu avoir n’étaient pas dignes de ce qu’était Ayden mais… Je n’avais pas pu m’en empêcher. Comme si elles m’étaient imposées, comme si je ne pouvais pas faire autrement. Et d’une « simple » retenue déjà bien compliquée, j’avais réussi à rendre le tout impossible. Et de la manière la plus stupide qu’il soit, c’était un fait. J’avais heurté Ayden. Lui qui n’avait fait « que » défendre l’honneur de sa sœur, je l’avais imaginé capable du pire… Bien sûr n’aurait-il pas du frapper ce jeune garçon. Bien sûr aurait-il du tenter de limiter son impulsivité mais… Était-ce une raison pour imaginer ce genre de choses ? Non. Evidemment pas.

Je l’avais ainsi relâché, comme un signe de reddition. Inutile de lui faire perdre davantage son temps. Je ne ferais que m’enfoncer et l’enfoncer par la même occasion. Je n’étais pas douée pour les relations sociales. S’était donc définitif. Même lorsque lesdites relations étaient sans foncement, interdites et je ne savais quel autre adjectif… Je réussissais à tout foutre en l’air…

La décision avait donc été prise. Il était libre. Inutile de le faire rester. J’inventerais je ne savais quelle excuse pour Neville. Ayden pouvait partir et était libérait de ses obligations, de sa punition. Je lui en avais infligé une bien assez forte après tout. Et j’en avais honte. Définitivement.

Imaginant qu’il allait quitter les lieux sans vraiment demander son reste, je lui faisais désormais dos. Je m’étais excusée, évidemment, mais… A quoi bon ?

Les mains qui se posèrent sur moi soudainement eurent le mérite de me faire sursauter, me figeant sur place. Le laissant enfouir son visage dans mon cou, je fronçai doucement les sourcils au souvenir de la porte que j’avais déverrouillée. Un froncement qui disparu dès lors que l’étudiant prit parole. Et doucement, mes mains vinrent se poser sur les siennes. Je l’écoutai. Attentivement. Sans réellement savoir quoi répondre. Je ne devais pas le comparer à Andrew mais… Enfin… Non. Je ne le comparais pas. Je ne comparais jamais personne. Mais moi… Moi j’agissais de la même façon qui avait sûrement fait fuir Andy… Ce n’était pas pareil.

Quant au fait de m’imposer… Baissant les yeux, je devais admettre ne pas savoir comment m’y prendre. Enfin… Si, bien sûr. J’avais toujours eu mon caractère. Mais… Je ne voulais pas le blesser, le vexer ou que savais-je. Je ne voulais faire cela à personne. Sa dernière remarque réussit, néanmoins, à me faire rire doucement.

- J’ai pas totalement cédé… Lui soufflai-je alors.

J’avais cédé physiquement, d’accord. Plus d’une fois. Certes. Mais… Je savais qu’il attendait de moi une chose que je ne pouvais lui donner. Pas maintenant. Un jour ? Peut-être. Mais pas aujourd’hui. Soufflant doucement, je me tournai ainsi pour lui faire face, venant me blottir, ni plus ni moins, dans ses bras. Je n’avais pas totalement cédé, certes, mais… J’admettais aimer cette sensation de sécurité qu’il m’apportait sans qu’aucune ombre au tableau ne vienne m’effrayer réellement – si l’on oubliait ma dernière bêtise.

- Serre moi contre toi. Lui soufflai-je doucement alors que mes bras s’enroulaient autour de sa taille. Je voulais pas te faire de mal… J’ai… Beaucoup de peur. Admis-je.

Beaucoup trop. Cela en devenait invivable, je l’admettais. Même pour moi. Surtout pour moi, à vrai dire. Mais que pouvais-je faire ? Enfin… Si. Bien sûr. Je me battais. Seule. Je devais me battre. Je devais réussir à oublier ce qu’il m’était arrivé. Si j’allais réussir ? Je n’en savais rien mais… Au moins essayais-je.

- La prochaine fois… Essaie de faire céder une étudiante de ton âge et plus facile que moi. Tentai-je de plaisanter avant de lever, finalement, la tête vers son visage.

Mes yeux étaient rougis des larmes que j’avais retenu. Je m’en voulais. Toujours. Je m’en voudrais d’ailleurs certainement un certain temps d’avoir osé penser de la sorte. Mais… Au moins le regardai-je enfin.

- Ne te bas pas. Essaie… Au moins… Lui soufflai-je finalement. Je ne te demande pas de ne pas défendre l’honneur de ta famille ou la vie de ta sœur ou n’importe quoi. Mais… Essaie de trouver les autres solutions d’abord. S’il te plait… La violence ne résoudra jamais rien… Que ce soit une histoire d’honneur ou… Ou de race… Est-ce que ceux qui m’ont attaqué ont réglé le problème de mon existence d’après toi ? Demandai-je consciente qu’il s’agissait d’un exemple extrême.

En un sens… Ils avaient réussi à m’effrayer au point que je ne sortais plus de Poudlard, ou pas sans alcool… C’était donc me rayer de la société… Une demi réussite. Soit. Mais j’étais encore là. Encore professeur. Encore debout. Plus fragile et cassante. Plus peureuse peut être. Moins aventureuse alors même que c’était, auparavant, ce qui me caractérisait mais… Là quand même.

