La rentrée était passée. Cela faisait à peine une semaine que l’école avait repris… Pour le meilleur et pour le pire. Il faut dire que l’on avait eu une sacré surprise dès le 1er septembre. Mon esprit était passé dans le corps d’un étudiant et nous étions plusieurs à avoir changé d’enveloppe charnelle. Ce fut une drôle de façon de revoir Constantine ce jour-là. Il faut dire que bien qu’il avait filé telle une fusée après m’avoir dit que sa soirée n’était pas terrible jusqu’à mon arrivée et qu’il avait apprécié passer du temps avec moi, ses paroles n’étaient pas rentrées dans l’oreille d’une sourde. J’étais heureuse d’avoir pu contribuer sans le savoir à le faire se sentir un peu mieux, et ceci en me comportant naturellement. Depuis, on s’était rapidement recroisé mais soit il était occupé, soit c’était moi. On s’était revu aussi le jour où je m’étais retrouvée dans le corps de Diego comme il relevait l’identité des personnes concernées par le sortilège et leur nouveau corps.

Tout ça pour dire que depuis que j’avais retrouvé mon corps, je ne l’avais pas recroisé: aucun élève ne s’est blessé à un de mes cours et moi non plus et c’était tant mieux ! J’espérais bien que ça ne change pas.

La journée quant à elle, était en train de s’achever. J’avais donné tous mes cours de la journée, puis mangeant sur le pouce, je me suis rendue du côté des moldus pour un enregistrement puis l’apprentissage d’une chorégraphie pour un spectacle. On avait appris certains pas mais je voyais que ça faisait quelque temps que je n’avais pas dansé. Il faut dire qu’avec l’été, je n’en avais pas vraiment eu l’occasion mais l’année redémarrait aussi du côté moldu alors il fallait que je remette le pied à l’étrier. Rentrant à Poudlard, j’avais envie de me remettre au travail. La salle de théâtre était complètement libre, personne pour m’interrompre si je veux utiliser la scène pour m’entraîner au moins un peu.  Il était 18h, je me disais que j’allais faire quelques essais puis que j’irais mangé une fois réussi. M’habillant d’une brassière de sport et d’un short, je me mets à répéter la chorégraphie plusieurs fois mais j’ai des difficultés sur la pirouette alors je reprends… Encore… Encore… Encore… Encore… 20h… C’est trop tard pour le repas de ce soir. Tant pis. Allez encore une fois…

Crac !

Ma cheville craque et je tombe par terre. Me relevant, j’arrive encore à appuyer dessus, je me dis que c’est rien, je veux à tout prix y arriver. Cette fois-ci, c’est vraiment la dernière. Je me lance une nouvelle fois mais j’ai droit à une deuxième chute. Par terre, je me mords la lèvre pour ne pas crier, regardant ma cheville toute enflée. Je n’ose pas retirer ma chaussure. J’ai affreusement mal et étant seule, je ne peux compter sur personne. Mince… Il va falloir que je me débrouille pour aller à l’infirmerie… Qui est au 3e étage… Constantine avait dit pour rigoler qu’il espérait que je n’ai pas à monter les trois étages sur une jambe… Il m’a porté la poisse. La suite, je le déteste. Je me relève alors difficilement puis je boite jusqu’à la porte puis jusqu’aux escaliers. J’ai envie de chialer tant j’ai mal. Et là… Je commence à monter les escaliers comme je peux…

1er étage atteint… Plus que deux… Je me tiens à la rampe comme je peux. J’ai l’impression que l’état de ma cheville empire…

Quelle idée ? mais quelle idée d’avoir une infirmerie au troisième étage?!  

Râlais-je à moi-même tellement j’avais mal…

Les vacances d’été étaient enfin terminées, et la rentrée avait eu lieu à Poudlard. Une rentrée officielle pour moi, et aussi mouvementée que lors de mon arrivée au mois de mai. A croire que cette école avait besoin de son lot de sensations fortes. En effet, dès le repas du soir du 1er septembre, peu après la cérémonie de répartition des élèves de première année, il y eut une explosion de verre à la table des Poufsouffle, suivi d’un épais nuage gris qui envahit toute la Grande Salle. Après l’intervention de la directrice pour évacuer ce brouillard, un mouvement de panique s’éleva parmi quelques élèves, et même les professeurs : les corps et les esprits s’étaient mélangés. Heureusement pour moi, je ne fus pas atteint. Et tant mieux car il avait fallu m’atteler à rejoindre l’infirmerie pour y accueillir toutes les personnes touchées par ce curieux phénomène. A l’aide de quelques collègues et du professeur McGonagall, je pris la véritable identité de celles et ceux qui arrivèrent, complètement confus.

Je pus ainsi croiser Engel dans le corps de ma nouvelle collègue Ruby Holmes, cette dernière dans le corps d’un certain Diego Diaz-Wright. La directrice expliqua à tout ce petit monde qu’il nous faudrait quelques heures pour trouver un contre-sort. En attendant, chaque victime avait dû faire avec… Et passer la nuit dans une salle de classe surveillée, car personne ne pouvait changer de dortoir. Nous fîmes en sorte d’élaborer un sort pour empêcher quiconque de retirer ses sous-vêtements. De plus, si quelqu’un avait besoin d’aller aux toilettes, il fallait l’accompagner pour lui jeter un sort de confusion à sa sortie. Un beau bazar, en somme… Au plus grand bonheur de tout le monde, la solution fut trouvée dans la nuit, et chacun retrouva son corps le lendemain matin. Je n’avais pas du tout fermé l’œil. Aussi, dès la fin du dîner, je filai dans mon appartement pour me jeter dans le lit. Je m’endormis aussi sec.

Une semaine s’était écoulée depuis la rentrée. J’avais eu droit à un peu de repos car les blessés et malades ne s’étaient pas bousculés à l’infirmerie. Cela aurait été exaspérant après l’événement du 1er septembre. Hier, je reçus un hibou de la part de Merindah qui m’annonçait avoir réussi ses examens, et qui était partie œuvrer en Australie, son pays natal. J’étais content pour elle, bien qu’un peu déçu de ne plus pouvoir la voir user de sa magie de guérison ancestrale.

Nous étions à présent jeudi. Je descendais en direction des cachots, peu après l’heure du dîner. Je ne m’étais pas rendu compte de l’horaire, trop accaparé par la lecture d’un ouvrage très intéressant sur les herbes médicinales rares. Alors j’avais eu pour idée de me rendre directement aux cuisines, comme je l’avais si souvent fait cet été, afin de récupérer moi-même mon repas auprès des elfes de maison, et échanger avec eux.

Ces petites créatures étaient tout ce qu’il y avait de plus respectable en ce monde, malgré leur statut d’esclaves. D’ailleurs, je ne les considérais pas comme tels et ne donnais aucun ordre. Je ne voyais pas pourquoi je ne pouvais pas demander de la nourriture poliment… Je trouvais même gênant que les elfes fussent aussi dévoués et prêts à tout pour subvenir au moindre de mes besoins, alors que je souhaitais un simple repas. A mon avis, ils n’étaient pas assez considérés… Et en y pensant, je me dis qu’après ce soir, je ferais l’effort de participer un maximum aux repas pour éviter de les déranger en dehors du service.

