Il y a un proverbe qui disait souvent que l’arroseur pouvait se faire arroser... Eh bien, ce ne fut jamais aussi vrai qu’il y a quelques jours. Non sans compter le fait que tu avais fini par en avoir assez... Le début d’année avait été calme, mais le retour des vilaines habitudes vint à ressurgir. Thomas avait sûrement conscience que c’était sa dernière année ici... et qu’il fallait donc en profiter pour t’enquiquiner comme il se doit. Une routine s’était installée, il te terrorisait, te faisait peur, pouvait aussi t’humilier avec des propos... mais jamais sous le nez d’autrui. Tout était effectué dans le secret sans que personne n’ait conscience de ce que tu vivais. C’était à la fois troublant et désagréable... dans un sens, cela t’arrangeait aussi... Passer pour la petite victime ne te plaisait pas du tout. Il était donc pas plus mal que cela reste... discret.

Sauf que cette fois, tu avais décidé de frapper fort. Habituellement, tu te contentais d’ignorer, de fuir ou encore même de faire semblant que cela te laissait indifférente... Là, tu avais fait quelque chose... de dangereux. Sûrement inspirée par Matt, tu avais mis quelque chose dans le verre de Thomas. Quelque chose d’assez discret pour qu’il ne remarque pas... Il avait donc englouti ce jus de citrouille avec insouciance... et les trois prochains jours pour lui furent sûrement très désagréable, de l’urticaire cutanée au niveau des cuisses et du postérieur... S’asseoir ainsi que marcher devait être un supplice ? Le moindre contact avec un tissu quel qu'il soit... lui provoquait des démangeaisons dignes de vouloir s’arracher la peau. Ceci était ta vengeance. Minimaliste et courte dans la durée mais tu en étais plutôt fière. C'était le début de la fin selon toi.

Ainsi... tu t’étais levée aux alentours de quatre heures trente du matin... Profitant d’un pass-droit que tu avais obtenu par ton oncle pour aller t’occuper des plantes matinales, tu avais enfilé une robe pour une fois. Assez résistante au froid, tu profitais de ta solitude pour être plus à l’aise dans cette tenue et la serre avait une température suffisamment agréable pour t’éviter une hypothermie. Retirant ta veste, tu la posais sur l’un des portes manteaux en te mettant à genoux et commençant à vérifier l’état de la terre et de certaines plantes plus discrètes. Evidemment, tu ne voyais pas les heures passées, de toute évidence... personne n’allait venir aujourd’hui. Un dimanche, il y avait peu de chance. Marmonnant à l’une des plantes.
 
« Il va falloir lubrifier tes racines avant de les renfoncer... Tu es vraiment têtue toi... »

Oui, tu parlais à tes plantes... Pour toi, elle n’était peut être pas semblable à des êtres humains, mais elles méritaient tout autant de considération... restant donc dans ses postures, tu avais tes gants puis, tu enfonçais tes mains dans la terre, heureusement pour toi, il n’y avait pas âme qui vive pour être témoin de cette posture assez... douteuse. L’avantage d’avoir une option boudée par la majeure partie des étudiants !  

Avais-tu entendu ne serait-ce que les bruits de pas du tortionnaire qui se trouvait derrière toi ? Absolument pas, le visage bien plus proche des racines de ta plante exotique, tu grommelais en te redressant légèrement, un soupir s’échappant de tes lippes tandis que tu constatais que celle-ci semblait être bien plus dissidente que les autres. Il faudrait que tu en parles à Matt ou à ton oncle pour trouver une solution, car à ce stade... la plante allait finir par mourir. Ce serait à la fois laborieux pour en refaire pousser mais aussi une perte de temps colossale...

Alors que tu étais en train de te redresser, tu entendis la voix de Thomas. Un tressaillement survint suivi de près d’un frisson qui parcourut l’intégralité de ton échine. Ton corps se tendit, plus rigide qu’un fil de fer, tu ne bougeais plus. Puis après quelques secondes, tu tournais finalement la tête, pouvant ainsi observer ce sourire moqueur qu’était le sien... Mordillant ta lippe inférieure, tu riais nerveusement avant de te retourner complètement pour lui faire face.

