Athenais voulait me faire rencontrer « un ami »… Qui diable présentait un « ami » à sa sœur à part si cet ami était peut-être un peu qu’un « ami » ? D’autant plus que je n’avais jamais rencontré les amis de ma sœur, quand bien même j’avais toute confiance en son jugement, je devais avouer que rencontrer cette personne qui était son « ami » avec d’immenses guillemets que je me permettais d’ajouter à ce terme qu’elle avait utilisé.
Enfin… Au moins n’étais-je pas saoule de la veille, c’était déjà cela et j’admettais ne pas être sortie depuis une semaine… Cela n’était pas beaucoup, certes, mais depuis ma dernière incartade et la soirée passée avec Ayden… Hum… Mieux valait que… Enfin… Je ne joue pas avec le feu. D’autant que l’envie n’était plus réellement la même depuis. Je m’étais même surprise à presque regretter d’annuler notre entrevue (chaste évidemment) dans mon bureau pour aller rejoindre ma sœur et son « ami »… Non… Décidément… Qui présentait un simple ami à sa famille ?

Enfin ! Avant de juger, ce que j’étais en train de faire bien sûr, il fallait encore que je m’y rende et pour cela je m’étais maquillée, cachant les cernes qui me caractérisaient et arborant un sourire qui avait au moins le mérite d’exister à défaut d’être tout à fait réel.
Ainsi me présentai-je devant la maisonnette qu’Athenais avait loué… Non mais… Qui louait une maisonnette pour présenter un ami ? Soupirant l’air malgré tout amusé, je toquai par trois fois dans un code particulier, celui que nous utilisions enfant.

C’est avec un sourire cette fois sincère que j’accueillis Athe dans mes bras, embrassant sa joue, ravie de la voir, comme à chaque fois.

- Comment vas-tu ? Lui soufflai-je alors en la relâchant avant de me faire diriger vers le salon pour y rencontrer…

Clignant des yeux, j’observai le jeune homme avec attention, de la tête au pied. Hé bien… Je savais qu’Amos pouvait plaire, je n’en avais pas été exempte, d’ailleurs, mais de là à trouver sa copie en plus pâle… Mmh… Plutôt mignon. Bien proportionné aussi… Bon choix physique en tout cas, notai-je mentalement avant d’esquisser un sourire tout à fait poli, tendant ma main vers ledit Magnus.

- Je suis enchantée de rencontrer un « ami » de ma sœur, saluai-je alors en lui serrant la main, non sans appuyé sur le mot ami.

Impossible qu’il ne soit qu’un ami. Il était beaucoup trop sexy pour ce dont ma sœur avait l’habitude. Quoique l’on puisse en dire, je la connaissais. Si elle n’en avait pas fait son quatre heure, elle le ferait demain, sans aucun doute. Pas qu’elle était une prostituée mais… Enfin… De la réalité à ce que je pensais il n’y avait qu’un pas.

- Alors… Vous vous êtes rencontré comment ? M’enquis-je en déposant mon manteau sur la chaise pour m’y asseoir avant que ma sœur ne reprenne parole.

Athenais hésitante ? Cela ne lui ressemblait pas. Le thé en main, je fronçai alors les sourcils en l’observant avant que le couperet ne tombe. Restée silencieuse face à cet aveu, je fermai les yeux quelques instants, tentant de conserver mon air neutre et souriant avant que je ne soupire fortement.

- Je ne vois pas ce qui te fait dire que ça me ronge. Ca va. Ok ? Je… J’ai juste été fatiguée ces derniers temps mais tout va bien. Regarde, j’ai repris les cours et je sors même. Vous perdez votre temps. Et… Ca va.

Je tentais de mentir, mal, certes, peut être, ma voix ayant tendance à partir dans les aigus lorsque je mentais, mais je tentais. Et puis mince ! Pourquoi disait-elle cela ? J’étais sa sœur aînée, c’était à moi de prendre soin d’elle, comme j’avais toujours tenté de le faire. Pas l’inverse. Elle n’avait pas à se mêler de ce qu’il ne fallait pas, j’étais assez adulte pour savoir comment gérer ce qu’il s’était passé et même si les cauchemars continuaient, j’avais la potion de Miss Kareela pour m’aider, c’était suffisant. Bien suffisant alors… Ca n’était pas la peine. Certainement pas.