J’étais en train de me demander ce que j’allais bien pouvoir leur commander quand une voix me parvint au bout du couloir que j’empruntais.

- Quelle idée ? Mais quelle idée d’avoir une infirmerie au troisième étage ?

Ah, apparemment, quelqu’un pestait dans les escaliers. J’avançai, tournai à l’angle et me retrouvai en haut des marches. Et là, au beau milieu de la montée, je vis Ruby, essoufflée, grimaçante, appuyée sur la rambarde comme si elle ne pouvait plus marcher. C’était sûrement le cas étant donné l’état de sa cheville. Elle semblait gonflée, en plus d’être très rouge. La voir ainsi me rappela le soir où nous nous rencontrâmes. Je lui avais justement dit que j’espérais ne jamais la voir grimper les escaliers sur une seule jambe. J’avais visiblement parlé trop vite. Elle allait croire que je lui avais jeté une malédiction à travers mes mots. Je descendis à sa rencontre, répondis à son regard désespéré par un sourire désolé.

- Vous n’avez pas perdu de temps, commentai-je sur le ton de la plaisanterie, histoire d’essayer de la dérider un peu. Laissez-moi vous aider.

Je pris sa main et la fis asseoir sur les marches.

- Ҫa va aller ? Comment est-ce arrivé ? demandai-je en lui faisant face.

Je posai un genou à terre, deux marches en dessous. Je tâtai délicatement sa cheville du bout des doigts pour mesurer l’étendue des dégâts.

Monter des marches d’escalier ne m’avait jamais posé de problème jusqu’à aujourd’hui. Mais les monter avec une cheville en vrac, ce n’était pas la même chanson. Une infirmerie ça devrait être au rez-de-chaussée et pas au troisième étage, ça n’a rien à faire là, c’est le pire idée du monde et je crois qu’en fait elle n’est pas au troisième étage mais plutôt au quinzième vu la douleur qui me travers et le temps que je mets à juste monter une seule marche. Quelle horreur. Ce n’est que le début de l’année et on peut dire que je la commence bien !

En y repensant ! Est-ce que Constantine ne m’avait pas jeté une malédiction en disant qu’il n’espérait pas me voir monter les étages sur une jambe. Bravo Monsieur Meyer, vous m’avez porté la poisse et bien sûr vous n’êtes pas là quand on a besoin de vous ! Et cette foutue infirmerie est toujours si loin. Bordel, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?! A part vouloir réussir cette pirouette qui ne m’avait jamais posé de problème. Peut-être n’aurais-je pas dû persévérer autant mais je déteste m’arrêter sur un échec et je suis très têtue. Mais… C’est quand même Meyer qui m’a porté la poisse.

Alors que je râlais en montant les marches une silhouette fit son apparition: Constantine. Quand on parle du loup on n’en voit la queue. Son sourire presque désolé avait du mal à me dérider. La douleur, c’est tout. “Vous n’avez pas perdu de temps.” Pardon ?

 Ca t’amuse ? Parce que c’est franchement pas drôle !  

Dis-je sans détour. Abat le vouvoiement, tant pis, j’ai trop mal, j’ai une excuse. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu autant mal quelque part.

Me prenant la main, il me fait m’asseoir sur les marches. Pas plus mal, je pense que si je dois monter une marche de plus, je vais devenir folle et péter un câble. Assise, je regarde ma cheville. Plus je la regarde, plus je constate que son été est de pire en pire. Le gonflement est très visible et sa couleur rouge également, pas besoin d’être médecin ou de loupe pour constater que ma cheville n’est pas en bon état du tout. Il me demande si ça va aller et comment je me suis fait ça.

Est-ce que ça a l’air de pouvoir aller ?

Soupirais-je dépitée avant de reprendre.

J’essayais encore et encore de faire une pirouette, ça ne m’a jamais posé de problème avant mais aujourd’hui je n’y arrivais pas alors j’ai décidé de ne pas m’arrêter tant que je n’avais pas réussi. Chut garde ton commentaire pour toi, je ne veux rien entendre.  

Si c’est pour entendre un “Fallait pas forcer autant” ou, “quelle idée” ou encore “tu l’as cherché”, je préfère ne rien entendre.

Posant un genou à terre, il tâte ma cheville et malgré toute la délicatesse du monde qu’il a pu mettre dans son geste, j’eus l’impression de recevoir une décharge de douleur. Ma réaction ne se fit pas attendre: il a droit à une tape dans l’épaule et mon pied qui dégage sa main. Simple réflex. Je soupire.

Espèce de Butor, t’es vraiment un oiseau de mauvaise augure…  

Butor : grossier, rustre, sans manières. Ce n’était pas dit méchamment. J’étais juste dépitée. C’est tout.

- Ҫa t’amuse ? Parce que c’est franchement pas drôle ! répliqua-t-elle désespérée. Est-ce que ça a l’air de pouvoir aller ?

D’accord, elle n’avait pas envie de rire. Bon, j’allais devoir rapidement m’occuper de sa cheville si je voulais éviter de me prendre un coup sur la tête.

- J’essayais encore et encore de faire une pirouette, ça ne m’a jamais posé de problème avant, expliqua-t-elle, mais aujourd’hui, je n’y arrivais pas alors j’ai décidé de ne pas m’arrêter tant que je n’avais pas réussi. Chut, garde ton commentaire pour toi, je ne veux rien entendre, ajouta-t-elle férocement.

Je n’allais faire aucun commentaire. La persévérance avait du bon comme du mauvais. Malheureusement pour elle, ce soir n’était pas le bon soir… Mes doigts se rapprochaient du point douloureux de sa cheville quand elle sursauta soudain. Son réflexe défensif fut de me taper l’épaule et dégager ma main avec son pied.

- Espèce de butor, t’es vraiment un oiseau de mauvaise augure… gronda-t-elle toujours grimaçante.

Je pinçai les lèvres et soupirai. J’avais déjà fait de nombreuses fois face à des patients quelque peu agités et ce n’était pas franchement agréable, surtout quand je ne parvenais pas à calmer les choses. Mais, malgré tout, je faisais toujours en sorte de faire mon travail aussi efficacement que possible. En général, quand les mots ne suffisaient pas à apaiser la personne, la guérison prenait le relais. Et là, le mieux demeurait de nous rendre à l’infirmerie. Ruby serait beaucoup mieux installée pour recevoir les soins. Je me remis debout et lui tendis ma main.

- Je suis désolé, je vais arranger ça, promis-je.

Il nous fallait grimper deux étages pour retourner à l’infirmerie.

- Venez.

Quand elle prit ma main et s’appuya sur moi, je la soutins et l’aidai à monter les escaliers. Nous atteignîmes le troisième étage sans croiser personne – et sans trop de difficulté non plus – et entrâmes dans l’infirmerie. Je guidai Ruby jusqu’au premier lit. Inutile de la faire marcher davantage. Lorsqu’elle fut assise, les jambes tendues devant elle, je me dirigeai vers le bureau des infirmiers.

- J’arrive tout de suite.

D’abord, j’enfilai ma blouse de médicomage. Puis je fouillai dans les stocks de la grande armoire, dégotai une pommade magique que je devais combiner avec une formule. Et je revins auprès de Ruby. Je m’assis au bord du matelas, au bout du lit.

- Je me permets, dis-je en soulevant son pied par-dessous le talon.