- Je ne veux pas risquer de…

De quoi ? De le perdre ? C’était égoïste que de dire ou de penser cela. Et pourtant, en un sens, je le pensais. Il m’apportait la sérénité dont j’avais besoin… C’était un fait que je ne pouvais nier. Alors… Pouvais-je me permettre d’être un peu égoïste ?...

- Te perdre… Admis-je donc. A mi-voix. Me le permettant. Pour une fois.

Il ne s'agissait pas d'amour, je n'étais même pas sûre de pouvoir en donner à quelqu'un de nouveau, et encore moins à un étudiant, quand bien même cela le mettait en colère que je puisse penser de la sorte. Mais bien de l'égoïsme, un besoin de sérénité qu'Ayden m'apportait. Un apaisement certain à son contact...

J’avais cédé en bonne partie… Oui… Bon… Peut-être, certes. Je lui avais au moins physiquement cédé. Il fallait dire que le jeune homme savait particulièrement bien s’y prendre pour… Hum. Enfin bref. J’avais effectivement cédé sur cette partie. Et légèrement de manière émotionnelle. Il m’apaisait, c’était un fait. Mais tout restait bien égoïste face à la générosité dont il faisait preuve envers moi. Ayden était quelqu’un de bien. C’était un fait certain. La preuve en était… Il indiqua ne pas m’en vouloir, ce qui me fit légèrement soupirer de soulagement. Il comprenait mais… C’était moi qui ne me comprenais pas. Je n’agissais jamais de la sorte habituellement. Je n’étais plus moi et cela me faisait autant de mal que j’en venais à lui faire du mal. J’aurais voulu redevenir comme avant, aventurière, amusante, souriante même. Mais rien n’y faisait… J’allais avoir besoin de temps. Je m’en convainquais. Quoique cela commence à devenir long… Très long.

Et mon visage trahit largement mes émotions alors que je prononçais une demande bien difficile. Je le savais. Bien sûr. Je savais qu’il ne pourrait pas promettre cela. Et… A vrai dire, je n’avais aucune envie de le changer. Il était comme ça. Je ne voulais de personne d’autre. Enfin je ne voulais… Je me comprenais. Mais cela ne changeait pas les choses. Secouant la tête, je soupirai alors.

- Ce n’est pas l’incomparable… C’est… Juste un niveau de violence différent. Soufflai-je, fermant les yeux au contact de son front. Et… Ay’… Je te demande pas de changer. C’est juste que…

Que j’avais peur de le perdre. J’avais fini par le dire, ou plutôt le murmurer. Oui. J’avais peur de le perdre, égoïstement, certes, mais c’était un fait. Et lui m’indiqua que ce ne serait pas le cas… Fronçant les sourcils, les yeux toujours fermés, j’avais profité de son baiser sans réellement y répondre.

- Tu ne sais pas de quoi les autres sont capables. Même quand tu ne fais rien… Alors quand tu frappes…

Je savais de quoi les « autres » étaient capables. J’avais eu la preuve physique de la violence humaine. De la haine à l’état pur. Et moi, je n’avais rien fait. Je n’avais jamais rien fait à qui que ce fût. Alors qu’est-ce que cela aurait pu être si je m’étais défendue avec violence ? Je me refusais à y penser car… Sûrement n’aurais-je plus été de ce monde.

- Mais je sais que tu es certainement l’étudiant le plus têtu de ce château. Lui avais-je finalement soufflé. Et j’ai confiance en toi…

C’était en les autres que je n’avais pas confiance. Mais en lui… Le contraire était impossible. Pas après toutes les règles que j’avais transgressé avec lui. Il me fallait une confiance absolue pour me tenir là, dans ses bras, dans cette salle même pas verrouillée. Pour avoir partager mon lit avec lui. Pour lui demander peut-être trop souvent de passer me voir aussi, d’ailleurs.
Peut être ma confiance était-elle encore, malgré tout, fragile. Je pouvais l’admettre. Je peinais à imaginer qu’un étudiant puisse s’intéresser à moi, ne comprenant donc pas pourquoi il était là dès lors que je lui demandais, pourquoi il était attentif, pourquoi je retrouvais des cafés vanille sur mon bureau assez régulièrement. Je n’imaginais pas que cela puisse être réellement de manière désintéressée et je ne comprenais pas ce qu’il pouvait désirer réellement. Je n’avais rien d’autre que mon corps à lui offrir… Et mon corps… Malgré même mon sang, il y avait résisté. Difficilement. Certes. Je l’avais bien vu le jour où je m’étais endormie nue contre lui. Ce soir-là, fatiguée et triste comme cela m’arrivait trop fréquemment, je n’avais eu envie de rien d’autre que de tendresse. Et je l’avais senti se tendre dès lors que j’étais sortie de ma salle de bain seulement entourée de ma serviette. J’avais profité de sa présence sur mon lit pour lui faire lâcher son livre et prendre place contre lui, épousant ses formes, mes fesses contre lui… Oh… Rien ne m’avait échappé mais… Il n’avait rien fait. Rien d’autre que me garder dans ses bras jusqu’à ce que je m’endorme. Et ce n’avait pas été la seule fois où le pauvre Ayden avait dû subir ce sort… Cela était presque plus arrivé que… Enfin qu’on… Hum… Alors… Si ce n’était réellement pas pour mon corps, comme il me l’avait prouvé… Pourquoi ? Je n’arrivais pas à l’admettre ou à l’accepter… Cela me paraissait tellement… Impensable. Impossible…

