Retrouver Matthew n’était pas inhabituel. Bien au contraire. C’était devenu mon quotidien, un quotidien que j’aimais particulièrement, je devais l’admettre, et que j’attendais avec impatience. Je ne ratais que rarement un moment pour le voir, passer du temps avec lui ou même, simplement, lui parler l’espace de quelques secondes avant de retourner vaquer à mes occupations. Sans avoir besoin d’être avec lui, l’envie, elle, se faisait sentir, plus que jamais. Ainsi n’avais-je pas hésité à accepter sa demande. Nous nous retrouverions devant la boutique. Soit. La raison de cette demande, elle, m’importait peu. J’avais confiance en lui, c’était indéniable, alors pourquoi craindre quelque chose lorsque la « surprise » serait, de toutes les manières, parfaites ?

- Qu’est-ce que tu lui as vendu pour qu’il accepte ça, cette fois ? Ton âme ? Après ta liberté je ne vois plus que ça. Soufflai-je en répondant à son baiser dans cette tendre chasteté dont nous savions jouer ensemble.

Oh. Le mariage. Voilà donc une explication plausible quant à l’acceptation de mon frère. Hochant la tête, n’ayant pas réellement d’idée sur l’endroit où célébrer nos noces qui viendraient bien trop tôt malgré ce que nous avions prévu initialement, je refermai mes doigts sur les siens pour le suivre.

- Et elle à quoi de spécial, cette île ? M’enquis-je ainsi.

Pourquoi spécialement cette île ? Enfin… Bien sûr, j’aimais les îles, surtout si elles étaient ensoleillées. Je n’avais eu que trop peu l’occasion d’en visiter mais pour le peu que je connaissais, j’adorais ça. Mais pour autant… Pourquoi ce lieu plus que leur lieu d’habitation, par exemple ? Cela aurait été bien plus simple et je doutais, malgré tout, que les Gimhae désirent faire une fête façon Sang Pur, guindée et tout ce qui pouvait s’en suivre, quoique la moitié de nos invités pourraient certainement s’y attendre si nous venions à respecter nos traditions respectives…

Bien. Nous allions donc devoir marcher. Oui, pourquoi pas. Je n’étais pas en tenue pour cela dit. Il allait donc falloir faire un arrêt quelque part avant toute chose. Il était hors de question que marche je ne savais où en talons hauts et robes. C’était un coup à me briser quelque chose et j’avais encore trop besoin de mon corps entier pour encourager l’équipe de Quidditch de Serdaigle.

- Est-ce que tu doutes de ma réponse ? Soufflai-je dans un sourire identique au sien. Une maison de vacances avec jacuzzi, tu sais que je ne pourrais pas résister.

C’était vrai. J’adorais ce genre de choses et il était inutile de le nier. Je n’avais pas besoin de luxe, je n’avais pas besoin de choses hors de prix mais… j’admettais, malgré tout, en apprécier la couleur quoique cela ne soit certainement pas la seule raison pour laquelle j'acceptais de le suivre. Je me mis ainsi à rire, me serrant un instant contre lui avant que la distance de bienséance ne nous resépare face au reste du monde.

- Tu épuiserais tes petits bras faibles. Plaisantai-je alors en l’entraînant dans la boutique Gaichiffon sans lui laisser d’autre choix que de me suivre.

J’avais des tenues, bien sûr, de sport, de gymnastique, mais pour de la marche en pays inconnu… Rien. Il allait donc me falloir, en tout premier lieu, acheter quelque chose. Et ce ne fut pas difficile. Au moins savais-je exactement ce que je désirais : une tenue de sport élégante et qui m’allait comme un gant. Chose dite, chose trouvée. Je ne perdis pas de temps à payer, me permettant d’acheter, en plus, des lunettes de soleil absolument parfaite pour Matt. Là. Ce serait parfait.
Ressortant, finalement, de la boutique comme le coup de vent que je venais d’être, j’esquissai un large sourire, satisfaite.

- Je suis prête alors. Et je te suis. Après tout, c’est au mari de guider, non ? Ris-je.

Ce n’était donc pas son âme qu’il avait vendu à mon démon de frère mais seulement la promesse de la présence de ses parents ? En un sens, tant mieux, je préférais qu’il puisse garder son âme. Mais de là à lui proposer de venir… Merlin…

- Dis moi qu’il a refusé de venir… Soufflai-je dans une grimace.

J’admettais que savoir mon frère et la famille de Matthew au même endroit ne me plaisait pas outre mesure. Nous aurions bien assez du mariage pour supporter les étincelles que cela pourrait créer. D’autant plus que la description que me faisait le sorcier de l’île me semblait en tout point exempt de défaut… Autant, donc, éviter d’en ajouter un portant le nom de Thomas.

- Intéressant… Avais-je alors répondu simplement.

Aussi mystique que paradisiaque… Il fallait admettre que cela avait une tendance à m’intéresser. J’aimais l’histoire, la culture autant que les paradis sur terre… Alors les deux réunis en une île ? Cela ne risquait que peu de me déplaire. D’ailleurs, cela me convainquit même pour la marche, à condition, effectivement, que je puisse profiter du jacuzzi le soir venu et qu’il ne me porte pas, il n’en aurait pas la force, avais-je présumé avant de le fusiller du regard, un sourire amusé et pourtant gêné aux lèvres du fait de notre position publique actuelle.

- Il faudra me le remontrer, alors. Murmurai-je pour ne pas être plus entendue. J’ai tendance à oublier certaines choses.

Mais nous n’allions certainement pas nous attarder sur ce sujet maintenant. Ce n’était ni le lieu, ni le moment pour cela. En attendant, et avant toute chose, il me fallait trouver une tenue correcte et adaptée à ce que nous allions faire. Ainsi l’entraînai-je chez Gaichiffon et devins-je une véritable tornade, achetant en un temps bien plus court qu’habituellement la tenue et le petit surplus dont j’avais besoin.

De retour dans la rue, j’esquissai un simple sourire, sac en main, pour me serrer contre Matthew et le laisser transplaner à sa guise pour que nous nous retrouvions désormais sur cette île dont la description semblait si prometteuse.
Le laissant se reculer pour s’asseoir, j’observai un instant le paysage, l’intérêt se lisant dans mes yeux. Pour une première impression… J’admettais que c’en était une très bonne. Le paysage tant la nature que la ville ou les plages que je voyais me semblait magnifique. Était-ce parce que je ne voyageais pas souvent ou parce qu’ils l’étaient ? A vrai dire, tout était possible, mais après tout, le plus important restait ce que je ressentais à cet instant et non la raison de cela.

Me retournant pour prendre place aux côtés de Matt, j’esquissai un sourire certain, hochant la tête.

- Parfait. Soufflai-je. Mais je te ferais confiance pour trouver un endroit où manger de toutes façons.

Je ne connaissais rien à la nourriture Coréenne. D’ailleurs… Je ne connaissais rien à la Corée tout court, il fallait bien l’admettre… Cela allait être un long apprentissage, essentiel, certes, pour sa famille, pour lui dont je respectais la double origine, mais un apprentissage qui ne faisait alors que débuter. Je devrais donc lui faire confiance sur bien des points.

Au moins, cela dit, étions-nous d’accord sur la plage. Trop cliché. Trop exposé. Je ne voulais pas d’un mariage sous les tropiques à la mode sorciers fortunés. Non. Cela pouvait me ressembler en apparence, je l’entendais, mais… Non. L’idée même ne me plaisait pas. Les cascades… Pourquoi pas, j’admettais ne pas avoir penser à cela…

- A vrai dire, répondis-je en soupirant. Je n’y avais pas vraiment pensé. Enfin… Si, j’y avais pensé, mais je ne pensais tellement pas avoir le choix que je ne me suis jamais attardée sur ce point. Admis-je en glissant ma main dans la sienne, levant le nez vers le soleil qui se permettait de pointer le bout de ses rayons. Alors…

Alors il me fallait réfléchir. Comment voyais-je les choses ?...

