Continuer d’aller en cours quoiqu’il ait pu se passer. Elle n’a pas le choix sinon les professeurs pourraient lui faire des reproches. Et elle compte continuer à apprendre. La connaissance est une quête très importante pour Zoé qui se teinte ces derniers temps d’une recherche de puissance. Elle est globalement une bonne élève car elle adore apprendre. Mais en ce moment, ce n’est plus pareil. La soirée d’Halloween l’a transformé ou en tout cas l’a plongé dans un état de déprime. Elle se replie sur elle-même évitant soigneusement tous ceux qu’elle apprécie. Elle mange assez peu et ses nuits sont remplies de cauchemars. Alors son état général est assez compliqué. Elle a beaucoup de mal à être à l’heure. Déjà parce qu’elle s’endort et aussi parce qu’elle cherche à éviter Anne, Albus et Rose. Alors, si elle n’est pas à l’heure, ils ne peuvent pas chercher à être en contact avec elle. Elle est ensuite la première à partir.

Elle met en place ce stratagème aussi pour le cours de métamorphose qui va avoir lieu. Elle adore cette matière et est une très bonne élève. Comme toutes les matières, elle a réussi à monter de EE à O en octobre. Elle arrive avec environ cinq minutes de retard au cours. Elle s’adresse au professeur en rentrant « Je m’excuse pour mon retard professeur » et elle file s’installer à une table toute seule. Elle rattrape rapidement le sujet du cours et comprend ce qu’ils vont étudiés aujourd’hui. Le professeur pose des questions comme ils le font tous mais Zoé reste silencieuse. Cela ne lui ressemble pas mais elle garde le silence. Elle griffonne juste sur un parchemin afin de noter les réponses qu’elle pense juste. Elle connaît bien sûr la famille des hiboux ainsi que leurs atouts. Le sort est évident mais elle se dit que d’autres élèves vont sûrement prendre la parole. Elle va pour une fois se contenter d’écouter leurs réponses. Elle ne peut pas tout le temps venir donner les bonnes réponses. C’est ainsi qu’elle se fait remarquer et qu’elle se retrouve ensorcelé à agresser un autre élève. Plus jamais cela ne doit se produire alors elle tente de se faire oublier.

La vie était devenue bien compliquée pour Albus depuis Halloween. Officiellement, il était en couple avec Zoé, mais dans la réalité des faits, elle ne lui parlait plus pour une raison mystérieuse. Il était arrivé au cours de métamorphose en se disant qu’il allait s’asseoir à-côté d’elle et qu’ils pourraient partager ce cours. Mais quand il était arrivé, elle n’était pas là, et elle n’était pas arrivée avant que le cours ne commence. Comme d’habitude, elle resta seule dans son coin. Il était triste et il ne savait pas pour quelle raison elle réagissait comme ça, mais il ne pouvait rien y faire.

Pour se changer les idées, il bûchait. Il étudiait les cours avant même qu’ils ne se fassent. Il gagnait des points pour sa maison à défaut de comprendre son couple. Ce n’était pas grand-chose mais cela contribuait à lui faire penser à autre chose. Quand le professeur commença à leur poser des questions, il ne se montra ni distrait ni inattentif et leva la main dès que le professeur eut fini de poser sa question. Il aurait pu réciter tout ce qu’il avait ingurgité mais il se contenta de répondre à une des questions, pour laisser les autres répondre s’ils le voulaient.

« Le sortilège est Strigiforma. »

Il jeta un œil à Zoé après sa réponse. Elle ne disait rien, silencieuse. Elle écoutait le cours, mais il n’était pas sûr qu’elle écoute vraiment. La situation avait l’air complètement retournée. D’ordinaire, Albus était dans la lune et Zoé récitait le manuel. Et cette fois, c’était elle qui avait l’air partout sauf dans le cours et lui qui était alerte et répondait aux questions. C’était comme si l’ordre du monde était changé et cela le perturbait. Mais il ne savait pas comment remettre les choses en place. Il n’était pas doué pour ça.

La situation était compliquée et pénible pour Anne. Que Zoé ait besoin d’être seule actuellement, elle pouvait l’admettre, et même le comprendre, mais sa relation avec Albus en pâtissait sans parler de l’humeur au sein du carré d’as. Elle gérait comme elle le pouvait ses amis, mais elle s’inquiétait pour sa meilleure amie. Tant que celle-ci ne la laissait pas entrer dans sa proximité, elle ne pouvait rien faire. La forcer trop tôt ne ferait qu’entraîner une rupture. Et ce n’était pas ce qu’elle souhaitait. Alors, elle prenait patience en espérant que Zoé ne ferait pas de connerie et qu’elle finirait par entendre raison.