Hé ? Comment avait-il… Il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour comprendre ce qu’il en était. Il avait réussi à lire dans mes pensées. Et cela me fut confirmé par son lien avec Amos, un legilimens. Mais… S’il était légilimens… Oh par tous les mages ! Devenant rouge pivoine alors que je me rappelai du fait que j’avais très largement pensé qu’il était sexy et d’ailleurs je le pensais encore et… Non mais il fallait surtout que j’arrête de penser – impossible – et que je me concentre sur ce que j’admettais ne pas du tout avoir envie d’entendre.

J’avais bien tenté de me « défendre », autant que je le pouvais, faussement. J’avais tenté de sourire mais plus ce Magnus parlait et plus mon sourire se fanait. Je n’arrivais pas à trouver de contre argument, d’explication logique qui me permettrait de paraître plus forte que je ne l’étais, de paraître ce que je voulais paraître devant ma sœur qui reprit alors parole sans que je ne puisse trouver quoi dire. Ma main libre dans la sienne, je tournai les yeux vers elle.

Bien sûr, évidemment que je ne l’aurais jamais laissé se détruire mais ce n’était pas comparable, je savais ce que je faisais… Plus ou moins. Enfin dans une certaine mesure dirons-nous. Et elle était ma petite sœur, je ferais évidemment n’importe quoi pour elle, pour qu’elle soit heureuse et en sécurité.

- Mais…

Elle se sentait coupable ? Mais de quoi ? Pourquoi ? Elle n’avait rien à se reprocher, elle n’y était pour rien, elle n’aurait rien pu faire autant que je n’aurais moi-même rien pu faire et si c’était justement cette impuissance qui me faisait foncièrement peur désormais, Athenais n’avait rien à se reprocher, bien au contraire, elle avait su quoi faire, elle avait été là aussi à l’hôpital et après… L’air sincèrement désolée, troublée par ce qu’Athy venait de me dire, je quittai leur main pour poser les miennes sur le visage de ma sœur, à genoux près de sa chaise.

- Tu n’as jamais merdé, chérie… Lui murmurai-je. C’est ma faute. Si j’avais fait attention, si… Si je n’étais pas sortie avec un ancien mangemort, pensai-je bien trop fort pour que cela ne réussisse à sortir… Enfin tu ne pouvais rien faire… Tu as fait même ce qu’il fallait. Pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit ? Je suis là, je serais toujours là.

Embrassant son front, j’avais l’impression que le sol se dérobait sous mes pas alors que les larmes me montaient aux yeux, des larmes que je ravalais alors, violemment. Je préférais de loin m’occuper de ma sœur, de ses états d’âmes plutôt que des miens. Plus habituée à offrir à la place de recevoir, j’estimais pouvoir me débrouiller seule, m’en sortir toute seule… Enfin… C’était sans compter ces fois où, saoule, un étudiant, Ayden, avait du me ramener à mes appartements et… Baissant les yeux, je les relevais alors sur Magnus alors que le surnom que ma famille me donnait depuis toute petite me semblait plus douloureux que tous les autres.

- Je ne veux pas abuser ou même vous utiliser. Dis-je à l’ami de ma sœur. Enfin… Je vais avoir 30 ans, je pense réussir à me dépêtrer de mes… Légers problèmes. Soufflai-je en jetant un coup d’œil vers Athy. Je ne me détruis pas… Je… J’ai juste besoin de temps pour oublier mes ennuis.

Après tout, quels étaient-ils ? Un manque de confiance au point de devoir boire pour sortir ? Cela finirait par partir. Un besoin de contact se résolvant par l’alcool précédemment ingéré qui entraînait des relations sociales rapprochées ? Je ne devais pas être la seule à faire ça et puis je m’étais calmée de toutes façons. Un peu. Alors ensuite ? L’angoisse constante de me faire agresser ? Les cauchemars et le manque de sommeil ? L’envie qui, des fois, me prenait de ne plus avoir envie d’exister juste pour arrêter tout ça ? Lorsque j’y réfléchissais, il m’était impossible de nier que cela n’allait pas, que quelque chose n’arrivait pas à passer mais… A vrai dire, quoiqu’il puisse être capable de faire, aussi doué cet homme était-il… Que pouvait-il faire ? Comment voulait-il, comme il le disait « effacer ce genre de souffrance » ?

