Si les vacances n’avaient pas été foncièrement reposantes – quoique particulièrement agréable, je ne pouvais pas le nier – la rentrée, elle…
Installée à la table des Serdaigle, comme tous les ans, je n’avais pas vraiment compris ce qu’il s’était passé. Une explosion d’abord, puis une agitation ambiante. Bien. Mais… Pourquoi le contenu de mon assiette avait changé ? J’avais du poids à perdre et je me retrouvais avec cela ?... Qui diable avait tenté de jouer à cela et… Fronçant les sourcils, déjà épuisée par les élèves de Poudlard, j’allais d’ailleurs demander du calme et de l’ordre lorsque je me stoppai. Je ne reconnaissais pas les élèves autour de moi. Enfin… Si. Je les reconnaissais. Mais ils n’étaient pas ceux qui m’entouraient habituellement…

Par la barbe de Merlin… Pourquoi étais-je installée à la table des Gryffondor ? Par quel maléfice avais-je été catapultée de ma maison à la leur ? Enfin… Cela n’allait pas me déranger de retrouver Matt mais… Non. Vraiment. Je ne comprenais pas. Et l’agitation ambiante ne m’aidait pas à réfléchir. Figée sur place, je tentais de reprendre mes esprits, de comprendre ce qu’il se passait. Méthodique. Je devais être méthodique. Comme avec les potions et…

Sursautant au contact d’une main sur mon bras, la voix qui vint suivre m’apaisa presqu’immédiatement. Matt. C’était Matt et… J’allais répondre lorsque je me stoppai. Si tous ses mots m’avaient semblaient logiques, pourquoi me parlait-il de Miles ?

- Miles Lewis ? Articulai-je, perdue. Pourquoi… ?

Pourquoi voulait-il chercher Miles ? C’était… Mais il semblait vouloir me rassurer et… Mon attention captée par un cri à côté, je tournai brusquement la tête. Que… Quoi ? Des changements de corps ?... Qu’est-ce que… Me levant brusquement, j’avais attrapé un plat pour le retourner avant de me figer davantage. Non… Je…

- Qu’est-ce que… Soufflai-je à mi-voix avant de lâcher le plateau pour observer Matt.

Je n’étais pas moi. Et pire… J’étais… J’étais… C’était… Pas ça ! Pas une créature ! Je connaissais le visage de la plupart des hybrides de Poudlard. Elle en faisait partie et j’avais été catapulté dans son corps et… Qui était dans mon corps ?! Me retournant immédiatement, j’avais balayé la Grande Salle du regard. En vain. Je ne me trouvai pas.

- Matt c’est… Commençai-je en me tournant vers mon mari. C’est moi ! M’exclamai-je en rebalayant de nouveau la salle du regard, perdue, presque abasourdie par ce qu’il se passait, sans me rendre compte que mes mots n’auraient aucun sens pour lui. C’est moi ! Il… Retrouve mon corps ! Ordonnai-je un peu brusquement. S’il te plait.

A mes mots, j’avais attrapé sa main, par instinct, par mon instinct, caressant cette dernière comme pour me rassurer. Nous étions à Poudlard. Tout allait bien se passer. Dans une heure, ce serait fini et je pourrais attraper les responsables de cette catastrophe pour leur faire passer l’envie de recommencer. Mon corps. Ils risquaient d’abimer mon corps.

- Je venais de faire ma manucure. Avais-je même râlé à mi-voix comme si cela important vraiment.

Car nous étions ensemble ? Mais… Qu’était-il en train de raconter ? Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus rien à ce qu’il pouvait se passer et… Des changements de corps ? Il ne m’avait pas fallut longtemps pour réagir, pour me figer face à ce reflet qui n’était pas le mien qui était… Une hybride. Un monstre. J’étais dans le corps d’une créature et… Les poignets liés ? Figée d’autant plus j’avais pourtant essayé de prévenir Matt mais perdue dans mon horreur personnelle de me retrouver dans une saleté de créature, je n’avais fait que le perdre davantage et… Gros dégueulasse ? Mais… Mais qu’est-ce que…

J’avais réussi à prendre sa main, à la caresser avant de m’inquiéter bêtement pour ma manucure fraîche de la veille. J’étais en dehors des réalités. Cela devait être un cauchemar. Evidemment. Quoi d’autre. Moi, dans le corps d’une créature ? C’était un mauvais rêve et…
La sensation des doigts de Matt entre les miens… Qui n’étaient donc pas les miens, ce qui me fit d’autant plus grimacer de dégoût, m’assurèrent que le cauchemar n’en était pas un.

