Plus rien ne sera jamais pareil. Plus jamais, elle ne pourra regarder les autres de la même manière. Zoé ne veut plus voir personne. Elle veut rester seule pour ne risquer de blesser personne. Elle va toujours en cours car c’est obligatoire. Les professeurs n’accepteraient pas qu’elle sèche et elle ne veut pas être renvoyé. Elle ne veut pas se retrouver chez elle devant le regard inquiet de ses parents. Au moins à Poudlard, elle peut trouver des coins tranquilles et rester seule. Elle reçoit des courriers de ses parents mais n’y répond pas. Elle ne veut pas leur parler. Ils doivent avoir tellement honte de leur fille. Dans Poudlard, elle sait qu’elle ne passe pas inaperçu. Les regards se posent sur elle, elle le sent mais elle n’y prête guère attention. Le plus terrible est la culpabilité intérieure qui la ronge. Elle est sa pire ennemie. Elle va en cours puis s’isole dans un coin. Elle mange très peu et bosse toujours autant. Elle se garde un rythme infernal pour ne pas sombrer. Elle ne doit pas penser, avoir le temps de réfléchir sinon elle se perd dans des pensées infinies. Elle rumine en permanence alors elle révise, elle apprend ou elle s’entraîne. Elle continue les entraînements toute seule car elle ne veut que personne n’ait à la subir. Elle ne dort quasiment plus, de toute manière elle a beaucoup de mal à trouver le sommeil. Dès que ses yeux se ferment, des cauchemars surviennent et la réveille. Alors, elle dort le minimum. Et les journées se poursuivent ainsi. Plus rien n’a réellement de saveur et elle sent qu’elle est épuisée mais elle doit continuer. Elle n’a pas le choix. Au moins, si elle obtient ses BUSES à la fin de l’année, elle aura réussi quelque chose même si cela ne changera pas ce qui a été fait.

Il est le soir juste avant le couvre-feu et il pleut dehors. Zoé est persuadée que le terrain de Quidditch est vide. Elle n’y va plus comme avant juste après les entraînements de Mara pour qu’il l’aide. Désormais, elle doit se débrouiller seule. Elle a installé le nécessaire et commence à frapper dedans comme une folle. Elle libère toutes ses émotions et se met à pleurer. Elle frappe ainsi encore et encore jusqu’à ce que du sang apparaisse sur ses poings. Elle hurle sa rage et son désespoir. Elle est dans une sorte de transe dont elle n’arrive pas à se sortir. Cela dure encore et encore jusqu’à ce que ses jambes se mettent à trembler. Elle n’en a même pas conscience et continue sans se rendre compte de la douleur qui irradie ses poings. Elle est prise par l’adrénaline et le besoin de décharge émotionnelle. Elle continue et finit par se retrouver à terre alors que ses jambes ont cédé. Elle se relève en hurlant « je ne dois pas être faible ». Elle recommence à frapper mais finit par s’effondrer d’épuisement au sol. Elle est sous la pluie battante, incapable de se relever. Elle entend à peine l’orage qui commence à gronder.

Son dernier souvenir est la pluie sur son corps étendu au sol. Elle a ensuite perdu connaissance. Elle se réveille et ne sait plus trop ce qui s’est passé. Elle est étendue au sol avec un truc autour d’elle. Elle regarde et cela ressemble fort à un sac de jute. Elle en a déjà vu en cours de botanique mais ne comprend pas ce que cela fait autour d’elle. Elle regarde autour d’elle et a l’impression d’être dans une serre. Mais que fait-elle là ? Comment est-elle arrivée ici ? Elle ne se souvient pas de grand-chose d’ailleurs. Elle essaie de se redresser mais elle se sent faible. Elle force pour au moins s’asseoir. Elle ne va pas rester allongée en ne sachant pas où elle est. Elle s’aperçoit qu’elle n’est pas mouillée alors que ses souvenirs lui indiquent qu’elle était sous la pluie. Les souvenirs commencent à lui revenir au fur et à mesure. Elle s’entraînait sous la pluie, elle avait mal aux poings et elle a finit par tomber au sol, tomber dans l’inconscience. Quelqu’un a dû la ramener. Elle regarde autour d’elle et voit une silhouette masculine qu’elle ne connait pas. Il a l’air d’être plutôt âgé en tout cas. Elle murmure d’une voix faible : «Bonjour. Qu’est ce que je fais là ? » Elle tente de se relever mais ses jambes refusent de la porter. Elle les sent se mettre à trembler au moment où elle effectue sa tentative. Elle se rassoit alors en espérant que la personne l’ait entendu. Elle l’observe et se demande ce qu’il fait. La botanique cela n’a jamais été son fort. D’ailleurs, elle a plus tendance à tuer les plantes simplement à son contact. Elle n’a pas la main verte. Elle a le visage tiré et s’en veut d’avoir été si faible de s’effondrer ainsi.

