The flight of the dragon

La façade du manoir me paraît terriblement froide dans cette fin d'après midi. Il faut dire que le soleil est sur le point de se coucher et que cela fait tout de même une semaine que je n'y ai pas mis les pieds. Sauf peut être deux heures, autrement dit, rien. Mara m'avait proposé de repartir a Poudlard avec lui demain, mais j'avais refusé. Cela avait assez duré et puis, on ne va pas se mentir, mon frère me manquait terriblement.  Mara n'avait pas posé de questions ni même tenté de m'empêcher de rentrer, il savait très bien que j'avais besoin de voir Damian. J'en étais rendu a point que même si ce terminait pas comme je l'espérais, je l'aurais au moins vu. Pour un peu j'en aurais ris avec un rien d'ironie mais le fait était que là, même debout sur le trottoir, j'avais le cœur qui tambourinait dans ma poitrine, de joie, de tristesse, d'excitation et d'appréhension. Un peu de tout ça et c'était...une sensation étrange a plus d'un titre. Finalement, je réajustais la sangle de mon sac magique sur mon épaule et franchis la distance qui me séparait de l'entrée.

Je croisais notre gouvernante et je lui fis un petit sourire avant de grimper a l'étage sans même passer par le salon. La politesse aurait sans doute voulu que je passe par là pour saluer déjà mes parents mais autant dire que je traçais tout droit dans ma chambre. Je balançai mon sac sur mon lit avant de l'ouvrir, non sans jeter quelque coup d'oeil nerveux sur la porte qui séparait ma chambre de celle de Damian. Finalement, je trouvais le cadeau que je lui avais trouvé en Corée. La petite statuette cristalline frémit entre mes doigts un peu gourds et j'esquivai de justesse un coup de dents. Le sortilège était sympa mais un peu agressif, surtout si on ne faisait pas attention. Je n'avais pas eu le temps de l'emballer et même si, je n'étais pas sûr que le minuscule dragon enchanté ne l'arrache pas a coup d'ailes ou de dents. Finalement, après une brève inspiration, j'ouvris la porte que j'avais moi même fermée quelque jours auparavant. Je savais que mon frère était là, sans certitude mais quelque chose me disait qu'il était là tout simplement.

J'aurais sans doute pu frapper mais je ne le fis pas, passant le seuil comme si celui ci n'avait jamais représenté une frontière devenue presque trop difficile a franchir. Effectivement, il était a son bureau, me tournant le dos. Je savais qu'il m'avait entendu, mais il ne se retourna pas. Peut être que c'était pour le mieux pour le moment, peut être. Je n'étais pas un lâche de nature, je ne l'avais jamais été, mais je dois bien avouer qu'a cet instant, je ne suis pas super courageux et que la tentation de faire machine arrière est très tentante. Aussi tentante que celle de le serrer contre moi. Je m'ébrouais mentalement, serrant la statuette en mouvement entre mes doigts avant de franchir la distance qui me séparait encore de lui. Mon cœur soupira comme si il était désormais parfaitement entier. Je déposais la statuette enchantée sous son nez. « Tu savais qu'après des millénaires d’entraînement un serpent pouvait devenir un dragon divin en Asie ? » Le dit dragon se mit voleter sur sa montagne, fier comme une coquecigrue. « Il m'a fait penser a toi, je me suis dis que ça t'irait bien. » Il n'y a pas forcément de nervosité dans ma voix, elle résonne comme a l'habitude, mais le léger tremblement de mes doigts et le poids qui m'enserre la poitrine n'ont, eux, rien de calme.

Il m'a juste terriblement manqué.

ft. Damian

The flight of the dragon

Il est là.

Je le sais. Je le sens.

Cela a toujours été le cas. Cette conscience aigüe de l’autre, ce lien gémellaire qui fait que nous ne sommes jamais vraiment seuls. Jusqu’à très récemment, j’ignorais ce qu’était la solitude. Il aura fallu qu’un garçon débarque dans la vie de mon frère pour que nos certitudes explosent, pour que notre lien si précieux se délite et que je ne sache pas le retenir. Je lui en veux. Terriblement. Je lui en veux d’avoir claqué la porte, de me l’avoir fermée au nez pour mieux me laisser seul derrière lui. Je lui en veux d’être parti sans dire au revoir, ne laissant qu’un mot pour toute consolation. Je lui en veux d’avoir écrit pour me parler de ses vacances avec Mara alors que son absence n’était que trop douloureuse. Je lui en veux d’aimer les hommes. D’aimer Mara. D’être différent et d’ainsi prêter le flan à toutes sortes de discriminations, de ternir notre nom alors que son homosexualité va poser un réel problème, que papa et maman ne vont clairement pas se réjouir de la nouvelle… Je lui en veux de bouleverser ainsi notre équilibre. Nos projets.

Mais je ne peux pas haïr mon frère. C’est bien plus simple de haïr celui qui lui a ouvert les yeux sur sa sexualité et qui l’a arraché à sa famille.

Parce qu’en cet instant, j’ai envie de me lever de ma chaise et de lui en coller une. Et j’ai envie de me lever et de le serrer contre moi alors que mon cœur s’est mis à battre furieusement par sa simple présence. Je suis raide sur ma chaise, restant assis, comme si mes pieds étaient de plomb. Je serre les mâchoires à me faire mal. Et je dois desserrer les doigts de ma plume au risque de l’abimer. SI j’écoute mon cœur, je lui saute au cou. Si j’écoute ma tête, je le colle contre le mur et je le frappe. Si j’écoute mon âme, je fonds en larmes, parce qu’il est enfin là. Je garde le silence, tiraillé entre beaucoup trop de désirs contraires.

C’est comme ça qu’il s’approche et pose devant moi une petite statue… Un cadeau. Elle est vraiment belle. Et si mon réflexe premier est de la prendre et la jeter pour la briser de colère, cette envie passe aussi soudainement qu’elle est apparue. Même si ses paroles me font finalement lever brusquement les yeux vers lui, une lueur de colère dansant dans mes prunelles sombres. Vraiment ? Il va vraiment faire comme si de rien n’était ? « Si j’étais un dragon divin, je t’aurais déjà rôti sur place. » Et j’aurais probablement de la fumée qui me sort des narines. « T’as passé de bonnes vacances ? » Je détourne mon regard de lui et reprends mes devoirs, mimant une indifférence que je suis loin de ressentir. Je bous intérieurement. Il ne peut pas juste me dire qu’il est désolé ? Et je ne peux pas juste lui dire que je le suis aussi de m’être emporté comme ça et de l’avoir déçu ? Putain de merde… Ma vision se brouille et je comprends à retardement pourquoi. Je ferme les yeux et soupire, essayant de calmer ma respiration et de ne pas céder à mes émotions, aussi violentes soient-elles. Il est stressé mais fait mine de rien. Je suis en colère et fais de même... Combien de temps allons-nous tenir cette farce au juste ?

ft. >Keith

The flight of the dragon

« Ils ne crachent pas de flammes. » fis je en pinçant un peu les lèvres. Je savais qu'il était en colère. Qu'il l'était encore. Celle ci résonnait en moi, un écho présent en filigrane. J'avais tenté de garder contact avec lui, et même si mes missives étaient restées lettres morte, ce n'était pas comme si j'avais attendu une réponse, il savait très bien qu'il restait présent dans mes pensées. Par delà la colère, il y avait une douleur jumelle a la mienne, pulsant sous les non-dits et les sous entendu. On n'avait jamais été comme ça, envahit d'une brume qui nous empêchait de voir clairement l'autre. Et je détestais cette brume. Etait ce si difficile d'accepter le fait que je ne veuille pas suivre le chemin tout tracé par nos parents ? Lui s'en accommodait, il était fier de ce qu'il était quand moi je n'y voyais pas de fierté particulière.  Étais je plus naïf ou avais je plus de recul ? Je ne savais pas vraiment mais tout n'était pas irrémédiable n'est ce pas ?