- Normalement, tout le gratin Sang Pur aurait dû être invité. Repris-je. Sans exception. Pour prouver la grandeur de nos familles et les liens les unissant. Mais… J’admet que si je peux en éviter certaine, ça m’irait aussi, plaisantai-je.

D’un point de vue personnel, je n’avais pas de lien avec toutes les familles, les avoir à mon mariage, donc, me semblait… Hors de propos. Si ce n’était d’un point de vue politique, cela ne me servirait à rien, mais avions-nous besoin de mêler plus de politique que cela n’était déjà dans notre union ? Nous avions peut-être déjà assez donné…

- Alors… Nos familles, les familles de nos amis les plus proches et je ne voudrais pas vraiment plus de gens. Les autres seront au courant. Quitte à ce qu’on organise une réception post mariage. Proposai-je sans réelle conviction que cela était ce qu’on attendait de moi autant que de nous. J’aimerais juste un endroit dans lequel tu te sentes vraiment bien.

Et cela, c’était un point pour lequel je ne ferais aucun écart. Il avait déjà beaucoup donné, beaucoup offert. Je n’étais pas réellement difficile sur le lieu de toutes les manières. Alors je voulais, en premier lieu, qu’il pense à ce qu’il désirait.

- Et toi ? Renvoyai-je la question.

Après tout, cela allait effectivement devenir une réalité autant nous mettre d’accord maintenant.

Heureusement. Thomas ne viendrait pas. Et j’en fus d’ailleurs tellement soulagée, que je ne pus retenir le soupir qui suivit la réponse de Matt. Parfait. Vraiment, parfait.

- Il n’est pas encore chef de famille. Avais-je néanmoins murmuré.

Mon père n’était pas encore mort. Et si ce n’était plus qu’une question de mois voire de semaine, la réalité était ainsi. Thomas n’était pas encore le chef de la famille Gaunt. Il n’était que l’intérimaire. Un intérimaire qui nous offrait certainement plus de liberté que Bill Gaunt ne nous en aurait offert, certes, mais un intérimaire malgré tout.
Enfin… Cela ne permettait malgré tout pas à Matt de passer outre les règles fixées au préalable. Thomas restait mon tuteur légal en l’absence de mon frère. J’avais beau être majeur, c’était un fait établi par us et coutume. Tant que je n’étais pas mariée, mon frère gardait tout pouvoir sur ma personne, mieux valait, donc, suivre les règles comme l’avait si intelligemment fait Matthew.

- Nous avons le temps pour ça… Avais-je néanmoins répondu dans le même souffle.

Avant toute chose, il me fallait trouver de nouveaux vêtements et de nouvelles chaussures, ce qui fut aussi facile qu’un bonjour.
Transplanant jusqu’à l’île, j’en profitai pour observer la vue avant de le rejoindre. Je le suivrais, de toutes les manières. Je ne parlais ni ne comprenais rien au coréen ou aux coutumes du pays… Mieux valait, donc, que je sois accompagnée afin de ne faire aucun impair. Esquissant un sourire, j’hochai néanmoins la tête.

- Je ne dirais pas non. Admis-je. Je serais peut-être un peu plus à l’aise. Surtout quand… si je dois rencontrer ta famille paternelle.

Je ne le forcerais à rien, bien évidemment, mais mieux valait, dans le cas où la rencontre aurait lieu, que je sois préparée à tout. Une chance pour lui, j’étais une élève particulièrement studieuse et même attentive au bien être de son professeur alors que, sans prévenir, je fouillai mon sac de vêtement pour en sortir les lunettes de soleil que je lui enfilai au premier rayon de soleil dans un sourire entendu.

- Je savais que ça t’irait. Acquiesçai-je à mon choix en hochant la tête.

Mais la question n’était pas de savoir si cette paire de lunette lui irait. Pas vraiment. Je n’avais aucun doute là-dessus. Non. Il s’agissait, cette fois, de parler de notre mariage, de ce que nous attendions l’un et l’autre de cette cérémonie.
Je désirais quelque chose de plus sobre que les mariages habituels Sang Pur. C’était un fait. D’autant que Matthew avait soulevé un point particulièrement important et ô combien difficile… Grimaçant, ma tête blottie contre lui, je soupirai profondément.

- Ma mère saura aussi se tenir quoique je doute qu’elle ne fusille pas les Weasley du regard. Elle n’a jamais caché son dégoût concernant ce « genre » de personne. Mes sœurs… J’en ferais mon affaire. Alix… Alix aussi. Définitivement. Réfléchis-je à voix haute.

Ce ne serait certainement pas les seuls à risquer les ennuis, évidemment. D’ailleurs… A bien y réfléchir… Tous mes proches pourraient potentiellement poser problème en se confrontant aux siens. D’autant plus si l’on risquait des présences plus « problématiques » pour d’anciens Mangemorts…

- Alors construisons un mur entre les deux côtés de l’allée. Plaisantai-je ainsi en rapport aux tensions qui se feraient irrémédiablement sentir. Mais je suis d’accord. Un jour on oubliera même qu’il était à ce point précipité.

A vrai dire, c’était un point que j’espérais sincèrement. Que l’amour ne se tarisse pas en même temps que la passion qui pouvait nous unir. Que nous restions liés, soudés, ensemble, comme une véritable équipe, et que nous ne pensions plus qu’à cette période comme une anecdote face à tous les beaux souvenirs que nous aurions à l’avenir. C’était peut-être naïf et fleur bleu mais… Je préférais espérer cela qu’un mariage de convenance. Evidemment.

Relevée avec son aide, j’enroulai mes bras l’espace d’un instant autour de sa taille pour me serrer contre lui et le relâcher dans l’instant.

- Je te suis ! Décrétai-je. De toutes façons, ça sera plus facile quand on aura une idée du lieu précis. Enfin… Je suppose que l’on pourra toujours trouver un endroit à la bonne taille en fonction des invités.

Nous allions avoir du travail, beaucoup de travail, pour préparer ce mariage en temps et en heure comme cela avait été convenu. Je ne doutais pas de notre réussite. Bien sûr. Mais j’admettais ressentir, malgré tout, une pointe de stress à cette pensée. Tout devait être parfait, sans fausse note. Nous devions montrer la perfection et que rien ni personne ne pouvait briser ce qui avait été fait. Tant pour nous que du fait du contrat signé entre nos familles, d’ailleurs.

- Oh. Si. Arrêtai-je néanmoins un instant. J’ai une seule véritable demande. Soufflai-je. Je veux que le mariage soit aussi coréen qu’anglais.

Je voulais que les deux cultures soient représentées. Cela me paraissait logique, normal, au vu de cette union. Comment elles pourraient l’être ? Bonne question puisque je n’avais aucune idée de ce qu’était un mariage coréen. Mais je le désirais. Vraiment.

Que je sache quelque chose sur sa famille paternelle et sur son fonctionnement ? Arquant un sourcil, j’admettais être curieuse. Je savais qu’il s’agissait là, logiquement, de sang pur, mais que pouvais-je donc ne pas savoir sur le fonctionnement d’une famille de Sang Pur ? La question fut rapidement donnée… Evidemment… J’aurais dû le penser dans l’autre sens… Si ma famille était raciste, la sienne pouvait l’être tout autant… Merlin… Cela compliquait évidemment bien les choses…
Ainsi Hyo-Jin était-il un paria pour s’être marié à Mary… Bien. C’était compréhensible, du moins… Dans leur logique des choses. Autant que pour celle de ma famille, cela ne me semblant, donc, pas réellement dissonant. Son père n’avait donc retrouvé une place de « choix » que par nécessité, par besoin de ses parents. Bien. Les Coréens n’agissaient donc pas réellement aussi différemment que les européens sur la question Sang Pur. Quelque soit le continent, nous étions vu comme des pions utilisables.

- Et ton père a accepté cette place ? M’enquis-je alors.

