Debout dans ma salle de classe, je terminai d’observer les copies qui m’avaient été rendues par les élèves… Pas si mal pour la plupart, je devais l’admettre. Ils n’étaient pas aussi nuls que j’avais l’habitude de les décrire. Certes. Je pourrais potentiellement faire quelque chose d’eux après tout… A voir s’ils continueraient tous dans cette lancée.

- De la dictame… Soupirai-je en rayant néanmoins une réponse avant qu’une voix ne me fasse sursauter.

Arquant un sourcil, je relevai la tête vers la détentrice de ladite voix qui ne m’étais évidemment pas inconnue, m’arrachant un sourire sincère et me faisant poser plume et parchemin.

- C’est toujours Miss. Soufflai-je pour toute réponse. Je ne suis pas mariée, moi.

Un mot bien insisté et pour une raison certaine. Je n’étais que fiancée. Rien d’autre. Cela me suffisait enfin… Sans dire que je l’avais réellement désiré – du moins en ce qui concernait le contrat signé par nos familles – cela m’allait malgré tout. Nous avions repris le cours de notre relation, dans une normalité presqu’effrayante en dépit de la situation rocambolesque. Et c’était le plus important. Emettant un léger rire à sa révérence, je vins me relever du bureau pour m’y asseoir, quelque peu plus détendue que lorsqu’elle m’avait quitté, je l’admettais aisément.

- Je crois que je ne les saque pas assez. Répondis-je. Certains me répondent encore des âneries. A croire que je ne leur fais pas assez peur pour les obliger à réfléchir plus loin que le bout de leur balai.

A nouveau, j’exagérais leur nullité, mais c’était bien plus amusant de la sorte. Et puis après tout, tant que la violence de mes propos ne se retrouvaient pas sur le papier, là où je les notais avec justesse, tout irait bien.

- Mais j’admet apprécier le poste. Je risque de définitivement détester celui qui viendra me remplacer. Soufflai-je malgré tout. Je m’y suis bien vite fait.

Plus vite que je ne l’avais pensé alors que j’avais été quelque peu violemment propulsée au poste de professeur sans même pouvoir dire ouf. Je n’avais pas terminé mon apprentissage, j’apprenais encore, et souvent sur le tas, mais… cela se passait malgré tout relativement bien.

Mais ce n’était pas de cela dont venait me parler Alix. D’ailleurs, ce n’était pas de cela non plus dont je voulais parler… Elle était partie plusieurs semaines sans presque donner de nouvelles. Avions-nous réellement besoin d’échanger des banalités comme mon nouveau « poste » intérimaire ? Moi non. Ni même de parler de ces foutues négociations d’ailleurs.

- Mieux vaut parler de ce que tu as préparé avec Matt, tu ne penses pas ? Soufflai-je avec amusement, sereine face à mes propres fiançailles au vu de comment ces dernières avaient pu se passer. Merci… Et… Bienvenue à la maison ?

Hé bien oui. Après tout… Je ne l’avais pas vu depuis le nouvel an, n’est-ce pas ? Elle venait à peine de rentrer, c’était donc à moi de lui souhaiter la bienvenue.

- Et toi alors ? Raconte-moi tout ? Repris-je, plus pressée d’avoir son histoire que de dévoiler la mienne.

- Et tu crois que je ne l’ai pas déjà fait ? M’enquis-je en arquant un sourcil. C’est mal me connaître. Tu me déçois, Alix. Plaisantai-je en secouant la tête de gauche à droite.

La sorcière tenta malgré tout de me « rassurer » sur mon potentiel remplacement qui, d’après elle, n’arriverait pas avant quelques temps. Je n’en étais pas franchement convaincue. Je n’étais qu’étudiante et je faisais perdre du temps aux étudiants eux-mêmes, ne pouvant leur donner des cours réellement malgré mes études parallèles en dehors de Poudlard pour pouvoir terminer ce foutu mémoire qui me permettrait, au moins, d’avoir un grade de Master en Potions… Quant au Doctorat… Hé bien… Ce n’était au moins plus de réels cours, je pourrais donc plus facilement travailler à côté. Ce qui rajouterait à mon emploi du temps déjà chargé… Evidemment…

En attendant, tout ce que pouvait dire Alix ne m’intéressait pas. J’avais plusieurs questions et remarques à lui faire part en premier lieu… Et tout d’abord… La remercier, évidemment, pour ce qu’elle avait fait pour Matthew et moi-même. Esquissant un sourire plus attendri quoiqu’amusé, certainement plus radieuse que lorsque nous nous étions quittés lors de cette soirée maudite du Nouvel An chez mes parents, je soufflai alors.

- Rien de bien compliqué, mais ça n’en restait pas moins parfait. Merci. Vraiment.

Inutile de lui dire que j’avais de la chance de l’avoir. Elle le savait. J’avais toujours eu de la chance. Dans tous les moments difficiles Alix avait toujours été là pour moi. Que ce soit à Poudlard ou même chez mes parents. Toujours. J’eus néanmoins une légère moue lorsqu’elle me rappela que c’était effectivement sa dernière année. Nous n’avions pas été séparées depuis pratiquement mon arrivée à Poudlard et maintenant… Hé bien… Tout allait changer. Soufflant j’hochai doucement la tête, gardant un air malgré tout calme et serein. Inutile de montrer trop d’émotions. Je le faisais déjà bien assez comparé à ce dont elle avait été habitué jusque-là de ma part.

D’autant que ce n’était pas le seul sujet que je désirais aborder… Son mariage. Ça c’était un sujet qui m’intéressait. Ainsi lui demandai-je de tout me raconter… Et elle en avait intérêt. Au moins ne fit-elle aucune histoire, s’installant pour me conter ce qu’avait été son mariage.

M’attendais-je à quelque chose ? Non. Bien sûr que non. Pas avec Alix Avery… Enfin Rosier désormais visiblement. Mais tout de même… Là… C’était… Enfin… Ce n’était pas décevant, évidemment, mais… Je ne savais même pas quel commentaire lui donner. Non, vraiment, elle avait réussi à me faire rester muette. D’autant plus qu’elle continua à appuyer son histoire loin d’être mignonne ou même respectable…

- Ah heu… Dis-je soudainement, une pensée m’ayant traversé l’esprit. Oui… Merci aussi pour les potions.