Sa question lui attira un coup d'oeil douloureux. Bien sûr que non. Il le savait très bien. J'aurais aimé voir tout ça avec lui, nous n'avions jamais vraiment voyagé. J'aurais adoré lui faire part de toutes mes impressions, il y a tant de choses qu'il aurait aimé voir, découvrir. Ces vacances auraient été parfaites avec lui. Sans lui...Elles n'avaient été qu'un palliatif quelque part. Certes, j'étais heureux avec Mara, mais il me manquait toujours quelque chose, un vide présent qui refusait de s'effacer quoique je fasse, quoique je dise, qu'importe l'amour dont pouvait me couvrir Mara, cela ne suffisait pas réellement a me rendre totalement heureux. Je voyais ses épaules tendues a craquer, la ligne raide de sa nuque alors qu'il me dérobait son regard. Sans doute que ce que j'y aurais lu aurait été un reflet parfait de ce qui hantait le mien.  Je serrais les dents sous l'assaut de larmes opportunes, si j'y cédais maintenant, je ne sais même pas si j'aurais été capable de les arrêter. Durant ces quelques jours sans lui, je les avais retenu, aucune n'avait réellement passé la barrière de mes paupières parce que je ne savais pas si j'aurais été capable de les stopper.  « Tu sais très bien que non. » peinais je a dire entre mes lèvres serrées. Etait ce si dur pour lui ? Vraiment ? Etais je trop égoïste de tout vouloir ? Devrais je vraiment choisir l'un ou l'autre ? Je dépérirais, je le savais déjà. Pas sans l'un, pas sans l'autre et cette situation était atroce.

J'observais son dos tandis qu'une boule d'angoisse me serrait si fort la gorge que je n'étais même pas sûr de pouvoir parler correctement si je devais le faire dans l'instant. Je déteste ce dos en fait. Même si je ne pouvais pas nier lui avoir présenté le mien en premier, mais je n'avais pas été capable de supporter le jugement dans son regard, pas dans cet instant là. Je n'étais pas un couard, mais cette fois oui, j'avais fuis. Aussi rapidement que je l'avais pu. Ce n'était pas glorieux hein ? Finalement, je me penchais en avant, glissant mes bras autour de sa nuque pour les croiser sur ses épaules, posant mon menton sur son épaule, fermant les yeux sous l'émotion qui me vrillait la poitrine a, ne serait ce, qu'avoir un contact physique avec lui depuis si longtemps. « Je ne voulais pas tout ça, Damian. Vraiment pas. Je suis désolé d'être...une déception pour toi. » parce que par dessus tout, c'était exactement ce que je ressentais, par delà la colère ou la douleur, le ressentiment ou la trahison ressentie a le voir refuser ce que je pouvais être... Il y avait cette sensation dérangeante de ne pas avoir été a la hauteur de ce qu'il voulait pour moi. Et si il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'il a toujours voulu le meilleur pour moi... Hélàs, ce n'était pas ce que je voulais pour moi.

Un coup donné a la porte me fit lever la tête et j'avisais la présence de notre gouvernante. « Désolée de vous déranger. Monsieur Keith, votre père vous demande dans son bureau. » Sur ce, elle tourna les talons et je soupirais. « Je crois que je vais payer mon absence a nouvel an, je reviens. » fis je en me redressant. Si mon père m'avait convoqué, ce n'était pas sans raison, lorsqu'il devait punir l'un de nous deux, il le faisait toujours en étant sur de l'absence de l'autre. Ca avait toujours été comme ça. Sauf que cette fois... D'une main, je serrais l'épaule de mon frère avant de suivre le même chemin que la gouvernante.... Non cette fois, il y aurait sans doute plus de colère...

ft. Damian

The flight of the dragon

Je lui jette un regard noir quand il trouve encore le moyen de me détromper alors que je lui exprime simplement mon extrême colère envers lui. On s’en fout que ça crache des flammes ou pas. J’ai envie de le fumer. Et pourtant, j’évite de trop croiser son regard ou même son visage. Je suis déjà trop sensible à ses émotions, ce sera 10 fois pire si je peux les lire sur lui en plus. Ma question de voulait sarcastique. Je ne sais pas ce que j’attendais comme réponse. Un oui, pour me provoquer et me donner l’occasion de sortir de mes gonds peut-être ? Une raison de me défouler. Et e même temps, je serais mortifié de vraiment frapper mon frère, aussi forte soit l’envie. J’ai déjà eu envie de tuer des gens sans pour autant caresser réellement l’idée de le faire… Là, c’est un peu pareil. Mais non, Keith répond avec sincérité. Parce que je le sais honnête là-dessus. Il s’est peut-être changé les idées avec Mara, comme moi, avec Bella, mais ni l’un ni l’autre, ne saura jamais combler le vide que l’absence de notre moitié peut procurer. Et ça, ils vont devoir l’apprendre et s’y faire. De passer après nous. EN tous les cas, c’est ainsi que ça fonctionne pour moi. Et pourquoi est-ce que je compare ce que j’ai vécu avec Bella à ce qu’il a vécu avec Mara ? C’est dégoûtant..

Je me fige quand Keith approche plus près et qu’il m’entoure de ses bras pour mieux poser sa tête contre mon épaule, me soufflant qu’il est désolé d’être une déception… Et là, je sens cette boule énorme dans ma poitrine qui explose… Comme un ballon qu’on crève avec une aiguille alors qu’une vague d’affection… d’amour, même, pour mon frère me submerge. Je pousse un soupir, qui a des accents de sanglots et qui me stupéfie moi-même tellement ce son me semble… vulnérable. Pourtant, je reste immobile, mes bras me semblant peser des tonnes. Je n’arrive pas à lui rendre son étreinte… Et alors que j’esquisse un geste, que Keith ne captera sans doute même pas tellement il est infime, voilà que ça frappe à la porte, m’interrompant net. Je bats des paupières, surpris de l’intrusion… Et me tends quand Père réclame de voir Keith. Merde…

Il va passer un sale quart d’heure et il le sait… Il me relâche et je frissonne alors qu’un froid inexistant semble me saisir. Alors qu’il tourne les talons pour s’en aller, je me décide enfin à bouger, à me lever et je l’entoure à mon tour des mes bras, collé dans son dos, alors que je colle ma joue contre la sienne. « Tu vas flinguer ton avenir Keith… » C’est ça que je regrette… Qu’il soit gay aussi mais au final… A cet instant, cela me semble accessoire. C’est Keith. C’est mon frère. « Si tu mens, je mentirais aussi… » Malgré tout, je l’assure de mon soutien inconditionnel. « Tu m’as manqué… » Je le relâche à contrecœur et le laisse partir pour voir père ? Je croise les bras sur mon torse, indécis, avant de me décider à suivre aussi, au bout de quelques minutes pour aller coller mon oreille contre la porte close.

ft. >Keith

The flight of the dragon

J'ai envie de maudire la gouvernante, mais je sais aussi que je dois en passer par là. Serrer mon frère dans mes bras, même si il était resté figé m'avait apaisé d'une certaine manière. Oh rien n'était réglé, je le savais mais...Combler ce manque était déjà quelque chose auquel j'avais aspiré tout ces derniers jours et tant pis si il ne me rend pas mon étreinte tout de suite, il le fera plus tard, songeais je alors que mon cœur guérit lentement de la blessure que je nous ai infligé a tout les deux. Je ne peux pas nier être responsable mais en même temps, je n'avais pas de regret non plus. Je m'apprête a passer la porte lorsque les bras de mon frère me figent sur place. Sa joue contre la mienne, une chaleur désirée qui s'étend sur mon dos et le soulagement intense qu'il m'apporte par un simple geste. Je fermai les yeux a son murmure, des larmes affleurant a leur lisière. « Faire semblant d'être ce que je ne suis pas le ferait sans aucun doute. » soufflais je a mon tour. Mais il a raison, je sais très bien que je vais marcher sur un chemin parsemés de falaises a pic. Je ne sais pas comment vont réagir mes parents et j'ai peur parce que je n'ai même pas réussit a apaiser mon frère. Je les aime, autant que je les respecte, leur mentir et sourire avec indulgence lorsque maman me présentera toute sortes de filles, voir l'espoir dans ses yeux alors que je sais très bien qu'aucune ne serait l'heureuse élue, n'était ce pas pire ? Entretenir un espoir vain ?

