La rentrée scolaire… C’était l’un des moments que je préférais dans l’année scolaire. Nous allions rencontrer de nouveaux jeunes sorciers émerveillés par le Collège mais aussi de nouveaux collègues qui allaient égayer nos journées et surtout tous nos moments en salle des professeurs.
J’étais arrivé le matin même pour ranger un peu mes appartements et laisser à mes chats le temps de se réhabituer à leur véritable maison. Ceci chose faite, il me fallait maintenant reprendre le contrôle de mon casier en salle des professeurs et surtout de la machine à café, notre graal professoral. C’était donc avec Grominet dans les bras que j’avais traversé, joyeusement, le Collège. Il était toujours très étrange de pouvoir profiter du silence absolu dans ses couloirs. Etrange mais très appréciable lorsque l’on savait que des centaines d’élèves peupleraient bientôt les couloirs.

Mes talons claquant sur le sol au rythme de ma marche, j’avais fini par descendre les escaliers, râlant deux fois contre ces derniers toujours aussi joueurs, pour atteindre la salle des professeurs dont je poussai la porte avec entrain, un immense sourire aux lèvres pour pénétrer à l’intérieur. Déposant le chat sur le canapé non sans une dernière caresse et un « maman arrive », j’étais directement allée vers la machine à café pour la remettre en route et la nettoyer, me stoppant alors. Il y avait quelque chose là-bas…

Plissant les yeux, j’avais alors approché d’un recoin, d’un meuble qui me semblait dissimulé quelqu’un et… Hein ? Il... Se cachait ?...

- Mais… Bonjour ? Soufflai-je dans un grand sourire. Vous ne trouverez pas de casier ou de quoi vous asseoir ici ! M’étais-je rapidement exclamé en m’approchant davantage pour prendre ce qui me semblait être un homme par les épaules afin de l’entraîner jusqu’au canapé. Moi c’est Erin, Erin Wheeler ! Je suis la professeur d’Histoire de la Magie ! Vous voulez un café ? La machine devrait bientôt être finie de nettoyée. Observant le chat venir se frotter aux jambes de l’inconnu masqué, j’esquissai un nouveau sourire. Et ça, c’est Grominet, l’un de mes chats ! Secouant la tête, je repris place près de la machine pour finir les quelques sorts de nettoyage et user de nouveau de ma baguette pour la lancer. J’ai entendu dire que nous avions un nouveau professeur de sortilège, un de défense et un autre d’astronomie. Alors… Qui êtes-vous ? M’enquis-je en me tournant vers lui, mains sur les hanches. Et… Penchant la tête, je l’observai alors un instant. Vous allez avoir chaud comme ça, vous devriez au moins enlever votre casquette !

Un nouveau collègue ? Certainement s’il se trouvait, là à ce moment. Tant mieux ! Cela me faisait le rencontrer avant tout le monde ! Mais pourquoi il se cachait, ça, c’était une bonne question. Une question à laquelle je ne répondis pas autrement qu’en l’extirpant de son petit recoin pour l’entraîner jusqu’à un canapé sur lequel… Il ne s’assit pas. Bon.

- Asseyez-vous ! Lui intimai-je dans un sourire vain puisqu’il ne le fit pas.

Bon. Donc. Qui était-il ? Le professeur d’Astronomie donc ? D’accord Park Minouanne.

- Je dois vous appeler Park ou Monsieur Minouanne ? Demandai-je alors dans un nouveau sourire.

Mais il ne voulait pas de café… Madame ? Arquant un sourcil, je l’observai se décaler et… Se reculer ? Mais… Je lui faisais peur ?... Clignant des yeux, il me fallut quelques secondes pour réagir.

- Je suis si effrayante ? Demandai-je dans une moue presque triste. On dirait que vous voulez me fuir mais… Secouant la tête je me mis à rire. Je dis n’importe quoi ! Allez ! Venez !

J’affabulai complètement, je devais me tromper, évidemment. Qui pouvait me fuir ? Enfin… J’admettai que j’oubliai facilement, maintenant que j’étais à l’aise à Poudlard et dans mon poste, le fait que j’étais vélane. Mais tout de même ! Je n’étais pas un monstre ! Alors, reprenant le bras du professeur d’Astronomie, je l’avais raccompagné, à nouveau, vers le canapé pour lui servir non pas un café mais un thé puisqu’il ne souhaitait pas du premier.