Grimaçant au souvenir du goût, je comprenais ce qu’elle voulait dire pas « ne plus avoir de palais à force ». Cette potion était définitivement affreuse, un peu comme une punition pour ne pas avoir fait le nécessaire à bien y penser. J’arquai néanmoins un sourcil à sa remarque mais avant de pouvoir faire le moindre commentaire, une photo me fut tendue.

Ok. Entre ça et la première photo, ce n’était définitivement pas un vieux croulant à la Yaxley.

- Mmh… Plutôt pas mal. Cela dit, avec tout ce que tu m’as dit là… Je te juge quand même, annonçai-je.

Et encore plus lorsqu’elle me parla de son entrejambe, provoquant un froncement de sourcil. Grosse avancée face à la tomate que je devenais il y avait de cela deux-trois mois.

- Je ne veux pas savoir ce que ton mari a entre les jambes. Grimaçai-je. Garde le pour tes cuisses ! Me défendis-je avant de souffler. En tout cas… On peut dire que ton histoire… Disons… Est pas banale, même pour une Sang Pure. Mais franchement… Imaginer que tu puisses coucher avec Thomas ? Même moi je t’aurais épousé pour la peine. Plaisantai-je. Je reste quand même un peu vexée. Franchement. Même pour un mariage administratif… Tu aurais pu AU MOINS avoir la décence de me faire venir ! Je te jure que le jour de mon mariage, toi, tu seras au fond de la salle derrière un pot de fleur ! Finis-je par lâcher, les bras croisés. Ne pas inviter ta meilleure amie, ta sœur de cœur, à ton mariage ! Vraiment ! Que ton frère n’y soit pas, c’est une chose, mais moi !

Bon… C’était à peine exagéré mais tout de même. Si je n’étais pas réellement aussi vexée que ça, mon mois ayant été particulièrement chargé, je l’entendais, j’avais tout de même un petit pincement au cœur.

- On a même pas eu le temps de faire une soirée de célibataire ! Et… Je m’arrêtai soudainement avant de soupirer fortement. Et je suppose que tu n’as pas vu Isabella ? Demandai-je soudainement. Tu es au courant de ce qu’il s’est passé ?

- A vrai dire… Commençai-je dans un sourire amusé. Un laideron ne m’aurait même pas étonné de toi. Tu as une certaine tendance à me surprendre. Dans le bon comme dans le mauvais.

Ce mariage était-il une « mauvaise » surprise ? Mmh… Oui et non. Disons que j’admettais ressentir un léger pincement à ne pas avoir été là pour elle ce jour-là et à n’avoir strictement rien préparé de ce fait. J’étais sa meilleure amie, c’était mon rôle. Un rôle qu’elle m’octroya d’ailleurs concernant son mariage « officiel ».

- Parce que ton bout de papier n’est pas officiel ? Raillai-je.

Bien. Il me faudrait faire équipe avec son frère, Marcus Avery. En tant que Professeur de Métamorphose, il me serait au moins facile de le trouver. Parfait. Le pauvre homme ne savait pas dans quel guet-apens il allait tomber… Soit ! Il me connaissait de toutes les manières, il connaissait sa sœur, et devait s’y attendre… Je l’espérais pour lui dans tous les cas.

- Tu crois réellement qu’il y aura un plant de cannabis à mon mariage ? Tu rêves. Tu seras à côté d’un ficus. C’est tout. Soufflai-je avec amusement.

C’était évidemment faux. Alix serait aux premières loges, il en était tout simplement impossible autrement. Elle était ma meilleure, ma sœur, et celle qui m’avait quelque peu permis de ne pas passer une mauvaise première fois, je l’accordais. Autant de point qui faisait qu’elle avait sa place au premier rang… A côté d’un ficus. Evidemment. Je venais de le lui promettre implicitement.

Pour le reste, Alix prit toutes mes remarques comme elle en avait l’habitude… Par-dessus la baguette. C’était peut-être cela qui nous avait d’ailleurs permis de nous rapprocher : elle se moquait de tout, moi de rien. Nous faisions un équilibre à nous deux. Et cela avait toujours fonctionné ainsi.
Il n’y avait qu’une chose qui ne fonctionnait plus dans notre groupe : Isabella. La questionnant sur ce qu’elle savait et ne savait pas, j’admis être étonnée par ses connaissances. Malgré son éloignement de Poudlard, elle savait donc déjà tout. Je n’avais plus rien à lui apprendre. C’en était presque frustrant.

- Je ne dirais pas que j’ai su tirer mon épingle du jeu. Admis-je. Je n’ai pas non plus fait excessivement attention en dehors de Poudlard et ce n’est que parce que Thomas est intervenu que Père…

Que Père ne nous toucherait plus, qu’il ne me forcerait pas à épouser Selwyn et que j’avais ainsi pu me fiancer à l’homme dont j’étais tombée éperdument amoureuse… Mais si Alix connaissait la dernière partie de l’histoire… Mieux valait que je taise la première. Thomas se débrouillait. Il se débrouillerait encore. A moi de ne pas lui mettre de bâtons dans les roues.

- Mais j’admet que faire une crise en plein milieu de leur salle commune… C’était idiot. Et crois-moi. Corban Yaxley vaut bien mon père. Ils ne sont pas amis pour rien… On s’en prend difficilement à eux. Soupirai-je malgré tout. Ton père en prison, mon père alité, au moins nous deux, nous sommes plus ou moins tranquille. Du moins jusqu’à ce que Bill Gaunt renaisse de ses cendres. Ironisai-je.

Cela n’arriverait pas. Thomas me l’avait confirmé à mi mot. Mais malgré tout. Je continuais à l’imaginer, à le craindre. Haussant les épaules, je soupirai alors.

- Je la plains quand même. Elle semblait assez attachée à Rowle. Je ne sais pas comment je me serais débrouillée si Thomas avait insisté pour que j’épouse Nick au lieu de Matt…

Ce n’était pas le cas, fort heureusement.

- Enfin. Repris-je. Il va quand même falloir que tu me dises ce que tu veux pour ton mariage. Un thème, une idée, une couleur, n’importe quoi !

Autant reprendre sur un sujet plus agréable, n’est-ce pas ?

- J’avoue avoir pensé à un cactus qui irait à ta personnalité, plaisantai-je, mais ça ferait tache… Quoique peut être pas autant que toi.

Oh… Une plaisanterie salée et directe ? C’était bien rare de ma part mais mon sourire ne trompait pas. Je me moquais tout bonnement d’elle. Et je n’allais certainement pas lui offrir la joie de « sniffer » la moindre feuille de citronnier. Oh non. Elle aurait son ficus, je m’en faisais la promesse solennelle. Au premier rang, peut-être, mais avec un ficus.