L’idée que cela puisse m’aider me vint à l’esprit, évidemment. Je ferais tout pour arrêter cette angoisse, pour cesser de craindre le moindre bruit, le moindre mouvement qui pourrait se faire au détour d’un couloir mais… Je ne voyais pas comment cela pouvait être possible et si j’admettais alors que j’en avais besoin, n’était-ce pas là de la faiblesse ? Je n’étais pas la seule à avoir vécu quelque chose comme ça, une simple agression, ce n’était rien. Rien de plus que je n’avais déjà vécu, qui plus est. Cette marque sur mon bras… Alors qu’instinctivement j’avais caché ce bras qui avait été par deux fois blessés, je baissai de nouveau la tête. Ça n’avait été qu’une fois de plus et seulement parce que mon sang ne plaisait pas à certains. Qu’est-ce que je pouvais faire contre ça de toutes les manières ?

Je n’aimais pas voir ma sœur pleurer. Cela arrivait si rarement que je n’avais jamais pu m’y faire… Et qu’en tant que tel, je ne m’y serais jamais fait quoiqu’il puisse en être. Je détestais ça. Absolument. De toute mon âme. Et cela me fendait le cœur. Baissant les yeux, j’admettais qu’elle n’avait pas tort. Je n’avais jamais été une personne qui relativisait facilement, bien au contraire. Inquiète pour beaucoup de choses, j’avais mis très longtemps à ne pas me noyer dans un verre d’eau et encore aujourd’hui je pouvais peiner à dédramatiser les situations difficiles.

Ne libérant pas ma sœur de mon étreinte, tentant de me concentrer sur sa douleur je ne pus m’empêcher, néanmoins, de porter toute mon attention sur les paroles de Magnus. « Vous n’êtes pas responsable de la cruauté du monde. » C’était une chose que je savais. Croire le contraire aurait été présomptueux même. Et pourtant… C’était une chose incroyablement difficile à admettre foncièrement. Quant aux fréquentations… Bien sûr que j’étais en accord avec sa personnalité mais… Son entourage lui… Hochant la tête à la réflexion faite à Athenais, je me laissai alors guider de nouveau vers ma chaise par le brun, « aidée » par la presque supplication de ma sœur, l’observant alors face à moi.

Ce qu’il me demandait me semblait hors de propos. Penser à ce qu’il s’était passé, c’était ce que je tentais de ne pas faire depuis que ça s’était justement passé… Ma respiration s’approfondissement à ce simple constat de la difficulté qu’il m’était demandé de surpasser, mon regard trahissait autant l’angoisse que le manque d’envie de faire ça. Je ne pouvais pas. Je n’y arriverais pas…

J’allais d’ailleurs refuser de nouveau, secouant déjà la tête de droite à gauche quand mon regard croisa celui de ma sœur. Elle attendait que je le fasse. Elle désirait que je le fasse… Est-ce que ça allait au moins l’aider à, elle, se sentir mieux ? A défaut que ça fonctionne sur moi, à défaut d’y croire vraiment alors que je ne comprenais strictement pas le principe de ce qui m’était demandé, à part peut être celui de lui faire voir ce que moi j’avais vu – à savoir pas grand-chose, est-ce qu’Athenais irait mieux en imaginant que cela avait fonctionné ?...