Après tout, il y avait une différence entre avoir vu sa place être rendue et l’avoir accepté. Dans un cas, les efforts pour l’avoir seraient présents, il faudrait donc redoubler de vigilance pour ne pas être un grain de sable autour du père de Matt. Dans l’autre, la pression serait différente, il faudrait m’adapter encore davantage à cette famille qui me semblait effectivement bien complexe.
Au moins la question de Zack qui s’était posée lors de nos fiançailles était on ne pouvait plus claire. Le jeune garçon finirait embringué dans cette machine infernale de la pureté du sang si l’on en croyait son frère. Il était donc évident qu’il fallait le protéger un maximum de ce monde, qu’il soit coréen ou anglais.

- Ton frère servirait donc, en quelque sorte, de rattrapage à ton père… Soufflai-je, consciente de ce qu’il se jouait ainsi avec le dernier de la fratrie.

Mais il y avait autre chose. Matthew était l’aîné, l’aîné de la famille héritière, donc. Cela engendrait bien plus de pression, d’ambition, évidemment. Il fallait ainsi ajouter à cela que si notre mariage était politique d’un côté de la carte, il le serait de l’autre, évidemment. Ma famille n’était pas réputée, du moins certainement pas dans le bon sens du terme, mais nous étions effectivement riches et surtout historiques. Notre don valait certainement bien des réputations pour la plupart des Sang-Purs, expliquant notre présence constante dans la belle société anglaise. De ce fait… Si Matthew devait apprendre les règles de mon monde… J’allais devoir apprendre les règles du sien. En six mois. Dans une langue, des coutumes, des traditions que je n’avais même jamais effleuré du doigt.
Il me sembla un instant qu’une chappe de plomb venait de s’effondrer sur mes épaules. Et un instant seulement, mon visage se figea dans une expression inquiète. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Pas le droit d’échouer. Mais… Reprenant rapidement contenance, je secouai doucement la tête.

- J’ai été élevée dans l’apprentissage des convenances, des arts, des langues et de tout autre choses qui me semblaient affreusement rébarbative. Alors… Ne t’en fais pas. Ça ira. Avec tes talents de professeur, on va s’en sortir. Je n’en ai aucun doute.

Ou du moins je refusais d’en avoir car nous n’avions pas le choix. Alors… Tout irait bien. Nous avions un peu de temps. Cela suffirait. Il fallait que cela suffise. Et je travaillerais pour connaître toutes ces choses sur le bout des doigts. Une chance que Matthew n’ait pas choisi une paresseuse… Quoique je ne puisse imaginer la montagne d’information qu’il allait me falloir apprendre par cœur, fort heureusement pour le moment car cela me permit de me concentrer sur la raison de notre venue ici… Non sans lui enfiler ses nouvelles lunettes de soleil sur le nez d’ailleurs, me félicitant moi-même pour ce choix parfaitement adapté avant de rire à sa remarque.

- Parce que tu penses que tu l’as un jour eu ? Plaisantai-je. Tu vas épouser la Reine de Poudlard et on ne devient pas un Roi sans être parfait.

Un baiser volé dans un nouveau rire, et le sujet devint de nouveau sérieux. Que voulions-nous pour cette cérémonie de mariage précipitée ? Au moins fûmes nous sur une longueur d’onde similaire : pas de grosses cérémonies. Nos proches seraient suffisants. J’y ajoutais les familles de celles-ci pour ne pas froisser tout ce beau monde sang pur mais cela s’arrêterait là. Définitivement. Le risque de problème s’accroissant à mesure où des invités s’ajouteraient à notre liste. Nous allions déjà avoir bien à faire avec nos proches… Grimaçant à sa remarquer sur ma meilleure amie, je soufflai alors.

- Elle est intelligente. Acquiesçai-je. Et elle se tiendra. Elle sait que c’est important. Et dans tous les cas je lui parlerais. Je te promets qu’elle se montrera sous son meilleur jour. Et son mari et son frère y veilleront sûrement, de toutes façons. Cela restera une apparition publique. Quoiqu’on en dise.

Et même si on se mariait par amour, ce dont je ne doutais pas le moins du monde tant je soufflai d’aise à chacun de ses baisers.

Me relevant à sa suite, nous partîmes enfin à la découverte de l’île. Réclamant un mariage bi culturel, je soufflai alors doucement, souriant malgré tout avant de reprendre parole.

- C’est surtout que… J’hésitai un instant avant de soupirer davantage. J’ai eu peur d’une chose au début. Enfin… Quand la décision a été prise d’habiter en Corée je veux dire… C’est de perdre toutes mes racines anglaises au profit d'un pays que je ne connais pas et dans lequel ma seul attache serait toi.

Je n’avais jamais quitté réellement l’Angleterre. Et si cela arrivait de plus en plus souvent, bien évidemment, j’avais craint pour mes racines là où je savais que je perdrais tous mes repères. Ajouté à cela la barrière d’une langue que je ne maîtrisais pas encore, l’éloignement avec tous mes proches, quand bien même le transplanage nous permettait de nous voir rapidement… Je devais au moins lui admettre que j’avais été anxieuse. Que je l’étais, encore un peu, malgré tout, expliquant ainsi cette demande qui lui semblait pourtant tellement logique qu’elle n’aurait pas dû avoir lieu.

Et c’est enfin, après avoir profité de cette marche pour discuter de tout et de rien que nous arrivâmes au pied d’une cascade. L’endroit était absolument magnifique. Plus que cela même et mon regard ne mentit pas. Tout semblait… Serein. Malgré le tumulte de la cascade, le bruit que cela engendrait, l’endroit, en lui-même, me paraissait si apaisant…

- C’est magnifique… Soufflai-je, peu habituée à ce genre de vision.

Et il avait pensé à tout. Evidemment. Comme souvent, à vrai dire. Mais ce que j’en disais ?... Merlin, je ne savais même pas quoi en dire à part ce que j’avais déjà murmuré.

- Hé bien… Commençai-je en tentant de reprendre un peu de ma rationalité habituelle. L’endroit est assez grand, il faudra une plateforme pour surélever je pense mais… Enfin… C’est magnifique Matt, répétai-je dans un sourire, ravie de cette découverte. Je me sens bien ici… C’est reposant… Je trouve…

Et c’était peut-être finalement cela qu’il fallait pour notre mariage. Un lieu reposant, calme, apaisant. Tout le contraire de ce que notre union pouvait-être, des différends que pourraient avoir nos familles, du commencement que nous avions connu.

- D’ailleurs… Qui devra officier pendant le mariage ? Demandai-je. Il faudra qu’on organise ça aussi…

Il y avait tant de choses à faire…

- C’est pour vous éloigner de votre famille paternelle que vous êtes scolarisés à Poudlard ? Demandai-je alors.

Cela pouvait semblait logique, en un sens. Eviter que Zack ne soit trop utilisé, modelé à leur contact. Permettre aux autres de grandir sans être inquiété, sans trop se sentir parias dans leur propre famille. Une famille à laquelle j’allais devoir m’adapter, que Matthew allait devoir rejoindre par la force des choses.

- En fin de compte… Admis-je en souriant quelque peu nerveusement. J’étais angoissée par ta famille maternelle, mais c’est ta famille paternelle qui va être le plus difficile à convaincre.

Pour autant, nous allions y arriver. Je m’en faisais la promesse. J’avais été élevée pour être une parfaite petite sang pure, j’en étais encore une, si l’on ne comptait pas mes derniers déboires. Alors… Je n’aurais qu’à faire ce que je savais faire le mieux : apprendre, m’adapter et me soumettre aux règles imposées. N’est-ce pas ? Merlin que cela semblait impossible… Tentant de me convaincre du mieux que je pouvais pour pouvoir, par la suite, convaincre Matthew, ce dernier m’arracha au moins un rire.

- C’est que l’élève a de bons arguments pour te distraire. Plaisantai-je avant qu’il ne redevienne mannequin d’une minute (pour une fois, cela ne durerait pas plus longtemps).