Fronçant les sourcils, je vins néanmoins l’embrasser, avec une tendresse dont j’avais réellement besoin à cet instant. Mes bras s’enroulant autour de son cou, j’approfondissais ce baiser avec cette pointe de passion qui arrivait à pointer de nouveau le bout de son nez dès lors qu’il se trouvait là. Une passion que tout les événements du mois dernier avait pourtant bien étiolé. Me séparant de lui, je soupirai de nouveau.

- Le Professeur Londubat m’a dit que je devais te donner des devoirs supplémentaires pour passer les retenues… Je te propose de transformer ces devoirs de classe en... Devoirs d'extérieur… Après tout, il n’a pas réellement précisé où ces heures devaient se dérouler.

Un très léger sourire amusé s’inscrivit sur mes lèvres alors que je le relâchai définitivement pour lui faire signe de me suivre, à distance convenable pour une professeur et son élève.

- Suis moi.

L’entraînant à l’extérieur de la salle, marchant à côté de lui dans le couloir désert, je finis, au bout de quelques minutes de marche, par rouvrir les lèvres.

- Je te libérerais quand même du reste de tes heures. Je doute que Neville soit aussi enclin que moi à te les faire passer ailleurs que dans une salle de classe. Murmurai-je. Quoique… Ce sera sûrement plutôt dans sa serre, où tu devras jouer les parfait petit… Un bruit attira mon attention alors que je me décalai d’un pas pour reprendre plus convenablement. Et vous avez intérêt à ne plus agir de la sorte, Monsieur Gimhae. Grondai-je faussement, l’air courroucé alors que l’événement avait, bien sûr, fait le tour du château.

Cette impression de se faire épier alors que ce n’était pas le cas… Merlin qu’il était difficile de faire avec… Mais je n’avais pas réellement le choix… Et Ayden non plus, quoique cela ne soit sûrement pas son cas, au vu de sa capacité à faire fi de tout ce qui l’entourait. Et pour une fois, ce ne fut pas dans mon bureau et mes appartements que je l’emmenai mais bien dans la salle sur demande… Qui apparut, sous ma pensée la plus profonde, comme une plage intérieure, le seul endroit où je me sentais réellement apaisé. L’entraînant à l’intérieur de la pièce avant que quiconque ne nous voit, je soufflai alors. J’avais réellement besoin d’un endroit apaisant… C’était parfait.

- Je suppose que tu connais déjà la salle sur demande… Soufflai-je en retirant mes chaussures pour soupirer d’aise au contact du sable chaud, faisant de même pour le reste de mes vêtements afin de rester en sous-vêtements. Après tout, nous n’étions que deux… Et il m’avait vu dans des tenues bien moins couvrantes alors… Ce sera sûrement les meilleures heures de retenue de ta vie à Poudlard. Plaisantai-je très légèrement.

Arrêter de m’inquiéter… Là, c’était trop me demander. Comme le fait de ne plus se battre, je m’inquiétais inévitablement toujours beaucoup trop. Pour ce que je faisais, pour ceux qui m’entouraient pour ceux que j’appréciais et… Lui, je l’appréciais, c’était un fait. C’était tout, mais c’était déjà suffisant. Je l’appréciais et je lui faisais confiance, comme je pus ainsi lui dire, sincère et transparente sur ce fait.
Je ne pouvais pas réellement faire autrement que de lui faire confiance. Sans même parler de mon avenir professionnel que j’avais mis entre ses mains tant le règlement n’était plus qu’un tas de ligne incompréhensible au vu de ce que nous faisions, Ayden était une personne sincère, directe et qui donnait la possibilité de se laisser aller sans réellement chercher plus loin… Et cela faisait un bien fou, je l’admettais.
Je l’admettais au point de venir l’embrasser, de nouveau, réellement. Plus réellement que depuis qu’il s’était installé dans cette salle pour sa retenue en tout cas. Le temps, seulement, de quelques instants, je profitai de ses lèvres, avide de ces dernières, avant de le relâcher pour lui faire part de mon idée : une heure de retenue « loin » de ces lieux.

- Ayden… Soufflai-je malgré tout pour tout reproche lorsqu’il fit sa remarque. Le Professeur Londubat est intègre et juste, au moins.