Esquissant un nouveau sourire, je dus admettre qu’elle avait en un sens raison. Thomas n’était pas un idiot. Il savait où trouver des avantages et ma relation avec Matthew… En avait été un. Et si cette union avaient déjà commencé à entamer la réputation des Gimhae sur le sol anglais, chose dont je ne doutais pas tant je connaissais notre propre réputation, je savais qu’elle permettrait à ma propre famille de s’élever dans les sphères politiques et surtout relationnelles. Un jeu de balance qu’avaient donc perdu les coréens… J’avais malgré tout eu une chance incommensurable. Matthew était un Gimhae. Dans le cas contraire, les choses auraient sûrement été bien différentes. Ainsi… Si ce n’était pas à mon frère que je devais jeter des fleurs, sûrement était-ce à la chance qui nous avait sourit le jour de notre rencontre.

Et là était une chance qu’Isabella n’avait pas eue. Une chance que Thomas m’avait malgré tout offert en scellant le contrat avant que mon père ne se remette de son mal… Quand bien même ce ne serait jamais le cas. Soufflant doucement, j’esquissai un sourire triste.

- Si c’était aussi simple… Soufflai-je.

Alix me connaissait amplement pour savoir que j’étais tout à fait sérieuse dans ces mots. Je haïssais mon père. Non… Je le craignais. Il était peut-être, d’ailleurs, la seule personne que je craignais réellement. Le savoir alité indéfiniment était donc un soulagement certain pour moi autant que pour mon frère dont la vie aurait été mise en danger en cas de rétablissement. Le savoir mort… Serait la rédemption de ma famille. Inévitablement. Mais je n’avais pas mon mot à dire. Je ne pouvais rien faire. Pas à mon niveau. Je ne pouvais qu’être spectatrice dans l’attente d’un malheur qui me semblé inespéré tant il nous soulagerait tous, ma mère comprise même si elle ne l’admettrait jamais, trop soumise à son mari.

Au moins la question ne traîna pas davantage, se concentrant sur notre amie, envoyée en Russie pour se marier. Triste sort pour qui aurait pu être heureuse, je l’admettais…

- Demander la permission à son père ?... Je doute que ça aurait suffi. Corban aurait agi comme mon père. Ou pire. Il aurait jamais accepté. Cela dit je ne pense pas non plus qu’elle imaginait qu’il sorte d’Azkaban… Personne ne l’aurait imaginé. Je ne comprends même pas comment ça a pu avoir lieu… ça fait la deuxième fois. A croire que le Ministère ne sait même plus tenir ses prisonniers. Grondai-je légèrement en secouant la tête.

Le sujet put néanmoins revenir sur quelque chose de bien plus appréciable, une question que je me brûlais de lui poser : son mariage, comment devait-il être ? Et… Pourquoi lui avais-je posé cette question ? Evidemment qu’elle n’allait pas être sérieuse… Passant ma main sur mon visage en soupirant, je secouai la tête de gauche à droite.

- Ok. Alors là tu rêves. Je sais que tu n’es pas vierge depuis des lustres, chaudière que tu es, mais tu n’auras JAMAIS de robe complètement noire avec moi. Mais je note. Pas de trucs niais. Parfait. Je sais déjà exactement ce qu’il faut.

Il ne valait mieux pas douter de mes capacités d’organisation d’événement, et cela, surtout, lorsqu’il s’agissait du mariage de ma meilleure amie. Tout semblait déjà se dessiner dans mon cerveau. Encore me fallait-il un budget, que je verrais avec Marcus, bien évidemment.

- Je suppose que tu exècres assez toute la religion pour vouloir quelque chose de soft ? Parce que si je ne doute pas que tu serais capable de venir en basket et robe ultra moulante ça sera quand même le cas, tu en es consciente ? Lui soufflai-je avec amusement. Je vais faire de toi la plus belle des mariées. Et la moins romantique du monde. Promis !

Je pouvais toujours tenter de la rassurer après tout.

- J’ose espérer que tu feras le ménage une fois que tu auras gravi les échelons. Plaisantai-je ainsi en riant doucement.

Alix allait bientôt travailler là-bas. Elle travaillerait avec ces incompétents. Elle travaillerait avec ces abrutis qui ne faisaient que vivre leur petite vie sans chercher à améliorer la vie de ceux qu’ils dirigeaient. Si je pouvais avoir un espoir concernant le Ministère… Je pouvais ainsi bien le placer en ma meilleure amie, non ?

Mais la conversation dévia rapidement sur un sujet plus léger mais ô combien important : le mariage d’Alix et sa robe qu’elle désirait noire. Evidemment, elle ne le serait pas, au moins pas entièrement. Blanche ? Mmh… Esquissant un sourire amusé, je fis mine de réfléchir.

- Mmh… Je pensais plutôt à une robe rose. Admis-je faussement. Et avec plein de fleurs naturelles sur le jupon... Des roses ! Précisai-je comme si c'était important. Et puisque tu parles de paillettes d’ailleurs…

L’observant, il n’y avait aucun doute sur le fait qu’elle savait où je voulais en venir : je lui en mettrais. Beaucoup. Partout.
Enfin… Dans ses cauchemars les plus fous, évidemment. En réalité, je connaissais les goûts d’Alix et surtout ses dégoûts pour les avoir travaillé plus d’une fois. Il était évident qu’en tant qu’organisatrice de ce qui était censé être le plus beau jour de sa vie, j’allais faire en sorte que cela soit réellement le cas, créant un événement à son image… Et potentiellement à l’image de son mari si Marcus acceptait de m’aider… Chose dont il n’aurait pas réellement le choix d’ailleurs.

En attendant, elle me donna quelques indices sur le reste de la cérémonie. Pas de lieux de culte, donc. Ou alors un temple satanique, cela serait peut-être le seul lieu de culte qui l’accueillerait les bras ouverts… Mais dans les faits, je savais exactement où l’événement pourrait avoir lieu. Une plage. Glamour, classe… Ou… Un hôtel particulier… Ou… Merlin une tonne d’idées me venaient en tête. Une tonne d’idée que vint bousculer Alix à nouveau…

Plissant les yeux, je levai ces derniers au ciel en soupirant profondément. Evidemment. La lingerie. Comment oublier alors qu’elle-même y avait pensé pour mes fiançailles ?