Evidemment, le sorcier émit une légère remarque. Il était mon pantin, mon mannequin, des propos que je ne pouvais pas réellement nier, admettons-le. J’adorais habiller Matt. Tout lui allait bien. J’en aurais presqu’été jalouse. Seul lui manquait un style défini que j’avais pu trouver pour mon plus grand bonheur, et visiblement celui de sa mère.

- Dans la mode, je suis tout ce que tu n’es pas : douée. Alors tu es et resteras mon pantin jusqu’à la fin de tes jours. Soufflai-je dans un rire avant d’acquiescer à sa proposition.

Oui. Amara serait la meilleure guide pour les costumes. Les italiens avaient, en effet, un goût particulièrement renommé concernant ce genre de vêtement. Autant, donc, nous servir de nos connaissances, de nos proches, afin que le moindre détail puisse être parfait.

Et en parlant de détail, l’ambiance, elle aussi, en serait un particulièrement important. Une ambiance qui se devinait difficile, à vrai dire, si l’on réfléchissait au caractère et valeurs de chacun. Il allait nous falloir mettre beaucoup d’eau dans le vin de nombreuses personnes, à commencer par celui de ma meilleure amie dont je m’occuperais évidemment, prête à lui faire promettre une journée de silence s’il le fallait pour que tout se déroule bien, quoique je lui fasse entièrement confiance pour cela. Haussant les épaules, j’admettais néanmoins ne pas être certaine de tenir à la venue de son frère pour dire la vérité…

- Je suis partagée. Expliquai-je ainsi. Si je n’invite qu’une partie de la famille, j’ai peur que ça ne soit pas particulièrement bien vu. Mais si j’invite toute une famille et pas les autres familles… J’ai peur que ça soit tout aussi mal vu.

Autant dire que cette idée était quelque peu inextricable. Dans tous les cas, cela ne plairait pas. Si ça me dérangeait ? Mmh. Pas vraiment. Nous nous rattraperions sur un « after wedding », une réception pour les Sangs Purs, pour leur prouver notre force, notre union. Enfin. Nous n’en étions pas encore là. Il nous fallait, avant cela, passer par bien des étapes… Dont la recherche du lieu de cérémonie.

Une recherche qui commença sur les chapeaux de roue alors que m’était présenté un lieu des plus magnifique. Pour dire vrai… Les idées de Matthew me plaisaient autant qu’elles me rassuraient. Je ne savais pas par où commencer, je ne savais pas ce que je devais faire, ne pas faire, quoi penser, imaginer et lui… Lui semblait si sûr de lui que cela me rassurait. C’était indéniable. Ainsi cela me permettait-il de profiter de l’endroit, sans une once de stress, alors que je lui faisais part de mon ressenti, du repos qu’apportait ce lieu.

Esquissant un léger sourire alors qu’il faisait le parallèle avec ce qu’était le pays, je préférai ne pas revenir sur ma peur d’être totalement déracinée, préférant profiter du moment, souffler un instant avant qu’une question ne me vienne. Qui devait officier ?
Matthew non plus n’avait pas réfléchit et… A vrai dire, je fus surprise de ce qu’il vint m’avouer. M’approchant enfin de lui, je posai doucement ma main sur son épaule sans plus m’approcher, lui laissant comme une certaine liberté sans que je ne lui sois trop accrochée.

- On va y arriver… Soufflai-je à mi-voix, me voulant rassurante. Ce n’est qu’une petite sauterie avec nos proches après tout. Ironisai-je ainsi avant de rire légèrement et le relever pour qu’il me fasse finalement face. Je ne vais pas te dire que tout ça ne m’effraie pas. Admis-je en caressant sa joue. Mais on va y arriver petit à petit. Et si tu ne te sens pas en capacité de le faire, c’est pas grave. Je le ferais, je prendrais tout ce que tu me diras en compte mais je ferais toutes les démarches, toutes les demandes. On ira à ton rythme. Et on va y arriver, tous les deux. Tu te souviens ? On est une équipe. Lui répétai-je dans un léger sourire avant que mes lèvres ne se posent sur les siennes avec une tendresse que lui seul connaissait. Je t’aime. C’est tout ce qui compte.

Cela ne répondait en rien à ma question, mais je voulais le rassurer. Bien sûr, j’avais peur. Bien sûr étais-je tout aussi perdue. Mais nous allions y arriver. Sans parler de ne pas avoir le choix… Nous étions assez forts et soudés pour tout réussir. Cela ne faisait aucun doute.

- Alors… Voilà une chose que je ne t’ai jamais demandé. Tu crois en un Dieu ? M’enquis-je.

Cela nous permettrait de savoir qui pourrait officier et dans quel cadre, après tout. Nous ferions les choses petit à petit, quand elles s’imposeraient à nous, quand nous en aurions envie. Il n’était pas question de se forcer. Nous l’étions déjà bien assez…

Était-ce réellement important, de toutes les manières ? Ce qui importait était le fait qu’il avait été présent, qu’il était élève de Poudlard et que c’était de ce fait que nous nous étions rencontrés. Une chance, ou une malchance selon le point de vue. Dans tous les cas, nous allions devoir faire malgré tout avec sa famille coréenne, celle qui, enfin de compte, allait peut-être être la plus compliquée. Matt avait raison en un sens. Les Weasley n’étaient pas connus pour leur jugement envers autrui et c’était, d’ailleurs, peut être cela qui ne les avait pas aidés dans leur intégration de notre monde de Sang Pur. Ils acceptaient tout le monde. Trop de monde. Au moins nous mariions nous entre Sang Purs. Cela nous aiderait face à sa famille paternelle quand bien même cela induirait des conséquences… Mais lesquelles ?

- Que pourraient-ils demander de plus ? Soufflai-je ainsi.

Des enfants. C’était un fait que je n’ignorais pas mais que je préférais… Disons… Oublier pour le moment. Pour autant, il était évident que des enfants potentiellement porteur de mon don et de celui familial de Matthew seraient… Une bénédiction. Pour les deux côtés de la famille. Il allait sans dire. Mais nous n’en étions – fort heureusement – pas là. Avant toute chose, j’allais devoir étudier, apprendre tous les us et les coutumes d’un pays que je ne connaissais pas, d’une culture que je n’avais même jamais effleuré du doigt. Cela allait être fastidieux, mais c’était indispensable. C’était ainsi sur le père de Matthew que j’allais devoir me reposer, Matt lui-même ne se sentant pas en capacité de me faire cours pour des raisons… Disons… D’ordre de la concentration.

- Mais tu es un professeur assez peu concentré, admets-le. Plaisantai-je finalement en réponse à sa remarque.

Et puisqu’il ne serait pas professeur, c’était en mannequin que je le transformai alors, comme à mon habitude. J’adorais le rhabiller, l’aider à trouver le style qui lui convenait le mieux, quand bien même pouvait-il râler, cela ne changerait rien ! D’ailleurs me mis-je à rire en secouant la tête.

- Tu m’en as parlé. C’est trop tard. Tu devras me montrer cette ville. Lui soufflai-je.

C’était une chose que j’appréciais particulièrement avec Matthew. Nous pouvions parler de tout, de rien. De l’important comme du futile et jamais aucun de nous ne jugeait l’autre pour ses propos. Nous pouvions les nuancer, bien sûr, mais nous respections chacun l’avis de l’autre. Et cela concerna ainsi tout autant le sujet de notre mariage et, en premier lieu, des invités qui y seraient conviés.

- Et tu penses que je suis plus douée que toi ? Soulignai-je dans un rire quelque peu nerveux.

Je n’avais jamais eu à préparer de mariage. Jamais eu à participer réellement à un mariage. Jamais eu à voir un mariage de façon globale. Alors ce que nous devions faire restait encore de l’ordre du flou. Un flou que nous allions devoir, petit à petit, effacer au profit de plans clairs et structurés ; ce que nous étions, à vrai dire, déjà en train de commencer.