Elle se réveille sans trop savoir où elle se trouve et surtout comment elle s’est retrouvée là. Le lieu, elle reconnait assez vite. Cela semble être la serre et elle peut l’affirmer sans trop se tromper. L’étudiant en face d’elle lui indique l’avoir trouvé évanouie. Cela confirme les brides de souvenirs qui lui reviennent au fur et à mesure en mémoire. Elle le voit fouiller dans un placard puis il lui indique qu’elle n’est pas à l’infirmerie mais ici car elle a juste les mains blessées. Elle regarde ses mains qui sont effectivement égratignées. Elle se souvient avoir tapé sur les sacs du terrain de Quidditch pour s’entraîner. Elle sourit quand il dit avoir eu la flemme de l’emmener à l’infirmerie. Elle boit la boisson qu’il lui tend. Le thé lui fait du bien et lui permet de récupérer des forces. Elle a un petit rire quand il lui demande si elle est malade. Il se soucie au moins un minimum que le passage à l’infirmerie ne soit pas réellement nécessaire « non c’est bon, je suis juste un peu fatiguée ». Un peu fatigué est un euphémisme. Elle est épuisée mais ne va pas le reconnaître. Et l’étudiant en face d’elle a l’air de s’en ficher totalement et cela lui va très bien. Elle sourit devant son conseil. « Merci de m’avoir ramené ici. Je pense qu’effectivement c’est plutôt un bon conseil ». Elle est curieuse tout de même de ce qu’il est en train de faire. Cela semble être un passionné de botanique vu qu’il est tout seul dans la serre et qu’elle ne voit pas de professeur autour. Elle lui demande « qu’est-ce que tu fais ? ». Oui la botanique ne l’intéresse pas mais elle est toujours curieuse de comprendre ce que font les autres. Et puis discuter avec quelqu’un qui semble s’en ficher d’elle, c’est plutôt intéressant. Elle pourrait peut-être récolter des informations. Il y a peut-être des plantes pour devenir plus puissante et protéger son esprit. Elle est debout à côté de lui mais sent que ses jambes sont encore faibles.

