Pré-Au-Lard. Un lieu qui, de toute évidence, n’avait pas changé. Dans sa jeunesse, Veronica n’avait pas tant fréquenté le petit village sorcier. Initialement élève de Beauxbâtons, elle se souvenait y avoir passé quelques samedis après-midi en compagnie de Gabrielle et Fleur Delacour lorsqu’elle avait fait partie de la délégation Française. Elle avait ensuite été transféré à Poudlard, pour sa septième année d’étude, puisque sa famille avait officiellement rejoint l’Angleterre quand, celui que ses parents appelaient toujours “le Maître” avait pris le pouvoir. Elle avait ainsi passé sa dernière année d’étude l’année où Severus Rogue avait été directeur. Bien-sûr, sang-pur de haute lignée, fille d’un des plus grands fidèles de Lord Voldemort, Veronica avait, comme de nombreux Serpentard, fait l’objet d’un certain traitement de faveur de la part des terribles Carrow. Néanmoins, même à l’époque, ses visites à Pré-Au-Lard n’avaient jamais été très régulières, préférant le calme de la bibliothèque pour étudier… ou échanger quelques étreintes discrètes avec Andrew dans le parc. Étudiante à l’université, les choses n’avaient pas vraiment changé si ce n’est que les gens avaient tendance à largement grincer des dents en entendant son nom de famille.

Mais aujourd’hui, elle faisait partie du personnel de l’école. C’était une toute autre époque, presque vingt ans plus tard. Elle avait donc rejoint le village sorcier ouverte d’esprit, décidée à passer une excellente virée. Elle avait convié sa fille, Maelya, pour une virée shopping en tête à tête, comme elles le faisaient si souvent au Chemin de Traverse. Bien-sûr, Pré-Au-Lard n’avait pas autant de magasins que l’allée Londonienne, mais c’était déjà cela et ce ça ne l’empêcherait pas d’apprécier passer du temps avec Maelya. Maelya était la personne de la famille avec laquelle elle avait le moins de difficultés. Clarisse se montrait distante, en voulait encore prodigieusement à sa mère et Andrew… eh bien… Andrew restait tout aussi distant et montrait toujours une certaine rancœur à son encontre. C’était difficile, pour Veronica. Difficile de supporter la haine de son enfant. Celle d’Andrew, elle pouvait vivre avec. Elle lui en voulait aussi énormément elle-même. Mais celle de Clarisse… celle de Clarisse était insupportable. Maelya lui en avait voulu, Veronica le savait, mais elle avait mis sa rancœur de côté. Certes, grâce à de nombreux présents et oui, probablement parce que Veronica ne lui refusait rien, comme pour racheter ses erreurs. Mais elle le savait, sous cette image d’enfant gâtée, Maelya comprenait que la situation entre ses parents n’avait pas été si simple et, au contraire de Clarisse, elle semblait avoir compris que ses deux parents avaient leurs torts… pas uniquement Veronica.

Toujours était-il que c’était pour toutes ces raisons que Veronica avait donné rendez-vous à sa fille dans l’allée principale, à 14 heures, en ce samedi plutôt ensoleillé. Aussi élégante que d’habitude, ses cheveux soigneusement ondulés, une longue robe verte foncée en soie se mouvant de manière très charmante contre sa peau, Veronica demeurait fidèle à elle-même. Après tout, peut-être s’était-elle officiellement rangée, elle en restait élevée comme une femme de haute noblesse. Lorsqu’elle vit sa fille arriver, elle ne résista pas à s’approcher et à l'étreindre avec tendresse.

- Oh ma douce. Bonjour, je suis heureuse de te voir hors de ces murs, souffla-t-elle en la serrant contre elle, son accent français encore très léger continuant de ponctuer certains de ses mots.