Certainement plus juste que je ne l’étais avec lui, en tout cas, tant je n’étais plus réellement objective à son contact. Enfin… Lui demandant de me suivre, nous partîmes en direction d’un lieu caché de Poudlard qui connaissait ma présence pour les fois où j’avais eu besoin de m’isoler « loin » du château. Passant près de quelques élèves, je me permis même de le « gronder » autant que je le pouvais… Ce qui sonnait faux, si faux… J’allais définitivement devoir apprendre à mentir… Dans le cas contraire, cela allait devenir particulièrement critique. Au moins Ayden, lui, se tenait-il comme il le faisait habituellement, avec toute sa nonchalance qui m’aurait – normalement – donné envie d’augmenter son nombre d’heures de retenue. Ce n’était pas le cas aujourd’hui… Ou du moins… Ce n’était pas pour cette raison que l’envie d’augmenter ses heures de retenues me prenait.

En attendant, nous avions enfin atteint la salle sur demande et j’admis être contente de voir cet air sur le visage de l’étudiant avant de soupirer, secouant la tête de gauche à droite.

- Malheureusement, ce n’est pas avoir que tu passerais le plus clair de ton temps en retenue. Je ne fais que remplacer Neville aujourd’hui. Rien d’autre.

Mieux valait, donc, qu’il file droit. D’autant plus que pour le punir de ne pas respecter le règlement (quand bien même cela n’était pas « juste » de ma part), je serais bien capable de me faire porter pâle pour qu’un autre professeur doive le surveiller à ma place.

Me déshabillant, je fus soudainement surprise d’être attrapée comme un sac à citrouille, laissant échapper un léger cri alors que je me retrouvai sur l’épaule de l’étudiant.

- Hein ?!

Ça, ça n’était pas prévu. Clignant des yeux, je tentai de me débattre pour le faire lâcher… En vain. Le traître tenait bon. Pire ! Il se permettait même une arrogance qu’il était le seul à pouvoir avoir en ma compagnie, me faisant gronder davantage.

- Je te rappelle que tu es censé être en retenue ! Repose-moi !

Mais évidemment, il ne le fit pas. Au contraire ! Il vint même se permettre de me donner un « conseil » pour la prochaine fois que nous étions vu ensemble. Être plus dure… Je ne savais même pas (plus) comment faire… Mentir et ne pas être « moi » me paraissait réellement difficile… Au point qu’il valait réellement mieux que nous ne soyons pas vu ensemble. C’était bien trop risq…
Sentant un mordillement sur ma fesse, je tentai soudainement, et à nouveau, de me débattre. Ce fut pire ! Il m’avait même bloqué ! Mais !

- C’est moi qui vais me venger ! M’exclamai-je alors qu’il avançait toujours jusqu’à l’eau.

Et cette eau eu au moins le mérite de lui faire perdre légèrement l’équilibre. J’avais toujours aimé les lacs profonds et si la pièce s’était construite à l’image dont j’avais réellement besoin… Le sol était particulièrement pentu une fois dans l’eau et ainsi Ayden eut-il besoin de me lâcher pour ne pas couler. Plongeant directement dans l’eau, j’attrapai soudainement sa cheville pour l’entraîner dans le « lac », remontant moi-même à la surface dans un rire plus serein.

L’étudiant avait une capacité, un don… Et il ne s’agissait pas de son don pour le maîtrise de l’air, non… C’était un don plus implicite, un don que je ne pouvais voir que lorsque les choses n’allaient pas réellement bien. Il arrivait à me faire rire, à m’amuser et à me rendre plus sereine que je ne l’étais. Lorsque les choses se passaient de la sorte, lorsque j’oubliais un tant soit peu le monde qui m’entourait et qui m’effrayait… La « vraie » moi pouvait de nouveau sortir. Et là, dans ce lac, sous le ciel devenu soudain étoilé par ma propre pensée qui avait imaginé les plages des Maldives que j’aimais tant au clair de lune et qui me manquaient plus que bien des choses, je vins m’accrocher au cou d’Ayden, l’embrassant de nouveau.

- Merci… Soupirai-je contre ses lèvres. Merci de toujours essayer de me rendre le sourire…

Il n’y arrivait pas toujours. Certains jours, rien n’y faisait. Mais malgré tout, même lors de ces jours difficiles, même lorsque je craignais de sortir de ma salle de classe, il restait là. Depuis presqu’un mois, il restait là. Toujours. Tous les jours ou presque.

Levant les yeux vers le ciel, je soufflai alors doucement, observant la plage qui s’était habillée de bleu.

- Les Maldives… Lui expliquai-je. Un des plus beaux endroits au monde… Surtout la nuit.

J’aurais aimé le lui montrer en vrai mais… Je n’arrivais pas à m’imaginer quitter le château sans avoir peur alors… Il allait devoir se contenter de ce que la salle sur demande savait de mon besoin de voyager pour me sentir mieux pour le moment… Et pour un temps certain.

- J’avais l’habitude de me promener la nuit là-bas pour observer les dinoflagellés… C’est ce plancton qui rend l’eau luminescente… C’est magnifique, vraiment…

- Le PROFESSEUR Londubat. Rectifiai-je en plissant les yeux, mains sur mes hanches. Et c’est un homme charmant. Sauf lorsque l’on défie le règlement… N’est-ce pas jeune homme ? Plaisantai-je en soufflant.