Je portai ma main au poignet fraternel qui m'entourait, le serrai doucement alors qu'il se dit être prêt a mentir pour moi. Je sais qu'il le fera malgré tout mais je ne veux pas le lui demander. « Je ne le ferais pas. » assurais je avec un demi sourire résigné avant de tourner la tête vers lui tandis qu'il me lâchait. « Je t'aime tu sais. Ca, ça changera jamais. » lui assurais je avant de disparaître dans le couloir. Je fis quelque pas avant de vaciller légèrement et me retint au mur pour reprendre mon équilibre. Merde, j'ai envie de fondre en larme, c'est débile. Pas maintenant. Mais le soulagement intense qui me transperce rend mes jambes moins assurées alors qu'un poids énorme semble lentement glisser de mes épaules. Je prends quelques instants pour me reprendre, pour chasser la boule qui m'empêche presque de respirer et reprends mon avancée vers le bureau de mon père.

Lorsque je pénètre dans cette pièce où mon père aimait nous convoquer lorsqu'il devait nous punir, j'avais plus ou moins reprit une certaine contenance. Je m'avançais au milieu de cet espace un peu trop austère a mon goût mais qui allait très bien a la personnalité de mon père. Celui ci, d'ailleurs, m'attendait assis a son bureau et je vis ma mère assise a quelques pas de lui, dans un fauteuil généralement réservé aux invités. Bien, j'allais donc subir un procès. Mon père aimait transposer ce qu'il se passait au tribunal dans sa propre maison. Il y avait un avantage a cela....la parole a la défense. Je m'arrêtais a un mètre du bureau, glissant mes bras derrière mon dos et attendit. « Ta mère me dit que tu as refusé d'aller a la soirée du nouvel an tout en sachant l'importance que cela avait pour elle. Est ce vrai ? » Je serrai un peu les mâchoires. « Oui Votre Honneur. » répondis je en jouant ce jeu qui était comme une tradition chez nous. Mon père fixa son regard sombre sur moi et j'y décelais un mélange de déception et de colère. « C'est ta seule défense ? » Que voulait il entendre ? Que j'avais préféré passer nouvel an avec mon petit ami ? « Est ce que le fait de détester ce genre de soirée m'as-tu vu peut être un argument de défense ? » « Keith ! » je tournai un regard désolé sur ma mère. Elle savait que je n'aimais pas ces soirées tout juste bonne a nous montrer mais je ne l'avais jamais dit ouvertement. « Désolé maman, mais c'est vrai. » J'entendis le soupir de mon père alors qu'il se reculait dans son fauteuil. « Et donc, où tu étais ? Ta mère me parle d'un...ami mais on ne connait même pas son nom. » Et je ne vous le dirait pas, donc je haussai une épaule. « Oui. » Mon père fronça un peu les sourcils et ma mère reprit la parole. « Keith tu aurais pu faire un effort tu sais. Regarde ton frère, il l'a fait lui et quelque chose me dit qu'il est devenu plus proche de Bella ces derniers temps. » J'inspirai doucement. « Je ne sais pas vraiment, j'ai pas fait attention. » Je ne savais pas a quel point mon frère avait parlé a mes parents donc, dans le doute... Je biaisais. Ma mère secoua doucement la tête, faisant danser ses beaux cheveux blonds. « Je suis déçue Keith. Tu aurais pu en profiter pour faire de nouvelles connaissances, il y avait beaucoup de jeunes filles très jolies a cette soirée...bon, malgré le mauvais exemple donné par la fille Gaunt. J'aurais aimé que tu te rapproche de l'une d'entre elle, je suis persuadée que cela t'aurait plus. » Oh maman si tu savais...Mes poings se serrèrent derrière mon dos. « Désolé maman mais ça n'arrivera jamais. » Etonnée, ma mère leva un regard confus sur moi. « De quoi donc ? » Mes ongles percèrent presque la peau de mes mains. « Que je me rapproche de l'une d'entre elles. » Tout aussi intrigué mon père s'était redressé et une sueur froide coula le long de mon dos. « Je suis gay maman. »

Là, autant dire qu'une mouche n'aurait jamais fait autant de bruit qu'a l'instant. Je baissai les yeux sur le sol, les mâchoires si serrées qu'elles menaçaient d'exploser. Et le temps s'écoula. Une seconde. Deux secondes...Trois....Quatre....Elles sont longues dans ce silence lourd. « Peux tu répéter ? » La voix froide de mon père claque et je ne peux retenir un sursaut tout en levant les yeux sur son visage. Mon père a toujours été un homme distant mais attentionné pour nous alors voir ce masque incrédule sur son visage, lui qui se maîtrisait a la perfection... J'en aurais presque rit. « J'ai dis que j'étais homosexuel papa. » Un hoquet résonne et je regardai ma mère, une main sur sa bouche, l'air si horrifié que... « Maman... » commençais je en esquissant un geste vers elle, geste qui se fige quand je la vois se recroqueviller sur son fauteuil. Ah. Je ramenais ma main dans mon dos, serrant furieusement les poings, le regard fixé sur le sol comme si j'aimerais y disparaître, c'était la première fois que je voyais ma mère avoir un mouvement de recul avec moi, oui j'aurais sans doute dût l'anticiper. Focalisé sur ma mère, je n'ai pas vu mon père se déplacer mais lorsque je tourne la tête dans sa direction, il me cueille directement d'une gifle brutale. Surpris, je n'ai pas eu de mouvement de recul et la douleur éclata sur ma joue, cuisante alors que le goût du sang envahit ma bouche. Ca...je ne l'ai pas vu venir. Je portais des doigts tremblants sur ma joue, encore sonné et posant un regard incrédule sur mon père. Il ne nous avait jamais. Jamais frappés. Pas une seule fois. « Papa... » commençais je d'une voix blanche.. « Tais toi ! Je ne veux rien entendre. » me coupa-t-il, les traits figés dans un masque de colère et de honte...Oui de honte. Une honte qui m'était directement adressée et cela faisait mal. Vraiment mal. J'inspirais l'air ambiant d'une façon tremblotante, peinant a reprendre un semblant de contenance alors que la douleur me mangeait la moitié du visage. C'était...une réaction normale...Enfin je crois. Je ne m'étais pas attendu a des félicitations c'était sûr. Mon père me jaugea longuement d'un regard mêlant dégoût et déception. Il n'avait pas mis en doute ma déclaration, parce qu'il me connaissait assez pour savoir que je n'irais pas mentir sur un tel sujet... Mais je ne m'attendais pas a me voir refuser ma défense...Si tant est que j'en avais une... Un sanglot brisa le silence atroce qui avait suivi et je portai mes yeux sur ma mère, le cœur brisé de la voir pleurer par ma faute. Je ne fis aucun mouvement vers elle, elle me rejetterait dans l'instant, c'était trop pour elle.

Raide comme un piquet, mon père se détourna de moi pour aller se réinstaller a son bureau. Le juge reprenait sa place, songeais je avec ironie, luttant contre l'envie de fondre en larmes. Le silence s'étira, juste brisé par les sanglots muets de ma mère. Et tout mon corps se crispa lorsque la voix de mon père résonna de nouveau, charriant de la glace. « Je ne pensais pas te voir me décevoir a ce point un jour, ni même humilier notre nom de cette façon, Keith. Je vais te laisser jusqu'à la rentrée pour te reprendre. Nous n'avons aucun gay dans cette famille et nous n'en auront jamais, est ce que tu me comprends ? » Je fermai les yeux. Merde. « Je comprends....Mais je ne changerais pas d'avis Papa... » « Ne m'appelle plus comme ça tant que tu resteras sur cette position...dégoûtante. Je ne te reconnaîtrais plus comme mon fils si tu ne fais pas amende honorable, est ce que tu as compris ?» « Chéri... » « Inutile Sophia. » Et ma mère se tût, je ne saurais sans doute jamais ce qu'elle voulait dire. « Ton frère est il au courant ? » là, je fis attention, il nous savait proche, très proches... « Non. Je voulais vous le dire avant. » Que cela passe ou pas, je mis assez d'assurance dans ma voix pour que ce soit crédible. « Bien, tu ne lui diras rien, est ce clair ? En attendant ta...repentance, tu iras dans l'aile Est et tu réfléchiras a tes choix, très sérieusement. Tant qu'il ne sera pas conforme a ce que nous attendons de toi, n'ose même pas te présenter devant nous, est ce clair ?. » jamais nos parents avaient été aussi... Enfin mon père surtout, inflexible. C'était plié dans un sens. Je ne changerais rien, mon père non plus. Je serais sans doute exilé dans ma propre maison. Je hochai la tête.« Hors de ma vue dans ce cas, les elfes déménageront tes affaires dès ce soir. » Là, je ne pus m'empêcher de lever brusquement la tête. Non ! Il ne pouvait pas faire ça ! « Père ! » m'exclamais je avant d'être brutalement mis au silence par un sort. « J'expliquerais moi même les choses a ton frère mais pour le moment, je préfère que tu t'éloigne de lui. Maintenant, fous le camp. » Forcé au silence, je jetais un coup d'oeil suppliant a ma mère, inutile, elle ne s'élèvera pas contre les décisions de papa... Finalement, je baissai la tête et me retournais vers la porte, le cœur une nouvelle fois laminé juste pour vouloir être ce que je suis. Eux qui dénigrait tant ce les sangs mêlés...Parfois, les sang pur n'arrivaient même pas a leur chevilles...