Encore une fois, elle arriva en retard au cours de métamorphose. Anne la regarda s’installer avec un regard triste. Elle la voyait seule, elle la voyait abandonnée, et elle ne pouvait strictement rien faire. La peine de Albus lui faisait du mal aussi. Tout était en train de se démolir. Si elle tenait le type qui avait mis cette peine dans les yeux et la confusion dans l’esprit de Zoé, elle lui casserait la figure. Voyant que Albus ne parvenait pas à s’empêcher de la regarder avec son air de chien battu, elle décida d’agir, histoire de changer la direction

« Les hiboux sont des oiseaux, m’sieur. On le sait parce qu’ils ont des ailes et qu’ils volent. »

Ce n’était certainement pas la réponse attendue par un professeur enseignant à des élèves de quinze ans. Mais ça aurait le mérite de faire sourire, peut-être même se moquer certains camarades, et ses facéties attireraient plus l’attention que le silence de Zoé. C’était un moyen de faire un clin d’œil à son amie en lui disant qu’elle pouvait l’aider, même si elle se tenait à distance, même si elle ne disait rien et acceptait cette distance parce que c’était ce que Zoé voulait. Elle serait là le jour où elle se déciderait, elle n’y pouvait rien en attendant. Mais elle restait là pour elle.

La sanction tombe suite à son retard. Elle baisse la tête ne disant rien. Cela devait finir par arriver. Il ne peut pas laisser passer ses retards qui se répètent. Cela ne plaira pas à ses camarades de perdre des points mais personne ne pourra vraiment lui faire des reproches à ce sujet. Il n’y a pas grand monde qui la voit ces derniers temps. Elle ne passe dans la salle commune que pour se rendre à son dortoir ou en sortir. Première heure de retenue de sa scolarité. D’ailleurs, elle ne sait pas trop ce qui est demandé durant ce temps. Elle va devoir copier des lignes ? Elle ne dit rien et au fond d’elle, ses émotions oscillent entre colère et regret. C’est la première fois de sa scolarité qu’elle se comporte ainsi et elle a l’impression de n’avoir aucun droit à l’erreur. Que le moindre faux pas de sa part est pointé du doigt alors que pour d’autres élèves, il en serait autrement. Et en même temps, elle s’en veut de ses retards. Le cours continue avec les questions du professeur où elle ne répond pas restant dans son coin à griffonner sur son parchemin. Le professeur ne semble pas décidé à la laisser tranquille car il l’interroge. Son ton et la suite de son discours ne lui laisse pas d’autres possibilités que de répondre. Elle ne veut pas aggraver les sanctions qu’il pourrait lui infliger. « Le nom du sort est Strigiforma professeur ». Elle a beau ne pas être bien, elle continue de travailler ses cours. Elle avait déjà pris de l’avance en étudiant le sortilège dans son coin.

Elle est donc prête à passer à la pratique. Elle soupire intérieurement quand elle entend le professeur leur indiquer de se mettre en binôme. Elle sent ses amis lui jeter un regard mais elle les ignore totalement et se dirige vers un élève à qui elle a très peu parlé. Un poufsouffle avec qui elle a aucun lien. Au moins, il ne lui posera pas de questions. Elle lui esquisse un sourire pour lui signifier qu’elle se met avec lui mais ne prononce pas un mot. Elle entend les avertissements du professeur sur les risques d’explosion du hibou et elle ne voudrait que cela ne se produise en aucune manière. Elle sent le regard inquiet du Poufsouffle quand elle s’apprête à passer à la pratique. C’est son familier à lui. Elle lui fait un sourire rassurant puis se concentre. Quand Zoé passe à la pratique dans un cours, plus rien n’existe pour elle. Elle adore la théorie mais lancer des sorts lui donne toujours l’impression d’être dans une bulle de facilité. Elle sait qu’elle est douée et sa déprime est mise de côté. Elle lance donc le sort. « Strigiforma ». Le hibou devient des jumelles de théâtre. La métamorphose est parfaitement exécutée. Cela redonne même un peu le sourire à Zoé. Au moins quelque chose qu’elle réussit encore dans cette période trouble pour elle. Cela ne lui demande d’être en interaction avec personne. Juste elle avec le hibou, enfin maintenant les jumelles.