Mais malgré ce petit écart de conduite – qui ne faisait que se rajouter aux autres, je l’admettais et commençais même à m’y faire… Diable… Enfin. Malgré ce dernier, nous avions atteint la Salle sur Demande, transformée, pour l’occasion, en plage de sable fin. Sans trop poser de questions, je m’étais dévêtue, prenant en compte que je n’avais plus réellement de quoi être gênée devant l’étudiant qui en avait vu bien plus que tous les autres – trop, d’ailleurs, peut-être, mais ce n’était même plus la question. C’était sans compter son caractère plaisantin qui le « força » à m’attraper sur son épaule, me surprenant sur le coup. Le sale gamin qu’il était ! Râlant, lui rappelant la raison de notre présence ici, je me doutais fortement que cela ne suffirait pas, bien sûr. Et il vint d’ailleurs me le confirmer.

- Je teste de nouvelles méthodes ! Me défendis-je. Et je ne suis pas si petite que ça !

Je l’étais. Du moins par rapport à Ayden dont la famille semblait avoir été créée par des géants (et j’exagérais à peine voyons). Mais l’étudiant ne s’arrêta pas à cela. Oh non. Cela aurait été mal le connaître. Il vint à me mordre la fesse, et sans voir son visage, j’imaginais sans peine qu’il avait un sourire jusqu’aux oreilles et ne se gênerait pas pour me rappeler ce moment plus tard. Moment qui finit par avoir son terme alors qu’il me permettait de plonger dans l’eau… Pour le couler par la cheville, tout simplement.
Ma vengeance obtenue, je m’accrochai bientôt à son cou pour le gratifier, malgré tout, d’un baiser. Je me sentais cette fois plus sereine, comme souvent lorsqu’il était à mes côtés. Il fallait dire que l’étudiant savait s’y faire et était force d’idée et d’ânerie pour ce faire. Ainsi le remerciai-je, doucement, l’obligeant à refuser ces remerciements. C’était son rôle… Non. Son rôle aurait été d’être un étudiant normal. Pas ma bouée de secours… Mais à quoi bon lui faire la remarque ? Je savais pertinemment ce qu’il m’aurait répondu : il avait choisi d’être là, d’assumer ce rôle. Je n’avais rien à dire de ce côté-ci et je n’étais pas un monstre. Comme d’habitude. Et je n’avais, aujourd’hui, pas envie de me battre.

Lui présentant ainsi ce en quoi la Salle avait pu se transformer, je baissai doucement la tête. Lui montrer… Mmh… Non… Pas vraiment. Comment pourrais-je même penser à l’emmener quelque part hors du château alors que je craignais Pré-Au-Lard même ? Alors les Maldives… C’était hors de propos. Tout simplement… Impossible.

- Ce n’est pas très difficile de te supporter. Notai-je néanmoins, tentant de rebondir sur un sujet plus facile que les voyages qui manquaient énormément à ma vie privée, je ne pouvais que l’admettre.

Venant me blottir contre lui comme il semblait le désirer, j’arquai néanmoins un sourcil. Me laisser faire et avoir confiance ? Que voulait-il donc faire ?
La réponse ne tarda pas à venir. Répondant à son baiser, je me laissai immerger dans l’eau avant d’ouvrir les yeux, surprise de ne pas sentir le liquide sur mon visage. C’était… Etrange… La maîtrise de l’air… C’était vrai… Ayden avait ce don… Et la Salle sur Demande… Recréait réellement les éléments. Clignant des yeux, j’observais autour de moi sans réellement me détacher du sorcier jusqu’à ce que la vue d’un petit banc de poisson attire mon regard. J’oubliais alors doucement que nous n’étions pas réellement aux Maldives. J’oubliais que tout cela n’était que factice, que ce que je voyais n’était, à vrai dire, que ce que mes pensées et mes souvenirs avaient créé. Au diable… Plongeant d’avantage, comme à mon habitude lorsque je me trouvais en voyage, toujours plus loin, toujours plus profondément, je m’approchai alors, tout sourire, ravie de revoir ce que j’avais pourtant déjà vu avant de me tourner vers Ayden.
Dans mes yeux, ce n’était plus de la peur, plus de tristesse ou de doute mais seulement cet éclat pétillant qui les éclairait d’ordinaires, quand tout allait bien. Et à cet instant… Tout allait bien. Lui faisant signe d’approcher, je l’entraînai voir ce que la Salle avait créé et qui me semblait si réel… Lui présentant les espèces, leur histoire, comme la bonne professeur que je restais malgré tout, je finis malgré tout par m’attirer contre lui, posant mes mains sur son torse.

- Tu finiras toujours par m’étonner, je suppose ? Soufflai-je dans une question de rhétorique avant que ma main ne prenne la sienne pour le ramener à la surface et l’embrasser alors avec toute la passion que je pouvais ressentir lors de ces moments d’exploration qui me ramenaient à ce que j’étais réellement. Attend… Viens. Moi je peux faire autre chose. Lui soufflai-je doucement.

Me dirigeant vers la plage, j’attrapai ma baguette laissée sur le sol pour métamorphoser ma cape en drap, nous protégeant du sol et nous permettant de nous asseoir. Ce fut alors deux jus de citrouille frais qui apparurent sur le drap. Proposant à Ayden de m’y rejoindre alors que je m’y étais déjà installée, j’esquissai un léger sourire.