- Je ne vais pas m’approcher de personne avec ce corps ! Avais-je à nouveau grimacé fortement. Et si c’est elle dans mon corps…

Il pouvait y avoir bien des idées mais nulles n’étaient aussi forte que mon aversion des créatures. J’étais peut-être plus tolérante grâce à Matt, j’acceptais bien plus de choses qu’auparavant mais… Imaginer une de ces créatures dans mon corps… Non. Impossible. Cela reviendrait presque à me souiller moi… Quoique cela était peut-être déjà le cas au vu du corps que je devais supporter actuellement.

- J’ai envie de vomir… Avais-je même râlé en me rasseyant, un peu sonnée.

Un étourdissement qui, au moins, ne dura pas. Du moins… Qui dura jusqu’à ce que le besoin de me rassurer prenne le pas sur mon dégoût. Me relevant alors j’avais fondu dans les bras de Matthew, comme une habitude que j’avais prise, avant de l’embrasser. Cela me rassurait. Beaucoup. Le sentir m’aidait toujours lorsque j’étais triste ou en colère alors cette fois… Cela ne ferait pas exception et… Mon corps. Il embrassait…

Me reculant soudainement, j’avais mis ma main sur ma bouche impersonnelle en étouffant d’un juron.

- Tu as embrassé… Non. Techniquement je l’avais embrassé mais dans le corps d’une autre et il n’y était pour rien. Mais j’étais en colère, angoissée et dégoûtée et… Ne l’embrasse plus jamais. Avais-je ainsi menacé, sentant la colère gronder alors même que tout était de mon fait. Il faut que je retrouve mon corps… ! C’était le plus important, car je me sentais définitivement mal à l’aise dans une immondice.

- J’espère. Avais-je, malgré moi, grondé.

Oui. Je l’espérais. J’espérais que cette Jess soit assez « bien », à défaut d’être une véritable sorcière, pour ne pas abuser de mon corps. Et à vrai dire… J’admettais que ce n’était pas tant par peur de voir mon corps « abîmé » que par dégoût de ce qu’une hybride pourrait me faire… Quoique les deux puissent se mélanger à bien y penser… Sans que je veuille malgré tout y penser, préférant mettre cela sur le dos de mon dégoût que sur ma peur.
D’autant que ces deux sentiments me donnaient la nausée. Vraiment. Et… Temporaire. C’était temporaire… Hochant la tête, je n’avais pourtant pu m’en convaincre réellement. Et la panique m’avait rattrapé. Une panique que Matt savait gérer, qu’il était le seul à pouvoir géré alors que je fondai dans ses bras pour… L’embrasser.

Cela n’avait pas durer longtemps, seulement le temps que je me rende compte d’une chose : je n’étais pas moi. Enfin… Pas totalement. Et surtout, j’étais dans le corps d’une créature. Une créature doté d’un charme pouvant attirer les hommes et… Non. C’était mon mari. Il… Enfin je…
J’admettais avoir été rude avec lui, le menaçant presque froidement. Il ne devait plus l’embrasser et… Soit. Je devais aussi éviter de le faire… Inutile de lui demander pourquoi.

- Pense plutôt à mon corps. Avais-je grondé pour toute réponse, angoissée comme je l’avais rarement été. Certainement pas à celui-là. Tu ne le toucheras plus.