Il n’y avait qu’une façon de le savoir… Me focalisant de nouveau sur l’ami d’Athy, j’avalai ma salive, particulièrement difficilement. Inutile d’être legilimens pour comprendre que je craignais plus que tout de devoir me remémorer ce moment… Et le pire ? C’est que ce ne fut pas le seul. Fermant les yeux, je me revis alors en compagnie de ma sœur face à la Tête des Sangliers. Je n’avais pas envie de sortir ce soir-là, j’avais même râlé, comme souvent quand elle m’entraînait. Mais si, à l’époque, j’étais entée dans le pub avec entrain, mes muscles se raidirent à l’idée même de ce qui allait arrivée. Crispée sur les mains du sorcier, je me vis avancer là, jusque dans les toilettes, seules, Athy m’ayant quitté pour nos consommations. Puis… Le noir, l’obscurité qui accéléra allègrement mon rythme respiratoire, l’on m’avait aveuglé. Et pétrifié juste après. La perte de contrôle. Je n’avais plus contrôle de rien. Et pourtant je sentais tout, je sentais cette présence autour de moi, cette dague qui m’avait alors entaillé. Je ne savais pas qui était là. Pourquoi on me faisait ça. L’inconnu. L’ignorance. Deux mots qui me crispèrent d’autant, mes ongles s’enfonçant dans la peau du pauvre Magnus, victime de ma peur, alors que les larmes roulaient sur mes joues sans arriver à être contenue. Mais là où j’aurais dû m’arrêter, mon cerveau sembla, lui, le refuser et la douleur que j’imaginais presque ressentir de nouveau sur mon bras m’envoya directement à Cuba, en compagnie d’Andrew et de ces deux mangemorts qui m’avaient marqué de la même façon sous ses yeux sans qu’il n’intervienne réellement rapidement. Un événement dont je n’avais parlé à personne, mentant pour la plupart quant à ce qui m’était arrivé. Les voyages. Un danger. De nouveau… L’inconnu. Ramené à mon attaque lycanthrope au Brésil qui avait terminé ces péripéties en quelques secondes, je rouvris les yeux. Rougis par mes larmes qui n’avaient eu de cesse de couler, ma respiration était alors chaotique, profonde et rapide quand mon rythme cardiaque semblait erratique, entièrement lié à la peur et la douleur qui se lisait si aisément dans mon regard fixé dans les yeux du sorcier.

Repenser à tout cela… Non. Revoir tout ça avait été difficile. Plus que je ne l’imaginais. Enfin… Quoique… Non. Je savais ce que cela allait provoquer. Autant la tension dans mon corps que dans mon esprit se ressentit alors, mes ongles pénétrant la peau du pauvre Magnus qui, dès lors que mes pensées s’estompèrent dans un flot chaotique, reprit parole.
Etrangement, alors que mon esprit était en proie à une anarchie sans précédent, ses mots s’imposèrent dans mon esprit comme s’il remplaçait mes propres pensées par les siennes avant qu’il ne s’arrête brusquement.

Restée fixée sur ce dernier, sa voix venait tourner en boucle dans ma tête alors que je peinais à revenir à la réalité, perturbée, fatiguée et éloignée d’un présent qui me semblait particulièrement flou. Ainsi n’entendis-je ou plutôt ne compris-je pas les paroles prononcées envers ma sœur, ni même la question qui s’en suivit jusqu’à ce qu’un mot soit prononcé.

- Une enquête ?... Répétai-je hébétée. P… Pourquoi ?

Pourquoi devait-on faire une enquête ? A Sainte Mangouste, l’on m’avait dit que c’était là une affaire classée, qu’aucun témoin n’avait pu être trouvé et que, n’ayant rien vu, ils ne pourraient rien faire d’autre que le signaler. Alors pourquoi maintenant ? Qu’est-ce qui avait changé ? La raison m’en fut donnée simplement. Il avait analysé mes souvenirs et… A vrai dire, sur le coup, alors même que la sensation de peur et de douleur m’avait quitté lorsque j’y repensais, je fus soulagée de savoir que quelqu’un avait vu quelque chose pouvant provoquer une enquête. Sans même savoir ce qu’il en était exactement, l’idée que l’on puisse potentiellement arrêter les coupables me réconfortait.

Pourtant… Le fait qu’il me parle d’Andrew et de ses souvenirs qui devaient être conservés pour le bien de l’enquête tiqua. Et d’autant plus quand ma sœur vint expliciter clairement ce que je pensais tout bas… Les insultes en moins.

- Andrew n’aurait pas fait ça. Défendis-je immédiatement. C’était un homme bon, un homme d…

Je m’arrêtais soudainement, observant tour à tour Magnus et Athenais avant de cligner des yeux, secouant la tête de gauche à droite.