Je le redéposai sur mes genoux et entrepris de lui retirer sa chaussure. Sa cheville n’était pas belle à voir. Mais remédier à cela serait un jeu d’enfant. Je calai ma baguette au-dessus de mon oreille, et ouvris le tube de pommade. J’en mis une noisette sur chaque index et commençai à masser doucement la cheville gonflée, en essayant d’appuyer le moins possible.

- Quel genre de danse faisiez-vous ? demandai-je, histoire d’occuper son esprit pendant que je la soignais.

Elle avait parlé de pirouette, j’en avais déduit qu’elle dansait.

Aujourd'hui, ma persévérance m'a joué un sale tour. De un, je n'ai pas réussi à atteindre mon objectif, de deux je me suis blessée. Il faut croire que ce n'était pas mon jour. De manière générale je me blesse rarement mais quand ça arrive, je ne fais pas semblant. Je pense que l'état de ma cheville peut le prouver.

Dans mon malheur, j'ai droit à un peu de chance puisque j'ai croisé Meyer et c'est sans doute en ces murs, la personne la plus apte à m'aider. J'aurai pu tomber sur n'importe qui, mais non m, c'est l'infirmier de Poudlard en personne qui est apparu... Bon après avoir monté un étage mais il aurait pu ne jamais arriver et j'aurai dû finir de monter les deux autres étages seule, comme une pauvre malheureuse.

Malheureusement, même s'il est là, il faut quand même que j'arrive à atteindre l'infirmerie. Me promettant d'arranger les choses, il m'aide à me lever et me soutiens comme il peut jusqu'à l'infirmerie. Je m'appuie sur lui mais je dois poser le pied à plusieurs reprises ce qui me fait grimacer mais malgré tout on rejoint l'infirmerie assez rapidement et sans croiser personne, ce qui n'est pas plus mal. Je n'aurais pas spécialement apprécié croiser des élèves tout en étant dans cet état. Une fois dans l'infirmerie, Meyer m'aide à rejoindre le premier lit sur lequel je m'assis. Il part quelques instants avant de revenir équipé de ce sont il a besoin pour me soigner. Soulevant mon pied, il le pose sur ses genoux puis retire ma chaussure ce qui me fait grimacer même s'il y met toute la délicatesse du monde. Appliquant de la pommade sur ma cheville, il essaye de m'occuper l'esprit en fait la conversation.

 De la danse classique. Mais il faut croire qu'avec les vacances d'été je suis un peu rouillée...  

Dis-je un peu déçue en regardant ses doigts danser sur ma cheville gonflée et endolorie. Je n'aime pas quand je n'arrive pas du tout à faire quelque chose qui pourtant était acquis depuis des années déjà...

je relève alors mon regard sur Meyer avec un petit sourire sur ses lèvres.

Désolé pour mon côté un peu brute de décoffrage mais la douleur a tendance à me rendre aigrie.

Dis-je en rigolant légèrement. Maintenant sur j'étais assise et que les soins sur ma cheville blessée étaient en cours, je m'apaisais doucement. Puis mon sourire s'agrandit un peu plus, repensant à notre rencontre. Sa soirée avait plutôt mal commencée mais s'était arrangée avec mon arrivée. Aujourd'hui c'était l'inverse, c'est la mienne qui avait mal commencé et qui allait sans doute se terminer un peu mieux avec son arrivée.

Vous croyez que l'on va se rencontrer uniquement lorsque la soirée de l'un de nous deux commence mal ? Je veux dire que la dernière fois vous m'aviez dit que votre soirée n'avait pas très bien commencée avant que je n'arrive et aujourd'hui... il semblerait que ce soit vous qui sauviez la mienne. 

Je me mis à rire légèrement. Entre temps, on n'avait pas trop eu le temps d'échanger. On se croisait mais c'était tout, rien de plus.

- De la danse classique, répondit-elle d’une voix un peu plus apaisée. Mais il faut croire qu'avec les vacances d'été, je suis un peu rouillée…

Je relevai les yeux en même temps qu’elle et je vis un petit sourire se dessiner au coin de ses lèvres.

- Désolée pour mon côté un peu brut de décoffrage, mais la douleur a tendance à me rendre aigrie.

Elle pouffa, je souris.

- Vous n’êtes pas la première, et ne serez sûrement pas la dernière, la rassurai-je.

Les gens réagissaient rarement bien dans la souffrance. On m’avait déjà insulté quelques fois à l’hôpital, que ce fût à Berlin ou à Londres. Mais il ne fallait jamais le prendre pour soi, et rester concentré. Sinon, le moral en pâtissait et le travail devenait désagréable. Je ne disais pas que j’avais toujours passé de superbes journées. Toutefois, il valait mieux ne pas s’arrêter au moindre accroc. Ou alors, le métier de guérisseur n’était tout simplement pas convenable.

Je reportai mon attention sur la cheville de Ruby que j’avais terminé de masser. La pommade ayant bien pénétré la peau, je rangeai le tube dans une des poches de ma blouse. Je fouillai dans l’autre, trouvai une serviette en tissu sur laquelle j’essuyai mes mains devenues grasses à cause de la pommade. Je devais à présent user d’un peu plus de magie.

- Vous croyez que l'on va se rencontrer uniquement lorsque la soirée de l'un de nous deux commence mal ?

J’étais en train d’attraper la baguette qui se trouvait toujours sur mon oreille. Mon regard croisa celui de la professeure d’arts scéniques tandis que mes doigts glissaient sur le bois de mon instrument de travail, faisant chuter celui-ci. La baguette roula sur le sol de pierre.

- Je veux dire que la dernière fois, vous m'aviez dit que votre soirée n'avait pas très bien commencé avant que je n'arrive, et aujourd'hui… il semblerait que ce soit vous qui sauviez la mienne.

Elle en parlait légèrement, avec le sourire. Alors que l’évocation de cette soirée me donna un frisson amer. Elle s’en était souvenue… C’était de ma faute, je n’aurais jamais dû dire ce genre de chose. A quelqu’un que j’étais sûr de ne pas recroiser, pourquoi pas. Mais à une enseignante de l’école dans laquelle je travaillais, ce n’était pas franchement la meilleure décision. Et maintenant, je devais faire en sorte d’éviter le pire des sujets. Ou comment essayer de se sortir la tête de la bouse de dragon…

- C’est vrai, répondis-je, perturbé, avant d’attraper doucement son pied, toujours par le dessous.

Je me levai, le laissai reposer délicatement sur le matelas. Et je me penchai pour ramasser ma baguette. M’emparant d’un petit tabouret qui traînait près du paravent, je le mis vers le bout du lit et m’assis dessus.

- On peut dire que nous sommes quittes sur ce point, dis-je d’un ton neutre sans oser la regarder de nouveau.

Je plaçai ma main gauche sur la cheville intérieure de Ruby, usai de mon autre main pour pointer ma baguette dessus.

- Mais je vous conseille de ne pas retourner danser ce soir, ajoutai-je. Votre cheville doit se reposer. Et… c’est plus prudent.