A nouveau, je m’énervais contre lui sans qu’il n’ait eu rien besoin de faire. Mais c’était un moyen pour moi de contrôler quelque chose. Au moins un tant soit peu alors que… Ne pas m’énerver ? Mais… Je… Je… Sinon je continuerais à angoisser et à avoir besoin de me rassurer et… Oui. Ses bras semblaient me manquer alors que je baissai la tête, dans une moue qui ne me ressemblait que trop peu, incapable de vraiment savoir quoi faire tant je détestais cette situation.
Il avait pourtant glissé ses doigts entre les miens. Quelqu’un était dans mon corps… Il fallait que l’on sache qui, qu’on le trouve… Mais d’abord… Il fallait aller à l’infirmerie.

J’avais ainsi hoché la tête, soupirant alors que je tentai de reprendre pied, de reprendre toute ma contenance.

- Tu parles d’une future professeure et de la préfète en chef… Avais-je soupiré en prenant la marche vers l’infirmerie, gardant la main de Matt dans la mienne, comme une ancre dans la réalité. Leticia, Ayden et Zack vont bien ? Avais-je malgré tout demandé, les yeux fixés vers le sol, comme incapable de vouloir risquer de croiser le moindre regard, comme si ce corps était… Effrayant. Qui… Qui est dans le même état que moi ?

Car je tentais. J’essayais vraiment d’être au courant, de savoir, de jouer les préfètes…

Je n’aimais pas cela. Je n’aimais pas qu’il puisse voir ce corps et pas le mien et… Ce n’était même pas tant de la jalousie qu’une panique sourde qui se faisait entendre, qui me faisait gronder fermement tandis que Matt tentait de nouveau de me calmer, de m’apaiser. Il n’était pas mon ennemi. Il ne l’avait jamais été, contrairement à d’autres et… Je…
J’avais pris une longue respiration, fermant un instant les yeux, tentant de reprendre mes esprits à défaut de pouvoir avoir une véritable réflexion.

- Je sais… Avais-je fini par grimacer. Désolée…

Je m’en prenais à lui sans fondement, je m’en rendais compte mais il était face à moi, il était là et… Cela était juste plus facile. Injuste. Mais plus facile.
Au moins avions-nous rejoint l’infirmerie rapidement. Matt partirait à la recherche de mon corps si ce dernier ne se montrait pas. C’était déjà cela mais… J’admettais être angoissée. Vraiment. Je n’avais rien ni d’une préfète, ni même d’une future professeur. Ce que Matt comprenait. J’avais le droit d’être angoissée. Oui mais… Oui… Hochant la tête dans une grimace, j’avais pris des nouvelles de sa famille, de ses proches.

- Et Ayden ?...

Je me doutais que cela pourrait être plus compliqué pour le jeune homme mais il ne l’avait pas cité et… Et il était normal qu’il puisse s’inquiéter.

- Va le retrouver si tu as besoin.

J’étais son épouse, j’étais professeure remplaçante. Cela irait. Cela devait aller. Alors… Il devait se concentrer sur Ayden, sur celui qui risquait. D’autant que je n’étais pas la seule. Maxens, donc, Willow que je connaissais de vue tout deux, autant que les coréens, le jeune Poufsouffle monté sur ressort et le turbulent.

- Ne t’en fais pas. Avais-je refusé en secouant la tête. Ils ont des préfets. Et tu devrais en plus être avec les Gryffondors. Alors dépêche-toi. Repris-je en posant ma main sur son bras, caressant instinctivement ce dernier. Ne te met pas en difficulté pour ta folle de femme transformée. Tentai-je même de plaisanter. Et si le Professeur Londubat venait quand même à refuser malgré ton charisme à tout épreuve, dis-lui que je lui fournirais en potions sans limite en échange de toute information.

Une nouvelle plaisanterie, évidemment, puisque le Professeur Londubat avait déjà accès à toutes les potions nécessaires pour ses plantes. Mais je tentais. Je tentai de dédramatiser moi-même la situation, de montrer à Matt que je gardais le contrôle, quand bien même c’était difficile, quand bien même je ne baissai pas le regard sur moi, que je ne regardais pas la moindre partie de mon corps visible pour tenter d’oublier que j’étais l’une de ces créatures abominables.

- Et trouve Ayden. Répétai-je, car c’était le plus important.