- C’est moins impressionnant, mais la plongée à tendance à me donner soif, paradoxalement. Lui soufflai-je avec amusement. Et tu vois… Tu restes en retenue. Je t’ai obligé à apprendre des choses. C’est seulement une retenue… Moins… Disons… Moins conventionnelle.

C’en était même l’inverse… Mais s’il désirait passer d’autres heures de retenue de la sorte… Moi-même je n’irais pas à son encontre. Enfin… Un peu quand même.

- Je te promet que si tu te fais prendre seulement pour refaire ce genre de retenue, tu la passeras en compagnie de Peeves à tenter de lui expliquer pourquoi jeter les livres de la bibliothèque en l’air est mal et tu ne seras libéré que lorsqu’il aura compris.

Autant dire qu’il risquait de passer de très, très, très nombreuses heures en compagnie de notre cher esprit frappeur. D’autant que connaissant Peeves, il pourrait très bien comprendre au bout de cinq minutes et faire le benêt pour les dix heures suivantes. C’était son style.

En attendant, j’eus malgré tout droit à une représentation de son don. Arquant un sourcil, je l’observai avec attention alors que les vagues venaient à s’échouer sur la plage par son simple désir. Esquissant un sourire ravi et particulièrement intéressé, je me redressai doucement pour les observer plus intensément lorsque je sentis les gouttelettes d’eau présentes à la surface de ma peau se faire éjecter par un souffle d’air, me séchant presqu’instantannéement. Clignant des yeux, aussi surprise qu’émerveillée, je notai sa plaisanterie… Autant que sa capacité à faire « taire » définitivement la vie… Oh… C’était vrai… Je n’y avais pas pensé… Mais oui… Maîtriser l’air… C’était maîtriser la vie.

- Et… Osai-je en fronçant les sourcils, reportant mon attention sur le sorcier. Tu as déjà utilisé cette… Capacité ? M’enquis-je à mi-voix.

Avait-il déjà tué ? Là était la question. Que la réponse soit positive ou négative… Est-ce que cela changerait quelque chose ? Potentiellement… Ou pas. Andrew me disait qu’il n’avait jamais tué, qu’il n’avait jamais activement participé mais… Cela ne l’avait pas empêché de faire des choses atroces pour protéger Voldemort alors… Même s’il l’avait fait, est-ce que cela faisait de lui quelqu’un de pire qu’un mage noir ? Non… Peut être pas. De toutes les manières, il n’avait pas l’air d’un mage noir. Voilà bien une chose à laquelle je ne pourrais pas croire.

- Ton don est précieux… Notai-je ainsi néanmoins en venant attraper doucement sa main pour l’embrasser avec tendresse. Mais même sans ça… Je sais que tu peux te défendre. Je n’en ai jamais douté. Et tu es beaucoup trop entêté pour te laisser faire. Lui soufflai-je avec un amusement certain. Et avec ça… J’en suis seulement d’autant plus convaincue. Mais si tu cherches à me rassurer…

J’esquissai un sourire, doux, tendre et quelque peu amusé avant de secouer négativement la tête, lui indiquant de fait que cela était tout à fait inutile. Il pourrait me prouver qu’il était le plus grand mage de notre monde que je m’inquièterais toujours. C’était plus fort que moi, une deuxième nature, en quelques sortes.

- Je ne m’inquiète pas parce que je n’ai pas confiance en toi ou en mes capacités. Lui expliquai-je ainsi sans lâcher sa main, vraisemblablement détendue. Je m’inquiète toujours pour tout le monde. Pour mes parents qui sont seuls, pour ma plus jeune sœur que… Tu dois potentiellement connaître en plus et qui n’est pas franchement la plus heureuse de vivre. Pour ma seconde sœur qui porte beaucoup trop pour garder sa joie de vivre. Pour mon frère que je ne vois pas assez souvent… Pour les personnes que j’apprécie, que j’aime… Pour toi. C’est plus fort que moi. Ça l’a toujours été. Même lorsque j’étais au fin fond de la forêt Amazonienne, je m’inquiétais pour ceux que je laissais en Angleterre.

C’est ainsi que pour la première fois, je venais de lui parler d’une chose intime : ma famille. Une chose dont je ne parlais à personne ou seulement à mes proches. Ma famille était la chose la plus précieuse que j’avais dans ma vie. J’aimais chacun de ses membres plus que tout et j’aurais tout fait pour chacun d’entre eux, pour les rendre heureux. Chose que je n’arrivais plus à faire depuis l’accident. Oh. Evidemment. Je voyais mes parents, mon frère et ma sœur inquiets. Quant à Julia… Mieux valait ne pas y penser.