- Tu veux dire comme celle que tu m’as laissé en cadeau ou pire ? Soufflai-je. Non parce que ton gentil présent ne m’a pas échappé… Ni à Matt d’ailleurs. Alors je ne sais pas si je dois te remercier pour avoir pensé à des vêtements de rechange ou si je dois te détester pour ça.

Pour dire toute la vérité… Je la remerciais plus que je la détestais. Cela avait largement plu à Matthew… Et à moi. Alors… Soit. La lingerie serait donc de mise pour son mariage et elle n’imaginait certainement pas à quel point je pouvais faire pire qu’elle. Mais cela… Elle en aurait la surprise évidente le jour J car il était bien hors de question que je lui fasse le moindre cadeau.

- Et ton tendre et sexy mari, soufflai-je avec amusement, que veut-il, lui ? Parce que si je force Marcus a travailler avec moi, j’ai un doute sur le fait qu’il accède à me donner tous les goûts de… Comment il s’appelle déjà ? Demandai-je en fronçant faussement les sourcils. Tu risques de devoir me le répéter plusieurs fois avant que je ne le retienne puisque je n’ai même pas assisté à ton premier mariage.

Est-ce que j’allais lui faire payer cet affront pour le reste de ces jours ? Oh oui… Mais malgré tout… Je soupirai doucement avant d’esquisse un sourire.

- En tout cas… Je ne te l’ai pas encore dit mais félicitations quand même. Je suis heureuse si tu l’es. Lui soufflai-je, sincère. C’est tout ce que je te souhaite.

- Je n’en doute pas. Ponctuai-je dans un léger rire. Essaie seulement de ne pas virer tout le monde… Tu aurais du mal à faire tourner la boutique seule.

Une plaisanterie, certes, mais une réalité tout aussi certaine. Qu’il puisse être difficile ou pas de se faire respecter en tant que sang-mêlé, le fait est que personne ne pouvait régner seul. C’était impossible, inimaginable, même. Enfin… Je ne pensais pas avoir besoin de le dire à Alix. Elle était bien assez intelligente pour le savoir seule. D’autant que nous avions plus important à discuter, comme sa robe de mariée dont l’image que je lui donnai ne lui plut évidemment pas. Pour autant, elle ne fit aucun réel commentaire, sachant certainement que cette image n’était qu’affabulation comparé aux idées qui fusaient déjà dans ma tête. Bien sûr ne l’obligerais-je jamais à s’habiller de la sorte. Je n’étais pas un monstre. Au contraire, d’ailleurs, pour ce jour. Il allait pour autant me falloir réfléchir à une robe qui allait pouvoir cacher aux autres invités la lingerie outrageuse dont elle me parlait, du même type – voire pire, la connaissant – que ce qu’elle m’avait préparé pour mes fiançailles. Chose dont je devrais, d’après elle, être reconnaissante. Plissant les yeux, je semblais malgré tout peu convaincue avant que je ne souffle dans un léger rire :

- L’avantage est que je n’ai pas besoin de ça pour qu’il pense à moi, Moi.

Une attaque directe sur le fait que son mari est elle était bien trop attirée par leur corps respectif ? Peut-être. Il fallait dire que je ne connaissais pas cet homme ni ce qu’elle lui trouvait véritablement. Tout avait été tellement vite que je n’avais pas réellement eu le temps de lui offrir un interrogatoire digne de ce nom. D’ailleurs, en parlant de nom, je me rendais compte que j’avais oublié celui de Rosier…
Samaël, me rappela Alix. Soit. En un sens, porteur de lumière lui allait bien si l’on observait le fait qu’Alix était rentrée dans le « droit chemin ». Je plissai néanmoins les yeux à sa remarque.

- Si je ne tenais pas à mon chaudron, je te l’aurais déjà jeté au visage pour cette blague. Lui soufflai-je en levant les yeux au ciel.

Au moins ne serait-il pas ennuyant. Marcus aurait peut-être un peu moins de travail que je ne l’espérais. A vrai dire, il ne serait que le compte bancaire, sur ce coup-là. Une chance pour lui, j’étais bien assez organisée et rigoureuse pour lui créer de magnifiques parchemins de dépense qu’il n’aurait aucune peine à comprendre.

- L’idée ne m’était même pas venue en tête. Soulignai-je néanmoins quant aux bougies à la forme phallique.

Dépravée… Non. Définitivement non. Je ne ferais pas un mariage de dépravés. Ils l’avaient, de toutes façons, déjà eu en se mariant dans le dos de tout le monde et en couchant après avoir « tué » une femme. Il était donc tout à fait hors de question que j’approuve cela.

- Mais je note l’élégant. Notai-je ainsi, témoignant de mon refus de toute dépravation qu’ils devraient garder pour leur seconde nuit de noce.

Esquissant un sourire alors que la Serdaigle venait me gratifier d’un câlin que je lui rendis volontiers, j’arquai un sourcil à son murmure. Soit. Il prouverait la grandeur de la famille de son mari, cela ne me poserait pas de problèmes. J’avais des goûts bien assez dispendieux pour pouvoir imaginer à quoi cela devait ressembler. Les alliances étaient de mises et je n’allais certainement pas les oublier, bien évidemment. Ensemble nous serions puissants, bien plus que nous ne l’étions seuls, quand bien même je connaissais ma chance d’épouser Matthew du fait de son nom de famille – et même si ce n’était définitivement pas pour cela que j’étais heureuse de le faire. Pour autant… Me reculant légèrement, j’observais Alix, quelque peu interdite, ne sachant pas réellement quoi penser de ce qu’elle venait de me dire de son projet.

- Unir nos enfants par un mariage… Répétai-je avant de froncer les sourcils, déviant mon regard vers le sol. Alix… C’est… Enfin… Fermant les yeux quelques instants pour prendre une longue inspiration, je repris alors plus calmement. Tu sais que je n’aurais pas d’enfants avant quelques années ? On est même pas marié et on attendra la fin de nos études pour ça. Alors des enfants...

Je n'étais définitivement pas prête pour cela maintenant. De plus, j’étais plus jeune qu’elle, et Matthew bien plus jeune que son mari. Qui plus est… Il y avait une autre petite potentielle « perturbation » dans cette idée. Ou plus exactement deux.