« Quelle attention au juste ? Tu as été incommodé d’une quelconque façon dernièrement pour m’accuser de quelque chose ? J’ai cru entendre parler d’une course rapide à l’infirmerie. L’infirmière est venue nous demander une plante contre les démangeaisons cutanées en prenant en compte la peau sensible. C'était pour toi ? »
 
Jouer l’ignorante pouvait être facile mais le léger rictus qui s’étirait au coin de ta lèvre était le symbole même de ta culpabilité. Oui, c’était toi l’initiatrice de cette vengeance et tu n’avais au regret... Par ailleurs, tu replaçais ta robe comme il se doit afin de faire preuve de pudeur car tu n’avais envisagé qu’il vienne aussi tôt et surtout pas un dimanche...

« As-tu même des preuves attestant de ma culpabilité, hormis des spéculations sans fondement ? Il est vrai que les grandes familles de sang-pur sont très douées pour hurler une réputation qu’il ne possède pas, tu dois être du même moule. »

Mentir était une seconde nature pour lui. Mais toi de ton côté, tu attendais qu’il te prouve ouvertement que tu étais fautive. Tu avais fait en sorte d’être très discrète. La plante en question avait été trouvé dans la forêt, tu n’avais aucun échantillon ici ou dans ta chambre..

« Et sincèrement... as-tu vraiment besoin que je m’en prenne à toi pour venir ici ? Il s’agit de la dixième année que nous entamons à nous connaître. Tes excuses perdent de leur saveur. Accepte simplement que tu adores venir ici pour me “torturer”. »

Cherchais-tu les problèmes ? Non. Tu avais simplement envie de lui faire ravaler son sourire à ce grand sorcier pédant à souhait. T’asseyant finalement au sol avant qu’il ne se décide à te faire basculer, tu te mettais en tailleur en le toisant du regard. Attendant de voir s’il allait réagir ou fuir... De toute évidence, tu n'étais pas dans sa tête et malgré ces années à être en sa présence, tu ne le comprenais toujours pas...

Bien sûr que tu étais coupable et évidemment que tu avais conscience des représailles qui allaient suivre. Mais de là à lui offrir la satisfaction d’admettre ta culpabilité ? Jamais. Ton corps parlait de lui-même mais visiblement, cela ne semblait pas le déranger. Au contraire, il se délectait de ça. Pourtant... ça n’avait pas dû être agréable comme sensation... C’était fourbe et très vil de ta part de lui offrir une torture cutanée mais... Il l’avait bien cherché. Manquant de lever les yeux au ciel alors qu’il te disait que ton visage était bien trop expressif pour que le mensonge puisse passer, tu riais jaune en soufflant, ses iris bien trop près des tiennes... Cette relation avec lui était troublante... il t’effrayait assurément, il te mettait à mal. Tu ressentais cette pression dans la poitrine, ce nœud dans l’estomac dès que tu le voyais... ou plutôt dès qu’il usait de ses dons pour te faire peur...  

Toutefois quand il vint à se saisir de l’ustensile contendant tes pupilles se dilatèrent et l’on pouvait voir le choc quand celui-ci vint à s’abattre beaucoup trop près de la plante que tu essayais de soigner... Ton cœur loupant un battement alors que tu te saisissais de son poignet pour le faire stopper tout mouvement, le défiant du regard avec une amertume bien présente.

« Ne fais pas de promesse que tu ne pourrais pas tenir. Même si j’étais restée aussi sage qu’une image, tu ne m’aurais jamais laissé en paix. Mais bien évidemment, tu pourrais laisser planer l’illusion que oui. Et désolé de te décevoir, ce n’est pas en détruisant une plante de l’école que tu la rendras mémorable. Tu t’es déjà amusée à nos débuts, ça ne m’atteint plus. »

Voilà qu’il te demandait si tu allais lui manquer... Hm... étais-tu vraiment capable de répondre à cette question ? Tu ne saurais le dire. Intérieurement, tu étais partagée. Oui, tu aurais la paix. Mais... disons le... même si c’était une forme d’harcèlement, tes journées étaient bien plus rythmées quand il faisait une petite apparition sauvage.  
Secouant la tête, tu pinçais l’arête de ton nez avant de lui dire d’un ton un peu venimeux mais surtout presque provoquant.