- Hé oui. Plaisantai-je doucement alors. J’ai autant de frère et sœurs que toi. Sauf que nous sommes l’inverse… Plus de filles que de garçon. Mes parents ont eu un garçon puis que des filles… Il y a Anton, mon frère aîné. Puis moi. Vient ensuite Athenais et finalement Julia, la dernière qui est encore au collège. Lui expliquai-je sans réellement savoir pourquoi autrement que parce que j’avais envie de lui faire connaître ma vie… Ma vraie vie. Ce sont les personnes les plus importantes de ma vie. Ceux sans qui je ne serais rien… Même si j’admet que mes parents ont raison… Je ne passe absolument pas assez les voir. Soufflai-je dans un rire aux notes tristes.

Me relevant finalement, je m’étirai doucement alors avant d’avancer vers l’eau, esquissant un léger sourire.

- Ay’ ?... Demandai-je alors doucement, à mi-voix. Est-ce que… Est-ce que tu penses que tu serais capable d’imiter le vent des Highlands ? Celui au bord des falaises ?

C’était une demande étrange et pourtant… Logique. Pour moi. Ce vent était ma liberté, celle que j’aimais ressentir lorsque je ne pouvais pas m’éloigner réellement de Poudlard et que je partais me promener en Ecosse seulement, le long des falaises.

Il n’était pas un meurtrier… A cela, je ne pus qu’admettre qu’en fin de compte… Cela avait tout de même son importance. J’avais vu et vécu trop de violence pour apprécier que l’homme que… Enfin que… cette personne là ait déjà tué. Et cela ne lui aurait de toutes les manières pas été du tout. Si je ne doutais certainement pas qu’il en ait eu déjà envie, et tout le monde, sûrement, avait déjà eu des envies de ce type, je préférais qu’il n’ait jamais mis aucun plan à exécution. Ainsi, retenant un soupir de soulagement, j’hochai la tête, feignant de ne pas avoir douté le moins du monde. Ce qui, en un sens, était le cas, à vrai dire.

Mais même s’il savait se défendre, même s’il en était capable, cela n’empêcherait en rien que je m’inquiète. Pour lui comme pour ma famille que je vins à lui présenter sans réelle autre raison que l’envie de le lui partager. J’admis être agréablement surprise par ce sentiment partagé. La famille était ce qu’il y avait de plus important. Nous étions en tout point d’accord là-dessus.

- C’est que tu deviendrais un vieux sage. Plaisantai-je néanmoins dans un sourire amusé. Mais c’est vrai. Et tu verras que c’est encore plus vrai en vieillissant, admis-je en souriant alors que je voyais mes parents vieillir, doucement mais sûrement. Je plains chaque personne n’ayant pas de famille ou une famille… Disons dysfonctionnelle… Et tu n’imagines pas combien d’étudiants sont dans ce cas. Soupirai-je quelque peu dépitée par cette vérité que j’avais été forcée d’observer par mon poste de professeur et de Directrice de Maison.

Une vérité qui amena une légère mélancolie dans mon regard alors que je me redressai pour faire face au lac dans une demande bien particulière… Reproduire le vent des Highlands au bord des falaises… Une chose qui me manquait aussi mais qui me faisait pourtant du bien dans les pires moments en temps normal.

Fermant les yeux à sa demande, j’écoutai alors tandis que le vent se levait. Un sourire apparut sur mes lèvres, serein, doux. Ce vent, même factice, me semblait chasser, au moins de manière temporaire, mes idées les plus noires, les plus affreuses. Comme si chaque pensée sombre se voyait être expulsée de mon corps par les bourrasques qui frappaient la falaise que je pouvais aisément imaginer. Combien de temps fit-il durer cette douceur paradoxale ? Je n’en avais aucune idée. Je ne voulais pas le savoir mais cela s’arrêta, malgré tout, bien trop vite. Tant mieux, certainement, au vu de nos tenues respectives. Mais tout de même.

Laissant la chaleur s’abattre de nouveau sur nous, je soufflai alors, autant d’aise que de détente. Les soucis et les peurs reviendraient. Bien sûr. Ce vent n’avait de magique que son origine, mais… Ayden avait réussi cet exploit que de me les faire oublier le temps de sa retenue.
Revenant vers lui, je m’installai de nouveau à ses côtés, le remerciant doucement avant qu’il ne m’explique une autre utilité de son don.

- Ca ne fait que prouver que tu es une personne généreuse et attentionnée. Lui soufflai-je doucement avant que je ne fronce les sourcils. Mais… Zackary a été malade ? M’enquis-je alors. J’avais son frère en cours et j’admettais n’avoir jamais imaginé telle chose.

Lentement, je vins alors m’allonger à ses côtés, posant ma tête sur son torse et ma main sur son ventre que je caressai distraitement avant d’arquer un sourcil.

- J’ose espérer. D’autant que vous devez jouer contre les professeurs d’ici deux semaines il me semble. Lui soufflai-je. D'ailleurs... J'espère que tu me laisseras marquer quelques buts…

Lui gardien et moi poursuiveur de l’équipe professorale, nous allions certainement nous faire face assez souvent pour que je tente au moins une ou deux fois de jouer de mon charme. Après tout, tous les moyens étaient bons face à un joueur aussi bon, non ? Soufflant, je me mis néanmoins à rire. Non. C’était faux. Je n’oserais jamais faire de l’antijeu à ce point.