- Et Matthew ne voudra jamais imposer un mariage à l’un de ses enfants. C’est contraire à toute son éducation, lui soufflai-je avant de froncer de nouveau les sourcils. Quant à moi… Si l’idée est parfaite, et que je ne pourrais jamais rêver meilleure belle-mère pour mes enfants… Et que tu sais combien je connais le jeu de pouvoir… Tu as vu ce qu’ont donné mes fiançailles forcées avec Selwyn…

Autant dire que cela avait été un fiasco et avait même entraîné l’éclatement, même si annoncé, de ma famille.

- Le mieux à faire, je suppose, sera de les élever ensemble pour développer leur sentiment.

Là où je comprenais et même approuvais cette idée, je ne pourrais aller ni à l’encontre de Matthew, ni même reproduire ce que j’avais vécu. Cela avait été trop difficile. Et d’ailleurs… Fronçant les sourcils, je passai ma main sur le visage.

- Les Gimhae auront de toutes façons tous les droits sur la première fille et le premier garçon. L’informai-je. C’est dans le contrat des fiançailles. Enfin… Au vu de la famille, cela signifie qu’ils seront libres mais... Merlin que c’est compliqué…

Bon… Elle n’avait effectivement pas tort, ce qui m’arracha une grimace. Effectivement. Ce luxe était bien rare dans le monde des sang-purs et j’avais eu une chance incommensurable de pouvoir me fiancer à l’homme que je désirais. Une chance, à vrai dire, que mon frère prenne la place de mon imbécile de père. Ainsi soupirai-je, admettant à mi-mot que je lui accordais ce point même si j’admettais avoir de plus en plus de mal à imaginer ma vie sans l’alchimie que je ressentais avec Matthew… Une image que je lui renvoyai, donc, peinant de plus en plus à comprendre ce fonctionnement. Tout était si parfait avec lui… Comment pouvait-on passer à côté d’une telle chose ?

Une chose qu’Alix avait transformé en remarque des plus… Hum. Bref. Passons. L’idée de mon chaudron lancé à son visage passé, refusant d’admettre que j’avais effectivement souris intérieurement, bien profondément d’ailleurs, je l’avais accueillis dans mes bras dans un sourire avant de me figer à ses paroles. Ses plans étaient clairs. Les miens, eux, beaucoup moins pour une fois. C’est avec perplexité, donc, que j’avais émis quelques doutes et notamment sur l’avis qu’aurait Matt de ce plan.
Fronçant les sourcils alors qu’elle me jetait à la figure mon rôle de soumission face à mon futur mari, je serrai les dents, quelque peu plus froidement.

- Tu sais pertinemment que je m’en veux déjà suffisamment de l’obliger à plonger dans un monde qu’il a jusque là évité. Lui fis-je remarqué.

Quant à la soumission… Elle n’avait pas entièrement tort. J’avais été élevé à ça, à l’idée de l’homme supérieur, du mari tutélaire. Bien sûr les choses avaient-elles changées pour moi. Matthew m’apprenait à vivre par moi-même, me donnant même des responsabilités que je n’aurais jamais imaginé un jour avoir, mon propre compte bancaire sans que personne d’autre que moi n’ait de vue dessus, une liberté certaine mais je peinais encore, bien trop souvent sûrement, à prendre mes aises dans ce monde sans barrière et souvent mes démons revenaient alors sur le devant de la scène. Pourtant, il ne s’agissait pas de cela, pas réellement, à cet instant. Ainsi soupirai-je profondément.

- C’est pas une question de soumission, cette fois. Lui répondis-je. C’est justement une question d’égalité. Je suis pas contre cette idée. Au moins je saurais comment ont été élevé ces enfants. J’aurais confiance et je sais ce que ça apporterait… Mais c’est d’un commun accord que nous fonctionnons. Il faudra présenter les choses à Matthew plus qu’à moi.

Croisant les bras, je toisai ma meilleure amie avec quelque peu de dépit lorsqu’elle reprit parole. Que pensait-elle de moi ? Que j’étais une traîtresse à mon sang, désormais ? Parce que je faisais équipe avec celui qui allait devenir mon mari ? Non, je ne me laissais pas faire, non je ne « chiais » pas sur les traditions mais… L’avis de Matt était aussi important que le mien dans ce cas. Et si je m’empêchais de penser qu’il l’était « plus » comme il avait pu me l’effacer de l’esprit au moins un tant soit peu, je ne pouvais faire sans son avis.

- J’irais pas à l’encontre de ce qu’il pense et tu le sais. Lui soufflai-je ainsi. Alors oui, ton idée est bonne, brillante pour assurer un avenir propice à nos deux familles. Et je serais la première en accord avec ça. Mais on fonctionne à deux. Alors on présentera ça à Matt, ok ?

Je ne refusais pas cette proposition. Je voulais seulement un avis unanime sur la question.

- Et laisse-le au moins prendre ses marques dans notre monde qu’il exècre. Lui demandai-je alors. Tu sais que ça peut être compliqué quand la moindre chose nous semble carrément insultant…

Et des insultes… Enfin nous savions toutes deux que ce monde pouvait être particulièrement cruel lorsque l’on ne suivait pas la ligne déjà tracée…

- Et même si je suis d'accord parce que je te connais et que je connaitrais ces enfants... Les traditions sont faites pour changer... Ca prendra juste du temps mais tu admettras quand même que forcer un mariage... Ce n'est pas vraiment le moment le plus agréable de notre vie, non ?

Alix avait été poussée à épouser Rosier. Si, en fin de compte, elle y avait trouvé son compte, cela n'avait pour autant pas été une partie de plaisir. J'avais été forcée de me fiancer à Selwyn et Merlin seul pouvait savoir ce que notre vie aurait été si nous n'avions pas pu tout arrêter... Et certainement cela n'aurait-il pas été glorieux alors... Combien de personnes se trouvaient aujourd'hui dans des relations infinie et horriblement ennuyante ou pire ? Je ne voudrais pas de cela pour mes propres enfants. Pas après l'avoir vécu. Pas sans une très bonne raison. Alors... J'étais en effet d'accord avec Alix. Son idée était bonne. Mais en plus de l'avis de Matthew, il faudrait permettre à ces enfants de choisir. Les orienter était une façon de faire qui me semblait ainsi bien plus efficace que tout forcing.

- Tu sais très bien que ce n’est pas le cas. Rétorquai-je, sourcils froncés. Mais il ne pouvait pas savoir dans quoi il s’embarquait véritablement. Toi tu le savais, parce que tu connais mon père, tu connais ma famille. Lui ne connaissait rien avant d’être plongé dedans. Et c’est presque déjà un exploit que ça ne l’ait pas fait fuir.