Je murmurai une formule. La paume de ma main en contact avec sa cheville prit une teinte bleutée. Ruby devait sentir sa peau se refroidir peu à peu. Cela avait à peu près le même effet qu’une poche de glace. Une bonne minute plus tard, ce côté-là de sa cheville avait dégonflé. Je m’occupai alors de l’autre côté, réitérai la formule, ne la prononçant qu’à voix basse car il s’agissait d’une suite de termes complexes qu’il était inutile de hurler pour qu’ils fonctionnent. La médicomagie se traduisait souvent ainsi. De la douceur dans les gestes et dans les sortilèges rendait le soin à la fois plus agréable pour le patient, et plus efficace sur le résultat attendu.

- J’en ai terminé, annonçai-je en lui accordant un sourire poli. Faites quelques pas et dites-moi si c’est bon pour vous.

Je me mis debout, poussai le tabouret dans un coin. Ruby retira son autre chaussure, descendit du lit et marcha un peu, pieds nus, à côté de moi. Quand elle me confirma qu’elle ne ressentait plus aucune douleur, j’étais en train de l’observer, les sourcils froncés, les bras croisés, tapotant mon épaule du bout de ma baguette.

- Désolé, fis-je en me rendant compte que mon regard pouvait avoir l’air bizarre. C’est juste que… j’ai l’impression…

Je ne terminai pas ma phrase, trop perdu dans mes pensées, et me déplaçai pour passer derrière elle.

- Tenez-vous bien droite et ne bougez pas, lui demandai-je.

Je rangeai ma baguette dans la poche de ma blouse. Puis, l’index et le majeur de ma main droite collés l’un contre l’autre, je les posai sur la colonne vertébrale de la demoiselle, à la base de la nuque. Et je descendis doucement, m’arrêtant une seconde seulement sur chaque vertèbre, jusqu’à atteindre le bas de son dos.

- Gut… murmurai-je en coupant le contact. Il me semblait bien avoir vu vos épaules en décalage sur la hauteur, repris-je plus haut. Je viens d’arranger cela.

Il fallait vraiment un œil expert pour l’avoir remarqué car ce décalage était vraiment infime, très discret. Mais sa présence, elle, pouvait causer du tort à Ruby plus tard.

- Il arrive que notre corps se… « déplace », expliquai-je en faisant les guillemets avec les doigts sur ce dernier mot. Ou qu’il subisse des tensions et des déséquilibres. Alors il a besoin d’un peu de manipulation pour soulager les douleurs qui en découlent, et rétablir cet équilibre. Il ne s’agit pas seulement du squelette. Cela peut aussi toucher les organes, les muscles, les nerfs… Tout, en fait. Peut-être ne verrez-vous aucune différence aujourd’hui, car je n’ai pas fait grand-chose. En général, une séance de manipulation se fait plutôt sur une heure entière. Ce n’est pas un massage ! ajoutai-je dans un rire en voyant son regard soudain très intéressé. Mais si jamais vous ressentez un blocage, du mal à vous mouvoir, ou des douleurs de dos, sachez que je peux y remédier.

Pauvre Meyer, je n’avais pas été des plus tendre avec lui. Même si ce n’était pas la première fois et sans doute pas la dernière, ce n’était pas une raison. Les excuses étaient méritées et je me devais de les faire. Ensuite, j’avais changé de sujet de conversation pour en revenir au soir de notre rencontre. D’une certaine façon, on se sauve mutuellement les soirées de l’un et l’autre. Et il confirma bien qu’il semblait quelque peu perturbé. Je n’aurai peut-être pas dû relancer ce sujet de conversation. Je voulais faire de l’humour, à la place je l’ai plus mis mal à l’aise qu’autre chose. Au vu de la situation, il a pu utiliser ma blessure comme échappatoire. Il continue donc de me soigner et moi je reste silencieuse pour ne pas le déconcentrer. Finalement, il reprit la parole en disant que l’on était quitte, ce à quoi j’acquiesce d’un signe de tête, tout en le regardant commencer à agiter sa baguette.

Ma cheville n’est vraiment pas belle à voir… Meyer me conseille de ne pas retourner danser ce soir… Ça tombe sous le sens pour le coup. De toute façon j’ai trop mal… A voir s’il arrive à estomper la douleur mais en tout cas ce soir, ce sera une soirée détente et calme. Je pense que ma cheville est un signal d’alerte de mon corps pour me dire de ne pas reprendre le travail trop brusquement… Malheureusement cela frustre mon côté hyperactive… Et mon envie d’aller au bout des choses, de réussir.

Meyer murmure une formule, je sens alors du froid émaner de sa main. Ma cheville dégonfle rapidement… Ça change des soins pratiqués côté moldus, les mains de Meyer sont bien plus efficaces. Même si je n’étais plus surprise de la magie, j’éprouvais une certaine admiration dans ses sorts de soin que je ne pratiquais absolument pas. Ma cheville reprenant un aspect normal, Meyer me dit qu’il en avait fini et me demande de faire quelques pas. J’enlève ma deuxième chaussure pour avoir les deux pieds au même niveau puis doucement, je descends du lit, n’osant pas encore appuyer sur ma cheville blessée. Ne sentant pas de douleur en posant le pied à terre, j’ose un peu plus m’appuyer sur mon pied. Je fais quelques pas et je peux le confirmer: il n’y a plus aucune douleur.

C’est bon… Mer…

J’avais commencé à parler mais mon regard se posant sur Meyer, je constate une attitude quelque peu étrange.

ci ?

Meyer vient alors derrière moi, me demandant de me tenir droite et de ne pas bouger, ce que je fis sans poser de question, me demandant ce qu’il voulait faire. Ses doigts descendent le long de ma colonne vertébrale et je dois avouer que ça me perturbe un peu. Il m’explique alors qu’il a vu un décalage au niveau de mes épaules et qu’il a arrangé la chose. Je le regarde, perplexe. J’ai le droit derrière à toute une explication qui me permet de mieux comprendre les choses. Il m’évoque les séances de manipulation et je lui lance un regard intéressé. Il ajoute que ça n’a rien à voir avec un massage et je me mis à rire avec lui.

Je vois… Bon comme ma cheville est soignée et mon dos bien en place, je peux finalement retourner danser ! Je plaisante, je crois que c’est un signe d’alerte pour me dire de me calmer. Par contre… S’il vous faut une heure entière pour une séance de manipulation, on peut s’arranger, j’ai toute la soirée devant moi et…

Prenant une posture dramatique, posant la main sur mon front et tombant à genoux tel un caliméro, je le regarde plein d’espoir le regard suppliant…

Mon dieu docteur, je souffre, je souffre terriblement… Je souffre de douleur, je souffre de la solitude, je ne suis plus que l’ombre de moi-même… Au secours…

Puis je viens attraper sa cheville telle une âme désespérée qui s'agrippe à lui comme si c’était la seule lueur d’espoir en ce monde. Puis je me retourne, lâchant sa cheville, je suis allongée par terre sur le dos, mes yeux dans les siens, je lui fais un clin d'œil puis j’explose de rire.

Celle-là on ne vous l’avait jamais faite, n’est-ce pas ? J’espère après vous avoir grondé, avoir réussi à vous faire rire un peu.

Oui, je continue à taper la discute en restant allongée par terre. Je fais un chouilla dans l’originalité.

Elle rit à son tour.

- Je vois… Bon, comme ma cheville est soignée et mon dos bien en place, je peux finalement retourner danser ! Je plaisante, ajouta-t-elle précipitamment alors que j’allais protester. Je crois que c’est un signe d’alerte pour me dire de me calmer.