- Tenez ! Les réunions n’ont pas encore commencé et si je ne me trompe pas, le Professeur Morgane finira par arriver pour prendre son café ! Vous pourrez en faire la connaissance aussi avant tout le monde ! Soufflai-je en prenant une tasse de liquide noir pour m’asseoir sur la table, face au canapé. Alors ! Dîtes moi tout ! Quel âge avez-vous ? Et d’où venez-vous ? M’enquis-je.

Il ne s’asseyait toujours pas. Vraiment. Je… En fait, je ne savais plus quoi faire. J’essayais pourtant de me montrer gentille et accueillante. N’était-ce pas ce qu’il fallait faire avec les nouveaux collègues ? Enfin… Je l’avais toujours fait… Et cela avait toujours fonctionné alors pourquoi semblait-il si réfractaire à tout ? Etait-ce parce que je n’avais pas compris le sens de son nom ? Oui. Bon. J’avais été un peu idiote… Il était asiatique, j’aurais dû réfléchir mais enfin…

- Excusez-moi ! M’exclamai-je alors malgré tout gênée. J’espère que je ne vous ai pas manqué de respect en me trompant… Car c’était là la dernière chose que je désirais.

D’ailleurs lui fis-je même un thé à la place du café alors que je n’arrivais pas à ne pas m’étonner de son envie de fuir. Je n’étais tout de même pas si effrayante ! Et puis d’autres allaient sûrement arriver ! Peut-être n’aimait-il tout simplement pas être seul avec quelqu’un… Oui. Enfin surtout que… Fronçant les sourcils, il me semblait soudain comprendre. Était-ce parce que… J’étais une hybride et… Oh non… Il pensait que je voulais le séduire ?! Bon. Agir normalement. Me rasseyant, je tentai de faire la conversation tout ce qu’il y avait de plus normal, juste pour le connaître, comme tout bon collègue qui se respectait.
Au moins répondit-il aux questions. 24 ans donc… Plus jeune que moi, mais cela se voyait. Et il venait du Japon. Oh. Bonne chose !

- Vous verrez, nous avons plusieurs élèves qui viennent de là-bas ! Vous ne serez pas perdu même avec eux !

Même si ce n’était pas les élèves les plus bavards, je l’entendais. Enfin, peut-être que cela le rassurerait. Après tout, le Japon n’était pas l’Angleterre et peut-être, alors, devait-il se sentir perdu. Oui ! Voilà ! J’avais peut-être toutes les explications !

- Si vous avez besoin d’aide pour… Enfin pour tout, n’hésitez pas à venir me voir ! Je serais ravie de vous servir de guide si votre professeur titulaire ne peut pas le faire et…

Observant le thé qu’il n’avait pas touché, j’eus une légère moue entre la déception et l’incompréhension. Pourtant… Je faisais tout comme il fallait, non ? Mais il voulait visiter l’école et… Enfin… Oui bon…

- Si vous avez besoin d’aide… Avais-je répété un peu plus doucement, presque tristement.

Je n’aimais pas quand les gens me fuyaient, je n’aimais pas ne pas comprendre. Enfin… J’étais celle qui avait fui les hommes jusque-là. Alors je n’avais pas l’habitude de l’inverse, surtout lorsque rien ne me venait en tête que « il est tout jeune, il faut l’aider à s’intégrer »…

- Monsieur Park ! L’arrêtai-je en évitant toute familiarité. Attendez !

Me levant rapidement, j’attrapai l’un de mes nombreux thermos stockés dans la salle des professeurs poru le nettoyer et le remplir du thé que je lui avais fait afin de le lui tendre à deux mains.

- Prenez ! L’école est grande, ça vous sera utile ! Soufflai-je dans un sourire que je voulais vraiment accueillant. Bon courage et n’hésitez pas ! Mon bureau et mes appartements se trouvent au troisième étage !

Au moins, j’aurais fait mon maximum pour l’accueillir.

Certes, je ne pouvais pas savoir mais… Dans ce cas… Il devait l’entendre souvent et j’en étais désolée car j’en avais rajouté une couche… Et puis il était nouveau, il fallait le mettre à l’aise, dans de bonnes conditions face à nous qui serions ses collègues pour un certain temps ! Alors j’avais tenté de lui parler, de discuter avec lui et j’en sus un peu plus. Vingt-quatre ans. Jeune, donc, et du Japon. AU moins nous étions sûrs de son sérieux, c’était une bonne chose ! Mais il n’y eut pas vraiment grand-chose d’autre à obtenir de lui. Il ne parlait que par mot simple et unique. Il me fuyait, littéralement et ainsi ne le retins-je pas une autre fois… Ou presque. L’arrêtant, je lui avais fait un thermos de thé afin qu’il ait quelque chose de chaud. Après tout, même en fin d’été, les couloirs de l’école pouvaient être froids…

Et ainsi était-il parti.