« Pour qu’un manque se fasse, faudrait il que la personne en question ait fait quelque chose de véritablement marquant. Mis à part tes petits pitreries puériles de l’époque ou encore tes menaces en l’air... Tu n’as pas suscité grand-chose chez moi, tout comme je sais pertinemment que je ne suis qu’une distraction passagère.»

Passagère... tu avais une forme de déni malgré tout, presque dix ans à venir te chercher des noises... C’était tout de même plus long qu’une relation conjugale. Mais ça, tu te garderais de le dire car tu te fourvoyais pleinement sur ce qui était entre toi et lui, tu ne le comprenais pas, tu n’arrivais pas à le cerner.
Serrant un peu plus son poignet, tu le fixais un peu plus avant de dire avec une voix qui se voulait sévère et menaçante même si à cet instant, tu n’étais pas particulièrement crédible.

« Tu es tout comme ton patronus. Un serpent sans venin, tu es aussi dangereux qu’une faucheuse au plafond. Alors arrête de te donner tes grands airs, tu ne me fais plus peur. J’ai appris à m’immuniser contre toi et ta fourberie. »

Mensonge éhonté, tu n’étais pas sereine dans tes propos mais tu parvenais à le cacher. Ton visage n’était qu’à quelques centimètres du sien pour attester de ton semblant de fierté, puis tu avais placé ta main sur son plexus pour le pousser ou du moins essayer. De toute évidence... c’était déjà un combat perdu d’avance mais tu allais lui montrer que tu avais toi aussi de la fierté.

« Le temps passe vite, Thomas... Il ne reste que six mois avant la fin de l’année... Tic, tac, tic, tac... tu dois te sentir bien heureux de quitter cette école pour enfin briller en société. Tu te trouveras assurément une bonne poule pondeuse avec assez d’argent et de réputation pour tenter de redorer ton blason familial souillé par l’incompétence parental. Un poids si lourd sur tes épaules... pauvre petit chou, je devrais te plaindre ? Tu veux un câlin ? »

Ton nez pouvait presque toucher le sien, tu lui avais dis cette réplique en le regardant droit dans les yeux. La réaction allait sûrement être viscérale...

Certes, il marquait un point concernant le fait que tu avais tenté de l’arrêter. Oui, ça t’ennuierait de devoir jeter une plante auquelle tu avais travaillé pendant plus de cinq ans... Mais soit, tu n’avais pas été la seule à t’en occuper, c’était davantage pour les autres que pour toi. Si tes efforts étaient les seuls impactés, tu ne saurais pas aussi viscérale pour défendre cette malheureuse plante.
Par ailleurs... tu t’étais laissée emportée par tes émotions, les paroles se voulant blessantes et fusantes pour essayant de lui faire avoir une quelconque réaction... Mais... ce qu’il te balançait en pleine figure concernant tes deux relations pitoyables... tu ne parvins absolument pas à contenir une grimace à cette remarque, il attaquait sur un front plus que vicieux... Mais il n’avait pas tort.

« Je ne vois pas le rapport avec mes relations amoureuses désastreuses, je suis supposée voir un lien dans ces allégations ? »

Pour toi, ce n’était pas un manque de logique, il n’était pas dans le faux... Il était l’un des seuls hommes, sans compter tes amis, à toujours revenir vers toi. Mais là n’était pas la question ! Il t’avait mis hors de toi et il était parvenu à arriver à un stade où tu avais déversé toute ta verve, tentant délibéremment de le blesser ou le faire se sentir mal. Mais à la place de ça ?... Tu vis son sourire s’étirer, ses iris changer. Le malaise dans ta poitrine venant te harponner la cage thoraccique. Oh... tu t’y attendais... tu savais qu’il allait se transformer en serpent pour te faire paniquer et te mettre à mal... C’était devenu une habitude... Sa langue se sciendant en deux pour devenir bifide, tu fis une grimace avant de dire.