- La famille de mes proches. Acquiesçai-je.

Il en aurait de toutes les manières plus que moi. Et de certitude, la preuve me fut donnée jusqu’à ce que le nom de Bella me fasse grimacer. J’aurais aimé qu’elle soit là. Elle restait une de mes amies les plus proches mais… J’admettais ne plus avoir réellement de nouvelles depuis son mariage…

- J’en parlerais à Amara mais… Je n’en suis pas sûre… Et… Enfin… Mon père ne sera pas au mariage mais… Avec Corban Yaxley… Il aura des yeux partout. Soufflai-je malgré tout comme un avertissement.

Je ne savais pas si mon père serait encore en vie en été. En un sens, je l’espérais, pour la simple idée de le traîner face à ce qu’il ne voulait pas, face à une famille qu’il méprisait au point de me fiancer à un autre mais… D’un autre côté… J’espérais que sa fin soit rapide, qu’il disparaisse définitivement de nos vies. Enfin.

- Rajoute aussi les Carrow de mon côté. Soufflai-je alors. Adria est fiancée à mon frère et… Elle n’a pas l’air particulièrement… Mauvaise, dirons-nous. Ainsi que Merindah. Bien sûr. Admis-je. Ce qui nous fait… Gaunt, Fawley, Rosier, Avery, Carrow, Yaxley. C’est bien suffisant je suppose…

Combien cela représentait-il de personne ? Je n’en avais pas réellement idée, il allait falloir nous calculer cela ce soir, définitivement… Car avant cela, c’était un lieu qu’il nous fallait visiter. Et quel lieu… Je n’avais pas réellement de mots pour définir ce que je pouvais voir. C’était absolument magnifique… La sérénité du lieu même tendait à apaiser ma nervosité alors que Matt me faisait finalement part de sa propre tension. Bien sûr la partageai-je. Bien sûr craignais-je ce moment autant que la préparation mais… C’était à mon tour d’être son roc, de le laisser se raccrocher à moi comme je le faisais habituellement à l’inverse. Ainsi tentai-je de le rassurer, de réduire le mariage à une simple fête, avant de lui rappeler ce que nous étions : une équipe. L’important n’était pas le mariage. Il n’était ni son organisation ni les gens que nous allions convier. L’important était que je l’aimais. Qu’il m’aimait. Que nous faisions cela par amour, qu’il fallait que nous puissions oublier le temps de quelques instants l’obligation qui nous laissait pieds et poings liés face à cette union.
Esquissant un sourire en me séparant de lui, je l’observai un instant avec une tendresse qu’il était le seul à avoir connu jusque-là. Nous allions y arriver. Je n’avais qu’à l’observer pour en être sûre. Tout allait réussir…

Cela, malgré tout, ne répondait pas à la question préalablement posée… Qui allait donc officier ? Une personne lambda ? Un proche ? Un homme ou une femme de religion ? Soit. Il n’avait donc pas de religion à proprement parlée, donc. Je pouvais le comprendre. Et j’admettais même avoir souvent refusé de croire en un Dieu tout au long de ma vie, ne comprenant pas pourquoi une entité surpuissante accepterait que mon père agisse de la sorte. Mais aujourd’hui…

- Hé bien… Commençai-je. J’ai eu du mal à y croire à nouveau ou plutôt à pardonner… Mais ma famille est Protestante. Je le suis aussi. Même si je ne t’imposerais jamais la venue d’un pasteur ou de n’importe quelle personne religieuse. Tins-je à préciser avec empressement. Si tu désires que ce soit un proche, ça sera un proche ou même un inconnu si tu préfères.

Jamais je ne lui imposerais la moindre chose, la moindre religion, la moindre croyance. Jusqu’à notre mariage, je ne lui imposerais rien. Je m’adapterais. Lui qui faisait tant d’effort, qui avait tant donné pour moi, c’était à moi de m’adapter à ses désirs, et certainement pas l’inverse. Ma famille m’en voudrait-elle ? Je ne me posai même pas la question, à vrai dire. Ce n’était pas le plus important pour moi. Seul comptait le bonheur de Matthew.

- Mais… Qu’est-ce que c’est que « la spiritualité des coréens » ? Demandai-je malgré tout.

Ce n’était peut-être pas tout à fait incompatible après tout. Quand bien même il n’y avait pas de Dieu et de temple

- … Ce qui risquerait de nous poser problème si tous ont exactement les mêmes demandes. Soufflai-je mi-amusé, mi-inquiète.

Mais nous n’en étions pas encore là. Il me fallait en premier les rencontrer et j’avais, pour cela, besoin de travailler, d’apprendre tout ce qui faisait parti de leur famille. Cela se ferait avec Hyo-Jin, pas avec Matthew, ce dernier ne se sentant pas apte à être un professeur assez attentif pour me canaliser. Je pouvais le comprendre… Je ne serais, avec lui, certainement pas la meilleure élève du monde. Mieux valait donc, effectivement, confier mon apprentissage à son père.
Avec lui, je me « contenterais » d’être professeur modiste comme je lui prouvai de nouveau avec ces lunettes de soleil spécialement achetées pour lui. Alors lorsqu’il vint à me parler de cette ville dans laquelle nous pourrions trouver, je cite « 47 nouvelles tenues »… Il était hors de question, dans son pays, qu’il ne le fasse pas. Sa réflexion, néanmoins, me fit rire, minant de réfléchir un instant.

- Mmh… Ce sera possible pendant une heure dans notre programme boutique. Plaisantai-je.

Evidemment, jamais je ne l’obligerais à faire ces trente six mille boutiques. Ce n’était ni mon but, ni mon envie. Mais j’admettais être particulièrement attirée par l’idée de toute cette mode à portée de main…

En attendant, il nous fallait tout d’abord préparer ce qui serait notre mariage. Comment ? C’était une bonne question. Lui comme moi semblions y aller à tâtons, sans réellement savoir où nous diriger. Il n’avait néanmoins pas tort. Je m’y connaissais en festivités. Un point pour nous. D’ailleurs, arquant un sourcil à sa remarque, je vins doucement pincer sa côté en riant.

- Hey ! Ce n’est pas ma seule fonction ! Je sais aussi… Disons… Feignant de réfléchir je mis quelques secondes à reprend. Ah oui ! Je sais être une épouse obéissante et un jour quand les botrucs auront des dents, je te donnerais de merveilleux enfants portant nos deux dons familiaux.

Après tout, les femmes étaient utiles dans ces trois rôles : mère, épouse et hôtesse. Cela s’arrêtait là. Et si ce n’était pas le cas auprès de Matt, au moins avais-je, aujourd’hui, le droit d’en rire… Cela me semblait aujourd’hui si désuet. La liberté que Matt m’apportait avait été intégrée, ou du moins acceptée à défaut d’être comprise entièrement. Revenir en arrière, penser à ce que j’aurais du faire sans lui… Je préférais en rire, c’était indéniable.
Mais s’il n’avait pas tout à fait tort sur mes capacités à organiser de telles soirées… Cela ne restait pas réellement la même chose. Cette fois, l’objectif serait bien différent de tout ce que j’avais pu voir et les invités… Particulièrement disparates, admettons-le, ce qui compliquerait évidemment la tâche. C’était sans compter les absents, ou ceux dont nous n’avions pas de nouvelle… Secouant la tête pour ne pas que mes pensées se tournent vers Bella, je soufflai doucement alors que nous prenions le chemin en direction du lieu que désirait me montrer Matt.

Un lieu que je n’eus aucune peine à approuver. Il était définitivement magnifique. Et il semblait déjà avoir des idées sur l’organisation ou plutôt la présentation. C’était une chance. Je n’aurais pas eu ces idées. Mais… En parlant d’organisation, justement, la question vint alors se poser. Qui officierait ? Lui n’avait pas de désir particulier. Moi ? J’avais toujours suivi les préceptes d’une religion. Cela m’obligerait-il à lui imposer un pasteur ? Non. Il avait déjà bien assez fait d’efforts pour moi pour avoir droit à la cérémonie qu’il désirait en tout point, sans que la moindre chose indésirable ne vienne la gâcher. Ainsi, j’hochai la tête. Thomas ne serait, lui, pas vexé que l’on ne fasse pas appel à un homme ou une femme de foi. Je préférais m’en convaincre. Quant à ma mère ?... Ce n’était pas le principal problème.