Cette rencontre m’avait laissé un goût un peu amer, je l’admettais. Je n’avais pas vraiment l’habitude de la fuite. Du dégoût, soit, de l’attirance, d’accord, mais de la fuite… Je ne l’avais jamais vraiment eu et je détestais ça. Enfin… Je n’avais plus recroisé Min-Hwan les jours qui suivirent. Il ne mangeait jamais avec nous alors même que nous avions d’autres nouveaux. Normal, disait son tuteur mais un peu étrange pour moi, malgré tout. Qui pourrait ne pas vouloir faire connaissance de ses voisins, de ses collègues et je l’espérais de ses futurs amis ? Car pour la plupart, nous étions devenus comme une grande famille lorsque nous vivions à Poudlard. Alors… Oui. C’était important. Du moins pour moi. Mais bon… C’était ainsi et je n’avais pas vraiment cherché plus loin.

Et les jours étaient passés. Ce soir là, j’avais veillé tard avec le professeur de Droit afin de remettre à plat certains sujets des cours en études supérieures. Il était plus de vingt trois heures quand nous avions, enfin, terminés notre tâche et qu’il avait quitté la salle des professeurs.
Affalée sur la table, j’avais alors pris mon temps… Il allait falloir que je me couche mais avec cette dixième tasse de café que j’étais en train de finir… Bon… Mieux valait que j’attende. Ainsi avais-je pris un livre sur l’histoire de la magie – pour changer – avant de m’installer, en tailleurs, dans l’un des canapés de la salle.
Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque la porte s’ouvrit. Prête à accueillir la personne comme il se devait, je me stoppai néanmoins face à ladite personne. Mince… Min-Hwan… Celui qui m’avait fuit et… Fallait-il que je fasse comme si je ne l’avais pas vu ? Je… Heu… Oui, voilà. Comme ça, je ne le gênerais pas et… Il m’avait vu. Esquissant un sourire désolé, je m’étais levée sans m’approcher, inclinant légèrement la tête.

- Appelez moi Erin. Dis-je de la voix la plus douce possible. Ne vous en faites pas. Je ne faisais que lire, je ne vous dérangerais pas.

Mais je n’aimais pas ça. Je n’aimais pas ça du tout… Pourtant, je m’étais rassise, en tailleur, reprenant mon livre l’espace d’un instant avant de le reposer et reporter mon regard sur le jeune professeur.

- Ex… Excusez-moi. Avais-je alors prononcé. Est-ce qu’il y a quelque chose qui ne va pas ? Enfin… Non… Si… Zut… Je n’arrivais plus à parler. J’ai l’impression que je vous dérange. Enfin… Que… Me montrant moi en entier d’un mouvement de bras et de mains, j’avais repris. Que tout ça là, ma présence, vous ennuie… Je vous ai fait quelque chose de mal ?

Ce n’était pas un reproche, non, vraiment une inquiétude alors que je voulais maintenir les meilleures relations possibles avec mes collègues.

- Me manquer de respect ? Mais…

Mais pourquoi est-ce que ce serait me manquer de respect que de m’appeler par mon prénom ? Enfin… Nous étions collègues, en tant que tel, alors… Et puis… Aînée ?...

- Je fais si vieille que ça ? Demandai-je en baissant la tête sur moi avant de la remonter pour observer Min-Hwan.

Dans tous les cas, il pouvait rester. Je n’allais pas le déranger. Vraiment pas. Je lirais et je ne dirais pas un mot alors que je m’étais rassie pour continuer de lire jusqu’à ce que j’entrapercoive du coin de l’œil ce qui me semblait être une nouvelle fuite du jeune professeur. Une fuite qui fut peut-être un peu de trop pour moi alors que je l’arrêtai. Qu’avais-je fait de mal ? Non, vraiment, je m’en inquiétais. Je ne voulais pas ennuyer les autres et… Et lui semblait toujours ennuyé dès lors que je le voyais alors… Qu’avais-je mal fait ?