« N-non c’est bon, j’ai... »

Ta phrase n’eut absolument pas le temps d’être terminé. Tu sentis ses phalanges empoigner ta chevelure rousse, te poussant jusqu’à lui, tes lippes se liant aux siennes... Les yeux écarquillés et totalement figée sur le coup, tu te disais qu’il n’allait pas oser quand même... si ? Oh par la Sainte Morgane... tu sentis sa langue se frayer un chemin et venir à la rencontre de la tienne, ta main agrippant sa chemise par instinct et... tu étais incapable de décrire ce qui se passait dans ta tête. Fermant les yeux afin de ne plus voir ses iris serpentines, tu sentais ton cœur tambouriner ta poitrine... la chaleur monter à tes joues... Bon, il était clair qu’on ne t’avait jamais volé un pareil baiser... tu étais presque choquée de... non, c’était forcément dans ta tête, tu ne pouvais pas réagir comme ça... Cela dura toutefois le temps qu’il jugeait bon... puisque tu ne savais plus comment réagir, le plus troublant fut surtout que tu ne restas pas statique...
Tournant la tête, quitte à ce qu’il t’arrache les cheveux, tu haletais, respirant rapidement alors que tu ouvrais les yeux de nouveau en le toisant d’un air à la fois choqué et rougissante.

« Je... je... »

Tu en perdais ton latin, tu étais troublée, tu te sentais bizarre... Le sorcier qui avait passé neuf longues années à te torturer “gentiment” venait franchir la barrière de tes lèvres... certes, ce n’était qu’un baiser... ce n’était rien du tout pour le commun des sorciers. Tu te mis à rire jaune alors que tu détournais le regard. Ta gorge était presque sèche, tu sentais que ton cœur continuait à battre rapidement.

« Tu as eu la réaction que tu voulais ? Ou te voilà déçu ?... »

Ta tête tournait... tu étais comme prise de vertige. Bon clairement, cela ne t’avait jamais fait un effet pareil. C’était presque douloureux dans ta poitrine... tu sentais tes phalanges et tes cuisses trembler. Mais ce qui te troublait le plus, était que la cause n’était pas dû à la peur... Tes iris vertes brillant d’une lueur que tu essayais de camoufler en fixant le sol. Il avait sûrement eu une réaction qu’il désirait ou auquel il s’attendait. Bon s’il s’attendait à une gifle... ta main te démangeait... mais tu n’étais pas violente...  

« Me croyais-tu si prude que ça ?... Ce serait plutôt à moi d’être déçue. »

Il avait peut être eu son lot d’amusement... mais tu sentais encore ce muscle bifide se jouer tes muqueuses... Ce qui te procurait un frisson qui te fit tressaillir... Ce qui te dégoûtait intérieurement, c’était que la chose avait été bien loin d’être désagréable...

Il y avait assurément un nombre incalculable de réaction qui aurait pu être plus adapté que celle-ci. Mais tu avais été prise au dépourvu et il était clair que tu ne t’attendais véritablement pas à ce qu’il ose franchir cette barrière. En un sens, cela ne voulait rien dire pour lui, il ne faisait que s’amuser et chercher comment te pousser un peu plus à bout. Tu le savais au plus profond de toi mais tu n’avais pas pu contrôler tes réactions. Les émotions s’étaient avérés bien trop vives pour que tu puisses les tempérer. Par ailleurs, il semblait lui-même avoir été surpris par ta réaction. Était-ce un avantage pour toi ? Tu ne saurais le dire...

Par ailleurs, ton regard s’était perdu au loin pour tenter de fuir le sien qui visiblement n’était pas satisfait d’être ignoré. Tu sentis la pression de ses doigts sur ton menton afin de te contraindre à lui faire face. Tes iris claires se plongeant dans les siennes plus sombres alors qu’il te demandait d’être plus crédible dans tes propos. Tant d’insultes fusaient dans ton esprit... Ce rictus etayant l’état de pur plaisir malsain dont il était maître. Il s’éloignait finalement, tu secouais la tête avant de rire nerveusement. Relevant un peu plus la tête avant de te redresser comme il se doit, démontrant que tu n’allais pas te défiler.