- Je… J’ai peut-être… Je dis bien peut-être, potentiellement… Reçu quelque chose concernant Andrew. Soufflai-je doucement en baissant la tête, un peu honteuse de n’avoir strictement rien dit, aussi bien pour le protéger que pour me protéger, je l’admettais. Il y a deux semaines… Un hibou m’a… Il m’a amené une lettre anonyme. Je ne l’ai pas sur moi mais… Qu’est-ce qu’elle disait déjà exactement… Soufflai-je en fronçant les sourcils. C’était quelque chose du genre que… Qu’Andrew devenait un problème et… Et qu’il était très actif en tant que néo-mangemort et… Je secouai de nouveau la tête. Enfin je n’y ai pas cru… Je sais que c’était un ancien mangemort, un proche de Vous Savez Qui, soufflai-je en offrant un regard désolé à ma sœur que j’avais tenu loin de ce secret. Je sais qu’il a assisté à des choses horribles… Il m’en a montré mais… Mais il a tout arrêté, je vous jure ! Et… Et on a peut-être voulu lui faire porter le chapeau… Ca disait qu’il allait tuer un hybride le… Le 6 ou le 7 février… Mais… Je me suis dit que c’était sûrement une autre façon de me piéger… J’en sais rien…

J’avais oublié où et à quelle heure mais au moins avaient-ils plus ou moins le contenu de cette lettre. Une lettre à laquelle je refusais de croire, quand bien même cela faisait deux semaines qu’elle me perturbait, quand bien même la date et l’heure était trop précise pour que cela ne soit pas important.

Je n’y comprenais rien. Enfin… Non. Je comprenais beaucoup trop les choses. Et cela m’angoissait. Une enquête sur Andrew… Il n’avait rien à voir là-dedans. J’en étais convaincue. Cette lettre n’était qu’un torchon de bêtise qui avait été alimenté par quelqu’un connaissant notre rupture et n’appréciant pas Andrew. C’était, d’ailleurs, peut être la seule chose réelle dans ce maudit papier. J’allais d’ailleurs réaffirmer ma position lorsque la voix de Magnus m’arrêta net. L’ordre donné était clair mais… Pourquoi me donnait-il un tel ordre ? Qui était-il pour cela ? L’observant sans n’y rien comprendre, il me prit de nouveau de court. Son tatouage ? Visible et… Actif ? Non… C’était impossible. Il n’était plus un membre actif. Il ne vouait plus allégeance à qui que ce fût.

- Vous vous trompez… Murmurai-je comme pour le supplier de me dire qu’il s’agissait là d’une blague, mes yeux fixés dans les siens. Il m’a protégé des mangemorts à Cuba… Vous avez dû mal voir…

Pas une condamnation, certes, mais nous savions tous ce que signifiait un tatouage de la sorte visible et actif. Et si je me moquais éperdument du risque d’être à l’origine d’une enquête, la conclusion de cette dernière, elle, m’inquiétait. Beaucoup. Au point que j’en baissai la tête, plus soucieuse qu’effrayée à vrai dire.

- Je suis désolée Athy… Soufflai-je à mi-voix. Je voulais juste… Eviter d’ébruiter son secret comme il me l’avait demandé et… Et je ne voulais pas t’inquiéter pour rien.

« Pour rien ». Ce pour rien qui semblait désormais bien trop loin pour être de nouveau admis dans une conversation à ce sujet. Quant au Ministère… Je n’eus le temps de vraiment réfléchir à ce que voulait dire « il ne vous abandonnera pas » qu’on frappa déjà à la porte. Du temps pour aller mieux hein… Ce n’était pas de la sorte que j’allais pouvoir oublier celui que je pensais être l’homme de ma vie…
Laissant l’Auror s’installer face à moi, je n’opposai aucune résistance à réexpliquer les choses. Etrangement, sans que cela ne soit un souvenir agréable, bien au contraire et fort heureusement, le crise de panique ne vint, cette fois, pas. Seule les larmes perlèrent sur mes joues. Jusqu’à ce que je doive imaginer Andrew en Mangemort. Secouée d’un sanglot plus visible que les autres, je peinais à continuer. Mais c’était le Ministère, un Auror, et je me sentais alors dans l’obligation de tout raconter. Ce qui fut le cas. Tout y passa. A nouveau. Dans les moindres détails. Même les secrets qu’Andrew m’avait demandé de garder : proche de Voldemort, il avait vu torturer de nombreuses personnes, dont les parents de Neville Londubat. Il n’avait jamais participé. Il n’aimait pas cela, avait-il dit. Je lui racontai l’attaque à Cuba en détail, celle au pub avec le peu que je pouvais avoir, et puis comme Andrew était, ce qu’il disait. Rien de probant, à vrai dire. Ma main dans celle de ma sœur, je terminai de répondre à toutes les questions jusqu’à n’en plus pouvoir.