Elle s’est retrouvée dans la serre, emmenée par cet étudiant alors qu’elle était tombée inanimée suite à perte de connaissance sous la pluie. Elle ne vient jamais dans cet endroit en dehors des cours. La botanique est la matière compliquée pour Zoé avec le vol : une tendance à tuer les plantes au lieu de les sauver. Sûrement la matière, où elle est la plus maladroite d’ailleurs. Elle désespère souvent leur professeur mais arrive à obtenir des notes honorables. C’est la seule matière où elle ne vise pas un O car elle sait qu’elle est en difficulté. Ce n’est pas que cela ne l’intéresse pas même si c’est plus facile à dire que d’avouer qu’elle n’est pas douée. Elle n’a pas la main verte. Mais voir l’étudiant s’activer la rend curieuse. Même si elle ne touchera pas aux plantes pour ne pas risquer de les tuer instantanément. Elle l’écoute avec intérêt. « Cela signifie quoi bouturer ? ». Elle ne peut pas empêcher sa curiosité naturelle. Et puis cela lui fait du bien d’avoir une discussion avec quelqu’un qui ne semble pas savoir qui elle est ou alors qui s’en fiche. Il ne la regarde pas bizarrement et ne fait pas de commentaires sur les événements de la soirée d’Halloween. Elle peut discuter avec lui sans risquer de questions et il a l’air beaucoup plus âgé qu’elle. Donc si elle devient agressive, il saura sûrement la maîtriser. Elle continue d’écouter ses explications puis il finit par lui demander si cela l’intéresse. Elle répond honnêtement « Je trouve tes explications très intéressantes. Après la botanique n’est pas la matière où je suis la meilleure. Est-ce que je peux rester à te regarder ? ». Elle a un petit sourire en disant cela. Et au vu de son grand nombre d’option et de cours, elle ne peut pas être partout. Elle devrait peut-être reconsidérer sa position à ce sujet. En tout cas, elle préfère rester ici que de devoir retourner à Poudlard. Elle devrait se trouver un couloir discret pour éviter tout le monde. Alors elle est mieux là. « Tu es en cursus universitaire ? ». Elle ne le voit pas être un élève. Il est bien trop âgé.

Elle l’écoute lui expliquer ce qu’est une bouture. Théoriquement c’est intéressant mais elle serait bien incapable de réaliser le geste sans commettre une catastrophe. Alors elle l’observe et l’écoute. Elle a envie de rester à l’observer. Il a l’air de ne pas se préoccuper plus que cela d’elle et cela lui va tellement bien. Juste discuter sans qu’il ne sache qui elle est. Pas de regard qu’elle puisse interpréter. Et un peu de présence dans sa solitude. Elle l’a décidée d’elle-même mais ce n’est pas désagréable d’être dans cette serre. Il accepte qu’elle reste à le regarder et elle le remercie de la tête. Elle l’observe manipuler les plantes. Elle reste calme à ses côtés. Zoé a un tempérament posé et est loin d’être une tornade. Elle est curieuse de voir comment il s’y prend et pourrait rester ainsi juste à l’observer. Il lui indique être en master. Il est effectivement beaucoup plus âgé qu’elle. Elle ne parle pas profitant du silence. Etre juste là à le regarder. Il finit par lui demander si elle est en cinquième ou sixième année. « Oui, je suis en cinquième année ». Que veut-elle faire plus tard ? Elle n’en sait strictement rien. Peut-être auror mais c’est juste une idée qui trotte dans sa tête. Rien de bien sérieux en réalité. Elle voudrait faire tellement de choses, étudier tellement de domaines. « Tu supposes bien. Je ne ferais pas d’étude en botanique, je n’ai pas du tout la main verte bien au contraire. Je trouve la théorie intéressante mais c’est la pratique qui me pose souci. Sinon je n’ai que de vagues idées de ce que je voudrais faire plus tard mais rien de bien concret. Il y a tellement de domaines qui m’intéressent. Tout est intéressant en soit. Je verrais bien au fur et à mesure enfin j’espère. Tu as su quand que tu voulais suivre des études de botanique ? ». Son avenir n’était pas trop sa préoccupation ces derniers temps mais y penser est beaucoup plus réjouissant que le reste. Alors autant y penser plutôt que de penser au reste. « Si tu as envie de m’expliquer ce que tu fais, cela m’intéresse ». Cela lui permet de penser à autre chose. Mais s'il ne souhaite pas parler, le silence lui va bien aussi.