Pour autant, je voulais savoir, qu’était cette spiritualité ? A quoi devais-je malgré tout m’attendre ? Je n’aimais pas réellement l’inconnu, il fallait l’admettre. Mais devais-je malgré tout m’attendre à avoir une statue d’éléphant à huit bras posés près de nous ? Non. Il s’agissait plus d’esprits et de légendes. Mais je le découvrirais petit à petit. Soit. Hochant doucement la tête, je me figeai néanmoins lorsqu’il affirma que 18.000 divinités « peuplaient » cette île.

- Combien ? Répétai-je en clignant les yeux.

Soudain, je me sentais étrangement observée de toute part. L’imagination faisait des merveilles… Secouant doucement la tête, je soufflai alors.

- C’est presqu’effrayant. Admis-je.

Quoique je n’étais pas certaine qu’une seule entité nous observant à chaque instant soit plus agréable, à bien y penser… Enfin. Ce n’était pas réellement la question actuelle. J’aurais bien le loisir de débattre de ce fait plus tard. Mais maintenant, il fallait que nous nous recentrions sur ce qui allait être.

- Alors… Nous verrons avec tes parents plus tard pour ça. Notai-je à voix haute avant d’observer la cascade le temps de quelques longs instants. Matt ? Soufflai-je finalement à mi-voix. Je sais que c’est précipité et qu’on avait pas réellement besoin de ça mais… Esquissant un léger sourire, je me tournai légèrement vers lui. Je suis heureuse. De me marier avec toi, j’entends. Vraiment. J’en culpabilise un peu de dire ça mais… Merci… D’être toi. Et d’être là.

- Tu me crois donc aussi monstrueuse que ça de vouloir n’accorder que quelques minutes à l’architecture ? Répondis-je, amusée.

Au moins arrivions-nous à détourner les sujets sérieux, difficiles, en une plaisanterie. De quoi nous détendre, de quoi nous faire souffler alors que je lui faisais part de mon obéissance et des enfants que je lui offriraient, le faisant rire pour mon plus grand plaisir. Mais il n’avait pas tort. Pas tout à fait. Ainsi, esquissant un sourire presque moqueur, j’hochai largement la tête.

- Mon obéissance s’arrête là où la mode commence. Lui soufflai-je dans un rire avant que nous ne prenions le chemin pour ce lieu qu’il tenait à me montrer.

Acceptant sans la moindre retenue que notre mariage s’y déroule, nous étions bientôt venu à parler de son organisation et, par extension, de nos spiritualités respectives. Et la sienne… Ou plutôt celle de cette île… Merlin.

- Arrête ! Me mis-je à rire alors qu’il se moquait ouvertement de ma surprise. Tu vas voir que ça ne sera pas une divinité qui te poussera dans un volcan mais moi, pour la peine.

Inutile de dire que jamais je ne le ferais pour la simple et unique raison qu’il faisait partie de moi. Il était ce que j’aimais, ce que je voyais le mieux et me séparer de lui serait alors me séparer d’une partie de mon cœur. Quand bien même nous étions deux, j’aimais cette union que nous formions ensemble…

Enfin. Nous verrions donc la question office plus tard. Nous avions encore le temps. Plus ou moins en tout cas. Mais je préférais encore me convaincre que le temps ne nous manquait pas. Moins inquiétant, cela me permettait de garder la tête encore froide. Ne serait-ce que le temps d’un mois…

Soufflant son prénom, il me sembla alors important de mettre une chose au point, de lui avouer une chose. Quand bien même tout cela était précipité. Quand bien même aucun de nous, et lui plus que moi, ne s’était attendu à ce qu’un mariage ait lieu cette même année, j’étais heureuse. Heureuse de faire partie de sa vie, de partager mon avenir avec lui et simplement… Heureuse d’être avec lui, cet homme que j’avais appris à connaître et que j’apprenais encore à aimer.

Refermant mes mains dans les siennes, je me laissai guider à travers le petit lac jusqu’à la cascade sans même craindre la moindre chose jusqu’à ce que, trempés, nous arrivâmes dans une grotte. Laissant le sorcier nous sécher et nous rendre, de la sorte, plus présentable, je ne quittai pas sa main pour le suivre alors, l’écoutant tout en observant la beauté naturelle de l’endroit.
Ainsi ne voulait-il que ce que ses parents connaissaient ? Etais-je à la hauteur ? Pouvais-je lui apporter cela ? Oui, nous formions une équipe. Parfaite ? Il était le seul à pouvoir me le dire car j’étais peut être trop aveuglée pour en voir les défauts. Mais y en avait-il réellement ? Car si j’avais une confiance infinie en lui, en ce qu’il était, en ce que nous étions ensemble… Etait-ce réellement réciproque ?
Mes pensées furent interrompues. Le temps de quelques secondes, alors que mes yeux s’adaptaient à la lumière vive du soleil, j’observai avec attention la vue magnifique de la vallée dans un sourire ravi, enchanté. Rapidement, je l’imitai. M’installant à côté de lui pour que ma main se glisse chastement sur sa cuisse dans une envie de contact constant. Je ne voulais pas me séparer de lui, pas même un instant car… Après tout. Tout ce que je vivais actuellement, je le lui devais. C’était indéniable.

Baissant la tête, je l’écoutai finalement complètement, tournée vers ses paroles, vers sa voix, ses gestes que je devinai. Et… Pour dire toute la vérité, je ne savais pas réellement quoi répondre. Plus émue que je ne l’aurais voulu, je vins chasser une larme qui menaçait de perler d’un revers de la main avant de rire, presque nerveusement, à ses mots. Nous n’étions pas désespérés. Pas à ce point. Je n’en étais pas si sûre lorsque j’observais la situation de laquelle il m’avait extirpé.

- Comment est-ce que je ne pourrais pas te remercier… Tu n’imagines surement pas la moitié de ce que tu m’as offert, de ce que tu m’offres encore Matt… Lui soufflai-je en relevant la tête vers lui, laissant une larme glisser le long de ma joue. Je t’aime. Je t’aime plus que tout dans ce monde… Et… Merlin, pardon. Me remis-je à rire nerveusement en essuyant ma joue. Je n’ai jamais eu d’exemple comme toi. Je n’ai même jamais vraiment eu de rêve de grand amour ou de liberté alors… Alors je ne pourrais jamais cesser de te remercier. Jamais. Je pourrais jamais même te rendre la moitié de ce que je ressens avec toi, de ce que tu me permets de vivre… Tentai-je d’expliquer en l’observant avec une tendresse que lui seul connaissait.

Glissant bientôt ma main sur sa joue, elle dévia rapidement dans ses cheveux pour que mon visage puisse s’approcher du sien et mes lèvres se joindre aux siennes le temps d’un baiser aussi tendre que langoureux.

- Je t’aime Matt… Murmurai-je de nouveau, cette fois contre ses lèvres. Je te promet ici et maintenant une chose… Je ferais tout pour te rendre heureux, pour te donner la vie et la famille que tu mérites, que tu désires… Parce que je t’aime…

Rarement être aussi « niaise » ne m’avait paru aussi important. Je voulais qu’il sache, qu’il connaisse le moindre de mes sentiments, tout ce qu’il pouvait me faire ressentir. Je voulais le remercier. Je voulais le respecter. Et avant tout. Je voulais l’aimer.

- Et je ne regrette rien. Lui fis-je remarquer dans un sourire entendu.