Son frère avait dérayé. Cela l’inquiétait et je le comprenais aisément. Moi… Je ne risquais certainement pas de dérayer, piégée dans un corps d’hybride qui me paralysait presque de dégoût bien plus que de terreur – quoique la peur m’ait malgré tout gagné, je devais l’admettre. Alors… Matt devait se concentrer sur Ayden. Il devait le retrouver et ne pas s’inquiéter ni pour moi, ni pour ma maison qui se débrouillerait parfaitement en l’absence d’une préfète en chef. Afin de lui prouver tout cela, j’avais même tenté l’humour auquel il répondit, m’arrachant un très léger sourire.

- Mais c’est moi qui leur donne les ingrédients nécessaires. Avais-je rétorqué avant de soutenir ce que je pensais : il devait aller trouver son frère pour s’assurer que rien n’arriverait.

Mais de là à dire que je voulais le chasser… Non. Bien loin de là. Au contraire. Matt était une ancre à cet instant, le seul en qui j’avais confiance pour me raccrocher. Rester seule… Cela me paniquait alors que je ne savais pas comment gérer le charme de ces créatures, que je l’imaginais monstrueux, même, sûrement bercée par les contes d’horreur que l’on avait pu me raconter sur les vélanes. Je m’étais d’ailleurs figée à son contact sur la joue de ce corps, fronçant les sourcils en me reculant soudainement alors qu’il m’indiquait que son jeune frère s’en chargerait.

- Ne… Il ne vaut mieux pas que tu me touches. Avais-je tenté d’expliquer mon mouvement alors que je grimaçai. Je… Ce corps pourrait te convaincre de… De faire des choses que tu ne voudrais pas. Et tu m’as promis de ne plus toucher ce corps.

Je l’avais déjà embrassé, il m’avait promis de ne plus toucher. C’était bien assez pour que je refuse ce contact alors que j’en avais pourtant besoin pour me rassurer.

- Tu me touches parce que tu te sens obligé par le charme, c’est ça ? Grondai-je alors soudain, ma colère remontant d’un trait à cette pensée, celle de voir mon mari risquer de mon tromper avec un autre corps, avec une autre personne car… Que serait-il s’il croisait une vélane, réellement ?

Et la colère était réelle. Pour preuve, mon visage se modifiait, comme le voulait cette demi-race, sans même que je ne me rende compte alors que je fixai Matthew, définitivement furieuse de cette idée pourtant irrationnelle que je venais d’avoir.

Je devais être rationnelle… Mais comment l’être véritablement dans un corps qui n’était pas le mien, qui n’était même pas de ma race et que je ne connaissais, finalement, pas ?... Qu’était Victoire ?...

- La même chose ? Avais-je soufflé sans trop comprendre ce qu’il attendait de moi comme réponse.

C’était bien cela. Elle était demi-vélane. Et il n’avait jamais voulu la toucher, elle ou sa tante d’ailleurs. Jamais attiré. Rien. Il n’en avait jamais eu envie et ne s’était jamais senti obligé de quoique ce soit… L’observant en tentant d’assimiler chaque information, j’avais lentement hoché la tête. Le charme n’avait pas ce pouvoir… Vraiment ? Ce n’était pas ce que je connaissais des vélanes… Ou ne connaissait pas et… Mettre mes connaissances à jour à cet instant me semblait difficile, insurmontable même.

- Si…

Mais il n’avait pas tort. Il n’y avait personne autour de nous. Personne qui se sente obligé de graviter autour de ce corps et… Et son explication semblait logique. Un peu trop pour me plaire alors que je ne me sentais réellement pas à l’aise à cet instant. Mais je devais rationnaliser. Et… savoir qu’il avait moins envie de moi maintenant qu’à la normale me rassurait. Réellement. Quant à Ted… Au moins avait-il réussi à m’arracher un léger rire alors que je baissai et secouai la tête.

- Je savais que j’aurais dû me débarrasser de lui avant le mariage… Avais-je même ajouté.

Mais je devais surtout et encore rationnaliser, penser à son comportement habituel et oublier ce que je pensais connaître de ces créatures que je détestais tant… Alors… Doucement, j’avais hoché la tête, ma main reglissant dans la sienne comme un geste d’acceptation quoique difficile avant que je ne m’approche de nouveau légèrement.