- Je suppose que même si j’en venais à te menacer de ne plus me toucher pour le mois tu ne me laisserais pas marquer ? Plaisantai-je finalement.

A quoi voyait-on que j’étais plus détendue ? A cela. J’étais honnête, directe, taquine et sans remords. Pas pour le moment. Pas pendant que nous serions dans cette pièce, sous ce ciel même factice. Pour le moment, nous n’étions que deux adultes, sans responsabilités et sans peurs ou problèmes. Juste… Nous deux.

- Si tu n’étais pas généreux, tu ne serais pas ici. Lui fis-je remarquer doucement.

C’était un fait. Il fallait faire preuve d’une générosité sans précédent pour m’offrir ce qu’il arrivait à m’offrir. Peut être ne s’en rendait-il pas compte mais… C’était le cas, et je n’allais certainement pas en démordre.
En attendant, j’avais écouté son explication avec une attention que je ne feignis pas. J’étais intéressé par son histoire, par sa vie. Et ainsi pris-je connaissance du mal qui avait frappé son frère. Une légère moue au visage, j’esquissai néanmoins un sourire quand il fit la remarque de l’agacement que leur attention provoquait chez son frère.

- Au moins ne peut-il pas dire que vous ne vous occupez pas de lui. M’amusai-je.

Lui qui était le seul de sa famille à Serpentard, il pouvait se targuer d’être le Serpentard le plus aimé des Gryffondors… C’était un titre respectable… Quoique peut être pas pour sa maison. Certes.
Venant m’allonger contre l’étudiant, je profitai doucement de son contact le temps de quelques instants avant que je ne fasse une allusion direct au match de Quidditch qui allait bientôt avoir lieu. Son équipe contre la mienne. Soit. Allait-il me laisser marquer ? Lui qui semblait accepter tout et n’importe quoi ? Non. Evidemment que non. Le contraire, à vrai dire, m’aurait presque déçu. Mais son refus, lui, ne m’étonnait pas. Ayden restait un Gryffondor et une personne fière. Un peu trop même des fois. Ainsi, entremêlant mes doigts aux siens, je me mis à rire.

- Très bien… Pas de chantage alors. Je t’offrirais le plus beau des sourires à chaque but que je te mettrais dans ce cas. Nous gagnerons à la loyale. Comme toujours.

A vrai dire, il était rare que l’équipe professorale perde… Nous avions avec nous une ancienne championne de Quidditch et nous en faisions, pour la plupart, depuis bien plus longtemps que les étudiants. Ce n’était pas équitable, certes, mais ces matchs là avaient tendance à particulièrement plaire aux jeunes gens qui peuplaient Poudlard… Et aux vieux aussi. De quoi rassembler toutes les générations et tous les statuts du Collège le temps d’un match.

J’arquai néanmoins un sourcil à son idée, me redressant légèrement pour lever la tête vers lui. Voler sans balai ? Comment ? Dans mon regard, l’incompréhension. Je n’imaginais pas cela possible… Bien sûr, le lien avec son don avait rapidement été fait mais… Comment ? Cela restait en suspens. J’hochai néanmoins la tête, plus aventureuse que peureuse sur ce genre de chose.

- Montre moi à quel point tu es honnête de ne pas le faire, oui. Lui soufflai-je avec amusement. Mais d’accord. Je note cette proposition.

Reposant ma tête, je soufflai de nouveau, riant légèrement à sa remarque. Il était vrai qu’Ayden avait toujours été une cible de choix… Une chance que je ne sois pas batteur, d’ailleurs, je m’en serais presque voulu de devoir le viser.

- J’aimerais, si possible, effectivement, que tu évites. Mais tu devras te débrouiller seul, je ne ferais qu’observer les cognards voler en ta direction. Comme d’habitude.

Et cela même si un choc avec lui risquait de m’inquiéter bien plus qu’habituellement… Mais cela serait bien le seul moyen de n’attirer ni soupçon, ni regard… J’allais d’ailleurs lui proposer, en cas de blessure, de faire sa convalescence dans mes appartements (une plaisanterie, bien évidemment) lorsque toute parole fut arrêtée par le son d’une cloche au loin provoquant un long soupir de ma part.

Doucement, je vins à me redresser, presque tristement à vrai dire. L’heure de retenue s’était terminée. La Salle nous le faisait savoir. Il allait falloir que nous nous séparions et que chacun de nous reprenne sa vie. Du moins le temps qu’il ne revienne me voir chez moi. Bien sûr… Comme depuis quelques semaines.

- On devrait y aller. Lui murmurai-je ainsi en me rhabillant, séchée par son don.

Je ne voulais pas m’attarder. Enfin… Non. La vérité était que je ne devais pas m’attarder. Je devais retourner dans la vie réelle. Une vie qui ne me plaisait pas. Et rester alors que la cloche avait sonné avait quelque chose de terriblement… Difficile. Ainsi mon visage s’était-il fermé, redevenant celui que l’étudiant connaissait bien trop. Il était temps d’y aller.
Un sourire, néanmoins, étira légèrement mes lèvres. Un sourire désolé, un sourire navré de devoir tout arrêter.

La réalité nous attendait.