Matthew était libre là où je ne l’avais jamais été. Il aurait pu reculer, refuser de voir son avenir écrit de la sorte par des traditions qu’il ne maîtrisait ni ne connaissait pas. C’était tout à son honneur d’avoir continué dans cette voie.

- Donc je ne me porte pas responsable de ses décisions mais plutôt de la situation.

De ce fait là, je ne pouvais pas lui imposer les règles de cette société qu’il méprisait malgré tout et qu’il commençait seulement à toucher du doigt. Je me le refusais formellement. Ainsi était-ce à lui qu’elle devait poser la question, qu’elle devrait argumenter en ce sens. Pas à moi.

- Tu sais très bien ce que j’ai voulu dire. Soupirai-je alors qu’elle notait le « plus qu’à moi ».

Elle jouait sur les mots, arguant d’un manque d’inégalité sans même le prononcer et alors que je me targuais de cela. Et effectivement. Je ne voulais pas dire ça. Je voulais simplement lui faire comprendre que je n’étais pas celle à convaincre, quand bien même je me refuserais catégoriquement à forcer mes enfants à épouser qui que ce soit.

- Effectivement. Soufflai-je malgré tout. De toutes les manières je ne serais pas mariée avant la fin de mes études, tu peux au moins attendre donc cinq ans avant que le premier naisse. Et il sera pour les Gimhae.

Mes enfants non nés avaient été vendus à l’une et l’autre des familles… C’en était presque dépitant à l’observer de la sorte mais je n’avais de toutes les manières pas le choix. J’étais une femme, un ventre plus qu’une personne alors cela serait comme les hommes l’avaient négocié.
En attendant, je n’émis qu’une seule demande… Celle de ne pas brusquer Matthew. Il devait s’habituer à ce monde, à cette société aux règles bien différentes de celles de son éducation. Cela prendrait du temps, inévitablement, d’autant que tout ou presque se confrontait à sa façon de penser.

- L’appelle pas comme ça… Grognai-je. Et je sais que ça changera rien entre nous. Je veux juste faire en sorte que Matt arrive à se sentir bien avec nos règles plutôt que de le faire tomber brusquement là-dedans. Imagine si du jour au lendemain on nous demandait de faire avec les règles moldues ?

Cela serait une catastrophe, sans nul doute… D’ailleurs cette idée m’arracha un sourire. Sangs mêlés, créatures, moldus… Non, je n’arriverais pas à les suivre correctement… Tout serait bien trop différent de ce que j’avais connu jusque-là, de ma construction mentale.

- C’est comme pour moi… Je dois m’habituer à sa famille, à ses amis… Ted Lupin est venu me voir, d’ailleurs. Finis-je par souffler, en tout début de mois, à la rentrée. On a discuté. C’était… Etonnant. Admis-je avant de plisser les yeux. Tu as quand même raté pas mal de choses avec ton absence, à bien y penser…

- La base quand tu as le temps et que tu imagines ce qu’il va arriver. On n’était pas même un tant soit peu au courant de ce qu’il comptait faire. Lui rappelai-je, bien trop consciente que nous avions tous été pris de court cette soirée-là. Et de toutes façons, oui, lui devait encore moins s’attendre à tout ça… Il a été plongé dans la gueule du loup sans aucun espoir de se rattraper à quoique ce soit…

Je m’en voulais. Inutile de le rappeler. Et certainement m’en voudrais-je encore longtemps. Enfin. Bien sûr. Je savais que Matt prenait les choses comme elles venaient. Sa capacité d’adaptation était admirable, sa résilience aussi. Il méritait le respect, c’était un fait. Pour tout ce qu’il avait entreprit et accepté pour nous, pour moi. Et ce n’était pas en l’appelant « petit poussin », que cela allait être le cas. Ainsi avais-je repris Alix quelque peu plus fermement qu’à mon habitude. Il méritait bien plus qu’un surnom aussi dégradant.

- Vu comme ça… Souris-je malgré tout. Cela dit je ne suis pas totalement convaincue que j’arriverais à me faire aux règles des sangs mêlés ou moldus…

Je devais pourtant composer avec, désormais. Je devais m’habituer à sa famille et surtout… A ses amis. J’haussai d’ailleurs les épaules à son « bon courage ». Ce n’était pas de courage dont j’avais besoin, mais plutôt d’un manuel de bonne conduite avec les personnes de ce type-là, si tant était que je pouvais appeler cela un « type » de personne.

- Sa famille est agréable. Admis-je ainsi. Enfin… J’espère que j’arriverais à m’y intégrer, à ne pas tout déranger je veux dire mais ses amis… C’est… Plus compliqué. Enfin plus compliqué, non… On sait s’adapter, comme tu l’as dit mais…

D’une part, les a priori avaient la vie dure, et des deux côtés. Si Ted et moi avions pu passer « outre » le temps d’une discussion, les actes passés n’allaient certainement pas être oublié d’un claquement de doigt et Alix connaissait bien trop mon comportement pour ne pas comprendre ce que j’entendais par là. Mais Victoire aurait-elle l’intelligence de Lupin ? Là était la question. Une question dont je doutais que la réponse serait positive, malheureusement. Outre son hybridation qui, je n’en doutais pas, devait avoir attaqué son cerveau déjà atrophié, nous n’avions rien en commun, absolument rien. Il allait donc me falloir être particulièrement calme et détachée pour supporter cette entrevue inévitable.

- Enfin… Repris-je finalement en secouant la tête pour chasser ces pensées. Je suppose que tu as raison. J’ai cette chance.

Une chance que beaucoup de femmes de notre « condition » n’avaient pas. Tant puis si je devais faire des efforts pour m’adapter à ce qui pouvait me sembler être contre nature. Au moins n’aurais-je plus à craindre les coups et les rabrouements de mon père.

- Bref ! Et toi alors ? Ça va pas te faire trop long, cinq mois sans voir ton mari, coincée dans un dortoir avec ta meilleure amie ? Plaisantai-je. Non parce qu’on a pas mal de soirées « pyjama » à rattraper, avec le nombre de rumeurs que t’as raté à Poudlard, il va falloir te remettre à la page !

- Je pense qu’au vu de la façon dont mon frère a pris cette affaire à bras le corps, nous pouvons le glorifier en lui donnant le surnom de basilic, effectivement.