- Tu as intérêt à me prouver que tu as plus envie de moi lorsque je ressemble à moi une fois que ça sera fini. Maugréai-je malgré tout avant de soupirer. J’espère que ça va se finir vite… S’ils ne trouvent pas de remède… Soudain, une idée. Une idée pourtant loin de moi, très, très loin de moi qui venait d’entrer dans mon cerveau atrophié par le malaise. A quoi ressembleront nos enfants si je reste comme ça ? Ce ne serait même pas des demi Gaunt !

Non. Rationaliser. Je devais rationaliser. Alors, dans une grimace, j’avais soupiré très longuement. Rationaliser…

- Promis je ne veux toujours pas d’enfants… Avais-je repris un peu plus calme. J’ai juste l’impression que le moindre sujet va me faire paniquer, là, maintenant. Mais… Caressant lentement sa main de mon pouce, j’avais fermé les yeux quelques secondes pour les rouvrir sur lui. J’ai de la chance que le mariage soit pour le meilleur et surtout pour le pire, non ? Plaisantai-je doucement en posant mon front sur son épaule. Rappelle moi de ne plus jamais aller au repas de répartition… D’accord ?

- Si jeune et déjà trompée... Avais-je plaisanté. Mon père avait au moins attendu que ma mère vieillisse.

C'était une plaisanterie sans doute bien irrespectueuse vis à vis de mes parents, mais quand bien même. Matt savait combien je ne les portais pas réellement dans mon coeur et notamment mon père qui, même mort, n'avait pas trouvé grâce à mes yeux.
Dans tous les cas, Matt allait devoir me prouver bien des choses lorsque je serais redevenue moi. Ce qu'il accepta, évidemment, m'arrachant un sourire ravi et une réflexion qui le fit automatiquement réagir. Pas d'enfants. Je ne devais pas en parler, encore moins devant sa mère et...

- Elle n'a pas peur que j'engendre des monstres ? Avais-je malgré tout plaisanté avant de secouer la tête. Rassure toi, je serais encore infertile quelques années. Soufflai-je alors. Je ne suis pas prête à me voir déformée et à ne plus profiter de la vie.

Je dramatisais très certainement le fait d'avoir des enfants mais cette simple pensée m'avait arraché une grimace. Je l'avais ainsi réassuré. Non. Vraiment. Je ne voulais pas d'enfants. Pas encore. Un jour peut être, mais certainement pas maintenant alors que j'avais l'impression que cela ruinerait ma vie entière. Non. J'avais seulement l'impression que le moindre petit sujet pouvait me faire paniquer. Alors voir ça comme une anecdote...

- Tu m'en reparleras dans cinq ans lorsque je serais moins traumatisée. Grommelai-je légèrement.

D'autant que je ne pourrais jamais échapper à la cérémonie de répartition, même en le voulant très fort, je devrais y siéger lorsque je serais professeur...

- Je me ferais porter pâle, allergie à la cérémonie ! Décrétai-je.

Me concentrer sur d'autres choses... Je l'aurais bien voulu, oui, mais comment ? Levant la tête, j'avais malgré tout esquissé un sourire à ses mots... Avant de grimacer très sérieusement, presque plus que concernant les enfants.

- Je choisis de me concentrer sur notre prochain rendez-vous. Je vote pour un SPA d'ailleurs. Décrétai-je. Et si tu commences à me parler de botanique pour 6h, je te promets que... Que je deviens bonne soeur et que je me reclus dans mon laboratoire à jamais. Ou que je te parle potions pendant 12h. Je te détaillerais chaque étape avec précision pour faire du Polynectar... Et l'idée me paraissait presque bonne. Tu deviendrais un expert... Oh ! Oui ! Nous allons faire cela ! Ou mieux ! Je vais te raconter tous les potins de Poudlard ! Donc ! Commençons par les vacances des sixièmes années... Et notamment Monsieur Ed Hooks... Il n'était définitivement pas prêt à ça...

- C'est vrai. Je ne peux en vouloir qu'à moi-même. Avais-je admis dans un demi sourire qui se fana à l'idée d'avoir des enfants.