Je fermai doucement la porte, m'y adossant un instant, les yeux dans le vague. Bon. Et maintenant alors que mon palais se noyait d'un goût amer. Ah... La liberté avait parfois un goût particulièrement dégueulasse, songeais je en laissant mon crâne reposé sur le bois de la porte, les yeux fermés. Et lorsque j'eus repris un peu mes esprits et que je me redressai pour partir, je découvris mon frère face a moi...Ah...Il avait écouté a la porte hein ? Je lui adressai un petit sourire qui n'atteint pas mes yeux. « Ca aurait pu être pire non ? Papa a une sacrée droite pour son âge...» Si ma phrase pouvait paraître cool, le hoquet qui la brisa n'avait rien de classe alors que des larmes subites glissaient sur mes joues.

ft. Damian

The flight of the dragon

Le cœur battant j’écoute… Mes paroles de Keith tournent en boucle dans ma tête. Si il y a bien une chose dont je puisse être certain avec lui… C’est bien cet amour entre nous, même si j’ai pu en douter dernièrement. Mais il a suffit de quelques minutes, trop brèves, de retrouvailles, pour que je laisse de côté les griefs que je peux avoir à son encontre pour ne prendre que sa chaleur… Si Père m’attrape à écouter aux portes, je vais me faire punir, surtout alors que c’est Keith qui est convoqué… Mais je ne vois pas comment je pourrais attendre sagement dans ma chambre en sachant qu’il va passer une sale quart d’heure. Sauf que je n’avais pas mesuré à quel point… Je me doutais que cela ferait péter un plomb aux parents… Père, par fierté masculine, comme moi. Maman parce qu’elle espérait de beaux mariages pour Keith et moi, afin d’avoir des petits-enfants à chérir. Et que nous continuions à œuvrer à la grandeur de la famille, à redorer notre nom. Nous n’étions pas aussi célèbres que certains, pas aussi riches, pas aussi prestigieux… Et je sais que cela importe énormément à notre père…

Et là… Keith vient de balayer totalement leurs espoirs. Parce qu’un homosexuel dans la famille, c’est une tâche sur notre nom. Ca, je le savais déjà, j’avais essayé de lui faire entendre raison, mais il est têtu. Et il est amoureux de ce crétin… Je serre les poings, avant de poser le droit contre ma bouche pour étouffer un grognement de rage en entendant ce qu’il se passe là dedans… Si Keith ne dira rien à Mara de tout ça, moi, je ne vais pas me gêner, qu’il prenne conscience de combien il vient de bouleverser notre équilibre en s’approchant trop près d’un Sang Pur, qui a de grands projets… Les siens, ceux de nos parents, peu importe. C’est comme ça et il n’en a pas mesuré l’ampleur. Keith oui, mais je ne suis pas étonné qu’il aille jusqu’au bout, cette tête de mule…

Mais la stupéfaction qui suit la gifle me prend complètement au dépourvu. Le coup, je l’entends, sans savoir où exactement, même si le bruit ne laisse pas trop de doutes. Je me redresse, prêt à entrer, mais je me fige en serrant les mâchoires à me casser les dents… Je ne peux pas entrer… J’entends ma mère pleurer… Le ton froid de mon père… Et… Je ressens la détresse de Keith. Pas besoin de notre lien pour comprendre ce qu’il ressent quand Père parle de la déception qu’il est en cet instant… Mon cœur se brise, j’ai l’impression de suffoquer. Rien ne sera plus comment avant. En tous temps, depuis 17 ans, on s’est toujours couverts l’un l’autre, on s‘est soutenus face aux punitions… Ils le savent en plus. Et là, je ne suis pas là. Pire, Keith me dédouane complètement… Histoire que papa ne me tombe pas dessus pour ne rien avoir dit… J’ai un reniflement un peu dédaigneux quand papa demande qu’il ne me dise rien… Comme si cela pouvait durer. Comme si on pouvait se cacher quoique ce soit bien longtemps. C’est voué à l’échec.

Mais la punition… l’exil ? J’ai envie de me recroqueviller contre la porte, en prenant conscience qu’il nous sépare. Heureusement qu’on retourne à l’école bientôt… Je pourrais le récupérer auprès de moi. Ironiquement, alors que Père le rejette, et même si je comprends ses arguments, si je les partage, je ne peux pas faire la gueule à Keith et lui tourner le dos… Pas maintenant. Pas comme ça. Mon père en fait un paria dans son propre foyer… Et Keith ne cèdera pas… Abasourdi, je comprends que si je reste là, je vais me faire attraper, aussi je décampe, mais pas très loin, assez pour être caché et entendre la porte s’ouvrir. Plus un bruit. Je jette un regard et vois Keith, abattu, la joue rougie. Son trait d’humour ne parvient pas à me faire sourire… Mais quand sa voix se fêle et qu’il finit par pleurer, je pose ma main sur sa joue martyrisée, avec douceur, avant de mettre mon front contre le sien. « Je t’aime aussi… Tu t’es fourré dans un sacré pétrin et je… je ne cautionne absolument pas ce que tu es en train de faire mais… Je suis là. » J’ai un sourire amer : « Je me demande ce que papa va me sortir pour expliquer ton isolement… Tu crois qu’on a encore un peu de temps ? Viens, on va dehors, ils mettront plus de temps à nous retrouver. » Il y a un jardin immense bien sûr, avec nombres d’allées et d’arbres. Et quelques endroits où nous aimions nous réfugier gamins. Alors certes, il fait froid, mais c’est le cadet de mon soucis, pour profiter de Keith quelques minutes de plus avant qu’il ne nous sépare… Et je ne le laisserais pas faire sans sourciller…

ft. >Keith

The flight of the dragon

Ca fait une semaine que je retiens chaque larme, chaque douleur, je n'en ai exprimé presque aucune. J'ai tenu tant que j'ai pu tout en sachant que je ne tiendrais pas éternellement. Papa ne sait pas a quel point je peux tenir de lui parfois, il m'impose une guerre de volonté alors que je possède la même que la sienne, mais il n'empêche...La froideur de ses mots, de sa voix... Ce côté là de lui que je ne connaissais pas. Jugé et condamné en quelques minutes...C'était risible. Mais ce qui est pire, c'est d'ouvrir les yeux et de tomber sur le visage de mon frère. Je sais pourquoi il est là, combien de fois avons nous écouté a cette porte lorsque l'un de nous devait s'y rendre ? C'est plus fort que moi, je n'arrive pas a minimiser les choses et a quoi ça servirait en fait, il a tout entendu de toute façon. Mais je n'ai pas anticipé les larmes qui coulent soudainement sur mes joues, ni la douleur qui erre dans les yeux de mon jumeau a cette vision.