Oh que oui. Si elle voulait éviter d’endommager encore sa cheville, au risque de se faire encore plus mal, mieux valait se reposer, à présent.

- Par contre… S’il vous faut une heure entière pour une séance de manipulation, on peut s’arranger, j’ai toute la soirée devant moi, et…

Une main sur le front, elle se laissa tomber à genoux de manière théâtralement dramatique, et m’accorda un regard suppliant.

- Mon dieu, docteur, je souffre, je souffre terriblement… Je souffre de douleur, je souffre de la solitude, je ne suis plus que l’ombre de moi-même… Au secours…

Je fis les yeux ronds en même temps qu’une envie de rire me montait à la gorge. Cette femme était complètement folle… Elle glissa jusqu’à se retrouver allongée au sol, et sa main vint un instant agripper ma cheville comme si j’étais son seul espoir parmi la misère du monde. Puis elle me lâcha en se tournant sur le dos et éclata de rire.

- Celle-là, on ne vous l’avait jamais faite, n’est-ce pas ? J’espère, après vous avoir grondé, avoir réussi à vous faire rire un peu.

C’était sûr qu’avec ça, son mauvais caractère de blessée avait largement disparu de mes souvenirs. Ne pouvant me retenir plus longtemps, je me mis à rire, avant de lui tendre ma main pour l’aider à se remettre debout.

- Clairement, c’est bien la première fois que je vois ça, admis-je. Je pense qu’on ne peut pas douter de votre profession.

Quand elle fut de nouveau sur pied, je lui donnai ses chaussures.

- Tenez, c’est à vous.

Puis j’ajoutai :

- Plus sérieusement, si jamais vous vous bloquez quelque chose ou que vous vous faites mal au dos, n’hésitez pas. Envoyez-moi un hibou et je planifierai un rendez-vous. C’est quelque chose que je dois préparer à l’avance. Et, idéalement, effectuer cette séance le soir avant de vous coucher, parce qu’en général, après ça, vous serez un peu assommée…

Comme elle bougeait pas mal dans son métier et pour ses cours, il valait mieux pour elle être au meilleur de sa forme quand elle devait faire des démonstrations à ses élèves.

En tant que comédienne, ce que j’aime le plus, ce sont les effets de surprise. J’aime surprendre mon public, j’aime le faire rire aussi et pour le coup… Je n’avais pas épargné Constantine qui s’était retrouvé face à une scène… Théâtrale ? Jouant les caliméro, la femme en souffrance, je lui avais offert une scène dramatique mais qui avait plus un côté burlesque qu’autre chose. J’avais fini par terre, aux pieds de Meyer. Celui-ci n’avait pas pu cacher sa surprise à ce comportement semblant sortir de nulle part. Il avait même fini par rire et je fis de même. Victoire ! C’était réussi ! M'aidant à me remettre sur pied, il me confirma que c’était la première fois qu’il voyait une telle scène dans son infirmerie et qu’au moins, on ne peut pas avoir de doute sur ma profession.

Oh rassurez-vous, en vrai je sais me tenir en public, je ne fais pas que coller la honte à ceux qui me fréquentent. Je précise, au cas où vous m’auriez prise pour une grande folle.

Dis-je une nouvelle fois sur le ton de l’humour. Une fois bien sur pied, il me donne mes chaussures que je m’empresse d’enfiler. Mon problème de cheville est définitivement réglé et ça, c’est franchement cool.

Merci.

Meyer ajoute que si jamais je me bloque quelque chose, que je n’hésite pas à le contacter pour que l’on puisse programmer un rendez-vous, précisant que ce genre de séance s’effectue plutôt le soir. Croissant les bras sous ma poitrine, j’esquisse un sourire taquin.

Je vais finir par croire que vous avez très envie de me revoir très cher Monsieur Meyer.

Je lui fais un clin d'œil avant de reprendre la parole, une expression désolée sur le visage.

Mais malheureusement, j’ai plutôt tendance à éviter les infirmeries et les lieux médicaux en tout genre. Les aiguilles et tous vos instruments de torture, ce n’est pas trop mon… Délire ? De ce fait, lorsque l’on se quittera ce soir, on n’est pas sûr de se revoir.

Je viens frotter sous mon œil, comme si une larme avait coulé.

En tout cas, merci pour ce soir, vous m’avez évité bien de l’embarras, je vais pouvoir m’exercer de nouveau dès demain.

Dis-je avec un franc sourire. Il m’avait sauvé la mise. J’espère juste qu’il ne me reportera plus la poisse…

Elle m’assura qu’elle savait se tenir en public et ne faisait pas que coller la honte à ceux qu’elle fréquentait. J’espérais bien… Je n’avais pas très envie qu’elle me refasse le même genre de numéro devant des gens.

- Je précise, au cas où vous m’auriez prise pour une grande folle.

Je levai les yeux au ciel en riant. Elle enfila ses chaussures et me remercia.

- Je vais finir par croire que vous avez très envie de me revoir, très cher Monsieur Meyer, fit-elle remarquer avec un sourire taquin et un clin d’œil. Mais malheureusement, j’ai plutôt tendance à éviter les infirmeries et les lieux médicaux en tout genre, reprit-elle, désolée. Les aiguilles et tous vos instruments de torture, ce n’est pas trop mon… délire ? De ce fait, lorsque l’on se quittera ce soir, on n’est pas sûrs de se revoir.

Elle essuya une larme invisible sous son œil.

- En tout cas, merci pour ce soir, vous m’avez évité bien de l’embarras, je vais pouvoir m’exercer de nouveau dès demain.

Je hochai la tête avec un sourire poli.

- Ravi d’avoir pu vous aider. Après tout, je vous devais bien ça. Il paraît que je vous ai maudit sans le savoir, plaisantai-je.

Comme je n’en aurais plus besoin pour ce soir, je retirai ma blouse et la gardai sur mon bras replié.

- Toutefois, ces histoires d’aiguilles et instruments de torture sont d’ordre moldus, corrigeai-je pour la rassurer. Les guérisseurs ne se servent pas de ce qu’utilisent les médecins. La magie fait bien les choses. Il est plus couramment question de potions et d’enchantements. Donc n’ayez crainte.

L’horloge de l’école sonna vingt-et-une heures. Tout le monde avait regagné son bureau ou sa salle commune depuis un moment déjà. Et je n’avais toujours pas mangé. A ce propos…

- Au fait, vous avez dîné ? demandai-je à tout hasard.

Étant donné qu’elle dansait avant de venir me trouver, j’imaginais qu’elle n’avait pas encore mangé.

- J’allais descendre en cuisine quand nous nous sommes croisés. Vous voulez venir prendre quelque chose ?

Petit oiseau de mauvaise augure… Malgré tout, Meyer m’avait sauvé la mise en apparaissant au bon moment. J’aurai pu me retrouver à gravir les trois étages seule, me retrouver devant l’infirmerie porte fermée mais finalement il n’en fut rien. J'ai eu un peu de chance dans mon malheur. Même s’il m’avait porté la poisse avec ses paroles, je savais que ce n’était qu’une coïncidence et qu’il n’était en rien responsable de ma blessure. C’est uniquement de mon fait, à vouloir être trop têtue je suis punie. J’affiche un sourire sympathique.