Non. Vraiment. Je n'en voulais pas. Pas encore. Plus tard, peut être, mais actuellement... Nous avions trop à faire, trop à vivre pour en vouloir, pour nous enchaîner à des... Petites choses sur pattes qui ne feraient que sucer nos vies. J'avais même fait preuve d'un certain humour face à ma propre famille, aux enfants de mon sang qui en naîtrait. Des monstres ? Evidemment, d'après Matt... Et j'étais d'accord. Vraiment d'accord. Mais il n'avait pas à s'en faire. Je n'étais pas prête.

- Promis. Plus un mot sur le moindre enfant possible. Soufflai-je alors.

Au moins cet aparté m'avait-il permis de souffler, de ne pas paniquer davantage. Un mal pour un bien, finalement, que j'appuyai encore davantage en choisissant de me concentrer sur ce qui serait notre prochain rendez-vous où il devrait me prouver ses dires, son amour... Au SPA. Définitivement. Car je menaçai même de me faire bonne sœur en cas de cours approfondi sur la botanique... A moins que je ne me venge en faisant la même chose avec les potions... Ou les potins.

- Tu mourrais en m'écoutant parler ? Fustigeai-je faussement. Alors que ma voix est si belle ? Pour la peine je ne parlerais plus ! Décrétai-je en croisant les bras.

Il en venait même à préférer que je parle de potions. Une preuve qu'il n'était réellement pas prêt pour les potins. Vraiment pas.

- Tu es sûr de ne pas vouloir entendre l'histoire de Monsieur Ed Hooks ? Soufflai-je dans une petite moue. Elle est intéressante et elle parle d'un cactus en plus... Et je sais que tu aimes les cactus... Puisque c'est une plante...

Je le taquinais, clairement mais à vrai dire... Je ne me rendais pas compte que je ne pensais même plus à mon état, à ce qu'il se passait ce soir. Non. Je me concentrais seulement sur lui, sur nos bêtises.

- Bon... Avais-je faussement geins J'accepte de ne pas te parler de Monsieur Hooks. MAIS ! Car il y aurait forcément un mais, tu me devras au moins un massage par jour pendant une semaine. J'exagérais à peine ma demande. Et je demande des coussins supplémentaires dans ta serre. Je n'en ai pas assez... Lire n'est pas assez confortable sur le sol dur. Bon. D'accord. J'exagérais complètement. Et seulement si tu acceptes cela, je ne t'en parlerais pas. Sinon... Lui offrant un large sourire, je ne l'avais pas laissé répondre. DONC ! Monsieur Hooks est allé au Mexique cet été. Apparemment avec sa famille mais je sais que ses parents ne s'entendent pas. Donc j'en doute. Il paraît d'ailleurs que son père voit une autre femme. Pauvre mère de Monsieur Hooks. Elle doit se sentir seule... Et un récit déconstruit. Il allait a-do-rer.

- Alors concentre toi sur ma voix et pas ce que je dis, soufflai-je avec un léger sourire.

D’autant que mon histoire était particulièrement intéressante et même pour lui puisqu’il s’agit de cactus et donc de plante et donc de ce qu’il aimait. C’était aussi facile que cela. Sauf qu’il ne sembla pas être tout à fait d’accord avec ma façon de penser.

- Je suis sûre que si le cactus devenait marron tu accourrais, alors… Disons que le cactus était presque mort ?

C’était d’ailleurs bien pour cela que je ne touchais à aucune plante, il me tuerait bien trop rapidement au vu de ma capacité à faire mourir tout être végétal en un temps record. Enfin… Soit. J’avais accepté de ne pas l’assommer de paroles… A quelques conditions malgré tout, à commencer par des massages et des coussins. Rien de bien impressionnant, somme toute, permettant à Matt de l’accepter presqu’instantanément, m’arrachant un sourire plus sincère encore alors qu’il ajoutait même deux extras.

- Je devrais te menacer de rumeurs plus souvent… Soufflai-je dans un léger rire, oubliant jusqu’à ma situation, à la crainte qu’elle entraînait pourtant toujours de rester coincer ainsi.

