Tout s’était bien terminé. Et heureusement. Une minute de plus et j’aurais fini par vomir tant le corps que j’avais dû supporter me dégoûtait. Une hybride. Ces petits imbéciles m’avaient envoyé droit dans une hybride… Et pourquoi pas un moldu tant qu’ils y étaient ?
Enfin… Mis à part que Matt avait embrassé une créature, je devais admettre que tout s’était plutôt… Assez bien déroulé. Enfin presque. J’avais été dans un corps affreux. Cela me suffisait à ne pas garder un « bon » souvenir de cette soirée. Au moins avais-je pu, dès le matin terminé, reprendre mes cours et retrouver ma manucure – presque – parfaite. Presque, oui, car j’y avais vu un petit poc sur l’ongle du majeur. Celui que j’avais fermement envie d’utiliser sur bien des élèves d’ailleurs mais c’était un autre sujet.

Dans tous les cas, j’avais, ce soir, pris le parti d’être une préfète abordable, contrairement à trop souvent, je pouvais l’accorder. Installée dans la salle commune, je travaillais ainsi mon début de thèse, quelques livres à disposition. Ainsi visible chez les Serdaigle, j’espérais, en un sens, paraître moins effrayante pour ceux qui auraient été choqués de la dernière soirée. Les première année par exemple. Mais rien. Personne n’était venu. Personne à part…

Cinq minutes ? Arquant un sourcil, j’avais posé ma plume pour me tourner vers la voix qui venait de m’interpeler.

- J’ai. Répondis-je, toujours aussi agréable face à la plupart des habitants du château.

Avait-il besoin de parler de ce qu’il s’était passé ? Visiblement pas… Il voulait me remercier. Arquant un sourcil, j’avais définitivement posé ma plume pour l’observer alors.

- Me remercier ? M’étais-je étonnée sans comprendre. De quoi ?

Hier soir et ce matin… Une référence certaine à l’événement indésirable de la veille. Mais en quoi cela me valait-il des remerciements ?

- Si c’est pour avoir suppor… Non. Je ne devais pas aller sur ce terrain. Soupirant, j’avais alors repris, secouant doucement la tête. Il est inutile de me remercier. Je n’avais aucun intérêt à abîmer le corps de ta petite amie. Encore moins à l’utiliser. Répondis-je ainsi, plus correcte. Alors… A défaut si tu y tiens, tu lui transmettras mes propres remerciements pour avoir fait de même avec mon corps. Quoiqu’elle avait abimé l’un de mes ongles… A moins que ce ne soit moi avant l’évènement…

- Dans ce cas dois-je imaginer que tu me penses plus malveillante à devoir me remercier pour quelque chose que je n’aurais eu aucun intérêt à faire ? Rétorquai-je en arquant un sourcil.

Il fallait dire que plus que n’avoir aucun intérêt, et bien que cela soit entièrement le cas, je n’allais certainement pas apprécier user d’un corps qui n’était, d’abord, pas le mien, et qui, ensuite, était aussi… Aussi… Lui.
D’ailleurs me sembla-t-il que Miles voulait m’informer d’une chose, défendre sa petite amie, sans doute, face à un racisme que tous connaissaient tant je ne m’en étais jamais caché. Haussant les sourcils, j’avais alors croisé les bras, l’observant de haut en bas.

- Une vélane qui subit sa condition ne devrait peut-être pas être ici si elle ne le supporte pas. Avais-je soufflé sans le moindre remord. Néanmoins, j’ai bien assez de self control – ce qui n’était pas toujours le cas – et de… J’allais soudain dire de « mépris », mais je m’arrêtai, soupirant un instant. Je ne suis pas née de la dernière pluie. Du moins pas assez pour laisser un corps dicter sa loi avec moi. D’autant qu’en faisant vivre des choses désagréables à un corps, je les aurais, moi, vécu tout autant. Autant, donc, m’éviter un traumatisme inutile.

Il me fallait néanmoins admettre une chose. Je n’avais pas été seule. Car seule, j’aurais certainement paniqué… Et sûrement aurais-je été hideuse à m’énerver. Comme ces monstres.