L’oiseau de mauvaise augure s’est bien rattrapé !

Eh oui ! Ma blessure n’était plus qu’une histoire ancienne ! De plus, je ne comptais pas me blesser de nouveau de sitôt ! Comme je l’avais expliquée à Meyer, je n’étais pas très friande des infirmeries, hôpitaux et tout ce qui colle avec le domaine médical… Mes arguments furent vites déconstruits par Meyer qui me corrigea en me rappelant que tous ces “instruments de torture” sont d’ordre moldus. Ici on compte plutôt sur les potions et enchantements… Je tape sur mon front avec ma main l’air de dire “Mais oui, suis-je bête !”

C’est vrai ! J’ai tendance à l’oublier ! Je crois que j’ai quitté ce monde depuis trop longtemps. Je suis un peu rouillée…

Des fois je me dis que c’est un miracle que j’arrive encore à me servir de ma baguette magique sans faire de bêtises. Après… J’ai appris à manier la magie régulièrement mais ce qui est blessant et soins, j’y ai été très peu confrontée alors il est vrai que j’ai tendance à oublier ces petits détails.

Alors que je m’apprêtais à saluer Meyer et à lui souhaiter une bonne soirée, celui-ci me demanda si j’avais mangé. Je le regarde presque surprise de sa question. Il m’explique qu’avant de me croiser, il allait descendre en cuisine. Il me propose donc de venir prendre quelque chose. Posant mon index contre ma joue, je le regarde avec un petit sourire gêné.

Je crois que j’ai totalement zappé le repas ! Maintenant que vous le dites, j’ai un peu faim et je ne dirais pas non à grignoter quelque chose.

Ce serait une bonne idée tiens… Par contre niveau tenue, on repassera… J’aurais préféré prendre une bonne douche et me changer plutôt que d’être dans ma tenue de sport après plusieurs heures de pratique… Mais comme je me suis blessée je n’ai pas pu le faire…

Je n’ai pas la tenue la plus appropriée mais je ne suis pas sûre que nos estomacs auront la patience d’attendre plus longtemps. Tant pis ! On y va ?

Prenant les devants, je l’invite à me suivre. Direction les cuisines pour se remplir la panse !

Elle répondit que « l’oiseau de mauvaise augure » que j’étais se rattrapait plutôt bien, et qu’elle avait tendance à confondre le monde magique et moldu car elle vivait beaucoup plus parmi les gens sans pouvoirs.

- Je crois que j’ai totalement zappé le repas ! fit-elle ensuite remarquer. Maintenant que vous le dites, j’ai un peu faim et je ne dirais pas non à grignoter quelque chose.

Parfait.

- Je n’ai pas la tenue la plus appropriée mais je ne suis pas sûre que nos estomacs auront la patience d’attendre plus longtemps, ajouta-t-elle. Tant pis ! On y va ?

Elle prit en premier la direction de la sortie.

- Donnez-moi une minute, priai-je avant de tourner les talons.

J’allai rapidement déposer ma blouse au bureau des infirmiers. Je récupérai ma baguette que je glissai dans ma ceinture, et rejoignis Ruby à la porte. Je la laissai sortir en premier, refermai derrière moi. Nous prîmes la direction des escaliers et descendîmes aux cachots. Dès que le passage amenant aux cuisines fut ouvert, une dizaine d’elfes de maison vinrent immédiatement à notre rencontre. Ils nous saluèrent – beaucoup trop – poliment et demandèrent ce qui nous ferait plaisir pour notre repas. Je proposai à Ruby quelque chose de simple et facile à manger pour dîner dehors, dans le parc. Il faisait encore bon le soir à cette période de l’année. Elle accepta volontiers.

Nous nous rendîmes donc au rez-de-chaussée et sortîmes par la grande porte. Nous trouvâmes un banc quelques mètres plus loin, au milieu d’un petit jardin composé de massifs et buissons en tous genres. Après nous êtres assis, nous nous souhaitâmes un bon appétit et commençâmes à manger.

- Je me demandais… dis-je au bout d’un petit moment à savourer mon sandwich chaud. Comment vous est venue cette passion pour les arts scéniques ? J’imagine que vous les avez découverts côté moldu, puisque vous me dites que vous vous êtes éloignée du monde magique.

L'heure du repas a sonné… Bon, en vrai elle avait déjà sonnée depuis un moment mais les les choses ont fait que celle-ci avait été retardée pour Meyer et moi. Finalement, heureusement parce que s'il avait mangé plus tôt, j'aurai dû monter les trois étages seule avec la cheville en vrac. Le destin s'est montré clément avec moi.

Attendant encore quelques instants Meyer qui range sa blouse puis nous rejoignons les cachots. Les elfes de maison étaient là prêts à écouter nos moindres désires. Ça me met un peu mal à l'aise, n'ayant plus cette habitude de leur comportement et ayant du mal avec l'idée qu'un être puisse être inférieur à un autre. Néanmoins, je les salue respectueusement. Je me laisse guider quant au choix de la nourriture. Il opta pour quelque chose de simple. Ça me convenait parfaitement. Restait à savoir pu est-ce qu'on allait dévorer tout ça ? Il semblerait que le médecin ai déjà une idée précise en tête. Retrouvant le rez-de-chaussée, il m'emmène dehors. Pique-nique nocturne ? Apparemment. On marche jusqu'à un banc, qui se trouve au milieu d'un jardin. Il n'y a personne à part nous. Peut-être est-ce dû à l'heure tardive ? Tant mieux en soit, on va être tranquille. Une fois installés, sans plus attendre, on déguste notre repas du soir. Simple mais efficace. Le silence est uniquement rompu par le bruit discret de nos machouillement. Du moins, c'était le cas jusqu'à ce que Meyer prenne la parole. Je pose mon regard sur lui, attentive. Il se demande comment m'est venue ma passion pour les arts scéniques, supposant que ça vient du côté moldu. Bien vu.

Effectivement, ça vient du côté moldu. J'ai découvert ça étant toute petite en commençant des activités extra-scolaire comme la danse et le théâtre. A cette époque là je ne savais même pas que les sorciers et la magie existaient. Et oui, je suis née-moldue. Les deux mondes m'ont beaucoup apportés et je suis heureuse d'avoir pu lier ma passion des deux côtés et de pouvoir côtoyer ces deux mondes. Un peu dur parfois, j'ai l'impression de courir partout mais j'adore ça. Je ne pouvais pas abandonner ma passion mais je ne voulais pas oublier qui je suis. Aujourd'hui j'arrive à tout lié et je suis heureuse. Je m'égare un peu mais c'est souvent ainsi quand je parle de quelque chose qui me passionné.

Je me mis à rire, regardant le ciel. D'ailleurs, je commence à m'interroger sur une chose… ou deux tiens, une question taquine me vient à l'esprit.

Entre notre rencontre, le changement de corps et aujourd'hui, on est à notre troisième rencontre. Je peux renégocier le tutoiement ? Attention les oreilles, ma menace tient toujours !

Je lui tire la langue, rigolant une nouvelle fois.

Je prends le risque de mon côté. Je me demandais, tu es déjà allé côté moldu ou pas du tout ? Ça t'a déjà intéressé même ? Il y a des choses sympa là-bas aussi, bon pas aussi extraordinaire que la magie mais c'est sympa aussi.