Ma paume trouva la ligne de sa nuque alors qu'il pose son front contre le mien, parfois, il n'y a pas vraiment besoin de mot entre nous et là, je crois que je suis incapable de parler, même si mon père a relâché son sort dès que la porte s'est refermée sur mon dos. Je puisai dans la présence de mon frère le courage de ravaler mes larmes, lâchant un soupir tremblant a l'écoute de ses mots. Je n'en attendais pas plus de lui. Vraiment pas. Juste...Qu'il soit là. C'était tout. Rien qu'avec ça, je serais capable de supporter le reste et de mettre un pied devant l'autre alors qu'il m’entraînait dans les jardins. Il y avait une alcôve que nous avions nous même creusé dans une haie, dissimulé par les feuilles et les racines. Personne ne l'avait jamais trouvée et c'est là qu'il m'emmena. Nous avions grandit depuis lors, mais nous y trouvions tout naturellement notre place. Assis a même le sol, les genoux contre moi, je posai mes coudes sur ceux ci avant de couvrir mon visage de mes paumes, le temps de reprendre mes esprits, d'oublier la douleur cuisante de ma joue et de rendre sourde la douleur qui me ravageait le cœur. Puis, un lourd, immensément lourd soupir résonna entre mon frère et moi avant qu'une de mes mains se détache de mon visage pour chercher la sienne. « Tu peux ne pas être d'accord avec moi, ni avec mes décisions, tu peux même m'en vouloir autant que tu veux, n'importe quoi mais...juste... Ne me renie pas toi aussi. » parce que là, je ne tiendrais pas. Aussi fort pouvais je être, je ne tiendrais pas. « Je peux ne plus être leur fils, mais je ne peux pas cesser d'être ton frère. » C'était sans doute le plus terrible dans l'histoire. J'aimais mes parents, leur réaction me faisait terriblement mal mais...Elle ne me ferait pas reculer pour autant. Damian non plus dans un sens mais sans lui, j'étais sûr de ne pas réussir a surmonter tout ça.

J'essuyais d'un geste mes joues luisantes. « Au moins, ils ne m'ont pas viré... » fis je avec un sourire désabusé. Non, c'était pire dans un sens. Paria dans sa propre maison...Mais si ça me permettait de rester auprès de Damian, ça m'allait. Evidemment, il y avait l'école, ce ne serait pas si terrible n'est ce pas ? Mais je ne pouvais m'empêcher de me demander jusqu'à quel point ils allaient nier mon existence...Qu'ils me laissent au moins aller jusqu'au diplôme... je me massai la tempe d'un index, sentant poindre une migraine carabinée avant de tâter le coin de mes lèvres. Ah, ça allait laisser une marque... Puis, une chape de fatigue s'abattit sur mes épaules et je laissai ma tête retombée sur l'épaule, plus solide en cet instant, de mon frère. « Je suis désolé, Damian. Vraiment. Pas de mes décisions mais de ce qu'elles te font subir. Un jour, peut être que tu me pardonneras mon égoïsme ou peut être que tu le comprendras, j'en sais rien mais...Je veux juste que tu sache que ce sera mon seul regret, celui de t'avoir blessé a ce point. » Pour le reste, je vivrais très bien avec. « Je ne sais pas ce que pa..Père va te dire, mais fais au moins semblant d'y croire, un seul de punis c'est suffisant tu crois pas ? » repris je avec un pâle sourire.

ft. Damian

The flight of the dragon

Qu’est-ce que je suis en train de faire au juste ? Je devrais suivre la ligne de conduite de papa, je devrais fermement condamner la déviance de mon frère. Je la condamne d’ailleurs, je l’ai fait au moment même où il me l’a avoué… Et cela a provoqué son exil. Loin de moi. Quand je le vois dans cet état là après s’être fait rejeter par nos parents… Quel a été son état quand il m’a tourné le dos et qu’il a fermé cette foutue porte, coupant ainsi tout lien entre nous ? Ma main se crispe sur son poignet, que j’ai saisi pour l’entraîner loin du chaos de la demeure familiale, qui prend des allures de prison davantage que de refuge désormais… Ma mâchoire est serrée de contrariété. Les choses n’auraient pas du se passer ainsi… Vraiment pas. Nous aurions du attendre que maman nous trouve chacun une fille qu’elle accepterait comme belle-fille, qui nous aiderait à continuer à redorer le blason familial… Keith en devenant un brillant avocat, suivant les traces de nos parents. Moi… C’est toujours en suspend, et en cet instant, je m’en fiche complètement… mais bref, nous aurions mené chacun une vie parfaite de Sang-Purs, perpétrant la lignée, nous voyant souvent, nos enfants jouant ensemble, parce qu’il ne saurait en être autrement.

Mais tout a volé en éclat. Keith ne se mariera pas. Je n’aurais pas de belle-sœur. Enfin, il pourra possiblement se marier, mais sans aucun de nous pour assister à ce jour, chez les moldus, je suppose, dans la fange d’où est issu son… J’ai une mine de dégoût en pensant à Mara. Je garde espoir que cela ne soit qu’une passade. Qui tombe amoureux de quelqu’un et l’épouse dans la foulée pour passer sa vie avec de nos jours ? Keith est inexpérimenté sur le plan sentimental, il s’emballe, pense que c’est l’amour de sa vie, comme un gamin, mais ça lui passera bien à un moment. Peut-être même qu’il trouvera une fille à son goût… On ne sait jamais. Peut-être qu’il aime les deux, tout simplement, que ce n’est pas totalement irrémédiable…

Je nous emmène dans notre refuge de gamins. Qu’importe que le temps ai passé, il demeure un symbole de notre complicité et de notre insouciance… Elle est bien loin désormais. Je m’accroupis, alors que Keith s’assoit et se ramasse sur lui-même. Nous nous faisons face, et je passe doucement mes doigts dans ses cheveux alors qu’il relâche la pression. Il me fait vraiment mal au cœur en cet instant. Ses doigts viennent enlacer les miens cette fois, alors que nos regards s’accrochent. Je pince les lèvres, mais je raffermis ma prise dans la sienne. « Evidemment que je ne suis pas d’accord. Tu détruis ton avenir. Et… bordel, Keith, les hommes ? » J’ai vraiment du mal avec ça. Mais je ne le lâche pas. « Mais même si je le voulais, j’pourrais pas te renier… Je t’ai haï… Je crois que je te hais encore… Mais… ça s’efface complètement face à… » Je hausse une épaule. « J’suis trop soulagé de t’avoir retrouvé… » Je ne suis pas très doué pour exprimer mes sentiments. Je soupire, sensible à ses larmes. « Cela passera… La déception, la colère, de papa et maman… » Ils ne le renieront pas à jamais… Je crois. Si il s’entête avec son Poufsouffle… Je n’en suis plus si sûr finalement. « On retourne à Poudlard dans deux jours. » La punition n’y serait plus effective au moins. Sauf que j’allais y croiser l’autre débile. Et lui… j’avais bien des choses à lui dire. Comment son intervention auprès de Keith avait complètement ruiné notre famille.

D’accroupi, je tombe à genoux quand Keith se repose contre moi et je l’entoure de mes bras. J’hésite, avant de lâcher, du bout des lèvres, presque à contrecœur : « Et… Je suis désolé de pas avoir été à la hauteur de tes attentes… » De ne pas avoir accueilli ça de façon un peu moins… extrême. De l’avoir chassé de la maison, même si il l’a très bien fait tout seul. Mais mon comportement l’a poussé à fuir. J’ai un léger rire, ironique, quand il est question de l’annonce des raisons de la punition de Keith par mon père. « Ils n’ont pas beaucoup aimé que je me tire aussi pour passer la majorité de mon temps chez les Yaxley. Mais je n’ai pas été puni, heureusement. Ne t’inquiète pas, je joue très bien la comédie. » Je marque une pause avant de relancer, un peu plus léger : « Tu sais que tu as loupé l’évènement de l’année en ne venant pas chez les Gaunt ? » Oui, papa lui a rappelé, mais je ne parle pas de ça. « Ils ont annoncé les fiançailles de Heather avec Nicholas Sewlyn. » Un pote à Keith d’ailleurs. « Et y’a Matthew Gimhae qui a fait une scène en se tirant avec Heather. Je ne te raconte pas le bordel après pour rattraper cette humiliation… Tu m’as manqué à cet instant. » Tiens d'ailleurs, je me dis qu'en fait, ils aiment vraiment foutre le bordel, les asiatiques...