Arquant un sourcil à sa réponse, j’avais penché la tête sur le côté pour l’observer, surprise et à la fois… Presque rassurée. Ce n’était donc pas forcément moi ?... Si. En partie. Mon charme… Grimaçant, j’avais à mon tour baissé la tête, presqu’honteuse de ce que j’étais malgré moi.

- N… Non ! M’exclamai-je en relevant les yeux. Vous ne m’avez pas du tout manqué de respect, au contraire ! Rétorquai-je, comprenant aisément que le respect était essentiel pour lui. Enfin… C’est plutôt moi qui ne vous ai pas respecté en vous forçant à rester la dernière fois alors, excusez-moi, vous voulez bien ? Demandai-je dans une légère moue. Et je ne veux pas vous faire peur ou vous mettre à l’aise, vraiment pas. D’autant que… Esquissant un léger sourire que j’essayai rassurant, je secouai la tête. Si vous avez été pris pour cette année de tutorat, c’est que vous êtes compétents alors les élèves ont de la chance de vous avoir comme professeur, Monsieur Park. Ne vous laissez pas avoir par certains et… J’avais tenté d’être encourageante, maintenant, il fallait que je m’excuse encore. Pardon de m’être imposée, vraiment… Je… Je ne vous ennuy… Me stoppant je grimaçai, je devais faire attention à mes mots, il semblait risquer de tout prendre pour de l’irrespect de sa part… Je tâcherais de ne pas vous contraindre à cause de mon charme. Soufflai-je. Mais… Enfin… Si un jour vous… Si un jour vous le voulez, ou si vous avez le moindre problème avec un élève… N’hésitez pas à venir me voir. Je vous promets que je resterais à l’autre bout de la pièce et je suis sûre et certaine que vous n’aurez jamais de réaction inappropriées alors… Alors n’hésitez surtout pas. D’accord ?

Esquissant un nouveau sourire que je voulais désespérément rassurant, je n’avais pas bougé, pas d’un iota. Il fallait lui laisser son espace et j’en avais déjà beaucoup trop fait alors… Alors oui. J’étais vraiment désolée.

C’était difficile. Enfin… Il me semblait que c’était difficile de communiquer avec lui. Quoique je dise, quoique je fasse… Il rétorquait. Bon. J’avais été rassurée sur le fait de ne pas faire plus que mon âge, certes, mais… Le reste… Même mes excuses ne semblaient pas acceptées.

- Je suis tout aussi différente. Avais-je alors rétorqué. Je ne suis pas une sorcière pure et je parle beaucoup. Et je bouge beaucoup aussi. Soufflai-je en tentant d’être rassurante.

Mais même les compliments ne fonctionnaient pas… Par Merlin… Y avait-il quelque chose qui pouvait fonctionner avec lui ?!

- Vous savez vous expliquer et n’êtes pas agressifs. Alors je doute que vous soyez incompétents pour l’enseignement. Tentai-je de nouveau, sans grand espoir de réussite.

Je n’y arrivais définitivement pas. Alors, encore, je m’étais excusée. Je n’étais pas vraiment douée et mon charme… Il posait tout autant problème. Je détestais cela. Vraiment. Le lui imposer… Je détestais cela.

- Non, non ! Rétorquai-je en secouant la tête. Ne changez rien ! Enfin…

Non, je ne pouvais pas lui dire cela quand il aurait bien besoin de se sociabiliser, mais je ne pouvais pas non plus lui dire cela et… Qu’est-ce que je pouvais lui dire ?... Passer à autre chose me sembla être une très bonne idée soudain. Je resterais à sa disposition s’il lui venait d’avoir besoin d’aide. IL ne devait pas hésiter et, de toutes les manières, je ne le dérangerais pas plus.
D’ailleurs sembla-t-il oser me dire ce que je pouvais changer. Ne pas lui sauter dessus ou parler beaucoup et vite… Aïe. Deux choses qui m’étaient souvent naturelles.

- Désolée… Avais-je grimacé. J’ai toujours été très vive. Mais… Toussotant, j’avais repris plus lentement, la voix plus basse. Je ferais un effort, c’est promis. Soulignai-je en souriant. Et je ne vous toucherais plus ou ne vous sauterez plus dessus. Promis aussi. Alors… Vraiment, vous n’hésiterez pas à venir si vous avez besoin d’aide ? Car cela me rassurerait de ne pas être la pire personne du monde pour lui. D’autant que je pouvais bien faire tous les efforts qu’il voulait ! Je voulais que tout le monde se sente bien. Pas l’inverse.