Personne, d’ailleurs, ou presque dans son entourage ne semblait le regretter, ne faisant qu’appuyer mon choix de rhabillement. Mais quand bien même… Tant que cela lui plaisait… Car malgré mes folies de modiste, malgré mes dépenses dans toutes les boutiques de Londres, son avis restait le plus important. J’aurais pu le supporter en salopette toute la journée s’il n’avait pas aimé le reste. Quoique j’admettais aussi que cela m’aurait obligé à râler bien souvent.
Nous étions différents. C’était indéniable. Et pourtant, en un sens, nous nous complétions parfaitement, palliant aux faiblesses de l’autre et nous soutenant quel que soit l’épreuve. Du moins… Sauf cette épreuve de volcan où je le pousserais volontiers à la place des divinités pour s’être moqué de moi.

Mais plus que le tuer, je voulais, avant tout, le remercier. J’avais beaucoup de choses à lui dire, à lui énoncer. Il avait tant fait pour moi… Je ne pouvais faire autrement que le remercier, qu’être reconnaissante de ce qu’il était, pour moi, pour nous. Touchée par ses mots, je l’étais, bien sûr. Plus que je ne l’aurais voulu, ne contrôlant pas mon émotion, comme trop souvent avec lui qui m’apprenait encore le lâcher prise. Embrassant la paume de sa main qui glissait sur ma joue, je profitai bientôt de ses lèvres avant de lui promettre que je ferais tout, tout ce que je pourrais, ce qui serait en mon pouvoir, pour lui donner la vie qu’il méritait.
Ecoutai-je réellement seulement ce que je voulais ? Oui. Effectivement. Je ne pouvais pas réellement le nier et d’ailleurs sa remarque m’arracha-t-elle un rire avant que ses lèvres ne se joignent de nouveau aux miennes.

Et à nouveau, Matt vint rétorquer que je n’avais rien à remercier. Oh. Je comprenais. Bien sûr et il était inutile de dire que cela ne me touchait pas : c’était faux. A vrai dire, je ne me rendais pas réellement compte de tout cela. Sûrement trop centrée sur moi, je n’imaginais pas que je puisse apporter de telles choses à quelqu’un et encore moins à Matthew.
A cet instant, et si j’avais encore eu des doutes, tous s’envolèrent. C’était rapide, définitivement trop rapide et pourtant… Ce mariage me semblait soudain comme une finalité logique, rationnelle à ce que je ressentais pour lui, à ce que nous nous apportions mutuellement. Fermant les yeux au contact de sa main, je sentais son regard posé sur moi, un regard qui me faisait me sentir importante, aimée.

Je lui avais offert sa réalité, cette réalité qu’il m’offrait alors en retour. Comme un juste retour des choses, c’était, à vrai dire, la preuve que nous nous complétions, que nous avions besoin l’un de l’autre pour être entiers. Ses lèvres contre les miennes, j’entourai bientôt son cou de mes bras. J’étais heureuse. C’était définitif. J’étais plus qu’heureuse à ses côtés, sereine et amoureuse. Et, esquissant un sourire alors qu’il disait avoir vécu dans l’espoir de me trouver, je soufflai doucement.

- Tu m’as trouvé, c’est tant mieux alors. Soulignai-je en ouvrant les yeux pour les plonger dans les siens. Parce que je ne compte pas te laisser… Tu es tout ce dont j’aurais pu rêver. Tout ce dont je n’avais pas le droit de rêver.

Et pour cela, entre autres, j’en étais tombée éperdument amoureuse, le laissant briser chaque chaine de ma vie, une à une, pour la simple raison de son existence. Une raison qui valait bien tout ce que j’avais vécu jusque-là et tout l’avenir auquel j’étais promis.

- Alors… Repris-je dans un sourire trahissant l’émotion qui me prenait. Je te promets une chose, ici et maintenant. Avant même que l’on se marie… Je te promets de t’aimer, de te respecter et de te protéger jusqu’à ce que tu en aies marre d’être mon mannequin. Plaisantai-je en riant doucement dans des demi vœux qui n’en étaient que de nom. Je t’aime Matthew Gimhae. Je t’aime plus que tout. Et je suis fière de pouvoir devenir ta femme. Quand bien même nous voulions attendre, quand bien même tout ne s’est pas passé comme prévu… Je serais prête à remercier mon frère pour m’avoir permis de t’épouser. Lui soufflai-je dans un sourire.

- Tu n’imagines pas. Répondis-je dans un murmure à sa plaisanterie.

Sa plastique n’était pas réellement la chose que je retenais en premier lieu chez lui. Enfin… Tout était relatif, admettons-le et je ne me cachais pas de pouvoir être superficielle bien trop souvent. Pour autant, et paradoxalement avec cela, c’était bien ce qu’il était plus que ce qu’il présentait qui m’avait convaincu qu’il était l’homme qu’il me fallait.
Et il avait raison, bien trop raison. Sans Thomas, sans son intervention et ses plans, tout cela n’aurait pas pu être possible, c’était définitif et quand bien même mon frère n’était certainement pas un frère idéal – tout comme je n’étais certainement pas la sœur idéale d’ailleurs – quand bien même nous avions des avis bien tranchés l’un sur l’autre, je savais que je lui devais beaucoup, ma vie entière. Et cela même s’il ne l’avait pas fait pour les simples yeux de sa petite sœur. Evidemment.

- On a eu de la chance d’entrer dans ses plans. Soufflai-je ainsi avant de secouer la tête. Mais c’est vrai. Cela fait mal à dire mais nous lui devons beaucoup.

Etouffant d’un rire à sa remarque, à ce qui aurait « dû » être fait si Thomas n’était pas intervenu, je soufflai doucement secouant la tête de gauche à droite. Je n’étais pas réellement convaincu du fait qu’il n’aurait pas pu faire cela, je l’admettais. Matthew était impulsif pour ce que je ne l’étais pas. Et si ce n’était pas un mal, si cela m’entraînait bien souvent dans des recoins que jamais je n’aurais imaginé découvrir, je n’avais réellement aucun mal à imaginer Matt aller contre tout ce que l’on aurait pu imaginer.

Mais cela n’avait pas eu lieu d’être et ne serait, d’ailleurs, jamais. Aujourd’hui, les choses s’étaient déroulées pour le mieux malgré la précipitation des événements. Mais nous réussissions, encore, à nous entendre et à nous compléter. Et il me suffisait de ces deux mots, de son souffle contre mes lèvres pour m’en convaincre davantage encore. Esquissant un sourire, je profitai de ses lèvres le temps de quelques instants avant que sa proposition ne me fasse hocher la tête.

- A croire que tu as des bons goûts. Entre la fiancée et la proposition de lieu… Me moquai-je gentiment. Mais ça me va pour la ville… Et j’admets que si on trouve de quoi manger… Je ne serais pas non plus contre. Les émotions me donnent faim. Soufflai-je dans un rire.

Ou c’était l’exploration… Avec les esprits ? Plissant les yeux, je lui donnai un léger coup sur l’épaule en le fusillant du regard.

- Tu vas voir toi et tes esprits ! Me mis-je à rire. Je vais leur demander de te maudire et de te faire payer tes moqueries !

Glissant ma main dans la sienne, ce fut pourtant une autre idée que j’eus soudain, une idée qui vint me pousser à faire le chemin arrière, reprenant celui qui nous avait mené ici, passant sous la cascade, usant de ma baguette pour nous frayer un nouveau chemin et finalement… Poussant Matthew directement dans l’eau, un sourire vengeur satisfait au visage.

- Mince ! Les esprits ont pris possession de mon corps et ils m’ont obligé à te pousser. Je suis teeellement désolée mon chéri. Feignis-je avant de me mettre à rire.