- Il faudrait, néanmoins dans ce cas aussi que tu remercies Matthew. Admis-je alors. Il a été en grande partie la raison de mon calme. Quoique celui-ci n’ait été en grande partie qu’apparent. D’ailleurs je m’excuse. J’ai embrassé mon mari sous les traits de ton amie. Une erreur qui ne s’est produite qu’une fois, je te rassure. Matt en avait d’ailleurs presque pris pour son grade alors qu’il n’y était pour rien. Dans tous les cas. Tes remerciements sont acceptés mais inutiles. Surtout en tant que future professeur et préfète en chef. Je n’ai fait que ce que je devais faire.

Je savais pertinemment de qui me parlait Miles et si mes sourcils se froncèrent doucement, j’avais fini par soupirer, secouant la tête.

- Tu ne connaissais pas Alix. Elle n’aurait jamais humilié quelqu’un gratuitement. Tout comme moi.

Nous n’étions pas des monstres. Quoique certains aient pu en dire, nous n’avions jamais été des monstres. Irrespectueuses, je l’entendais. Radicales… Peut-être. Mais toujours pas des monstres. Et encore moins maintenant, je l’admettais…
J’avais cependant émis ma façon de penser, brutalement, sans le moindre remord avant qu’il ne me fasse arquer un sourcil. Minuscule ? Levant les yeux au ciel, j’avais de nouveau soupiré.

- Je ne juge qu’un comportement inadéquat dans un Collège. Pourquoi garder ici toute personne ne supportant pas sa condition et n’étant pas en capacité d’apprendre. Repris-je froidement. Quant à mon éducation…

Cette fois, je m’étais tue. Inutile de soutenir l’éducation d’un père que j’haïssais et d’une mère absente. Cela aurait été mentir.
J’avais d’ailleurs fini par être honnête, l’informant de mon geste malheureux envers Matthew. Une information qui sembla le crisper avant que je ne laisse échapper, presque malgré moi, une légère grimace.

- Non. Si je suis honnête avec toi, je me suis dit qu’elle n’avait pas à le savoir et à en être perturbée. Ce n’était… Qu’un… Je soufflai de dépit envers moi-même. Qu’un geste de panique. Admis-je difficilement. Je m’en excuse.

Mais Miles trouva bon de me rappeler de revoir mon jugement. Arquant un sourcil, je l’avais alors observé avant de me redresser alors que je tentai fermement de rester sereine. Oui. Les hybrides me dégoûtaient. Oui. Je n’appréciais pas de les savoir en liberté dans l’école. Mais cela ne remettrait jamais en cause mes projets d’avenir.

- Je pense être suffisamment intelligente pour séparer mes opinions personnelles de mon comportement en cours. Répondis-je en le fusillant du regard. Je n’apprécie peut-être pas le genre de ta petite ami, Miles. Mais je ne serais pas, pour autant, de celle qui la mettra directement à la porte de ce château. Je tolère. Il me semble que c’est bien assez suffisant.

Et cela l’était, pour moi. J’avais grandi dans leur haine, dans le dégoût. Les ignorer était déjà un grand pas, une grande avancée que seul Matt avait pu réussir. Mais de là à me les faire aimer… Nous en étions encore bien loin, je l’admettais.

- J’espère donc, malgré tout, que ta petite amie ne gardera pas un souvenir trop traumatisant de sa nuit dans mon corps. Avais-je soufflé.

Et j’étais sérieuse en un sens, comme séparant la personne de sa race, je l’espérais réellement. Quoique je doutais presque qu’il ne croie en cela.

- Evidem…

Je m’étais stoppée alors qu’il avait repris parole, me faisant rapidement froncer les sourcils. Qu’était-il en train de raconter par tous les mages ? C’était… C’était de la diffamation. Pure et dure. Et je ne savais pas ce qu’avait pu lui dire Alix pour le mettre dans une telle colère qu’il en venait à inventer ce genre de chose, mais rien ne pouvait être une raison pour ne pas la respecter à ce point.

- Il est facile de diffamer une femme décédée. Avais-je répondu, acide. Je ne sais pas ce que tu lui reproches, mais je te conseille fermement de ne pas t’en prendre à sa mémoire en la bafouant avec de tels mensonges. Jamais Alix n’aurait agi de la sorte. Elle était peut-être bien trop libérée, car je ne pouvais certainement pas le nier, mais elle n’était pas mauvaise. Et j’en étais persuadée.