ft. Keith

The flight of the dragon

J'ai envie de ricaner, mais je m'abstiens. De toute façon, ce rire n'aurait eu de joie que l'ironie de la chose et une bonne dose d'amertume. « Quel avenir Damian ? Qu'est ce que je gâche au juste ? Un mariage avec une jolie fille dotée un nom bien rutilant approuvé par maman ? Une tripotée de marmots ? Une vie emmerdante a souhait ? Ce n'est pas l'avenir que je veux. C'est celui que les parents veulent pour nous. Peut être que toi, ça te convient, moi pas. Je serais un putain de bon avocat, gay ou pas. Ca ça change pas. » soufflais je avec un rien d'acide dans la voix. Jusqu'a présent, on savait ce qu'attendait nos parents de nous. On laissait faire gentiment, parce qu'au fond, nous n'avions jamais été des rebelles a outrance. Mais je n'ai jamais dis que cela me plairait. En fait, même sans parler d'orientation sexuelle... J'aurais choisis moi même et quand je l'aurais voulu. Donc a mon sens, je ne gâchais rien. Juste...Mes liens avec mes parents...Eux...Je ne savais pas a quel point ils étaient brisés dorénavant. « Et quoi les hommes ? Bordel Damian, les femmes ? » lui retournais je la question, l'imitant avec un léger sourire teinté découragement. Je soupire a la suite.

Oui, il m'en voulait encore. Et là, je n'y pouvais rien, il en avait le droit après tout. Mais ce que je refuserais ce serait un déni de mon existence total. Ca, je ne le supporterais pas et il savait de quoi je parlais. « Tu m'as manqué. » finis je par avouer en serrant ses doigts autour des miens. Puis, je lui jette un coup d'oeil désabusé. « Non. Non, je ne crois pas. Maman peut être...Mais papa... » Et il en est conscient. Papa ne pardonnera pas J'avais de la chance qu'il ne m’ait pas foutu dehors, peut être qu'il me laissait un peu mariner en espérant que le fait d'être séparé de Damian me fasse revenir en arrière. Maman quant a elle...Elle pourrait me pardonner mais je savais que ce serait contre la volonté de papa et qu'il ne laisserait pas faire. « Oui, ça ira d'ici là. De toute façon, on passe notre temps a Poudlard... » Mais je me demandai quand même a quel point ils allaient me retirer tout soutien... J'étais économe, je pourrais tenir un peu tout seul mais...Ah...Trop de choses a réfléchir et plus assez d'énergie pour le faire. Mon cœur était déjà fatigué de ce qu'il venait de se passer même si mon âme respirait enfin auprès de mon frère.

Et peu importe ce qu'il pense ou ce qu'il ressent, moi je sais que je n'avais pas voulu le blesser, c'était même la dernière chose que j'aurais voulu faire. J'aurais préféré mourir sans aucun doute, mais le fait était que je l'avais fait. «  Tu es là, c'est tout ce qui compte maintenant. » chuchotais je contre son épaule alors même que j'avais plus que jamais besoin de lui et que sa chaleur jumelle a la mienne m'entourait après ce passage a vide terrible de ces quelques jours. Je ris doucement lorsqu'il parla de sa propre fugue. « Non ils ne risquaient pas. » Le punir alors qu'il se rapprochait de Bella ? Non aucun risque. Et il le savait de toute façon, Maman n'avait eu de cesse de nous glisser plein de sous entendu quand les Yaxley venaient a la maison donc bon. Puis il enchaîna sur la soirée Gaunt, allégeant l'atmosphère bien que je n'étais pas prêt a m'éloigner physiquement de lui là. J'eus un rire étouffé. « Oui, j'ai appris ça, je me suis fait livrer la Gazette, c'était dans les pages scandales. Je pensais pas que Heather aurait autant de....couilles ? Ovaires ? Pour se tirer a ses propres fiançailles comme ça. Remarque, Nick doit être soulagé et sans qu'on ai rien a lui reprocher. Il s'en tire bien. Je me demande si il a pas jouer un rôle là dedans d'ailleurs, ce serait bien son genre. Elle y gagne peut être au change, mais ça doit pas être la joie chez les Gaunt là.»

je fermai un instant les yeux, un sourire flottant sur mes lèvres tuméfiées, la tempe posée sur l'épaule de mon frère. « Oh j'aurais sans doute balancé deux trois commentaires et maman m'aurait fusillé des yeux. Ces soirées sont déjà ennuyantes comme pas possible, pour une fois que quelque chose s'y passe, je le manque. C'est con. » Mais je ne le regrettais pas. Pas même une seule seconde en fait.  

ft. Damian

The flight of the dragon

J’ouvre la bouche et la referme et mon jumeau peut voir mes mâchoires se serrer de contrariété quand il me met face aux ambitions de nos parents qui ne sont pas forcément les nôtres. « C’est notre devoir… » Il le sait aussi bien que moi, papa et maman ne s’en sont jamais cachés et on a été élevés dans le but de faire une belle carrière et de perpétrer notre nom. De le glorifier encore et encore. C’est ainsi. La pureté de la lignée a un prix. J’en ai conscience. Je pensais que Keith aussi. J’avais tort. « Je ne doute pas que tu seras redoutable… » Je commente d’une voix un peu éteinte, bien que je pense vraiment ce que je dis. Et la preuve, c’est qu’il me renvoie mes arguments en pleine tête. J’ai conscience qu’ils sont bien faibles. Mais c’est comme ça. « C’est pas naturel. » Je réplique en ronchonnant. Et parce que je ne veux pas me disputer avec lui maintenant, je n’évoque pas le fait qu’en plus c’est avec Mara… Lui, je m’en occupe plus tard. Mais je dois avouer que c’est parce qu’on est jumeaux que je n’ai aucun mal à le tenir dans mes bras sans qu’une mauvaise pensée ne me vienne. Sans liens du sang… je serais beaucoup moins serein.

Je lui assure pourtant que malgré la colère ou la rancœur… Ben tout est balayé par l’amour qui nous lie et qui ne saurait être tari finalement. C’est la première fois qu’on se déchire de façon aussi violente, pour quelque chose qui ne soit pas aussi futile que des différences de goûts ou d’opinion… Enfin, si, encore une fois, nous nous démarquons l’un de l’autre, mais cette fois c’est vraiment important. Et cette fois, il est dans une mauvaise posture alors que nos parents sont terriblement déçus. Que papa est en colère contre lui. Et va le rester si il ne rentre pas dans le moule. Mais on va partir à l’école, ça tassera un peu les choses… N’est-ce pas ? Loin de l’ire paternelle, ce sera peut-être mieux.

Je me contente de hocher la tête quand il me dit que je suis là maintenant. Oui. Je ne dis pas que je vais le soutenir dans le chemin qu’il a emprunté, si j’arrive à lui ouvrir les yeux, ce sera mieux, mais je ne vais pas me séparer de lui. Ni m’élever contre lui. « Bah, j’ai découché. Mais au moins les parents savaient où j’étais et avec qui. » Petite pique gratuite oui. Je m’abstiens cependant de lui dire qu’heureusement que Bella était là durant son absence, cela m’a évité de broyer du noir en continu en attendant qu’il daigne rentrer de ses petites vacances improvisées. Mais je savoure trop ce moment de retrouvailles avec Keith pour enclencher une bagarre avec lui… Cela fait longtemps que nous n’avons pas été aussi proches… Il a fallu que je manque de le perdre pour me rapprocher de nouveau de lui… C’est risible.