J'ai tenté le tutoiement et j'ai laissé à mon tour parler ma curiosité.

Son visage s’illumina.

- Effectivement, ça vient du côté moldu, confirma-t-elle. J'ai découvert ça étant toute petite en commençant des activités extra-scolaires comme la danse et le théâtre.

Elle expliqua qu’à cette époque, elle ignorait tout du monde magique car elle était née moldue.

- Les deux mondes m'ont beaucoup apporté et je suis heureuse d'avoir pu lier ma passion des deux côtés.

Le fait de naviguer entre les deux mondes lui convenait parfaitement et je la comprenais sur ce point. J’aimais le côté moldu que j’avais intégré en entrant dans le monde du travail, et plus amplement découvert et apprécié en côtoyant Elizabeth… Ruby avoua que le jonglage entre les deux était un peu pesant parfois, car elle avait l’impression de courir partout. Mais comme elle adorait cela, ce n’était pas quelque chose de dérangeant pour elle. Tant mieux.

- Je ne pouvais pas abandonner ma passion mais je ne voulais pas oublier qui je suis. Aujourd'hui, j'arrive à tout lier et je suis heureuse. Je m'égare un peu mais c'est souvent ainsi quand je parle de quelque chose qui me passionne.

Elle rit, je répondis par un sourire.

- Entre notre rencontre, le changement de corps et aujourd'hui, on est à notre troisième rencontre, fit-elle remarquer. Je peux renégocier le tutoiement ? Attention les oreilles, ma menace tient toujours !

Elle me tira la langue, je ricanai.

- Je prends le risque de mon côté, décida-t-elle. Je me demandais, tu es déjà allé côté moldu ou pas du tout ? Ça t'a déjà intéressé, même ? Il y a des choses sympas là-bas aussi. Bon, pas aussi extraordinaires que la magie mais c'est sympa aussi.

Je hochai la tête.

- Oui, je connais bien le monde des moldus, répondis-je.

Je me tus, me dis qu’elle allait trouver étrange le fait d’éviter de donner des détails. Je repris donc la parole.

- Mon épouse est une moldue.

Bon sang, encore ! Je me réfugiai dans une bouchée de sandwich qui ne me parut plus aussi fameux qu’au début. Je me demandais à quel moment je serais capable de parler d’Elizabeth au passé… Si c’était possible. J’avais du mal à imaginer ce jour arriver. Elle avait disparu si vite… et si tôt.

Je savais soigner les blessures physiques. Je n’avais pas peur de dire que j’étais un très bon guérisseur. J’en demeurais même très fier. J’étais fait pour soigner et protéger. Quand je suivais les cours de Sortilèges à Beauxbâtons, j’avais impressionné mon professeur avec un puissant Protego. Tout cela, c’était bien beau… Seulement… les maux de l’esprit et du cœur m’étaient totalement inconnus. La mort d’Elizabeth m’avait plongé dans une douleur que je ne savais soulager…

Cachant mon mal-être dans l’obscurité des lieux et une gorgée de jus de citrouille plus que bienvenue, je me raclai ensuite la gorge et offris à la professeure d’arts scéniques un de ces sourires de façade que j’avais pris l’habitude d’utiliser ces derniers temps.

- Pour vous rejoindre sur votre passion, j’aime beaucoup la musique produite par les moldus, dis-je. Ils ont beaucoup de talent pour ça. Du coup… je suis un peu déçu de ne pouvoir en écouter ici, quand je vais courir par exemple. C’est quand même plus motivant.

Doucement, mais sûrement, j’en apprenais davantage sur Constantine. Nos échanges sont simples et agréables, du moins, c’est ainsi que je les perçois. Il voulait savoir d’où venait ma passion des arts de la scène tout en supposant que je l’avais découverte du côté moldus. Je le lui confirme rapidement tout en me demandant s’il avait déjà eu l’occasion d’aller de l’autre côté. Il me dit qu’il connaît bien le monde des moldus. Je le regarde, intriguée, voulant en savoir plus. Quand ? Comment ? Pourquoi ? J’apprends que son épouse est une moldue ! Oh ! Je ne savais pas qu’il était marié. Plutôt bel homme et sympathique du peu que j’en ai vu… Pas étonnant en fait !

Oh cool !

Dis-je spontanément. Mais… Il loge au château, il ne doit pas la voir beaucoup. Elle ne lui manque pas ? Il n’a jamais songé à faire sa vie côté moldu pour être à ses côtés ? J’ai envie de lui poser ces questions mais ça ne me regarde pas… Mais… Je suis plutôt curieuse alors… Alors que j’hésite à lui poser mes questions, il reprend la parole, m’expliquant qu’il aime beaucoup la musique produite par les moldus et qu’il est un peu déçu de ne pas pouvoir en écouter ici, par exemple quand il va courir pour lui servir de motivation. Je le comprends parfaitement sur ce point. Par contre… Pour le tutoiement on repassera. Je viens lui tirer l’oreille.

Je t’avais prévenu, je vais me fâcher. Je n’ai pas 50 ans !

Dis-je l’air colérique avant de sourire et de reprendre la conversation.

Sinon je te rejoins. C’est pour ça que je préfère courir de l’autre côté. Bon… Comme je baigne là-dedans j’ai moins ce manque mais je comprends.

Du coup… Cette conversation me donne de plus en plus envie de poser mes questions et je ne suis pas sûre de résister plus longtemps à la tentation…

La musique moldue te manque et… Ta femme ? Comme tu vis au château, vous ne devez pas vous voir beaucoup… Elle doit terriblement te manquer. N’as-tu jamais songé à faire ta vie côté moldu pour être plus souvent à ses côtés ?

Je savais que poser cette question n'était pas forcément une bonne idée et maintenant qu’elle était posée je me rendais encore plus compte de l’absurdité de lui demander tout ça. On ne se connait pas vraiment… Je dois savoir rester à ma place.

Je suis désolée, tout ça ne me regarde pas.

Concluais-je finalement.

Comme j’évitais son regard, je ne vis que trop tard sa main filer vers ma tête. Sans ménagement, elle me pinça l’oreille.

- Aïe ! m’exclamai-je.

- Je t’avais prévenu, je vais me fâcher, justifia-t-elle. Je n’ai pas cinquante ans !

Mais je n’avais jamais dit que…

- Sinon je te rejoins, reprit-elle. C’est pour ça que je préfère courir de l’autre côté. Bon… Comme je baigne là-dedans, j’ai moins ce manque mais je comprends.

De ma main libre, je frottai mon oreille en grimaçant. Elle n’y était pas allée de main morte… Cela m’apprendrait à ne pas l’écouter. Toutefois, je ne le faisais pas exprès, c’était un automatisme…

- La musique moldue te manque et… Ta femme ?

Mon cœur rata un battement.

- Comme tu vis au château, vous ne devez pas vous voir beaucoup… dit Ruby, pensive. Elle doit terriblement te manquer. N’as-tu jamais songé à faire ta vie côté moldu pour être plus souvent à ses côtés ?

Je déglutis difficilement, incapable de trouver une réponse.

- Je suis désolée, tout ça ne me regarde pas, finit-elle par ajouter, moins enthousiaste.

Je me raclai une nouvelle fois la gorge.