Les questions sur son avenir professionnel sont encore sans réponses. Mais elle trouvera bien au fur et à mesure. C’est bien pour cela qu’elle a un emploi du temps très chargé et qu’elle s’impose d’obtenir d’excellentes notes dans tous les domaines enfin quasiment. Elle ne veut se fermer aucune porte vu qu’elle ne sait pas ce qu’elle va faire. Elle ne veut pas regretter de ne pas avoir suivi une matière ou que ses notes aient été insuffisantes et qu’elle se retrouve avec des voies bloquées. Elle veut être parfaite dans tous les domaines et tente de remédier à ses faiblesses le plus possible. Elle s’est bien mise à monter sur un balai pour remédier à cette faiblesse aussi. Elle comprend que lui a choisi tardivement finalement la seule matière qui l’intéressait vraiment. Elle ne juge pas qu’il ait pu être un cancre. Chacun est différent et l’important est d’être heureux dans sa voie. Cela lui laisse donc le temps de trouver ce qu’elle veut faire. Cela est rassurant qu’il n’ait pas su de suite ce qu’il veut faire. « Comme je ne veux pas me fermer de voie, je m’assure des notes excellentes partout. Ainsi quand je serais décidée, j’aurais le choix ». Il enchaîne sur la botanique et elle trouve cela intéressant. Elle pourrait vraiment l’écouter ainsi parler ou simplement l’observer. Ce n’est pas parce que c’est une matière difficile pour elle, qu’elle ne peut pas y trouver de l’intérêt et le questionner. Elle ne va pas lui demander de l’aide pour s’améliorer dans cette matière. Elle est assez chargée par ailleurs. Mais lui poser des questions lui permet d’obtenir une culture toujours plus vaste. La connaissance est une forme de pouvoir. « Tu peux m’expliquer comment tu sais si une plante peut devenir une plante mère ou non ? ». Elle reste calmement à côté de lui mais elle ressent la fatigue qui revient à force d’être débout. Elle cherche dans son sac et en sort une pomme qu’elle mange. « Est-ce que tu en veux aussi ? ». Elle a souvent des fruits dans son sac qu’elle récupère auprès des elfes de maison. Cela lui évite la grande salle et de devoir croiser les regards.

Il émet ce qui ressemble un constat. Être bon partout voudrait dire être spécialiste de rien. Cela la fait réfléchir. Il continue en disant qu’on a toujours des facilités. Zoé est intriguée parce qu’elle a des facilités dans beaucoup de domaine mais pour certaines, il est plus facile d’atteindre Optimal. D’autres lui demandent un peu plus de travail mais pas beaucoup. En potion, elle a dû travailler sérieusement pour obtenir Optimal. « J’ai des facilités un peu partout mais principalement en Sortilège. Je suis juste sûre que je ne ferais pas carrière en botanique ni en Quidditch. Cela me fait au moins deux voies en moins. Peut-être qu’une carrière d’Auror pourrait m’intéresser ».  Elle a un petit sourire en disant cela. Elle verra bien avec le temps dans quoi elle veut se spécialiser. Elle a assez de pression en ce moment pour ne pas stresser à ce sujet. Mais discuter ainsi avec Matt lui fait oublier temporairement sa déprime et sa fatigue.

La conversation continue sur la botanique. Elle l’écoute avec grand intérêt et observe ce qu’il lui montre. Apprendre est une vraie passion chez elle et tous les sujets éveillent son intérêt. Elle observe les deux pots pour bien intégrer ce qu’il est en train de lui montrer. Elle voit ce qu’il lui montre et donc comment repérer si une plante peut être mère ou pas. L’analogie est peut-être cruelle mais elle la comprend. Une vie humaine doit évidemment être préservée mais une plante pas forcément. « Tu passes tout ton temps ici ? » Une simple question de curiosité. Une envie de le connaître un peu plus.

« Je ne mange pas de chocolat ». Cela pourra sembler bizarre peut-être mais elle n’a pas mangé un bout de chocolat depuis environ un mois. Depuis que Mara a accepté de l’entraîner et lui a parlé du régime alimentaire. Elle ne compte pas céder même si les fruits ne sont pas aussi efficaces. Elle ne veut pas des sucreries mais déjà manger quelque chose lui fait du bien. Elle sent la fatigue bien présente dans son corps. Elle cherche du regard un endroit où elle peut s’asseoir. Cette sensation de fatigue est omniprésente et elle n’est pas tombé inconsciente pour rien.