Je lui parle alors de ce qu’il a manqué à la petite fête des Gaunt. Son côté gossip aurait adoré ça. « Ah évidemment, tu as lu ça… » J’ai un sourire un peu plus sincère. « Ils étaient pas trop au courant qu’ils étaient fiancés surtout… Franchement, faut être con pour annoncer ça devant une telle assemblée sans informer les intéressés… Ou être vraiment très confiants et penser que ses enfants obéissent au doigt et à l’œil… » Je hausse les épaules : « Je pense pas que Selwyn ai eu le temps de préparer quoique ce soit vu comment ça s’est passé. » Et je pousse un soupir un peu dépité. « Ouais, ta verve a manqué. J’adore tes commentaires. Ils sont toujours bien sentis et ça rend maman folle. » J’ai un léger rire, avant d’écarter un peu Keith de moi et de saisir son menton entre mes doigts délicatement pour regarder sa joue. « Il ne t’a pas loupé… » Je prends ma baguette et lance un sortilège pour résorber l’hématome qui commence à se former. Même si peut-être que papa aurait eu des remords à voir son fils mal en point. « Ca fait combien de temps qu’on ne s’est pas retrouvés seuls comme ça… A parler vraiment ? » Même si on ne parle pas de Mara. Ce sujet flotte, mais pour moi, il est encore tabou et je ne saurais être… posé. Et Keith doit s’en douter.

ft. Keith

The flight of the dragon

Notre devoir...ah oui, j'oubliais. Mais et si je n'en voulais pas moi de ce devoir hein ? Pourquoi devrais je accomplir les désirs de mes parents et ignorer les miens ? Pourquoi devrais je imposer ça a mes propres enfants par la suite ? Bon, là, la question ne se posait plus mais le raisonnement était là. Je sais que je heurte mon jumeau en parlant ainsi, je le vois a la ligne durcie de sa mâchoire. Lui est fier de ce qu'il est. Moi aussi quelque part, mais ce n'est pas pour autant que je me sens supérieur aux autres et je crois que c'est là une différence énorme.  Oui, je suis fier d'être sang pur mais je ne me pense pas meilleur qu'un né moldus. « Notre devoir et leur ambition. J'ai assez de la mienne a combler et pas besoin de leur soutien pour ça. » murmurais je doucement presque en m'excusant de ne pas penser comme lui. Et il n'y avait pas de doute que je me ferais mon propre nom d'une façon ou d'une autre. Qu'il soit synonyme de honte ou pas pour ma famille sera sans doute plus difficile a savoir. Cela dit mon frère n'acceptait pas vraiment mon orientation, je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, même si je lui renvoyais sa phrase et sourit un peu a la réponse. Je gardai le silence. Il n'y avait rien a argumenter et, honnêtement, j'étais trop éreinté pour le faire. Mon cœur était épuisé et pour le moment, je préférais le retrouver lui. Rien d'autre n'avait d'importance dans l'instant.

Je ne sais pas a quel point il se fait des illusions sur papa, mais moi, j'ai bien vu son regard. Tant que je ne serais pas redevenu un fiston bien obéissant, je ne serais plus son fils et je ne voulais pas dénier ce que j'étais pour avoir son approbation ou même son affection. Un amour comme ça, je n'en voulais pas. Damian m'aimait, même en colère, même contre moi, ça, ça ne changeait pas et là, j'avais besoin que de ça, c'était suffisant pour moi. Ainsi il m'apprit où lui avait fuit le Manoir. Je n'étais pas plus étonné que ça d'ailleurs, mais il ne craignait rien des parents. J'eus une petite grimace a sa pique. « Touché. » c'était mérité. J'étais parti comme un voleur et sans prévenir personne sauf lui. Il avait du se débrouiller pour me couvrir malgré tout, c'était pas très...sympa de ma part. Blotti contre lui, j'ai l'impression que même plongée dans un marasme infernal, ma vie reprenait sa place sur ses rails et c'était apaisant. J'aurais sans doute beaucoup de choses a penser et a réfléchir plus tard, mais là, je n'en avais pas besoin. Je voulais juste me ressourcer a sa présence.

La mention de ce fameux nouvel an chez les Gaunt allégea l'atmosphère et j'eus un rire étouffé. « Un coup pareil, ça se passe rarement bien tu sais. Et Heather n'est pas spécialement une fille très...obeissante, enfin de ce que je vois a l'école, elle est plus du calibre pétasse royale que gentille fifille a papa. Quant a Nick, j'imagine même pas la tronche qu'il a dût faire. Maintenant que j'y pense, il ne m'en a pas parlé, donc il ne devait pas être au courant. Ca fout en l'air mon hypothèse du coup. » Mon rire se fit plus affirmer a la suite. « Oh ça...je l'ai déjà mise parfois bien mal à l'aise mais bon, c'est plus fort que moi. » Puis je le sentis bouger pour m’attraper le visage, pas trop fort pour ne pas me faire plus mal que ce que je ressentais déjà. La douleur c'était un peu atténuée mais bon, je la sentais toujours. Demain j'aurais un beau bleu si...Ah ben non en fait. « Ouais, il a une bonne détente. » ironisais je tandis qu'il me soignait d'un coup de baguette magique. Je soupirai de soulagement lorsque la douleur s'envola. J'aurais eu du mal a expliqué ça a Mara. Quoique si Damian ne m'avait pas soigné, je l'aurais fait moi même. « Longtemps. Très longtemps. » fis je dans un souffle en reposant ma tête sur son épaule. Oui très longtemps, mais en même temps, on en avait rarement eu besoin. Il y a sans doute beaucoup de choses que j'aimerais lui dire mais je m'abstiens. Je ne parlerais jamais de Mara avec lui. C'était regrettable mais...Tant pis. C'était comme ça. « Comment ça va avec Bella du coup ? »   

ft. Damian

The flight of the dragon

Je soupire lourdement. Ce débat avec Keith est stérile. Je ne pensais vraiment pas que ce serait lui, le mouton noir… Qu’il serait celui qui s’élève contre l’ordre établi, qu’il se rebellerait contre la voie toute tracée qui s’ouvre à nous depuis toujours. Nous avons des privilèges, du prestige, de l’argent, mais cela a un coût : l’obéissance. Et Keith vient de tout envoyer en l’air, ne supportant plus d’endosser un rôle taillé pour lui mais dans lequel il ne se retrouve pas… Et je n’arriverais pas à le raisonner, je le sais déjà. Nous sommes têtus tous les deux et je pense qu’il l’est même davantage que moi encore. Mais Père est inflexible. Nos parents ont eu de la chance, nous ne nous sommes jamais vraiment élevés contre eux. Nous avons été des enfants turbulents, mais comme tous les enfants. Jamais difficiles ou désobéissants… La désillusion doit être d’autant plus violente pour eux de voir que Keith a complètement dévié de leur enseignement. Est-ce qu’ils se demandent ce qu’ils ont pu louper pendant toutes ces années pour qu’il en arrive à aimer les hommes ? C’est possible… Et comment est-ce que j’ai pu e rien voir moi-même ? Qu’il ne soit pas un séducteur, passe encore… Mais que jamais il ne me parle d’une fille qui l’intéressait ou qu’il trouvait jolie… Ca aurait du me mettre la puce à l’oreille. Mais je n’ai pas voulu voir. Ni comprendre. Même quand il essayait… Ah… Maintenant, certaines conversations m’apparaissent bien plus limpides.

En plus, les parents ont passé les vacances sans leurs fils… De quoi les agacer. Au moins, ils savaient que j’étais chez Bella. Ce qui a ravi maman. Papa un peu moins. Attention aux rumeurs, la réputation, blablabla. Pas comme si j’avais été seul chez elle tout le temps. Sa mère était là, ses sœurs aussi, donc… Ca va. Et Bella n’est plus vierge depuis longtemps et sans que ce soit de mon fait. Mais ça, ils ne sont pas obligés de le savoir. Enfin, cela les a énervé un peu. Moins que la fugue de mon frère, bien évidemment. Fugue à laquelle j’ai du trouver une excuse. Sauf que là, papa va se douter que j’ai menti. Soit par ignorance, soit par complicité. Je me débrouillerais.