Mais il semblait que le froid polaire ait décidé de s’installer entre nous alors que mon comportement m’était alors reproché, ouvertement. A raison, peut-être, je pouvais l’admettre. Je n’étais pas la personne la plus facile, pas la plus ouverte non plus. Mais au moins pouvais-je reconnaître la logique derrière les propos de Miles.

- A moins que les minorités ne sachent tout simplement pas se mêler aux majorités. Avais-je répondu.

Dans tous les cas, j’avais préféré ne rien dire à Jessalyn quant à mon écart bien désolant. Je l’avais pourtant avoué à son petit ami. Une sorte d’honnêteté modifié pour ne pas perturber la jeune femme. Après tout… Sûrement étais-je l’une des mieux placée pour savoir combien ce changement de corps avait été compliqué. Il était bien inutile d’en rajouter, à mon sens. Un sens qui ne sembla pas être en accord avec celui de Miles, me faisant arquer un sourcil.

- Soit. Si tu penses que c’est le mieux. Je l’en informerais. Avais-je simplement accepté.

Je n’avais pas réellement envie de me battre et si cela me tuait de devoir admettre devant une autre personne que j’avais été prise d’un excès de panique… Au moins cela prouverait-il que je n’étais pas un monstre inhumain et sans aucune attention pour autrui.

D’autant plus lorsque mon futur métier était attaqué par ce même fait. Le simple fait que l’on puisse deviner mes opinions… A ces mots, mes sourcils s’étaient de nouveau froncés. Il n’avait pas réellement tort non plus mais je n’étais, aujourd’hui, pas dans la peau d’une professeur et… Soit. Il allait donc falloir que je sois d’autant plus hypocrite avec certains. Je n’avais cependant pas voulu répondre, refusant de lui admettre une vérité. Non. Hors de question.

A la place, j’avais préféré espérer le « meilleur » pour sa petite amie. Au moins s’en remettrait-elle. Parfait. Je ne souhaitais le malheur de personne, malgré tout.

- Bien. Tant mieux, je suppose. Soufflai-je donc en hochant la tête. Je suppose que te demander de lui transmettre mes amitiés ferait hypocrite alors je les lui transmettrais moi-même en allant la voir dès qu’il me sera possible de le faire. Quoique mes amitiés risquaient d’être particulièrement limitées, je l’admettais.

- Sait on jamais. Avais-je articulé froidement avant qu’il ne donne le nom de ma belle-sœur, que mes sourcils ne se froncent. Ça suffit. Si tu avais de la rancœur vis-à-vis d’Alix, tu aurais dû régler cela lorsqu’elle était vivante. Inventer de telles inepties en usant de la sœur de mon mari n’est aujourd’hui certainement pas une solution.

Et si j’étais acide, si mon ton s’était particulièrement raffermi, j’admettais ne pas avoir aimé ce qui venait d’être prononcé. Qu’avait pu faire Alix ? Pouvait-elle ?... Non. Elle était quelqu’un de bien. J’en étais persuadée. Vraiment. Elle… Non. Je devais arrêter de croire aux paroles de quelqu’un comme Miles. Mais justement… que signifiait « quelqu’un comme Miles » car… Oui. Je ne l’avais jamais entendu parler en mal de qui que ce soit et… Stop. Je devais arrêter.
Détournant mon attention sur sa petite amie, mes paroles n’avaient pas eu l’air de lui plaire. Tant mieux, en un sens, après ce qu’il avait dit sur Alix. Une sorte de petite vengeance puérile que voilà.

- Je pense que si une majorité existe, ce n’est pas pour rien. Avais-je soufflé.

Cela dit, malgré mon dégoût des hybrides, j’avais consenti à tenir Jessalyn au courant de ce que j’avais pu faire avec son corps. Même par panique. Ce qui n’empêcha certainement pas Miles de ne retenir que mon dégoût, visiblement. J’avais pourtant tenté d’être « amicale », ou du moins respectueuse. J’irais voir Jessalyn. C’était déjà un pas suffisant. Mais visiblement cela n’empêcha pas son sarcasme et un haussement de sourcil de ma part.

- Bonne soirée. Avais-je fini par prononcer en reprenant ma plume. Et tente de ne pas me voir comme une affreuse monstruosité. Cela me ferait presque de la peine.

Et c’était presque vrai. Du moins… J’admettais ne pas totalement apprécier le jugement que l’on pouvait me porter. Moins qu’avant, en tout cas…