Malgré tout, malgré ce que je pouvais penser de mon frère et de sa façon de faire, je ne pouvais lui enlever cela. Il était bien plus intelligent qu’aucun autre de cette famille. Il savait ce qu’il faisait et le faisait bien, du moins… Pour lui. Et pour notre famille dont il hériterait. Que ses méthodes soient peu orthodoxes ou même difficilement admissibles lorsqu’en on était la « victime » ne faisait qu’appuyer ce fait.

Bien sûr, je ne me plaignais pas de ce fait. J’étais fiancée à l’homme dont j’étais tombée amoureuse. Cela ne s’était pas fait sans heurt, je me voudrais encore longtemps de la manière dont les choses s’étaient déroulées, mais j’étais avec lui, c’était peut-être là ce qui comptait le plus. Restait, désormais, à composer avec son entourage qui n’avait alors pas réellement été pris en compte jusque-là.

- Cool ne serait pas le mot que j’utiliserais pour cette chos… Femme. Soufflai-je en levant les yeux au ciel. Mais ne t’en fais pas, tu auras un résumé immédiat dès lors que nous nous serons confrontées l’une à l’autre. Je ne doute pas que sa colère sera proportionnelle à mon dégoût. J’ai obligé son cousin et meilleur ami à se lier à l’une des « pires » familles de Sang Pur. Monstre que je suis. Au moins pourrons nous toutes deux porter ce qualificatif.

C’était insultant, évidemment. Je peinais à admettre la possibilité que les hybrides soient des personnes « normales », des sorciers comme les autres. Cela me paraissait hors de propos. Evidemment, je ne serais pas assez idiote pour prononcer tout cela face à ladite vélane, je ne le faisais d’ailleurs pas devant Matthew, par simple respect pour ses proches. Bien sûr ne m’en voudrait-il pas et savait-il le fond de la pensée, mais je n’étais pas là pour lui imposer mes valeurs. Il ne s’agissait que d’une personne, certes importante, mais qui, en fin de compte, n’interviendrait dans notre relation qu’en tant que présence. Une présence que je m’étais engagée à supporter. Je n’en aurais pas le choix et le simple fait de savoir que cela ferait plaisir à Matt me suffisait pour me convaincre que c’était là le choix le plus raisonnable, quand bien même l’effort serait considérable.

Enfin. Au moins avais-je la chance de pouvoir rejoindre Matthew presque dès lors que je le désirais, chose qui n’était pas le cas d’Alix et son mari dont la séparation risquait de se faire sentir. Quoique… Oh Merlin… Grimaçant alors que mes yeux se levaient vers le ciel lorsqu’elle sortit cet objet bien particulier, je soupirai.

- Par tous les mages de cette terre, n’avez-vous rien d’autre en commun que le sexe ?! M’exclamai-je. Envoyez-vous des hiboux, utilisez la cheminette pour vous parler, je n’en sais rien mais… Je t’interdis d’utiliser ça quand je suis dans la chambre ! Grondai-je finalement.

D’autant que nous allions avoir pas mal de potins à partager afin qu’elle puisse rattraper son retard quoique ce dernier semble malgré tout assez relatif. Réfléchissant alors à ce qu’elle aurait pu véritablement rater, je soufflai. Il y avait bien une chose mais… Je n’étais pas convaincue que cela soit vrai n’ayant eu aucune preuve autre qu’un vent de ma mère.

- Hé bien, repris-je. J’ai eu quelques vents sur des fiançailles chez moi. Pas les miennes, évidemment tu t’en doutes. Mais… Je ne sais pas c’est assez flou. Admis-je malgré tout. Et je t’avoue que je n’ai pas franchement eu envie de creuser et donc de rentrer chez mon père pour le moment.

Autant dire que je fuyais ce manoir avec tout le plaisir du monde. Au moins Alix admettait-elle qu’il fallait que l’on profite l’une de l’autre. L’année prochaine serait définitivement bien différente. Elle serait partie, son diplôme, je l’espérais, en poche, une fois sa thèse terminée. Evidemment, je ne l’avais pas oublié, d’ailleurs grimaçai-je légèrement à ce rappel tant je craignais de me retrouver seule. Tout allait changer. Je serais peut-être, d’ailleurs, mariée à la rentrée prochaine, habitant peut être avec Matt si nous en obtenions l’autorisation, et sans Alix alors que cela faisait des années que nous étions ensemble, toutes les deux, inséparables.

- Ca sera bizarre… Finis-je par souffler à mi-voix. Enfin je veux dire de plus t’entendre râler tous les matins parce que tu détestes te lever. Un léger sourire triste s’afficha sur mes lèvres. Tu vas me manquer.

Cela était définitif. Alix allait me manquer. Même son vocabulaire de charretière allait me manquait.

- Tu es sûre que tu ne veux pas redoubler une fois ? Plaisantai-je alors.

Le temps avançait. Notre adolescence commençait à s’éloigner alors qu’une vie plus adulte nous attendait. Cela m’effrayait. Mais je ne pouvais ni ne voulais véritablement me battre contre. Le changement était inévitable. Pour le mieux, en un sens, mais cela restait effrayant, difficile à vivre sans aucune crainte.

Bon… Je dus admettre que je n’avais pas réellement pensé à l’aromate. Ainsi la remarque d’Alix me fit elle rire, secouant la tête en levant les yeux au ciel comme j’en avais si bien l’habitude. J’admettais que cette plaisanterie était drôle.

Ce qui l’était moins, c’était sa façon de parler de Victoire alors que je tentais, de mon côté, de mettre de l’eau, beaucoup d’eau, une rivière même au point où j’en étais, dans mon vin. Grimaçant à ses mots, je soufflai doucement quoique profondément. Oui. Je savais. Elle ne s’en était pas caché, c’était un fait. Mais tout de même…

- Tu sais que j’essaie de faire des efforts… Avais-je ainsi murmuré. Tu ne me facilites pas la tâche, là.

Pourtant il fallait que j’y arrive car à défaut de l’apprécier, chose qui n’arriverait sans doute jamais à moins qu’une météorite ne nous tombe sur la tête à toutes les deux, elle était importante dans la vie de Matthew et que mon respect le serait tout autant pour lui. L’un ne pouvant aller sans l’autre… Je n’avais pas d’autre choix que de faire des efforts, quand bien même ces dernières puissent me sembler inhumains – et Merlin que cela pouvait l’être avec ce genre de ch… De femmes. Par tous les mages. De. Femmes.