J’aimais l’humour de Matt, cet humour idiot et tellement ubuesque qu’il me faisait rire à tous les coups ou presque. L’épousai-je pour sa génétique ? Quelle question. Evidemment que oui. Seule son physique m’intéressait. Tout lui allait, tous les vêtements qu’il pouvait essayer lui allait, évidemment que cela m’avait intéressé. J’en étais même jalouse !
Mais les plaisanteries avaient malheureusement toutes une fin, une fin qui signa le début de quelques mots bien moins plaisants puisque concernant mon frère. Nous lui devions beaucoup. Malgré tout, malgré son comportement et son manque clair et certaine d’empathie, nous lui devions notre mariage et, en quelque sorte, notre couple et notre vie. Et si l’idée d’enlacer mon frère me fit grimacer, Matt n’avait pas non plus tort. Sans le vouloir, il avait compté alors… Enfin… Peut être était-ce le moment de réfléchir à un moyen de le remercier. Sans pour autant vouloir resserrer les liens familiaux inexistants, il le méritait peut-être un peu. Juste un peu.

Mais le moment serait reculé car Matthew vint m’arracher à ces pensées pour une chose bien plus apaisant et agréable : son amour qu’il vint me déclamer avec douceur. Seuls ces quelques mots suffisaient à me rendre heureuse, à me faire oublier que tout ça était rapide, trop rapide et bien moins réfléchis que je ne l’aurais désiré. Nous nous aimions. C’était le plus important.

Acceptant sa proposition de nous diriger vers la ville, je lui fis part de la faim qui commençait d’ores et déjà à me tirailler, aidée par les émotions dues à cette visite pleine de sens que nous venions de faire, sur ce lieu qui nous verrait nous unir.

- Je te laisse me surprendre ? Proposai-je. Je suppose que je dois m’habituer à la nourriture d’ici alors… Profite en pour m’initier à cette alimentation non anglaise.

Mais avant cela, il préférait se moquer de moi, encore, sur ces satanés esprits. Une moquerie que je n’allais, évidemment, pas laisser passer. Pas aussi facilement. Alors, lui intimant l’idée que ses esprits finiraient par le maudire sous mes ordres, je l’entraînais sur le même chemin que nous avions suivi pour arriver là. Rentrer ? Ce n’était pas mon idée, non. Mon idée était bien plus roublarde et surtout… Plus humide, comme il put le constater lorsque je le poussai tout bonnement dans l’eau fraîche dans une réflexion on ne pouvait plus sarcastique. Une réflexion qu’il… Usait contre moi ? Je n’eus pas le temps d’arquer un sourcil que je fus bientôt entraînée à mon tour dans cette eau bien plus froide que je ne l’avais imaginé. Regrettai-je pour autant mon geste ? Bien sûr que non. J’assumais entièrement l’avoir puni et d’ailleurs un sourire vint s’afficher sur mon visage alors que ses lèvres reprenaient possession des miennes.

- J’assume tout ce que je fais. Lui répondis-je sûre de moi. Mais tu es un monstre de me faire subir ce froid.

Et il faisait, d’ailleurs, bien trop froid pour avoir toute idée déplacée dont nous finissions pourtant par avoir l’habitude. A la place, j’attrapai finalement sa main pour m’extirper de l’eau et me mettre à rire alors qu’il me reparlait des esprits en se séchant. L’imitant, je le fusillai doucement du regard, avec un amusement que je ne feignais pas.

- Tu as beaucoup de chance que je sache justement résister aux esprits. Ils m’ont soufflé de te repousser dans l’eau. Plaisantai-je avant qu’il ne transplane.

Ce fut dans ce que je supposai être sa maison familiale que nous arrivâmes finalement. Posant mon sac, j’en sortis une nouvelle tenue, plus adaptée à la ville, pour me changer à mon tour, non sans profiter allègrement de la vue du corps de Matt, bien évidemment. Attachant mes cheveux d’un coup de baguette, j’eus un sourire amusé à sa réflexion. Nul besoin de répondre. Il avait effectivement raison. Il y avait quelques mois encore, sûrement n’aurait-il pas fait d’arrêt ici, pour se changer, se rendre quelque peu plus… Disons… Urbain.

Quittant la demeure Gimhae, ma main glissée dans la sienne, j’observai bientôt autour de moi. Nous étions sur une île et il était vrai que rien ne ressemblait à l’Angleterre, preuve que j’étais loin, très loin de chez moi. Cela ne me dérangeait pas. Fort heureusement. Je devais m’habituer à cette architecture, cette culture et surtout cette langue que j’entendais tout autour de nous et dont je ne comprenais pas un mot.

- Comment est-ce que l’on dit je t’aime en coréen ? Demandai-je alors que nous avancions dans les rues en quête d’un restaurant. Et… Dis-moi. Quelle est la chose la plus importante que je devrais savoir ici ? Et si tu me parles de tes esprits, je te jure que contrat ou pas, je ne t’épouserais pas. Plaisantai-je largement en serrant doucement sa main.

- Tes surprises risqueraient de me tuer ?

S’il ne voulait pas « trop » me surprendre, c’était une possibilité certaine. Mais… Je lui faisais confiance, quoiqu’il en soit. Et s’il venait à trahir ma confiance… Oh Merlin il savait pertinemment que je me vengerais, il n’oserait donc pas.
La preuve, s’il ne le savait pas, lui en fut donnée lorsqu’il fut poussé dans l’eau. L’y rejoignant bientôt, la froideur ne nous échappa malgré tout pas, nous obligeant à nous extirper bien rapidement de l’étendue d’eau.
La chaleur de la maison rejoint, nous pûmes ainsi nous changer, lui évitant la noyade qui aurait été inévitable si nous étions restés là-bas. Une noyade remplacée par quelques regards sur son corps mais aussi, habitude oblige, sur les vêtements qu’il choisit de manière particulièrement réfléchie. Je pouvais être définitivement fière de lui sur ce point… Comme sur beaucoup d’autres, d’ailleurs.

Quittant la demeure, je le suivis sans la moindre hésitation dans un restaurant, profitant du trajet pour lui poser quelques question sur ce qu’il était important de retenir en premier lieu. S’incliner était donc la priorité. S’incliner face aux personnes plus âgées que soi, respecter les aînés et la hiérarchie… Cela ne me semblait pas être d’une difficulté infinie. A vrai dire, bien que s’incliner n’était pas naturel chez moi, cela relevait plus de la logique qu’autre chose.

Mais le reste se compliqua. Une simple question se transforma en une dissertation dont je comprenais à peine le sens. Peinant réellement à comprendre les mots, à pouvoir les répéter, à distinguer toutes les façons de dire, je me concentrai réellement, difficilement. Combien y avait-il de manière de dire un seul fait pourtant si simple ?! Était-ce cela le coréen ?! Oh Merlin…

- Saranghae… Tentai-je de prononcer de manière affreusement approximative alors que nous poussions la porte du restaurant pour nous y installer. Matt… Rassure moi, soufflai-je malgré tout quelque peu inquiète. Vous n’avez pas cinquante façons de dire chaque mot, quand même ?

Trois niveaux. Il y avait trois niveaux de langage. A quoi, d’ailleurs, correspondait un niveau de langage ? Et comment savoir quand utiliser chaque niveau ? Et… Ok. Bien. Non. Il fallait que je respire. Ce n’était, d’après lui, que des particules à ajouter, à modifier. Il n’y en aurait peut-être pas tant que cela…

- Ca ira oui… Répétai-je malgré tout peu convaincue face à la montagne d’information pour un simple mot qu’il avait pu m’offrir. De toutes façons, je n’ai pas le choix alors ça ira.

Un souffle traversa la barrière de mes lèvres. Je n’avais effectivement pas le choix. Et parce que je n’avais pas le choix, j’allais affronter la tempête de la manière la plus sérieuse qu’il soit afin d’intégrer chaque chose importante jusqu’à notre mariage.

- Bon. Alors. Dis-moi aussi… Puisqu’il faudra que je me prépare à cela de la meilleure des façons… Quels cadeaux tes grands parents préfèreraient venant de l’étrangère que je suis ? Et surtout, repris-je dans un sourire plus serein, qu’est-ce que tu as commandé ? Je te jure que je meurs de faim. Me mis-je à rire avant de venir glisser ma main dans la sienne, tendrement.