- Je… non, ne le sois pas, répondis-je d’abord, confus.

Nos regards se croisèrent, j’eus du mal à faire semblant de sourire, cette fois.

- Oui, elle me manque… soupirai-je en contemplant le reste de mon sandwich que je tenais entre mes deux mains. Ce n’est pas facile de… vivre sans elle.

Un silence.

- Je me concentre sur mes tâches pour ne pas voir le temps passer. On a besoin de moi ici. Et… j’ai besoin de ce travail.

C’était même devenu crucial, désormais. Le professeur McGonagall m’avait sorti de ma chambre d’hôtel miteuse et de ma situation déprimante pour me donner l’opportunité de rebondir, continuer ma vie malgré tout, garder la tête hors de l’eau en faisant ce que je savais faire de mieux : mon métier. Métier qui avait mis Elizabeth en danger, et qui les avaient tués, elle et notre enfant… Un cercle vicieux duquel je ne pouvais m’échapper. Si je quittais tout, je ne savais absolument pas où recommencer, ni comment. Et je ne demeurais pas certain de parvenir à surmonter leur perte en m’éloignant de ce que, finalement, j’aimais le plus. La médicomagie était ma vocation. Je ne me voyais nulle part ailleurs qu’en train de soigner et protéger des gens. J’étais doué pour cela.

Je ne savais pas quoi dire de plus. Je n’avais vraiment pas envie de parler d’Elizabeth. Et en même temps, j’alimentais le mensonge. C’était complètement idiot… Le mieux était encore de changer de sujet. Tant mieux si cela aurait l’air bizarre mais je voulais passer à autre chose.

- Et… Vous étiez… Non, tu étais quel genre d’élève, ici ? me repris-je avant de subir encore ses foudres et un tirage d’oreille.

Le tirage d'oreille allait-il faire son effet ? Je vais bientôt le savoir. Je pensais ne pas lui avoir fait trop mal… Eh bien je crois que j’y suis allée un peu fort. Oups… Bon allez, reprenons la conversation. Il avait évoqué sa femme et je lui avait posé une question trop intrusive. J’en étais désolée mais il me dit que je n’avais pas à l'être. Sa réaction était quelque peu différente. Son sourire… Il y avait quelque chose de bizarre, il était moins naturel. Mon regard dans le sien je ne le détourne pas mais j’ai l’impression d’y voir une once de tristesse. Peut-être que je me trompe. Elle lui manque… D’où cette impression sûrement. Il ajoute que ce n’est pas facile de vivre sans elle. Je lui lance un petit sourire compatissant. J’entre ouvre les lèvres mais je ne sais pas trop quoi dire. Un silence… Mince… Un silence qu’il rompe pour me dire qu’il se concentre sur ses tâche pour ne pas voir le temps passer, ajoutant qu’on a besoin de lui ici et qu’il a besoin de ce travail. Je ne sais quoi répondre, je ne sais quoi dire… Il change de sujet, me demandant quel genre d’élève j’étais ici. Cette question attendra quelques secondes, avant j’aia utre chose à lui dire.

C’est dur, c’est dur pour toi ça se sent mais tu es très courageux.

Je lui fais un clin d'œil avec un petit sourire comme pour apaiser cette ambiance quelque peu pesante. Regardant vers les ciel et croquant quelques bouchées de mon sandwich, je réfléchis à quelle réponse lui donner.

Eh bien… J’étais une élève plutôt dans la moyenne, pas trop mauvaise mais pas hyper douée non plus mais j’étais passionnée. Ce monde plein de magie m'intriguait énormément et me déroutait comme j’ai toujours vécu chez les moldus avant d’arriver ici. Alors je faisais toujours de mon mieux et j’étais assidue. Même si je n’étais pas la meilleure élève, que les résultats n’étaient pas toujours là, les professeurs appréciaient mes efforts et le fait que j’avais envie d’être là et d’y arriver.. J’aimais à peu près tous les cours même si j’avais une préférence pour les cours d’histoire de la magie, de métamorphose, des soins aux créatures magiques et de défense contre les force du mal.

Je lui souris avant de manger ma dernière bouchée de sandwich. Une fois fini, je me frotte les yeux. Je commence à fatiguer.

Je suis désolée, la fatigue me rattrape, ça a été une grosse journée et j’ai pas mal forcée, je crois que mon corps me rappelle à l’ordre. Merci pour ma cheville et d’avoir mangé avec moi, c’était sympa. Mais je crois qu’il est l’heure pour moi de prendre une bonne douche et d’aller au lit.

Prenant sa main, je le fais se lever du banc avec moi pour l’inviter à retourner dans le château. Une fois devant la salle de théâtre, il est l’heure de se quitter.

Pas d’erreur cette fois-ci, c’est toi qui m’a raccompagné. Bonne nuit !

Je lui souris avant de rejoindre ma chambre pour prendre une douche puis me coucher. C’était une journée riche en émotion.

Elle insista sur le fait que la difficulté de ma situation faisait de moi quelqu’un de très courageux. Si seulement… Son joli sourire parvenait à peine à me remonter le moral. Ce n’était pas de sa faute, et je ne voulais pas lui donner le sentiment que je passais une mauvaise soirée. Je préférais simplement ne pas m’étaler sur ma vie privée. Compliqué quand on cherchait à se connaître…

Elle répondit à ma question en se qualifiant comme une élève moyenne et passionnée par la magie. Elle avait toujours fait en sorte de rester assidue malgré le côté perturbant qu’avait suscité la découverte du monde des sorciers. Et même si elle n’était pas la meilleure parmi ses camarades, les professeurs appréciaient ses efforts.

- J’aimais à peu près tous les cours, même si j’avais une préférence pour les cours d’Histoire de la Magie, de Métamorphose, de Soins aux Créatures Magiques et de Défense Contre les Forces du Mal.

Tout en l’écoutant, j’étais parvenu à retrouver un peu l’appétit et avais pris quelques bouchées de mon sandwich. Je le terminai en même temps que ma collègue qui se leva du banc.

- Je suis désolée, la fatigue me rattrape, dit-elle, ça a été une grosse journée et j’ai pas mal forcé. Je crois que mon corps me rappelle à l’ordre.

J’époussetai mon tee-shirt qui avait reçu quelques miettes.

- Ne vo… ne t’excuse pas pour ça, assurai-je.

- Merci pour ma cheville et d’avoir mangé avec moi, c’était sympa. Mais je crois qu’il est l’heure pour moi de prendre une bonne douche et d’aller au lit.

Elle me tendit sa main. Avec un sourire amusé, je la luis pris et me levai à mon tour.

- Je vais faire de même, il se fait tard, déclarai-je en sentant la fatigue commencer à m’alourdir la tête.

Nous rentrâmes par la grande porte et je la laissai devant celle de sa salle de classe.

- Pas d’erreur cette fois-ci, c’est toi qui m’as raccompagnée.

Je ricanai.

- Bonne nuit !

- Bonne nuit.

Elle ouvrit la porte et disparut à l’intérieur. Je gravis les escaliers qui me menaient au troisième étage en pensant à notre conversation. Je n’imaginais pas être aussi peu capable de parler de mon malheur et ce, jusqu’à mentir à propos d’Elizabeth. J’avais l’impression que je la perdrais une seconde fois si je prononçais la vérité à voix haute…