Au moins avait-elle conscience de ce que je disais. Bien. Je n’aurais pas à être plus sarcastique. Pas avec elle. Si cela ne me dérangeait aucunement avec les autres, Alix avait, elle, toujours eu droit à mon entière honnêteté. Et je ne désirais pas voir cela changé. Surtout pas pour un tel sujet. Ainsi, hochant la tête, je préférais passer à autre chose, à un tout autre sujet, répondant donc à sa question. Comment vivais-je ce mariage prématuré ?

Bien. Et mal à la fois. D’un point de vue personnel, je ne pouvais que le vivre bien. J’épousais un homme que j’aimais et qui me respectait en m’offrant ma liberté. Comment ne pas être heureuse de cela ? Mais en contrepartie, je m’inquiétais pour lui, pour ce qu’il allait faire et pour, paradoxalement, la liberté que je lui enlevais.

- Ce n’est pas une lopette… Défendis-je Ayden. Il est juste… Libéré.

Mais il n’était ni lâche ni… Ni rien d’autre. Et même si je peinais à comprendre ce genre de façon de faire, trop éloigné de mon éducation pour y parvenir aussi facilement, Ayden était le frère, le sang de Matt. Il était donc hors de question que je lui manque ne serait-ce qu’une fois de respect. Mais Alix avait raison malgré tout. Nous allions avoir le temps pour nous adapter l’un à l’autre. Que ce mariage soit prématuré ou non ne nous enlèverait pas le temps que nous aurions ensemble. Cela ne faisait que nous lier l’un à l’autre…
Esquissant un léger sourire, je baissai doucement la tête. Oui… Il était inutile de nier ce fait. J’étais plus épanouie avec lui que je ne l’avais jamais été et bien que cela ne soit pas difficile, cela restait un fait important.

- Le pire jusqu’au meilleur répétai-je.

Esquissant un sourire réel, je soupirai à ses mots. C’était réciproque, bien sûr. Alix avait toujours été là pour moi. C’était chez elle que je me réfugiais quand les choses tournaient trop au vinaigre chez moi. Elle qui me consolait quand tout allait mal. Elle qui m’accompagnait dans tout ce que je faisais à Poudlard. Alors… Bien sûr, c’était réciproque.

- L’inverse est vrai. Répondis-je donc doucement avant de reprendre sa question. Hé bien… Disons que pour le pire, je te dirais que Thomas a fait du grand Thomas. Il a mené tout à la baguette comme il en a l’habitude. Et j’admet qu’être une plante verte n’a pas été réellement… Agréable.

Et il y avait ce moment de doute, cette inquiétude que j’avais eu pour mon frère, bien rapidement éloignée par ce dernier. La mort de mon père programmée donc. Devais-je en parler à Alix ? J’en mourrais d’envie, c’était indéniable mais… Non. Rien. Je pris le parti de ne rien dire. J’avais confiance en elle. Ma meilleure amie, ma sœur. Mais les murs avaient des oreilles à Poudlard… Ainsi repris-je donc.

- A part cela… Thomas avait même préparé ma dot. De l’argent moldu et magique. Et un domaine dans le sud… J’admet que je ne m’y attendais pas… Et puis… Et le meilleur… La demande de Matt… Il a tout fait, jusqu’à mettre un genou à terre. Je ne savais même pas que ce genre de choses se faisaient. Admis-je dans un léger rire. J’ai été surprise mais… Merlin tu n’imagines pas combien tout était parfait.

Dans mes yeux, seule restait cette lueur de joie, d’amour et de sérénité, bien présente lorsque je parlais de Matthew, de nous.

- Je profite. Soufflai-je alors. Je voudrais seulement être la meilleure épouse pour lui. Ne pas le décevoir. Lui offrir ce qu’il m’offre. Parce qu’il mérite encore plus que ça.

Et je doutais d’être capable de la moitié. Même si j’allais tout faire, tout tenter pour lui offrir la plus belle vie qui puisse… Etais-je capable de le rendre réellement heureux ?