Arquant un sourcil, j’avais doucement penché la tête en plissant les yeux alors qu’il m’invitait jusque dans la serre d’été. Cela signifiait donc qu’une seule chose…

- Parce que je n’y avais pas accès jusque-là ? Soufflai-je en l’observant attentivement. Tu veux dire que tu m’interdisais un lieu où j’aurais pu te trouver pour passer du temps avec toi ? Tu me fuis, en fin de compte…

Mon ton était sérieux, bien trop, alors qu’il aurait presque semblé que je le toisai, tentant de le piéger à son propre jeu avant que je ne finisse par en rire, secouant finalement la tête, incapable de rester réellement sérieuse.

- Pour la peine, je pourrais te créer un coin dans mon laboratoire, mais je doute que tu t’y plaises. Il n’y a certainement pas assez de vert pour toi là-bas. Quoique j’ai réussi à faire survivre deux plantes grasses ! M’exclamai-je presque fière de moi. Quoique je crois que l’une d’elle a pris un peu de potion désherbante car elle fait la tête… Il faudra que je te l’emmène je pense… A moins qu’elle ne soit déjà morte. C’’était aussi une possibilité.

Enfin… Tout cela… il allait falloir le faire plus tard, lorsque tout cela serait terminé et…

- Matt ? Soufflai-je finalement. Est-ce que… Est-ce qu’avant que je doive aller dans leur salle dortoir je peux… Je peux avoir un câlin ? Avais-je malgré tout demandé.

Matt restait mon mari. Il restait l’homme qui me rassurait et… Oui. J’avais définitivement besoin de me sentir dans ses bras à cet instant.

- Ce n’est pas nous qui les tuons. Rétorquai-je presque sérieusement. C’est qu’ils ne sont pas assez forts pour survivre ! C’est tout !

Et peut-être qu’on les tuait un peu. Soit. Enfin. La menace n’était pas passée dans l’oreille d’un sourd et il avait accepté toutes mes demandes, sans exception. Vraiment. La menace fonctionnait bien plus que je ne l’aurais même imaginé.

- Alors je trouverais autre chose quand ça ne fonctionnera plus. Soufflai-je dans un léger amusement.

Quoi, je n’en savais rien, mais si je ne pouvais que trop peu résister à Matt, sûrement était-ce la même chose pour lui. Ne suffirait sûrement que des yeux doux et… Et il avait ajouté un accès ? Pourquoi ? Ne l’avais-je pas ? Me plaignait exagérément, Matt m’avait arraché un rire un peu plus serein encore.

- Je sais. Soufflai-je en secouant la tête avant de lui permettre l’accès à mon laboratoire, quand bien même il n’y avait pas assez de vert pour lui et… Oh… Je me disais qu’elles changeaient souvent de position… Murmurai-je plus à moi-même qu’autre chose alors que je me rendais finalement compte de la vérité sur la vie de mes deux plantes grasses.

Bon. Au moins cela faisait-il un peu de vert. Du moins plus ou moins… Puisque j’avais un doute sur le fait qu’une potion ne les avait pas atteintes.

- Elles sont mal placées ! Me défendis-je. Et les potions ça peut gicler ! Ce n’est pas ma faute !

Ca l’était totalement. Je l’admettais, mais l’admettre de manière orale serait risquer de me faire tuer par mon botaniste de mari. Un mari que… Un mari dont j’avais définitivement besoin au point que je lui avais finalement demandé un câlin. Il avait beau me changer les idées, j’avais besoin de le sentir contre moi alors… Je m’étais serré dans ses bras, hochant la tête, tentant d’oublier que je n’étais pas moi. Cela me faisait du bien. Vraiment beaucoup de bien… Oui. Ça allait aller. S’il le disait je… Il ne m’avait jamais menti, il ne m’avait jamais rien promis de faux alors…. Alors ça irait. Hochant la tête, j’avais serré ma main dans la sienne pour le suivre. Un instant, j’avais hésité à l’embrasser mais… Je n'étais pas moi. Alors… Je m’étais de nouveau blotti dans ses bras l’espace de quelques instants avant de rejoindre le dortoir. Là… Ça allait aller.