Ah ! Si nous avions, en fin de compte, pu continuer sur ce sujet… J’aurais préféré, et de loin, car je m’étouffai désormais avec ma propre salive alors qu’elle en venait à refuser en bloc ce que je lui avais interdit. Prenant quelques instants pour reprendre ma respiration, les sourcils froncés, je la fusillai du regard.

- D’un, je n’ai pas « baisé » dans ton lit. De deux ton langage par pitié ! Parle comme ça à ton mari mais je ne veux ni entendre le mot baiser ni entendre le mot masturber ! Grognai-je pas franchement à l’aise face à ce langage de charretière que je n’utilisais pas moi-même avec Matthew qui était pourtant le premier concerné dans ma vie privée. Et de trois… N’utilise JAMAIS ça quand je suis là. Répétai-je. Sort de silence ou pas.

Qu’avais-je fait aux mages de la terre pour avoir une meilleure amie plus vulgaire que Peeves en temps de crise ? Vraiment ? Une chance que j’aime assez Alix pour la connaître et l’accepter… Enfin, l’accepter jusqu’à un certain point et elle le savait. Sûrement, d’ailleurs, allait-elle me trouver trop coincée mais… Hé bien cela finissait par être une habitude, depuis toutes ces années.
Puis ce fut le drame. Un mot de trop. J’attrapai une fiole de sang de dragon – que j’avais en stock fort heureusement – pour le lui balancer à la tête.

- Arrête de me parler du fait de te faire défoncer par ton mari ! M’exclamai-je avant de me calmer tout aussi vite.

Effectivement, cela signait la fin de l’enfance… Quoique… Nos mariages respectifs, passé et à venir, ne l’avaient-ils pas déjà fait ? Nous avions plongé dans ce monde pour lequel nous étions préparé sans pouvoir réellement nous rattraper au bord, nous devions désormais porter une responsabilité, quoique la mienne soit limitée grâce à l’homme qui allait devenir mon époux.
Et malgré tout… Tout cela allait me manquer lorsqu’elle serait partie. Qui la remplacerait ? Qui m’écouterait parler pendant des heures sans en avoir marre ? Qui se réveillerait à 3h du matin pour la simple raison que je ne peux plus garder mes secrets ?

Riant doucement à sa proposition je soufflai alors.

- C’est pas que je ne veux pas, mais mon bon goût devra d’abord aider à décorer ma propre maison. M’amusai-je. J’ai demandé un passe-droit pour pouvoir vivre avec Matt quand on sera marié. Ca sera plus facile que de gérer cinquante choses à la fois alors que la moitié est commune aux siennes. Donc… Tu devras te contenter de mon bon goût pendant les vacances scolaires, ça sera suffisant ?

Car il était évidemment hors de question que je ne passe pas le plus de temps possible en compagnie de ma meilleure amie. Elle était ma sœur, mon repère et mon soutien depuis des années, cela n’allait certainement pas changer. Je le refusais. Nos vies allaient tout simplement… S’adapter.

Je grimaçai. Rien que cette idée m’hérissait le poil et j’espérais sincèrement qu’elle ne le fasse pas au risque que mon premier sortilège interdit lui soit directement adressé. Un sortilège de la mort, par exemple, quoiqu’il serait presque trop doux pour l’affront que ce serait pour moi. Enfin. J’allais devoir lui faire confiance. Elle ne le ferait pas… Si ? Non. Seigneur non. La fusillant du regard, j’espérais que le message soit tout à fait clair. Je ne voulais plus en entendre parler. Jamais. Pour rien au monde.
Arquant un sourcil, je l’observai alors, surprise de sa réaction. Je ne m’étais pourtant pas trompée dans ces termes… J’étais toujours attentive à ce que l’on me disait pour ne pas commettre d’impair alors…

- Je te cite « pas comme je l’aime », ça ne prête pas beaucoup à confusion. Grondai-je malgré tout avant de souffler. Et crois-moi, dans tous les cas, tu es loin de savoir ce que c’est, au fond. Repris-je de manière on ne pouvait plus sarcastique.

Sans minimiser les violences subies par Alix, le fait était qu’elle continuait à se rebeller contre sa mère, preuve que la violence qu’elle avait subi n’avait pas entaché sa personnalité. Et c’était un bien. En un sens, je l’admirais pour ça. Car là où elle avait vécu, j’avais fini par m’effondrer et ne faire que suivre les ordres, sans vivre véritablement.
Matthew m’avait appris ce qu’était de vivre pour soi, il m’apprenait encore l’indépendance, l’équilibre et la confiance. C’était un travail de longue haleine, bien sûr et souvent faisais-je des pas en arrière par peur de tomber. Mais j’admettais préférer cette idée de vie, désormais… C’était d’ailleurs pour cela que nos fiançailles n’avaient pas été une fin en soi. Nous étions deux, ensemble et nous nous soutenions. Peut être lui plus que moi, d’ailleurs.

A la question de la sorcière, je fronçai les sourcils. Est-ce que ça allait ? Hé bien…

- En un sens, oui. Soupirai-je. Je n’aurais pas pu espérer mieux comme mari. Matt m’offre ce que je n’ai jamais imaginé avoir. Avec lui au moins je suis libre mais… Aussi vite… A vrai dire… Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète. Moi je m’adapte et de toutes les manières je savais que je pouvais être mariée à tout moment. Mais lui… C’est pour lui que je m’inquiète.

Toujours bien plus pour lui que pour moi qui savait comment suivre les règles, je savais ce qu’il en était et cela, ainsi, était plus facile. J’avais été éduqué de la sorte. Pas Matthew. Cela faisait toute la différence.

- Comment ça s’est passé… Répétai-je. Tu veux parler de la négociation avec mon frère ou des véritables fiançailles ?

Je faisais une séparation nette entre les deux. Si le premier n’était que formalité et apparence, ce que Matt m’avait offert était, lui, inestimable à mes yeux. Et c’étaient ains là que s’étaient véritablement signés nos fiançailles à mon sens.

- Quoique tu dois connaître une partie de mes fiançailles puisque tu l’as aidé. Soufflai-je dans un sourire reconnaissant. Merci Alix, vraiment… Tu n’imagines pas à quel point elles ont été parfaites…

Malgré tout, malgré la situation et les contrats, tout avait été, pour moi, parfait. Matthew compris. Evidemment.