« Cette question continuera de planer dans ton esprit. A l’évidence, si tu avais désiré tirer quelque chose de mon corps, tu l’aurais fait depuis longtemps, ce qui atteste que tu tentes davantage de me troubler que de me provoquer véritablement.»

Un autre rire jaune s’échappait de tes lèvres alors que tu passais ton index et ton majeur sur tes lippes qui avaient connus l’affront d’être souillée par ses actions. Un soupir franchissant la barrière de tes lippes alors que tu essayais de te ressaisir. Le rose teintant encore tes joues, tu replaçais les boucles qu’il avait empoigné avant de dire d’un ton un peu moqueur sur ce point.

« Sincèrement, Thomas... Veux-tu arrêter de jouer la comédie ? Tu n’en feras rien de cette haine, tu t’en délectes allègrement sans jamais agir pleinement. Pour la simple et bonne raison que tu es trop fier pour t’abaisser à ça. Ton orgueil est disproportionné et te forcer à faire quelque chose dont tu n’aurais pas envie, ne t’irait pas. Le fait est que tu as prouvé pendant ces longues années que peu de gens suscitait quelque chose chez toi. Je te suis inutile, je n’ai ni fortune, ni réputation qui pourrait t’apporter quelque chose de concret. La seule chose qui te plait chez moi... c’est mon absence complète d’intérêt.  »

Pouffant de rire, tu étais bien amusée et dégoutée malgré tout... La seule chose que tu suscitais chez lui, c’était cette capacité à ne rien lui apporter. Qui serait ravi d’une telle vérité ? Pour ta part, tu ne l’étais pas. Lui tournant donc le dos afin de reprendre l’ustencile qu’il avait tenté d’utiliser pour te faire pression, tu époussetais ta robe avant de replacer la bèche comme il faut dans le présentoir dédié.

« Mais tu as raison sur un point... Une vérité bien amère mais tu es effectivement ma relation la plus longue. Dommage que celle-ci soit jonché d’inconvénients et de désagréments. Finalement, tu ne vaux véritablement pas mieux que mes ex. Comme quoi... vous êtes tous les mêmes. Une pomme acide ne devient pas sucrée avec le temps. »

En un sens, attendre quelque chose des autres était toujours une mauvaise idée, car on finissait toujours par être déçue. Heureusement pour toi, tu n’avais jamais eu aucune attente le concernant... tu cherchais juste à le titiller mais tu te doutais que tes mots allaient glisser sur lui et que rien ne l’atteindrait.
Restant dos à lui, tu ne daignais pas le regarder, tu n’avais pas envie qu’il continue de voir l’effet inattendu qu’il avait eu sur ton corps, toi-même tu étais presque écoeurée par cela... Mentalement, tu étais en train de te hair, autant que tu le haissais lui. Malheureusement, tu ne connaissais que trop bien la barrière entre la haine et une autre émotion...

« Je te remercie, tu viens de répondre à une question existencielle que j’ai depuis plusieurs années. A savoir que même les personnes se voulant authentiques finissent toujours pas se conformer au moule. Qui sait... peut être que tu aurais pu être différent, apparemment non. »

Le principe même de la frustration était douloureux... Le fait est que... tes mots étaient semblable à de la neige, celle-ci face à un corps brûlant ne pouvait que fondre puis glisser sur cette peau abrasive... te débattre, tenter de garder un semblant de fierté pour ne pas lui donner raison... Tout ceci était inutile et pourtant, tu tentais tant bien que mal. Mais... tu le faisais un peu trop désespérément... et visiblement, cette situation était semblable à ceux de sables mouvants... Plus tu te débattais et plus tu t’enlisais...
Par ailleurs... à défaut que tes mots l’atteignaient, ce furent les siens qui te percutèrent de plein fouet. Clignant des yeux quand il vint à parler d’agression sexuelle, tu eus du mal à cogiter quelques secondes. Puis... l’information montait dans ton esprit... Il avait donc déjà envisagé la possibilité ? Tu avais déjà suscité son intérêt autrement que pour de la torture psychologique ? Non... ce n’était pas possible. Cela n’avait pas de sens. Enfin... tu te souvins d’une mise en situation que t’avait expliqué ta mère... “Un garçon ne sachant pas comment montrer son intérêt, peut tenter d’attirer l’attention brusquement.” Figeant intérieurement à cette révélation mentale, tu riais nerveusement dans ton esprit alors que tu secouais la tête.