Je change de sujet, pour évoquer le nouvel an. Je pourrais discuter des heures comme ça, avec juste lui à côté de moi, contre moi. Sauf que je sais que nous n’avons pas des heures. Je sais que le moment où nous nous retrouverons sels tous les deux n’est plus prêt d’arriver. Même à Poudlard, c’est compliqué, alors que nous sommes dans la masse des étudiants. Alors je bavarde. Ce n’est pas forcément moi le plus bavard des deux, mais je ressens l’urgence du temps qui joue contre nous. Je commente les potins, j’y étais, alors que lui, en a eu vent dans les journaux. Mais quelle humiliation quand même. « Je ne suis pas sûr qu’elle relève tant la gueule que ça à la maison. » Entre se donner un genre à l’école et vivre chez soi, il y a un gouffre parfois. Mais je ne la connais pas assez pour en être certain ou contredire Keith. J’avoue que ses piques et son esprit m’ont manqué à ce moment là.

Chagriné par la marque sur sa joue, je finis par m’en occuper. Heureusement que Père ne nous a jamais frappé finalement… Nous n’en serions pas ressortis indemnes. J’ignorais qu’il avait une telle force. Sans doute la colère et l’amertume. Moi-même j’avais eu envie de le frapper, mais j’avais préféré le mur que de passer mes nerfs sur mon jumeau. Je lui fais remarquer que ça fait longtemps qu’on ne s’est pas parlés ainsi. Je regrette de ne pas pouvoir lui permettre de parler librement de sa sexualité ou de son mec, mais c’est trop pour moi. Je l’accueille contre moi et passe une main dans ses cheveux si semblables aux miens. Il me demande ce qu’il se passe avec Bella. « Plutôt bien. Disons qu’on a dépassé la simple relation… sexuelle. Il y a un peu plus que ça depuis quelques temps. » Un peu plus, mais quoi ? Je n’ose pas poser de mots dessus. Cela n’a pas d’importance. « Elle est plus douce et prévenante. Même si elle continue à être provocatrice, il y a des moments où elle montre une autre facette. Peut-être que c’est celle que tu connais. »

ft. Keith

The flight of the dragon

Non, il ne servait a rien de débattre. Sur certains points, Damian et moi serions en désaccord. C'était...une situation inédite a plus d'un titre mais...Comme il pouvait accepter mes points de vue, pas les approuver mais faire avec plutôt, je devais faire pareil. Je ne serais jamais le bon fils obéissant. Lui non plus dans un sens, mais le hasard l'avait poussé sur le bon chemin. Moi, sur un autre. C'était comme ça, mais pour autant...Même si nos chemins divergent, en quoi devrions nous faire une croix l'un sur l'autre ? Il n'en était pas question. Pas pour moi du moins. Mon jumeau était mon jumeau, qu'il pense différemment, qu'il agisse différemment ne changerait pas ce fait. C'était peut être ce qui m'avait le plus déçu de nos parents. Jugé, condamné, comme ça, aussi facilement. Peut être que Damian avait raison et que le temps ferait son œuvre comme pour nous, mais j'avais beaucoup moins d'espoir.

Tant qu'il était là pour moi, je pouvais tout accepter ou presque. Presque parce que même pour lui, je ne quitterais pas Mara...Et il devait le savoir puisqu'il ne me l'avait pas demandé. Il finit par me serrer contre lui, comme avant. Quand nous n'avions que 5 ou 6 ans et que notre monde se résumait a lui et moi. Rien d'autre. Il rejeta au loin le fiasco de cette soirée en parlant d'une autre, celle du nouvelle an qu'il avait passé chez les Gaunt. Soirée tumultueuse d'ailleurs si on croyait les journaux ou les rumeurs. Marrant, j'aurais pas vu la Gaunt faire ce genre de truc. Ni le Gimhae d'ailleurs mais après...Je pense que c'était quelque chose que je pouvais comprendre. « Balancer que les Asiatiques commencent dangereusement a voler nos plus belle production n'aurait pas été du plus bel effet pour maman je crois, mais je crois que je l'aurais sortit. Quoique belle production...c'est relatif. » marmonnais je quand il remarqua que Heather devait moins faire la maline chez elle. Ouais peut être, je ne la connaissais pas assez pour le dire. Finalement, il me soigna rapidement et je lui en fut reconnaissant, Ca m'aurait laissé une belle marque. Mara ne l'aurait pas manqué et je préférais qu'il...Enfin qu'il n'en sache pas trop, pas après...Enfin pour le moment je ne savais même pas ce qui m'attendait. Je savais juste que notre père était assez en colère pour lever la main sur moi et ce n'était pas quelque chose...enfin c'était la première fois et il n'y avait été de main morte.

Finalement, épuisé par tout ça, je posai ma tête sur l'épaule de mon frère. C'était mon seul repère dans cette tempête que j'avais pourtant moi même provoqué. Mais avais je le choix ? Si pouvait tricher, mentir mais pas obligé Mara a vivre dans l'ombre juste par une crainte pathétique. Il ne méritait pas ça. Il méritait que j'assume ce qui nous liait, ni plus, ni moins. C'était juste...triste que je ne puisse pas le faire sans dégâts. Profitant de notre intimité, mettant sous silence ce qui nous travaillaient vraiment, je l'interrogeais sur Bella et sa réponse me fit rire. « Oui sans doute, elle n'a jamais eu besoin de me défier. Je ne dis pas qu'elle est plus sincère mais...Me provoquer ne lui servait a rien alors pourquoi se fatiguer a le faire ? » répondis je avec du rire dans la voix. Et puis, il n'y avait aucune tension sexuelle entre Bella et moi, ça jouait peut être. Puis mon regard s'assombrit un peu. « Je ne vais pas te dire ce que tu as a faire...juste...Fais attention a toi d'accord ? » Parce que je ne savais pas comment allait se comporter nos parents avec lui maintenant que moi, j'avais failli... Et je ne voulais pas qu'il en pâtisse plus que nécessaire. Vraiment pas.

ft. Damian

The flight of the dragon

Je jette un regard incisif à Keith à sa remarque sur les asiatiques qui volent les belles productions anglaises. Parce que j’ai très envie de lui répliquer vertement que son Mara ne se gêne pas pour ça et le foutre dans la merde. Mais je me retiens. Le moment est précieux après ces derniers jours à ne plus nous parler. Je veux juste profiter de lui, de sa conversation, de son esprit. C’est tout. Cela m’adoucit considérablement d’ailleurs. Il m’a manqué au-delà des mots. J’espère que cela a été le cas aussi pour lui, quelque part. Je pense que oui… J’espère ne jamais passer après quelqu’un d‘autre dans sa vie et son cœur. Je sais qu’il restera toujours le premier dans le mien, même si je ne suis pas doué pour lui dire. Rien qu’imaginer que quelqu’un comme Mara puisse me détrôner me donne envie de vomir tout simplement. Keith me parle de Bella, de notre relation et je réponds tranquillement à ce sujet, ne sachant pas vraiment mettre de mots sur ce qui nous lie. « Elle n’a jamais eu une attitude séductrice avec toi. » Keith ne l’a jamais intéressée. Est-ce que les femmes ont un sixième sens pour ce genre de chose ? Peut-être…

Je soupire quand il ajoute avec une certaine hésitation que je devrais faire attention. « Ouais… On dirait que les choses vont changer et pas en bien. » Que ce soit pour lui ou pour moi. Est-ce qu’ils ont l’espoir que Keith revienne dans le droit chemin en lui mettant la pression ? Probablement. Est-ce qu’ils vont davantage s’intéresser à moi et mes fréquentations en voyant en moi leur seul héritier parce que Keith a failli ? Très probablement… Ca fait chier franchement. Maman était déjà pressante avec ça, mais ça ne va pas s’arranger. « Mais je peux compter sur mon brillant petit frère pour ne pas m’abandonner dans ces moments là, hein ? » Je le dis en plaisantant, mais j’espère quand même pouvoir compter sur lui si ça devient vraiment invivable pour moi aussi. D’une autre façon bien sûr, mais Keith a du recul et sait se montrer avis et faire des pirouettes pour détourner l’attention parfois.

Mais pas cette fois.

Pas pour lui. Pas en lâchant une nouvelle aussi violente, bien entendu. Je le serre de nouveau contre moi, conscient que le temps s’est écoulé, alors que j’entends nos noms appelés. Mince. « Ca va aller. » Non, sans doute pas, mais je me force à sourire alors que je sors de notre cachette en lui prenant la main, conscient que nous ne nous reverrons qu’en rentrant à Poudlard.

ft. Keith