- Je... Finis-je enfin par dire lorsque l’Auror indiqua ne plus avoir la moindre demande. Je vais prévenir le Professeur McGonagall pour les hybrides… Et… Je vous enverrais une copie de la lettre que j’ai reçu… Soufflai-je en me redressant, tremblante. Je suis désolée…

Je me sentais coupable, terriblement coupable. Sans qu’il n’y ait de raison logique à cela, j’avais l’impression que j’étais la responsable de la renaissance d’un mangemort, si tant était qu’il en était de nouveau un, ce que j’espérais être faux. Dans le cas contraire… cela signifierait bien plus que m’être fait bernée, pour moi…

Je devais admettre que la présence de Magnus avait été une bénédiction pour cet instant… Il avait vu tout ce que j’avais pu lui montrer, il savait ce que je pouvais et allais oublier. Sans me connaître, il avait visé juste, il avait compris où étaient les événements à repêché et ceux à me laisser mettre de côté, permettant autant à l’Auror d’avancer qu’à moi de ne pas me perdre davantage dans mes pensées.

Mais maintenant que c’était fini, maintenant que je m’étais excusée auprès de ma sœur, même si elle ne l’avait pas franchement accepté, il fallait que je rentre, il fallait que je prévienne le Professeur McGonagall… Ce qui une nouvelle fois ne serait pas aussi « simple » que je pouvais l’imaginer… Magnus avait raison, évidemment… Il s’agissait là d’une affaire bien plus importante qu’une seule personne coupable de crime. C’était le risque de voir surgir les Ténèbres de nouveau. Le risque que d’autres innocents soient attaqués, blessés voire ne meurent…

- Le Professeur McGonagall avait aussi des soupçons… Soufflai-je finalement. Enfin… Elle enquêtait en interne mais… Andrew faisait partie de la base de l’enquête alors…

Alors s’il en faisait partie… Il n’y aurait pas mille miles pour qu’il ait étouffé des pistes voire protégé les coupables tout simplement. D’autant plsu qu’il y avait bien des personnes « à risque » dans Poudlard. A Serpentard, effectivement, mais je secouai néanmoins doucement la tête.

- Il y en a partout maintenant. Et il faut faire en sorte que les élèves de Serpentard ne se sentent pas exclusivement visés.

Même dans la pire des histoires je préférais encore penser au bien être des élèves de l’école, bien plus important que mon propre bien être. Ils étaient l’avenir du monde magique, à nous de les préserver. Malgré tout.

Mais tout se passerait discrètement d’après l’ami de ma sœur… D’accord… Au vu de ce qu’il avait fait… Peut être pouvais-je réellement lui faire confiance après tout… Hochant ainsi doucement la tête, je peinais à imaginer que je puisse avoir sauvé quelques vies… Andrew était innocent… Je désirais y croire, sans vraiment y parvenir avec tout ces éléments, je voulais ardemment croire en son innocence et en une coïncidence malheureuse.

Athenais vint déposer alors un baiser sur ma joue, souriant bien plus que je ne le pouvais avant de me faire hocher la tête. Oui… Certainement… Mais le temps de l’enquête… Le temps serait bien plus lourd pour moi, c’était évident. Pour autant… Etait-ce une raison d’inquiéter davantage ma sœur ? Evidemment que non. Ainsi me forçai-je à sourire et à hocher la tête de manière sereine, chose que je n’étais pas. Absolument pas.

- Merci Magnus… Dis-je doucement. Je… Je vous ferais parvenir des chocolats et du caramel.

Je n’avais aucune idée de ce que je pouvais offrir en remerciement mais les chocolats étaient toujours les bienvenues non ? Baissant la tête en tentant de garder ce sourire serein, je me redressai alors. Encore quelques minutes et je fondrais en larme à imaginer Andrew coupable il fallait que…

- Je vais aller voir le Professeur McGonagall. Soufflai-je ayant l’idée de quitter les lieux pour épargner plus de souffrance à ma sœur. Je suis désolée pour tout…

Malgré tout. J’étais désolée. Plus que désolée.