« Un accueil enthousiaste... A quel.. Moment... j’ai démontré le moindre enthousiasme face à toi ? Je n’ai jamais glapi de plaisir ou trépigné de joie en te voyant apparaître derrière moi que je sache. »

Oui, tu avais toujours été très expressive. Beaucoup de tes amis avaient pu le constater, quand on te faisait une surprise plaisante, tu avais tendance à sautiller légèrement et sourire de toutes tes dents. Mais quand c’était lui ? Tu figeais, tu te tendais... cela n’avait rien à voir. Rien du tout.  
Il démontait chacun de tes arguments avec une aisance qui te rendait presque impuissante. Ainsi, tu avais décidé de lui tourner le dos. Ne voulant plus affronter la vérité, ne voulant plus voir qu’il avait entièrement raison. Néanmoins... tu le sentis se glisser derrière toi, il t’effleurait de son corps. Pinçant tes lippes pour contenir toute réaction, tu pouvais sentir ses paroles s’écraser contre ton oreille... Des mots choquants mais si véridiques... Ravalant discrètement ta salive, tu sentais ton cœur tambouriner ta poitrine en fermant les yeux.

« Ne me poses pas des questions auxquelles tu ne voudrais pas connaître les réponses. Je ne te donnerais pas ce plaisir, Thomas. Je ne te donnerais pas ça... Tu ne me feras jamais dire quoi que ce soit à ce sujet. Tu sais que ma haine pour toi est viscérale, pas besoin d’étayer dessus... »

Cette pression dans ta poitrine, cette sensation à la fois suffoquante et désagréable d’être face à un destin que tu n’avais pas anticipé... Tu te rendais compte de ce que tu venais de faire... Tu avais conscience que l’ultime barrière venait d’abaisser à ses pieds. Tu étais face à un prédateur... et tu venais de lui jeter à la figure les arguments et réponses nécessaires pour que la traque soit plus sirupeuse et délectable. Quelle idiote...
Prenant une grande inspiration, tu eus toutefois un léger sourire... celui-ci s’étirait sur tes lèvres. Tu te retournais afin d’attraper le bas de son visage avec ta main pour qu’il te regarde droit dans les yeux une fois de plus, lui crachant ainsi ta dernière verve.

« Ne te plais pas trop à imaginer mon corps contre le tien. Il va sans dire que ni toi ni moi sommes prêt à jouer dans cette cour. Aussi implacable que tu peux être, tu as tes faiblesses également, ne m’obliges pas à tenter de les exploiter. Si tu es capable de me détruire, je peux t’entrainer dans ma chute. »

Si seulement tes propos pouvaient être aussi crédibles que ta détermination... le fait est que... tu étais déjà brisée. Il était parvenu à avoir une empreinte sur ta vie que tu n’aurais jamais suspecté.
Relâchant sa figure, tu posais tes mains sur son torse avant de le pousser pour te dégager de lui et ainsi te diriger vers les tables de travail.

« Je pense que tu as assez déversé de venin pour la matinée. J’ai du travail à faire, va donc siffler ailleurs... et délecte toi de ma détestation hebdomadaire. »

Le faire fuir, l'inviter à partir... tout moyen était bon pour tenter de le calmer lui ou plutôt de te tempérer toi... Tu avais peur, non... tu étais terrifiée par la porte que tu venais d'ouvrir. Tu savais que tu n'en ressortirais pas indemne mais lui... il s'agissait d'une belle promenade de santé...